Phobie "scolaire" sur l'année de stage enseignant
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Doom666
zeliefree
nikoku74
7 participants
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Phobie "scolaire" sur l'année de stage enseignant
Bonjour à toutes et tous,
Je n'ai pour ma part jamais été phobique scolaire mais je suis en train de comprendre ce que d'autres zèbres ont pu endurer dans leur parcours d'enfant : J'ai réussi le CAPES de maths en 2015 après plus d'une dizaine d'années d'ingé et une petite année de prof contractuel en maths.
J'avais repris une année d'étude master MEEF M1 pour préparer le concours et ça s'était super bien passé mais depuis...
Pour ceux qui ne sont pas dedans, l'année de stage dans l'éducation nationale après obtention du CAPES est constitué d'une alternance, qui conduit ou non sur la titularisation effective, entre des classes en responsabilité dans un établissement et d'une deuxième partie qui a pour but de nous enseigner comment enseigner. Et c'est sur ce deuxième point que le bas blesse pour moi: j'ai déjà pété un câble sur quelques mois l'année dernière puis en recommençant l'année, mêmes causes mêmes effets.
La plupart des collègues trouvent la formation sans sens (et c'est de pire en pire chaque année d'après ce que j'entends) mais la différence, c'est que moi, les rendus et autres expérimentations à la c...qui sont nécessaires à ma titularisation me rendent malades, incapables de prendre du recul de part ma différence : je ne suis incapable de rendre de la m...trop perfectionniste, trop anticipatif, trop en quête de sens...trop tout mais vous connaissez.
ça me frustre d'autant plus qu'il se peut que ça soit juste une barre à passer puisque sans ces contraintes très liberticides j'aime le cœur du métier que j'ai déjà testé sur une période assez longue avec beaucoup plus de liberté.
Je me demandais si d'autres zèbres sont en période de "phobie scolaire" pendant leur année de stage d'enseignant du second degré...
Je n'ai pour ma part jamais été phobique scolaire mais je suis en train de comprendre ce que d'autres zèbres ont pu endurer dans leur parcours d'enfant : J'ai réussi le CAPES de maths en 2015 après plus d'une dizaine d'années d'ingé et une petite année de prof contractuel en maths.
J'avais repris une année d'étude master MEEF M1 pour préparer le concours et ça s'était super bien passé mais depuis...
Pour ceux qui ne sont pas dedans, l'année de stage dans l'éducation nationale après obtention du CAPES est constitué d'une alternance, qui conduit ou non sur la titularisation effective, entre des classes en responsabilité dans un établissement et d'une deuxième partie qui a pour but de nous enseigner comment enseigner. Et c'est sur ce deuxième point que le bas blesse pour moi: j'ai déjà pété un câble sur quelques mois l'année dernière puis en recommençant l'année, mêmes causes mêmes effets.
La plupart des collègues trouvent la formation sans sens (et c'est de pire en pire chaque année d'après ce que j'entends) mais la différence, c'est que moi, les rendus et autres expérimentations à la c...qui sont nécessaires à ma titularisation me rendent malades, incapables de prendre du recul de part ma différence : je ne suis incapable de rendre de la m...trop perfectionniste, trop anticipatif, trop en quête de sens...trop tout mais vous connaissez.
ça me frustre d'autant plus qu'il se peut que ça soit juste une barre à passer puisque sans ces contraintes très liberticides j'aime le cœur du métier que j'ai déjà testé sur une période assez longue avec beaucoup plus de liberté.
Je me demandais si d'autres zèbres sont en période de "phobie scolaire" pendant leur année de stage d'enseignant du second degré...
nikoku74- Messages : 1431
Date d'inscription : 22/06/2012
Age : 49
Localisation : Loire
Re: Phobie "scolaire" sur l'année de stage enseignant
Quitte cet endroit avant qu'il ne soit trop tard.
Avec un diplôme de maths on peut faire beaucoup d'autres choses non? Pourquoi ne pas penser à se reconvertir? Ou essayer de monter au niveau universitaire?
