rech témoignages "j'avais choisi de ne pas travailler à l'école"

septembre 2019 : la rentrée s'était bien passée pour ma fille alors que j'appréhendais un peu le changement d'établissement (collège). Et puis le confinement. Avec mon soutien, elle arrive à suivre. Et puis le déconfinement : au départ 2 jours / semaine : là j'ai vu ma fille équilibrée, l'impression que ce rythme lui convenait mieux qu'un "temps plein" ou que le distanciel. J'ai cessé de suivre de près ce qu'elle faisait. Puis passage à 1j / semaine avec la rentrée des 4è et 3è. Et là décrochage. Même en me remettant à la suivre. Quand nous en discutons : elle n'en a pas envie ou elle est perdue, trop de choses à faire. Et quand je m'implique pour que nous regardions ensemble ce "trop de choses", ça finit par un "je n'ai pas envie" Elle se sent déjà bloquée en maths à cause des tables de multiplication qu'elle a refusé d'apprendre en primaire, pourtant cette expérience ne l'incite ni à les apprendre, ni à s'y mettre pour éviter la même problématique dans d'autres matières.
En moi ça réveille tout un cortège d'émotions (peur, tristesse etc). Donc me voilà en recherche de témoignages pour confronter certaines de mes peurs à la réalité, et pour lui faire lire, qu'elle puisse avoir matière à moudre.

Si vous aviez choisi de ne pas travailler à l'école, qu'en pensez-vous, comment le vivez-vous aujourd'hui ?

Je n'ai jamais rien foutu à l'école, à part un boxon sans limite.
J'étais 1er en math systématiquement puis forcément à force d'être en vacances en permanence, ça a décliné progressivement et j'ai trainé jusqu'à la terminale et pas plus.
J'avais le même fonctionnement et les mêmes envies qu'aujourd'hui, apparemment je n'ai pas évolué depuis.
Collé, renvoyé etc en permanence, dans une de mes innombrables punitions, je devais rédiger "mon idéal" dans la vie.
Je me souviens exactement de ce que j'ai mis, et si je dois rédiger sur ce sujet aujourd'hui, j'écris la même chose, aucune évolution depuis mes 10 ans
J'ai été très gâté dans ma vie par rapport à cet idéal.
Je ne supporte toujours pas les néons et quand je vois une classe je n'ai que des souvenirs du foutoir que j'arrivais à y mettre...étant un créatif, ça fait des souvenirs, la star du collège  
Je suis ce que je suis donc aucun regret, probable que si on m'avait mis dans une école spécialisée, ça aurait collé, mais à l'époque on en parlait pas des hqi, thqi et autres gti.
Je suis un autodidacte pour tout, je n'ai aucun diplôme, question réussite professionnelle c'est nada, pas sûr que ce témoignage soit un exemple à suivre
Je n'étais pas concentré sur le parcours scolaire de ma fille, elle fait ce qu'a voulu faire donc c'est farpait.

Quand je suis allé à l'école, ils m'ont demandé ce que je voudrais faire quand je serais grand
et j'ai répondu "être heureux". Ils m'ont dit que je n'avais pas compris la question,
je leur ai répondu qu'ils n'avaient pas compris la vie
John Lennon

Alors ça c’est « marrant » parce qu’à 30 ans passés je vis la même chose ! J’étais en formation depuis septembre, tout se passait très bien j’étais même en tête de classement. Puis est venu le confinement, je m’y suis (très) bien sentie mais les cours à distance c’est pas vraiment pas mon truc et j’ai lâché prise ! Est arrivé le déconfinement et là impossible de me remettre au travail, je bloque complètement comme si m’avoir interrompu dans mon élan avait tout cassé. Je n’ai tout simplement « pas envie » et c’est plus fort que moi alors que je suis une vraie bosseuse en temps normal.

Et pour répondre au sujet de départ jusqu’en 4ème j’étais plutôt bonne élève mais mes bonnes notes on fait de moi la cible de moqueries alors du jour au lendemain j’ai décidé de me contenter d’avoir la moyenne pour me fondre dans la masse et profiter de mon temps libre. J’avais ponctuellement des bonnes notes quand le sujet d’étude me plaisait particulièrement.

