NO FLOOD l'antre à fata (un beau merdier entre nous soit dit...)

Je ne sais pas vivre hors d'une certaine ivresse. Non que je boive ou me drogue, mais j'ai besoin de stases particulières pour exister pleinement. La vie "brute", ou peut-être plutôt nue, m'est comme une douleur. Alors je me retourne vers l'art et la créativité, en plus de mes "activités" chrétiennes. Comme si le goût de la transcendance animait l'ensemble de mon fonctionnement. Un certain degré d'incandescence m'est nécessaire pour continuer. Ici, j'ai été déçu, certains n'ont pas su voir mon cœur, et certains même se sont cru des justiciers pour le piétiner. Cependant, sans eux - et qu'ai je à m'encombrer de gens superficiels ? - Je continue. La vérité la beauté et la bonté, sont. Elles seront ma coupe et mon miel. Ceux qui n'ont pas su percevoir cette ferveur - qui est une sorte d'hymne à la vie - n'ont aucun intérêt. J'ai, à cause de cela, toujours préféré la solitude à des relations décevantes où même l'intelligence se met en veille pour justifier les dérives de la passion. On m'a revêtu d'un costume qui n'est pas le mien. Soit. mais eux sont nus à mes yeux, et vides. Il aurait sans doute été préférable qu'ils aient moins d'intelligence pour ce qui est de ce qu'ils en font !
Mais de mon coté une certaine ivresse m'appelle. Un homme qui se contente de l'espace et du temps le fait car il n'a pas d'infini. Il projette une vision de rouages dans tout ce qu'il voit et résume le monde et lui-même à n'être qu'un machin (masculin de machine) sophistiquée et sans espoir. L'ivresse que je connais, il n'en n'a ni l'intuition, et n'y a pas accès. Toutes les structures que les hommes ont cru créer ou percevoir ne les rendront pas immortels, ce qui rend leurs recherches vaines et leurs propos ne sont qu'une fumée. Avec l'âge leur homme extérieur ira en ruine et de toutes ces belles machineries, il ne restera pas pierre sur pierre. C'est une chose triste que de voir des gens cracher dans la main qu'on leur tend, mais c'est la pâte humaine et le QI ne garantit pas l'usage qu'on en fait.
Nous ne sommes ni du même monde, ni de la même famille. Mon ivresse est ailleurs. Comme le bonheur est ailleurs. Et si je veux entrer dans cette ivresse, je n'ai pas de temps à perdre. Que peu me chaloir d'être surdoué, si je n'ai pas l'espérance ?

Je me temple hors du temps, emmitouflé dans une aura translucide.
Mon être vibre et tressaille quand je me tiens au seuil
pour devenir à mon tour transparent et pouvoir ainsi pénétrer la nuée invisible
qui voile le jardin perdu.
Sous le charme du ciel j'avance, sous les alcôves de la nuit.
Le tintement céleste ravit mon ouïe,
des traces, des pulvérins pâles
dessinent aux nues la présence.

Je baisse les paupières dans mon ivresse.
Je ne suis plus de ces hommes là,
je ne suis plus de ces ombres,
je ne suis plus enclos
dans ce sablier.

*

Je ne te visais pas toi bien sûr. Mais j'ai eu ici maille à partir avec des personnes précises qui m'ont beaucoup blessé. Tu n'es pas concernée, je te rassure. Tu n'es pas toi dans cette dynamique. Mais certains ici marchent sur les autres comme si être autre qu'eux leur était insupportable, alors qu'ils prétendent chanter la différence. Je ne pensais pas ici à mes amis mais à deux trois personnes qui ne comprennent rien. Tu ne m'as jamais rejeté, toi.

Dans mes veines l'azur court, porteur de soleils. Cette prairie n'a pas de fin. Mon pays aux mille saisons, pays bleu, pay-île.
Je redeviens l'enfant que je n'ai pas été. J'accours sur les collines, dans les clochetées de fleurs.
Mon cœur se dilate à l'aurore.
Voilà l'image que j'ai de la mort.