Avec un diplôme de maths on peut faire beaucoup d'autres choses non? Pourquoi ne pas penser à se reconvertir? Ou essayer de monter au niveau universitaire?
zeliefree- Messages : 65
Date d'inscription : 13/05/2016
Localisation : Clermont Ferrand (auvergne) et Toulouse
Re: Phobie "scolaire" sur l'année de stage enseignant
Bonsoir,
La formation était déjà merdique du temps de l'IUFM. De toutes façons, ne te leurre pas, il y a une volonté politique de détruire l'EN telle qu'elle existe aujourd'hui. Notre disparition est déjà programmée.
Ceci étant dit, si c'est vraiment ce que tu veux faire (et je te comprends), tu n'as pas d'autre choix que de serrer les dents et de leur "vomir" la bile pédagogo qu'ils veulent entendre. Ensuite, dans ta classe (avec l'aide de la liberté pédagogique), tu feras comme tu veux. Attention, là encore ce ne sera pas une sinécure, la plupart de tes collègues formatés et lobotomisés voudront te forcer à "travailler en équipe", c'est à dire en mettre en oeuvre la merde inadaptée que tu dois t'approprier en ce moment.
La solution que j'ai trouvée (et qui fonctionne parce que j'ai une inspectrice à peu près humaine et intelligente), c'est une petite école, une vraie réputation de mec à pas faire chier (ce qui implique de rentrer dans le lard des emmerdeurs) et SURTOUT, bosser avec les parents afin de s'en faire des alliés.
On pourra développer en MP, là, je risque de gonfler les lecteurs du post.
Bon courage pour cette année, elle va être longue et pénible.
Alain.
La formation était déjà merdique du temps de l'IUFM. De toutes façons, ne te leurre pas, il y a une volonté politique de détruire l'EN telle qu'elle existe aujourd'hui. Notre disparition est déjà programmée.
Ceci étant dit, si c'est vraiment ce que tu veux faire (et je te comprends), tu n'as pas d'autre choix que de serrer les dents et de leur "vomir" la bile pédagogo qu'ils veulent entendre. Ensuite, dans ta classe (avec l'aide de la liberté pédagogique), tu feras comme tu veux. Attention, là encore ce ne sera pas une sinécure, la plupart de tes collègues formatés et lobotomisés voudront te forcer à "travailler en équipe", c'est à dire en mettre en oeuvre la merde inadaptée que tu dois t'approprier en ce moment.
La solution que j'ai trouvée (et qui fonctionne parce que j'ai une inspectrice à peu près humaine et intelligente), c'est une petite école, une vraie réputation de mec à pas faire chier (ce qui implique de rentrer dans le lard des emmerdeurs) et SURTOUT, bosser avec les parents afin de s'en faire des alliés.
On pourra développer en MP, là, je risque de gonfler les lecteurs du post.
Bon courage pour cette année, elle va être longue et pénible.
Alain.
Doom666- Messages : 946
Date d'inscription : 23/04/2015
Re: Phobie "scolaire" sur l'année de stage enseignant
Bonsoir Nikoku74,
Je suis en MEEF M1 et contractuelle depuis l'année dernière. Ce matin, baisse de moral pour l'ensemble de la classe, le prof décide donc de faire un debrief, une projection sur l'année de stage.
Pour lui, c'est l'année la moins bien vécue dans le professorat. La prise de fonction avec un tuteur au cul, + les deux jours à l'ESPE et la préparation du M2, c'est souvent mal vécu par les "neotitulaires".
Après c'est plus simple quand on est titularisé.
Accroche toi
Je suis en MEEF M1 et contractuelle depuis l'année dernière. Ce matin, baisse de moral pour l'ensemble de la classe, le prof décide donc de faire un debrief, une projection sur l'année de stage.
Pour lui, c'est l'année la moins bien vécue dans le professorat. La prise de fonction avec un tuteur au cul, + les deux jours à l'ESPE et la préparation du M2, c'est souvent mal vécu par les "neotitulaires".
Après c'est plus simple quand on est titularisé.
Accroche toi
Invité- Invité
Re: Phobie "scolaire" sur l'année de stage enseignant
J'avais suivi quelques cours à l'IUFM l'année où j'ai préparé le CAPES de philosophie (il y a une vingtaine d'années). J'ai tenu deux semaines. Il régnait là un vide et une prétention... Heureusement ce n'était pas obligatoire.
