But, objectif, sens dans la vie ?

Bonsoir (ou bonjour) à tous,

J'écris ici pour une raison. J'ai un passage à vide depuis la rentrée, je suis fatiguée, pas en forme, démotivée. Je pense sans cesse "à quoi bon" faire tout ça, me bouger, vivre. Ça ne m'empêche pas de continuer mes activités habituelles, mais j'ai du mal à penser, et je me sens très vide.

En fait, depuis cet été, j'ai remarqué un truc, je n'ai plus d'objectif, de but dans ma vie. Pendant des années, mon objectif ça a été de finir mes études, obtenir mon concours et partir (très) loin de chez mes parents (c'est les deux faces d'une même médaille, celle de l'indépendance). Ce que j'ai fait. J'ai eu le CAPES en 2017 et j'ai été envoyée en région parisienne, loin de mon Alsace natale, en 2018.

J'aime mon métier, mon petit quotidien, mais j'avoue que le manque d'objectif me démotive un peu. J'ai besoin de savoir quoi faire pour me motiver. Et je n'arrive pas à trouver un truc qui me tienne autant à cœur que de partir loin, très loin de chez mes parents. Aujourd'hui, je ne sais plus quoi faire. Je fais encore des choses, mais ça me pèse. Tout ce que je sais, c'est que je ne veux pas d'une vie ranger en mode trouver un mari et avoir des enfants. Je veux plus que ça. Pour moi, ça me parait être du déjà vu (le mari, les enfants, tout ça). J'ai envie de plus, mais je ne sais pas quoi.

Bref, j'avais besoin de partager mes états d'âmes sur le forum. Est-ce que parmi-vous, il y en a qui on ressentit des choses similaires ? Comment avez-vous retrouvé la motivation ? Un objectif ? Un conseil divers ?

Salut,

à quoi bon, c'est mon crédo.

Tu peux demander une dispo d'un an, partir à l'étranger. Ça pourrait t'aider à mieux te connaître, toi, et savoir ce que tu veux.

Sinon, cette obsession à vivre loin de ses parents, je crois que ça peut être intéressant de fouiller dedans pour mieux la comprendre (thérapie, ...). J'ai vécu un truc similaire, avec le fait de croire que "ma vie ne m'appartenait pas", et donc à ne pas "vivre" de choses qui me plaisaient.

Plutôt que "lutter contre" (contre les parents, aller loin d'eux, faire son indépendance), tu peux plutôt te demander ce que tu peux faire "pour". Pour toi. Pour te faire plaisir. Des activités, du sport, des passions... Un truc tout bête, mais de la marche, du vélo, ou du footing, ça fait avancer (déjà le corps, qui n'est pas inactif, mais également l'esprit qui "progresse" à sa façon). Essaie des choses, sinon. si tu es en région parisienne il doit y avoir de quoi faire.

Trouver une "voie" dans le taf peut également être intéressant. Si tu es dans l'éducation nationale, tu es dans une espèce de machine bizarre qui tourne à broyer du sens. On ne peut sérieusement parler "d'égalité des chances" (concept qui tient de la blague), en employant des techniques de segmentarisation et de jugement individuelles (notations, toussa). Il y a cependant des méthodes pédagogiques alternatives (Frénet, Montessori...) qui remettent l'élève au centre du métier et enseignent le sens. Que l'on peut appliquer plus ou moins facilement à l'EN (zones d'éduction défavorisées ou prioritaires, je connais pas bien les termes...). Ou alors dans des structures personnalisées.

Hello Lyla,

Je trouve que le moment qui coïncide avec la fin des études et finalement l'émancipation, c'est le plus difficile à gérer. Tout d'un coup, tu es le seul maître de ton destin, tu peux tout faire, t'as tous les choix, mais ça en devient paralysant.

Personnellement, je suis incapable de vivre bien sans nouveaux objectifs tous les 6 mois. A titre d'exemple, à la fin de mes études, je suis partie vivre à l'autre bout du monde pour un premier travail, j'ai appris deux langues, je me mise au rugby, j'ai continué à étudier en ligne un nombre incommensurable de choses, j'ai voyagé, je me suis fait de nouveaux amis, de très bons et de très mauvais, bref j'ai juste essayé pleins de choses! Et au bout de 8 ans, j'étais à nouveau au bout d'un cycle, je suis rentrée, et la je recommence :-) la clé est d'essayer toujours de nouvelles choses, de se fixer toujours de nouveaux objectifs et de ne pas laisser la "routine" te bouffer, et ne jamais attendre la fin d'un projet pour en commencer un autre!

