Bref ... rien de bien original ici
+7
♡Maïa
nid_d'abeille
Esterelle
Fata Morgana
♥ Kiss Jong-il ♥
GaiaXIX
arôme naturel
11 participants
Page 1 sur 1
Bref ... rien de bien original ici
Bonsoir à tous,
J'ai pris le temps de vous parcourir dans vos écrits ciselés qui pour bon nombre mériteraient publication ...
Donc, me voici, en concentré non-exhaustif, en étalement que j'espère pas trop impudique ...
Puisqu'il y a commencement à tout : une enfance entre solitude et maladie qui me fait prendre systématiquement les trains annuels de la scolarité en retard ou les quitter trop tôt, clairement en passagère étrangère non accréditée à intégrer un groupe, à se fondre dans la masse sans concession et féroce des univers infantiles.
Pour supporter les saisons qui passent clouée à un lit, je m'évade. De ma condition d'immobile pour une activité intérieure intense, la tête dans les étoiles et l'imagination trop bouillonnante pour ma famille cartésienne et déconcertée, concentrée sur ce qu'elle voyait, voulait de moi : un corps à guérir, le reste important bien peu ... De ces périodes on/off, je parviens tout de même à faire des études, à la surprise de tous, de moi la première.
Depuis, je joue professionnellement à la marelle, sautant cycliquement en autodidacte de cases en cases/métiers en prenant soin, instinctivement, d'anticiper mon départ face à une situation qui pourrait vite se dégrader parce que la phase apprentissage-adaptation-découvertes humaines a fait place à la routine de l'exécution, l'ennui, mes analyses critiques difficilement acceptables pour mes interlocuteurs, les échanges relationnels imposés car non choisis qui n'aiguisent plus le plaisir ... en fait, j'étouffe. Alors je reprends mon baluchon pour d'autres terres, d'autres rencontres.
Seulement voilà. Ces départs et arrivées de sphères en sphères avec ses lots de-machins-à gérer-et-à-encaisser ont finis par entamer mon penchant heureux de l'à venir, jusqu'à en être franchement fatiguée.
Fatiguée de devoir suivre le même schéma pour être accepter, soit : me taire, ne pas montrer la mesure de ma compréhension des choses (aggravé nettement il me semble par le fait d'être une femme), fatiguée de me prendre des pains parce que l'on pense à tort que je suis forte, fatiguée de mes doutes qui me permettent certes de progresser humainement mais qui me paralysent par ailleurs, fatiguée d'être réceptacle de haines extérieures irraisonnées, fatiguée de mes souvenirs qui s'additionnent dans mon disque dur mémoriel s'entêtant à ne pas faire de reset (avec des remontées du bon comme du mauvais), fatiguée du manque d'acuité que je rencontre face à moi, fatiguée de m'entendre dire "oui mais toi c'est différent" sans même que cette différence ne soit désignée, fatiguée de devoir me cacher.
Et puis ... c'était au printemps dernier, une émission sur les surdoués adultes non détectés dans l'enfance. Le choc d'un portrait de mon vécu, de mes cheminements tortueux et non-normés, de mes errances. Une heure radiophonique qui me bouleverse dans une période personnelle difficilement supportable, me donnant enfin la clef à l'incompréhension et mes interrogations à ce qui tient en quelques mots : "mais qu'est-ce qui déconne chez moi ?"
Cette révolution interne je l'ai mise de côté, accaparée d'urgences stériles phagocytant le quotidien. Et j'y reviens maintenant parce qu'il est temps d'affronter cette différence pour l'apprivoiser.
J'ai donc fraichement découvert que j'étais "scanneuse", désignant l'immense bonheur que j'ai de l'insatisfaction de l'acquis et la certitude que de nouveaux horizons dissonants viendront me vitaminer la réflexion, les sens, la découverte de l'Autre ; touche à tout, à trop. Egalement "procrastineuse" à m'insupporter souvent, sous les regards extérieurs "quel gâchis" avec lesquels j'ai fini par apprendre à faire avec, tout simplement parce qu'une vie ne suffit à mener tout ce pour quoi je m'emballe, etc.
Alors merci à vous tous d'exister, le monde qui m'entoure me semble plus beau grâce à vos saveurs particulières. A vous découvrir, j'ai ressenti un reflet inattendu et cohérent en mille facettes. Et l'hyper-humanité de ce qui se dégage ici m'amène à espérer : ne nous laissons plus jamais démolir pour ce que nous sommes, vivons-nous pleinement.
