Bi-extrêmiste existentielle ?

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Message par Lu-topie Sam 4 Aoû 2018 - 17:17

Bonjour à toustes,

Je remercie par avance les personnes qui prendront le temps de me lire. Je vais tâcher d'être la plus brute possible pour décrire ce que je ressens...
Cela fait maintenant plusieurs années : environ 10 ans, donc depuis mes 18 ans que j'oscille constamment entre 2 extrêmes, 2 poles d'un point de vue existentiel. Ceci a toujours eu de fortes implications pour mes relations de couple (aussi).
Depuis mes 15 ans, j'ai quasiment toujours été en couple (sauf 2 ans pendant lesquelles c'était célibat et nombreuses aventures), alors que je me disais tout le temps : vivement que je ne sois plus en couple, pour être libre, indépendante et pouvoir m'amuser. Et cela n'a jamais changé, j'ai donc eu 3 relations plutôt longues (4 ans), aujourd'hui cela fait 5 ans que je suis encore couple et quasi tous les jours (ca parait exagéré mais non), je me dis "et si je me barrais, et le temps qui passe et moi j'essaye de me caser dans une vie qui ne me va pas", sauf que dans la même journée , ou quelques jours après je rentre dans l'autre phase : je suis bien en couple, j'aime l'idée de construire, je veux me marier (pour la symbolique de l'engagement, un peu comme le stade éthique de Kierkegaard), je serais même prête à essayer d'avoir un enfant (quand j'y pense, c'est effrayant parce que dans ces moments là, je vis littéralement l'envie), je m'implique dans mon couple etc
Puis, quelques temps après, je rentre à nouveau dans la phase d'indépendance, froide (ca a causé de nombreux soucis a mes couples puisque dans ces moments là j'ignore et éloigne l'autre), j'ai en tête de manière obsessionnelle des idées de voyage, j'échafaude des plans pour vivre mes envies, je scotche et développe une obsession pour des personnes d'internet qui ont l'air de vivre la vie qu'ils ont voulue, qui ont tout plaqué (j'ai même une ancienne très bonne amie qui est partie faire le tour du monde alors qu'elle avait tout pour être heureuse, selon ses dires, mais qu'elle voulait juste profiter tant qu'elle était jeune), et je me dis que le temps passe, etc..
En plus, je suis d'un naturel spontané, je suis très curieuse, je développe assez aisément des relations avec tous types de personnes, je n'aurais aucun mal à voir plein de monde sans m'ennuyer, c'est ce que j'ai pu vivre d'ailleurs de mes 18 à 20 ans
C'est comme ci j'étais une itinérante, une indépendante, qui a malgré tout des caps (j'ai repris mes études et je m'y tiens), par contre j'ai deja changé plusieurs fois de boulot. L'idée de fixité m'effraie (je redoute qu'on me propose un CDI, le comble!, j'en ai deja quitté 2) et quand mon conjoint parle mariage, j'angoisse. Dans ma phase "indépendante",je me jure de ne jamais me marier, que ca ne sert à rien, que faire un enfant est un boulot maximal...
Mais du coup je souffre. Beaucoup. De vivre ca et de voir quand même ma vie passer... et de ne pas me sentir sûre de mes choix, de remettre en question mon couple dès que ca bat de l'aile (où est la limite à partir de laquelle on se quitte?). Est-ce que je suis malade? Le pire étant que je me demande maintenant quelle est ma personnalité la plus authentique? celle qui veut construire et qui pense que grandir se fait aussi dans l'effort, dans la relation stable, ou celle qui veut profiter ? J'ai aussi une image de contradiction entre verticalité (être ancré dans un endroit, construire, faire grandir des projets de manière longitudinale, dans le temps) et une image d'horizontalité (sauter de lieu en lieu, de relations en relations, avec l'appréhension de se réveiller peut-être un jour en se disant que je n'ai rien construit, que j'ai simplement consommé du bonheur, consommé des autres). Je vois une psy, clinicienne et hypno. mais ce problème n'a jamais été résolu : devrais-je voir un psychiatre? devrais-je carrément prendre des médicaments le temps que ca passe?
Concernant le couple, je me surprends parfois à me dire que ca y est, je suis en couple, si tout va bien je n'aurais plus forcément à vivre à nouveau la rencontre, la passion, la séduction...Que le couple c'est l'ennui, c'est de la contingence domestique, des compromis, des paradoxes (j'aimerais bien être plus coquette parfois, mais pourtant mes valeurs ne sont pas basées sur l'apparence, et mon copain n'aimerait pas trop, alors du coup je me sens emprisonnée...) . De manière stupide, je peux même enrager face à des personnes qui ont des vies excitantes, même si je les vois par le biais des réseaux sociaux, reportages etc, je peux pas m'empêcher. Et du coup j'ai honte : j'ai 28 ans et un raisonnement d'ado...
Mes copines commencent ou ont deja des enfants, s'installent vraiment, et moi je suis avec mes questions existentielles qui me pourrissent
Le seul compromis que j'ai trouvé aujourd'hui : vivre quasiment au jour le jour et me rassurer en me disant que je pourrai de toute façon changer de vie, tout quitter encore dans quelques années (c'est horrible)
Est-ce que cela vous parle? Est-ce que l'intensité avec laquelle je vis ces 2 phases pourrait nécessiter une visite psychiatre pour bipolarité? Parce que clairement, là où je sais que mes questionnements peuvent être vécus par beaucoup de personnes la grosse différence est que moi ca me cloue sur place (des fois je reste complètement apathique, sidérée, incapable de faire car incapable de faire un choix), je suis même incapable de m'habiller, de faire à manger (à quoi bon ?) ..

