Ce pour quoi je suis fait est aussi ce qui m'empoisonne
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Bimbang
Jo'
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Ce pour quoi je suis fait est aussi ce qui m'empoisonne
Je ne savais pas où poser mon pavé, et j'ignore si cela va m'apporter quelque chose d'en parler, mais je ressens l'envie d'écrire ce soir.
Je suis artiste indépendant depuis peu, première grosse commande en cours de réalisation et je suis déjà à bout, épuisé... Je suis perfectionniste à l'extrême, je remets constamment en cause la qualité de mon travail, il faut que tout soit parfait jusque dans les moindres détails et la petite erreur, la petite maladresse est fatale et me donne envie de tout foutre en l'air. Je ne m'autorise aucun écart. Pourtant, j'ai un niveau de dessin et de peinture très poussé, c'est ce même perfectionnisme qui m'a conduit à ce niveau. Ce n'était jamais assez bien, il fallait toujours faire mieux, repousser les limites. Ça a fini par payer, je suis capable de dessiner à peu près tout aujourd'hui, et avec un réalisme très prononcé.
Ça m'a valu un burn out durant mes études, j'ai dû arrêter ma licence au bout d'un an et demi pour dépression. Encore une fois, ce n'était jamais assez bien, il fallait que je recommence mon boulot plusieurs fois avant d'être à peu près satisfait, sauf que j'avais une deadline et que je n'arrivais jamais à obtenir une qualité acceptable (pour moi) lors des rendus. Je me donnais une charge de travail immense, bien plus que ce qui était demandé. Ça m'a valu des moqueries, du harcèlement, on a profité de la faille pour me démonter. Bref, vous connaissez la chanson.
Les gens sont impressionnés par mon travail, et je ne comprends pas leurs réactions. Enfin si, avec difficulté, en prenant un très long recul. C'est seulement au bout de quelques semaines que je commence à apprécier mes productions. En les analysant finement, en passant des heures à les inspecter. Avec toujours en tête de faire mieux la fois d'après...
Je suis constamment dedans, je suis déconnecté des attentes extérieures, le niveau d'exigence des gens est à des années-lumières du mien. Et j'ai ce foutu syndrome de l'imposteur qui me dit : quand est-ce qu'ils vont se rendre compte que tout ce que je fais n'est qu'illusion, superficialité, que ça n'a aucune profondeur ? Donc je n'ose pas pratiquer des prix à la hauteur du temps passé à travailler, je sous-paye mon travaille au moins de moitié car j'estime au fond de moi que je ne suis pas assez rapide, efficace. Que je n'utilise pas encore pleinement mon potentiel. Même si avec cet état d'esprit je n'atteindrai jamais l'extase puisque même si ça venait à arriver, il faudrait encore faire mieux.
Et je me sens comme un gros pigeon. Je manque d'affirmation devant mes clients, de fermeté. Puisque j'estime que c'est moi qui fait défaut. Alors qu'au fond, y'a des gens sans aucun sens de la perfection qui se font payer cher pour ce qu'ils font, qui sont reconnus.
Je suis mon propre bourreau, j'en ai pleinement conscience. Après ce burn out j'ai mis 2 ans avant de reprendre mes crayons, j'ai mis 3 ans avant de rétablir une estime de moi suffisamment forte pour oser me lancer en tant qu'artiste. Premier gros projet et je retombe dans mes travers. Je suis à bout, je sais bien que ce n'est pas la bonne voie pour réussir, qu'il faudrait que j'apprenne à dire stop quand j'en fais trop, et que je sache apprécier mon travail en prenant compte aussi des facteurs extérieurs. Je serais certainement plus détendu, moins crispé, moins fermé, et donc plus ouvert aux opportunités. La quête de l'ultime, de l'absolu est un chemin dangereux...
Je suis artiste indépendant depuis peu, première grosse commande en cours de réalisation et je suis déjà à bout, épuisé... Je suis perfectionniste à l'extrême, je remets constamment en cause la qualité de mon travail, il faut que tout soit parfait jusque dans les moindres détails et la petite erreur, la petite maladresse est fatale et me donne envie de tout foutre en l'air. Je ne m'autorise aucun écart. Pourtant, j'ai un niveau de dessin et de peinture très poussé, c'est ce même perfectionnisme qui m'a conduit à ce niveau. Ce n'était jamais assez bien, il fallait toujours faire mieux, repousser les limites. Ça a fini par payer, je suis capable de dessiner à peu près tout aujourd'hui, et avec un réalisme très prononcé.
Ça m'a valu un burn out durant mes études, j'ai dû arrêter ma licence au bout d'un an et demi pour dépression. Encore une fois, ce n'était jamais assez bien, il fallait que je recommence mon boulot plusieurs fois avant d'être à peu près satisfait, sauf que j'avais une deadline et que je n'arrivais jamais à obtenir une qualité acceptable (pour moi) lors des rendus. Je me donnais une charge de travail immense, bien plus que ce qui était demandé. Ça m'a valu des moqueries, du harcèlement, on a profité de la faille pour me démonter. Bref, vous connaissez la chanson.
Les gens sont impressionnés par mon travail, et je ne comprends pas leurs réactions. Enfin si, avec difficulté, en prenant un très long recul. C'est seulement au bout de quelques semaines que je commence à apprécier mes productions. En les analysant finement, en passant des heures à les inspecter. Avec toujours en tête de faire mieux la fois d'après...
Je suis constamment dedans, je suis déconnecté des attentes extérieures, le niveau d'exigence des gens est à des années-lumières du mien. Et j'ai ce foutu syndrome de l'imposteur qui me dit : quand est-ce qu'ils vont se rendre compte que tout ce que je fais n'est qu'illusion, superficialité, que ça n'a aucune profondeur ? Donc je n'ose pas pratiquer des prix à la hauteur du temps passé à travailler, je sous-paye mon travaille au moins de moitié car j'estime au fond de moi que je ne suis pas assez rapide, efficace. Que je n'utilise pas encore pleinement mon potentiel. Même si avec cet état d'esprit je n'atteindrai jamais l'extase puisque même si ça venait à arriver, il faudrait encore faire mieux.
Et je me sens comme un gros pigeon. Je manque d'affirmation devant mes clients, de fermeté. Puisque j'estime que c'est moi qui fait défaut. Alors qu'au fond, y'a des gens sans aucun sens de la perfection qui se font payer cher pour ce qu'ils font, qui sont reconnus.
