Nouvelle jeune zèbre de 19 ans

Bonjour,
C'est avec un peu d'appréhension que j'en viens à vous rejoindre, ayant beaucoup de mal à aller vers les autres.
J'avais déjà eu pas mal de difficultés à m'intégrer dans le système scolaire, non pas par mes notes qui étaient très bonnes, mais dans le groupe social représenté par la classe. Cependant, je parvenais presque toujours à trouver un ou une ami avec qui passer l'année, sorte de soupape sociale qui m'est indispensable. Sauf que, depuis un an et demi, je suis à la fac et les amphis bondés représentent un calvaire pour moi qui suis hypersensible. Je suis obligée de m'installer dans un coin, seule, pour me protéger des autres (ce qui est paradoxal quand on cherche à se faire des amis, n'est-ce pas?).
Finalement, j'ai réalisé que ce qui me rendait malheureuse c'était le décalage profond que je ressens envers la grande majorité des jeunes de mon âge (j'ai 19 ans), ce qui n'est pas rare chez les zèbres comme vous le savez et l'avez sûrement expérimenté. J'ai grandi avec un frère lui-même zébré, tout comme ma mère, si bien que le choc est encore plus grand quand je ne suis plus chez moi. Et ma recherche utopique d'amis zèbres par la voie IRL s'étant plus ou moins soldée par un échec, je me demandais si parmi vous se trouvaient d'autres jeunes zèbres dans mon cas. Je sais que ce site est surtout fréquenté par des zèbres plus âgés, mais qui sait? J'aimerais avant tout pouvoir discuter de la façon de vivre en tant que zèbre dans les études supérieures, en décalage avec les autres étudiants, dans ce passage à l'âge adulte qui semble être une montagne quand chaque émotion est décuplée et qu'il est impossible de s'arrêter de penser pour se reposer.
Je vous remercie d'avance pour vos réponses, j'ai hâte d'apprendre à vous connaître!

Bonjour,

Qui est-ce qui me parlait de montagne déjà ... AH OUI ! Ma conseillère d'orientation. C'est sur que si on fait le constat de l'envergure de la montagne en étant à son pied, c'est pratiquement insurmontable.

Pour ma part, j'ai arrêté l'école en année de 1ère donc te parler des études supérieurs, j'en serai bien incapable. Cependant si tu le veux on peut commencer à en parler ici jusqu'à ce tu trouves des personnes avec qui nouer des affinités.

Qu'est-ce que tu ressens actuellement au delà du "calvaire" ? Utiliser des mots abstraits, des images, truc loufoques ça me va !

Pas super d'être entouré par un tas de monde et d'être seule. J'te comprends, je vis la même chose, première année d'étude à la fac et aucun amis, tellement difficile, ils changent tous de tête tellement ils sont nombreux, et je n'ai aucune raison de les approcher. Par peur de me retrouver avec la mauvaise personne peut-être. Le pire c'est en début d'année, les amphis sont toujours bondés, souvent la place idéale est devant (personne n'aime se mettre devant), très peu de monde et on entend mieux le prof. Si tu veux en parler, je suis disponible par MP.

Mgns a écrit:Bonjour,

Qui est-ce qui me parlait de montagne déjà ... AH OUI ! Ma conseillère d'orientation. C'est sur que si on fait le constat de l'envergure de la montagne en étant à son pied, c'est pratiquement insurmontable.

Pour ma part, j'ai arrêté l'école en année de 1ère donc te parler des études supérieurs, j'en serai bien incapable. Cependant si tu le veux on peut commencer à en parler ici jusqu'à ce tu trouves des personnes avec qui nouer des affinités.

Qu'est-ce que tu ressens actuellement au delà du "calvaire" ? Utiliser des mots abstraits, des images, truc loufoques ça me va !

Je me sens paralysée par tant de personnes autour de moi qui paraissent évoluer si facilement. C'est comme retenir sa respiration pendant trois heures, le temps de prendre le cours et de disparaître aussi sec à la fin. Je pense que c'est à la fois une peur d'être rejetée, mais aussi celle de n'avoir aucun atome crochu avec ces personnes comme ça a été le cas toute ma vie. Finalement, bien qu'une partie de nous continue d'espérer que ça puisse fonctionner, l'autre s'est blindée et chuchote qu'on a aucune chance que ça marche. C'est comme une perception innée de la différence qui nous sépare, je ne sais pas comment expliquer ça, ça me paraît tellement évident sur le coup.

Enaw a écrit:Pas super d'être entouré par un tas de monde et d'être seule. J'te comprends, je vis la même chose, première année d'étude à la fac et aucun amis, tellement difficile, ils changent tous de tête tellement ils sont nombreux, et je n'ai aucune raison de les approcher. Par peur de me retrouver avec la mauvaise personne peut-être. Le pire c'est en début d'année, les amphis sont toujours bondés, souvent la place idéale est devant (personne n'aime se mettre devant), très peu de monde et on entend mieux le prof. Si tu veux en parler, je suis disponible par MP.

