Les plus beaux contes Zen
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Les plus beaux contes Zen
Ce crapaud ! On croirait
Qu'il va roter
Un nuage !
Issa (1763-1827)
Qu'il va roter
Un nuage !
Issa (1763-1827)
Invité- Invité
'C.Z.- Messages : 2910
Date d'inscription : 16/02/2015
Age : 43
Localisation : Côte d'Azur (de la Bretonie)
Re: Les plus beaux contes Zen
Le ciel orage
Le sol cavale
Et les passants flaquent
Le sol cavale
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Like a Frog- Messages : 1151
Date d'inscription : 24/05/2018
Re: Les plus beaux contes Zen
Les rossignols
chantent en faim
je crains l'épuisement
(l'an prochain ?)
chantent en faim
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(l'an prochain ?)
ifness- Messages : 3028
Date d'inscription : 04/07/2016
Age : 101
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Re: Les plus beaux contes Zen
Les canards mandarins et le samouraï
Il y a de cela bien longtemps, sur les bords du lac Mimidoro, que l'on appelle aujourd'hui Mizoro, au nord-est de Kyoto, un couple de canards mandarins vivait en paix. Il fallait voir, à la belle saison d'été, le mâle bondir sur l'eau, prendre son envol, ses moustaches orange, son bec rouge sombre, et ses magnifiques ailes frisées. Madame et les enfants vêtus d'un modeste gris, même l'aîné qui portait encore la robe juvénile, ne le quittaient pas des yeux. Le soir, les canetons rassasiés et endormis, Monsieur, d'un tendre coup de bec sur la joue blanche et gracieuse, disait bonsoir à son épouse et, dans le trou d'arbre qui leur servait de maison, toute la famille glissait au pays des rêves.
L'année qui suivit, aux premiers jours du printemps, un jeune samouraï vint installer sa cabane aux bords de l'étang. Sa femme attendait leur premier enfant. Ils étaient pauvres. Le samouraï avait dû acheter son équipement : les culottes bouffantes, les cuissardes, les manchettes métalliques et la cuirasse à quatre pans. Sa femme lui avait confectionné le "bandeau de résolution ²", sa mère avait économisé longtemps pour lui offrir les deux épées traditionnelles, la longue et la courte. Mais il ne possédait pas encore le masque effrayant destiné à terroriser l'ennemi. Il attendait qu'un noble seigneur le prenne à son service. Cette nuit-là, sa femme le réveilla et lui dit :
"Mon tendre époux, je sais que nous sommes pauvres, et je ne voudrais pas vous importuner, mais je sens depuis quelque temps une envie irrésistible de manger de la viande, et j'ai peur que votre fils n'en pâtisse."
Le jeune samouraï ne dit mot. Il prit son arc et sortit dans la nuit. Il se posta au bord de l'étang à l'affût de quelque proie. Par hasard, le canard mandarin faisait une promenade nocturne. À l'éveil du printemps, le nid est encore vide, et il songeait au rude travail de l'été qui l'attendait, quand il faudrait nourrir toute la maisonnée. Le samouraï aperçut ses ailes frisées qui scintillaient sous la lune. Il tira une flèche et le tua. Il l'emporta dans un sac et, arrivé chez lui, il le fixa sur une perche devant la cabane. Puis il regagna sa couche et s'endormit.
Un bruit insolite le tira du sommeil. Une sorte de "tap, tap!", comme un bruit d'ailes. "Le canard n'est que blessé, songea-t-il, il se débat au bout de la perche où je l'ai attaché." Il prit un couteau et sortit. Le canard mandarin suspendu par les pattes était bien mort. Mais sa femelle était venue, et elle battait des ailes au-dessus de lui. Le samouraï fit étinceler la lame de son couteau et le brandit. La cane mandarine ne bougea pas, ne quitta pas la place. Alors il alluma un feu pour les rôtir tous les deux mâle et femelle. La cane continuait à battre des ailes, indifférente à son sort, pleurant son époux mort. Le samouraï fut alors saisi d'un sentiment inconnu. Il alla réveiller sa femme, lui montra le spectacle de cet amour conjugal et son épouse pleura.
"Je ne mangerai de cette viande pour rien au monde", dit-elle.
