Non TSA: que faut-il éviter de dire/faire avec une personne ayant un TSA ?
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Monsieur Pinpin
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Non TSA: que faut-il éviter de dire/faire avec une personne ayant un TSA ?
Bonjour (je suis sans TSA pour autant que je sache),
J'ai eu il y a quelques temps un échange par mail avec une personne dans lequel j'ai utilisé de l'humour ironique. Elle m'a répondu qu'elle ne comprenait pas ce type d'humour car elle est autiste et m'a demandé ce que je voulais dire.
N'ayant pas de TSA pourriez-vous s'il vous plaît m'expliquer ce qu'il faut éviter de dire ou faire avec une personne ayant un TSA ? Et ce qu'il serait plutôt bien de dire ou faire ? Il est bien evident que le respect est de mise, mais ça c'est avec toute personne.
J'ai eu il y a quelques temps un échange par mail avec une personne dans lequel j'ai utilisé de l'humour ironique. Elle m'a répondu qu'elle ne comprenait pas ce type d'humour car elle est autiste et m'a demandé ce que je voulais dire.
N'ayant pas de TSA pourriez-vous s'il vous plaît m'expliquer ce qu'il faut éviter de dire ou faire avec une personne ayant un TSA ? Et ce qu'il serait plutôt bien de dire ou faire ? Il est bien evident que le respect est de mise, mais ça c'est avec toute personne.
Chmike- Messages : 101
Date d'inscription : 17/03/2023
Age : 61
Localisation : Marseille
Re: Non TSA: que faut-il éviter de dire/faire avec une personne ayant un TSA ?
Bonjour Chmike. Il n'y a pas de "recette" typique pour communiquer avec une personne avec TSA... TSA signifiant "Troubles du spectre autistique", et le mot à retenir est "spectre". Il n'y a pas deux TSA identiques. De plus, l'age et l'expérience de la personne va beaucoup jouer, les personnes TSA ayant tendance à s'adapter avec le temps au point que leur particularités peuvent devenir quasiment indétectables "de l’extérieur".
Bien sûr, certains traits reviennent assez fréquemment au sein de la population TSA, mais ils s'exprimeront très différemment selon la personnalité et le vécu... Il est donc un peu vain de donner un "mode d'emploi" général.
Le mieux est de se comporter comme avec n'importe qui en fait... (les TSA sont des humains, pas des trucs étranges d'un autre monde ^^) mais comme tu dis, avec respect : si la personne manifeste une gène (qui sera ou non lié au TSA d'ailleurs), essayer de comprendre sans être trop intrusif/frontal (dans le cas de la personne que tu évoques, il est vrai que beaucoup de TSA ont des difficultés avec certains types d'humour, mais une fois que tu le sais, bah il suffit d'éviter d'y avoir recours, ou d'adapter à un humour plus accessible à la personne).
Désolé, je trouve mon message assez bateau et pas très précis... j'espère que tu pourras en tirer quelque chose quand même ^^
Bien sûr, certains traits reviennent assez fréquemment au sein de la population TSA, mais ils s'exprimeront très différemment selon la personnalité et le vécu... Il est donc un peu vain de donner un "mode d'emploi" général.
Le mieux est de se comporter comme avec n'importe qui en fait... (les TSA sont des humains, pas des trucs étranges d'un autre monde ^^) mais comme tu dis, avec respect : si la personne manifeste une gène (qui sera ou non lié au TSA d'ailleurs), essayer de comprendre sans être trop intrusif/frontal (dans le cas de la personne que tu évoques, il est vrai que beaucoup de TSA ont des difficultés avec certains types d'humour, mais une fois que tu le sais, bah il suffit d'éviter d'y avoir recours, ou d'adapter à un humour plus accessible à la personne).
Désolé, je trouve mon message assez bateau et pas très précis... j'espère que tu pourras en tirer quelque chose quand même ^^
Invité- Invité
Re: Non TSA: que faut-il éviter de dire/faire avec une personne ayant un TSA ?
Merci, ta réponse me parait de bon sens. Donc attentif à la sensibilité de l’autre et respect. Rien de particulier en somme.