Oui, c'est exactement ça, les émotions qui émanent de la foule, les têtes qui ne se ressemblent jamais, impossible de cerner les gens et d'apprivoiser leur image en quelque sorte.
Pour le moment, comme je viens de m'inscrire, les MP me sont apparemment bloqués (aucune idée de quand ils me seront accessibles), mais ça me ferait plaisir d'en parler! Tu es en fac de quoi?

Bienvenue, Lyss !

Il y a tous les âges sur le forum, avec c'est vrai peut-être un pic autour de 30 ans, mais je ne doute pas que tu trouveras des interlocuteurs à ta convenance

Pas mal de témoignages étudiants sont lisibles dans https://www.zebrascrossing.net/f48-l-ecole-les-etudes , peut-être aussi certaines questions que tu te poses ont-elles déjà été abordées ?

Bonnes rencontres, bonnes lectures !

PS : pour les MPs, il faut avoir posté 5 messages, ça vient vite ^^

Je confirme pour les mp, cinq petits messages et tu y aura accès

Sinon, j'ai moi aussi commencé mes études supérieur un peu seul dans mon coin. Il y avait deux-trois personnes avec qui je parlais au premier semestre, mais c'est au second que ça a décollé, quand j'ai été placé en binôme avec une fille assez particulière en travaux pratiques de chimie. Elle avait le contact facile et s'en sortait socialement dans quasi tout les cas, et surtout elle avait une sœur HP, ce qui doit bien l'aider dans l'acceptation de la différence engendrée.
Au final, je me suis retrouvé dans un groupe de cinq-six personnes majoritairement atypiques sur mes trois ans de fac, et je garde contact avec certaines.

Lyss a écrit:

Mgns a écrit:Bonjour,

Qui est-ce qui me parlait de montagne déjà ... AH OUI ! Ma conseillère d'orientation. C'est sur que si on fait le constat de l'envergure de la montagne en étant à son pied, c'est pratiquement insurmontable.

Pour ma part, j'ai arrêté l'école en année de 1ère donc te parler des études supérieurs, j'en serai bien incapable. Cependant si tu le veux on peut commencer à en parler ici jusqu'à ce tu trouves des personnes avec qui nouer des affinités.

Qu'est-ce que tu ressens actuellement au delà du "calvaire" ? Utiliser des mots abstraits, des images, truc loufoques ça me va !

Je me sens paralysée par tant de personnes autour de moi qui paraissent évoluer si facilement. C'est comme retenir sa respiration pendant trois heures, le temps de prendre le cours et de disparaître aussi sec à la fin. Je pense que c'est à la fois une peur d'être rejetée, mais aussi celle de n'avoir aucun atome crochu avec ces personnes comme ça a été le cas toute ma vie. Finalement, bien qu'une partie de nous continue d'espérer que ça puisse fonctionner, l'autre s'est blindée et chuchote qu'on a aucune chance que ça marche. C'est comme une perception innée de la différence qui nous sépare, je ne sais pas comment expliquer ça, ça me paraît tellement évident sur le coup.

Trouverais-tu la stratégie du village gaulois, celui de Goscinny, pertinente ? Je viens de l'inventer. C'est un peu ce que RoyJade a fait !

Ca commence par être isolée sur un petit bout de territoire conquis (toi assise devant à l'amphi) au fin fond de l'Armorique (espace que tu occupes, au moins physiquement), mais ce n'est pas gênant cet isolement au final parce que c'est bien organisé et autonome. A partir de là, on ne se soucis pas trop de ce qui se passe autour et si jamais les autres (les pas zèbres) viennent jeter un oeil y a toujours la potion magique (ta tête).

Je vais arrêter de mettre en parenthèse ce à quoi je fais référence, il faut que ça reste marrant.

Cependant, à tourner en rond dans son village tous les jours : il y a de quoi devenir fou, comme les romains ! Alors que faire ? On ne peut pas envoyer tout le village dehors sinon il sera sans défense, ce qu'il faut c'est envoyer les meilleurs, les plus adaptés pour découvrir le monde extérieur puis retourner au village pour rapporter ce qui a été vu. Mais malgré leur bravoure et curiosité, ils ne sont jamais sorti du village donc ils vont se faire manger tout cru par la cruauté du monde extérieur alors il va falloir d'abord faire de la reconnaissance, monter une tour de guet ou envoyer des éclaireurs. Mais le village se veut paisible, éviter les conflits est une priorité même quand le poisson n'est pas frais alors aucune décision hostile ne sera prise y compris face au danger même si le recours à la potion magique n'est pas à exclure. L'essentiel c'est de toujours pouvoir revenir à bon port et tant pis si les expéditions n'ont rien amenés de bon.

