Rejet de l'intellectualité

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Message par Csilla Jeu 16 Mar 2017 - 10:27

Bonjour à tous

Je ne suis pas sûre que je poste au bon endroit, mais la section comporte le nom « difficultés » donc ça me semble pas mal.

Je ne vais pas raconter ma vie, mais pour faire vite, elle a « basculé » au début de mes études dans le supérieur. Jusque-là, j’étais une bonne élève, voire très bonne. Je n’ai eu aucun problème scolaire (si ce n’est beaucoup trop d’angoisse), j’ai obtenu mon bac sans souci, j’ai été prise dans une grande école. J’aimais bien réfléchir, j’adorais les maths et la philo surtout, je faisais mes devoirs, ça me saoulait un peu comme tout le monde, mais je les faisais sans trop broncher, je pouvais rester concentrée dessus pendant plusieurs heures.

Et puis en deuxième année d’études, j’ai craqué, je me sentais mal, pas à ma place dans cette école, j’ai fait une dépression, et tout ce qui vient avec : plus goût à rien, plus d’énergie, plus envie de rien faire, hypersomnie, envies suicidaires etc etc. C’était il y a 2 ans.
J’ai donc quitté cette école, parce que je savais que si j’y restais, je finirais par me tuer pour de bon. J’ai pris une année sabbatique pendant laquelle je n’ai rien foutu, avec l’excuse que j’avais besoin de me reposer. J’avais besoin de me reposer, mais je crois maintenant que c’était aussi une très bonne excuse pour ne pas m’engager, pour ne pas penser. Je me suis réfugiée dans du travail manuel. J’ai travaillé quelques mois dans les fruits, je me suis découvert une passion pour le tricot et pour le jardinage.
En septembre dernier, j’ai retenté des études, parce que j’entendais tout autour de moi que rester à ne rien foutre chez mes parents c’était mal, que j’étais un parasite, qu’avec un excellent bac comme j’avais, il était ridicule de ne pas faire d’études. Et puis parce que jusqu’à maintenant, j’étais très intellectuelle, et que je pensais que je serais malheureuse si je finissais comme ces pauvres paysans, sans diplôme, obligée à faire des boulots de merde dont personne ne veut. Le conditionnement quoi. J’ai appris à remettre tout ça en question, mais mon entourage a du mal. Je viens d’un milieu assez intellectuel, ma mère est prof, mon frère est étudiant, mon copain aussi, toute sa famille a fait des études. Bref, les études c’est la vie.
Bref, j’ai repris des études, que j’ai arrêtées au bout de trois mois parce que ça n’allait pas du tout.

Je me rends compte que depuis deux ans, j’ai tendance à éviter tout ce qui est intellectuel. Réfléchir m’épuise énormément, parce que j’ai des difficultés à me concentrer et à rester concentrée sur quelque chose qui ne m’intéresse pas. Tous les matins avant l’école je fais des crises d’angoisse. Je ne mangeais plus, j’ai perdu pas mal de poids pendant ma dépression à cause de ça. Toute la journée en classe, je n’attends que le soir où je pourrais tricoter tranquillement chez moi, en regardant un truc débile à la télé ou sur internet pour m’occuper l’esprit. Je n’avais pas du tout l’énergie pour travailler, faire mes devoirs, réviser mes cours…
Aujourd’hui, rien que l’idée de retourner à l’école ou à la fac me donne envie de pleurer. Je ne me vois pas dans ce milieu « intellectuel », qui m’a bercé toute mon enfance et qu’aujourd’hui je rejette en bloc. Je ne sais pas ce que je veux faire de ma vie, mais quand je m’imagine paysan ou bureaucrate, mon choix est vite fait.
Et maintenant que j’ai le diagnostic, que je sais que je suis un zèbre, et qu’en plus de ça, je sais que je réussissais bien à l’école, je culpabilise encore plus. J’ai le sentiment de « gâcher » mes capacités. Mais ça bloque vraiment.

Je voulais simplement savoir si certains d’entre vous ont vécu la même chose, ont ressenti ce rejet de l’intellectualité, aimeraient être complètement idiots pour arrêter de penser, si c’est un symptôme de la zébritude, si c’est la dépression qui est toujours là, si ce n’est qu’une phase et que ça va me passer, si je fais ma crise d’adolescence (un peu tard)… Si quelqu’un pouvait me rassurer à ce sujet, cela me ferait beaucoup de bien.

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Message par Djodge Jeu 16 Mar 2017 - 10:50

J'ai l'impression que tu es "en mode survie". Tes problèmes (existentiels ?) t'accaparent tellement que n'as plus d'énergie pour te concentrer sur quoi que ce soit d'autre, d'où le besoin momentané d'activités manuelles.
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Message par Invité Jeu 16 Mar 2017 - 11:39

Je ressens un peu ça. Je me réfugie beaucoup sur mon ordinateur (comme toi sur ton travail manuel), à jouer, regarder des séries ou écouter de la musique, pour ne plus penser.
En fait j'ai l'impression de vouloir fuir les pensées parce qu'elles m'amènent souvent soit à des conclusions que je ne peux pas mettre en place (on ne peut pas toujours penser, et faire à la place des autres), soit à des cul-de-sac car ils me manquent des informations, des données. Bref dans les deux cas c'est grandement agaçant, mon cerveau n'aime pas, il reprend tout depuis le début, et ça boucle ou ça part en vrille.
Je n'arrive pas à me dire "il n'y a pas de solution à ce problème" ou même simplement "ce truc là n'est pas vraiment un problème en fait".

Je suis également incapable de me concentrer sur des choses qui n'ont pas mon intérêt.
Donc le grand jeu de ma vie c'est de chercher et de réussir à trouver de l'intérêt dans plein de domaines, condition sine qua non à une vie sociale.

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Message par Invité Jeu 16 Mar 2017 - 12:31

Csilla a écrit:
Je voulais simplement savoir si certains d’entre vous ont vécu la même chose

oui dépression à cause des études, pression (involontaire) des parents qui ont de grandes attentes etc...

mais faut pas trop écouter ce que dis le système non plus, le jardinage c'est pas un truc de débile du tout, le tricot surement que non plus mais j'y connais rien, chacun sa passion et voilà moi je dis écoute ton coeur avant d'écouter ton cerveau Very Happy


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Message par Sun Simiao Jeu 16 Mar 2017 - 13:48


Dans une certaine mesure, oui, dès la fin du lycée j'en ai eu marre de me réfugier dans l'intellectualité pour me fuir moi-même, bien que ça ait été renforcé par des problèmes purement physique (fonctionnement du cerveau gravement atteint).
La solution est "tout simplement" de trouver ce pour quoi nous sommes faits, nos talents naturels, ce qui nous donne de la joie -relations humaines ? (Quelle place dans un groupe occupe-t-on spontanément en nous sentant à notre place...). Travail créatif en groupe, ou seul ? Contrôler, calculer ? Utiliser son intuition ? Utiliser un mélange complexe de tout cela ? Travail manuel -créatif, reproductif, contraint ? (on peut être menuisier pour les Monuments historiques, réaliser des commandes, ou créer des objets). Enseigner ? Relation d'aide ? etc...
Le domaine dans lequel on va exercer ces talents n'est souvent pas défini par ceux-ci (sauf si on a contact très fort et vital avec la flore par exemple... Bien qu'on puisse être paysagiste, jardinier, maraîcher comme scientifique façon Claude Bourguignon...). Celui-ci peut changer au cours d'une vie. Ce domaine peut "venir à nous" par certains hasards, rencontres... L'important est de garder en tête la finalité de notre action là-dedans, ce qui permet d'accepter de suivre des études parfois stupides, déconnectées de la réalité du travail que l'on va réellement exercer.