Je suis mon propre bourreau, j'en ai pleinement conscience. Après ce burn out j'ai mis 2 ans avant de reprendre mes crayons, j'ai mis 3 ans avant de rétablir une estime de moi suffisamment forte pour oser me lancer en tant qu'artiste. Premier gros projet et je retombe dans mes travers. Je suis à bout, je sais bien que ce n'est pas la bonne voie pour réussir, qu'il faudrait que j'apprenne à dire stop quand j'en fais trop, et que je sache apprécier mon travail en prenant compte aussi des facteurs extérieurs. Je serais certainement plus détendu, moins crispé, moins fermé, et donc plus ouvert aux opportunités. La quête de l'ultime, de l'absolu est un chemin dangereux...
Jo'- Messages : 170
Date d'inscription : 21/10/2015
Age : 31
Localisation : Nord
Re: Ce pour quoi je suis fait est aussi ce qui m'empoisonne
Accepterais tu un associé/ami qui puisse vendre/faire la promo de ta production ? Ça permettrait déjà d'arriver à vendre sans scrupule dans un premier temps, le temps de prendre conscience de la valeur marchande de ton taf. Peut être de te faire une grille de vente en fonction du temps passé déjà au minimum.
Ou bien, c'est possible de faire des ventes aux enchères ? C'est pas toi qui fixe le prix, c'est l'envie des autres.
Ou bien, c'est possible de faire des ventes aux enchères ? C'est pas toi qui fixe le prix, c'est l'envie des autres.
Bimbang- Messages : 6445
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
Re: Ce pour quoi je suis fait est aussi ce qui m'empoisonne
Merci pour ton intervention
J'ai une idée des prix que je souhaite pratiquer, disons que pour mes travaux actuels je ne respecte pas ces prix, ce sont mes premiers clients et je me suis engagé avec eux avant de me déclarer, sans avoir pleinement conscience que ce n'était pas rentable pour moi... Et puis ce sont de bonnes connaissances alors j'ai voulu les chouchouter, j'ai été un peu trop gentil on va dire... En me disant que même si je n'étais pas payé à la hauteur de mon travail ce serait une bonne vitrine pour la suite, et que grâce à eux j'avais de quoi débuter... Mais ça me laisse un goût amer quand même, j'en ai encore pour au moins 2 mois de boulot.
C'est plutôt de l'art sur mesure que je fais, on fait appel à mes services et je crée sur demande donc ça va être difficile pour le moment les ventes aux enchères, même si je pense créer des tableaux quand j'aurai du temps.
Faire appel à un associé/ami pour faire vendre/de la promo ce n'est pas une mauvaise idée en soi mais je manque de connaissances, et d'amis, et de moyens. Je suis quelqu'un d'assez solitaire, renfermé et j'ai du mal à aller vers les gens. Même si mon entourage actuel a le potentiel pour me débloquer de futurs projets, il faudra que j'agisse avec plus de fermeté et que j'affine ma communication. J'ai cet aspect où j'ai besoin de tout contrôler... Je veux que la promotion fasse partie de mon oeuvre. Pour preuve, mon perfectionnisme est tel que mes cartes de visite fraichement reçues ont fini à la poubelle car je n'étais pas satisfait du résultat. Je suis prêt à perdre de l'argent et à les recommencer... Alors que j'ai mis 3 mois à concevoir ce bout de carton. C'est épuisant.
J'ai une idée des prix que je souhaite pratiquer, disons que pour mes travaux actuels je ne respecte pas ces prix, ce sont mes premiers clients et je me suis engagé avec eux avant de me déclarer, sans avoir pleinement conscience que ce n'était pas rentable pour moi... Et puis ce sont de bonnes connaissances alors j'ai voulu les chouchouter, j'ai été un peu trop gentil on va dire... En me disant que même si je n'étais pas payé à la hauteur de mon travail ce serait une bonne vitrine pour la suite, et que grâce à eux j'avais de quoi débuter... Mais ça me laisse un goût amer quand même, j'en ai encore pour au moins 2 mois de boulot.
C'est plutôt de l'art sur mesure que je fais, on fait appel à mes services et je crée sur demande donc ça va être difficile pour le moment les ventes aux enchères, même si je pense créer des tableaux quand j'aurai du temps.
Faire appel à un associé/ami pour faire vendre/de la promo ce n'est pas une mauvaise idée en soi mais je manque de connaissances, et d'amis, et de moyens. Je suis quelqu'un d'assez solitaire, renfermé et j'ai du mal à aller vers les gens. Même si mon entourage actuel a le potentiel pour me débloquer de futurs projets, il faudra que j'agisse avec plus de fermeté et que j'affine ma communication. J'ai cet aspect où j'ai besoin de tout contrôler... Je veux que la promotion fasse partie de mon oeuvre. Pour preuve, mon perfectionnisme est tel que mes cartes de visite fraichement reçues ont fini à la poubelle car je n'étais pas satisfait du résultat. Je suis prêt à perdre de l'argent et à les recommencer... Alors que j'ai mis 3 mois à concevoir ce bout de carton. C'est épuisant.
Jo'- Messages : 170
Date d'inscription : 21/10/2015
Age : 31
Localisation : Nord
Re: Ce pour quoi je suis fait est aussi ce qui m'empoisonne
Vous avez l'air d'être très lucide quand à ce qui vous pose problème.
Vous êtes vous fait aider par un thérapeute ?
Vous êtes vous fait aider par un thérapeute ?
minord- Messages : 66
Date d'inscription : 27/03/2014
Age : 55
Localisation : Avignon
Re: Ce pour quoi je suis fait est aussi ce qui m'empoisonne
J'ai vu un neuropsychologue il y a 2 ans, pour passer le WAIS IV. Je n'ai pas eu les résultats qui permettraient de valider le haut potentiel. Il y a quand même eu suspicion, j'ai passé des examens complémentaires et on m'a diagnostiqué un trouble de l'estime de soi (ce qui n'a plus rien à voir avec un manque de confiance en ses capacités à ce stade et qui est très handicapant dans la vie de tous les jours compte-tenu de tous les troubles associés qu'il engendre (phobie sociale, anxiété, dépression...)), ce qui expliquerait selon le neuropsychologue que je n'arrivais pas à exprimer pleinement mon potentiel. Enfin bref, tout ça est derrière moi maintenant. Je m'en fiche un peu des chiffres désormais. J'ai travaillé très dur pour me réparer, pour exprimer ce potentiel et j'ai eu beaucoup d'améliorations, de bons résultats. Forcément, il y a encore des restes mais ma vie est bien plus appréciable aujourd'hui.
Mais ce perfectionnisme ne me semble pas être réparable, puisqu'il n'est pas cassé. Il est dans mon ADN, dans ma patte artistique. Il est une bénédiction autant qu'un poison et je n'aurais pas ce niveau aujourd'hui si je n'avais pas été aussi exigent. Et je n'aurais certainement pas non plus les complications que j'ai eu et que j'ai encore à l'heure actuelle. C'est un peu le serpent qui se mord la queue en fait.