Mais à lire ton témoignage je pense qu’elle vit quelque chose de semblable à ce qui m’arrive en ce moment...

@Edel:

Sinon, pour participer au sujet, je n'ai jamais eu vraiment besoin de bosser pour réussir, donc je ne peux pas dire que j'ai "choisi" de ne pas le faire.

Aujourd'hui, je me rend compte que ce qui m'a le plus porté préjudice est de n'avoir jamais acquis de méthode de travail : je ne sais pas apprendre, ce qui m'a posé de gros problèmes lors de ma reprise d'étude. N'ayant plus la merveilleuse mémoire de mes 20 ans (je retenais tout sans aucun effort, juste en lisant une ou deux fois), je me suis retrouvée à ramer comme une malade pour essayer de faire rentrer des trucs dans ma caboche sans méthode... et sans grand résultat.

Bon, après c'est pas grave, hein, on peut toujours rebondir, dans la vie : après des années à faire des boulots alimentaires mal payés, qui ne me plaisaient pas, dans lesquels je ne m'épanouissais pas et qui m'amenaient doucement et sûrement à la dépression, j'ai repris des études et je fais ENFIN un truc qui m'éclate. J'ai juste perdu 30 ans de ma vie professionnelle

Je dois avouer que pour ça, la prépa, qui m'a collé un grand coup de pied dans l'arrière train au début, m'a fait le plus grand bien. La peur de l'échec m'a poussé à bosser comme une brute. Avant, je croyais bosser dur, mais en fait, je faisais juste le strict minimum.

Je me reconnais beaucoup dans ce que tu dis, Ronald. La 1ère année de médecine m'a aussi permis de tester mes limites, et de me montrer que "non, là, juste les capacités, ça n'allait pas suffire".
C'était la 1ère fois que j'avais plus que je ne pouvais apprendre, et qu'il fallait que je travaille sérieusement. Je me suis rendue compte que je ne "savais" pas travailler, que je n'avais pas de méthode, que travailler pour le lendemain ne marcherait plus maintenant.

Avant, j'avais toujours été bonne élève, même très bonne élève. Toujours 1ère ou 2e, mais sans efforts. Je faisais littéralement semblant de travailler, comme ça les gens me sous-estimaient et ça me convenait très bien, les profs et mes parents me croyaient "sérieuse", donc j'avais une bonne image encore en plus, et personne ne soupçonnait que j'apprenais aussi vite, ce qui permettait de faire baisser les exigences sur moi (qui, de la part de ma mère, étaient déjà très fortes). Et au bout du compte? Ca marchait toujours, alors pourquoi se casser la tête à bosser dur pour avoir 19 ou 20 quand on peut ne pratiquement rien faire et avoir quand même 17-18? Je trouvais que ça n'en valait pas la peine, mais en 1ère année de médecine, la différence entre l'équivalent du 17-18 du lycée et l'équivalent du 19-20 du lycée, elle est grande, en termes de places et de résultats, donc on ne peut plus se le permettre.
J'ai donc du apprendre sur le tas à me créer une méthodologie qui fonctionne, en catastrophe, pour espérer ne pas rater mon année, mais encore aujourd'hui j'ai l'impression, comme Wyrdwynn le dit très bien, de "ne pas savoir bosser".