Pour revenir au début, je me souviens avoir fait l'effort de rester au lycée après 16 ans, après m'être posé la question d'y rester ou pas car je m'y ennuyais, j'y perdais mon temps ; par la suite je n'ai pas fait d'études autres qu'artistiques -je comprends donc très bien ton ras-le-bol. Cependant d'après ce que tu dis tu t'es réfugiée dans le travail manuel, tu évites de penser (à toi ?). Tu parles de crise d'adolescence, oui, c'est un peu ça, j'ai le sentiment que certains zèbres ne sont pas comme tout le monde à ce niveau-là, et que je ne suis pas le seul à ne pas avoir "fait" de crise d'adolescence à l'âge attendu mais d'avoir à la place remis en cause profondément et définitivement des modes de vie et de pensées hérités de ma famille, ou normes de notre société actuelle. Si cela peut être difficile à vivre sur le moment, c'est le seul moyen de découvrir ce qu'on est profondément, et de ne pas passer à côté de sa vie en la "réussissant" de manière extérieure et fausse ; à condition d'avoir le courage de l'introspection, du questionnement, de l'absence de certitudes, de stabilité -beaucoup de gens épanouis ont tout simplement essayé différents métiers peu qualifiés avant de trouver où s'épanouir, et parfois reprendre leurs études avec une bonne motivation...

Voilà, bon courage pour la suite !
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Message par Csilla Sam 18 Mar 2017 - 16:31

Merci pour vos réponses, ça me fait du bien d'être comprise.

Effectivement, j'ai l'impression d'être en mode "survie" depuis deux ans maintenant. Je ne sais pas comment arrêter cela et repasser en mode "vie", étant donné que je n'ai toujours pas trouvé d'utilité à vivre.

Bref, merci.

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Message par Lorelei Sam 18 Mar 2017 - 23:33

Ce qui est beau n'a souvent pas d'autre utilité que sa beauté.
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Message par Yoda300 Sam 25 Mar 2017 - 19:24

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Message par Nigiro Dim 26 Mar 2017 - 0:26

Salut,
J'ai eu le même blocage que toi, vis-à-vis de la scolarité.
Intellectuel, mais incapable de me résigner à travailler sur des sujets de cours qui ne m'intéressent pas, au point d'en faire des crises d'angoisse et de me recroqueviller dans le sommeil.
Ma seule envie était de créer, d'employer mes connaissances ou à l'inverse d'apprendre pour créer quelque chose qui me plaît ; sinon simplement apprendre ce que j'ai vraiment envie d'apprendre sur un instant T.
Mais JAMAIS apprendre juste pour apprendre... juste parce que c'est dans le programme, par des prof souvent douteux, entouré d'étudiants chiants et bruyants.
Tout ça est subjectif bien-sûr, mais quand on le pense au plus profond de soi... il faut l'assumer et l'accepter. Sinon, oui, on s'en rend malade.
J'aime m'engager dans des projets, inventer, écrire, faire des choses de mes mains. C'est ce que je fais actuellement, c'est comme ça que je me sens bien et que j'arrive à vivre. Pourtant, je n'ai pas fais d'études supérieures.
C'est peut-être ce que tu devrais faire aussi Csilla. C'est compliqué de par ton milieu de t'affranchir de la norme "fait des études", mais tu es douée. Alors crois-y. Trouve quelque chose à faire qui vaille plus la peine que d'avoir le cul collé à un banc d'amphi. N'importe quoi. Cherche, expérimente. Tu risques de cafouiller un peu au début, le temps de trouver LE truc, mais tu dois pouvoir te donner les moyens de réussir à construire ton propre parcours. Écoute-toi, devient en phase avec toi-même. Fuck le monde ! Il comprendra tes choix en temps voulu  Razz
Allez, je t'envoie tout plein de hargne et d'énergie ♥️
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Message par massa67 Dim 26 Mar 2017 - 21:21

Est-il possible d'envisager une bipolarité?

Tu sembles en avoir les premiers symptômes. Ou peut-être une unipolarité?
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Message par Mairon Ven 7 Avr 2017 - 1:53

@Csilla : Des fois, on est bloqué et on a besoin d'une aide ou d'une motivation extérieure, surtout après une période de grosse dépression et lorsque l'on n'arrive pas à se sortir d'un cycle vicieux (et les deux situations semblent se marier facilement, hélas) long, dont la caractéristique est d'amplifier le malaise en s'allongeant, puisque seul le sentiment de culpabilité semble se renforcer dans cette situation, en l'absence de l'étincelle qui permettrait de s'en extirper.

Je dirais de façon non informée et plutôt personnelle que le retrait dans une activité-refuge moins difficile ou pouvant apparemment occuper le temps en satisfaisant (au moins en apparence) peut être une caractéristique de ce genre d'état. Mais tu as eu une grande dépression, donc ce peut être une conséquence plus profonde de cela ; il serait sans doute dans ton intérêt d'en discuter avec des professionnels susceptibles de t'aider. Tu écris toi-même que tu es bloquée et que tu "adorais" certaines disciplines ; il est grandement possible que ce soit toujours vrai et que la mauvaise expérience ait impacté temporairement cela, mais que tu aies besoin de cette stimulation que tu essaies de recouvrir par autre chose. Tu écris que tu étais avant tout mal à l'aise dans "cette école", que tu as eu une dépression et j'ai l'impression que cela a impacté sur la suite, d'autant plus que tu indiques ne pas avoir eu de problèmes dans ta scolarité au préalable. Les prépas, les grandes écoles, certains contextes ou certains parcours peuvent avoir cet effet et être mal vécus, voire provoquer des effets négatifs qui se prolongent au-delà de l'expérience elle-même, mais cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas retrouver ensuite le goût des études dans un contexte plus adéquat ou dans une filière qui correspond mieux à la personne.