Dernière édition par Chmike le Mar 28 Mar 2023, 12:40, édité 1 fois
Chmike- Messages : 101
Date d'inscription : 17/03/2023
Age : 61
Localisation : Marseille
Re: Non TSA: que faut-il éviter de dire/faire avec une personne ayant un TSA ?
En très résumé, par rapport à l'exemple donné, je dirais d'éviter ce qui repose sur de l'implicite.
Lorsque sa maman demande à Fatoumata “peux-tu me passer le sel ?”, Fatoumata lui répond “oui” mais elle ne lui donne pas le sel car elle n’a pas décodé la demande implicite de sa maman qui était “passe-moi le sel s’il te plaît”.
https://www.clepsy.fr/la-pragmatique-du-langage-dans-le-tsa-comprendre-et-reconnaitre-les-consequences-au-quotidien/
Lorsque sa maman demande à Fatoumata “peux-tu me passer le sel ?”, Fatoumata lui répond “oui” mais elle ne lui donne pas le sel car elle n’a pas décodé la demande implicite de sa maman qui était “passe-moi le sel s’il te plaît”.
https://www.clepsy.fr/la-pragmatique-du-langage-dans-le-tsa-comprendre-et-reconnaitre-les-consequences-au-quotidien/
Topsy Turvy- Messages : 8367
Date d'inscription : 10/01/2020
Re: Non TSA: que faut-il éviter de dire/faire avec une personne ayant un TSA ?
D'accord avec Godzilla et Topsy Turvy.
Souvent, la personne TSA aura tendance à prendre tes messages "au pied de la lettre", et donc, ne comprendra pas ce que tu voulais dire. (Ne comprend pas les implicites, effectivement: il faut expliquer). C'est surtout le cas avec les enfants: ainsi, j'ai l'exemple avec un gosse à qui sa mère avait demandé de monter et ranger un vieux jouet dans "un coin de sa chambre", et évidemment, il était allé le mettre dans un "coin", c'est à dire dans un angle de la pièce, alors que sa mère pensait à un endroit du côté de son bac à jouets, qui ne se trouvait pas dans un angle, mais le long d'un mur. Elle comprenait "endroit", lui, "angle entre deux pans de mur" (dans le sens géométrique, quoi). Il faut connaître son mécanisme de pensée, expliquer ce qu'on a voulu dire exactement, et selon les personnes (enfants surtout), ils finissent par s'y habituer.
Stef-âne- Messages : 1203
Date d'inscription : 05/06/2021
Re: Non TSA: que faut-il éviter de dire/faire avec une personne ayant un TSA ?
Chmike a écrit:Bonjour (je suis sans TSA pour autant que je sache),
J'ai eu il y a quelques temps un échange par mail avec une personne dans lequel j'ai utilisé de l'humour ironique. Elle m'a répondu qu'elle ne comprenait pas ce type d'humour car elle est autiste et m'a demandé ce que je voulais dire.
N'ayant pas de TSA pourriez-vous s'il vous plaît m'expliquer ce qu'il faut éviter de dire ou faire avec une personne ayant un TSA ? Et ce qu'il serait plutôt bien de dire ou faire ? Il est bien evident que le respect est de mise, mais ça c'est avec toute personne.
Bonjour,
Tu trouveras pas mal de documentation et autres articles ou vidéos pouvant t'éclairer sur le sujet dans cette même section du forum.
Je rediffuse ce lien qui t'aidera sans doute. Bonne lecture .
https://femmesautistesfrancophones.com/wp-content/uploads/2019/09/Autisme-guide-survie-coupleAFFA.pdf
Re: Non TSA: que faut-il éviter de dire/faire avec une personne ayant un TSA ?
Peut-être peut-il être judicieux de dire que c'est de l'humour lorsque ce n'est pas complètement évident. avec un petit smiley par ex. Ensuite, c'est de la connaissance de la personne.
Monsieur Pinpin- Messages : 1702
Date d'inscription : 04/05/2021
Age : 20
Localisation : Dans son lit, enfin !
Re: Non TSA: que faut-il éviter de dire/faire avec une personne ayant un TSA ?