Je vous souhaite une belle nuit ...
J'ai pris le temps de vous parcourir dans vos écrits ciselés qui pour bon nombre mériteraient publication ...
Donc, me voici, en concentré non-exhaustif, en étalement que j'espère pas trop impudique ...
Puisqu'il y a commencement à tout : une enfance entre solitude et maladie qui me fait prendre systématiquement les trains annuels de la scolarité en retard ou les quitter trop tôt, clairement en passagère étrangère non accréditée à intégrer un groupe, à se fondre dans la masse sans concession et féroce des univers infantiles.
Pour supporter les saisons qui passent clouée à un lit, je m'évade. De ma condition d'immobile pour une activité intérieure intense, la tête dans les étoiles et l'imagination trop bouillonnante pour ma famille cartésienne et déconcertée, concentrée sur ce qu'elle voyait, voulait de moi : un corps à guérir, le reste important bien peu ... De ces périodes on/off, je parviens tout de même à faire des études, à la surprise de tous, de moi la première.
Depuis, je joue professionnellement à la marelle, sautant cycliquement en autodidacte de cases en cases/métiers en prenant soin, instinctivement, d'anticiper mon départ face à une situation qui pourrait vite se dégrader parce que la phase apprentissage-adaptation-découvertes humaines a fait place à la routine de l'exécution, l'ennui, mes analyses critiques difficilement acceptables pour mes interlocuteurs, les échanges relationnels imposés car non choisis qui n'aiguisent plus le plaisir ... en fait, j'étouffe. Alors je reprends mon baluchon pour d'autres terres, d'autres rencontres.
Seulement voilà. Ces départs et arrivées de sphères en sphères avec ses lots de-machins-à gérer-et-à-encaisser ont finis par entamer mon penchant heureux de l'à venir, jusqu'à en être franchement fatiguée.
Fatiguée de devoir suivre le même schéma pour être accepter, soit : me taire, ne pas montrer la mesure de ma compréhension des choses (aggravé nettement il me semble par le fait d'être une femme), fatiguée de me prendre des pains parce que l'on pense à tort que je suis forte, fatiguée de mes doutes qui me permettent certes de progresser humainement mais qui me paralysent par ailleurs, fatiguée d'être réceptacle de haines extérieures irraisonnées, fatiguée de mes souvenirs qui s'additionnent dans mon disque dur mémoriel s'entêtant à ne pas faire de reset (avec des remontées du bon comme du mauvais), fatiguée du manque d'acuité que je rencontre face à moi, fatiguée de m'entendre dire "oui mais toi c'est différent" sans même que cette différence ne soit désignée, fatiguée de devoir me cacher.
Et puis ... c'était au printemps dernier, une émission sur les surdoués adultes non détectés dans l'enfance. Le choc d'un portrait de mon vécu, de mes cheminements tortueux et non-normés, de mes errances. Une heure radiophonique qui me bouleverse dans une période personnelle difficilement supportable, me donnant enfin la clef à l'incompréhension et mes interrogations à ce qui tient en quelques mots : "mais qu'est-ce qui déconne chez moi ?"
Cette révolution interne je l'ai mise de côté, accaparée d'urgences stériles phagocytant le quotidien. Et j'y reviens maintenant parce qu'il est temps d'affronter cette différence pour l'apprivoiser.
J'ai donc fraichement découvert que j'étais "scanneuse", désignant l'immense bonheur que j'ai de l'insatisfaction de l'acquis et la certitude que de nouveaux horizons dissonants viendront me vitaminer la réflexion, les sens, la découverte de l'Autre ; touche à tout, à trop. Egalement "procrastineuse" à m'insupporter souvent, sous les regards extérieurs "quel gâchis" avec lesquels j'ai fini par apprendre à faire avec, tout simplement parce qu'une vie ne suffit à mener tout ce pour quoi je m'emballe, etc.
Alors merci à vous tous d'exister, le monde qui m'entoure me semble plus beau grâce à vos saveurs particulières. A vous découvrir, j'ai ressenti un reflet inattendu et cohérent en mille facettes. Et l'hyper-humanité de ce qui se dégage ici m'amène à espérer : ne nous laissons plus jamais démolir pour ce que nous sommes, vivons-nous pleinement.