Merci beaucoup à vous, et n'hésitez pas si vous voulez que je précise

Bonne journée
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Message par Invité Sam 4 Aoû 2018 - 17:25

Bonjour Lu !

Je n'ai pas pensé, en te lisant, à la bipolarité mais à une phobie de l'engagement… Pourquoi pas en effet démêler le pourquoi du comment avec une thérapie ? Smile
Je fais court, la chaleur me cloue mais bon courage ! Pour Toi

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Message par Lu-topie Sam 4 Aoû 2018 - 17:33

Bonjour Antinéa Smile

Merci beaucoup pour ta réponse, malgré cette chaleur ! (je comprends, je suis un peu ko moi-même). Ta suggestion est très intéressante, cela me fait penser que j'avais trouvé cette notion il y a quelques années maintenant en lisant des témoignages divers sur internet. Je me rappelle m'être fait un noeud au cerveau en me disant qu'il est difficile de savoir si le problème vient de la phobie de l'engagement de l'un , ou tout simplement le fait que le couple que l'on forme à l'instant (t) n'est pas très engageant. Mais depuis le temps, et devant l'itération de la situation, cela mérite d'être creusé pour moi

Cela me confirme donc l'intérêt d'en parler en thérapie

Merci beaucoup...

Bonne journée
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Message par Invité Sam 4 Aoû 2018 - 17:35

pleasure Courbette


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Message par JeanMath Sam 4 Aoû 2018 - 19:04

Salut Lu-topie,

Alors avant tout, il me semble crucial de répondre qu'à priori, je doute que tu trouverais ton bonheur chez le psychiatre et son arsenal chimique. Si tu veux, à vue de nez ce serait comme prendre la décision par défaut, la passivité, avec pour "gain" l'atmosphère rassurante d'une étiquette (qui colle mal) et d'un cerveau, donc d'un quotidien, anesthésié. Et en même temps, je serais prêt à parier que tu trouverais à coup sûr le bonhomme pour te fabriquer une affliction et un traitement associé. T'aider à perdre quelques semaines/mois/années selon ta motivation, notamment.

