Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
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Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Hello. Voici un autre sujet positif dont j'ai le secret : hum, fameux, hé !
Je me sens en prison en moi-même.
Dans mon appartement.
Dans mes possibilités, qui me semblent restreintes.
Dans ma ville.
Dans ma métropole.
Dans ma tête.
Le passé me hante, le présent me pèse, le futur m'angoisse.
J'ai presque l'impression que quoi que je fasse, ou que j'aille, ça va toujours finir par dérailler à nouveau, et moi, j'aurai juste de moins en moins d'énergie. Je me sens comme si j'allais bientôt mourir de vieillesse, tant je sens l'usure.
Même à l'extérieur, le soleil, la lumière, ça me meurtrit, tant c'est en déphasage avec ce que je ressens intérieurement. Plus il fait beau et chaud, et moins je me sens bien (également parce que les autres, eux, montent en énergie, et que moi, c'est l'inverse).
Vous connaissez, ça?
Je me sens en prison en moi-même.
Dans mon appartement.
Dans mes possibilités, qui me semblent restreintes.
Dans ma ville.
Dans ma métropole.
Dans ma tête.
Le passé me hante, le présent me pèse, le futur m'angoisse.
J'ai presque l'impression que quoi que je fasse, ou que j'aille, ça va toujours finir par dérailler à nouveau, et moi, j'aurai juste de moins en moins d'énergie. Je me sens comme si j'allais bientôt mourir de vieillesse, tant je sens l'usure.
Même à l'extérieur, le soleil, la lumière, ça me meurtrit, tant c'est en déphasage avec ce que je ressens intérieurement. Plus il fait beau et chaud, et moins je me sens bien (également parce que les autres, eux, montent en énergie, et que moi, c'est l'inverse).
Vous connaissez, ça?
Névromon- Messages : 1636
Date d'inscription : 29/12/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Oui, mais je n’ai pas grand-chose à ajouter, si ce n’est que je suis diminué physiquement au point d’être passé de sportif de bon niveau durant de nombreuses années avec une pratique très régulière, à un mec de trente ans qui a des difficultés à se déplacer, à vivre son quotidien dans une douleur physique permanente, et qui sue au moindre effort, même à 15 degrés Celsius.
Et je n’ajouterai rien d’autre car je n’en ai pas l’énergie, ni l’envie, ni l’envie de l’énergie, ni l’énergie de l’envie.
Edit : mon sommeil se résume à un besoin de rester au pieu au moins 12h00 par jour, avec des périodes de sommeil, ressenti comme très superficiel, pour rester en superficie, d’environ 30 minutes, 1 heure grand maximum.
Et je n’ajouterai rien d’autre car je n’en ai pas l’énergie, ni l’envie, ni l’envie de l’énergie, ni l’énergie de l’envie.
Edit : mon sommeil se résume à un besoin de rester au pieu au moins 12h00 par jour, avec des périodes de sommeil, ressenti comme très superficiel, pour rester en superficie, d’environ 30 minutes, 1 heure grand maximum.
Dernière édition par Ennaétéride le Mer 31 Mar 2021 - 20:20, édité 1 fois
Ennaétéride- Messages : 1751
Date d'inscription : 20/01/2021
Localisation : dans l’idéal d’une oreille éléphantine, hamac indolore
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
C'est déjà important pour moi de savoir que d'autres personnes comprennent cela (même si je ne souhaite à personne de le vivre, et donc pas à toi qui a en plus répondu). Cela donne un peu moins l'impression d'un sentiment d'isolement existentiel.
Névromon- Messages : 1636
Date d'inscription : 29/12/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
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Dernière édition par My_illusion le Lun 22 Aoû 2022 - 11:29, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Orf, vas-y, envoie : maintenant que je sais que tu retiens un truc à dire, ça me titille et m'effraie à la fois.
(les causes, j'en ai une liste longue comme le bras, j'en ai l'impression, mais c'est lié aux conditions sanitaires : je ne peux pas trop me changer les idées de la façon dont je le voudrais)
(les causes, j'en ai une liste longue comme le bras, j'en ai l'impression, mais c'est lié aux conditions sanitaires : je ne peux pas trop me changer les idées de la façon dont je le voudrais)
Névromon- Messages : 1636
Date d'inscription : 29/12/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Peur de l'inconnu, de l'imprévisible (comme la crise sanitaire ...), au départ, certainement un manque de confiance en soi, d'où les situations d'angoisse ....
Sélène-Nyx- Messages : 3842
Date d'inscription : 29/04/2012
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Bonsoir nevromon,
avant la crise sanitaire, tu te sentais déjà comme ça ?
avant la crise sanitaire, tu te sentais déjà comme ça ?
astronaute- Messages : 461
Date d'inscription : 07/07/2011
Age : 36
Localisation : Saturne
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
- Spoiler:
Le Dhamma de la Forêt
La prison de la vie
Buddhadasa Bhikkhu
Traduit par Hervé Panchaud
Un enseignement donné à des méditants étrangers le 10 février 1988 à Suan Mokkhabalarama.
Aujourd'hui, nous allons parler d'une chose appelée « prison ». Cela devrait nous permettre de mieux comprendre ce que nous appelons « la vie » et de mieux connaître le Dhamma, ce qui nous aidera à vivre sans dukkha (l'insatisfaction, la douleur, les tensions et la souffrance). Nous allons aujourd'hui parler de cette chose que nous appelons « prison ». Veuillez, s'il vous plaît, écouter attentivement.
Partout où les conditions et les caractéristiques de la prison sont présentes, dukkha est présent. Vous devez observer que toutes les formes et tous les types de dukkha ont les caractéristiques de la prison. Etre retenu, entravé, enchaîné et être plongé au milieu des difficultés et des tourments sont les caractéristiques de dukkha. Si vous comprenez cela, alors vous comprendrez plus clairement la signification de ce que nous nommons « upadana », l'attachement. Là où il y a upadana, il y a une prison. Upadana porte en germe les conditions de l'emprisonnement.
Où il y a upadana, il y a servitude. Celle-ci peut être positive ou négative, mais ces deux formes de servitudes sont des entraves pareillement. En voyant les choses comme étant « moi » ou étant « miennes », la servitude apparaît. Quand nous sommes attachés à quelque chose, nous sommes enchaînés, de la même manière que nous le serions dans une prison.
Tous les principes du Dhamma enseignés par le bouddhisme peuvent être résumés ainsi : upadana est la cause de dukkha, dukkha est créé par upadana. Nous devons tous comprendre clairement cette notion d'upadana. Afin de mieux la comprendre, nous devons la voir comme étant une prison – une prison mentale, une prison spirituelle. Nous sommes ici pour étudier le Dhamma, développer samadhi (le calme et la stabilité de l'esprit) et vipassana (la claire vision intérieure), ceci, afin de vaincre upadana. Ou, pour parler de manière métaphorique, nous étudions le Dhamma et entraînons notre esprit en vue de détruire la prison qui nous tient incarcérés.
Nous parlons d'une prison mentale ou spirituelle, mais celle-ci a les mêmes caractéristiques qu'une prison véritable. C'est la même chose que les prisons dans lesquelles des gens sont incarcérés partout à travers le monde. Mais maintenant, nous parlons de cette forme de prison, strictement spirituelle. Cette prison est un peu étrange, voire extraordinaire, en ce sens que nous ne pouvons pas la voir avec nos yeux. Ce qui est plus extraordinaire encore, c'est que les gens viennent s'y enfermer de leur plein gré. Les gens sont ravis de se laisser incarcérer dans la prison de l'esprit. C'est un aspect vraiment paradoxal de la prison spirituelle.
La Libération c’est trouver le Salut hors de la prison
Vous devez vous souvenir de ces mots « salut » et « libération », qui sont employés dans toutes les religions. L'objectif ultime de toutes les religions est le salut ou l'émancipation, ou tout autre mot équivalent dans toutes les langues du monde. Mais tous ces mots ont la même signification – être sauvé. Toutes les religions enseignent le Salut. Mais de quoi devons-nous être sauvés ? Nous devons être sauvés de cette prison spirituelle. Le fait est que, tous, à ce moment précis, vous désirez et vous réclamez cette chose appelée « liberté » ou « libération » ; c'est-à-dire tout simplement : vous voulez vous échapper de votre prison. Que cette prison soit physique, matérielle, ou qu'elle soit une prison mentale ne change rien à l'affaire. Dans tous les cas, nous voulons la liberté.
Ceux à qui la sagesse fait défaut ne peuvent voir et craindre que les prisons de pierre et de ciment. Mais ceux qui possèdent la sagesse (pañña) d'observer plus en profondeur verront combien plus terrifiante et dangereuse est la prison de l'esprit. De fait, on peut constater que peu de gens sont incarcérés dans les prisons ordinaires, alors que tout le monde est retenu dans la prison de l'esprit. Par exemple, aucun de vous qui êtes assis ici n'est dans une prison ordinaire, mais, tous, vous êtes retenus dans une prison spirituelle. Ce qui nous pousse à nous intéresser au Dhamma, à étudier le Dhamma, à pratiquer le développement de l'esprit, c'est l'oppression et la contrainte d'être retenus dans cette prison spirituelle. Que vous le ressentiez ou pas importe peu. Cela nous oblige, quoi qu'il en soit, à lutter et à chercher une manière de sortir de cet emprisonnement spirituel. Que vous soyez conscient ou pas, cela vous oblige néanmoins à rechercher la libération de l'esprit. C'est pour cela que vous venez ici ou dans des endroits comme celui-ci.
Bien que ce qui nous tient emprisonnés ne soit qu'une seule et même chose, à savoir : upadana, cette prison peut revêtir différentes formes. Si nous prenons le temps d'étudier chaque type de prison, cela pourra nous aider à mieux comprendre ce phénomène. De la sorte, nous comprendrons mieux upadana et nous comprendrons mieux tanhā (la soif, le désir) et les kilesa (les souillures de l'esprit) qui sont, selon les enseignements du Bouddha, les causes de dukkha (l'insatisfaction, la souffrance). Nous comprendrons mieux la notion de dukkha si nous comprenons, clairement et de manière approfondie, ce que nous appelons « prison ».
Je souhaiterais que vous utilisiez le terme « upadana » plutôt que celui d' « attachement » (ou tout autre mot de votre langue). Ces mots sont toujours mal interprétés. Vous n'en aurez peut-être pas tout de suite une compréhension claire mais essayez d'employer ce mot « upadana » afin d'y habituer votre bouche, votre esprit et votre ressenti. Nous devons prendre conscience que l'élimination d'upadana constitue le cœur du bouddhisme. Le cœur du bouddhisme est ce qui permet de se défaire d'upadana, de l'éradiquer. Alors, il n'y a plus de prison, il n'y a plus de dukkha.
Vous devez combiner ensemble la signification des mots français « attachement », « saisie » et « avidité » afin de pouvoir appréhender la signification du mot « upadana ». Il est cependant préférable de conserver le mot « upadana ». Son sens est plus large et il va nous permettre d'en étudier la signification d'une manière plus complète et approfondie.
La nature particulière du bouddhisme
Ce n’est peut-être qu’un simple mot, mais upadana est la notion la plus importante. Le cœur du bouddhisme est de trouver le moyen de déraciner et de se défaire d'upadana. C'est le moyen d'en finir avec dukkha. Veuillez comprendre que ceci est le cœur de l'enseignement bouddhiste, quelle que soit l'école ou la tradition. Theravada, mahayana, zen, tibétaine, quelle que soit l'école bouddhiste dont vous vous sentez proche, seuls changent le nom, les pratiques et les rituels extérieurs. Mais, intrinsèquement, l'objectif est partout le même : éradiquer upadana.
Ne soyez pas triste, déçu ou inquiet si vous ne pouvez pas apprendre les enseignements de toutes les écoles du bouddhisme. Ne soyez pas inquiet si vous n'avez pas été en mesure d'aller apprendre le bouddhisme au Tibet, au Sri Lanka, en Birmanie, en Chine ou n'importe où ailleurs. C'est une perte de temps. Il y a une essence ou un cœur unique à tous ces enseignements, à savoir : l'élimination d'upadana. Les étiquettes « theravada », « mahayana », « tibétain » ou « chinois » ne concernent que l'enveloppe extérieure de ce qui semble être différentes formes du bouddhisme. Si différences il y a, elles ne sont qu'externes et superficielles ; juste un assemblage de cérémonies et de rituels. Le cœur véritable de la question, le cœur de toutes les formes du bouddhisme reste le même : l'élimination d'upadana.
Aussi, contentez-vous d'étudier cet unique sujet. Ne perdez pas votre temps à vous attrister de n'avoir pas pu étudier toutes les formes du bouddhisme. Etudiez cette seule question : l'élimination d'upadana ; c'est bien assez.
Si vous souhaitez réellement devenir un expert du bouddhisme mahayana, vous devrez aller apprendre le sanskrit. Vous pouvez passer toute votre vie à essayer d'apprendre le sanskrit et ne vraiment rien connaître de plus. Si vous voulez bien connaître le zen, vous allez devoir apprendre le chinois. Vous passerez votre vie à apprendre le chinois pour, au final, ne pas comprendre le zen. Pour connaître le vajrayana, le bouddhisme tibétain, vous devrez apprendre le tibétain. Apprendre ces langues occupera la majeure partie de votre existence et vous n'aurez vraiment pas appris grand-chose. Vous n'aurez pas pénétré le cœur du bouddhisme. Ces choses sont superficielles ; elles sont apparues plus tard comme des « nouveaux développements ». Vous devez comprendre quel est le cœur de tout ceci et apprendre cet unique sujet : l'élimination d'upadana. De la sorte, vous connaîtrez l'essence du bouddhisme, qu'il soit étiqueté « mahayana », « theravada », « zen » ou « vajrayana ». Qu'il vienne de Chine, du Japon, de Corée ou d'ailleurs, tout tient en seul point : l'élimination d'upadana.