Je vous souhaite une belle nuit ...
arôme naturel- Messages : 140
Date d'inscription : 14/02/2012
Age : 57
Localisation : en mouvement
Re: Bref ... rien de bien original ici
Merci à toi aussi d'exister. Dans ta présentation, la partie qui me touche le plus est le moment ou tu abordes l'imaginaire. Et qu'il est beau, grand, splendide nôtre imaginaire ! Depuis toute petite j'y passe ma vie et il est devenu au moins aussi grand que l'univers entier alors je suis contente d'accueillir quelqu'un de nouveau avec qui confronter mon univers. Passe une bonne nuit chargée de rêves de zèbres.
Re: Bref ... rien de bien original ici
Kikoo !
Nous avons un peu parlé, au O'Neil.
Je suis ce jeune homme intrigant et mystérieux.
Que tu as même défini si mes souvenirs sont bons, comme la "cristallisation absolue et pierre philosophale du désir féminin"
Je te souhaite donc la bienvenue.
♥ Kiss Jong-il ♥- Messages : 1266
Date d'inscription : 12/07/2011
Age : 25
Re: Bref ... rien de bien original ici
.
Dernière édition par Loic le Sam 8 Déc 2012 - 11:42, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Bref ... rien de bien original ici
On a des points communs en ce qui concerne la (non) scolarité...
Bienvenue. J'aime ton pseudo !
Bienvenue. J'aime ton pseudo !
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: Bref ... rien de bien original ici
.
Dernière édition par val le Lun 2 Déc 2013 - 20:08, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Bref ... rien de bien original ici
Fatiguée de devoir suivre le même schéma pour être accepter, soit : me
taire, ne pas montrer la mesure de ma compréhension des choses (aggravé
nettement il me semble par le fait d'être une femme), fatiguée de me
prendre des pains parce que l'on pense à tort que je suis forte,
fatiguée de mes doutes qui me permettent certes de progresser
humainement mais qui me paralysent par ailleurs, fatiguée d'être
réceptacle de haines extérieures irraisonnées, fatiguée de mes
souvenirs qui s'additionnent dans mon disque dur mémoriel s'entêtant à
ne pas faire de reset (avec des remontées du bon comme du mauvais),
fatiguée du manque d'acuité que je rencontre face à moi, fatiguée de
m'entendre dire "oui mais toi c'est différent" sans même que cette
différence ne soit désignée, fatiguée de devoir me cacher.
Tout ça me parle bien!! Welcome Arome naturel, au plaisir de te lire
Esterelle- Messages : 344
Date d'inscription : 09/02/2012
Age : 50
Localisation : A droite au fond du couloir
Re: Bref ... rien de bien original ici
Bonjour Arôme naturel !!!!
ta positivité me touche fort ...
'vivons nous pleinement.........'
sûrement est-ce la meilleure-la-plus-vivifiante façon de dire.... même avec 'notre' "insatisfaction de l'acquis"..... Ne pas prendre les autres comme référence...le bonheur universel n'existe pas..
ne pas prendre les autres comme référence
ne pas prendre les autres comme référence
ne pas prendre les autres comme référence
ne pas prendre les autres comme référence ...
Merci . .
ta positivité me touche fort ...
'vivons nous pleinement.........'
sûrement est-ce la meilleure-la-plus-vivifiante façon de dire.... même avec 'notre' "insatisfaction de l'acquis"..... Ne pas prendre les autres comme référence...le bonheur universel n'existe pas..
ne pas prendre les autres comme référence
ne pas prendre les autres comme référence
ne pas prendre les autres comme référence
ne pas prendre les autres comme référence ...
Merci . .
nid_d'abeille- Messages : 428
Date d'inscription : 08/03/2012
Age : 32
Localisation : Marne
Re: Bref ... rien de bien original ici
Bonsoir à tous,
à GaiaXIX : Oui comme tu as raison. C'est un imaginaire riche, fantasque, poétique, puits sans fin ... qui de mon côté m'a joué bien des tours !!! Je serai heureuse de découvrir ton cosmos à toi.
à Alpha Roméo : Diantre ! Je n'ai pas souvenir de cela ... et trop bien dit pour que cela soit de moi ! Mais je ne doute pas un seul instant que tu sois la "cristallisation absolue et pierre philosophale du désir féminin".
Alpha Roméo, vous êtes un coquin.