Par contre, contrairement à Edel, je n'ai jamais souhaité diminuer volontairement mes notes, ni me fondre dans la masse. Question de fierté: ça aurait donné raison aux cons qui se moquaient de moi, ils n'attendaient que ça, que je rate, alors je n'allais quand même pas leur faire ce plaisir! Ils se moquaient de moi parce que je les renvoyais à leurs propres faiblesses? Je n'en avais que plus envie de réussir! Je considérais que je n'avais pas à abaisser mon niveau pour les autres, puisqu'eux n'essayaient pas de se mettre à mon niveau. Ca pouvait me faire passer pour quelqu'un d'assez arrogant, mais tant pis, jusqu'ici ça m'a plutôt réussi.
Il me reste, de ce mode de pensée, un esprit de compétition tantôt pratique (pour les concours), tantôt envahissant (je n'aime pas cet aspect chez moi). Je maintiens cet esprit de compétition jusqu'au concours de 6e année, puisque pour le moment il m'est utile. Je tâcherai de le faire disparaître après.

mon kiff à l'école a duré six mois; en cp c'est le paradis, je sais lire et survole tout, c'est le grand soleil. La maitresse soudain se voit mutée ailleurs et remplacée par une autre qu'un matin j'ose (ah l'arrogante que j'étais alors !) contredire. Cela a été violent car j'avais été tenace et elle aussi. résultat je décroche laisse tomber comme on dit. Impossible de me rappeler le primaire tant il consiste en un bruit de fond sourd qui ne m'atteint pas. Idem pour le collège. Quelques profs désolés de me voir planer dans le bas m'exhortent au travail. En vain, mon irrégularité les agace, ceci jusqu'au bac S que j'obtiens de justesse. Une fois en fac c'est le décollage, la liberté, j'excelle, je majore par deux fois, et sans savoir comment je me vois propulsée dans une grande école avec des profs que je n'imaginais même pas côtoyer dans les meilleurs rêves. Je traine encore cette sensation d'imposture encore.
Devenue maman me voici aux prises avec l'école. Je me mords les joues pour ne pas en dire du mal en leur présence mais ils sentent mon rejet et se prennent à médire à son sujet. j'essaie d'utiliser d'autres leviers (je restitue leurs leçons en les transformant en histoires que je mets en scène et dont j'anecdotise les grands faits) et table sur les rencontres qu'ils feront plus tard pour relever cette image pour le moment fortement écornée (les cours à distance n'ont rien arrangé et avons convenu de les laisser tomber : ils ne sont pas dans des classes clés : CM2 et 6ième).

J'ai arrêté très tôt ( vers 8-9 ans ) de faire mes devoirs, je les cachais à ma mère qui vérifiaient tout les soirs... J'ai du trouver la parade : ne plus rien écrire du tout sur mon cahier de texte , stratagème qui n'a duré qu'un temps malheureusement, à la découverte de ma tromperie...

Au collège, lycée, j'ai jamais vraiment foutu grand chose, j'ai séché une bonne partie de mon lycée. Ca ne m'a pas empêché d'avoir le bac, mais avec le recul, j'avais une équipe pédagogique géniale, qui soupçonnant ma précocité ne m'a pas " lâché ". Jamais dans la remontrance, toujours dans la compréhension, beaucoup d'élèves gagneraient à passer entre des mains comme ça bref...

Les études sup, une catastrophe par contre. Je me suis orientée sans grande conviction dans une école de ciné en post-prod. Puis les concours d'infirmières, où j'ai foiré à chaque fois l'oral, et maintenant bien plus sûr de mes motivations en BTS viticulture-oenologie ! L'appel de la nature a été plus fort que tout, travailler dehors pour moi, est un luxe et je m'éclate pas mal en cours, mais cette habitude de ne rien faire a produit une élève procrastinatrice, brouillonne... Mais j'ai de bonnes notes voir de très bonnes, mes facilités sont toujours là. Mais je préfère largement pas trop me foulé et avoir 15, que cravacher avoir des 19. L'esprit de compétition, c'est pas trop dans mon ADN.

Par contre, je suis redevenue la madame je sais tout de mon enfance, qui agace les profs et ses camarades Du coup, je me tais, même quand je sais...ça fait bizarre de revivre ces sensations 20 ans plus tard !

Ah et le plus important et évident : je n'ai jamais aimé et je n'aime pas l'école. J'adore apprendre, mais le " scolaire " m'ennuie profondément par moment : je m'étais par exemple éclaté dans une formation d'un an en viticulture, très axé travaux pratiques et...sans devoirs ! Le rêve, l'éclate, l'apprentissage en live, pratique et technique, en théorie et sur le terrain. Le bonheur !