Stef-âne a écrit:j'ai l'exemple avec un gosse à qui sa mère avait demandé de monter et ranger un vieux jouet dans "un coin de sa chambre", et évidemment, il était allé le mettre dans un "coin"
Lire ceci me fait grandement sourire, c’est tellement moi… pourtant j’ai 35 ans !
Disons qu’avec l’âge (surtout depuis le diagnostic TSA), suite à cette demande, je me demanderais si je dois vraiment le mettre dans un coin ou si la personne a voulu dire autre chose donc je ne serais pas quoi faire. Soit je lui demanderais de préciser soit je n’en aurais pas l’occasion et je me retrouverais bloquée. Et là on est sur un magnifique résumé de ma vie actuelle.
Edel- Messages : 306
Date d'inscription : 16/02/2019
Re: Non TSA: que faut-il éviter de dire/faire avec une personne ayant un TSA ?
@ Edel: Le petit garçon (devenu ado) dont je parlais, a toujours ce "trouble" autistique, il en a conscience, mais, maintenant, c'est lui qui demande à ses interlocuteurs d'expliquer exactement ce qu'ils veulent dire par tel ou tel mot qui lui pose problème.
Un autre exemple, toujours avec le mot "coin": un jour, un animateur de centre aéré devait ramener deux enfants à leur domicile, dont le jeune garçon. Il lui a donc demandé dans quel "coin" il habitait, et le gosse lui a répondu avec candeur et étonnement: "Quoi? Mais j'habite pas dans un coin, moi"
En fait, quand ils sont enfants, certains autistes ont, en apparence, de l'humour, mais ce n'en est pas.
Un autre exemple, toujours avec le mot "coin": un jour, un animateur de centre aéré devait ramener deux enfants à leur domicile, dont le jeune garçon. Il lui a donc demandé dans quel "coin" il habitait, et le gosse lui a répondu avec candeur et étonnement: "Quoi? Mais j'habite pas dans un coin, moi"
En fait, quand ils sont enfants, certains autistes ont, en apparence, de l'humour, mais ce n'en est pas.
Stef-âne- Messages : 1203
Date d'inscription : 05/06/2021
Re: Non TSA: que faut-il éviter de dire/faire avec une personne ayant un TSA ?
Petite question aux personnes qui souffrent d'un TSA, e qui sont douées en langues étrangères: y a-t-il un lien (ou similitude) entre le fait d'avoir toujours dû déchiffrer le mode de communication des non TSA, et la manière d'appréhender une nouvelle langue (un nouveau langage, un moyen de communication différent.).
- Hs:
- Il va falloir que j'étudie le Russe, avant que ça ne devienne une "langue morte". J'suis optimiste, là. (pour le russe, car cela signifierait la disparition de la Russie, re lol!, mais pas pour l'apprentissage de la langue, j'ai pas le courage de m'y mettre)
Stef-âne- Messages : 1203
Date d'inscription : 05/06/2021
Re: Non TSA: que faut-il éviter de dire/faire avec une personne ayant un TSA ?
Stef-âne a écrit:
Petite question aux personnes qui souffrent d'un TSA, e qui sont douées en langues étrangères: y a-t-il un lien (ou similitude) entre le fait d'avoir toujours dû déchiffrer le mode de communication des non TSA, et la manière d'appréhender une nouvelle langue (un nouveau langage, un moyen de communication différent.).
- Hs:
Il va falloir que j'étudie le Russe, avant que ça ne devienne une "langue morte". J'suis optimiste, là. (pour le russe, car cela signifierait la disparition de la Russie, re lol!, mais pas pour l'apprentissage de la langue, j'ai pas le courage de m'y mettre)
Je ne pense pas qu'on souffre, à proprement parler, d'autisme. Ce qui fait souffrir c'est ( je l'ai évoqué dans ce texte : https://www.zebrascrossing.net/t27293p100-films-videos-postcasts-sur-l-autisme-et-syndrome-asperger#1957872 ) quand les gens autour de soi, proches ou moins intimes, assimilent les particularités, les nuances de fonctionnement à des handicaps ou infirmités. Et puis, ça n'est toujours pas une maladie, malgré ce que peuvent en dire ceux qui veulent guérir les personnes autistes :'). Je dis souvent, à qui veut m'entendre, qu'entre moi et moi....ça ne va pas si mal !