J'ajoute qu'en ma qualité de doctorant enseignant dans le supérieur, je ne vais pas tenir un discours alternatif du genre "au loin à la norme sociale des études", surtout lorsque le terme de "dépression" est évoqué, étant donné ce qu'il signifie.
Essaie de voir ce qui permettrait d'améliorer ta situation, pour reconquérir une stabilité intérieure et atténuer la culpabilité. Il est possible d'envisager une approche un peu différente pour les études (à distance ?) en attendant. En revanche, tu écris que tu ne te livres pas aux activités intellectuelles quand cela ne t'intéresse pas, mais est-ce vraiment généralisé (perte globale d'intérêt) ou non ?
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Message par Kadjagoogoo Ven 7 Avr 2017 - 4:40

Csilla a écrit:J’aimais bien réfléchir, j’adorais les maths et la philo surtout, je faisais mes devoirs, ça me saoulait un peu comme tout le monde, mais je les faisais sans trop broncher, je pouvais rester concentrée dessus pendant plusieurs heures.
Et puis en deuxième année d’études, j’ai craqué, je me sentais mal, pas à ma place dans cette école, j’ai fait une dépression, et tout ce qui vient avec : plus goût à rien, plus d’énergie, plus envie de rien faire, hypersomnie, envies suicidaires etc etc. C’était il y a 2 ans.

Je vois mal comment ton appétence pour la Connaissance – surtout par les maths et la philo, certes, mais pas que, comme on l'apprend plus loin dans ton témoignage – pourrait s'être évaporer comme tu nous le dis là. Je veux dire : sans que l'on ne puisse incriminer essentiellement une évolution dommageable dans la méthode pédagogique. As-tu changé de prof(s) entre la première et cette fatale deuxième année ?
A moins que cet épisode dépressif soit lié à des conditions indépendantes de l'école, qu'elles soient extérieures ou intrinsèques à ta sensibilité – comme si cette dépression couvait en toi, latente depuis un certain temps avant d'éclater, indépendamment de tes études ou des attentes familiales...

Csilla a écrit:J’ai donc quitté cette école, parce que je savais que si j’y restais, je finirais par me tuer pour de bon. J’ai pris une année sabbatique pendant laquelle je n’ai rien foutu, avec l’excuse que j’avais besoin de me reposer. J’avais besoin de me reposer, mais je crois maintenant que c’était aussi une très bonne excuse pour ne pas m’engager, pour ne pas penser. Je me suis réfugiée dans du travail manuel. J’ai travaillé quelques mois dans les fruits, je me suis découvert une passion pour le tricot et pour le jardinage.
La grande amie qui m'a appris que j'étais zèbre (elle-même zébrotestée avec succès depuis sa prime enfance, elle avait identifié chez moi les « stigmates » de la douance) est, elle aussi, une passionnée de tricot et de jardinage ; elle dessine aussi, tout comme moi. Et elle reste pourtant une vraie intellectuelle, curieuse et âpre à la réflexion, malgré ce qu'elle envisage chez elle comme un handicap dans sa vie réflexive : sa piètre mémoire.
Bref, tout ça pour te dire que l'un n'empêche pas l'autre : tu peux parfaitement cultiver une fibre intellectuelle tout à t'adonnant à des activités manuelles. D'ailleurs, je trouve cela plutôt compatibles, même, en cela que l'activité manuelle laisse l'esprit libre de vagabonder, de papillonner ; et donc, de produire des pensées neuves et personnelles plus sûrement que tu ne pourrais le faire en étudiant méthodiquement, de façon docte, ces sujets ardus (philo, maths, etc.) que tu ne te sens plus capable d'aborder ces derniers mois.
Voilà pour te décomplexer, au besoin. Et pour t'inviter à envisager tes nouvelles occupations favorites, non pas comme une régression, mais au contraire comme nécessaire évolution au regard de la progression de ta personnalité, qui s'indépendantise, se désolidarise de l'héritage parental, crispant et limitatif en cela qu'il est susceptible d'inhiber tes velléités dans l'action et la création manuelle en hiérarchisant bêtement les activités.

Csilla a écrit:En septembre dernier, j’ai retenté des études, parce que j’entendais tout autour de moi que rester à ne rien foutre chez mes parents c’était mal, que j’étais un parasite, qu’avec un excellent bac comme j’avais, il était ridicule de ne pas faire d’études. Et puis parce que jusqu’à maintenant, j’étais très intellectuelle, et que je pensais que je serais malheureuse si je finissais comme ces pauvres paysans, sans diplôme, obligée à faire des boulots de merde dont personne ne veut. Le conditionnement quoi. J’ai appris à remettre tout ça en question, mais mon entourage a du mal. Je viens d’un milieu assez intellectuel, ma mère est prof, mon frère est étudiant, mon copain aussi, toute sa famille a fait des études. Bref, les études c’est la vie.
Bref, j’ai repris des études, que j’ai arrêtées au bout de trois mois parce que ça n’allait pas du tout.

Je réitère là et mes questions initiales, ainsi que mon geste pour valoriser l'activité manuelle, soi-disant « ingrate » pour l'intellectuel. Et je m'appuie là sur mon expérience personnelle, parce qu'on ne parle bien que de ce que l'on connaît bien : j'ai connu deux métiers dans ma vie professionnelle : magasinier dans une supérette Casino ; et employé de bibliothèque – c'est-à-dire « aide-bibliothécaire », c'est-à-dire une fonction majoritairement manuelle au sein d'un équipement valorisant l'intellect. Dans le Petit Casino, j'avais pu concevoir que ce n'est pas parce qu'on passe ses journées à faire le réassort des rayons ou autres joyeusetés que l'on renonce à toute vie intellectuelle ; au contraire : il y a là mille choses à observer, tant de supports de réflexion à portée d'idées ! Quant à la bibliothèque, j'ai pu découvrir là-bas que ma condition a priori rédhibitoire de « manar » m'offrait ce privilège de garder ma tête pour moi, contrairement à mes collègues occupés, eux, à des tâches purement intellectuelles (politique d'acquisition et de valorisation du catalogue), totalement accaparés par des travaux et projets que je jugeais pour ma part décourageants, ingrats et incompatibles avec la forme de vie intellectuelle que je chéris, ce précieux vagabondage butineur, fécond et nourrissant. Surtout, je pouvais passer mes journées à discuter avec mes autres collègues manuels, tandis que nos petites mains s'activaient automatiquement sur les bouquins que nous devions préparer – antivoler, étiqueter, couvrir, réparer... J'étais presque mortifié par le silence du premier étage, lorsque je montais saluer l'escouade intellectuelle, si obnubilée et lessivée par sa tache qu'elle en oubliait même d'être conviviale et bavarde... Les cigales étaient donc au rez-de-chaussée, dans notre grand bureau commun appelée péjorativement « manutention ».