Dans la seule école du bouddhisme théravadin, il existe différentes traditions. Il y a aussi différentes manières d'entraîner le mental. Il y a la forme de méditation de la tradition birmane, où il faut observer l'abdomen se soulever et s’abaisser. ll existe d'autres formes basées sur la répétition de mantras, tels que « samma araham » ou « bouddho, bouddho ». Il existe encore d'autres méthodes, mais pour que cela soit correct et bénéfique, le cœur de chaque méthode doit être au même endroit : la nécessité d'éradiquer upadana. Si l'on ne vous enseigne pas l'élimination d'upadana, alors ce n'est pas un enseignement bouddhiste véritable, et il ne vous sera d'aucune utilité et d'aucun bénéfice. Pourquoi ne pas vous intéresser à cette étude : l'élimination d'upadana ; ou, pour parler de manière imagée, la destruction de la prison ? Le mieux, alors, est de parler de cette prison.
Découvrir la prison de l'intérieur
Pour être plus précis, l'étude des livres, des techniques et des différents enseignements ne pourra pas nous apporter la connaissance véritable. Pour en recevoir tous les bienfaits, nous devons apprendre à partir de la chose elle-même, à savoir la prison véritable. Il nous faut étudier dukkha pour ce qu'il est, cette prison pour ce qu'elle est. Ainsi aurons-nous une meilleure vision et compréhension de cette prison.
A ce stade, nous sommes confrontés à une alternative : allez-vous apprendre de l'extérieur ou bien allez-vous apprendre de l'intérieur ? Cette distinction est cruciale. Le Bouddha a enseigné qu'il fallait étudier depuis l'intérieur, en soi-même. Les enseignements extérieurs sont les livres, les cérémonies, les rituels et toutes ces choses. Tout ce que nous devons apprendre, l'Eveillé l'a enseigné à partir de ce corps, qui est encore vivant. C'est-à-dire : un corps vivant, avec un esprit vivant, et non un corps déjà mort. C'est à partir de là que vous pourrez tirer le véritable enseignement. Etudier de l'intérieur, cela signifie étudier en vous-mêmes, tant que vous êtes encore vivants, avant que vous ne mouriez. Ce qui est étudié à partir des livres, des différents rituels et cérémonies n'apporte pas grand chose qui vaille. Aussi, veuillez étudier à partir de ce qui est à l'intérieur. Retenez bien ceci : « Etudier ce qui est à l'intérieur ».
S'entraîner à samadhi et vipassana (la concentration et la vision intérieure), c'est-à-dire : l'entraînement à la pleine conscience de la respiration (anapanasati-bhavana), comme nous le faisons ici, est un apprentissage depuis l'intérieur. Pratiquer de la sorte demande une bonne dose de patience et d'endurance ; mais pas tant que cela. En fait, en comparaison avec ce que peuvent faire certaines personnes qui pratiquent des sports de haut niveau, la gymnastique ou l'acrobatie, l'entraînement à samadhi et vipassana n'est pas si difficile. Pourtant, certaines personnes ont l'endurance et la persévérance suffisantes pour parvenir à faire de telles choses. Faites preuve seulement d'une endurance moyenne, et vous serez capable de pratiquer samadhi et vipassana, par la méthode de l'attention à la respiration. Certaines personnes n'en sont pas capables et elles se sont déjà enfuient ! Nous avons fait preuve d'assez d'endurance pour arriver où nous sommes ; si nous persévérons encore un peu, nous serons à même de recevoir les bienfaits des efforts consentis. Je vous prie donc de vous essayer à cette observation de l'intérieur et de le faire avec la patience et la persévérance nécessaires.
La vie elle-même est une prison
Utiliser des métaphores rend plus aisée la compréhension du sujet dont nous allons parler. Aussi, nous allons procéder de cette manière aujourd'hui. La première prison que vous devez chercher à observer est la prison de la vie elle-même. Si vous voyez la vie comme une prison, et si vous voyez de quelle sorte de prison il s'agit, alors on peut dire que vous avez une assez bonne compréhension de la vérité de la nature. La plupart des gens, cependant, voit la vie comme quelque chose d'agréable, une occasion de faire l'expérience de nombreux plaisirs. Ils souhaitent vivre pour connaître ces plaisirs de la vie. Ils deviennent attachés, épris de la vie, laquelle se transforme alors en prison.
Si nous pouvons voir la vie comme une prison, c'est que nous avons su voir upadana dans cette vie. Si nous ne voyons pas upadana dans la vie, nous ne voyons pas que la vie est une prison, et nous plaisons à penser que la vie est un paradis. Il y a dans la vie tant de choses pour nous satisfaire, pour nous piéger et nous aveugler mais, dans tout ce que nous trouvons plaisant, attirant et digne d'intérêt, il y aura upadana et ces choses deviendront autant de prisons. Du fait d'upadana, plus nous aimons une chose, plus celle-ci nous retiendra emprisonnés. C'est une forme positive d'upadana. Dès que nous nous mettons à haïr ou que nous ressentons de l'aversion pour quelque chose, cela devient une forme négative d'upadana, ce qui est aussi une prison. Etre séduit ou trompé par l'une ou l'autre forme d'upadana, positive ou négative, est une prison tout pareillement. Et cette prison se transforme en dukkha.
Et encore, on est en capacité de voir que, quand il y a upadana dans la vie, celle-ci devient une prison mais, quand il n'y a pas d'upadana, la vie n’est pas une prison du tout. Vous pouvez en faire l'observation dès à présent et voir si, dans votre existence, il y a upadana ou pas. « Ma vie est-elle, ou non, une prison ? », « Ne suis-je donc pas en train de vivre dans une prison d'upadana ? » Chacun de vous peut en faire l'observation approfondie en lui-même et voir de manière précise si sa vie est, ou non, une prison. Avez-vous une prison en vous ? Vivez-vous dans une prison ? Si ce n'est pas le cas, pourquoi venir ici pour méditer et entraîner votre esprit ? Par essence, le but réel du développement mental est la destruction de nos prisons. Que vous parveniez ou pas, par l'étude et la pratique, à détruire cette prison est une autre affaire ! Néanmoins, notre but et objectif véritable est la destruction de la prison de la vie.
Il faut prendre cela en considération. Si nous ne reconnaissons pas upadana, nous sommes emprisonnés, sans même voir cette prison qui nous entrave. Nous sommes emprisonnés sans même être conscients de cette prison. De plus, nous sommes satisfaits et épris de cette prison, tout comme nous sommes attachés et épris de la vie. Parce que nous sommes attachés et épris de la vie, nous sommes attachés à la prison de la vie. Que pouvons-nous faire qui ne soit pas une prison ? C'est à cette question que nous devons apporter une réponse correcte et précise.
Comment devons-nous vivre pour que cette vie ne soit pas une prison ? Cela signifie que, de manière ordinaire et naturelle, la vie n'est pas une prison, mais que nous la rendons ainsi à cause d'upadana. Du fait de notre ignorance, de notre propre bêtise, de notre manque de compréhension, nous laissons upadana s'installer dans notre vie, laquelle devient alors une prison pour nous-mêmes. Dans la langue thaïe, il y a une expression à la fois brutale et moqueuse : « Som nam naa man » que l'on peut traduire par : « C'est bien fait pour toi ! » La vie n'est, en soi, ni une prison ni rien de ce genre mais, du fait de notre bêtise, upadana naît de notre ignorance (avijja) et, alors seulement, se crée une prison. Que pouvons-nous dire si ce n'est : « Som nam naa man – c'est bien fait pour toi ! »
Si vous pratiquez anapanasati-bhavana (l'attention à la respiration) avec diligence, vous comprendrez le sens de la vie. Vous reconnaîtrez clairement upadana et vous ne devrez plus subir upadana dans cette chose que nous appelons « la vie ». Toutes les formes de prison déjà apparues vont se dissoudre et disparaître, et aucune prison nouvelle n'apparaîtra. Cette sorte de vie est des plus bénéfiques, mais savoir qui peut l'atteindre est une autre question. Veuillez essayer de comprendre ces choses. Elles vous motiveront à pratiquer avec énergie et patience, afin d'être en capacité de détruire les prisons.
Une manière de regarder ceci est d'observer que la vie se déroule selon la loi de la nature ; ou que nous devons nous-mêmes nous conformer à cette loi naturelle. Nous devons nous nourrir, faire de l'exercice, dormir, nous détendre, nous devons travailler pour subsister et continuer à vivre. Nous devons faire toutes ces choses et bien d'autres encore. Il n'est pas concevable que nous ne le fassions pas. Cela aussi est une prison. Le fait de toujours devoir suivre la loi de la nature est une forme de prison. Comment allons-nous pouvoir sortir de cette prison-ci ?
Pourquoi sommes-nous dans cette forme particulière de prison qu'est le fait de devoir vivre selon la loi de la nature ? Cette prison vient de l'upadana engendré par la représentation que nous avons de nous-mêmes, la représentation que nous avons de notre vie. Quand il y a upadana envers notre vie, alors le « soi », le « je suis » apparaît. Ce « je suis » est anxieux, il s'inquiète, il a peur et s'angoisse face aux responsabilités de la vie qui sont les siennes et cela le rend malheureux. Ces difficultés viennent d'upadana. S'il n'y avait pas d'upadana concernant ce « moi », toutes les contingences de l'existence ne seraient pas des prisons. Nous pourrions répondre à nos besoins, gagner notre vie, nous entraîner et prendre soin de notre corps sans être malheureux, si nous ne ressentions pas upadana pour la vie. C'est très subtil ; cela reste un mystère pour nombre de gens. C'est la subtilité de la loi naturelle. Comment devons-nous vivre afin de n'engendrer aucune forme de dukkha lié au fait que tout acte de l'existence doit être effectué en conformité avec la loi de la nature ?
Les instincts sont des prisons
La prison suivante que nous devons prendre en considération est le fait que nous vivons sous la domination de nos instincts. Nous sommes sous l’emprise des instincts. Tous les êtres vivants – humains, animaux et plantes – ont des instincts. Ces instincts nous forcent en permanence à agir en fonction de nos préoccupations et de nos besoins. C'est plus particulièrement vrai pour ce qui concerne l'instinct sexuel et de reproduction. Combien ceux-ci nous tourmentent, quel pouvoir ils ont sur nous et comme ils nous compliquent l'existence ! L'instinct sexuel et de reproduction ne cesse de nous bousculer, de nous oppresser et de nous perturber profondément ; il nous entraîne dans bien des difficultés. Mais nous ne pouvons pas les réfréner. Parfois même, préférons-nous qu'il en soit ainsi. Nos enfants grandissent jusqu’au moment où l'instinct sexuel s'exprime ouvertement et, à leur tour, les enfants sont pris dans la prison de cet instinct.
Enfin, même l'instinct de paraître, de se montrer, peut avoir une emprise sur notre vie. Beaucoup de gens ne voient pas cela comme étant un instinct, pourtant, même les animaux en sont pourvus. Le besoin de paraître, de se vanter, de s'afficher est un instinct. Les animaux eux-mêmes possèdent cette caractéristique de vouloir montrer qu'ils sont beaux, forts ou agiles. Même cet instinct, le plus ridicule et le plus fou, est une prison. Nous avons le désir de nous montrer et de nous vanter. Si ce n'était pas une prison, cet instinct ne nous contraindrait ni ne nous opprimerait pas le moins du monde. Mais voilà ! Il nous force à acheter de beaux vêtements, de belles parures, de belles chaussures ... et en grande quantité encore !
Pourquoi avons-nous besoin d'autant de belles chemises et de belles paires de chaussures ? Pourquoi avons-nous besoin de tout cela ? (Et pardonnez-moi si je m'adresse plus particulièrement aux femmes ici.) Cet instinct de se montrer existe et c'est une forme de prison. Parce que les gens ne peuvent canaliser cet instinct, ils sont contraints de le suivre et de dépenser sans compter pour toutes sortes de choses. L'instinct de se montrer est le plus risible et le plus ridicule de tous. C'est pourtant une prison véritable, et à cause de lui, les gens n'ont jamais assez d'argent. Veuillez observer et réfléchir attentivement à toutes les manifestations de cet instinct que nous avons énumérées ici, car ce sont autant de prisons.
A ce propos, si nous faisons le compte de toutes nos dépenses, nous verrons que certaines personnes dépensent davantage en vêtements, en bijoux et pour s'embellir qu'elles n'en dépensent pour leur nourriture. De plus, ces personnes aiment décorer et embellir leur demeure, ce qui accroît encore leurs dépenses. Pris ensemble, ces deux postes de dépenses dépassent ce qu'elles dépensent pour se nourrir, ce qui est nécessaire pour vivre. Nous mettons plus d'argent pour des choses inutiles à la vie que pour des choses indispensables, comme la nourriture. C'est encore une autre manière d'être pris dans la prison des instincts.
Les sens sont des prisons
Nous arrivons ensuite à la plus amusante des prisons, celle qui est la plus proche de nous. Ce sont les yeux, les oreilles, le nez, la langue, le corps et l'esprit : les six ayatana, les six bases (ou portes) des sens. Ce sont, elles aussi, des prisons. Observez-les longuement et scrupuleusement. Veuillez écouter attentivement afin de bien comprendre comment nos yeux, nos oreilles, notre nez, notre langue, notre corps et notre esprit – les six sens – deviennent des prisons.