Bref, digression.
Pour ce qui est de ta question, je suis passionnée de langues étrangères. Sans pour autant en parler 10. J'ai toujours eu de grandes facilités en ce domaine, c'était un attrait fort : rythmique, sonorités, complexité, chant des consonnes, métronome des voyelles. Et puis, la culture de la langue étudiée. Son étymologie, ses origines. Peut-être que, dans mon cas, ça a été une sorte d'intérêt intense et un peu obsédant, par moment. Ça doit aider également à apprendre, mémoriser.
Je dirais donc, pour ma part, que le fait d'avoir du jouer malgré moi les anthropologues toute mon existence ne m'a pas forcément ni poussée, ni aidée à m'intéresser à l'apprentissage de langues étrangères.
Mais sans doute que, pour d'autres personnes concernées, cela fut/est le cas
Re: Non TSA: que faut-il éviter de dire/faire avec une personne ayant un TSA ?
Stef-âne a écrit:
Petite question aux personnes qui souffrent d'un TSA, e qui sont douées en langues étrangères: y a-t-il un lien (ou similitude) entre le fait d'avoir toujours dû déchiffrer le mode de communication des non TSA, et la manière d'appréhender une nouvelle langue (un nouveau langage, un moyen de communication différent.).
- Hs:
Il va falloir que j'étudie le Russe, avant que ça ne devienne une "langue morte". J'suis optimiste, là. (pour le russe, car cela signifierait la disparition de la Russie, re lol!, mais pas pour l'apprentissage de la langue, j'ai pas le courage de m'y mettre)
Oui, pour moi il y a un lien. Je parle 5 langues vivantes, je connais aussi certaines langues dites mortes, j'ai exercé en tant que traductrice indépendante pendant une vingtaine d'années mais la langue la plus difficile à comprendre/traduire est le "neurotypique" parlé couramment... J'ai souvent l'impression (surtout en français, l'anglais étant plus cash/explicite) de parler "l'aspergerien" et non le français de Mr toutlemonde. Il y a un décalage subtil, presque invisible mais bien réel et permanent entre ma façon de communiquer et celle d'autrui. C'est très fatigant de devoir traduire en permanence mentalement ce que les autres personnes (les neurotypiques étant majoritaires) veulent dire. Une simple conversation peut vite devenir un exercice épuisant pour moi.
PS: tu parle de "personnes qui souffrent d'un TSA" or perso j'ai (du verbe avoir et non du verbe souffrir) et/ou suis porteuse d'une différence neuro-développementale mais je n'en souffre pas. Ce qui est source de souffrance pour moi est certaines autres pathologies/comorbidités. Par contre, il y a la fatigabilité accrue que j'évoquais plus haut. Mais je me permets de rappeller que l'autisme n'est PAS une maladie.
Dernière édition par AnaKoluth le Mer 05 Avr 2023, 22:56, édité 1 fois
AnaKoluth- Messages : 1344
Date d'inscription : 04/10/2021
Re: Non TSA: que faut-il éviter de dire/faire avec une personne ayant un TSA ?
PPS: je me suis précipitée pour répondre à Stef-âne, avant d'avoir lu la réponse d'Orphane. Mais je constate qu'on se rejoint sur certains points.
AnaKoluth- Messages : 1344
Date d'inscription : 04/10/2021
Re: Non TSA: que faut-il éviter de dire/faire avec une personne ayant un TSA ?
Bonjour
Je suis TSA et HPI.
Je vais essayer de t’expliquer la chose de mon point de vue et de mon ressenti.
Les TSA ce sont des personnes qui ne captent pas les sous entendus, les non dits.
L'humour ironique pour certains ils ne comprennent pas, pour d'autre comme moi, je ne capte pas et PIRE, je prends cela pour de la moquerie gratuite.
Ce qu'il faut faire avec cette personne c'est juste t'exprimer sans ambiguité.
Si tu as qqchose à dire, dis le, sois congruent, coherent entre ce que tu dis et ce que tu fais.
par rapport à la question des langues je pense que ça a plus trait au HP et au cote verbal en fait.