C'est pour ça que je préfère être payé au mètre carré ou avec un prix fixe plutôt qu'à l'heure, car je ne suis pas comme un employé ou un freelance, je suis incapable de tenir des délais courts, et surtout, je ne supporte pas la pression du temps (ça s'est ressenti au test d'ailleurs).
Mais ce perfectionnisme ne me semble pas être réparable, puisqu'il n'est pas cassé. Il est dans mon ADN, dans ma patte artistique. Il est une bénédiction autant qu'un poison et je n'aurais pas ce niveau aujourd'hui si je n'avais pas été aussi exigent. Et je n'aurais certainement pas non plus les complications que j'ai eu et que j'ai encore à l'heure actuelle. C'est un peu le serpent qui se mord la queue en fait.
C'est pour ça que je préfère être payé au mètre carré ou avec un prix fixe plutôt qu'à l'heure, car je ne suis pas comme un employé ou un freelance, je suis incapable de tenir des délais courts, et surtout, je ne supporte pas la pression du temps (ça s'est ressenti au test d'ailleurs).
Jo'- Messages : 170
Date d'inscription : 21/10/2015
Age : 31
Localisation : Nord
Re: Ce pour quoi je suis fait est aussi ce qui m'empoisonne
Maintenant que tu as un bon niveau, tu n'as plus besoin de ce coté hyper-perfectionniste. Et non non, il n'est pas dans ton ADN. Il est venu pour te sauver surement. Sans doute pour d'autres choses, mais tu l'as fait venir. Le souci, c'est qu'il s'impose maintenant alors que tu pourrais commencer à te relâcher.
Si quelqu'un te disait aujourd'hui qu'il a un truc magique qui te débarrasse de ton perfectionnisme à tout jamais, tu lui demanderais de te l'enlever ?
La question que je me pose : est-ce si c'est si clair que ça que tu aies envie de t'en débarrasser ? Aucun regret ?
Si quelqu'un te disait aujourd'hui qu'il a un truc magique qui te débarrasse de ton perfectionnisme à tout jamais, tu lui demanderais de te l'enlever ?
La question que je me pose : est-ce si c'est si clair que ça que tu aies envie de t'en débarrasser ? Aucun regret ?
Bimbang- Messages : 6445
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
Re: Ce pour quoi je suis fait est aussi ce qui m'empoisonne
C'est compliqué d'y répondre... Est-ce que je serais capable de garder mon niveau sans perfectionnisme ? Probablement pas. Je ne prendrai plus aucun plaisir à dessiner, à peindre. Alors oui, j'aurais des regrets. C'est cette exigence qui me pousse à me dépasser. Et quand tu me dis que je l'ai fait venir, c'est peut-être justement pour ce besoin de dépassement. J'ai peur de stagner, de proposer toujours les mêmes choses, de me contenter de ce que je sais faire sans vouloir plus. J'ai ça en horreur, et à chaque fois que j'ai eu cette sensation ça m'a causé un mal-être intense. Une sensation de ne plus mériter d'exister, d'être fade, de tomber dans l'oubli. J'ai peut-être un gros problème d'égo, je ne sais pas, mais si je ne me dépasse pas, pourquoi exister ? À quoi sert la vie si elle n'est pas faite pour s'améliorer un peu plus chaque jour ?
Le soucis je pense, ce n'est pas de se dépasser. Des tas de gens veulent se surpasser dans un domaine, voire plusieurs. Le soucis, c'est de ne pas savoir me gérer, d'en arriver à des épisodes critiques, des états de stress intenses, de fatigue mentale. C'est ce côté là qui est malsain, cette pression que je me mets constamment, et ça me suit dans la vie de tous les jours. Je suis exigent avec mon travail, avec moi-même, avec les gens... Mon travail est censé être un échappatoire, j'en fais un moyen d'oppression comme pour tout le reste. Je l'ai dis dans mon premier message, je suis mon propre bourreau.
Le soucis je pense, ce n'est pas de se dépasser. Des tas de gens veulent se surpasser dans un domaine, voire plusieurs. Le soucis, c'est de ne pas savoir me gérer, d'en arriver à des épisodes critiques, des états de stress intenses, de fatigue mentale. C'est ce côté là qui est malsain, cette pression que je me mets constamment, et ça me suit dans la vie de tous les jours. Je suis exigent avec mon travail, avec moi-même, avec les gens... Mon travail est censé être un échappatoire, j'en fais un moyen d'oppression comme pour tout le reste. Je l'ai dis dans mon premier message, je suis mon propre bourreau.
Jo'- Messages : 170
Date d'inscription : 21/10/2015
Age : 31
Localisation : Nord
Re: Ce pour quoi je suis fait est aussi ce qui m'empoisonne
Bonjour,
Peut-être est tu trop dans la figuration? Tu sembles enfermé par le réel , à vouloir le reproduire tel qu'il est.
Ouvre toi vers l'abstrait. Il te permettra de repousser tes frontières, exprimer tes sentiments les plus intimes. Les mettre en couleur. A peindre le réel, les sentiments se figent sur la toile. En abstraction , ils explosent. Lâcher prise, se perdre dans son travail sans chercher à revenir au dessin.
Peut-être est tu trop dans la figuration? Tu sembles enfermé par le réel , à vouloir le reproduire tel qu'il est.
Ouvre toi vers l'abstrait. Il te permettra de repousser tes frontières, exprimer tes sentiments les plus intimes. Les mettre en couleur. A peindre le réel, les sentiments se figent sur la toile. En abstraction , ils explosent. Lâcher prise, se perdre dans son travail sans chercher à revenir au dessin.
Blossac- Messages : 833
Date d'inscription : 09/11/2014
Age : 47
Localisation : Rennes
Re: Ce pour quoi je suis fait est aussi ce qui m'empoisonne
Bonjour,
Je rejoins blossac. Je participe à un atelier d'art plastique, avec une artiste art thérapeute. Elle m'a permis d'avancer dans mon travail artistique de façon impressionnante, à lâcher prise, à travailler sans rechercher le résultat. Aujourd'hui lorsque j'arrive au bout d'un travail, je ne suis jamais satisfaite alors que j'ai des retours super positifs. Mais j'ai vraiment appris à l'accepter.
c'est un peu comme une déprime ou arrêter de fumer, tu ne pourras sortir de ton perfectionnisme que si tu le veux et que tu est prêt à travailler pour, à mon avis accompagner.