Bon, à présent que tu as pu constater que j'étais logiquement et résolument de ton côté – aussi manuel que toi, et convaincu par cette appétence naturelle – je vais pouvoir te titiller un petit peu Twisted Evil :

Csilla a écrit:Je me rends compte que depuis deux ans, j’ai tendance à éviter tout ce qui est intellectuel. Réfléchir m’épuise énormément, parce que j’ai des difficultés à me concentrer et à rester concentrée sur quelque chose qui ne m’intéresse pas. [...]
Et maintenant que j’ai le diagnostic, que je sais que je suis un zèbre, et qu’en plus de ça, je sais que je réussissais bien à l’école, je culpabilise encore plus. J’ai le sentiment de « gâcher » mes capacités. Mais ça bloque vraiment.
Je m'interroge : n'est-ce pas une curieuse façon, assez paradoxale, d'éviter tout ce qui est intellectuel que la tienne ? En effet, ton inscription sur un forum dédié à l'écrit, à la réflexion et au partage intellectuel – et qui exige donc une certaine dose de concentration et d'application – me semble plutôt contredire cette tendance que tu exprimes là – en la déplorant sur le principe de cette mauvaise conscience que te communiques malheureusement ton entourage culpabilisateur.
En m'appuyant encore sur mon exemple, je me permets de croire que l'on peut parfaitement s'arranger moralement avec le fait de ne pas faire de brillantes études tout en étant zèbre. D'ailleurs, un tiers des HP sont en échec scolaire – tandis qu'un deuxième tiers réussit convenablement sa scolarité, et que le dernier tiers est plus indéfinissable et mouvant.
Je crois que tu gâcherais plus sûrement tes capacités en bridant ton potentiel intellectuel, sur la foi qu'on est soit intellectuel, soit manuel, et qu'il te faudrait fatalement choisir en ces deux statuts antipodaux, ces deux conditions s'excluant soi-disant mutuellement.

Csilla a écrit:Je voulais simplement savoir si certains d’entre vous ont vécu la même chose, ont ressenti ce rejet de l’intellectualité, aimeraient être complètement idiots pour arrêter de penser, si c’est un symptôme de la zébritude, si c’est la dépression qui est toujours là, si ce n’est qu’une phase et que ça va me passer, si je fais ma crise d’adolescence (un peu tard)… Si quelqu’un pouvait me rassurer à ce sujet, cela me ferait beaucoup de bien.
C'est parfaitement normal que tu te poses toutes ces questions, que tu t'inquiètes à propos de ces choses, de ce qui se passe en toi depuis quelques années, et je voudrais te rasséréner autant que faire ce peu. Notamment en t'invitant à croire en ta valeur actuelle, en cela que tu affiches là, déjà, un niveau qui fait défaut à la plupart des gens. Ta qualité d'expression est impeccable, bien supérieure à celle que je pouvais moi-même avoir à ton âge (où j'étais loin d'envisager même la démarche de m'inscrire sur un forum !) et même des années après. Cela pour te dire que, malgré ton discours dépréciatif sur tes compétences et potentiel dans le champ intellectuel (tu dénigres ta concentration et tes capacités cognitives, la réflexion étant devenue un effort pénible), il ne faut pas t'angoisser pour ça : la dépression contrarie sensiblement certains biais cognitifs, certaines aptitudes naturelles. Mais cette inhibition n'est que temporaire, à l'inverse de la lucidité et de la connaissance sur soi que l'état dépressif prolongé permet chez le malade, qu'il rend définitivement plus profond et conscient. Et comme disait Albert Camus (dans L'envers et l'endroit) : « L'éternité est là et moi je l'espérais. Ce n'est plus d'être heureux que je souhaite maintenant, seulement d'être conscient. »
Tu seras peut-être trop intelligente pour être heureuse ; mais suffisamment lucide pour être consciente. Puisse ce destin te plaire, à terme. Il me convient, à moi, et c'est tant mieux, car on ne peut pas (re)devenir idiot, régresser – à moins d'une lobotomie, que je ne souhaite à personne. Tu souffres probablement de dépression parce que tu t'ouvres là, inexorablement, à cette lucidité que Cioran qualifiait ainsi : « Un martyre permanent, un inimaginable tour de force. » Cioran, qui affirmait encore : « Le malheur veut qu'une fois lucide, on le devienne toujours davantage : nul moyen de tricher ou de reculer. » Prétendre faire machine-arrière à ce niveau relève effectivement de la gageure improbable. Oublie ça, et part courageusement et fièrement explorer en profondeur qui tu es vraiment : « Ne regarde ni en avant ni en arrière, regarde en toi-même, sans peur ni regret. Nul ne descend en soi tant qu'il demeure esclave du passé ou de l'avenir. » (Cioran, encore ! What a Face )

Kadja Papy

PS :
deux manières de HP, aussi valables et intéressantes l'une que l'autre:
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Message par Csilla Ven 7 Avr 2017 - 11:28

Nigiro a écrit:Salut,
J'ai eu le même blocage que toi, vis-à-vis de la scolarité.
Intellectuel, mais incapable de me résigner à travailler sur des sujets de cours qui ne m'intéressent pas, au point d'en faire des crises d'angoisse et de me recroqueviller dans le sommeil.
Ma seule envie était de créer, d'employer mes connaissances ou à l'inverse d'apprendre pour créer quelque chose qui me plaît ; sinon simplement apprendre ce que j'ai vraiment envie d'apprendre sur un instant T.
Mais JAMAIS apprendre juste pour apprendre... juste parce que c'est dans le programme, par des prof souvent douteux, entouré d'étudiants chiants et bruyants.
Tout ça est subjectif bien-sûr, mais quand on le pense au plus profond de soi... il faut l'assumer et l'accepter. Sinon, oui, on s'en rend malade.
J'aime m'engager dans des projets, inventer, écrire, faire des choses de mes mains. C'est ce que je fais actuellement, c'est comme ça que je me sens bien et que j'arrive à vivre. Pourtant, je n'ai pas fais d'études supérieures.
C'est peut-être ce que tu devrais faire aussi Csilla. C'est compliqué de par ton milieu de t'affranchir de la norme "fait des études", mais tu es douée. Alors crois-y. Trouve quelque chose à faire qui vaille plus la peine que d'avoir le cul collé à un banc d'amphi. N'importe quoi. Cherche, expérimente. Tu risques de cafouiller un peu au début, le temps de trouver LE truc, mais tu dois pouvoir te donner les moyens de réussir à construire ton propre parcours. Écoute-toi, devient en phase avec toi-même. Fuck le monde ! Il comprendra tes choix en temps voulu  Razz
Allez, je t'envoie tout plein de hargne et d'énergie ♥️

Je me retrouve parfaitement dans ce que tu dis. Le souci que je rencontre actuellement, c'est comment trouver du travail (bien que je n'en meurs pas d'envie, mais il paraît que pour s'en sortir, il faut de l'argent...). Tout le monde me pousse à faire des études parce que "sans diplôme on ne trouve pas de travail qui nous plaît" (de toute façon, chez moi, diplôme ou pas il n'y a pas de travail, mais enfin bon, la "roue de secours", "la sécurité" toussa toussa...).
Au-delà du fait que je ne trouve pas de sens dans les études, je ne trouve pas de sens dans le travail. C'est peut-être la raison pour laquelle je n'en trouve pas dans les études d'ailleurs...


massa67 a écrit:Est-il possible d'envisager une bipolarité?