à carotterose : tellement vrai "ne pas prendre les autres comme référence", auquel cas ce serait vouloir se conformer aux standards, quels qu'ils soient d'ailleurs, et se trahir, perdre de soi.
Et merci Loïc, Fata Morgana, Val et Esterelle pour votre accueil !
à GaiaXIX : Oui comme tu as raison. C'est un imaginaire riche, fantasque, poétique, puits sans fin ... qui de mon côté m'a joué bien des tours !!! Je serai heureuse de découvrir ton cosmos à toi.
à Alpha Roméo : Diantre ! Je n'ai pas souvenir de cela ... et trop bien dit pour que cela soit de moi ! Mais je ne doute pas un seul instant que tu sois la "cristallisation absolue et pierre philosophale du désir féminin".
Alpha Roméo, vous êtes un coquin.
à carotterose : tellement vrai "ne pas prendre les autres comme référence", auquel cas ce serait vouloir se conformer aux standards, quels qu'ils soient d'ailleurs, et se trahir, perdre de soi.
Et merci Loïc, Fata Morgana, Val et Esterelle pour votre accueil !
arôme naturel- Messages : 140
Date d'inscription : 14/02/2012
Age : 57
Localisation : en mouvement
Re: Bref ... rien de bien original ici
Rien d'original, et tant de singularité pourtant. Merci pour ta présentation. Je te rejoins complètement sur la qualité des écrits de ce forum. Je croyais que j'avais un don particulier, je me fais parfois rabrouer car j'emploie de grands mots ("tu parles comme ça pour que je me sentes bête".... euh non... désolée... je vais faire attention la prochaine fois à ne pas trop bien parler pour que tu te sentes mieux... ) ; ici je me sens juste normale, je goûte vos mots, je me délecte des vidéos partagées (pas une seule à jeter dans le billet Humeur de nuit ! http://zebrascrossing.forumactif.org/t4023-humeur-de-nuiten-musique). Merci aussi pour ton message d'espoir, car la fatigue je connais bien, je suis encore en plein dedans, mais ce forum est comme une bouée, vivante de toutes vos vies, qui me tient la main
♡Maïa- Messages : 1734
Date d'inscription : 06/03/2012
Re: Bref ... rien de bien original ici
Wow wow wow schtac schtac schtac :-)
Quelle énergie dans la fatigue ;-)
Quelle énergie dans la fatigue ;-)
+++ ;-) bienvenuetout simplement parce qu'une vie ne suffit à mener tout ce pour quoi je m'emballe, etc.
Invité- Invité
Re: Bref ... rien de bien original ici
à Mogwai : Assez récemment, j'ai fini par ne plus retenir les chevaux sous le capot pour appréhender les champs d'investigations sans retenue. Je comprends tout à fait la sensation que peuvent avoir tes interlocuteurs ! D'autant plus qu'ils ont probablement à faire à la complexité et les raccourcis de la pensée zèbre "oula, je ne te suis plus, freine donc pour voir ...".
Pour la qualité des écrits sur ce forum, je vais poster une proposition de projet ...
à kasha : snif snif snif snif snif (pendant longtemps) - hum ? ah bon ? (il y a peu) - youpiiii ! (avec un gros relent d'aka parce que c'est loin d'être tous les jours la fête) ...
arôme naturel- Messages : 140
Date d'inscription : 14/02/2012
Age : 57
Localisation : en mouvement
arôme naturel- Messages : 140
Date d'inscription : 14/02/2012
Age : 57
Localisation : en mouvement
Re: Bref ... rien de bien original ici
Bienvenue!
Tu as réussit a me faire pleurer en lisant ta présentation, tellement ce que tu dis me touche...
J'espere que tu trouveras un endroit ici ou arrêter de te taire!
Tu as réussit a me faire pleurer en lisant ta présentation, tellement ce que tu dis me touche...
J'espere que tu trouveras un endroit ici ou arrêter de te taire!