Bref, je connais pas non mes tables de multiplications sinon, ça ne m'a empêché à 27 ans, d'avoir pleins d'expérience prof. différentes et enrichissantes et de trouver enfin une voie qui me correspond Et le meilleur est à venir !

Mes enfants font l'instruction en famille où l'ont fait. Ils ne décident pas de ne pas apprendre, mais d'apprendre comme ils le souhaitent, quand ils le souhaitent, où ils le souhaitent et ce qu'ils ont envie d'apprendre.

Bonjour,

le titre du sujet "j'avais choisi de ne pas travailler à l'école" m'a interpellée (choquée, en fait) et rappelé mon RDV de la semaine passée avec un médecin qui m'a assené au sujet de mes soucis articulaires : "il faut perdre du poids, vous ne pouvez pas vous permettre".

J'ai du mal à croire, que, malgré des affirmations d'ado lassée par les insistances parentales, on "choisit" de ne pas travailler à l'école, de la même façon que je ne connais personne qui "se permette" d'être gros, même ma chère Daria Marx.

Si on pouvait faire autrement, on le ferait !

A mon avis ce n'est pas une question de savoir faire (apprendre des tables de multiplication en ânonnant est une méthode basique et efficace) mais de trouver la motivation/ force/ rigueur/ abnégation/ persévérance/ opiniâtreté pour faire, et refaire, et re-re-faire, même quand c'est fastidieux et qu'en plus les résultats ne sont pas au rendez-vous.
Et aussi d'identifier/ comprendre/ accepter les raisons qui font qu'on "bloque" comme tu le dis de ta fille.

J'ai 48 ans, de multiples tentatives de suivi pro, et je commence à peine à comprendre comment je fonctionne et pourquoi je "bloque", parfois... il me reste du boulot pour accepter ces blocages pour mieux passer outre. Quand j'étais ado et sans aide, j'en étais incapable, en nutrition comme à l'école.

Il me semble quand même qu'un mécanisme est commun et facile à identifier et accepter : on se laisse déborder en procrastinant.

J'aurais aimé avoir un proche capable de me dire "attention tu prends du poids" dès que ça se voyait sans me juger, ni me culpabiliser, ni me braquer, avant que ça n'en vienne à plus de dix kilos à perdre, un objectif décourageant et une estime de moi très altérée.

Je me dis que si tu parviens à amener ta fille à faire un tout petit chaque jour, en négociant 15 ou 20 minutes de travaux scolaires, sans colère ni conflit ni découragement, tu pourrais l'aider à prendre conscience que c'est possible, et ainsi combler tout doucement ses lacunes, même partiellement, et l'éloigner du décrochage. Et aussi voir qu'elle a une super-maman .

Sinon, pour ce qui est de mon expérience scolaire : j'adorais l'école et j'étais très bonne élève avec peu d'efforts. Mais je n'ai jamais appris les tables de multiplication ni aucune date en Histoire (je "bloquais" et je préférais de loin la poésie que je retenais sans effort), mais je suis très bonne en calcul mental et j'excellais en maths. Je reste très mauvaise en chronologie (les Capétiens, avant ou après Charlemagne ?) mais j'ai une bonne culture en histoire contemporaine.
Je me suis plantée en PCEM1 (cf. Asclépios, sauf que je n'ai aucun sens de la compétition : j'ai lâché prise) mais réussi facilement l'école d'infirmière par passion pour la Médecine. Puis, pour mon plaisir, j'ai continué en reprise d'études jusqu'au master.
La seule méthode d'apprentissage que j'ai réussi à acquérir est de faire des fiches synthétiques, puisque je n'ai jamais appris aucune leçon. Je faisais des plans de mes cours en ajoutant les mots clés et les dates, sur de jolies fiches colorées. J'ai été convaincue de cette méthode en préparant des "pompes" en 5è, qui devenaient inutiles car le simple fait de recopier me permettait de mémoriser  .

Bon courage à toi et à ta fille !