Je rejoins blossac. Je participe à un atelier d'art plastique, avec une artiste art thérapeute. Elle m'a permis d'avancer dans mon travail artistique de façon impressionnante, à lâcher prise, à travailler sans rechercher le résultat. Aujourd'hui lorsque j'arrive au bout d'un travail, je ne suis jamais satisfaite alors que j'ai des retours super positifs. Mais j'ai vraiment appris à l'accepter.
c'est un peu comme une déprime ou arrêter de fumer, tu ne pourras sortir de ton perfectionnisme que si tu le veux et que tu est prêt à travailler pour, à mon avis accompagner.
jeachlo- Messages : 173
Date d'inscription : 20/11/2017
Age : 47
Localisation : lorraine
Re: Ce pour quoi je suis fait est aussi ce qui m'empoisonne
•
Dernière édition par E.T. le Dim 11 Fév 2018 - 13:46, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Ce pour quoi je suis fait est aussi ce qui m'empoisonne
Il y a des contradictions dans ce que tu dis.
ou alors c'est qu'il faut comprendre que ces deux situations se passent à des stades différents ?
peut être qu'affiner la chose te permettrait de mieux comprendre là où ça coince ?
A quel moment le plaisir est dépassé pour devenir prise de tête ?
Est ce qu'en se donnant le temps comme dit E.T. ça peut faire changer des choses ?
As tu déjà travaillé sur deux projets en parallèle, laissant reposer l'un pour travailler l'autre et avoir un regard différent, moins intransigeant ?
Est-ce que je serais capable de garder mon niveau sans perfectionnisme ? Probablement pas. Je ne prendrai plus aucun plaisir à dessiner, à peindre.
Le soucis, c'est de ne pas savoir me gérer, d'en arriver à des épisodes critiques, des états de stress intenses, de fatigue mentale.
ou alors c'est qu'il faut comprendre que ces deux situations se passent à des stades différents ?
peut être qu'affiner la chose te permettrait de mieux comprendre là où ça coince ?
A quel moment le plaisir est dépassé pour devenir prise de tête ?
Est ce qu'en se donnant le temps comme dit E.T. ça peut faire changer des choses ?
As tu déjà travaillé sur deux projets en parallèle, laissant reposer l'un pour travailler l'autre et avoir un regard différent, moins intransigeant ?
Bimbang- Messages : 6445
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
Re: Ce pour quoi je suis fait est aussi ce qui m'empoisonne
Merci pour vos interventions
C'est surtout une question de sensibilité je pense, je n'ai pas la fibre de l'art abstrait. Dans mon travail j'explore plusieurs domaines (je peux même bosser sur un projet plus abstrait), mais il y a toujours ce besoin de volume, de perspective, d'ombre, de lumière, même pour un projet qui fait appel avant tout à l'imagination. La technique est au coeur de mes oeuvres. J'ai ce besoin, je ne sais pas l'expliquer. Et c'est quand je vois le dessin prendre vie à travers toute cette technique que les sentiments apparaissent, j'arrive alors me projeter dedans.
Je comprends ce que tu veux dire, j'ai une citation qui me vient à l'esprit : "ce n'est pas la destination qui compte, mais le voyage". Ce qui consiste à apprécier le moment présent, à vivre pendant la progression de l'oeuvre plutôt qu'à rester en apnée en attendant le résultat.
En y réfléchissant bien, ça m'arrive. J'apprécie travailler les couleurs, les nuances, les volumes etc... Ça me procure un bien fait. Tant que j'ai tout sous contrôle. J'ai une image précise de ce que je veux en tête, et même si je sais qu'entre l'imagination, la visualisation et la réalité il y a une différence, et que je m'autorise cette marge, je veux que ça respecte un maximum ce que j'ai construit dans ma tête. Car je construits tout dans ma tête avant de mettre sur papier.
C'est peut-être ce mode de fonctionnement là qui rend l'expérience toxique. J'ai pourtant essayé de partir de zéro, avec une feuille blanche. De balancer des idées sur un bout de papier, de les faire vivre, de les laisser évoluer. Je bloque, ça ne va pas, ça part dans tous les sens, soit ça fait naitre mille et un projets supplémentaires, qui bien souvent n'ont plus rien à voir avec le cahier des charges, ou qui sortent du cadre et ne respectent plus les contraintes du client, soit c'est le vide, l'angoisse de ne rien pouvoir trouver.
Par exemple, je projette dès que j'ai du temps libre de créer des paysages à l'aquarelle. J'ai déjà anticipé la majeure partie du travail, je sais quels éléments dessiner, quelle technique je veux, quoi représenter, quelle ambiance, quels sentiments transmettre. Et si le résultat s'éloigne trop, soit je recommencerai, soit je trouverai une alternative (en m'arrachant les cheveux s'il le faut) pour transformer mes erreurs en atouts.
C'est exactement ça, je me reconnais énormément dans ton témoignage. Quand tu dis que ta stratégie est de laisser reposer un peu, de prendre l'air, c'est vrai que c'est efficace. Parfois, mettre le dessin/la peinture/la photo (tout support qui se veut créatif en fait) de côté pendant une journée ou deux permet de s'y remettre à tête reposée et de se débloquer.
C'est bien, mais avec une deadline derrière, prendre 2 jours de repos, ça créer un stress supplémentaire, de l'accumulation... Une panique qui nait doucement...
Je sais qu'à la fin, ce sera champagne dans ma tête. J'oublierai tous les tracas, et même si je loucherai sur les détails qui me dérangeront j'en ferai abstraction pour me concentrer sur l'événement, la réaction des gens autour de moi, leur bonheur. Et puis je reviendrai à la réalité en me disant que pour le prochain projet, il faudra faire mieux, ou encore mieux.
Disons que l'un peut être l'élément déclencheur de l'autre. Quand je prends plaisir à dessiner et que soudain, j'ai une difficulté, je m'attèle à la résoudre. La difficulté en elle-même ne me gêne pas, c'est même un carburant. Si c'est trop facile, je m'ennuie. Mais quand je vois qu'il n'y a rien à faire, que j'ai passé des heures à me remettre en question, à essayer plusieurs méthodes et que le résultat s'écarte quand même de la trajectoire, la frustration atteint son niveau maximum. Et là les choses se corsent car je dois malgré tout continuer, passer à une autre partie de la fresque pour respecter les délais. Je ne peux pas m'empêcher d'y penser, d'avoir les yeux qui louchent sur ce qui ne me convient pas. J'ai envie de foutre un gros coup de pinceau sur la partie pourrie pour me soulager. Tout en sachant que je ne suis pas sûr d'avoir le temps de la refaire. Et là, le stress arrive, la fatigue mentale, les nausées, la panique.