Quoi qu'il en soit, Astérix c'est plus d'une trentaine d'histoires et malgré les péripéties c'est toujours du bon qu'il en ressort. Le moins bien est un matériau de construction au plus mieux. OUAIS LE PLUS MIEUX ET ALORS ?!

Je fais un petit aparté sur mon propre vécu, j'ai passé plusieurs années seul après avoir arrêté l'école mais seul dans l'absolu. Même si j'avais mes parents et mes soeurs, je m'en isolait donc lorsque j'ai repris le chemin des études et que j'ai atterri dans une classe de 15 personnes et bien cela faisait quand même une augmentation de 1500% de la dimension sociale et encore je comptais pas les formateurs, 1500% c'est énorme et je me focalisais sur ce genre de chose. J'avais à l'esprit des tas d'appréhensions, de préjugés et autres craintes qui n'ont pas fait de bien à mon penchant pour l'anxiété. Toujours est-il que j'ai eu de la chance que les autres soient venu vers moi et que de fait je ne sois pas passé à côté de ma vocation professionnelle parce que dès le début je songeais à interrompre ma formation. Pas si petit l'aparté en fin de compte, oops.

Allez je termine.

Ma manière de tout prendre avec une certaine nonchalance, c'est le truc que j'ai trouvé pour faire en sorte que ces émotions si accablantes soient tournées en dérision et de fait bien plus facile à appréhender mais pour ça il a fallu que je m'expose, pas que je me débarrasse de mon armure ou plutôt mon bunker mais qu'au moins je lève la visière pour laisser la lumière entrer même si elle éblouie au point de nous faire mal. Au début je disais que je mettais un costume pour aller étudier pour faire référence à la tenue pro qu'on devait porter pendant les stages en EHPAD. Aujourd'hui j'en suis arrivé à un point où je dors avec mon costume, non pas par automatisme de devoir l'enfiler tous les jours mais parce que c'est devenu ma nouvelle peau. En dessous il y a toujours ce que je suis réellement mais la peau ce n'est pas quelque chose d'opaque, elle laisse entrevoir ce qu'il y a en dessous et c'est comme ça qu'aujourd'hui j'arrive à concilier les rôles que j'ai pu jouer et ma propre personnalité.

Pour en revenir à toi, tu as une "perception innée", il s'agit véritablement d'un talent. Bien utilisée, ta perception sera la clé de cet autre versant de la perception qui te tourmente. Et tu es jeune, 19 ans, ta tête a encore du chemin à faire avant d'être aboutie. Si tu as une vingtaine de minutes de libre, tu peux aller voir cette conférence par la docteure Catherine Gueguen sur le développement du cerveau au travers des neurosciences affectives, c'est tourné vers les enfants mais globalement ça explique comment la tête fonctionne et bien savoir comment ça marche c'est important, au moins pour moi.

Désolé pour la longueur !

A bientôt,
Jérémy

PS : quand je parle de tête, c'est une métonymie pour parler du cerveau et de son fonctionnement.

Salut Lyss ! On est plusieurs dans le même cas que toi, on est 4 jeunes zèbres venant de ZC et on a fait un petit groupe sur discord pour pouvoir discuter, si tu veux on peut t'inviter ! Je pense qu'on sera tous ravis d'avoir une personne de plus avec qui partager.

Je t’envoie un MP pour que tu puisse m'ajouter si tu es intéressée vu que tu ne peux pas encore m'en envoyer.

Ardel: Merci beaucoup pour ce gentil message, j'ai commencé à éplucher le forum!

RoyJade: C'est rassurant de voir que certains s'en sortent, j'espère avoir cette chance moi aussi!

Mgns: j'ai adoré ton histoire, elle m'a fait rire :') J'ai tenté d'entamer quelques conversations en début d'année mais hélas rien n'en est sorti, je crois que le décalage était à la fois gênant pour moi et pour d'autres qui avaient par ailleurs déjà des amis et avaient hâte de retourner à leur conversation. Cependant, je tente chaque jour de persévérer.
Tu peux être fier de toi, c'est toujours difficile de se lancer et de persévérer. C'est d'autant plus satisfaisant pour toi si de belles choses en sont sorties

Meryn: Me joindre à votre groupe me plairait beaucoup! Hélas, quand j'ai essayé de rechercher l'identifiant que tu m'as donné, Discord m'a laconiquement dit qu'il ne connaissait personne de ce nom et m'a demandé de vérifier, ce que j'ai fait, mais ça ne fonctionne toujours pas. Je suis donc bloquée, si tu pouvais vérifier celui que tu m'as donné ou me filer celui de quelqu'un d'autre, que je vois si le problème vient de moi ou non!

En tout cas, merci à tous pour vos réponses, c'est un très bel accueil qui me fait chaud au coeur après ces longs mois de solitude zébrée!

Je suis en licence LLCE Anglais, première année. J'ai changé de ville pour mes études. Et toi, quelle fac ?