En pali, nous les nommons les ayatana. La racine de ce mot signifie littéralement « outils ou moyens pour communiquer avec le monde extérieur » – endroits, mécanismes, moyens divers pour entrer en contact ou communiquer avec le monde extérieur. Nous les appelons « ayatana ». Si vous le voulez bien, je vous propose d’employer le terme pali « ayatana ». Nous ne savons pas vraiment comment les nommer en français, peut-être « outils sensoriels » ou « connecteurs ». Quoi qu’il en soit, ces six ayatana sont tous des prisons.
Nous ressentons upadana pour la vie, pour nous-mêmes qui avons ces six portes des sens pour ressentir, pour communiquer ou pour percevoir et goûter les objets des sens. Quand il y a upadana lié à ces six sens, nous nous mettons à leur service et devenons leurs esclaves. Nous nous mettons au service des yeux pour satisfaire les yeux ; nous nous mettons au service des oreilles pour satisfaire les oreilles ; nous nous mettons au service du nez pour satisfaire le nez ; nous nous mettons au service de la langue pour rassasier la langue. Nous nous mettons au service de la peau et du corps en général pour qu'il ait son confort. Nous nous mettons au service de l'esprit, du mental, afin de l'apaiser et de le réconforter. Ainsi, toutes nos actions ont pour seul objectif de satisfaire ces ayatana. Quoi que nous fassions, nous le faisons pour le bien de nos six ayatana. Nous leur sommes dévoués au point d'en devenir leurs esclaves. Ils nous commandent et nous contrôlent ; nous ne pouvons leur échapper. Nous appelons cela : « se laisser enfermer dans la prison des ayatana ».
Voyez s'il y a quelqu'un, l'un d'entre vous, qui ne soit pas l’esclave servile de ses six sens. Voyez comment vous vous mettez volontiers à leur service. Vous êtes capable d'endurer toutes sortes de difficultés et de vous plier en quatre pour trouver les meilleurs moyens de satisfaire les yeux, les oreilles, le nez, la langue, le corps et l'esprit. Nous devons donc admettre que nous sommes esclaves. Les gens qui manquent de sagesse resteront esclaves des ayatana, ils resteront retenus dans la prison des ayatana. Par une pratique correcte et accomplie de l'attention à la respiration, nous pouvons échapper à cette prison. Si nous pratiquons anapanasati de façon imparfaite et incomplète, nous resterons dans la prison des ayatana … qui sait pour combien de temps.
La superstition est une prison
La prison suivante que nous voulons mentionner est celle qui consiste à être trompé par ce que l'on nomme « sayasatr »1. Toutes les croyances et les rituels superstitieux sont sayasatr. Plus il y a d'ignorance, plus le manque de connaissance se fait sentir et plus on est piégé par les prisons de la superstition. Aujourd'hui, l'éducation et la science (vidayasatr) se sont développées, ce qui entraîne une meilleure compréhension des vérités physiques et naturelles. Il reste, cependant, de très nombreux pièges qui nous retiennent dans la prison des superstitions. Cela dépend de chacun ; certaines personnes sont piégées par les superstitions, d'autres le sont moins. Les gens sont piégés à différents degrés et de différentes manières, mais nous pouvons dire qu'il y a encore des gens qui sont retenus dans la prison des sayasatr, enchaînés par la superstition.
Bien que, d'une manière générale, la superstition ait reculé du fait de l'avancée des sciences, il reste encore beaucoup de sayasatr dans les églises et dans les monastères Veuillez me pardonner de parler ainsi, mais les lieux où nous pouvons trouver le plus de superstition sont les temples, les églises et autres lieux similaires. Même si la superstition a tendance à régresser, elle reste tenace dans ces endroits. Là où il y a des autels, où les gens se prosternent devant des objets considérés comme saints et sacrés, il y a de place pour que perdure la « science des endormis ». La superstition, sayasatr, est pour ceux qui sont endormis ; elle attire ceux qui n'ont pas une compréhension claire des choses, ceux qui sont ignorants. On nous fait croire à toutes ces choses alors que nous sommes encore enfants, avant que nous ayons l'intelligence et la capacité de raisonnement. Les enfants croient à tout ce qu'on leur dit, et des soi-disant « adultes » leur apprennent de nombreuses superstitions. Si vous croyez que le chiffre « 13 » est un chiffre porte-malheur, c'est une forme de sayasatr. Vous êtes encore endormis. Il y a plein d'autres superstitions qu'il vaut mieux ne pas citer ; certaines personnes pourraient se sentir offensées. Ces choses-là sont des prisons. Pourquoi ne pas les observer de près pour les voir comme elles sont ? Même le chiffre « 13 » peut devenir une prison pour qui est insensé.
Les institutions sacrées sont des prisons
Nous allons poursuivre avec ces institutions ou établissements qui sont tenus pour saints et sacrés, ou réputés et vénérés. Ou encore, ces lieux tellement uniques et prestigieux que quiconque en devient membre devient, de fait, à son tour, unique et prestigieux. Il existe partout bon nombre de lieux et d'institutions de la sorte. Dès qu'elles adhèrent à telle association, telle organisation, tel institut ou établissement, certaines personnes commencent à se monter la tête et tirer orgueil de cette affiliation. Elles pensent : « Nous sommes meilleurs qu'eux », « Nous seuls avons raison, les autres ne sont que des ignorants ». Ces personnes adhèrent sans la moindre réflexion préalable, ou pensée critique. C'est ainsi que certaines institutions, voire certaines églises – il faut bien le dire – deviennent des prisons. Aussi, je vous prie, ne pensez pas que Suan Mokkh soit un lieu saint ou miraculeux, sinon Suan Mokkh deviendra une prison. S'il vous plaît, ne faites pas de Suan Mokkh votre prison. Vous devez pouvoir penser librement, étudier les choses avec attention et pouvoir les évaluer de manière critique ; comprendre et n'accepter que ce qui est vraiment bénéfique. Ne restez pas prisonniers de l'une ou l'autre de ces institutions prestigieuses ou réputées.
Les maîtres sont des prisons
Maintenant, nous arrivons à cette prison appelée « Ajahn » (enseignant, maître ou gourou), ces fameux maîtres dont le nom résonne jusque très loin. En Birmanie, il y a « Sayadaw Ceci » ; au Sri Lanka, « Bhante Cela » ; au Tibet, « Lama Untel et Untel » ; en Chine, « Maître Machin » ... Chaque lieu a son célèbre enseignant dont le nom est réputé. Quels que soient le pays, la région, la province ou la commune, chaque endroit a son « Grand Gourou ». Les gens s'attachent à l'idée que leur maître est le seul maître véritable, celui qui possède la vérité, les autres étant tous dans l'erreur totale. Ils refusent d'écouter les autres enseignants mais ils ne réfléchissent pas pour autant aux enseignements de leur propre Ajahn, ils ne les approfondissent pas. Ils sont piégés dans la « prison du Maître ». Ils transforment leur maître en prison et s'y laissent enfermer. Ceci est un attachement vraiment ridicule. Que ce maître soit réputé ou non, il s’agit tout de même d’upadana. Ils continuent à bâtir des prisons à partir de l'idée qu'ils se font de leurs maîtres et gourous. Veillez à ne pas vous laisser piéger, même par cette forme de prison.
Les choses saintes sont des prisons
La prison suivante est celle des écritures saintes que l'on peut trouver partout. Ce sont parmi les gens ayant peu de sagesse que l'on trouve ceux qui sont le plus attachés à ces choses et qui les considèrent comme « sacrées ». Celles-ci peuvent même devenir des doublures ou des substituts à Dieu. C’est comme si le simple fait de mentionner les livres sacrés équivalait à trouver véritablement de l’aide. Cela conduit à la multiplication des objets sacrés : saintes reliques, eau bénite et toute une variété d'objets de croyance. Soyez attentif à ce mot « sainteté » car il pourrait se transformer en prison avant même que vous ne vous en aperceviez. Plus une chose vous paraît sacrée, plus elle peut vous piéger. Méfiez-vous de tout ce qui est considéré comme « saint » ou « sacré ».
Vous devez savoir qu'il n'y a rien de plus sacré que la Loi de la Conditionnalité – Idappaccayata –, elle est la plus sainte de toutes les choses. Le reste n’est considéré comme « saint » que par convention ou parce qu'un grand nombre de gens s'accordent à penser ainsi ; c’est upadana qui crée cette sainteté. Là où il y a sainteté du fait d'upadana, il y a prison. Idappaccayata, la Loi de la Conditionnalité, est sacrée en elle-même, sans qu'il y ait besoin d’attachement. Il n'y a pas de place pour upadana. Elle commande déjà tout et elle est véritablement sainte par elle-même. S'il vous plaît, ne vous laissez pas piéger dans la prison des objets sacrés. Ne faites pas de ces objets sacrés une prison pour vous-même.
La bonté est une prison
La prison suivante est très importante parce qu'elle nous entraîne dans toutes sortes de complications. Cette prison est ce que l'on appelle « bonté ». Tout le monde aime faire le « bien » et on enseigne tous aux autres à faire le bien. Puis on s'attache à ce qui est « bien ». Dès lors, upadana se mêle à ce qui est bon et cette bonté devient une prison. Vous devez être bon, pratiquer la bonté, sans ajouter upadana – alors cette bonté ne sera pas une prison. Mais s'il y a upadana, elle deviendra une prison. Comme nous l’avons dit, les gens s’entichent des bonnes actions, s’enivrent de bonnes actions, se perdent dans les bonnes actions jusqu’à ce que cela devienne un problème. Soyez donc extrêmement attentif à ne pas transformer la bonté en prison. Mais il n'y a rien que nous puissions faire maintenant, tout le monde est captif de la prison de la bonté – aveuglément, inconsciemment emmuré dans la prison du « bien ».
Si vous êtes chrétien, je vous propose de bien réfléchir et de beaucoup méditer sur ce qu'enseigne le Livre de la Genèse où Dieu interdit à Adam et Eve de manger le fruit de l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal. N'allez pas le manger ! Sinon, il vous amènera à faire la distinction entre le bien et le mal ; de ce fait, vous serez lié par upadana au bien et au mal, et le bien et le mal deviendront des prisons. Cet enseignement est très profond et bénéfique, des plus sages et intelligents qu'il soit, mais personne ne semble bien le comprendre. Les gens n'y prêtent que peu d'intérêt et ne peuvent donc être de vrais chrétiens. S'ils étaient de véritables chrétiens, ils ne s'attacheraient pas ainsi avec upadana au bien et au mal. Nous ne devons pas transformer le bien et le mal en prisons. Cela signifie qu'il ne faut pas se laisser prendre dans la prison de la bonté.
Nous avons mangé le fruit : est venue la connaissance du bien et du mal. Nous avons ensuite été pris et tiraillés entre le bien et le mal. Nous connaissons depuis lors ce problème incessant. C'est ce que l'on appelle : « le péché originel », ou parfois « le péché perpétuel ». C’est devenu une « prison originelle » ou « prison perpétuelle ». Soyez vigilants, ne vous laissez pas prendre dans cette prison originelle ou perpétuelle. Ne vous laissez jamais enfermer dans cette prison.
Etre tenu emprisonné par la bonté, ou le bien, amène à chercher une bonté plus grande, à rechercher la bonté suprême. La bonté suprême deviendra alors la prison suprême. Et, poursuivant ainsi, Dieu deviendra la prison suprême. J’espère que vous comprendrez et vous souviendrez que c’est ainsi qu’upadana construit des prisons.
Les opinions sont des prisons
La prison suivante est notre propre ditthi Le terme pali ditthi est difficile à traduire. La connaissance, les pensées, les idées, les théories, les opinions, les croyances, les interprétations – tout cela est ditthi. Ditthi désigne toutes nos pensées personnelles, nos opinions, nos théories et nos croyances. Ce ne sont pas seulement certaines opinions et croyances mineures, mais la globalité de celles-ci, toute notre vision des choses. Tout ce qui nous permet d’évaluer notre vécu est appelé ditthi. Nous sommes pris dans la prison de notre vision des choses. Nous n'obéissons à rien d'autre qu'à notre ditthi. C'est la plus terrifiante des prisons parce que nous fonçons tête baissée, de manière impétueuse, téméraire et précipitée au gré de nos propres idées. Nous tournons le dos aux choses qui nous seraient bénéfiques, nous les perdons de vue parce que notre esprit se ferme à tout se qui est différent de nos idées, nos croyances et nos opinions. Ainsi, ces opinions deviennent-elles une horrible prison qui nous retient et nous enferme dans une compréhension bornée. Méfiez-vous de la prison de votre propre ditthi.
La pureté est la plus subtile des prisons
Nous en venons ensuite à une forme de prison vraiment étrange et merveilleuse, que vous pourriez appeler « la plus subtiles des prisons ». Cette prison raffinée est ce que l'on nomme « innocence » ou « pureté ». Il est difficile de comprendre exactement ce que l'on entend par ces mots. Nous entendons un tas de discours au sujet de l'innocence et de la pureté, mais les gens ne semblent jamais savoir de quoi ils parlent. On s’attache et on se lie à cette pureté, on l’apprécie tant et plus, on la vénère, on l’utilise pour s’en vanter ou se comparer aux autres, on s’enorgueillit de ce « je » si pur ! Mais s'il y a upadana, ce n'est alors que de la pureté mêlée d'upadana, et non de la pureté véritable. Il y a différentes formes de pureté que l’on affiche par attachement comme les bains rituels, les incantations, les différentes formes de bénédictions par onction, aspersion, etc., et toute une myriade de rites et de cérémonies de « purification ». Cette forme de pureté est de l’attachement pur, et la pureté liée à l'attachement est une prison. S'il vous plaît, ne vous perdez pas, ne finissez pas dans cette prison nommée « pureté ».
