Plus l'énergie d'aller travailler...

[Je vide un peu mon sac]
Yup'

Que faire contre l'ennui profond qui me tombe dessus dès que je me rends au travail ?
J'ai de plus en plus souvent l'impression que je n'aurai pas assez d'énergie pour faire semblant jusqu'à ma retraite, comme les autres.

J'ai déjà changé 4 ou 5 fois de travail et de ville mais là je commence à être à court d'idées. A chaque fois j'ai senti que je pouvais être excellent à mon poste. Peut-être même le meilleur. Mais à chaque fois, rien à faire : je me lasse.
Cette fois, le mal est profond. Je passe mon temps le nez en l'air, ou sur internet, ou dans mes pensées, seul dans mon bureau, à imaginer ce que pourrait être une vie idéale. Et à chaque fois, je suis déçu de constater que je n'aurais peut-être jamais le cran de tout envoyer valser pour faire ce que j'aime vraiment. Quand j'aurais découvert ce que j'aime vraiment faire, bien sûr...

En attendant, je rêve de me lever le matin naturellement, grâce aux premier rayons du soleil, dans une vieille maison retapée entourée de verdure. Passer faire un petit bonjour à quelques voisins avec qui je serais sur la même longueur d'onde. Avoir un petit boulot pas stressant dans la petite ville aux vestiges médiévaux voisine (pas plus de 20000 habitants), une vingtaine d'heures par semaine, dans une médiathèque. Un autre à enseigner les bases des logiciels de bureautique à des personnes qui auraient du temps devent elles. Et écrire, faire de la guitare et profiter de mes enfants et de ma compagne. Profiter des vacances scolaires pour partir en voyage aussi souvent que possible dans des pays qui ne sont pas colonisés par les touristes.
Je sais que l'oisiveté doit être rapidement pesante, aussi mon projet est modeste et réaliste. Malgré tout, il me parait inaccessible. L'argent, encore et toujours, est le nerf de la guerre. Je ne l'aime pas mais il est pourtant indispensable dans le monde où l'on vit.

Au lieu de tout ça, je dois me lever tous les jours à 7h37 (7 minutes étant, en moyenne, le temps d'émerger après avoir éteint ce foutu réveil), prendre le train de 8h18 (ou, si je suis en retard, celui de 8h33), marcher au milieu de tous ces zombies (qui lisent avec gourmandise les pages économie de leur "Au Taquet magazine" ou de leur gratuit du matin) dans les couloir du RER, passer de longues heures dans cet éternel bureau aux vitres sales à sourire à des personnes plus mesquines les unes que les autres, et refaire le trajet jusqu'à chez moi, dans mon clapier, où je passe une soirée à maudire mon inertie.
Et tout ca pour quoi ? Je l'ignore. Comment l'Homme a-t-il pu, à ce point, faire fausse route ? Et comment puis-je, à ce point, faire fausse route avec lui ?

Le plus angoissant est que je me dis qu'au cours des 40 années (à la louche) qui me séparent de ce les gens appellent la retraite, je connaitrai forcément un point de rupture. Je ne pourrai pas me poser toutes ces questions pendant tout ce temps là... Le problème sera de gérer au mieux ce passage délicat...
[/Je vide un peu mon sac]

je n'ai pas d'assez grands bras pour les étendre jusqu'à chez toi et t'en entourer, mais le coeur y est. je comprends bien bien bien ce que tu dis...

Tu copies ton sentiment, et tu le calques sur moi.
C'est pareil.
Même phase.
Faut juste remplacer "boulot" par "IUT".

Je me demande quand ça va péter... si ça pète.

re-... mais toi tu vas pas tout faire péter hein parce que tu dois d'abord finir tes études. Après t'as droit. Il te faut au moins un truc en poche. Et ne répond pas "oui maman" sinon c'est fessée!

Oui maman !

Oui non mais oui je sais bien qu'il me faut au moins qqchose. Et si ça pète maintenant ce sera pour reprendre plus tard...
J'ai pas envie d'être caissier toute ma vie.

Bref, ce topic n'est pas le mien mais celui de Gemini Cricket !

ça va Gemini quand même? T'as disparu.

Yep', ça va... etant maintenant l'heureux propriétaire d'un enfant en très bas âge, je n'ai que peu le temps de venir par ici en dehors de mes horaires de "travail"... Désolé pour tout ce souci que je vous cause...

Mais là, j'ai bel et bien réintégré le petit espace que m'a reservé, dans sa grande mansuétude, la société moderne telle que nous la connaissons...

En fait, dans la nuit, j'ai réfléchi à ce qui pouvait faire tenir les gens devant cette fabuleuse arnaque du "Il faut aller travailler dur, tous les jours de sa courte vie". J'aimerais faire mien leurs imparables arguments :

- Ben, parce qu'on a pas le choix, pardi !
- Tu sais le travail c'est la santé (à dire en chantonnant comme un c.on)
- Ben, faut bien manger !
- Es-tu fou, qu'est ce que diraient les voisins ?
- Parce qu'en se débrouillant bien et en grimpant les échelons assez vite, il sera possible d'avoir le must du High-Tech audio-video-téléphonie-electroménager...
- Parce que j'aimerais bien piquer la poste de Bertier (je l'aime pas celui-là...)
- Et les impôts, ils vont se payer tout seuls ?