Pieyre- Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin
Re: Phobie "scolaire" sur l'année de stage enseignant
Triste le sort que l'on promet à nos enfants,
hein Doom.
Nikoku74,
l'école etait le bastion de la société, donc ce n'est pas dans le système éducation nationale que tu trouveras cette liberté humaine,
que dire sinon que cela en devient sans sens pour celui dont l'échange et l'ouverture d'esprit sont la raison d'être de son choix...
Que peut-on faire à titre individuel? Un peu c'est déjà beaucoup, avec beaucoup de un peu...
Il y a 10 ans j'ai raté ma première année de stage, et le directeur de l'iufm voulait me faire virer, donc 2 ième année et là moi aussi j'ai utilisé le système à mon avantage, puisque la validation devait être faite dans ce cas par 2 inspecteurs de l'EN...et donc j'ai été validé.
Tout les enfants sont nos enfants, ils ont besoin d'un cadre humain, un respect, une exigence, d'un amour de ce qu'est l'homme, car sans exemples de la sorte dans leur environnement ils ne pourront que croire que la vérité se situe dans les modèles qu'on leur projette.
Un monde de souffrances et de peurs construit le narcissisme, la perversion et la violence associée.
Malgré toutes les emmerdes j'y suis encore après 10 ans (pour 1 an, 5 ...va savoir), et les quelques uns pour qui j'ai pu aider à réveiller cette flamme de la vie, je vois dans leurs sourires quand je les croise la seule chose qui compte, leur joie.
Comme un merci, en fait c'est moi qui leur dit merci, merci pour vous, merci pour nous et merci pour ceux avec qui vous partagerez ce que vous êtes.
A toi de voir si la montagne est trop grande, parfois il faut regarder de plus loin, alors la montagne devient si petite devant l'ensemble des choses.
hein Doom.
Nikoku74,
l'école etait le bastion de la société, donc ce n'est pas dans le système éducation nationale que tu trouveras cette liberté humaine,
que dire sinon que cela en devient sans sens pour celui dont l'échange et l'ouverture d'esprit sont la raison d'être de son choix...
Que peut-on faire à titre individuel? Un peu c'est déjà beaucoup, avec beaucoup de un peu...
Il y a 10 ans j'ai raté ma première année de stage, et le directeur de l'iufm voulait me faire virer, donc 2 ième année et là moi aussi j'ai utilisé le système à mon avantage, puisque la validation devait être faite dans ce cas par 2 inspecteurs de l'EN...et donc j'ai été validé.
Tout les enfants sont nos enfants, ils ont besoin d'un cadre humain, un respect, une exigence, d'un amour de ce qu'est l'homme, car sans exemples de la sorte dans leur environnement ils ne pourront que croire que la vérité se situe dans les modèles qu'on leur projette.
Un monde de souffrances et de peurs construit le narcissisme, la perversion et la violence associée.
Malgré toutes les emmerdes j'y suis encore après 10 ans (pour 1 an, 5 ...va savoir), et les quelques uns pour qui j'ai pu aider à réveiller cette flamme de la vie, je vois dans leurs sourires quand je les croise la seule chose qui compte, leur joie.
Comme un merci, en fait c'est moi qui leur dit merci, merci pour vous, merci pour nous et merci pour ceux avec qui vous partagerez ce que vous êtes.
A toi de voir si la montagne est trop grande, parfois il faut regarder de plus loin, alors la montagne devient si petite devant l'ensemble des choses.
Dernière édition par jolindien le Jeu 24 Nov 2016 - 5:26, édité 1 fois
jolindien- Messages : 1602
Date d'inscription : 05/07/2015
Re: Phobie "scolaire" sur l'année de stage enseignant
merci pour vos réponses. Je me pose effectivement beaucoup de question quant à mon adaptation à la grande maison.
nikoku74- Messages : 1431
Date d'inscription : 22/06/2012
Age : 49
Localisation : Loire
Re: Phobie "scolaire" sur l'année de stage enseignant
Bonjour Nikoku74,
Je pense que tu es un des participants des rencontres sur Annecy mais je n'ai pas encore pu venir, le jeudi soir étant trop compliqué pour moi.
