Monde intérieur étouffé

Coucou vous,

Je vous écris en espérant trouver quelques pistes avec vous.
Alors voilà, j'ai toujours été très sensible (sans blague) et plutôt déprimée, isolée. Il y a un peu plus d'un an j'ai eu un déclic et j'ai travaillé sur moi en me trouvant étonnamment forte et rapide. Mon entourage a vu cette évolution et en est fier, je vis bien plus sereinement mon rapport à moi et aux autres (il reste des zones d'ombres bien-sûr, mais ce n'est rien comparé à ce que c'était). Me voilà, plutôt sereine donc, avec dans ma valise des clés de développement personnel et de psychologie. Je me suis instaurée une bonne routine, elle me parle et fait surtout sens au plus profond de moi. J'ai cessé de me lamenter et de choisir la passivité face à la vie, j'ai un certain contrôle sur mon cerveau et mon corps, je me les suis réappropriés en arrêtant de me dire que l'univers les avait choisis pour moi. Je précise que cette routine fait sens parce que je souhaite faire comprendre que je ne l'ai pas faite par un acte désespéré, sans qu'elle fasse résonner quelque chose en moi ou pour suivre un programme impersonnel, ça a été un cheminement théorique certes, mais aussi personnel et sensé.
Sauf que depuis quelques mois, j'ai l'impression de chercher de plus en plus le contrôle. Il me semble que c'était assez inévitable sachant que c'est ce qui m'a "sauvée". J'ai de moins en moins accès à mon monde intérieur, mes émotions et sentiments. Je n'arrive plus à écrire à son sujet, je suis bloquée. Mon vocabulaire des émotions s'est restreint. Actuellement je vis une séparation et je sens qu'il y a plein de choses en moi, mais impossible de les analyser, d'en faire quelque chose, je suis bloquée.

Ça vous est arrivé ? Ça vous parle ?

Au plaisir de vous lire.

J'ai vécu un peu ce phénomène il y a quelques mois. Je constatais que je ne partais plus dans mes yoyos habituels... trouvant ça étrange et perturbant.
Comme si peut être, à force de s'étudier, de comprendre nos émotions et leurs évolutions, on finit par en obstruer la perception ?
Je me demande si ce n'est pas le calme avant la tempête.

Perso quand je veux faire péter la carapace, je me prends une cuite, et j'écoute certaines musiques à fond
Jusqu'à en chialer.

Pas certaine que ce soit l'idéal hein

Bimbang a écrit:J'ai vécu un peu ce phénomène il y a quelques mois. Je constatais que je ne partais plus dans mes yoyos habituels... trouvant ça étrange et perturbant.
Comme si peut être, à force de s'étudier, de comprendre nos émotions et leurs évolutions, on finit par en obstruer la perception ?
Je me demande si ce n'est pas le calme avant la tempête.

Perso quand je veux faire péter la carapace, je me prends une cuite, et j'écoute certaines musiques à fond
Jusqu'à en chialer.

Pas certaine que ce soit l'idéal hein

Ooh alors déjà c'est rassurant, et quand j'ai lu "quand je veux faire péter la carapace" j'ai eu un espoir mais non je n'arrive même pas à pleurer. C'est monté un peu tout à l'heure mais ça bloque aussi
En tout cas merci pour ta réponse.

Qu'est ce qui t'émeut d'habitude ?
Tu peux essayer des vieux souvenirs ?

Mais faut voir peut être avant ce qui déclenche ce truc. Tu sais que tu vas morfler, alors tu blindes ?
Ou tu ne veux pas explorer ton intérieur parce que ta raison a décidé un truc que tu n'aurais pas fait si tu avais perçu tes émotions ?

Dans le deuxième cas, ça m'inquiéterait, pour ce qui me concerne.