C'est quelque chose de pitoyable à voir. Etre à ce point attaché à l'ego, être à ce point attaché à la pureté que certaines croyances religieuses vont jusqu'à enseigner une forme de pureté éternelle où une sorte d'âme éternelle demeurerait dans une espèce d’éternité. Tout cela vient de l'attachement à la pureté à travers upadana, attachement qui amène à se retrouver emmuré dans une prison éternelle. Cela ne peut que se terminer en une prison éternelle.
La vacuité n'est pas une prison
Il s’agissait là de la dernière, de l'ultime prison. Echappez-vous de la prison de la plus grande pureté ! Evadez-vous de la prison la plus pure pour entrer dans la vacuité, libre de toute âme et de tout « moi ». Ne pas avoir de soi, vivre libéré de l'ego, l'absence d'un soi, de toute sensation de soi, effacer toute idée et notion de soi – voici la pureté vraie. Toute pureté vraiment éternelle ne peut en aucun cas être une prison à moins d'en avoir une compréhension erronée et de s'y attacher comme à une forme de soi ou d'âme, auquel cas cela devient à nouveau une prison. Lâcher prise sans équivoque, être libéré de toute notion de soi : voilà la pureté réelle. Ce n'est pas une prison. La vacuité est la pureté qui n'emprisonne pas.
On découvre ainsi que la prison véritable, qui est l'assemblage de toutes les prisons que nous venons de mentionner ici, est ce que l'on appelle « atta » en pali, le « soi » ou « l'âme ». La prison est soi. Cet ego est la prison. Toutes les formes de prisons sont comprises dans ces mots : « ego » ou « moi ». Tout revient à cela. S'attacher au soi en tant qu'entité et penser que cela est mien, être épris de ce « je », ce « mien », telle est la prison véritable, le cœur et l'âme de toutes les formes de prison. Toutes les prisons sont réunies dans ce mot « atta ». Arrachez la folie qui crée l'atta, en même temps que l 'atta lui-même, et toutes les prisons disparaîtront. Si vous pratiquez anapanasati (l'attention à la respiration) de manière correcte jusqu’à y parvenir parfaitement et réellement – pas simplement l’imaginer – vous détruirez complètement toutes les prisons. C'est ainsi, en détruisant atta, que toutes les prisons disparaîtront et que vous n’en bâtirez plus de nouvelles. Puissiez-vous connaître le succès dans la destruction de toutes les prisons, c'est-à-dire d’atta – du soi.
Le but d'anapanasati est de supprimer tous les vestiges d'upadana liés au soi. La suppression totale de tout attachement au soi est l'extinction définitive et parfaite de dukkha, qui apporte la libération, le salut. L'objectif premier de toutes les religions est le salut dont la valeur et les bienfaits sont indescriptibles. S'il vous plaît, essayez ! Anapanasati, quand il est correctement pratiqué, conduit à la libération d'atta. J’ai fait de mon mieux et je suis disposé à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider chacun à comprendre anapanasati et à le mettre en pratique avec succès, afin que nous puissions tous échapper à toutes les formes de prisons de l'humanité.
1 Sayasatr (le "r" en final est muet): mot de la langue thaïe qui signifie « superstition »
Invité- Invité
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
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Dernière édition par My_illusion le Lun 22 Aoû 2022 - 11:30, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Tu juges sans savoir.
Les choses sont engagées, le jeune homme est loin d’être inactif, ce qui est courageux vu le niveau d’anxiété. Mais il faut du temps, et les nerfs ont du mal à tenir.
Les choses sont engagées, le jeune homme est loin d’être inactif, ce qui est courageux vu le niveau d’anxiété. Mais il faut du temps, et les nerfs ont du mal à tenir.
Chuna- Messages : 22222
Date d'inscription : 31/12/2014
Age : 43
Localisation : Landes
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Sélène-Nyx : Un peu de tout, oui.
astronaute : Hum. D'une autre façon. Avant, j'étais dans une prison dorée. Enfin, plaquée or, en toc. Maintenant, je suis dans une autre prison. Ses barreaux sont comme fantomatiques : elle se déplace en moi, et autour de moi à la fois. Mais elle a un petit temps de retard sur mes mouvements physiques ou mentaux. Donc, si je bouge trop vite, sa partie extérieure rentre en moi et c'est très désagréable, ça me prend de l'énergie. J'ai l'impression qu'elle me retient et qu'il me faut à la fois composer avec sa présence. Mais peut-être ai-je simplement trop peur du changement, je sais pas.
susa : Désolée, mais pas l'énergie ni la volonté de lire un pavé religieux...
My_illusion : Intellectuellement, j'entendais.
Je vis une forme d'inertie. Cependant, j'entreprends ici et là des démarches. Pas autant que je le voudrais, mais je me bats avec les forces dont je dispose. Chaque jour est un combat, charrie son lot d'incertitudes, de doutes. Mon esprit fait preuve d'une incroyable créativité en la matière. Il y met presque toute mon énergie, et pourtant, je n'en ai pas beaucoup.
Je ne parle pas de ce que je fais, de ce que je vis de façon plus détaillée. Mais le simple travail sur soi dans un environnement qui ne me convient pas, ça me prend une énergie assez inimaginable.
Je n'ai jamais été en inactivité. Et ces derniers mois, j'ai été occupée à ne pas crever.
Donc oui, ça me blesse, si tu dis ça : c'est vrai que tu n'as pas tous les éléments, mais j'ai l'impression que tu penses que je passe mon temps à me lamenter en demandant à ce que l'on me sauve. Alors oui, c'est vrai, en un sens, j'aimerais bien une sorte d'intervention divine, que quelqu'un me prenne en charge, me tienne par la main, soit là pour me protéger et m'aimer, pour me faire rire, pour discuter, me prendre dans ses bras. Ce serait tellement plus facile, plus reposant. Mais personne n'est comme cela, et il est peut-être démesuré et malsain d'avoir cette attente-là. Alors je fais avec ce que j'ai, et si je sais que j'ai de la ressource, c'est pas pour rien : la preuve, je suis encore de ce monde.
astronaute : Hum. D'une autre façon. Avant, j'étais dans une prison dorée. Enfin, plaquée or, en toc. Maintenant, je suis dans une autre prison. Ses barreaux sont comme fantomatiques : elle se déplace en moi, et autour de moi à la fois. Mais elle a un petit temps de retard sur mes mouvements physiques ou mentaux. Donc, si je bouge trop vite, sa partie extérieure rentre en moi et c'est très désagréable, ça me prend de l'énergie. J'ai l'impression qu'elle me retient et qu'il me faut à la fois composer avec sa présence. Mais peut-être ai-je simplement trop peur du changement, je sais pas.
susa : Désolée, mais pas l'énergie ni la volonté de lire un pavé religieux...
My_illusion : Intellectuellement, j'entendais.
Je vis une forme d'inertie. Cependant, j'entreprends ici et là des démarches. Pas autant que je le voudrais, mais je me bats avec les forces dont je dispose. Chaque jour est un combat, charrie son lot d'incertitudes, de doutes. Mon esprit fait preuve d'une incroyable créativité en la matière. Il y met presque toute mon énergie, et pourtant, je n'en ai pas beaucoup.
Je ne parle pas de ce que je fais, de ce que je vis de façon plus détaillée. Mais le simple travail sur soi dans un environnement qui ne me convient pas, ça me prend une énergie assez inimaginable.
Je n'ai jamais été en inactivité. Et ces derniers mois, j'ai été occupée à ne pas crever.
Donc oui, ça me blesse, si tu dis ça : c'est vrai que tu n'as pas tous les éléments, mais j'ai l'impression que tu penses que je passe mon temps à me lamenter en demandant à ce que l'on me sauve. Alors oui, c'est vrai, en un sens, j'aimerais bien une sorte d'intervention divine, que quelqu'un me prenne en charge, me tienne par la main, soit là pour me protéger et m'aimer, pour me faire rire, pour discuter, me prendre dans ses bras. Ce serait tellement plus facile, plus reposant. Mais personne n'est comme cela, et il est peut-être démesuré et malsain d'avoir cette attente-là. Alors je fais avec ce que j'ai, et si je sais que j'ai de la ressource, c'est pas pour rien : la preuve, je suis encore de ce monde.
Névromon- Messages : 1636
Date d'inscription : 29/12/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Je répondais à la question : " Vous connaissez ça ."
Donc oui , j'ai connu , et j'en suis sorti .
"Pas l'énergie ni la volonté de lire un pavé religieux..." ?
Mais l'énergie et la volonté de se créer sa propre prison .
"Je me sens en prison en moi-même.
Dans mon appartement.
Dans mes possibilités, qui me semblent restreintes.
Dans ma ville.
Dans ma métropole.
Dans ma tête."
"La prison est soi. Cet ego est la prison. Toutes les formes de prisons sont comprises dans ces mots : « ego » ou « moi ». Tout revient à cela. S'attacher au soi en tant qu'entité et penser que cela est mien, être épris de ce « je », ce « mien », telle est la prison véritable, le cœur et l'âme de toutes les formes de prison. Toutes les prisons sont réunies dans ce mot « atta ». Arrachez la folie qui crée l'atta, en même temps que l 'atta lui-même, et toutes les prisons disparaîtront."
il ne s'agit pas de religion , mais de sagesse.
Merci de ne pas me mégenrer.
Donc oui , j'ai connu , et j'en suis sorti .
"Pas l'énergie ni la volonté de lire un pavé religieux..." ?
Mais l'énergie et la volonté de se créer sa propre prison .
"Je me sens en prison en moi-même.
Dans mon appartement.
Dans mes possibilités, qui me semblent restreintes.
Dans ma ville.
Dans ma métropole.
Dans ma tête."
"La prison est soi. Cet ego est la prison. Toutes les formes de prisons sont comprises dans ces mots : « ego » ou « moi ». Tout revient à cela. S'attacher au soi en tant qu'entité et penser que cela est mien, être épris de ce « je », ce « mien », telle est la prison véritable, le cœur et l'âme de toutes les formes de prison. Toutes les prisons sont réunies dans ce mot « atta ». Arrachez la folie qui crée l'atta, en même temps que l 'atta lui-même, et toutes les prisons disparaîtront."
il ne s'agit pas de religion , mais de sagesse.
Merci de ne pas me mégenrer.
Invité- Invité
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Nevromon, je comprends parfaitement ce que tu ressens.
Pourrais-tu, si tu le veux bien entendu, expliquer comment en es-tu arrivé là?
Pourrais-tu, si tu le veux bien entendu, expliquer comment en es-tu arrivé là?
astronaute- Messages : 461
Date d'inscription : 07/07/2011
Age : 36
Localisation : Saturne
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
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Dernière édition par My_illusion le Lun 22 Aoû 2022 - 11:31, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Oui Susa, ton texte est une invitation à la méditation (Bouddhisme), donc, pas religieux, c'est même le contraire.
Se poser les bonnes questions, j'dirais. Comment s'est-on créé cette prison? ( même dorée, c'est toujours une prison ...°
Comment en est-on arrivés là? Peut-être s'est-on trompés? Bref, remise en cause, et c'est une situation inconfortable qui nous ébranle et end amorphe à un moment. Donc, il faut redéfinir les objectifs de vie.
Certaines substances (plantes, alimentation etc ...) peuvent peut-être donner un "coup de pouce"?
Bon courage, car c'est pas évident, mais il faut en passer par des moments de réflexion, pour avancer et se sentir libéré.
Se poser les bonnes questions, j'dirais. Comment s'est-on créé cette prison? ( même dorée, c'est toujours une prison ...°
Comment en est-on arrivés là? Peut-être s'est-on trompés? Bref, remise en cause, et c'est une situation inconfortable qui nous ébranle et end amorphe à un moment. Donc, il faut redéfinir les objectifs de vie.
Certaines substances (plantes, alimentation etc ...) peuvent peut-être donner un "coup de pouce"?
Bon courage, car c'est pas évident, mais il faut en passer par des moments de réflexion, pour avancer et se sentir libéré.
Sélène-Nyx- Messages : 3842
Date d'inscription : 29/04/2012
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Comment s'est-on créé cette prison?
C'est pas uniquement des facteurs endogènes qui mènent à ce genre de situation, je pense.
Certaines substances (plantes, alimentation etc ...) peuvent peut-être donner un "coup de pouce"?
C'est vrai qu'un gros pétard ça peut aider ^^ (je plaisante, évidemment - quoique ^^)
Invité- Invité
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Ok, susa (mais peut-on parler de mégenrer pour le fait que j'aie confondu religion et spiritualité? Je demande sincèrement).
Mais je ne parviens pas à suivre : il serait fou de penser à soi?
astronaute : Je te mets un historique personnel en caché. Un peu en vrac, mais chronologique.
Voilà comment j'en suis arrivée là, astronaute.
Mais je ne parviens pas à suivre : il serait fou de penser à soi?
astronaute : Je te mets un historique personnel en caché. Un peu en vrac, mais chronologique.
Voilà comment j'en suis arrivée là, astronaute.
Névromon- Messages : 1636
Date d'inscription : 29/12/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Sélène-Nyx : Je suis pas trop en état de réfléchir, tant l'angoisse, l'anxiété, le bruit m'assaillent. Je ne supporte presque plus le moindre bruit d'activité humaine. Je suis sur le qui-vive.