Dans quel établissement es tu stagiaire?
J'ai une amie également en reconversion prof de maths, en stage cette année, et également Z. Peut être pourrai-je vous mettre en relation?
Quant à moi, je suis dans ma 10è année d'enseignement des maths, à Cluses puis sur Thonon.
Alors n'hésite pas à me contacter en MP.
Je pense que tu es un des participants des rencontres sur Annecy mais je n'ai pas encore pu venir, le jeudi soir étant trop compliqué pour moi.
Dans quel établissement es tu stagiaire?
J'ai une amie également en reconversion prof de maths, en stage cette année, et également Z. Peut être pourrai-je vous mettre en relation?
Quant à moi, je suis dans ma 10è année d'enseignement des maths, à Cluses puis sur Thonon.
Alors n'hésite pas à me contacter en MP.
pasdideepourlepseudo- Messages : 43
Date d'inscription : 30/03/2016
Age : 44
Localisation : Haute-Savoie
Re: Phobie "scolaire" sur l'année de stage enseignant
Hello les collègues,
Pour ma part, même constat : l'année de stage, c'est le bagne ! J'essaie devous la faire rapide vous expliquer le sac sur mon parcours :
2011 : je commence à enseigner en tant que vacataire. J'écume la Picardie en mode je n'ai pas la permis, avez-vous un logement de fonction ? Collège de campagne vs collège de ZEP. C'est de là que vient mon amour pour la psychologie sociale, que je ne saurais trop vous conseiller pour gérer lesmeutes classes.
2014 : j'obtiens le CAPES. Et me voilà nommée stagiaire à… Belfort, alors que je vis à Lyon avec un mec que je pensais épouser. Et bim !
Depuis, j'ai enchaîné avec une année chaotique dans la banlieue lyonnaise, encore dans un établissement assez fou, très mal géré et d'autant plus difficile que j'ai personnellement fait l'objet d'un harcèlement de la hiérarchie.
Avec tout ça, le complotisme me guettait. Je me demandais vraiment pourquoi je me retrouvais toujours dans des situations aussi compliquées, je voyais quelque chose d'assez désespéré, avec l'image d'un rectorat tyrannique, toujours prêt à casser du prof gratuitement, une grosse machine hostile, une école garderie-publicité-pour-le-privé, je me disais qu'avec tous les postes pourris que j'avais enchaînés, ils avaient dû se dire que tel le roseau je ne rompais pas et que j'étais donc bonne pour une carrière entière d'établissements difficiles et gérés par des cinglés.
Et puis j'ai une dépression. Une grosse dépression. L'an dernier. En fait, le harcèlement a commencé en même temps que ma ruptureavec mon cher et tendre ex-fiancé avec ma chère et tendre ex-belle-mère et j'ai craqué. J'ai utilisé les médecins et les syndicats, une collègue me disait de prendre directement contact avec le rectorat, je ne parvenais pas à m'y résoudre. Finalement je l'ai fait.
Eh bien ça a marché ! Sur un mail, un simple mail, j'ai obtenu une mutation (hélas temporaire) dans un petit collège à la limite entre l'agglo et la campagne. J'ai un chef d'établissement assez exceptionnel, j'ai peur de ne jamais en retrouver de semblable. On a moins de 350 élèves, ce qui change absolument tout puisque tout le monde connaît tout le monde. Il y a de l'hétérogénéité dans les classes mais elle reste plutôt gérable. En somme, c'est une très belle année et j'ai enfin l'impression de faire mon métier et pas un autre.
Au bout d'un moment, on ne voit plus guère les inspecteurs, on acquiert une posture de simple collègue, tout le monde te regarde avec confiance (entendre sans te demander depuis combien de temps tu exerces) et les élèves, les parents peuvent se montrer attachants eux aussi. La pratique pédagogique se parfait au fil du temps elle aussi, et plus on a d'aisance, plus on parvient à capter l'intérêt des élèves. On peut se permettre des approches un peu innovantes, tenter de leur ouvrir l'esprit différemment, bref ça devient intéressant. En somme, enseignant peut encore être un très beau métier mais une condition nécessaire est hélas assez aléatoire à mes yeux : tout dépend de l'établissement où tu atterris et de la manière dont il est géré.