C'est le temps le soucis. J'ai cette image de course contre la montre, je déteste ça. Je déteste ce qui est chronométré, ce qui demande des délais. Et dans notre société où tout va tellement vite, où le temps c'est de l'argent, je ressens un grand malaise.
Je débute une carrière artistique, j'ai des projets qui m'emballent, qui prennent vie dans ma tête, des clients intrigués, qui ont hâte de voir le résultat. Et pour le moment je ne vis pas de mon art, je n'ai pas encore de reconnaissance, j'ai besoin de ces projets sur demande, financièrement, et pour m'assurer un répertoire, un bouche-à-oreille. Un jour peut-être, j'aurai suffisamment de droits d'auteur pour avoir tout le temps de créer.
Oui, j'ai eu l'occasion de le faire. J'avais un projet personnel en parallèle, je n'avais de contrainte de temps que pour l'un (et mon client n'était pas pressé, et appréciait justement que je demande du temps supplémentaire pour l'affiner). Je prenais beaucoup de plaisir, et j'avais moins de pression. Mon perfectionnisme était moins toxique du fait que j'avais le temps de retravailler certaines parties.
Blossac a écrit:Peut-être est tu trop dans la figuration? Tu sembles enfermé par le réel , à vouloir le reproduire tel qu'il est.
Ouvre toi vers l'abstrait. Il te permettra de repousser tes frontières, exprimer tes sentiments les plus intimes. Les mettre en couleur. A peindre le réel, les sentiments se figent sur la toile. En abstraction , ils explosent. Lâcher prise, se perdre dans son travail sans chercher à revenir au dessin.
C'est surtout une question de sensibilité je pense, je n'ai pas la fibre de l'art abstrait. Dans mon travail j'explore plusieurs domaines (je peux même bosser sur un projet plus abstrait), mais il y a toujours ce besoin de volume, de perspective, d'ombre, de lumière, même pour un projet qui fait appel avant tout à l'imagination. La technique est au coeur de mes oeuvres. J'ai ce besoin, je ne sais pas l'expliquer. Et c'est quand je vois le dessin prendre vie à travers toute cette technique que les sentiments apparaissent, j'arrive alors me projeter dedans.
jeachlo a écrit:Je rejoins blossac. Je participe à un atelier d'art plastique, avec une artiste art thérapeute. Elle m'a permis d'avancer dans mon travail artistique de façon impressionnante, à lâcher prise, à travailler sans rechercher le résultat. Aujourd'hui lorsque j'arrive au bout d'un travail, je ne suis jamais satisfaite alors que j'ai des retours super positifs. Mais j'ai vraiment appris à l'accepter.
c'est un peu comme une déprime ou arrêter de fumer, tu ne pourras sortir de ton perfectionnisme que si tu le veux et que tu est prêt à travailler pour, à mon avis accompagner.
Je comprends ce que tu veux dire, j'ai une citation qui me vient à l'esprit : "ce n'est pas la destination qui compte, mais le voyage". Ce qui consiste à apprécier le moment présent, à vivre pendant la progression de l'oeuvre plutôt qu'à rester en apnée en attendant le résultat.
En y réfléchissant bien, ça m'arrive. J'apprécie travailler les couleurs, les nuances, les volumes etc... Ça me procure un bien fait. Tant que j'ai tout sous contrôle. J'ai une image précise de ce que je veux en tête, et même si je sais qu'entre l'imagination, la visualisation et la réalité il y a une différence, et que je m'autorise cette marge, je veux que ça respecte un maximum ce que j'ai construit dans ma tête. Car je construits tout dans ma tête avant de mettre sur papier.
C'est peut-être ce mode de fonctionnement là qui rend l'expérience toxique. J'ai pourtant essayé de partir de zéro, avec une feuille blanche. De balancer des idées sur un bout de papier, de les faire vivre, de les laisser évoluer. Je bloque, ça ne va pas, ça part dans tous les sens, soit ça fait naitre mille et un projets supplémentaires, qui bien souvent n'ont plus rien à voir avec le cahier des charges, ou qui sortent du cadre et ne respectent plus les contraintes du client, soit c'est le vide, l'angoisse de ne rien pouvoir trouver.
Par exemple, je projette dès que j'ai du temps libre de créer des paysages à l'aquarelle. J'ai déjà anticipé la majeure partie du travail, je sais quels éléments dessiner, quelle technique je veux, quoi représenter, quelle ambiance, quels sentiments transmettre. Et si le résultat s'éloigne trop, soit je recommencerai, soit je trouverai une alternative (en m'arrachant les cheveux s'il le faut) pour transformer mes erreurs en atouts.
E.T a écrit:Une chose que me dit mon prof de photo : n'oublie jamais le plaisir, jamais.
J'ai appris sur le tas, actuellement j'ai un problème technique que je ne sais pas résoudre, stress qui est monté en flèche quelque chose de coton à cause de ça pas plus tard qu'hier soir. Et dans ma tête c'est "mais je ne sais pas gérer c'te truc !" et je la fais clean, très...
Ma stratégie c'est de laisser reposer un peu, en parler avec des potes photographes et surtout avec un spécialiste et ami que j'ai contacté pour m'imprégner de cette problématique et trouver des moyens de la résoudre. Je vais regarder mes clichés à la loupe, relever toutes anomalies pour parvenir à les régler. Je sais avoir la patience, disons plus exactement que je ne lâcherais pas le bout de gras avant de l'avoir rectifié comme il faut... détermination, sourde colère et détermination. Mais d'abord circonscrire le problème, ensuite savoir comment y répondre.
La notion de plaisir à ce moment ? là il n'y en a pas pour être honnête. Mais quand je parviens à mes fins, dans ma tête c'est champagne.
Mon perfectionnisme obsessionnel je l'utilise alors pour trouver des solutions, et pour cela j'utilise un ingrédient difficile pour moi : le temps. Pas évident avec ce fameux syndrome de l'imposteur d'y trouver plaisir là-dedans, pourtant j'y parviens quand même au bout du compte. Bon, même si je chipote sur tel ou tel détail qui aurait dû ceci ou cela...
Donc le plaisir, c'est peut-être ce que tu vas finir par produire et vendre, une peinture de cette joie à faire. Et pour les autres en plus
C'est exactement ça, je me reconnais énormément dans ton témoignage. Quand tu dis que ta stratégie est de laisser reposer un peu, de prendre l'air, c'est vrai que c'est efficace. Parfois, mettre le dessin/la peinture/la photo (tout support qui se veut créatif en fait) de côté pendant une journée ou deux permet de s'y remettre à tête reposée et de se débloquer.
C'est bien, mais avec une deadline derrière, prendre 2 jours de repos, ça créer un stress supplémentaire, de l'accumulation... Une panique qui nait doucement...