Névromon- Messages : 1636
Date d'inscription : 29/12/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Dans les grandes lignes, je me sens ainsi…
Pas dans mon appartement, puisque je n'en ai pas, je suis hébergé. Et c'est pire. Alors, quand j'en avais un, … je ne crois pas, mais j'idéalise sans doute.
Pas dans ma tête non plus, au contraire, je me sens un peu trop libre par-là et je n'arrive pas à l'ajuster au quotidien et au « concret » ; mais c'est pas carcéral, c'est au contraire une absence de foyer, une cartographie de l'errance qui se réarrange sans cesse et sans repère. Tous les chemins mènent à rien.
Dans mon village, oui. Mais il y a un peu d'évasion au moindre souffle d'air, au premier vol de papillon, tout ce qui me détache d'un attendu qui ne m'appartient pas et qui se réinvite tout aussi tôt. En ville je me sens moins ainsi, mais j'y passe à peine, quand c'est le cas, je me sens plutôt comme un étranger, un être de passage. Un être que même moi je ne connais pas.
Dans les échanges sociaux ; peut-être, assez certainement, mais peut-être est-ce plutôt un miroir sans tain qui me rend invisible ; ou en partie, trop grande partie quand elle devient un tout, insaisissable.
Le passé est révolu, le présent est mort, le futur est absent. Tout est gris et amorphe, terne, éteint, jusqu'à l'émerveillement devant un arc-en-ciel. Surtout ces petites joies, d'ailleurs. Tout finira par s'éteindre. C'est essentiel de ne pas y penser. Aussi essentiel qu'impossible. Memento mori.
Bon, en fait dans les grandes lignes, je ne me sens pas trop ainsi, finalement. La prison c'est avant tout quatre murs et je suis trop aveugle (cf. Caecae) pour les percevoir ou même les deviner.
Est-ce cela que d'être libre ? Ô joie !
Je ne suis pas en prison, je suis un évadé. Je ne suis pas fugitif pourtant, on ne me recherche pas.
Je crois qu'on, pas même moi, ne s'est pas rendu compte que ma cellule était vide, aussi vide et atone que mes cellules nerveuses fatiguées.
Pas dans mon appartement, puisque je n'en ai pas, je suis hébergé. Et c'est pire. Alors, quand j'en avais un, … je ne crois pas, mais j'idéalise sans doute.
Pas dans ma tête non plus, au contraire, je me sens un peu trop libre par-là et je n'arrive pas à l'ajuster au quotidien et au « concret » ; mais c'est pas carcéral, c'est au contraire une absence de foyer, une cartographie de l'errance qui se réarrange sans cesse et sans repère. Tous les chemins mènent à rien.
Dans mon village, oui. Mais il y a un peu d'évasion au moindre souffle d'air, au premier vol de papillon, tout ce qui me détache d'un attendu qui ne m'appartient pas et qui se réinvite tout aussi tôt. En ville je me sens moins ainsi, mais j'y passe à peine, quand c'est le cas, je me sens plutôt comme un étranger, un être de passage. Un être que même moi je ne connais pas.
Dans les échanges sociaux ; peut-être, assez certainement, mais peut-être est-ce plutôt un miroir sans tain qui me rend invisible ; ou en partie, trop grande partie quand elle devient un tout, insaisissable.
Le passé est révolu, le présent est mort, le futur est absent. Tout est gris et amorphe, terne, éteint, jusqu'à l'émerveillement devant un arc-en-ciel. Surtout ces petites joies, d'ailleurs. Tout finira par s'éteindre. C'est essentiel de ne pas y penser. Aussi essentiel qu'impossible. Memento mori.
Bon, en fait dans les grandes lignes, je ne me sens pas trop ainsi, finalement. La prison c'est avant tout quatre murs et je suis trop aveugle (cf. Caecae) pour les percevoir ou même les deviner.
Est-ce cela que d'être libre ? Ô joie !
Je ne suis pas en prison, je suis un évadé. Je ne suis pas fugitif pourtant, on ne me recherche pas.
Je crois qu'on, pas même moi, ne s'est pas rendu compte que ma cellule était vide, aussi vide et atone que mes cellules nerveuses fatiguées.
Archiloque- Messages : 1665
Date d'inscription : 22/09/2020
Localisation : Les terres
Chuna- Messages : 22222
Date d'inscription : 31/12/2014
Age : 43
Localisation : Landes
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
J'ai aussi cette impression parfois, il y a un manque de chaleur, d'humains dans ma vie, je suis tranquille dans ma maison, mais peut-être un peu trop ?
J'ai tendance à passer plein d'heures derrière cet écran lumineux à y chercher ce contact qui me nourrirait en vain, à scroller à l'infini sur cette page bleue qui n'est capable que de montrer des citations sans intérêts ou autres blagues destinées à nous faire un esquisser un vague sourire...
J'ai des amis, mais j'ai l'impression que c'est superficiel à chaque fois, on passe des moments sympas mais je ne sais pas, il manque quelque chose.
On n'a jamais été autant connectés à tout le monde et en même temps tellement étrangers les uns les autres, tellement superficiels dans nos relations, tellement dans le paraître et les faux sourires...
Parfois j'aimerais vivre dans un petit village à la Astérix où ça vit, ça se parle, ça se connaît, ça s'entraide et ça s'engueule aussi, où il y ait régulièrement des fêtes de village...
Actuellement l'impression de vivre entre moi et moi, ma chienne, et un écran lumineux et de temps en temps quelques amis, faible horizon de perspectives...
J'ai tendance à passer plein d'heures derrière cet écran lumineux à y chercher ce contact qui me nourrirait en vain, à scroller à l'infini sur cette page bleue qui n'est capable que de montrer des citations sans intérêts ou autres blagues destinées à nous faire un esquisser un vague sourire...
J'ai des amis, mais j'ai l'impression que c'est superficiel à chaque fois, on passe des moments sympas mais je ne sais pas, il manque quelque chose.
On n'a jamais été autant connectés à tout le monde et en même temps tellement étrangers les uns les autres, tellement superficiels dans nos relations, tellement dans le paraître et les faux sourires...
Parfois j'aimerais vivre dans un petit village à la Astérix où ça vit, ça se parle, ça se connaît, ça s'entraide et ça s'engueule aussi, où il y ait régulièrement des fêtes de village...
Actuellement l'impression de vivre entre moi et moi, ma chienne, et un écran lumineux et de temps en temps quelques amis, faible horizon de perspectives...
greenphenix- Messages : 193
Date d'inscription : 10/07/2017
Age : 39
Localisation : Près de Chartres
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Je pense qu'on peut travailler ces impressions là. C'est au final, une histoire qu'on se raconte.
J'ai expérimenté parfois qu'une simple nouvelle peut nous amener à changer notre vision de notre temps présent, et nos perspectives. Ainsi, j'ai pu jouer parfois à être différente, dans une situation différente, comme un jeu de rôle, et ça changeait mon présent. Ça le change tellement en fait, que ça peut induire des actions qui vont réellement le modifier.
Il y a un poète, il me semble qu'il s'appelle Serge Roy, qui a écrit :
"Donnez des idées de liberté à un esclave, les chaines au pied, il deviendra libre."
J'ai expérimenté parfois qu'une simple nouvelle peut nous amener à changer notre vision de notre temps présent, et nos perspectives. Ainsi, j'ai pu jouer parfois à être différente, dans une situation différente, comme un jeu de rôle, et ça changeait mon présent. Ça le change tellement en fait, que ça peut induire des actions qui vont réellement le modifier.
Il y a un poète, il me semble qu'il s'appelle Serge Roy, qui a écrit :
"Donnez des idées de liberté à un esclave, les chaines au pied, il deviendra libre."
Bimbang- Messages : 6444
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Localisation : 44
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Godzilla : Je préfère éviter de me droguer, je sais que j'ai une personnalité qui deviendrait facilement et rapidement dépendante car vulnérable.
Archiloque : "Memento Mori", c'était pas le "yolo" antique? Je pensais pas que l'on pouvait se sentir aussi mal sans prison, en tout cas...j'ai tellement passé ma vie en ayant l'impression d'attendre que ça aille mieux, de prendre sur moi, de faire des efforts, de me faire passer après les autres malgré mes grandes déclarations (cf les choix de lieux de vie avec mon ex par cette dernière).
Archiloque, 2 : En allant me balader mardi au parc, j'ai ressenti très fort ce que tu décris quant au fait de se sentir comme un étranger. Quant à moi, je voyais les autres interagir, et ces échanges qui me semblaient interdits me blessaient. Juste échanger quelques mots bienveillants avec une personne inconnue, ça m'aurait fait tellement de bien, mais en même temps, je me sentais pas à ma place, et avoir traîné à côté d'un collège (le parc que je visais était à côté et c'était après l'heure des cours, j'y avais pas pensé) n'a pas aidé, ravivant les souvenirs et réactivant les peurs de harcèlement scolaire.
Tu me fais penser à un être très aérien qui a oublié qu'il avait des amarres pour s'ancrer plus près du sol et des autres. Mais tu le peux. Je sais pas comment, mais tu le peux.
greenphenix : Je partage ce que tu vis, le fait d’utiliser l'écran comme un substitut et à travers lui, tenter de se nourrir un peu de relationnel. Pour ma part, je suis en tension (et j'en ai assez : un tendeur sur lequel on tire trop longtemps finit par rompre, et je voudrais éviter d'en arriver là) entre cela et le fait de subir mon environnement chaotique et pas franchement pourvoyeur de "bonnes ondes". Tension entre "de l'humain, n'importe quoi tant que c'est bienveillant, vite ! " et "plus d'humain, j'en peux plus, vite ! " avec une espèce de sentiment d'urgence vitale qui, par moments, me ferait presque fuir de chez moi en y laissant toutes mes affaires, abandonnant tout, prenant un train pour le premier village venu sans aucune idée de la suite. Mais je sais désormais que j'ai une alternative à ça, et j'en suis reconnaissante.
Par contre, c'est chouette, que tu aies ta chienne avec toi : ma chatte me manque énormément, avec les confinements et le fait de vivre à nouveau seule après des années de cohabitation.
Tu as déjà eu des échanges profonds, avec tes amis?
Bimbang : Hum. Déjà, j'ai changé un peu de point de vue sur moi-même. Je me plains pas mal et pourrais passer pour quelqu'un qui se complaît dans le côté victimaire, mais je prends autant soin de moi que possible, je lutte pour me souvenir que je me suis déjà sortie d'une période similaire en me disant que j'ai plus de ressources et réussi pas mal de choses. Je sens, et je sais, que si j'étais dans un environnement sécurisant émotionnellement (pas de bruits forts, soudains et aléatoires alors que c'est mon pain quotidien), je pourrais me reposer. Refaire du sport, me poser, et voir mes ressources remonter à vitesse grand V. Je suis commeune formule 1 une Twingo de seconde main qui essaie de démarrer et accélère à fond et pourrait partir comme une flèche (c'est-à-dire à 80 km/h au bout de cinq cent mètres pied au plancher ), mais qui est retenue par un énorme élastique.
Archiloque : "Memento Mori", c'était pas le "yolo" antique? Je pensais pas que l'on pouvait se sentir aussi mal sans prison, en tout cas...j'ai tellement passé ma vie en ayant l'impression d'attendre que ça aille mieux, de prendre sur moi, de faire des efforts, de me faire passer après les autres malgré mes grandes déclarations (cf les choix de lieux de vie avec mon ex par cette dernière).
Archiloque, 2 : En allant me balader mardi au parc, j'ai ressenti très fort ce que tu décris quant au fait de se sentir comme un étranger. Quant à moi, je voyais les autres interagir, et ces échanges qui me semblaient interdits me blessaient. Juste échanger quelques mots bienveillants avec une personne inconnue, ça m'aurait fait tellement de bien, mais en même temps, je me sentais pas à ma place, et avoir traîné à côté d'un collège (le parc que je visais était à côté et c'était après l'heure des cours, j'y avais pas pensé) n'a pas aidé, ravivant les souvenirs et réactivant les peurs de harcèlement scolaire.
Tu me fais penser à un être très aérien qui a oublié qu'il avait des amarres pour s'ancrer plus près du sol et des autres. Mais tu le peux. Je sais pas comment, mais tu le peux.
greenphenix : Je partage ce que tu vis, le fait d’utiliser l'écran comme un substitut et à travers lui, tenter de se nourrir un peu de relationnel. Pour ma part, je suis en tension (et j'en ai assez : un tendeur sur lequel on tire trop longtemps finit par rompre, et je voudrais éviter d'en arriver là) entre cela et le fait de subir mon environnement chaotique et pas franchement pourvoyeur de "bonnes ondes". Tension entre "de l'humain, n'importe quoi tant que c'est bienveillant, vite ! " et "plus d'humain, j'en peux plus, vite ! " avec une espèce de sentiment d'urgence vitale qui, par moments, me ferait presque fuir de chez moi en y laissant toutes mes affaires, abandonnant tout, prenant un train pour le premier village venu sans aucune idée de la suite. Mais je sais désormais que j'ai une alternative à ça, et j'en suis reconnaissante.
Par contre, c'est chouette, que tu aies ta chienne avec toi : ma chatte me manque énormément, avec les confinements et le fait de vivre à nouveau seule après des années de cohabitation.
Tu as déjà eu des échanges profonds, avec tes amis?