Tu sembles en avoir les premiers symptômes. Ou peut-être une unipolarité?

Je ne me suis jamais posé la question. Qu'est-ce qui te fait penser ça ?


Mairon a écrit: En revanche, tu écris que tu ne te livres pas aux activités intellectuelles quand cela ne t'intéresse pas, mais est-ce vraiment généralisé (perte globale d'intérêt) ou non ?

Je ne me livre pas à ce qui ne m'intéresse pas, que ce soit purement intellectuel ou purement manuel, ou les deux ou quoi ou rien. Pour ce qui est de la perte globale d'intérêt, je dirais que c'est plutôt le contraire. C'est ce qui me permet de me dire que je sors peut-être enfin de cette dépression: je recommence à m'intéresser à pleins de choses. Pas forcément pour longtemps, mais au moins, je m'y intéresse jusqu'à en savoir assez.


Kadjagoogoo a écrit:Je vois mal comment ton appétence pour la Connaissance – surtout par les maths et la philo, certes, mais pas que, comme on l'apprend plus loin dans ton témoignage – pourrait s'être évaporer comme tu nous le dis là. Je veux dire : sans que l'on ne puisse incriminer essentiellement une évolution dommageable dans la méthode pédagogique. As-tu changé de prof(s) entre la première et cette fatale deuxième année ?
A moins que cet épisode dépressif soit lié à des conditions indépendantes de l'école, qu'elles soient extérieures ou intrinsèques à ta sensibilité – comme si cette dépression couvait en toi, latente depuis un certain temps avant d'éclater, indépendamment de tes études ou des attentes familiales...

Pendant que je ne répondais pas sur ce sujet, j'ai pas mal réfléchi à la question. Et en effet, je me rends compte que je réfléchis encore beaucoup.

En effet, j'ai changé de profs entre la première et la deuxième année, on changeait de profs tout le temps, à chaque semestre. Le système nous permettait de choisir les sujets que l'on voulait étudier (en théorie, parce que dans mon cursus je n'avais pas trop souvent le choix), et donc nous n'étions jamais avec les mêmes élèves ni les mêmes profs. Le concept était sympa, sauf que je n'avais pas vraiment de base solide sur laquelle me reposer, excepté deux ou trois enseignants que j'avais tout le temps, et avec lesquels je n'ai eu aucune affinité, donc certainement pas envie de leur parler de mes soucis.

Les "professionnels" que j'ai vu m'ont tous expliqué que mon épisode dépressif était lié à l'école et que je devais changer d'études si je ne me plaisais pas ici. Ce que j'ai fait. Mais je ne pense pas qu'elle ait été liée à cette école en particulier. Avec le recul, je trouve que cette école était vraiment pas mal. Je privilégie la piste que tu évoques, que cette dépression soit plutôt due à moi-même, ma sensibilité, ma manière de voir les choses, et que les conditions "extrêmes" des études l'ont juste aidée à surgir (par "extrême" je veux dire: distance avec mon chez-moi, pression, indépendance...). J'ai toujours été pessimiste, à la recherche de sens au monde, à la vie, à la moindre action, et le fait de ne pas en trouver me rendait triste. Quelque part au fond de moi, j'ai toujours su, depuis toute petite, que je ferais une dépression un jour, jamais je n'ai pensé que je pourrais être heureuse. Donc peut-être qu'elle couvait en moi ?
J'ai aussi remarqué que pendant longtemps j'ai caché ma sensibilité. Lorsque je me remémore moi en adolescente, je vois une jeune fille, pas bien dans sa peau certes, mais peu sensible. Comme si rien ne m'atteignait, rien ne me touchait, comme si je voulais me cacher ma (grande) sensibilité. Arrivée en études, je n'ai plus réussi, et c'est comme si depuis, tout, mes sens, mes émotions, étaient amplifiés x10000. Cela ne m'étonne pas que je n'ai pas réussi à tenir le coup. Ce qui m'inquiète, c'est que tout cela n'a pas l'air de vouloir se calmer. J'essaie de me faire à l'idée que je resterai peut-être comme cela toute ma vie. Après tout, n'est-ce pas ça l'hypersensibilité ?


Kadjagoogoo a écrit:Bref, tout ça pour te dire que l'un n'empêche pas l'autre : tu peux parfaitement cultiver une fibre intellectuelle tout à t'adonnant à des activités manuelles. D'ailleurs, je trouve cela plutôt compatibles, même, en cela que l'activité manuelle laisse l'esprit libre de vagabonder, de papillonner ; et donc, de produire des pensées neuves et personnelles plus sûrement que tu ne pourrais le faire en étudiant méthodiquement, de façon docte, ces sujets ardus (philo, maths, etc.) que tu ne te sens plus capable d'aborder ces derniers mois.

Tu as bien mis le doigt sur quelque chose. J'ai réalisé que ce qui ne me plaisait pas dans les études "classiques", c'était qu'on me dise quoi penser, comment penser, et qu'on essaie de mettre des barrière à ma pensée. C'est peut-être bien le problème des zèbres après tout, la pensée va dans tous les sens, et c'est un véritable travail d'essayer de la canaliser. Pendant que mes mains sont occupées "mécaniquement", je peux penser ce que je veux, comme je veux. Je ne me contente pas de tricoter (par exemple) sans rien faire d'autre. Souvent, je regarde des vidéos: des séries si je veux me rincer la tête, ou des vidéos sur des sujets qui m'intéressent si je veux réfléchir. Quand je ne fais pas cela, je pense à des choses et d'autres, j'essaie d'élaborer mes opinions. Parce que, c'est un autre souci, mais j'ai du mal à me faire une opinion sur les choses, je vois du bon et du mauvais partout, dès lors, comment être pour ou contre une idée. Ce qui me donne souvent l'air d'une conne quand on me demande mon avis. Donc a posteriori, j'y réfléchis. Enfin bref, ce n'est pas le sujet.

En bref, je me rends compte que moi aussi j'ai tendance à faire une distinction nette entre intellectuel et manuel, alors que les deux peuvent être intriqués.



