Contes moins connus, à partager

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Message par Invité Sam 14 Jan 2012 - 15:45

Pour mettre ici les contes que vous souhaitez offrir, qui vous ont touché, ému, plu ou que vous trouvez différents, complexes, intéressants...
Parce que beaucoup de réponses s'y trouvent, et touchent.


A trop "connaître" une vie douce, est-ce à dire que l'on en devient comme dans ce conte, insensible aux autres et à leur souffrance ? En ce cas, le désir d'être "plus heureux" ou bien "d'améliorer le monde", se résume-t-il à "améliorer le monde pour les gens comme nous" ? Tandis que nous refusons de quoi aider ceux qui en ont plus besoin même lorsqu'ils viennent quémander humblement ?

Un autre écueil je dirais, qui n'apparaît pas dans ce conte, mais qui aurait pu tout changer à la fin: demander comme un dû. Car alors il est extrèmement difficile, voire impossible, d'obtenir autre chose que l'objet demandé, si du moins l'objet souhaité est accordé. Et là, c'est aussi problématique. Cela se retrouve en général dans les contes où des frères, des soeurs du héros ou de l'héroïne, demandent comme un dû et n'obtiennent rien, ou une malédiction au contraire du personnage humble, qui reçoit un cadeau magique tout comme cette robe de compassion ci-dessous.


Voici donc un conte italien. Wink

La robe merveilleuse



C'était la petite fille la plus pauvre du monde. Elle ne possédait rien, pas même une poupée de chiffons, pas même d'images. Elle n'avait qu'une seule robe et, quand sa mère la lui lavait, elle devait rester au lit pour attendre qu'elle fût sèche.

Un soir, la mère regarda en soupirant la fillette endormie, puis son regard se porta sur une pauvre guenille bleue pliée avec soin sur un tabouret, et elle songea que l'enfant avait besoin d'une robe neuve. Mais comment une pauvre mère qui travaille tout le jour pour gagner du pain peut-elle trouver l'argent nécessaire pour acheter une robe ? Elle ouvrit la fenêtre, contempla la campagne en fleur, à la clarté de la lune et pensa : " Quelqu'un me donnera sûrement une robe pour mon enfant."

Elle sortit sans bruit, referma la porte et alla à la recherche d'une robe. A peine était-elle sur la route qu'elle rencontra un magnifique rayon de lune.

- Douce lune, dit la mère, veux-tu me faire de tes rayons une robe pour mon enfant ?
- Je le ferais volontiers, répondit la lune gentiment, mais les hommes se plaindraient ensuite de ma lumière pâlie. Cherche ailleurs ;

La mère s'éloigna en soupirant. Elle entendit alors le rossignol chanter dans la forêt d'une voix si douce qu'il semblait vouloir exprimer toute la tendresse d'un coeur. Emue, elle lui demanda :

- Cher petit rossignol, veux-tu de tes chants, faire une robe pour mon enfant ?
- Je regrette beaucoup, répondit le rossignol, mais, si je ne pouvais plus chanter, la nature perdrait son plus grand charme et tous les êtres se plaindraient. Cherche ailleurs;

La mère s'éloigna de nouveau en soupirant. Elle tenait la tête baissée et regardait les fleurs aux brillantes couleurs qui s'épanouissaient sur le bord du chemin. Et elle dit aux fleurs d'une voix caressante :

- Petites fleurs, voulez-vous me donner vos pétales pour que j'en fasse une robe pour mon enfant? Je vous en serais si reconnaissante ! mon enfant a absolument besoin d'une robe.
- C'est bien malheureux, murmurèrent les fleurs, mais, si nous te donnions nos pétales, c'est nous qui resterions sans vêtements. Et, alors, que deviendraient les sentiers et les prairies sans fleurs ? Cherche ailleurs.

Déçue, découragée, la pauvre mère s'éloigna. Elle arriva au bord de la rivière et regarda ses eaux tranquilles qui passaient en babillant. Elle l'interpella en ces termes :

- Rivière parfumée de menthe et de genièvre, qui descends des fraîches montagnes, je te prie, fais-moi de ton eau une robe pour mon enfant.
- Je ne le puis, répondit la rivière, je suis pressée car je dois aller très loin. Cherche ailleurs.

La mère repartit, désolée. Tout espoir l'abandonnait et elle songeait au retour. Mais voici que, devant elle, une sauterelle gambadait joyeusement, la regardant de ses petits yeux étonnés.

- Je te prie, gaie sauterelle, dit la mère soudain consolée, de ta joie fais une robe pour mon enfant qui en a absolument besoin.
- Bé ! Qui donc se priverait de sa propre joie ? répondit la sauterelle d'une voix stridente, ce serait bien stupide. Cherche ailleurs.