Paradoxalement, j'aime assez ces périodes de groudement sourd au fin fond de moi-même. Peut-être car je sais que c'est le préalable indispensable que je convertirais bien un jour en grand changement...

Gemini a écrit:
Que faire contre l'ennui profond qui me tombe dessus dès que je me rends au travail ?
J'ai de plus en plus souvent l'impression que je n'aurai pas assez d'énergie pour faire semblant jusqu'à ma retraite, comme les autres.

J'ai déjà changé 4 ou 5 fois de travail et de ville mais là je commence à être à court d'idées. A chaque fois j'ai senti que je pouvais être excellent à mon poste. Peut-être même le meilleur. Mais à chaque fois, rien à faire : je me lasse.

Oh mon Dieu comme je me reconnais bien dans toutes ces lignes ! Pour moi c'est également le même probleme : l'ennui destructeur dans un boulot dégueulasse avec des gens aussi inintéressants les uns que les autres, à me regarder sans cesse sur le net (au lieu de faire ce boulot passionnant de valideur de requetes) les formations que je pourrai faire et qui me mèneraient peut être à un boulot plus passionnant tel que la programmation, la recherche, l'enseignement (mais sans faire la Police face à des jeunes qui se foutent de la connaissance) etc
Mais bien souvent je me retrouve confronté à des formations tellement cheres que j'en conclu qu'il vaut mieux me mettre au chomage pour avoir la chance de me les faire payer par l'ANPE... qu'il serait en fait plus intéressant et plus enrichissant pour moi de tout plaquer, de me remettre pour la n ième fois au chomage pour pouvoir avoir la liberté d'espérer un boulot meilleur ou dans le pire des cas étudier milles sujets divers et variés toute seule.... Malheureusement, apprendre et s'enrichir ne paie pas, seul l'ennui d'un boulot paye

pour moi la question se résout toute seule, parce que je ne tiens pas au boulot.
un jour, fatalement, mes pieds me conduisent tous seuls dans le bureau du drh et j'entends ma bouche dire "je vais devoir vous quitter".
petit retour dans le temps: j'avais 20 ans, je végétais en sociologie, j'envisageais d'arêter mais tous les boulots sans diplome que j'avais faits se terminaient comme décrit plus haut. Trois mois était (et est toujours) mon record absolu.
Désespoir intense, crises d'angoisses, antidépresseurs, anorexie. La joie, quoi.
J'arrête tout, études et boulots, et je commence à me résigner à attendre le rmi.
Un jour, je rencontre dans un bar (il faut trainer dans les bars, on y trouve tout, des amis, du boulot, des idées), donc je rencontre une fille qui est dans une école d'arts appliqués. Je m'y suis inscrite l'année d'après (exploit! suivre une idée plus de quelques jours), j'ai eu le diplome trois ans plus tard, puis je rentre aux beaux arts, j'en ressors avec le diplome 4 ans plus tard, tout en ayant refait un peu de fac en même temps (bin oui, pour un zèbre, le double cursus, c'est facile).
Tout ça pour en venir à ma situation actuelle: je suis artiste, je ne m'ennuie plus quand je travaille, et si je m'ennuie, je crée autre chose! En contrepartie, je ne gagne absolument rien de mon art, je suis femme de ménage le week end (depuis trois ans je m'y tiens, quand c'est pour une bonne raison...), pour compléter l'aide sociale (finalement, je l'ai eu, mon rmi!).
Je vous laisse juger si cette situation est meilleure que la première, en tout cas, moi je souffre moins.
Réfléchissez-y, il est toujours possible de changer de voie, et nous pouvons mobiliser des ressources énormes quand qqch nous motive.
Bises et bon courage!

Pour ma part j'ai réellement besoin de bosser, c'est vital, car j'ai un énorme besoin de valorisation que je cherche, en vain, dans le travail.

J'ai pensé tout d'abord à l'enseignement mais lorsque je vois ces gamins agressifs voire violents, je n'ai pas forcément l'envie ni le moral nécessaire pour supporter un tel environnement. Pour l'enseignement est un partage alors peut être faudrait il que je me tourne vers un enseignement spécialisé... Les HQI? Les élèves en difficultés?

Puis, au constat de la dureté du métier d'enseignant, je me suis dit que je pourrai certainement me réorienter vers les métiers de l'informatique mais à un niveau suffisamment élevé pour que je puisse faire quelques choses d'intéressant (quoi que moins sur) : développeur d'applications, informatique décisionnelle (niveau master)...

Enfin, d'autres idées ont surgies dans mon esprit mais furtivement comme par exemple travailler dans la recherche mais je ne vais tout de même pas faire un doctorat pour squatter les facs toute ma vie (et Dieu sait que ce serait grave intéressant !) Puis un doctorat il me faut le niveau suffisant dans un domaine qui m'attire Or je ne possède pas un niveau suffisant dans l'informatique ou encore les maths (je n'ai qu'un niveau officiel Bac Pro LOL en maths mais je m'amuse tels avec des sudokus à les apprendre pour le plaisir...)