Je suis TSA et HPI.
Je vais essayer de t’expliquer la chose de mon point de vue et de mon ressenti.
Les TSA ce sont des personnes qui ne captent pas les sous entendus, les non dits.
L'humour ironique pour certains ils ne comprennent pas, pour d'autre comme moi, je ne capte pas et PIRE, je prends cela pour de la moquerie gratuite.
Ce qu'il faut faire avec cette personne c'est juste t'exprimer sans ambiguité.
Si tu as qqchose à dire, dis le, sois congruent, coherent entre ce que tu dis et ce que tu fais.
par rapport à la question des langues je pense que ça a plus trait au HP et au cote verbal en fait.
PeJ- Messages : 93
Date d'inscription : 18/05/2023
Age : 45
Localisation : Lyon
Re: Non TSA: que faut-il éviter de dire/faire avec une personne ayant un TSA ?
Non TSA: que faut-il éviter de dire/faire avec une personne ayant un TSA ?
Leur dire qu'ils sont triso. Le reste, ça passe.
Nan plus sérieusement, ça dépend de la personnalité, sensibilité, susceptibilité de chacun, au pire lui demander.
Il y a des individus rigides/flexibles partout, avec ou sans hyper/hypo-sensibilités, et des gens plus intuitifs qui ont plus de théorie d'esprit que d'autres pour décrypter l'implicite ou faire de l'humour, et ont moins besoin d'informations ou instructions redondantes, d'autres sont plutôt verbaux, d'autres non-verbaux.
Invité- Invité
Re: Non TSA: que faut-il éviter de dire/faire avec une personne ayant un TSA ?
Stef-âne a écrit:@ Edel: Le petit garçon (devenu ado) dont je parlais, a toujours ce "trouble" autistique, il en a conscience, mais, maintenant, c'est lui qui demande à ses interlocuteurs d'expliquer exactement ce qu'ils veulent dire par tel ou tel mot qui lui pose problème.
Un autre exemple, toujours avec le mot "coin": un jour, un animateur de centre aéré devait ramener deux enfants à leur domicile, dont le jeune garçon. Il lui a donc demandé dans quel "coin" il habitait, et le gosse lui a répondu avec candeur et étonnement: "Quoi? Mais j'habite pas dans un coin, moi"
En fait, quand ils sont enfants, certains autistes ont, en apparence, de l'humour, mais ce n'en est pas.
Ranger dans un coin, typiquement, je rangerais dans un coin de la pièce (dans un angle).
Je n'envisagerais même pas la possibilité que mon interlocuteur ait voulu exprimer autre chose.
Et pourtant, j'ai 39 ans, j'ai fait beaucoup de progrès sur les implicites.
Par contre, "dans quel coin tu habites?", même pas besoin de réfléchir pour comprendre que c'est "vers quel endroit habites-tu?", la compréhension se fait naturellement, sans le moindre effort.
Quelle est la différence entre les deux situations?
Dans la première situation le 1er degré fait sens.
"Range ça dans un coin" c'est une phrase tout à fait reçevable au sens littéral (et pas seulement une phrase grammaticalement correcte: le sens de la phrase est naturel, il n'est pas tiré par les cheveux).
Dans la seconde situation, le 1er degré ne fait pas sens.
"Dans quel coin habites-tu?" est grotesque au sens litéral: il est évident que personne n'habite dans un coin, et que personne n'est assez bête pour penser que quiconque habite dans un coin, il est donc évident que le sens n'est pas le sens litéral et qu'on a affaire à une expression...et ça tombe bien, car cette expression est très courante, j'y suis habitué et n'ai donc pas d'effort à fournir pour l'identifier.
Concernant les jeunes autistes et leur "humour", je confirme ce qui a été écrit précédemment.
L'"humour" du jeune autiste est en fait son déccalage, il pose des questions sincères, au 1er degré, et personne ne lui répond, tout le monde rigole, pensant qu'il a voulu faire un trait d'humour.
C'est très destabilisant pour la personne autiste.
Je me souviens de mon professeur d'histoire géographie en 6ème, qui m'adorait parce que j'avais un grand "humour".