Je sais qu'à la fin, ce sera champagne dans ma tête. J'oublierai tous les tracas, et même si je loucherai sur les détails qui me dérangeront j'en ferai abstraction pour me concentrer sur l'événement, la réaction des gens autour de moi, leur bonheur. Et puis je reviendrai à la réalité en me disant que pour le prochain projet, il faudra faire mieux, ou encore mieux.
Bimbang a écrit:ou alors c'est qu'il faut comprendre que ces deux situations se passent à des stades différents ?
peut être qu'affiner la chose te permettrait de mieux comprendre là où ça coince ?
A quel moment le plaisir est dépassé pour devenir prise de tête ?
Est ce qu'en se donnant le temps comme dit E.T. ça peut faire changer des choses ?
Disons que l'un peut être l'élément déclencheur de l'autre. Quand je prends plaisir à dessiner et que soudain, j'ai une difficulté, je m'attèle à la résoudre. La difficulté en elle-même ne me gêne pas, c'est même un carburant. Si c'est trop facile, je m'ennuie. Mais quand je vois qu'il n'y a rien à faire, que j'ai passé des heures à me remettre en question, à essayer plusieurs méthodes et que le résultat s'écarte quand même de la trajectoire, la frustration atteint son niveau maximum. Et là les choses se corsent car je dois malgré tout continuer, passer à une autre partie de la fresque pour respecter les délais. Je ne peux pas m'empêcher d'y penser, d'avoir les yeux qui louchent sur ce qui ne me convient pas. J'ai envie de foutre un gros coup de pinceau sur la partie pourrie pour me soulager. Tout en sachant que je ne suis pas sûr d'avoir le temps de la refaire. Et là, le stress arrive, la fatigue mentale, les nausées, la panique.
C'est le temps le soucis. J'ai cette image de course contre la montre, je déteste ça. Je déteste ce qui est chronométré, ce qui demande des délais. Et dans notre société où tout va tellement vite, où le temps c'est de l'argent, je ressens un grand malaise.
Je débute une carrière artistique, j'ai des projets qui m'emballent, qui prennent vie dans ma tête, des clients intrigués, qui ont hâte de voir le résultat. Et pour le moment je ne vis pas de mon art, je n'ai pas encore de reconnaissance, j'ai besoin de ces projets sur demande, financièrement, et pour m'assurer un répertoire, un bouche-à-oreille. Un jour peut-être, j'aurai suffisamment de droits d'auteur pour avoir tout le temps de créer.
Bimbang a écrit:As tu déjà travaillé sur deux projets en parallèle, laissant reposer l'un pour travailler l'autre et avoir un regard différent, moins intransigeant ?
Oui, j'ai eu l'occasion de le faire. J'avais un projet personnel en parallèle, je n'avais de contrainte de temps que pour l'un (et mon client n'était pas pressé, et appréciait justement que je demande du temps supplémentaire pour l'affiner). Je prenais beaucoup de plaisir, et j'avais moins de pression. Mon perfectionnisme était moins toxique du fait que j'avais le temps de retravailler certaines parties.
Jo'- Messages : 170
Date d'inscription : 21/10/2015
Age : 31
Localisation : Nord
Re: Ce pour quoi je suis fait est aussi ce qui m'empoisonne
C'est E.T. qui était sur la bonne voie alors.
Peut être alors faudra-il que tu refuses les demandes trop pressées ou à date impérative. Après, je peux comprendre que dans les débuts, tu ne puisses pas te le permettre, mais dis-toi alors que ce n'est pas ta faute, c'est la faute au temps, et que ton génie a besoin de temps et de calme pour transparaitre.
C'est tout de même ambitieux de créer à la demande et à date fixe. La création, l'imagination, ce n'est pas automatique. C'est juste un peu normal tout ça.
Peut être alors faudra-il que tu refuses les demandes trop pressées ou à date impérative. Après, je peux comprendre que dans les débuts, tu ne puisses pas te le permettre, mais dis-toi alors que ce n'est pas ta faute, c'est la faute au temps, et que ton génie a besoin de temps et de calme pour transparaitre.
C'est tout de même ambitieux de créer à la demande et à date fixe. La création, l'imagination, ce n'est pas automatique. C'est juste un peu normal tout ça.
Bimbang- Messages : 6445
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
Re: Ce pour quoi je suis fait est aussi ce qui m'empoisonne
•
Dernière édition par E.T. le Dim 11 Fév 2018 - 13:46, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Ce pour quoi je suis fait est aussi ce qui m'empoisonne
Merci à vous tous pour vos interventions, elles m'ont toutes été utiles. C'est ce qui m'a permis de mettre le doigt sur quelque chose que j'ai devant moi depuis longtemps : le temps. Et moi qui pensait encore une fois que je n'étais pas assez ci ou ça... Faut vraiment que j'arrête de me culpabiliser. Cela reste très problématique quand même, de se dire que c'est la faute au temps. Alors que toute notre vie est gérée en fonction de lui, que nous sommes réglés, que notre société est conçue avec cette notion et qu'il faut sans cesse être plus rapide, plus productif, et qu'en retour les gens ne savent plus attendre, veulent de l'immédiat. Quelle pression... Ça me confirme quelque chose que je pense depuis très longtemps : je suis incompatible avec cette société, mon mode de fonctionnement, ma façon d'être, d'apprécier la vie, de la concevoir est en décalage profond avec ce qui m'entoure. Pas étonnant que je sois dans ma bulle aujourd'hui.
C'est ce que j'envisage justement, d'éviter toutes les demandes irréalistes pour moi. De jouer sur cette réputation d'artiste qui prend son temps, mais qui vend de la précision, du millimétré. Tôt ou tard, je vais devoir me construire en fonction de mes limites, car je ne me vois pas continuer à exercer avec des nausées. C'est pas tenable sur du long terme, et il n'y a rien à faire, je ne saurai pas m'adapter, m'habituer à ce rythme. Cette société est trop folle pour moi. J'ai pas envie de faire un deuxième burn out, sachant toute la difficulté que ça demande pour relever la tête.
Disons que créer à la demande, c'est aussi un challenge. J'ai été formé comme ça, en art appliqué on avait des contraintes et il fallait se creuser la tête. La contrainte, il faut la voir comme un support. C'est comme pour construire une maison, j'ai un terrain de tant de mètres carrés, un plan d'urbanisme qui limite le style architectural, comment m'approprier cet espace et conjuguer avec les limites pour créer quelque chose qui me ressemble ?