En tout cas merci pour vos messages, ils me rassurent un peu.
Je ne sais pas trop où je veux en arriver. Je finis juste par penser que l'école n'est peut-être pas faite pour moi, pour ma manière de fonctionner (mais je ne sais pas comment je fonctionne). Je ne sais pas mettre le doigt sur ce qui va mal, mais le fait est que je m'y sens mal. Je ne sais pas si je dois encore une fois me forcer jusqu'à trouver la bonne ? J'étais intéressée par l'enseignement à distance, mais mon entourage dit que c'est une mauvaise idée. Qu'en pensez-vous ? Est-ce que je devrais essayer de vaincre ce blocage, qui va presque jusqu'à la phobie scolaire, en retournant à l'école ou à la fac, ou est-ce que je vais seulement me faire encore plus de mal ? (je ne parle pas d'aller jusqu'à un bac+10, j'ai abandonné cette idée depuis longtemps, mais d'une formation, même courte, qui me permettrait de faire reconnaître quelques compétences par exemple (et de les acquérir aussi))


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Message par mouetterieusequiritpas Mer 19 Avr 2017 - 16:23

Coucou Csilla,

Ne fais pas comme moi : se forcer à faire des études longues (pression familiale, même nos "amis" nous y poussent) pour finir par le regretter amèrement !
Si j'avais su, j'aurais tout de suite expérimenté plein d'activités manuelles pour me rendre compte desquelles me conviendraient le mieux.
Si un jour, j'avais un enfant (cf notre discussion Wink ), je me jure de l'aider à choisir une voie qui lui conviendrait vraiment, même s'il doit rester longtemps dans l'errance professionnelle.

On n'a qu'une vie ! Alors, même si ta situation est mal vue, ce choix n'appartient qu'à toi !
Dis-toi que tu as, en quelque sorte, de la chance de te poser cette question maintenant, et pas dans 15 ans Wink

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Message par -Benoit- Mer 19 Avr 2017 - 22:52

Ce que je lis dans le premier post, c'est de l'auto sabotage.
Dans la vie il faut  trouver des méhodes simples et rapides pour se sortir du pétrin , et en voici une toute simple :
Observation de ce qu'il se passe, vulgarisation (appeler une chose par son nom : ici auto-sabotage ) puis recherche .

Donc, je t' invite à taper "auto sabotage" dans youtube , et reviens nous voir pour nous dire si ça colle avec ton vécu ?

Sinon il y a un tas de trucs qui pourraient coller.
En psycho, on a les blessures types, comme l'abandon et le rejet, je ne connais personne qui n'en ai jamais souffert au moins une fois dans sa vie.
Ce ne sont que des pistes. Je n'ai aucune idée de la pertinence que cela a ou pas .

Peut être un début de piste avec ces chaines :
Comprendre son propre fonctionnement en tant qu'être humain (blessé) ou en tant que zèbre :
https://www.youtube.com/playlist?list=PLuwxFGUOA29dlU8Gu_E7ZDm_L-i4ntfr0
https://www.youtube.com/channel/UCbqGxE1SjrvWsMuH-l5sksQ/videos

relation a soi / évolution :
https://www.youtube.com/channel/UCHUWQeOOtiL_1TJIcOxqRRA
https://www.youtube.com/channel/UC5TrH3R5Cvus2xLmHy0nhbQ
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Message par looky Sam 22 Avr 2017 - 0:52

Bonjour, je réagis à ton post car je me sens très proche de ton vécu et de ton parcours (ressenti, chronologie, réactions...) je comprends ta remise en question par rapport à la douance, ce milieu intellectuel que tu rejettes.
Mais ce que tu rejettes, n'est ce pas tes propres faiblesses?
Comme toi, le bac n'a pas été une difficulté pour moi, mais lors des études supérieures, je me suis retrouvée face à des difficultés, à des faiblesses et j'ai remis tout en question: ma voie, mes capacités, ma capacité à m'insérer dans le monde...
Je ne suis pas parole de sagesse et je suis peut-être totalement dans le faux, mais ce rejet des études, ne penses tu pas qu'il pourrait être le rejet de tes difficultés, et un moyen d'éviter d'y penser, pour masquer un manque de confiance en toi?
Et je voulais te demander aussi, où tu situes tes parents par rapport à tes difficultés? Sont-ils source de soutien? De pression? As-tu peur de les décevoir?
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Message par djidje Mer 26 Avr 2017 - 14:59

Bonjour Csilla,
pour ce qui est des aspects dépressifs, je laisse cela aux personnes compétentes.
Comme zèbre, même si nous sommes tous différents, nous partageons souvent deux choses : une très grande sensibilité et une tête qui "tourne" en permanence, et vite. On a parfois envie d'arrêter de penser, mais ce n'est juste pas possible.

Ton rapport à l'école vis-à-vis de ton entourage familial est semble-t-il une problématique délicate, au sens où désirer autre chose pour toi se heurte à une manière d'envisager sa vie professionnelle dans ton cercle intime. Je te souhaite d'avancer sur ce chemin.

J'ai compris avec le temps qu'intellectualité et "aspects manuels" pouvaient se retrouver, et même s'associer avec talent, quand on y place de la créativité. Un artisan imagine, réfléchit, invente avec son intellect et son imaginaire des choses qu'il met en oeuvre avec ses mains. Le bricolage a toujours été pour moi un moyen de "me vider la tête", tout en l'utilisant.
Il est parfois difficile de savoir ce que l'on veut faire jeune (mon intention n'est pas de te prendre de haut, j'ai été longtemps comme ça...mon métier ne m'est apparu qu'à la fin de mes études !).
Mon métier actuel ne m'épanouit pas, il est pour le coup 100% intellectuel, mais j'investis des pans plus émotionnels et manuels dans ma vie personnelle. J'ai donc une part de ma vie plus "aseptisée" qui me permet de gagner mon salaire, pour l'autre part plus vivante.Tout le monde n'a pas la chance d'avoir un travail passionnant (je ne dis pas qu'il faut faire quelque chose qui ne nous intéresse pas, mais mon travail est honnête et je ne suis pas à plaindre).

As-tu regardé sur des métiers manuels, du côté de l'artisanat ? Des métiers rares, qui te permettraient de mettre en oeuvre à la fois ton intelligence, ta sensibilité et un savoir-faire manuel (lutherie, souffleur de verre, tailleur de pierre...) ? De révéler ou favoriser un don tant manuel qu'intellectuel ?Toqué à la porte des compagnons de France ? C'est une piste...

Il faut parfois du temps pour trouver sa vocation. Je te souhaite un beau chemin pour trouver ce qui te plaît.

djidje

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Message par CarpeDiem Jeu 27 Avr 2017 - 23:20

Bonjour Csilla!

Cela fait un bail que je ne suis pas venue sur ce forum et je viens et tombe sur ton post. Piouf... je dois dire que je m'y retrouve en très très grande partie...