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Les anciennes chroniques disent que le samouraï coupa son chignon d'homme de guerre, et se fit moine. Il mena une vie exemplaire, protégeant les animaux, se souciant du moindre insecte, et son nom depuis est vénéré. Ainsi a-t-il été rapporté des choses du passé.
² : Le bandeau de résolution est un bonnet de tissu qui, encerclant la tête, assure une bonne assise au casque. Il fait partie de l'équipement du guerrier samouraï prêt au combat, il symbolise sa détermination.
Il y a de cela bien longtemps, sur les bords du lac Mimidoro, que l'on appelle aujourd'hui Mizoro, au nord-est de Kyoto, un couple de canards mandarins vivait en paix. Il fallait voir, à la belle saison d'été, le mâle bondir sur l'eau, prendre son envol, ses moustaches orange, son bec rouge sombre, et ses magnifiques ailes frisées. Madame et les enfants vêtus d'un modeste gris, même l'aîné qui portait encore la robe juvénile, ne le quittaient pas des yeux. Le soir, les canetons rassasiés et endormis, Monsieur, d'un tendre coup de bec sur la joue blanche et gracieuse, disait bonsoir à son épouse et, dans le trou d'arbre qui leur servait de maison, toute la famille glissait au pays des rêves.
L'année qui suivit, aux premiers jours du printemps, un jeune samouraï vint installer sa cabane aux bords de l'étang. Sa femme attendait leur premier enfant. Ils étaient pauvres. Le samouraï avait dû acheter son équipement : les culottes bouffantes, les cuissardes, les manchettes métalliques et la cuirasse à quatre pans. Sa femme lui avait confectionné le "bandeau de résolution ²", sa mère avait économisé longtemps pour lui offrir les deux épées traditionnelles, la longue et la courte. Mais il ne possédait pas encore le masque effrayant destiné à terroriser l'ennemi. Il attendait qu'un noble seigneur le prenne à son service. Cette nuit-là, sa femme le réveilla et lui dit :
"Mon tendre époux, je sais que nous sommes pauvres, et je ne voudrais pas vous importuner, mais je sens depuis quelque temps une envie irrésistible de manger de la viande, et j'ai peur que votre fils n'en pâtisse."
Le jeune samouraï ne dit mot. Il prit son arc et sortit dans la nuit. Il se posta au bord de l'étang à l'affût de quelque proie. Par hasard, le canard mandarin faisait une promenade nocturne. À l'éveil du printemps, le nid est encore vide, et il songeait au rude travail de l'été qui l'attendait, quand il faudrait nourrir toute la maisonnée. Le samouraï aperçut ses ailes frisées qui scintillaient sous la lune. Il tira une flèche et le tua. Il l'emporta dans un sac et, arrivé chez lui, il le fixa sur une perche devant la cabane. Puis il regagna sa couche et s'endormit.
Un bruit insolite le tira du sommeil. Une sorte de "tap, tap!", comme un bruit d'ailes. "Le canard n'est que blessé, songea-t-il, il se débat au bout de la perche où je l'ai attaché." Il prit un couteau et sortit. Le canard mandarin suspendu par les pattes était bien mort. Mais sa femelle était venue, et elle battait des ailes au-dessus de lui. Le samouraï fit étinceler la lame de son couteau et le brandit. La cane mandarine ne bougea pas, ne quitta pas la place. Alors il alluma un feu pour les rôtir tous les deux mâle et femelle. La cane continuait à battre des ailes, indifférente à son sort, pleurant son époux mort. Le samouraï fut alors saisi d'un sentiment inconnu. Il alla réveiller sa femme, lui montra le spectacle de cet amour conjugal et son épouse pleura.
"Je ne mangerai de cette viande pour rien au monde", dit-elle.
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Les anciennes chroniques disent que le samouraï coupa son chignon d'homme de guerre, et se fit moine. Il mena une vie exemplaire, protégeant les animaux, se souciant du moindre insecte, et son nom depuis est vénéré. Ainsi a-t-il été rapporté des choses du passé.
² : Le bandeau de résolution est un bonnet de tissu qui, encerclant la tête, assure une bonne assise au casque. Il fait partie de l'équipement du guerrier samouraï prêt au combat, il symbolise sa détermination.
Invité- Invité
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