Bimbang : Hum. Déjà, j'ai changé un peu de point de vue sur moi-même. Je me plains pas mal et pourrais passer pour quelqu'un qui se complaît dans le côté victimaire, mais je prends autant soin de moi que possible, je lutte pour me souvenir que je me suis déjà sortie d'une période similaire en me disant que j'ai plus de ressources et réussi pas mal de choses. Je sens, et je sais, que si j'étais dans un environnement sécurisant émotionnellement (pas de bruits forts, soudains et aléatoires alors que c'est mon pain quotidien), je pourrais me reposer. Refaire du sport, me poser, et voir mes ressources remonter à vitesse grand V. Je suis comme
Névromon- Messages : 1636
Date d'inscription : 29/12/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Se sentir libre en ce moment serait un peu magique. Le contexte est assez peu favorable !
Confiteor- Messages : 9131
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Age : 65
Localisation : Drôme
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Je l'ai appris ce matin, le reconfinement total... :/
Névromon- Messages : 1636
Date d'inscription : 29/12/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Godzilla a écrit:Comment s'est-on créé cette prison?
C'est pas uniquement des facteurs endogènes qui mènent à ce genre de situation, je pense.
Non, mais Névremon ne parlant que de son soi, de sa prison intérieure, je ne vois pas très bien pourquoi parler des facteurs "exogènes", contre lesquels, effectivement, on est impuissant...
Sélène-Nyx- Messages : 3842
Date d'inscription : 29/04/2012
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Hypothèse (donc débattable) : parce que les facteurs exogènes peuvent modifier notre équilibre intérieur, et nous pousser à changer? Je ne suis plus du tout le même depuis que j'ai un enfant à besoins spéciaux à charge (et ça me travaille bien plus que le confinement, honnêtement). Je ne serais plus jamais le même - en mieux et en moins bien. Je peux faire des efforts intérieurs pour corriger certains des aspects déplaisants qui sont apparus à ce moment là (il y en avait avant, rassurez-vous), mais on est jamais complètement isolés du monde extérieur.Sélène-Nyx a écrit:Godzilla a écrit:Comment s'est-on créé cette prison?
C'est pas uniquement des facteurs endogènes qui mènent à ce genre de situation, je pense.
Non, mais Névremon ne parlant que de son soi, de sa prison intérieure, je ne vois pas très bien pourquoi parler des facteurs "exogènes", contre lesquels, effectivement, on est impuissant...
RonaldMcDonald- Messages : 11615
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Age : 48
Localisation : loin de chez moi, dans un petit coin de paradis
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Névromon a écrit:Même à l'extérieur, le soleil, la lumière, ça me meurtrit, tant c'est en déphasage avec ce que je ressens intérieurement.
Ca s'appelle de la dépression ?
Zorglub_33- Messages : 253
Date d'inscription : 30/08/2017
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Sélène-Nyx : Je pense que si je parle surtout des facteurs endogènes, c'est parce que j'ai tendance à penser que ce qui m'arrive, c'est avant tout "de ma faute" quand c'est "négatif" et que je n'y suis pour rien/pas grand chose quand c'est "positif"...enfin, ça, c'est ce qui arrive par défaut, je fais parfois l'effort de me reprendre sur ce genre de choses-là. Je sais que j'ai un biais d'attribution de causalité.
Si je comprends bien, les facteurs exogènes, c'est tout ce qui m'est extérieur?
Pour répondre à Ronald : J'ai des stratégies de "coping", d'adaptation plus ou moins saines et fonctionnelles qui me prennent de l'énergie, cela pour me protéger de ce qui m'est extérieur (donc exogène)? Exemple : la tentation de la "comfort food", de manger des "trucs-doudou", ce qui va me soulager et me procurer du plaisir sur le moment, mais me faire culpabiliser rapidement ensuite et pourrait m'inciter à le faire encore plus si je me surveille pas.
Zorglub_33 : Alors selon ma médecin traitante, je ne suis pas en dépression, seulement vers celle-ci.
Pour ma part, je pense que j'ai un bon gros terrain dépressif, de par la génétique, mon passif (voir le message en "caché" adressé à astronaute)...et que j'ai jamais vraiment quitté la dépression : on se côtoie de près ou de loin depuis des années, voire depuis toujours, elle et moi.
Si je comprends bien, les facteurs exogènes, c'est tout ce qui m'est extérieur?
Pour répondre à Ronald : J'ai des stratégies de "coping", d'adaptation plus ou moins saines et fonctionnelles qui me prennent de l'énergie, cela pour me protéger de ce qui m'est extérieur (donc exogène)? Exemple : la tentation de la "comfort food", de manger des "trucs-doudou", ce qui va me soulager et me procurer du plaisir sur le moment, mais me faire culpabiliser rapidement ensuite et pourrait m'inciter à le faire encore plus si je me surveille pas.
Zorglub_33 : Alors selon ma médecin traitante, je ne suis pas en dépression, seulement vers celle-ci.
Pour ma part, je pense que j'ai un bon gros terrain dépressif, de par la génétique, mon passif (voir le message en "caché" adressé à astronaute)...et que j'ai jamais vraiment quitté la dépression : on se côtoie de près ou de loin depuis des années, voire depuis toujours, elle et moi.
Névromon- Messages : 1636
Date d'inscription : 29/12/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Pour simplifier les facteurs exogènes seront "la société" - par exemple tu n'es en rien responsable d'avoir des voisins très pénibles, et ça joue (beaucoup) sur ton état. Je mentionnais ça simplement par rapport aux gens - il y en a toujours sur des fils de ce genre - qui vont venir te dire "ah ben, t'as qu'à te remuer le derche"
Alors que tu n'es pas responsable de tout
(sinon, pour le pétard, c'était de l'humour. Ca peut effectivement aider, mais j'irais pas conseiller ça à quiconque, bien évidemment. C'est un choix perso)
Alors que tu n'es pas responsable de tout
(sinon, pour le pétard, c'était de l'humour. Ca peut effectivement aider, mais j'irais pas conseiller ça à quiconque, bien évidemment. C'est un choix perso)
Invité- Invité
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Merci, Godzilla (eeeeeet je n'aurais jamais cru écrire cette phrase un jour ) .
Ah beeeeen. Je pense que je pourrais pondre un pavé (aïe) sur ces facteurs exogènes, mais l'un d'entre eux, c'est clairement mon voisinage, qui se rappelle d'ailleurs délicatement à mes oreilles avec des cris suraigus et pleurs de bébé en écrivant ces lignes.
Tu sais, d'un côté, je suis un peu d'accord : oui, y'a des facteurs exogènes. Mais d'un autre côté, pour reprendre l'exemple du voisinage, c'est moi qui ai signé le bail, c'est moi qui ai choisi de venir y vivre, qui ai fait confiance à la bonne parole du propriétaire quand il m'a dit que ce serait calme, ce alors que le type ne pouvait pas parler sans gueuler : ça aurait dû être un indicateur du fait que notre niveau d'attentes en termes de silence différait quelque peu et du coup, oui, je m'en veux de pas m'être fiée à ce genre d'indices-là.
Cela dit, je peux rétorquer que j'étais sous de multiples pressions - notamment externes - et que ça faisait des mois que je cherchais, et que je sais donc pas si mon consentement et mon jugement ont été franchement éclairés.
Ça fait beaucoup de bien de te voir un peu battre en brèche ce discours du "Bouge-toi" culpabilisant pour moi qui suis bloquée pour raisons financières et psychiques, et également la question de la responsabilité. Parce que j'ai tendance à me charger la mule, après avoir passé le début de ma vie dans un environnement dans lequel on me pointait pas mal du doigt quoi qu'il arrive par moments, surtout dans le cadre de débordements de violence d'autrui à mon encontre.
Je te répondais sérieusement au sujet du pétard parce que dans le coin, c'est facile de s'en procurer, et que humour ou pas, je considère toujours sérieusement les options et suggestions que l'on me fait. Je ne l'ai pas mal pris et senti de malveillance au passage.
Ah beeeeen. Je pense que je pourrais pondre un pavé (aïe) sur ces facteurs exogènes, mais l'un d'entre eux, c'est clairement mon voisinage, qui se rappelle d'ailleurs délicatement à mes oreilles avec des cris suraigus et pleurs de bébé en écrivant ces lignes.
Tu sais, d'un côté, je suis un peu d'accord : oui, y'a des facteurs exogènes. Mais d'un autre côté, pour reprendre l'exemple du voisinage, c'est moi qui ai signé le bail, c'est moi qui ai choisi de venir y vivre, qui ai fait confiance à la bonne parole du propriétaire quand il m'a dit que ce serait calme, ce alors que le type ne pouvait pas parler sans gueuler : ça aurait dû être un indicateur du fait que notre niveau d'attentes en termes de silence différait quelque peu et du coup, oui, je m'en veux de pas m'être fiée à ce genre d'indices-là.
Cela dit, je peux rétorquer que j'étais sous de multiples pressions - notamment externes - et que ça faisait des mois que je cherchais, et que je sais donc pas si mon consentement et mon jugement ont été franchement éclairés.
Ça fait beaucoup de bien de te voir un peu battre en brèche ce discours du "Bouge-toi" culpabilisant pour moi qui suis bloquée pour raisons financières et psychiques, et également la question de la responsabilité. Parce que j'ai tendance à me charger la mule, après avoir passé le début de ma vie dans un environnement dans lequel on me pointait pas mal du doigt quoi qu'il arrive par moments, surtout dans le cadre de débordements de violence d'autrui à mon encontre.
Je te répondais sérieusement au sujet du pétard parce que dans le coin, c'est facile de s'en procurer, et que humour ou pas, je considère toujours sérieusement les options et suggestions que l'on me fait. Je ne l'ai pas mal pris et senti de malveillance au passage.
Névromon- Messages : 1636
Date d'inscription : 29/12/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Névromon a écrit:Archiloque : "Memento Mori", c'était pas le "yolo" antique? Je pensais pas que l'on pouvait se sentir aussi mal sans prison, en tout cas...j'ai tellement passé ma vie en ayant l'impression d'attendre que ça aille mieux, de prendre sur moi, de faire des efforts, de me faire passer après les autres malgré mes grandes déclarations (cf les choix de lieux de vie avec mon ex par cette dernière).
Hum, pas vraiment, en fait. D'une part parce que le YOLO (you only live once) est centré sur la vie ; la mort étant tabou dans notre société et non intégrée réellement par les individus, et consiste plutôt à faire des trucs complètement con ou risqué ; il n'y a qu'une vie, mais on ne lui donne pas de borne par YOLO, au contraire. Le memento mori antique est plus à rapprocher du carpe diem : cueillir le jour ; aussi profiter des choses simples car elles aussi auront une fin et n'auront pas place après le trépas. Le memento mori rappelle ainsi à l'opposé le terme et la nature finie de l'existence. Le premier se fonde ainsi sur la vie et l'inconscience absolue des limites, tandis que le second se réfère à la mort et au fait qu'elle arrivera bien assez tôt (rappelle-toi que tu es mortel est peut-être une traduction plus proche du sens que souviens-toi que tu vas mourir).
D'autre part, l'idée éventuellement légère de la locution a été annihilée par la christianisation de l'Europe et au moyen-âge et notamment dans l'art, puisque toute la morale se fonde sur l'au-delà, et le memento mori devient un rappel de la durée brève de l'existence terrestre (dans une société où la mort est tout aussi présente qu'à l'antiquité) et que c'est au terme de celle-ci que l'on sera jugé et qu'il faut donc se concilier aux commandements édictés par le dogme et ses représentants terrestres pour ne pas subir la damnation éternelle. Le thème est à la vanité : les plaisirs simples sont devenus des péchés et un aller-simple pour l'enfer. La vanité s'est se gonfler de ne rien avoir, mais elle porte son sens en son nom, elle signifie le vide. La vanité est une facette de l'orgueil, c'est un des péchés capitaux. Notre culture restant
Je ne crois pas à la vie après la mort. Aussi mon memento mori est assez différent de ceux-là, il est plus à rapprocher de celui des pirates, peut-être, c'est un ode à la vie, mais parce que la vie est éphémère et qu'elle aura un terme et que même les plus belles choses meurent et disparaissent. Et à notre échelle infinitésimale, il faudrait ne pas s'en rappeler quand il sera trop tard. On commence à mourir dès le jour de sa naissance, la vie et la mort sont deux choses indissociables.
C. Sagan a écrit:Nous sommes comme des papillons qui battent des ailes pendant un jour en pensant que c'est l'éternité.
Névromon a écrit:Archiloque, 2 : En allant me balader mardi au parc, j'ai ressenti très fort ce que tu décris quant au fait de se sentir comme un étranger. Quant à moi, je voyais les autres interagir, et ces échanges qui me semblaient interdits me blessaient. Juste échanger quelques mots bienveillants avec une personne inconnue, ça m'aurait fait tellement de bien, mais en même temps, je me sentais pas à ma place, et avoir traîné à côté d'un collège (le parc que je visais était à côté et c'était après l'heure des cours, j'y avais pas pensé) n'a pas aidé, ravivant les souvenirs et réactivant les peurs de harcèlement scolaire.
Tu me fais penser à un être très aérien qui a oublié qu'il avait des amarres pour s'ancrer plus près du sol et des autres. Mais tu le peux. Je sais pas comment, mais tu le peux.
Quant à moi, leurs échanges et interactions ne me blessent pas, qui serais-je pour les envier ou les juger ? Je suis différent mais en nul point meilleur. L'autre s'il en prenait conscience et échangeait, pourrait tout aussi facilement envier mon détachement que j'envierais ses liens (encore un mot à la polysémie fascinante). Mais la réminiscence des blessures du passé est un facteur explicatif que je respecte tout à fait. Je suis très détaché aussi vis à vis de mon passé, ce que d'aucun appellent l'enfant intérieur, je n'ai point.