Après, j'ai fait plusieurs cursus (intellectuels) après le bac et je les ai tout abandonnés en court de route, sauf un (mais je l'ai fini très péniblement).

Ton parcours me touche en plein cœur et j'ai l'impression qu'on a plein de points communs.

Après t'avoir lu, j'ai cette première impression déjà que l'aspect émotionnel joue énormément : loin de chez ta famille (et amis peut-être?), indépendance... Pour certains, c'est difficile, pour d'autres un peu moins, et pour certains autres, c'est la plongée en eaux troubles... As-tu le sentiment d'avoir bien vécu cette indépendance ?

Je me trompe peut-être mais j'ai effectivement l'impression que ces études ont mis en exergue un ou des problèmes de fond... mais qu'elles ne sont pas le problème en lui-même.

Après, je voudrais te demander comment étaient tes relations avec tes profs d'une part et tes camarades d'autre part ?
J'ai moi aussi fait une dépression après un certain cursus (infirmière – à dire vrai, j'étais au bord de la dépression pendant et après chaque cursus suivi mais pour celui-là, ça a été l'apothéose). Et avec le recul, même s'il n'y a vraiment pas que ça (je suis très stressée/angoissée et insomniaque donc le tout n'a rien arrangé), pendant ces études, j'ai ma différence qui m'a pété à la g... pour être polie. Non pas que je ne l'ai pas remarqué avant mais je crois que j'arrivais suffisamment bien à me mentir à moi-même et à faire comme si j'étais comme tout le monde. Pendant ces études, il se trouve qu'on devait faire beaucoup de travaux en grands groupes (20-25 personnes!). Et cela a été très difficile pour moi. J'avais l'impression que les autres ne foutaient rien (avec le recul, je crois simplement qu'ils faisaient leur possible) et ça me rendait folle d'autant qu'on passait à l'oral après. Hors, je suis très timide mais alors, présenter des idées qui paraissent vraiment nulles, là, c'est le pompom ! A part ça, il y avait des moments où j'étais la seule à comprendre des théories de grands auteurs qui, à moi, me paraissaient assez être assez simples... Donc, là, gros moments de solitude... (je n'ai jamais eu confiance en moi ni eu l'impression d'être vraiment douée) Et c'est très très dur à supporter !
Parallèlement à ça, moi qui avais toujours été studieuse (même si j'ai réalisé plus tard que je passais beaucoup de temps sur mes cours, à les recopier ou rêvasser donc, pas si concentrée que ça), j'ai réalisé que j'avais beaucoup de mal à retenir du par cœur (je me demande comment j'ai fait avant). Et effectivement, comme je l'ai lu ici et là, apprendre plein de choses qui ne m'intéressaient pas, j'avais beaucoup de mal (doux euphémisme)! A côté de ça, certains cours assez pointus, bien qu'intéressants, ne me servaient à rien (j'avais déjà les connaissances, acquises toute seule). En fait, j'ai pris conscience que j'avais l'impression que les profs faisaient cours à des CP. J'étais folle de colère, pleine d'ennui, etc... Je peux même te dire que pendant ces études, je n'ai pas ouvert mes classeurs pendant presque tout le (unique) semestre que j'ai fait, à part au tout début. J'ai carrément fait un rejet total des cours (et pourtant, je suis le genre studieuse et tutti quanti, je ne me serais jamais vu agir comme ça avant). Je ne pouvais pas ouvrir ces fichus classeurs (ça me rendait malade).
Ce qui est marrant, c'est que les cours qui m'intéressaient, je les retenais direct... en cours lol (alors même que j'étais déjà en dépression).

Enfin bref, désolée, j'ai été longue mais ce que je veux dire, c'est : est-ce que ces études que tu as faite ne t'ont pas fait prendre conscience de qui tu es, comment tu fonctionnes ? Réfléchis bien. J'ai mis du temps à me rendre compte de tout ce que je viens d'écrire.

On aura beau un peu banaliser la différence. Personnellement, à chaque fois que je comprends que je suis différente, que je ne rentre pas le moule, il y a une partie de moi qui meurt à chaque fois... (je ne dis pas qu'on ne peut pas bien la vivre, cette différence : je dis simplement que personnellement, je la vis très mal et que c'est peut-être ton cas).

Ensuite, peut-être n'es-tu pas faite pour une profession assez intellectuelle ? Personnellement, j'ai l'impression que c'est mon cas (petite, je me voyais doctorante... lol!). Intellectualiser, j'adore ! Oui... mais pas dans les études, pas au travail. Et c'est là où je vais reparler de la différence : je ne travaille pas de la même manière que tout le monde, pas à la même vitesse (trop lente ou trop rapide), je ne pense pas de la même manière que tout le monde, je suis perfectionniste (ce qui n'est vraiment pas si répandu qu'on pourrait le croire) jusqu'au dernier petit point d'une phrase, etc... bref, ça te parle ? Non parce que tu vois, plus j'y réfléchis (je fais un travail de mise en rayon et envisage mais plus « par la force des choses » car j'en ai pas vraiment envie, de reprendre des études), plus je me dis que ma façon de travailler et de tout simplement fonctionner ne me permet pas d'envisager de travailler avec la majorité des gens (aucune condescendance dans ce que je dis – je me suis vue limite me fâcher avec des amies très chères de promo à cause de notre différence de fonctionnement)... Et là, je ne parle que de l'aspect intellectuel des choses. Idem pour le côté émotionnel, je suis une... (tu t'en doutes certainement lol) hypersensible. J'ai déjà travaillé deux ans en entreprise (lambda) en apprentissage. C'était hoooorribllle. Ambiance de grosse boîte : ça se tire dans les pattes, ça cancane, etc... Inbuvable... J'y allais le nœud à l'estomac (et j'ai fait dans cette entreprise nombre de boulettes, comme par hasard...). Prenant tout... sans recul, au premier degré avec un sens aigu de l'injustice et un mépris total pour l'hypocrisie, l'entreprise, pour moi, c'est ingérable. Et si je dois y retravailler un jour, je crois que ça finira mal...

Je ne sais pas si tout ça te parle ?

Une autre chose : mon métier actuel me « plaît » d'un certain côté car d'une part, je ne suis pas stressée comme un taureau (si si, un taureau, ça stresse lol), d'autre part, je peux divaguer dans ma tête sur tout et n'importe quoi à libre souhait. Par contre, quelque part, je me fais ch... intellectuellement. Mais l'intellectualité, pour un HP, je pense, doit passer par un groupe restreint, compréhensif, ou par un groupe de HP (et encore!) ou tout seul... Enfin, je crois...

Je ne sais pas si tout ça aura pu t'aider. J'ai beaucoup parlé de moi désolée. C'est ma manière de m'expliquer et puis, comme tu peux le voir, ça m'a vraiment touché !