Disons qu'on a plus facilement de recul avec une personne extérieure... L'effet miroir
C'est un peu mon problème actuellement, je n'ai pas le temps de me défouler sur autre chose... Je suis sans arrêt, 7j/7 en train de bosser et je n'avance pas assez vite. Alors dur d'être zen. Dans 2 mois je pourrai souffler mais pour le moment je suis au milieu de la tempête.
C'est clair qu'on ne peut pas tout appréhender du premier coup, on en apprend tous les jours et même si c'est frustrant de ne pas tout savoir, c'est aussi ce qui nous stimule. Un joli paradoxe Parfois il faut s'acharner, revoir, revoir et encore revoir certaines choses mais disons que le côté pitbull qui n'en démord pas aide à compenser l'impatience.
Bimbang a écrit:C'est E.T. qui était sur la bonne voie alors.
Peut être alors faudra-il que tu refuses les demandes trop pressées ou à date impérative. Après, je peux comprendre que dans les débuts, tu ne puisses pas te le permettre, mais dis-toi alors que ce n'est pas ta faute, c'est la faute au temps, et que ton génie a besoin de temps et de calme pour transparaitre.
C'est tout de même ambitieux de créer à la demande et à date fixe. La création, l'imagination, ce n'est pas automatique. C'est juste un peu normal tout ça.
C'est ce que j'envisage justement, d'éviter toutes les demandes irréalistes pour moi. De jouer sur cette réputation d'artiste qui prend son temps, mais qui vend de la précision, du millimétré. Tôt ou tard, je vais devoir me construire en fonction de mes limites, car je ne me vois pas continuer à exercer avec des nausées. C'est pas tenable sur du long terme, et il n'y a rien à faire, je ne saurai pas m'adapter, m'habituer à ce rythme. Cette société est trop folle pour moi. J'ai pas envie de faire un deuxième burn out, sachant toute la difficulté que ça demande pour relever la tête.
Disons que créer à la demande, c'est aussi un challenge. J'ai été formé comme ça, en art appliqué on avait des contraintes et il fallait se creuser la tête. La contrainte, il faut la voir comme un support. C'est comme pour construire une maison, j'ai un terrain de tant de mètres carrés, un plan d'urbanisme qui limite le style architectural, comment m'approprier cet espace et conjuguer avec les limites pour créer quelque chose qui me ressemble ?
E.T a écrit:Le temps et aussi savoir lâcher prise, accepter l'"erreur" en mode "toi cocotte t'as pu passer, c'est bien pour toi, la prochaine ça ne sera pas la même musique".
L'avantage que j'ai sur toi Jo', c'est que moi le temps je l'ai. Et quand il y a commande, en général je sais gérer à peu près dans les grosses lignes. L'autre "avantage", c'est que j'ai un peu été obligé d'apprendre à lâcher prise aussi... pas eu le choix et l'apprentissage a été particulièrement rude et cassant.
Mais comme le chante les Rolling stones "Time's on my side"...
Une amie me disait à propos de certaines lectures plutôt ardues : "tu n'as pas compris ? tu relis". En gros on ne peut pas tout appréhender du premier coup, alors il faudra revenir sur le métier pour se perfectionner. Et ça aussi ça demande du temps. Pas simple comme discipline à acquérir quand on est comme moi, extrêmement impatient, perfectionniste, scrupuleux.
Donc le temps, le plaisir et savoir aussi prendre soin de soi, aller se défouler sur autre chose... ça a l'air anecdotique, mais ça ne l'est absolument pas. Bref, zen attitude même au milieu du stress... [je dis ça et je suis le premier en difficulté avec ce bazar, comme quoi les conseilleurs ne sont vraiment pas les payeurs]
Disons qu'on a plus facilement de recul avec une personne extérieure... L'effet miroir
C'est un peu mon problème actuellement, je n'ai pas le temps de me défouler sur autre chose... Je suis sans arrêt, 7j/7 en train de bosser et je n'avance pas assez vite. Alors dur d'être zen. Dans 2 mois je pourrai souffler mais pour le moment je suis au milieu de la tempête.
C'est clair qu'on ne peut pas tout appréhender du premier coup, on en apprend tous les jours et même si c'est frustrant de ne pas tout savoir, c'est aussi ce qui nous stimule. Un joli paradoxe Parfois il faut s'acharner, revoir, revoir et encore revoir certaines choses mais disons que le côté pitbull qui n'en démord pas aide à compenser l'impatience.
Jo'- Messages : 170
Date d'inscription : 21/10/2015
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Localisation : Nord
Re: Ce pour quoi je suis fait est aussi ce qui m'empoisonne
Sinon, laisse exploser ton agacement sur un air de métal à fond la caisse de temps en temps.
La rage, faut l'expulser, la jeter loin de soi.
Une fois que c'est sorti un bon coup, on peut reprendre une activité normale
La rage, faut l'expulser, la jeter loin de soi.
Une fois que c'est sorti un bon coup, on peut reprendre une activité normale
Bimbang- Messages : 6445
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
L'obsession du photoréalisme m'a tuer...?
On a beau dire, il est tout de même question d’abstraction, ici, sur ce fil, où l’on évoque une production artistique qui reste donc invisible, faute d’exemples concrets soumis par Jo’. Je vais donc me permettre de mettre en parallèle certaines des dernières interventions, très intéressantes et instructives, de celui-ci, avec quelques-unes de ses œuvres postées sur des fils plus strictement dédiés aux partages picturaux :
Gaël Faure :
Photo originale : http://labandesonore.com/wp-content/uploads/2013/04/GAEL-FAURE-1.jpg
Ton « interprétation » : https://servimg.com/view/19554609/7
Selah Sue :
Photo originale : https://i.pinimg.com/originals/7e/8b/00/7e8b0018d7a89c38797288ea19c34e59.jpg
Ton « interprétation » : https://servimg.com/view/19554609/9
A moins que l’ensemble de ton propos ne concerne en réalité que cette « fresque à l'acrylique que [tu as] peinte tout l'été » vers laquelle va nettement ma préférence, et que n’aurait probablement pas reniée une Frida Kahlo moins obsédée par l’autoportrait : https://servimg.com/view/19554609/8
Jo' a écrit:c'est quand je vois le dessin prendre vie à travers toute cette technique que les sentiments apparaissent, j'arrive alors me projeter dedans.
Jo' a écrit:J'ai une image précise de ce que je veux en tête, et même si je sais qu'entre l'imagination, la visualisation et la réalité il y a une différence, et que je m'autorise cette marge, je veux que ça respecte un maximum ce que j'ai construit dans ma tête. Car je construits tout dans ma tête avant de mettre sur papier.