Et la sauterelle s'en alla en gambadant.

Alors la mère, le coeur plein de tristesse, songea à retourner à la maison; aucune créature, dans cette nuit lumineuse, n'avait eu pitié d'elle et de son enfant. Elle jeta un regard autout d'elle pour chercher un autre sentier, car elle ne voulait pas se retrouver parmi ces êtres restés insensibles à sa requête.

Et voici qu'en passant à côté d'une masure déserte et presque en ruine elle entendit un gémissement lugubre qui venait de ces vieilles pierres noires.

- Qui est-ce qui gémit ainsi ? demanda-t-elle.
- C'est moi, le hibou, répondit la triste voix. Je suis toujours seul; personne ne m'aime parce que je suis aussi laid que ma voix; et toi, qui es-tu ?

La mère s'approcha d'une fenêtre sur le rebord de laquelle perchait le hibou; il la regardait de ses yeux mélancoliques au fond desquels brillait une lueur.

- Je suis la mère de la petite fille la plus pauvre du monde, dit-elle, et je cherche une créature assez bonne pour me donner une robe pour mon enfant qui en a si grand besoin. Mais, jusqu'à présent, tout le monde m'a repoussée. Je dois donc rentrer à la maison et me remettre à raccommoder avec une patience infinie la pauvre vieille robe.

Et la pauvre mère poussa un soupir. Il ne lui était pas venu à l'esprit de demander son aide au hibou, ce pauvre être déshérité, misérable et solitaire.

- Je n'ai rien à te donner, reprit le hibou, car je suis aussi pauvre que toi. Mais ma compassion est si grande qu'elle pourrait suffire à faire une robe pour ton enfant.

Et le hibou se mit à pleurer; ses larmes brillantes tombaient en abondance aux pieds de la pauvre mère. Et peu à peu elles se transformèrent en une sorte de resplendissant tissu de diamants. La mère le ramassa, émerveillée, émue, heureuse. Le pauvre hibou avait donné sa compassion, la seule richesse qui n'appauvrit pas celui qui s'en prive, mais qui, au contraire, l'enrichit toujours davantage, comme la source vive, qui, plus elle donne d'eau, plus elle en a ! La mère courut porter à la maison la robe merveilleuse. Et, le lendemain, il n'y avait pas une seule petite fille riche qui eût une robe aussi belle.

- Mais ce sont des diamants, ce sont des diamants ! s'exclamaient les gens qui s'attroupaient dans la rue pour admirer et pour toucher la robe merveilleuse.

Personne ne s'apercevait que c'étaient seulement des larmes de compassion.

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Message par Saphodane Lun 30 Jan 2012 - 9:51

Très joli conte qui, dans sa morale, me fait beaucoup penser à un conte, Les Fées (chercher sur Wikisource - je n'ai pas encore le droit de poster des liens externes).

Par ailleurs, j'ai envie de proposer un conte assez peu connu, Le briquet :

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Message par Tof Lun 30 Jan 2012 - 11:02

Oh ! C'est un conte d'Andersen, cela me ramène 20 ans en arrière ! MERCI Saphodane !
(Hans Christian Andersen, plus exactement, après googlage)

Du même auteur (qui est aussi celui du "Vilain petit canard", de "La petite Sirène", de "La bergère et le ramoneur" dont a été tiré le dessin animé "Le roi et l'oiseau" et de nombreux autres chefs-d'oeuvre...)

Le petit soldat de plomb:
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Message par Saphodane Lun 30 Jan 2012 - 12:36

Ah, je l'ai enfin retrouvé, un autre conte que j'aime tout particulièrement, que je pensais être intitulé "La princesse et les douze cygnes", mais s'appelle apparemment en réalité "Les cygnes sauvages" :

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Message par Invité Ven 3 Fév 2012 - 19:13

Si tu as aimé les 12 cygnes, il y a aussi:

* les 12 mois, conte slovaque, j'en ai trouvé une copie ci-dessous, amis pas eu le temps de la relire et voir si elle est de bonne qualité quant à la retranscription

* la jeune fille sans mains (plusieurs variantes, ma préférée est celle où l'arbre tend et baisse ses branches pour la nourrir et qu'elle puisse manger directement le fruit sur la branche), conte initiatique très complexe, retransmis par Grimm.


(qui devraient te plaire)



http://membres.multimania.fr/mfgodey/gouterlivres/livre%20de%20contes/les_douze_mois.htm
(les Douze mois en ligne, à lire sur quelques pages)

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