J'attends ta réponse pour voir ce que tu en penses mais d'après ce que tu m'en dis, peut-être devrais-tu trouver une voie créative (mêlant le manuel à l'imagination – et donc à une certaine forme d'intellect) ? La cuisine, quelque chose d'artistique peut-être ?
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Message par Belena Jeu 4 Mai 2017 - 22:32

Moi, je ne crois pas que tu sois malade ou en dépression, ou bipolaire… Je le sens. Par contre ta situation n'est pas facile, car tu dois tenir tête à ta famille, à tes amis… Ta situation est délicate.
Je crois que les HPI sont parfois confrontés à des paradoxes qui étonnent les autres … Je crois que tu as vraiment besoin de arrêter tes études et te consacrer à une autre chose: le jardinage, pour quoi pas ? Tu as pensé à faire un CAP par exemple? essayer des formations ? Je ne vois pas en quoi ça c'est mauvais!
Et tu pourras aussi trouver un travail après, si tu as envie…
Dans mon cas, ça a été un peu différent… Mes parents, eux, n'ont pas fait des études, et moi, je voulais au départ, être comme eux, ne pas étudier, je voulais être comme ma mère, femme au foyer… etc Mais les études m'attiraient, de plus en plus , et là, je ne peux pas vivre sans lire, sans étudier, etc
Je pense un peu comme une personne qui a dit, qu'on est conditionné par notre famille, oui, et que les HPI sont des éponges qui suivent un peu les désirs profonds de leurs parents… en s'oubliant… J'ai lu aussi et j'ai vu, des HPI qui n'aimeaint pas lire, et qui étaient passionnées par " les motocross " ou les animaux… ( je croise en plus des HPI dans mon travail de prof)… Les HPI sont variés, mais ils/ elles ont des points en commun: leur remise en question permanente, leur capacité d'introspection, de réflexion, leur capacité à se perdre et à se retrouver…

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Message par spiralebleue Sam 22 Juil 2017 - 23:02

vu ton âge tu peux très bien te consacrer à des activités même professionnelles "non intellectuelles" (ce qui reste à démontrer car moi j'intellectualise beaucoup intérieurement quand je fais la vaisselle, les idées fusent, ou quand je prends ma douche hihi.) Tu as juste besoin de quelque chose que tu ne t'autorise pas librement.
Et puis le rapport avec tes proches désolée mais c'est pas parce qu'on est prof ou étudiant qu'on est "intellectuel" Smile
Il y a des paysans fort intelligents tu sais Smile
L'intellect ne s'active pas qu'aux travers d'études et de théories, mais aussi par la pratique comme tu l'as compris  Et si tu ressens le besoin de pratiques simples, dans un premier temps, laisse-toi aller alors et surtout essaie de gérer ton stress.  
j'ai aussi vécu cette prise de distance intellectuelle, un burn-out cérébral et physique. Impossible de mener à terme mes projets (comportant beaucoup d'écrits, de recherches, de prises de contact...) Et j'ai pourtant tendu la corde jusqu'à son maximum en voulant toujours faire plus encore puis le manque de "désir" et l'épuisement à fait surface. J'ai jardiné, beaucoup, marché...pas travaillé. Tout en essayant de ne pas culpabiliser afin d'optimiser ce recul. Un ressourcement était nécessaire, ça avance.
Tu a du traversé un phase de prise de conscience et parfois ça passe par des angoisses, des dépressions car cela vient de loin et on subit un peu sans trop comprendre. Quand il y a un malaise c'est que quelque chose sonne faux dans sa vie (pro, affective, etc...) Bon courage à toi Wink
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Message par Bird Jeu 26 Oct 2017 - 0:20

Le jardin, très bien, oui.
J'en rêve !!!
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Message par Invité Jeu 26 Oct 2017 - 2:59

Il y a des paysans forts intelligents et qui aiment ce qu'ils font. Le travail de la terre est noble, et il faut beaucoup de passion et de savoir pour en faire son métier et pouvoir en vivre. Si ce que tu aimes faire est dévalorisé par ton entourage, alors il y a conflit entre toi et ce que les autres attendent de toi. Tentes de choisir une voie qui te plaise vraiment, et alors tes études ne seront plus une prison où tu sembles t'épuiser. L'alternance te conviendrait peut-être? Certaines voies en alternance ne sont pas des voies de garage, tu peux obtenir par ce moyen un haut niveau d'études, donc du savoir allié à l'expérience de terrain, dans beaucoup de domaines. L'artisanat est aussi une possibilité, ou pourquoi pas ouvrir une boutique de tricots, d'autres possibles s'offrent à toi si vraiment les études en cursus universitaires ou écoles ne te disent plus rien. Tu es jeune, apparemment entourée, tout est encore possible.

Avant tout, peut-être devrais-tu consulter pour une possible dépression? Ta perte d'énergie, ton manque d'entrain, vient peut-être de cela. Et penser aussi à consulter pour ta perte de poids soudaine et ne pas minimiser ce que ton corps tente de te dire. Je suis tout à fait en accord avec Spiralebleue sur le malaise interne qu'une prise de conscience peut éventuellement provoquer. Au final est-ce les études que tu ne supportes plus ou les angoisses qui semblent t'accompagner quand tu t'y remets? La fuite est un moyen à court terme.

Certaines personnes sont capables de profondes introspections, il est alors possible de résoudre des choses, mais pas toujours, alors quand on se sent vraiment "coincé" quel que soit le domaine, il ne faut pas hésiter à consulter un spécialiste. Bref pousser une porte. Dans ton cas un psy et une conseillère d'orientation, enfin il me semble. Cela arrive à beaucoup une phase comme celle-ci, même sans grand terrain dépressif, cette angoisse que tu ne comprends pas (et je comprends qu'elle puisse te désarçonner) souhaite s'exprimer, il faudra la comprendre ou l'accepter ou la vaincre, enfin disons ce que tu choisiras d'en faire pour t'en libérer. Et ensuite tu seras plus libre de faire un choix conscient d'orientation avec ton cœur, ta tête et tes mains.

J'imagine le stress car à l'extérieur "on" vous (à vous les plus jeunes  Very Happy ) demande de vous inscrire tôt dans un projet. Avec la conjoncture économique comme épée de Damoclès etc..vous avez grandi avec cela en fond sonore, pour beaucoup. Mais il faut parfois plus de temps à certains pour trouver leurs chemins "pros" adéquats. La plupart des gens connaitront ou ont exercé plusieurs métiers. Ne culpabilises pas trop de prendre ton temps pour faire des choix, si tu en as la possibilité alimentaire. Mais en faisant gaffe de ne pas trop t'enliser dans un cercle d'inertie. Et puis cela change aussi parfois avec le temps, la maturité, la vie tout simplement, tes aspirations (ou tes manques d'aspiration) d’aujourd’hui ne seront peut-être plus celles de demain.

Courage et bien à toi Csilla!

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