Voilà. J’aimerais désormais mieux saisir, si possible – et si tu veux bien m’éclairer, Jo’ – dans quelle mesure tout ce que tu nous expliques là peut trouver sa réalisation et son illustration dans, notamment, ces deux exemples (emblématiques de ton travail ? En tout cas, c’est essentiellement cette veine de ta production que tu as exposée sur le forum, avec d’autres portraits photoréalistes, humains et canins, que l’on peut encore découvrir dans ton historique de posts) :Jo' a écrit:Parfois, mettre le dessin/la peinture/la photo (tout support qui se veut créatif en fait) de côté pendant une journée ou deux permet de s'y remettre à tête reposée et de se débloquer.
Gaël Faure :
Photo originale : http://labandesonore.com/wp-content/uploads/2013/04/GAEL-FAURE-1.jpg
Ton « interprétation » : https://servimg.com/view/19554609/7
Selah Sue :
Photo originale : https://i.pinimg.com/originals/7e/8b/00/7e8b0018d7a89c38797288ea19c34e59.jpg
Ton « interprétation » : https://servimg.com/view/19554609/9
A moins que l’ensemble de ton propos ne concerne en réalité que cette « fresque à l'acrylique que [tu as] peinte tout l'été » vers laquelle va nettement ma préférence, et que n’aurait probablement pas reniée une Frida Kahlo moins obsédée par l’autoportrait : https://servimg.com/view/19554609/8
MoojiKadja- Messages : 351
Date d'inscription : 21/05/2017
Localisation : Avant « Je Suis »
Re: Ce pour quoi je suis fait est aussi ce qui m'empoisonne
Je ne souhaitais volontairement pas afficher mes productions dans ce fil car j'estimais que ça n'avait pas sa place. Si j'ai envie de créer un sujet où publier des photos de mes dessins, il y a une partie du forum qui le permet, mais maintenant que c'est fait... Je suis malgré tout flatté de tes recherches
Pour répondre à tes questions, ce que tu as partagé ici concerne ma production personnelle, il ne s'agit en aucun cas des projets sur lesquels je travaille professionnellement, et que je ne publierai pas (ou pas maintenant) pour des raisons de confidentialité.
Les portraits sont pour moi un plaisir avant tout technique. C'est par l'apprentissage du portrait que j'ai pu développer mes compétences. C'est une facette de mon travail, qui ne reflète bien sûr pas la totalité de mon univers graphique. J'y trouve quand même un intérêt créatif dans cette "interprétation" puisqu'il est avant tout question de savoir retranscrire les expressions de la personne sur papier, et savoir retransmettre ces émotions par le biais des miennes dans ma manière d'utiliser le crayon, les ombres, les lumières etc, c'est comme une sorte d'effet miroir. Mes portraits personnels sont des interprétations de personnes/animaux qui ont, ou ont eu une influence dans ma vie, et c'est ma manière à moi de le faire ressortir. Je dessine également des portraits pour les gens, mais je ne souhaite pas en faire mon activité principale étant donné que je ne trouve pas que c'est très rentable compte-tenu du temps passé à dessiner. Il me faut 10 à 15 heures pour réaliser un format A4 et 20 à 30h pour un A3, donc ça ferait très cher le portrait...
Maintenant, au sujet de la fresque, ce n'est pas de celle-ci que je parle dans le sujet, mais d'une que je suis en train de réaliser en ce moment. Celle que j'ai créé sur un mur de chambre est une production personnelle, j'avais besoin de pratiquer pour pouvoir étendre mon savoir-faire. J'ai fait de la peinture durant mes études, surtout de la gouache en nature morte. Mes cours de dessin académique m'y obligeaient et à l'époque j'aimais pas trop ça la peinture. Il y a un an, j'ai eu l'occasion de créer des décors dans un atelier municipal pour un événement et j'y ai vraiment pris goût, et c'est de cet élan qu'est née cette fresque murale, à l'acrylique cette fois. La matière est bien plus agréable à peindre et je peints désormais essentiellement à l'acrylique. Je fais de l'aquarelle aussi mais j'ai encore besoin de me former avant de publier mes travaux.
Enfin bref, si tu veux saisir correctement mes propos tu peux effectivement te reporter à cette fresque.
Après, je trouve qu'il faut aussi une certaine dose d'imagination dans la technique, notamment pour les portraits. Imaginer comment retranscrire tel ou tel élément, par quel billet...
Pour répondre à tes questions, ce que tu as partagé ici concerne ma production personnelle, il ne s'agit en aucun cas des projets sur lesquels je travaille professionnellement, et que je ne publierai pas (ou pas maintenant) pour des raisons de confidentialité.
Les portraits sont pour moi un plaisir avant tout technique. C'est par l'apprentissage du portrait que j'ai pu développer mes compétences. C'est une facette de mon travail, qui ne reflète bien sûr pas la totalité de mon univers graphique. J'y trouve quand même un intérêt créatif dans cette "interprétation" puisqu'il est avant tout question de savoir retranscrire les expressions de la personne sur papier, et savoir retransmettre ces émotions par le biais des miennes dans ma manière d'utiliser le crayon, les ombres, les lumières etc, c'est comme une sorte d'effet miroir. Mes portraits personnels sont des interprétations de personnes/animaux qui ont, ou ont eu une influence dans ma vie, et c'est ma manière à moi de le faire ressortir. Je dessine également des portraits pour les gens, mais je ne souhaite pas en faire mon activité principale étant donné que je ne trouve pas que c'est très rentable compte-tenu du temps passé à dessiner. Il me faut 10 à 15 heures pour réaliser un format A4 et 20 à 30h pour un A3, donc ça ferait très cher le portrait...
Maintenant, au sujet de la fresque, ce n'est pas de celle-ci que je parle dans le sujet, mais d'une que je suis en train de réaliser en ce moment. Celle que j'ai créé sur un mur de chambre est une production personnelle, j'avais besoin de pratiquer pour pouvoir étendre mon savoir-faire. J'ai fait de la peinture durant mes études, surtout de la gouache en nature morte. Mes cours de dessin académique m'y obligeaient et à l'époque j'aimais pas trop ça la peinture. Il y a un an, j'ai eu l'occasion de créer des décors dans un atelier municipal pour un événement et j'y ai vraiment pris goût, et c'est de cet élan qu'est née cette fresque murale, à l'acrylique cette fois. La matière est bien plus agréable à peindre et je peints désormais essentiellement à l'acrylique. Je fais de l'aquarelle aussi mais j'ai encore besoin de me former avant de publier mes travaux.
Enfin bref, si tu veux saisir correctement mes propos tu peux effectivement te reporter à cette fresque.
Après, je trouve qu'il faut aussi une certaine dose d'imagination dans la technique, notamment pour les portraits. Imaginer comment retranscrire tel ou tel élément, par quel billet...
Jo'- Messages : 170
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