Un cœur extra-light dans les prés, et voilà tout. La seule chose sur laquelle agir, c'est l'humeur, les perceptions.
A t-on ressenti le picotement du pollen sur nos paupières ? A t-on humé les parfums de l'est dans la brise du matin ? Avons-nous été éveillés ?
Nous étions faits pour être nus dans la nudité du zéphyr. Allongés parmi les corolles percevoir le tressaillement des âmes.
Nous étions faits pour la danse, une danse aux formes de buées, une volute spiralée dans la clairière.
Mais nous nous sommes endurcis. Quelque chose en nous s'est pétrifié. C'est à la fois un malheur et un bonheur de pouvoir l'éprouver. Un malheur parce que nous pâtissons, un bonheur parce que nous pouvons tenter de revenir vers cette pure liberté. Retrouver nos ailes que la peine a rogné.
Le monde cambouisé se débat dans une logique rétrograde.
"Revenez à la vie" chante une voix secrète. Une voix nous hèle, une voix nous aile.
Qui entend derrière le tohu-bohu le murmure infini ?

Il marchera au-dessus des fleurs, dans un nimbe de rosée.
Il écoutera la lyre des arbres, la révérence des ramures.
L'univers devenu une oasis dont chaque étoile
perlera aux lèvres des corolles.

Il a commencé dans les cendres une transfiguration.

Il ne fera qu'aimer celui-là, son cœur laissera des lueurs
sur ses pas.

Il n'est qu'un grain de pollen,
mais qui peut dire
combien des prairies il contient ?

Devenir est un voyage, revenir. Ici j'ai fais halte, mais la halte n'est pas le but.
Je vis dans une salle d'attente entre deux îles.
Mon bagage reste près, je reste attentif,
et le départ m'emportera dans un soupir
vers l'origine du souffle.

Ma Préféerée !

J'ai craqué...

Lumière d'orées, buées d'or rose,
rosées bleutées, la rose dort.
J'adore l'arbre d'or qui arbore une auréole.
Art boréal pareil à un orant
à l'aurore.
Dans la rosée d'or
irrorée,
miel du ciel,
l'arbre à l'orée
déploie
ses arborescences.
La nature arbore
ses essences.

J'enrêve. Entouré de beauté je respire. j'inhale un futur que je devine au zénith. Assez de temps passé à me regarder, assez de temps perdu à ne pas semer s'il se peut dans les cœurs la rosée du soleil.
Je peux partager des instants de transparences et de floralies. Juste un moment de demains.
Nous entrerons dans notre jardin - ne savons-nous pas combien au fond de nous nous sommes fée ? Nous y entrerons entre deux ailes invisibles.
Chaque seconde est LE moment. Entre deux instants l'infini. Juste un moment dansé entre deux pas.

Il aile, elle île.
Il sème, elle l'aime.
Il cille. Elle ? Cécile !

Les fleurs clochettent...Mais quel est ce rivage ?
Là où volutent des oiseaux traçant aux nues un sillage de signes.
Je viendrais m'assoir à l'ombre au bord de cette rivière
caressé d'émeraude et de jade frais
je viendrais entendre la Voix qui plane
par dessus les voix du monde
la cantillation sacrée.

Je ne sais pas pourquoi nous avons renoncé à l'amour et à la paix,
à la lenteur et à la contemplation,
je ne sais pas pourquoi nous avons aimé la mort.

Il me presse désormais de franchir le dernier seuil.
Je crois entendre déjà les clochetis d'or
au-delà de la frondaison,
la sirène qui me hèle
me parle de paix, de joie, et d'amour.

Sachez-le, nous sommes en exil,
dans le cercle clos de l'éternel retour nous sommes captifs.
Levez les yeux,
pouvez-vous apercevoir le seuil ?

Les vapeurs me frôlent, les vapeurs de l'aube.
La couleur de mon âme change.
Elle s'étoile, translucide.
Ainsi je puis avancer
dans les ombres murmurantes
parmi les fleurs suspendues.
Ainsi je puis
m'allonger dans la rivière blanche.
Les ailes des papillons
font tinter les corolles.
Ainsi je puis entendre
le verbe vivre.

C'est si perceptuel...