Maintenant que c'est dit, à mon avis il est parfaitement sain d'être dans le dilemme où tu te trouves, et même logique lorsque ce dernier est trop criant, d'être dans un état de stupeur. En fait, c'est pas tellement l'expression de ce dilemme, c'est l'indécision elle-même qui me paraît normale, qui prend tel visage (dans ton cas vertical ou horizontal, étude/travail ou itinérance, couple ou aventure) ou tel autre selon chaque personne concernée. Tu parlais de Kierkegaard, c'est aussi lui qui donne le nom d'angoisse au vertige de la liberté :
Le raisonnement est rapide, lorsqu'on constate toutes les potentialités que nous offrent cette époque, et qu'on met ça en contraste avec l'éphémérité d'une existence humaine, on a vite fait de paniquer. Il y a tant à faire, peu de temps pour le faire. Puisqu'on a qu'une vie, s'engager dans une voie c'est tisser les liens qui restreindront nos mouvements futurs.

Mon message n'est pas une tentative de solution prête à l'emploi, j'en serais bien en peine (moi même je suis en pleine investigation). J'essaie de transmettre que c'est, je crois, parfaitement humain, et ce malgré l'apparente rareté de ce genre l'écueils chez les autres. On peut à l'inverse se demander s'il n'est pas "fou" de traverser une vie sans trop se soucier de ce qu'on n'a pas choisi de faire et d'accumuler les activités et les comportements d'une façon qui semble erratique pour oublier que ceci n'est peut-être pas satisfaisant, encore moins idéal pour soi mais pour sûr fini dans le temps.
Bref, ta réponse te concernera intimement, au mieux un début piste cohérente pourrait se trouver dans le jumelage de ces deux pôles. Une illustration en serait, par exemple : si ton copain est prêt à ça, partir en itinérance avec lui, passer aux études par correspondance, éventuellement caler les examens avec un retour de quelques mois par an au pays, où vous pourriez en profiter pour travailler le temps de refaire les réserves pécunières pour le prochain grand départ.

Ah et en enfin, un point de vue pour nourrir ta quête de sens :

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Message par Lu-topie Mar 7 Aoû 2018 - 15:16

Bonjour JeanMath,

Tout d'abord, un grand merci pour ta réponse. Je rebondis sur tes remarques dans le texte Wink

JeanMath a écrit:Salut Lu-topie,

Alors avant tout, il me semble crucial de répondre qu'à priori, je doute que tu trouverais ton bonheur chez le psychiatre et son arsenal chimique. Si tu veux, à vue de nez ce serait comme prendre la décision par défaut, la passivité, avec pour "gain" l'atmosphère rassurante d'une étiquette (qui colle mal) et d'un cerveau, donc d'un quotidien, anesthésié. Et en même temps, je serais prêt à parier que tu trouverais à coup sûr le bonhomme pour te fabriquer une affliction et un traitement associé. T'aider à perdre quelques semaines/mois/années selon ta motivation, notamment.
Je suis tout à fait d'accord, je pense que c'est d'ailleurs pour cela, entre autres, que je ne suis jamais passée à l'acte (prendre le rdv médical) en me disant aussi de toute façon que les 2 issues possibles ne m'avanceraient pas : je suis bipolaire -> traitement , bla-bla-bla , mais au final, ca ne résoudra rien, ca ne fera qu'endormir la chose et ma personne au passage / je ne suis pas bipolaire -> je ne suis pas plus avancée


Maintenant que c'est dit, à mon avis il est parfaitement sain d'être dans le dilemme où tu te trouves, et même logique lorsque ce dernier est trop criant, d'être dans un état de stupeur. En fait, c'est pas tellement l'expression de ce dilemme, c'est l'indécision elle-même qui me paraît normale, qui prend tel visage (dans ton cas vertical ou horizontal, étude/travail ou itinérance, couple ou aventure) ou tel autre selon chaque personne concernée. Tu parlais de Kierkegaard, c'est aussi lui qui donne le nom d'angoisse au vertige de la liberté
Exact, il me semble avoir lu quelque chose de lui autour des possibles justement, et de l'angoisse existentielle. J'avais aussi entamé "thérapie existentielle" de Irvin Yalom, qui cite Kierkegaard. J'avoue que je peux trouver une forme de salut, ou de soulagement temporaire à lire certains philosophes : cela me permet au moins de constater que ces grands questionnements traversent les ages...
Par contre, j'ai l'impression d'avoir une personnalité qui tend à l'extrême vers l'indécision, c'est même parfois comme si je ne pouvais analyser une situation qu'en la positionnant sur sa tranche la plus fine, celle qui permet justement de ne pas décider...