Le cheminement pour se reconnecter à soi passe ncéssairement par des extrêmes - de manière générale, trouver un équilibre passe nécéssairement par leur détermination. Il ne me paraît pas illogique que tu en arrives à ce stade de développement. Mh. Tout est un peu lent c'est vrai, et les efforts c'est pas toujours agréable. Mais ! Mais... l'objectif en vaut la peine ?

Il n'y a rien de plus satisfaisant, agréable, apaisant que d'être pleinement soi, dans ses émotions dans ses envies dans ses désirs... en tout cas, personnellement, dès que j'en ai l'occasion, je me vautre dans mon moi brut tel celle qui trouve enfin la gourde après un périple déprimant dans le désert.

Ecouragements non solutionnant... enfin. Ca aura la valeur que tu consentiras à accorder.

Coucou,

je prends le train en marche, avec les risques que cela comporte

Je ne sais pas si cela est rassurant mais je crois que je vis cette situation (contrôle --> + de stabilité --> verrouillage) depuis un paquet d'années, en aller-retour entre des périodes où je me sens vivre, où les émotions affluent, où ça grouille ! avec ce que ça a de magnifique et d'horrible selon les instants de vie, version montagnes russes entre les sommets et les gouffres, avec des basculements parfois si rapides que ça les rend difficiles à anticiper pour en limiter les dégâts, mais au moins il y a de la lumière dans la maison !!! ; et d'autres en mode calme-plaaaaaat, auto-route, auto-pilote et vie quasi aseptisée, ressentis ultra diffus, où je me sens d'une grande froideur ! ... mais estime de soi qui n'est pas 20 mille lieux sous la terre et qui permet d'aborder un paquet de situations (un peu plus) sereinement et de construire un certain nombre de chose dans sa vie !

Je me demande si il est possible de ne pas rester bloqué pendant des plombent dans un mode ou (exclusif) dans l'autre, mais d'apprendre à basculer de l'un à l'autre, selon les situations/les moments de vie - à ma guise ! pour reprendre les mots de Jean Rochefort . Certain.e.s diront probablement que je veux le beurre et l'argent, mais je me dis que si on arrive à basculer de l'un à l'autre à force de "travail" on doit peut-être pouvoir passer à l'étape supérieure  

Quand on veut garder le contrôle, on bloque justement ses émotions, sans les laisser s'exprimer ici et maintenant, provoquant alors, vous savez comme si vous ouvriez le robinet fort, et que vous tentiez de mettre votre pouce pour bloquer l'eau - ça finira pas déborder dans tous les sens.
Les émotions on ne peut pas les arrêter - tout comme l'eau.
On peut simplement apprendre à les gérer, canaliser, mais pas les supprimer - comme lorsque l'on construit un pont pour mieux faire circuler le ruisseau.

Là où est votre problème, réside justement la solution.

Pour un zèbre, il est normal de vouloir contrôler ce trop-plein d'énergie. Parfois ça marche, mais on en devient psycho-rigide, ça nous a servi à court terme pour effacer une blessure, mais sur le long terme ça finira par pourrir la vie.

Après ma première rupture, j'ai tenté aussi cette méthode de verrouillage. En rencontrant des personnes formidables pouvant exprimer leurs émotions avec aisance, j'ai décidé de changer. Je me suis rendu compte être une personne hautement sensible, pouvant exprimer mes sentiments aussi, ce qui me rend plus agréable auprès de mon entourage.

Dans ma famille, nous n'avons jamais autorisé l'expression, la communication des sentiments. Par peur que cela soit pris pour de la faiblesse, du jugement des autres. Mais les exprimer fera au contraire de vous une personne forte. Il faut de la force et du courage pour exprimer vraiment ses sentiments par des mots, émotions, gestuels, sans honte. Et on s'en sent libéré, par principe cathartique. Notre société ne nous a pas enseigné cette méthode lorsque nous étions enfant, pour ne pas tolérer l'anarchie, l'expression singulière ou le débordement, le débat est ouvert - je finirais simplement par dire qu'on ne peut pas restreindre une chose naturelle ou appartenant à la nature.

Bien à vous,