Or, il y a actuellement une grave crise du recrutement des chefs d'établissement, ce qui permet à tous les PN, incompétents et autres tordus d'obtenir le pouvoir qu'ils chérissent tant pour en user de manière destructrice, égotique ou stupide.
Avant de te décourager tout à fait, je te conseille donc, moi aussi, d'attendre quelques années, une ou deux au moins. Une chose est certaine : on te met sous pression pour voir si tu es capable de résister à des moments de stress mais ce ne sera pas la norme durant ta carrière.
Bon courage quoi qu'il en soit pour la suite.
Pour ma part, même constat : l'année de stage, c'est le bagne ! J'essaie de
2011 : je commence à enseigner en tant que vacataire. J'écume la Picardie en mode je n'ai pas la permis, avez-vous un logement de fonction ? Collège de campagne vs collège de ZEP. C'est de là que vient mon amour pour la psychologie sociale, que je ne saurais trop vous conseiller pour gérer les
2014 : j'obtiens le CAPES. Et me voilà nommée stagiaire à… Belfort, alors que je vis à Lyon avec un mec que je pensais épouser. Et bim !
- Mon année de stage à Belfort:
- Pour vous donner une idée, Belfort-Lyon, c'est 3h30/4h de transports (à ma charge), d'où la nécessité de louer une résidence secondaire (à ma charge), ce qui occasionne des impôts locaux (à ma charge) et, cerise sur le gâteau, l'ESPE le plus proche se situe à Besançon (1h30 de transports… à ma charge !!! — bon, ils ont quand même lâché une prime de 100€/mois, ô prodigalité de notre très chère administration !)
Niveau conditions de travail/apprentissage, dès le jour de la rentrée j'ai appris qu'on était deux stagiaires, que comme j'avais déjà travaillé on m'avait attribué la tutrice désignée d'office, une nana que je ne supportais pas, qui ne se préoccupait pas de moi sauf avant les visites et dans la stricte mesure où elle redoutait d'être étiquetée mauvaise tutrice, une nana qui s'est mise à pleurer un jour en salle des profs parce qu'elle avait renvoyé un élève et que c'était un terrible échec pédagogique — ambiance —, une nana aussi qui balançait à ses élèves des dossiers de textes qu'elle n'avait pas lus parce qu'on les lui avait donnés en formation — et là, tu es bien embarrassée quand on te demande ce que signifie cyberpunk. Bref. Je n'étais pas satisfaite du tout mais ma titularisation dépendait d'elle à 25%.
Je passe outre l'ambiance ultra chelou dans cet établissement, entre la CPE dépressive et inefficace, le proviseur-adjoint qui ne lit pas les mails et qui dort régulièrement dans son bureau, les profs d'histoire qui se détestent, le prof d'histoire qui a organisé une reconstitution d'une bataille antique avec 70 gamins de seconde armés de chaises en salle polyvalente, les profs d'espagnol au bras long qui se haïssent purement et simplement, le collègue qui me propose de lui acheter du shit au mois d'octobre, le vieux prof de physique-chimie dégueulasse qui te drague à fond et te propose de le suivre dans son rapist van…
J'ai gardé le meilleur pour la fin : les élèves. Alors, comment dire… Belfort=ville industrielle. Là-bas, le métier de tes rêves, c'est ouvrier qualifié travaillant chez Alstom ou PSA ou, si vraiment tu es brillant, ingénieur. Du coup, l'accès à la voie professionnelle était un peu compliqué parce que la demande était très forte et c'est ainsi que ma classe de seconde générale s'est retrouvée à accueillir un tiers d'élèves dont le dossier n'était pas assez bon pour le pro. Le profil oui mais lui il avait déjà redoublé sa troisième. On ajoute dans tout ça quelques allophones, une paire de dyslexiques, des élèves dans des situations familiales compliquées… Ce fut sportif de les tenir, quant à l'enseignement à proprement parler, il m'a été aussi très difficile de véritablement leur apprendre des choses, particulièrement sur la partie technique de la matière.