Je l'ai de nouveau eu en 4ème, et il était très déçu que j'aie perdu mon "humour", alors que j'avais simplement progressé en compréhension des expressions utilisées au collège.
J'en profite pour plussoyer les messages précédents: l'autisme n'est pas une maladie, et on ne souffre pas de TSA. On souffre du décalage, du regard d'autrui.
Le handicap n'est pas intrinsèque à notre condition, mais à notre différence avec les autres.
J'ai une image que j'adore pour illustrer ça, je la trouve très parlante.
Imaginons une personne au physique normal, sans troubles psys, sans maladies, avec une bonne intégration sociale, une réussite professionnelle, une vie sentimentale épanouie...
Bref, une personne pour qui tout va bien et qui n'a absolument pas le moindre handicap.
Imaginons maintenant qu'on fasse une réplique à l'identique de cette personne: un clone, avec exactement les mêmes caractéristiques, les mêmes aptitudes.
Laissons la personne d'origine à sa vie, et plaçons le clone sur une autre planète, identique à la terre à une exception près: la norme, pour les êtres humains, est de mesurer 15m de haut.
Le clone, qui a beau être la réplique exacte d'une personne n'ayant strictement aucun handicap, sera en situation de handicap extremement sévère.
Il ne pourra pas s'habiller, car même au rayon bébé la pointure la plus petite pour les chaussures sera du 75 et il aura le même problème avec tout autre vêtement.
Il ne pourra pas monter les escaliers, car les marches feront 2m50 de haut.
Il ne pourra pas non plus prendre l'ascenceur, car le bouton pour appeler lascenceur est à 6m de haut.
Idem pour l'ouverture des portes: impossible pour lui: trop haut.
Conduire? Il lui faudrait une échelle rien que pour entrer dans la voiture, et une fois debout sur le siège, en tendant les bras en avant au maximum, il n'atteindrait pas le volant.
Faire les courses? Beaucoup trop dangereux: il se ferait piétiner par les autres clients du supermarché, qui ne l'auraient même pas remarqué, car trop petit.
Cuisiner? Il est trop petit pour atteindre les plaques de cuisson.
Prendre sa douche? Il faut quelqu'un pour l'assister, il ne peut pas atteindre les mécanismes activant les jets d'eau.
Bref, le clone n'aura strictement aucune autonomie, il devra être assisté 24h/24 pour ses moindres faits et gestes.
Il n'aura bien entendu probablement aucun espoir sur le plan professionel (à part eventuellement à jouer les animaux de foire) ni sur le plan sentimental.
Bref, il aura l'une des plus lourdes formes de handicap qu'il soit possible d'imaginer.
Et pourtant, il est identique à l'original, qui, lui, n'est absolument pas handicapé, et mêne une vie pleinement réussie.
Qu'est-ce qui constitue le handicap du clone?
Est-il défectueux?
Non, pas le moins du monde, il évolue simplement dans un environnement qui ne lui correspond pas, auquel il ne peut pas s'adapter, tandis que l'original évolue dans un environnement qui lui correspond.
Le TSA c'est le même principe: nous ne sommes pas handicapés par notre nature, nous évoluons dans un environnement de neurotypiques qui ne nous correspond pas.
Nous sommes tout de même mieux lotis que le clone de mon exemple, car l'adaptation est possible.
Elle est cependant difficile, extremement énergivore, et incomplète (il y aura toujours des malentendus et des incompréhensions).
Contrairement à une personne ayant un handicap intrinsèque à sa condition (une personne ayant perdu l'usage d'un bras par exemple: quel que soit l'environnement dans lequel elle évolue, son bras n'est plus fonctionnel), notre handicap réside dans l'environnement, en l'occurence c'est le comportement d'autrui qui est la source de notre handicap.
Nous vivons dans un monde où 99% des personnes ont un type de fonctionnement, érigé en norme, et subissons l'injonction d'adopter ce comportement, alors même que d'une part il ne nous correspond absolument pas, et que d'autre part nous ne le comprenons pas et ne parvenons pas à l'imiter.
Asperzebre- Messages : 2355
Date d'inscription : 10/05/2016
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