Et en effet, peut-être que retrouver ces amarres serait une nécessité, mais je n'ai pas l'amorce d'une piste de réponse à cela. J'ai appris à vivre avec un syndrome dépressif (que je suis le premier à sous-estimer) depuis bientôt vingt-cinq ans ; c'est devenu une forme de norme pour moi et qui retrouve ses racines, comme toi, dans l'enfance et l'adolescence. Donc le travail consisterait à réapprendre que ce n'est pas la norme, et donc aller à l'encontre de tous mes biais de confirmation, c'est plus simple à exprimer qu'à faire.
Archiloque- Messages : 1665
Date d'inscription : 22/09/2020
Localisation : Les terres
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
J'ai fait une licence Humanités, et tu viens de m'apprendre en quelques lignes une notion importante de culture antique qui n'était pas rentrée en deux années. Merci.
(je rapproche un peu cette notion de rapport à la vie et à la mort des pirates de celui des vikings, en un sens, même si les seconds étaient théistes, mais je sens la comparaison vague et bancale, en-dehors d'une espèce de pulsion de vie que j'imagine sauvage, relativement débridée et libérée plus souvent qu'en d'autres groupes sociaux, tout en "donnant du libre-arbitre" : il me semble que les vikings ne se soumettaient pas vraiment à des toutes puissances divines, alors que ce côté de courber l'échine, je le sens très fortement dans le christianisme européen médiéval)
Pourquoi et comment ça se fait que tu n'aies pas d'enfant intérieur?
Je crois que les biais de confirmation, la seule façon de les fragiliser et de les enrayer, c'est de les faire mentir à plusieurs reprises (je les vois comme des engrenages, d'une machine. On oublie pourtant que si il y a cercle vicieux, il suffit de gommer une infime partie de ce dernier pour que les choses "négatives" qu'il achemine, telles le courant électrique, cessent de circuler. Cela avant de trouver de quoi injecter dans le cercle en remplacement et prendre son temps avant d'en reconnecter les bouts gommés plus tôt).
La dépression, ça me semble souvent avoir des causes lointaines. Je pense même que plutôt que de terrain, on devrait parler de terreau dépressif.
(je rapproche un peu cette notion de rapport à la vie et à la mort des pirates de celui des vikings, en un sens, même si les seconds étaient théistes, mais je sens la comparaison vague et bancale, en-dehors d'une espèce de pulsion de vie que j'imagine sauvage, relativement débridée et libérée plus souvent qu'en d'autres groupes sociaux, tout en "donnant du libre-arbitre" : il me semble que les vikings ne se soumettaient pas vraiment à des toutes puissances divines, alors que ce côté de courber l'échine, je le sens très fortement dans le christianisme européen médiéval)
Pourquoi et comment ça se fait que tu n'aies pas d'enfant intérieur?
Je crois que les biais de confirmation, la seule façon de les fragiliser et de les enrayer, c'est de les faire mentir à plusieurs reprises (je les vois comme des engrenages, d'une machine. On oublie pourtant que si il y a cercle vicieux, il suffit de gommer une infime partie de ce dernier pour que les choses "négatives" qu'il achemine, telles le courant électrique, cessent de circuler. Cela avant de trouver de quoi injecter dans le cercle en remplacement et prendre son temps avant d'en reconnecter les bouts gommés plus tôt).
La dépression, ça me semble souvent avoir des causes lointaines. Je pense même que plutôt que de terrain, on devrait parler de terreau dépressif.
Névromon- Messages : 1636
Date d'inscription : 29/12/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Pour le HS :
Il est compliqué de répondre pour les vikings parce qu'il y a plusieurs époques et ils ont aussi connu la christianisation sur la fin ce qui a emmené à un changement des valeurs entre l'arrivée des hommes du nord sur les côtes anglosaxonnes et normandes et l'établissement des royaumes chrétiens scandinaves.
L'histoire n'est pas une science exacte car si elle repose sur le fait, elle est plus encore affectée par l'interprétation de ceux-ci, voire l'altération (consciente ou non) de celle-ci. Ainsi les actions des vikings par la lecture chrétienne et franque a été longtemps très noircie, voire diabolisée, de la même façon que les Lumières ou les historiens du XIXe siècle ont pu noircir la société du Moyen-Âge ; ce n'est pas toujours évident de démêler le vrai du faux et c'est tout autant complexe de lire les faits du passé en s'abstenant de notre vision contemporaine.
Les polythéismes païens ont été ainsi diabolisés, c'est assez étrange puisqu'on leur donnait ainsi une consistance, celle du démon, alors que le message initial souhaité était plutôt de dire qu'ils n'existaient pas. Les dieux païens ont une naissance et une mort, ils ne sont pas omniscients ou omnipotents et peuvent de ce fait laisser plus de place à ce que l'on nommerait libre-arbitre. Ce qui a conduit d'ailleurs à cette diabolisation, la libre pensée reste un danger pour une autorité en place. Sans aborder la notion de réalité ou non du théos, qui doit être propre à chacun, disons que le monothéisme, dans ses dogmes et sa construction, définit tout le cadre vital et moral, et par la nature même de ses dirigeants (l'appel du pouvoir, la voie des ambitieux aux dents longues) s'impose à tous ses contestataires et ses peuples, une fois installé (cf. divinisation de l'Empire romain). Le dieu des chrétiens est arrivé chez les vikings, comme un autre dieu parmi d'autre, puis on a fait dire qu'il était le seul vrai. Les autres ont été rattaché à Lucifer ou, quant leur image était trop positive dans les populations, on en a fait des saints. Ceux qui ne se soumettaient pas étaient hérétiques et étaient jugés comme tels.
L'enfant intérieur. C'est compliqué, peut-être que je suis trop différent de cet enfant et que je ne suis plus apte à comprendre qui il était.
Il est compliqué de répondre pour les vikings parce qu'il y a plusieurs époques et ils ont aussi connu la christianisation sur la fin ce qui a emmené à un changement des valeurs entre l'arrivée des hommes du nord sur les côtes anglosaxonnes et normandes et l'établissement des royaumes chrétiens scandinaves.
L'histoire n'est pas une science exacte car si elle repose sur le fait, elle est plus encore affectée par l'interprétation de ceux-ci, voire l'altération (consciente ou non) de celle-ci. Ainsi les actions des vikings par la lecture chrétienne et franque a été longtemps très noircie, voire diabolisée, de la même façon que les Lumières ou les historiens du XIXe siècle ont pu noircir la société du Moyen-Âge ; ce n'est pas toujours évident de démêler le vrai du faux et c'est tout autant complexe de lire les faits du passé en s'abstenant de notre vision contemporaine.
Les polythéismes païens ont été ainsi diabolisés, c'est assez étrange puisqu'on leur donnait ainsi une consistance, celle du démon, alors que le message initial souhaité était plutôt de dire qu'ils n'existaient pas. Les dieux païens ont une naissance et une mort, ils ne sont pas omniscients ou omnipotents et peuvent de ce fait laisser plus de place à ce que l'on nommerait libre-arbitre. Ce qui a conduit d'ailleurs à cette diabolisation, la libre pensée reste un danger pour une autorité en place. Sans aborder la notion de réalité ou non du théos, qui doit être propre à chacun, disons que le monothéisme, dans ses dogmes et sa construction, définit tout le cadre vital et moral, et par la nature même de ses dirigeants (l'appel du pouvoir, la voie des ambitieux aux dents longues) s'impose à tous ses contestataires et ses peuples, une fois installé (cf. divinisation de l'Empire romain). Le dieu des chrétiens est arrivé chez les vikings, comme un autre dieu parmi d'autre, puis on a fait dire qu'il était le seul vrai. Les autres ont été rattaché à Lucifer ou, quant leur image était trop positive dans les populations, on en a fait des saints. Ceux qui ne se soumettaient pas étaient hérétiques et étaient jugés comme tels.
L'enfant intérieur. C'est compliqué, peut-être que je suis trop différent de cet enfant et que je ne suis plus apte à comprendre qui il était.
Archiloque- Messages : 1665
Date d'inscription : 22/09/2020
Localisation : Les terres
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Ce qui me gonfle au sujet des Lumières, c'est comment on les idéalise : je trouve qu'ils pèsent parfois comme une chape de plomb sur la pensée philosophique actuelle, et ils sont utilisés comme argument d'autorité, ce qui me gonfle. Je me soucie peu de savoir qui a dit quoi en un sens, des "grands hommes", mais les idées m'intéressent plus. Et si c'est Mme Bertieu la boulangère qui me sortait un truc qui me semblait nouveau et intéressant, je le préférerais à une hypothétique Compilation de la pensée des plus grands philosophes.
Cependant, j'aime bien savoir qui a dit quoi, pourquoi, dans quel contexte, et m'intéresse également à l'histoire contrefactuelle ! T'en penses quoi, toi, de ça? De cette discipline (si on peut l'appeler ainsi)?
Du coup, je me demande ce qu'aurait donné une chrétienté non utilisée comme mode de contrôle "des masses laborieuses et moins laborieuses". Aurait-elle plus mis en avant des notions de libre-arbitre? Qu'en penseraient les gens à la fois communistes et catholiques, par exemple? Voire des anarchistes catholiques?
Il me semble que l'Empire romain, quand il était polythéiste, était quand même beaucoup plus pragmatique et détendu du slip que quand il s'est christianisé, non?
Mon enfant intérieur, je l'ai gardé, tout comme l'ado'. Je sais pas si j'ai un adulte intérieur, tant ça m'est arrivé jusqu'à tard de me dire "Ouaaaaah, je fais trop des trucs d'adulte : je conduis une voiture et je vais travailler pour gagner mon propre argent ! *o* ".
Cependant, j'aime bien savoir qui a dit quoi, pourquoi, dans quel contexte, et m'intéresse également à l'histoire contrefactuelle ! T'en penses quoi, toi, de ça? De cette discipline (si on peut l'appeler ainsi)?
Du coup, je me demande ce qu'aurait donné une chrétienté non utilisée comme mode de contrôle "des masses laborieuses et moins laborieuses". Aurait-elle plus mis en avant des notions de libre-arbitre? Qu'en penseraient les gens à la fois communistes et catholiques, par exemple? Voire des anarchistes catholiques?
Il me semble que l'Empire romain, quand il était polythéiste, était quand même beaucoup plus pragmatique et détendu du slip que quand il s'est christianisé, non?
Mon enfant intérieur, je l'ai gardé, tout comme l'ado'. Je sais pas si j'ai un adulte intérieur, tant ça m'est arrivé jusqu'à tard de me dire "Ouaaaaah, je fais trop des trucs d'adulte : je conduis une voiture et je vais travailler pour gagner mon propre argent ! *o* ".
Névromon- Messages : 1636
Date d'inscription : 29/12/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
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Dernière édition par astronaute le Jeu 1 Avr 2021 - 21:35, édité 3 fois
astronaute- Messages : 461
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Localisation : Saturne
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Cioran a écrit : "Être, c'est être coincé."
infp- Messages : 173
Date d'inscription : 23/01/2021
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
- HS Philo et religion :
- Névromon a écrit:Ce qui me gonfle au sujet des Lumières, c'est comment on les idéalise : je trouve qu'ils pèsent parfois comme une chape de plomb sur la pensée philosophique actuelle, et ils sont utilisés comme argument d'autorité, ce qui me gonfle. Je me soucie peu de savoir qui a dit quoi en un sens, des "grands hommes", mais les idées m'intéressent plus. Et si c'est Mme Bertieu la boulangère qui me sortait un truc qui me semblait nouveau et intéressant, je le préférerais à une hypothétique Compilation de la pensée des plus grands philosophes.
Cependant, j'aime bien savoir qui a dit quoi, pourquoi, dans quel contexte, et m'intéresse également à l'histoire contrefactuelle ! T'en penses quoi, toi, de ça? De cette discipline (si on peut l'appeler ainsi)?
De grands oui ! Pour moi c'est toujours plus essentiel de comprendre que de savoir ; et c'est pourquoi je n'ai pas fait historien ou prof d'histoire, ni même que j'ai poursuivi l'histoire de l'art au delà de la licence. Mais cela demande beaucoup de recul et savoir adopter une posture neutre puisqu'on doit aussi aborder des questions ou problématiques qui nous sont contraires voire odieuses du même regard. Et l'histoire est beaucoup trop politique, parce que c'est toujours un enjeu du roman national, c'est à dire ce qui permet de faire coïncider l'idée de la patrie à celle de la nation et inscrire le peuple qui la connaît (plus ou moins, suffit de lire les perles du bac) au sein d'une même idée artificielle. Les faits sont là après pour sourcer, étayer ou ébranler une hypothèse ou une proposition faite ; on ne peut pas abandonner un regard critique quand on lit un livre historique ou sociétal en omettant l'idée que l'auteur défend aussi une thèse. Même, et surtout dirai-je, si elle nous plaît.
Je ne connaissais pas le terme, merci. Cela s'approche de l'uchronie, c'est un exercice que j'ai déjà pratiqué, j'avais eu projet d'un almanach de "et si, telle date et telle année…", mais vu la personne avec qui j'avais engagé ce projet, ça ne pouvait pas le faire. C'est dans les tiroirs et je n'ai pas forcément pour projet de m'y remettre plus tard même quand ça ira mieux, j'ai des écrits et des envies d'expression qui me tiennent bien plus à cœur.Névromon a écrit:Du coup, je me demande ce qu'aurait donné une chrétienté non utilisée comme mode de contrôle "des masses laborieuses et moins laborieuses". Aurait-elle plus mis en avant des notions de libre-arbitre? Qu'en penseraient les gens à la fois communistes et catholiques, par exemple? Voire des anarchistes catholiques?