Au final, à ce jour, j'en suis à me demander si je ne vais pas me faire licencier ou négocier mon départ pour enfin avoir la paix morale et envisager, par la suite, de :
1) vivre pleinement ma grossesse et me former entre temps seule à la programmation et autres sujets passionnants
2) vivrement pleinement la première année avec mon enfant et me former entre 2 tétés seule à la programmation et autres sujets passionnants
3) renouer avec l'intérim en priant pour que l'on me colle des missions intéressantes avec ma petite licence qualité de rien du tout apparemment;
ou
3) me faire payer une formation dans l'inormatique par l'ANPE en vue d'augmenter mes chances de ne plus m'ennuyer au travail avec des boulots de nases

@+

C'est plutôt pas mal de chercher la paix morale pendant une grossesse .

Nous sommes assez nombreux à avoir des CV atypiques avec des changements de parcours. Ils commencent à être regardés avec intérêt en France (ce n'est cependant pas pour autant qu'on nous donne ensuite les moyens de nous réaliser pleinement professionnellement...). Je garde un excellent souvenir d'une année de formation que j'ai faite dans une structure organisée en coopérative : nous étions 16, et notre créativité était sollicitée avec beaucoup d'intelligence et humanité.

Je ne suis pas non plus satisfaite de mon travail (surtout du point de vue des moyens), mais j'ai encore pas mal de choses à en apprendre et je ne sais vraiment pas quoi faire d'autre pour l'instant !

leasy a écrit:Pour ma part j'ai réellement besoin de bosser, c'est vital, car j'ai un énorme besoin de valorisation que je cherche, en vain, dans le travail.

Pour moi aussi le problème se situe là, hélas...

En ce moment, je surnage un peu car j'ai un projet de changement de poste (tiens donc !). Toujours dans la même branche (statistiques et informatique) mais en province, dans la ville où je suis né.
Je suis donc un peu plus léger, mais je n'ai aucun doute sur le fait qu'en cas de changement effectif, le soufflé retomberait bien vite et qu'au bout de quelques mois je serais encore en train de me morfondre dans mon fauteuil...

C'est un éternel recommencement. Et c'est fatigant.

meumeu a écrit:Réfléchissez-y, il est toujours possible de changer de voie, et nous pouvons mobiliser des ressources énormes quand qqch nous motive.

Certes, j'en ai déjà fait l'expérience, mais toujours en restant dans quelque chose de conventionnel. Il faut du courage pour franchir le Rubicon comme tu l'as fait. J'en manque peut-être.

augenblick a écrit:Nous sommes assez nombreux à avoir des CV atypiques avec des changements de parcours. Ils commencent à être regardés avec intérêt en France

J'ai l'impression, en effet, qu'un CV tordu est plus facile à assumer qu'on ne le pense. Je dois d'ailleurs passer un entretien dans 3 jours et je me pose une question : plutôt que de tourner autour du pot pour justifier les ruptures de parcours, ne vaudrait-il mieux pas dire au recruteur ce que l'on est réellement (Haut-Potentiel étant l'appellation la plus adaptée à la situation selon moi) ?
Je ne suis pas encore prêt à le faire, mais ça me taraude sérieusement.

je ne suis pas certaine que cela puisse être bien perçu.
Sauf auprès de chasseurs de tête peut-être ?
Dans l'idéal, il faudrait que cela se comprenne sans le dire explicitement.

quand je vois comment ma propre soeur le prend ma Zebritude, je crois que je ne m'amuserai jamais à le dire a un quelconque employeur ! Ils sont trop cons à mon avis pour voir le bon coté que ca peut leur apporter.

Comment peut-on sérieusement s'attendre à ce que des personnes, qui ont vécu toute leur vie sous une serre de jardin et, ayant gagné des ribambelles de concours régionaux estampillés "La plus belle serre", les confortant dans l'idée qu'ils étaient au top de leur catégorie "la plus belle orchidée"-"le plus beau bonzaï"... , et leur permettant ainsi de se bâtir un égo relativement stable et satisfaisant... comment s'attendre à ce qu'ils se réjouissent, au détour d'une discussion au sein de laquelle ils se sentent "à la hauteur", d'apprendre que, à l'insu de leur réalité, existent des amazonies entières, sauvages et hors-compétition, qui remettent en question toutes les certitudes sur lesquelles ils avaient jusque là réussi à modeler leur "valeur"...

"Ben quoi! Elle est pas belle ma serre? Mais toi! d'où tu la sors cette amazonie!!! T'aurais pas triché, des fois ?! C'est pas juste!!! Moi, j'ai bossé pour avoir la médaille! Pas toi!!! "

Le seul a pouvoir s'en réjouir, c'est l'organisateur de la compétition... du moins s'il trouve le moyen de profiter, rarement de façon altruiste, des retombées de cette "gloire". Pour le reste des participants, il me semble que c'est un peu illusoire de l'espérer...