Puis finalement, ca ne m'a pas empêchée de marier, mais c'est un projet parmi tant d'autres, avec un mec exceptionnel, et surtout aussi bizarre que moi :-)

Pour conclure, il n'y a rien d'étrange à ce que tu ressens, juste un besoin de te créer de nouveaux objectifs! Courage!

Merci pour ces réponses et ces idées.

"L'obsession" de m'éloigner de mes parents je l'ai déjà fouillée (seule et en thérapie un peu quand j'étais à la fac) et je connais son origine (parents toxique, mère manipulatrice et narcissique). C'est simple, on est 3 enfants, moi et mon frère on vit à 500 km et on parle à mes parents et tout, ma sœur vit à 30 km, mais n'a plus aucun contact. Moi je ne peux plus rester longtemps là-bas (plus d'une semaine) et à chaque fois je mets autant de temps à m'en remettre. Tout est tellement oppressant que "j'éteins" mes émotions, et après c'est galère pour ressentir à nouveau.

C'est vrai que ce changement de vie est étrange, et laisse plein de possibilités, en tout cas c'est bien et rassurant de voir que d'autres ont ressenti (ou ressentent) la même chose. C'est juste que, j'ai toujours su (plus ou moins, même si j'ai changé d'avis) ce que je voulais faire, et là, plus trop, je suis arrivée et il faut que je me projette vers autre chose.

Mon métier, aussi intéressant soit-il, il n'est pas suffisant je pense pour tout, car très fatiguant, et puis, je veux travailler pour vivre, et non pas vivre pour travailler comme c'est trop souvent le cas.

C'est sûr qu'avoir un chouette dragon à combattre (ou à fuir !) ça "occupe". Une fois le dragon tué (ou dompté ! ou épousé ! ou fui !), ben... vacuité, Vanité des Vanités, et poursuite du vent... à quoi bon ?

Comment / où réinvestir un objet libidinal (au sens psy : de désir) lorsque nous voilà arrivés ? On peut monter d'un level dans le même game, jusqu'à éventuellement tuer le boss de fin de niveau et devenir Calife à la place du Calife ; une fois Calife, il peut être passionnant de s'occuper des affaires du Califat, d'empoisonner ses concurrents ou leur couper la tête, de déclarer la guerre à son voisin... ou juste s'apercevoir que la quête était belle, mais finie. Comment devenir berger ? La chair est triste, quant aux livres...


L'aboulie peut être d'origine chimique, physiologique. A explorer peut-être.

Un bon vieux faux self peut jouer, aussi.

Je tenterais une autre piste, comme ça, "à l'instinct" (sachant que je peux être à côté de la plaque complet) : qu'est-ce que tu t'interdis de désirer ? Pourquoi ? Comment s'en rapprocher ?

Bon courage.


Une lecture qui ne peut pas faire de mal, et qui cause chouettement (entre autres !) de la problématique du désir, et que j'ai l'impression de recommander un peu monomaniaquement ces derniers temps mais j'assume : Penser l'écart, de Carlos Tinocco (et autres). Il a aussi une chouette chaine Youtube, demonstrer. Dans le pire des cas, ça peut passer le temps...

bah et pourquoi qu'on aurait pas droit à des passages à vide, pourquoi toujours ce plein ? avant d'avancer il y a peut être cette étape de récupération nécessaire pour mobiliser en soi sans que l'on en sache rien l'énergie indispensable pour la suite des aventures. Jusqu'à présent certes la vie fut menée tambour battant à coup de classes atteintes, de niveaux acquis comme dans un jeu. Or le voici fini. La vie reste à inventer; C'est le piège classique. On nous bassine tellement avec ces études, ce job, cette famille qu'ils atteignent un rang inconvenant : à devenir en effet des finalités au lieu d'être des moyens, de simples moyens. La fin suprême étant soi on peut le dire, enfin, moi je le dis, je le clame.
Donc oui hasarder et prendre le temps de se poser pour se considérer (et non se comparer), on se sait pas faire - c'est pas au programme (lequel est d'une effarante simplicité résumable en un double go ! go). Ah oui après le go la retraite et la tombe en suivant, ça va vite. Donc la vie à inventer c'est un truc de ouf qui fait qu'on se regarde et qu'on se dit bon alors et moi à présent, me voici en sécurité (un job; un revenu), et donc ?
C'est grisant et effroyable et douloureux, mais pas tant car la vie en vaut la chandelle je pense.
Je n'en dis pas plus, voici une scènette qui résume un peu tout cela que j'ai dis sur l'invention de vie à proposer.

Pour moi il s'agit de participer à la construction du monde, avec un sens très spirituel à cela, pas seulement matériel, les deux n'étant pas séparés.