:
Le raisonnement est rapide, lorsqu'on constate toutes les potentialités que nous offrent cette époque, et qu'on met ça en contraste avec l'éphémérité d'une existence humaine, on a vite fait de paniquer. Il y a tant à faire, peu de temps pour le faire. Puisqu'on a qu'une vie, s'engager dans une voie c'est tisser les liens qui restreindront nos mouvements futurs.
Exactement, et choisir c'est bien fermer des possibles. Comme on dit, pour chaque choix il y a renonciation. Mais j'y réfléchissais souvent pour essayer de comprendre pourquoi j'avais du mal à choisir, et je me suis dit que oui, effectivement, choisir c'est renoncer. Mais il y a aussi une histoire de "poids" : pour 1 oui, c'est une multitude de non qui s'ensuit, et pour un non, c'est une multitude de oui qui s'ensuit (moins 1 non) : ce n'est pas 1 pour 1. Je me disais que cette asymétrie pouvait peut-être expliquer ma stupeur (ou est-en encore une énième reflexion, qui me permet de ne pas réfléchir au contenu) ...



Mon message n'est pas une tentative de solution prête à l'emploi, j'en serais bien en peine (moi même je suis en pleine investigation). J'essaie de transmettre que c'est, je crois, parfaitement humain, et ce malgré l'apparente rareté de ce genre l'écueils chez les autres.
Il me semble aussi que c'est bien humain, mais force est de constater que je soule rapidement les gens, dans la vraie vie, quand je parle de ca. Et je les comprends. Ou parfois, je sens poindre une petite anxiété chez eux quand j'aborde le sujet : parce quand je m'y mets, je pose plein de questions, comme une enfant, sur leurs questions existentielles etc.. et ca les met soit mal à l'aise, soit ils me regardent comme si je perdais mon temps à dénombrer les pissenlits d'une clairière... Quand j'étais un peu plus jeune, je me posais moins de questions : je fonçais. Et en général les résultats étaient toujours positifs. Du coup, je suis biaisée aujourd'hui car je sais que j'ai d'autant plus envie de tout plaquer que mes expériences passées ont été plutôt cool.



On peut à l'inverse se demander s'il n'est pas "fou" de traverser une vie sans trop se soucier de ce qu'on n'a pas choisi de faire et d'accumuler les activités et les comportements d'une façon qui semble erratique pour oublier que ceci n'est peut-être pas satisfaisant, encore moins idéal pour soi mais pour sûr fini dans le temps.
Bref, ta réponse te concernera intimement, au mieux un début piste cohérente pourrait se trouver dans le jumelage de ces deux pôles. Une illustration en serait, par exemple : si ton copain est prêt à ça, partir en itinérance avec lui, passer aux études par correspondance, éventuellement caler les examens avec un retour de quelques mois par an au pays, où vous pourriez en profiter pour travailler le temps de refaire les réserves pécunières pour le prochain grand départ.

C'est une très bonne idée, je suis d'ailleurs déjà en études par correspondance. Je réfléchis depuis 2 mois environ à aller voir un autre pays justement : beh, pas manqué : un choix à faire !! Du coup, ca tourne en rond dans ma petite tête... et puis je ne suis pas sûre du périmètre que je veux donner à ma vie : vivre dans une caravane dans un champs (ca me dirait bien) et bouger, m'installer de manière plus ancrée et participer aux enjeux du territoire, faire de la politique (donc agir pour un objectif un peu transcendantal), faire de la recherche (donc s'installer quand même un peu), juste se laisser porter, avoir une famille ou non.... C'est sans fin Wink , ceci dit, le temps passe, la vie aussi, et il va bien falloir que je décide de quelque chose...

Ah et en enfin, un point de vue pour nourrir ta quête de sens :

merci beaucoup
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