Cela me semble une utopie, de la même façon que le sont les sociétés communistes car elles négligent la nature de l'homme et la puissance corruptrice du pouvoir, comme de ceux qui s'y portent. Encore une fois, ce n'est pas le culte et la foi que je questionne, le besoin de réponse est parfois une nécessité, mais bien le dogme et ses institutions. L'idée première du christianisme est d'ailleurs assez proche du communisme dans cette notion de partage et d'échange et de rejet de la richesse matérielle, mais les papes & les évêques, comme les secrétaires généraux du parti, viv(ai)ent dans le luxe et l'opulence. Je ne pense pas que le problème repose sur l'idéal en soi, mais sur son irréalisabilité, parce que l'humain n'est pas cet être parfait et ne le sera, selon toute probabilité, jamais. Comme pour l'histoire, l'idéal est essentiel, mais tout autant il convient de le considérer avec un certain recul.Névromon a écrit:Il me semble que l'Empire romain, quand il était polythéiste, était quand même beaucoup plus pragmatique et détendu du slip que quand il s'est christianisé, non?
Je ne sais pas, je ne pense pas. Plus libéral en terme moral, certainement, mais à part ça. Il était expansionniste et très centralisé, il reposait aussi énormément sur une économie de l'esclavage, je ne considère pas cela comme des signes d'ouverture et d'altruisme. Encore une fois, il faut peser le poids de notre culture dans cette lecture, cette aura, l'Empire l'a aussi beaucoup gagné à partir du XIIe siècle en étant placé en opposition aux âges sombres des premières parties du Moyen-Âge ce qui aboutira à la Renaissance. Parce que l'Empire incarnait aussi l'unité de l'État (plus que Charlemagne puisque les Francs partageaient leur royaume entre fils), c'était un modèle à suivre, Rome renvoyait aussi à la papauté ce qui validait l'origine divine et donc non opposable de l'unité d'un pays : rois de France de droit divin, rois (très) catholiques d'Espagne, Saint-Empire romain-germanique, etc. Cela ancrait aussi ces royaumes dans une historicité qui ne leur appartenaient pas (cf. tsars russes, cette fois (tsar = césar)). L'Antiquité classique a été beaucoup idéalisée à cet égard, et dans cette perspective, le modèle romain avait ses saveurs et utilités, on a d'ailleurs adopté le terme d'Humanités pour l'enseignement du grec et du latin.
Hum. Je n'ai pas forcément de moi adulte non plus…
Archiloque- Messages : 1665
Date d'inscription : 22/09/2020
Localisation : Les terres
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Edit : Fautes d'orthographe.
Névromon- Messages : 1636
Date d'inscription : 29/12/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Syme : J'ai du mal à suivre, tu t'adresses à qui et quel est ton propos?
Névromon- Messages : 1636
Date d'inscription : 29/12/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
A mon avis, Syme commente et dénigre l'entier du sujet et des intervenants, "à la Thiala".
C'est juste mon avis.
C'est juste mon avis.
Topsy Turvy- Messages : 8347
Date d'inscription : 10/01/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Si c'est ça, ça ne me semble ni juste, ni étayé, ni bienveillant, ni sain. Mais je laisse un peu le bénéfice du doute, si jamais elle/il veut expliquer.
Névromon- Messages : 1636
Date d'inscription : 29/12/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Bah un des trolls de zc...
Chuna- Messages : 22222
Date d'inscription : 31/12/2014
Age : 43
Localisation : Landes
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Névromon a écrit:Si c'est ça, ça ne me semble ni juste, ni étayé, ni bienveillant, ni sain. Mais je laisse un peu le bénéfice du doute, si jamais elle/il veut expliquer.
Pas grand chose à expliquer sur une telle base j'en ai bien peur. Corbeille.
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Je maintiens mon pari sur Thiala-whatever (et ce malgré l'erreur de frappe du message en question).
Topsy Turvy- Messages : 8347
Date d'inscription : 10/01/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Pour rebondir sur le long message d'Astronaute, et avoir bien lu les tiens : garde confiance. Tu es jeune, et avec le recul qui est le mien maintenant, je peux t'affirmer que d'une part on se construit tout au long de sa vie, et que d'autre part il y a toujours des choix qui s'offrent à nous. Tu vis une période difficile suite à ta séparation et tu es actuellement dans un environnement plutôt hostile. Ce n'est que temporaire : avec le temps tu vas faire le deuil de cette rupture, et tu peux choisir de déménager. Pour le boulot, je te souhaite d'en retrouver un rapidement, parce que se lever le matin, faire des efforts de toilette, parler à des gens, ça aide bien. Ensuite : déculpabilise : c'est normal d'être triste et perturbé.e dans ces conditions, d'autant qu'on sort d'une année éprouvante, et que la nouvelle année est déjà bien entamée et pas plus rigolote que la précédente. Pour autant, essaie de ne pas t'enfoncer dans la déprime. Je n'ai pas de conseils à te donner car je ne te connais pas assez, mais je vais te raconter un truc qui m'a fait du bien l'an dernier, lors du premier confinement : je m'étais trouvé un circuit à faire à pied autour de chez moi, dans la limite de l'heure et du kilomètre autorisés, et mon challenge quotidien était d'y trouver 3 photos à faire, pour les poster ensuite sur facebook. C'était une heure de pleine liberté, d'ouverture à l'espace autour de moi, à ouvrir grand les yeux - et oublier ce foutu confinement. A toi de trouver ce qui te donnera ta petite bouffée d'endorphines quotidienne, c'est toujours un bon début pour remonter la pente. Bon courage !
Zorglub_33- Messages : 253
Date d'inscription : 30/08/2017
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
(bon, merci et d'accord pour la modération)
Zorglub_33 : Je vais essayer. C'est juste que sous une pluie d'obus, c'est difficile de se projeter, quand on se sent émotionnellement autant en danger et que l'on n'a pas d'idée précise de quand le bruit, pour la journée, soirée, nuit, va se terminer, et à plus long terme, quand est-ce que l'on pourra déménager pour un lieu plus calme et je dois dire...mieux choisi !
(Ce truc des trois photos, il me dit quelque chose, peut-être lu sur un autre forum)
Peut-être devrais-je sortir un peu plus souvent, en tout cas, en effet, mais je dois dire que je dois pas mal me pousser pour cela.
Au sujet du boulot, parfois, j'envisage même de retravailler pour "me changer les idées" (et je trouve savoureux en un sens, en termes d'absurdité). Mais je suis pas sûre d'avoir les épaules pour retravailler, honnêtement, après mon burn-out de cet été. Si je cherche, en tout cas, je crois que je vais mettre du fond de teint pour masquer mes cernes ! x)
(merci, en tout cas, se savoir lue, avoir des encouragements et conseils, ça aide)
Zorglub_33 : Je vais essayer. C'est juste que sous une pluie d'obus, c'est difficile de se projeter, quand on se sent émotionnellement autant en danger et que l'on n'a pas d'idée précise de quand le bruit, pour la journée, soirée, nuit, va se terminer, et à plus long terme, quand est-ce que l'on pourra déménager pour un lieu plus calme et je dois dire...mieux choisi !
(Ce truc des trois photos, il me dit quelque chose, peut-être lu sur un autre forum)
Peut-être devrais-je sortir un peu plus souvent, en tout cas, en effet, mais je dois dire que je dois pas mal me pousser pour cela.
Au sujet du boulot, parfois, j'envisage même de retravailler pour "me changer les idées" (et je trouve savoureux en un sens, en termes d'absurdité). Mais je suis pas sûre d'avoir les épaules pour retravailler, honnêtement, après mon burn-out de cet été. Si je cherche, en tout cas, je crois que je vais mettre du fond de teint pour masquer mes cernes ! x)
(merci, en tout cas, se savoir lue, avoir des encouragements et conseils, ça aide)
Névromon- Messages : 1636
Date d'inscription : 29/12/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Et si t’es apte physiquement à faire du sport, ou disons de l’activité physique, peu importe laquelle, ça peut être marcher à bonne allure comme faire des squats ou des pompes, ou même tenter de gagner en mobilités en t’étirant, fais-en, fixe-toi un objectif ou non, ça te fera du bien, et tu n’en seras que mieux.
Je dis ça en tant que type qui, comme je l’ai déjà dit, a été très sportif durant de longues années et qui a subi une dégradation lente de son état pour ne plus pouvoir en faire comme il veut, voire ne plus pouvoir en faire tout court. J’en suis à avoir des douleurs et gènes à la marche à un jeune âge. Et je peux te dire que j’ai vu maintes personnes du corps médical et paramédical pour... balpeau jusqu’à l’heure actuelle. Rendez-vous avec un algologue bientôt, d’ailleurs.
Fais-en tant que tu peux, de l’exercice, en somme, et régulièrement idéalement — ok, on n’en est pas encore là. Je n'irai pas te dire d’en faire à ma place, mais presque ! Je pourrai comprendre que si tu n’as pas la culture du sport, ça puisse ne pas te paraître aussi intéressant pour te changer les idées et te faire un choute d’hormones, ni aussi facile d’avoir la motivation, la volonté, que pour — un type comme — moi.
Courage en tout cas.
Je dis ça en tant que type qui, comme je l’ai déjà dit, a été très sportif durant de longues années et qui a subi une dégradation lente de son état pour ne plus pouvoir en faire comme il veut, voire ne plus pouvoir en faire tout court. J’en suis à avoir des douleurs et gènes à la marche à un jeune âge. Et je peux te dire que j’ai vu maintes personnes du corps médical et paramédical pour... balpeau jusqu’à l’heure actuelle. Rendez-vous avec un algologue bientôt, d’ailleurs.
Fais-en tant que tu peux, de l’exercice, en somme, et régulièrement idéalement — ok, on n’en est pas encore là. Je n'irai pas te dire d’en faire à ma place, mais presque ! Je pourrai comprendre que si tu n’as pas la culture du sport, ça puisse ne pas te paraître aussi intéressant pour te changer les idées et te faire un choute d’hormones, ni aussi facile d’avoir la motivation, la volonté, que pour — un type comme — moi.
Courage en tout cas.
Ennaétéride- Messages : 1751
Date d'inscription : 20/01/2021
Localisation : dans l’idéal d’une oreille éléphantine, hamac indolore
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
J'y suis apte, mais comme je peux pas trop faire de trucs intenses, puisque ma faculté à récupérer est amoindrie à cause du fait de ne pas pouvoir me coucher tôt et de l'anxiété impactant la qualité du sommeil même lorsque très rarement, j'y parviens.
J'ai déjà un objectif quotidien (que j'arrive à atteindre un jour sur deux), et un objectif à jours fixes, que je remplis parfois. Mon truc, c'était plus la natation (pas en haut niveau du tout, hein, je pense qu'en termes techniques, c'était pas trop ça x) ), deux à trois fois par semaine un kilomètre.
Merci.
J'ai déjà un objectif quotidien (que j'arrive à atteindre un jour sur deux), et un objectif à jours fixes, que je remplis parfois. Mon truc, c'était plus la natation (pas en haut niveau du tout, hein, je pense qu'en termes techniques, c'était pas trop ça x) ), deux à trois fois par semaine un kilomètre.
Merci.
Névromon- Messages : 1636
Date d'inscription : 29/12/2020
Re: Se sentir en prison en soi-même et dans le monde
Névromon a écrit:J'y suis apte, mais comme je peux pas trop faire de trucs intenses, puisque ma faculté à récupérer est amoindrie à cause du fait de ne pas pouvoir me coucher tôt et de l'anxiété impactant la qualité du sommeil même lorsque très rarement, j'y parviens.
Bien. Je ne parlais pas forcément de sport intense.
La récupération, c’est important, tu as raison. Cependant, pour éprouver sa capacité de récupération, il faut faire en sorte d’avoir une activité qui la nécessite. Et l’on est parfois étonné de ce que le corps peut faire.
Sans faire le fou à faire n’importe quoi n’importe comment du jour au lendemain. Peut-être que certains exercices relativement nouveaux pourraient t’être bénéfiques, à divers égards, en y allant doucement et surtout progressivement. La progressivité, d’autant plus lorsqu’on récupère mal, c’est l’essentiel. Et tu peux aller loin, ainsi — même si ton but n’est pas de t’aligner 500 tractions d’affilée, j’imagine. L’année passée j’ai fait ça pour les squats (moi, j’aime mieux avoir des appuis solides et galbés qu’un énorme tronc posé sur deux baguettes). Je récupérais mal, dormais mal, avais déjà énormément de soucis comme actuellement. Je te donne mon exemple sans détailler, juste pour te montrer que c’est possible avec une certaine progressivité, et régularité, d’aller là où l’on ne se pensait pas capable d’aller. J’ai commencé avec 5 séries de 20 trois fois par semaine pour finir par pouvoir en aligner 1100 d’affilée (environ 45 minutes, non-stop ou presque), et cela en 4 mois. Et j’ai par la même occasion gagné en mobilité. Bénéfice corolaire intéressant.
Enfin, j’enfonce des portes ouvertes. Mais si ça peut te motiver...
Ennaétéride- Messages : 1751
Date d'inscription : 20/01/2021
Localisation : dans l’idéal d’une oreille éléphantine, hamac indolore
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