Depuis, j'ai enchaîné avec une année chaotique dans la banlieue lyonnaise, encore dans un établissement assez fou, très mal géré et d'autant plus difficile que j'ai personnellement fait l'objet d'un harcèlement de la hiérarchie.
Avec tout ça, le complotisme me guettait. Je me demandais vraiment pourquoi je me retrouvais toujours dans des situations aussi compliquées, je voyais quelque chose d'assez désespéré, avec l'image d'un rectorat tyrannique, toujours prêt à casser du prof gratuitement, une grosse machine hostile, une école garderie-publicité-pour-le-privé, je me disais qu'avec tous les postes pourris que j'avais enchaînés, ils avaient dû se dire que tel le roseau je ne rompais pas et que j'étais donc bonne pour une carrière entière d'établissements difficiles et gérés par des cinglés.
Et puis j'ai une dépression. Une grosse dépression. L'an dernier. En fait, le harcèlement a commencé en même temps que ma rupture
Eh bien ça a marché ! Sur un mail, un simple mail, j'ai obtenu une mutation (hélas temporaire) dans un petit collège à la limite entre l'agglo et la campagne. J'ai un chef d'établissement assez exceptionnel, j'ai peur de ne jamais en retrouver de semblable. On a moins de 350 élèves, ce qui change absolument tout puisque tout le monde connaît tout le monde. Il y a de l'hétérogénéité dans les classes mais elle reste plutôt gérable. En somme, c'est une très belle année et j'ai enfin l'impression de faire mon métier et pas un autre.
Au bout d'un moment, on ne voit plus guère les inspecteurs, on acquiert une posture de simple collègue, tout le monde te regarde avec confiance (entendre sans te demander depuis combien de temps tu exerces) et les élèves, les parents peuvent se montrer attachants eux aussi. La pratique pédagogique se parfait au fil du temps elle aussi, et plus on a d'aisance, plus on parvient à capter l'intérêt des élèves. On peut se permettre des approches un peu innovantes, tenter de leur ouvrir l'esprit différemment, bref ça devient intéressant. En somme, enseignant peut encore être un très beau métier mais une condition nécessaire est hélas assez aléatoire à mes yeux : tout dépend de l'établissement où tu atterris et de la manière dont il est géré.
Or, il y a actuellement une grave crise du recrutement des chefs d'établissement, ce qui permet à tous les PN, incompétents et autres tordus d'obtenir le pouvoir qu'ils chérissent tant pour en user de manière destructrice, égotique ou stupide.
Avant de te décourager tout à fait, je te conseille donc, moi aussi, d'attendre quelques années, une ou deux au moins. Une chose est certaine : on te met sous pression pour voir si tu es capable de résister à des moments de stress mais ce ne sera pas la norme durant ta carrière.
Bon courage quoi qu'il en soit pour la suite.
Dernière édition par Lulibérine le Mer 22 Fév 2017 - 14:22, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Phobie "scolaire" sur l'année de stage enseignant
Chouette témoignage. Merci Luliberine
Nikoku, comment ca se passe en ce moment ? C'est quand la visite de l'inspecteur ?
Nikoku, comment ca se passe en ce moment ? C'est quand la visite de l'inspecteur ?
Invité- Invité
Re: Phobie "scolaire" sur l'année de stage enseignant
Bonjour Nikoku,
J'ai aussi eu une année difficile (pour ne pas dire insupportable) lors de mon stage mais je ne regrette pas d'avoir persévéré puisque désormais je profite pleinement de ma liberté pédagogique.
Quels choix as-tu faits finalement? Où en es-tu?
J'ai aussi eu une année difficile (pour ne pas dire insupportable) lors de mon stage mais je ne regrette pas d'avoir persévéré puisque désormais je profite pleinement de ma liberté pédagogique.
Quels choix as-tu faits finalement? Où en es-tu?
_Noemie_- Messages : 38
Date d'inscription : 22/03/2017
Age : 39
Localisation : Rouen
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