Bonjour Laly,

Une petite piste peut-être. J'ai l'impression que tu as beaucoup "fait" dans le passé. Comme le dit Charv, il a fallu combattre le dragon et puis derrière c'est le repos du guerrier, mais le guerrier il ne l'avait pas vu venir la fin de la guerre et il ne sait plus quoi faire de cette soudaine "liberté".

Est-ce que ce ne serait pas une opportunité pour apprendre à "être"? Arrêter de trouver des buts à poursuivre, des choses à faire, et donc à s'étourdir l'esprit avec cette espèce de course en avant. Parce que, à part pour une poignée d'humain dans l'histoire, finalement, au bout du compte, ce que l'on a fait, on le laisse derrière soi et ça n'a plus vraiment d'importance.

Je pense que ça rejoint un peu ce que dit Izo (qui me pardonnera si je trahis ses pensées!)

Thalestra a écrit:ce que l'on a fait, on le laisse derrière soi et ça n'a plus vraiment d'importance.

Tiens, ça me fait penser : et faire des enfants ? T'as pensé à faire des enfants ? Pour s'occuper, donner du sens, remplir un quotidien et une vie entière, c'est une valeur qui fait assez consensus...

Thalestra a écrit:
Est-ce que ce ne serait pas une opportunité pour apprendre à "être"? Arrêter de trouver des buts à poursuivre, des choses à faire, et donc à s'étourdir l'esprit avec cette espèce de course en avant.

Apprendre à être, c'est vrai qu'on y pense trop peu. Au fond, savourer ce que j'ai fait, vivre dans le présent, sans chercher à trop en faire. En fait, en y réfléchissant, la recherche d'objectifs, de buts vient peut-être de la société (de consommation entre autre) qui nous pousse à toujours en chercher plus (il nous faut le dernier téléphone, puis la tablette, puis la console, puis la voiture et ainsi de suite) sans chercher vraiment à nous contenter de ce qu'on a et en être heureux. Le vrai moi n'existe plus oublié sous la nécessité de travailler, pour consommer et faire tourner la machine infernale (qu'on le veuille ou non d'ailleurs)

Charv a écrit:Tiens, ça me fait penser : et faire des enfants ? T'as pensé à faire des enfants ? Pour s'occuper, donner du sens, remplir un quotidien et une vie entière, c'est une valeur qui fait assez consensus...

Après franchement, c'est pas par ennui que je parle d'objectif, plus par manque de motivation au quotidien, depuis plusieurs mois, et d'une grande fatigue en plus. (en fait, je suis partagée entre période de grand ennui, et de période ou j'ai trop de choses à faire pour pouvoir faire ce que je veux et où s'ajoute la flemme)
Faire des enfants c'est pas trop mon idée, du tout, en fait, plus le temps passe et moins j'en veux (pour diverses raisons qui vont du ressenti personnel à des réflexions plus globale sur le monde/la vie tout ça)

Salut Lyla,
Cet état, je le connais bien, je l'ai vécu à plusieurs reprises, il signe la fin de cycle.
Comme toi, j'ai besoin de me projeter, d'avoir des objectifs, un objet "libidineux" (comme dirait charv dont j'aime bien le discours ) qui mobilise mon énergie pendant plusieurs années et une fois atteint... pffiou, c'est le moment de la pause, après des années de mouvement.

Alors, je ressens une immense fatigue, une perte de sens, un malaise, comme un contre-coup, le piège classique comme dit Izo.
jusqu'ici, ces moments ont toujours été une parenthèse, une phase pendant laquelle, je ne sais pas ce que je veux, j'ai l'impression d'errer, de me laisser porter, de lâcher prise.
Jusqu'ici, ça a toujours finir par repartir au bout d'un long moment sans que je n'ai le sentiment de l'avoir décidé ni de l'avoir anticipé, juste parce que le temps est venu, que le moment est venu.

J'ai appris à tolérer ces épisodes, à ne plus lutter contre, mais jamais (jusqu'ici) à m'en satisfaire.

Bref, c'est ainsi que jusqu'ici, j'en suis arrivée là

c'est marrant, je n'ai eu cet effet qu'une seule fois, à la fin de la prépa. Anéantissement personnel total, mal-être absolu, alors même que je venais d'entrer dans une école assez prestigieuse(pas l'X non plus, hein). Depuis, bah, ça fait 25 ans que je vis au jour le jour, tant bien que mal. J'ai des objectifs "locaux", soigner mon fils, finir le projet au boulot, ce genre de trucs.

Je fonctionne un peu avec l'astrologie, ou les religions où les cycles des planètes sont utilisés.
http://www.vers-la-lumiere.fr/2019/10/non-classe/nouvelle-lune-en-scorpion-28-octobre-2019#comment-56627
On a déjà un cycle sommeil/activité, alors pourquoi pas d'autres ?