Assez de soupe!- Messages : 322
Date d'inscription : 30/05/2010
Age : 35
Localisation : Belgique
Re: Bref ... rien de bien original ici
oui,bienvenue à toi!
j'espere que les quelques semaines passées ici t'ont apporté et que tu y feras de belles rencontres
la chanson que tu viens de poster...c'est une de celles qui me broient les entrailles à chaque fois que je l'ecoute,depuis toute petite,sans meme comprendre les paroles..et quand je les ai comprises...ben c'était encore pire ...
alors voilà,du coup,un gros coucou pour toi au passage
concernant le titre de ta presentation:peut etre rien d'original,mais unique quand meme et "Bref",c'est trop bon
au plaisir de te lire
j'espere que les quelques semaines passées ici t'ont apporté et que tu y feras de belles rencontres
la chanson que tu viens de poster...c'est une de celles qui me broient les entrailles à chaque fois que je l'ecoute,depuis toute petite,sans meme comprendre les paroles..et quand je les ai comprises...ben c'était encore pire ...
alors voilà,du coup,un gros coucou pour toi au passage
concernant le titre de ta presentation:peut etre rien d'original,mais unique quand meme et "Bref",c'est trop bon
au plaisir de te lire
Invité- Invité
Re: Bref ... rien de bien original ici
Fatiguée de devoir suivre le même schéma pour être accepter, soit : me
taire, ne pas montrer la mesure de ma compréhension des choses (aggravé
nettement il me semble par le fait d'être une femme), fatiguée de me
prendre des pains parce que l'on pense à tort que je suis forte,
fatiguée de mes doutes qui me permettent certes de progresser
humainement mais qui me paralysent par ailleurs, fatiguée d'être
réceptacle de haines extérieures irraisonnées, fatiguée de mes
souvenirs qui s'additionnent dans mon disque dur mémoriel s'entêtant à
ne pas faire de reset (avec des remontées du bon comme du mauvais),
fatiguée du manque d'acuité que je rencontre face à moi, fatiguée de
m'entendre dire "oui mais toi c'est différent" sans même que cette
différence ne soit désignée, fatiguée de devoir me cacher.
idem.. bisous
Wam- Messages : 966
Date d'inscription : 14/02/2012
Age : 37
Re: Bref ... rien de bien original ici
à Assez de soupe! : Je suis heureuse de t'avoir touché, même si je ne voulais pas provoquer trop d'émotions en écrivant ce texte, ne pas ajouter mes souffrances aux vôtres, le cardiogramme de nos ressentis à amplitude exponentielle à la découverte des uns et des autres ... Je ne sais si je vais arrêter de me taire, l'impression que vous dites déjà tant et pas loin de tout dans l'intime. Je l'ai fait ailleurs en le payant de l'angoisse, de ma perte de soi, un boomerang qui m'a mené dans mes enfers. Excusez-moi d'être en état de ne pouvoir ...
à ayaaaahh : Dire Straits n'est pas en particulier ma tasse de thé préférée mais ce morceau m'a toujours bouleversée. Je l'ai posté en ressentant certaines tensions et remous ici il y a quelques jours ...
Merci pour ton mot _Flo_ !
à ayaaaahh : Dire Straits n'est pas en particulier ma tasse de thé préférée mais ce morceau m'a toujours bouleversée. Je l'ai posté en ressentant certaines tensions et remous ici il y a quelques jours ...
Merci pour ton mot _Flo_ !
arôme naturel- Messages : 140
Date d'inscription : 14/02/2012
Age : 57
Localisation : en mouvement
Re: Bref ... rien de bien original ici
la non-dit stance
arôme naturel- Messages : 140
Date d'inscription : 14/02/2012
Age : 57
Localisation : en mouvement
Re: Bref ... rien de bien original ici
sur un autre continent, un désastre ...
qu'importe le tamtam d'un monde lilliput, celui de la fureur des êtres blessés, noyés dans leur inconstruction
en rage de subir le pouvoir, celui d'âmes malades dans l'incapacité de se supporter hors-jeu
quand la bestialité prend le pas sur l'animalité et piétine l'humanité ...
Un tamtam épidermique dans le tintamarre ? Peaux sèches, peaux d'ânes, on se percute tannés sur ces terres indigestes, là-bas
Ma peau striée d'empreintes de coups. Coups d'enfance, coups d'errances,
et cette cicatrice au visage taillée à la perversité, pas une cutanée
non, celle d'un PN m'ayant goûté comme proie au jeu sordide en spirale de l'immonde sombre comme destination finale
Alors ma peau comme mémoire, mon parchemin du vivace, un nœud au mouchoir pour l’Alzheimer
un brin évanescent ...
qu'importe le tamtam d'un monde lilliput, celui de la fureur des êtres blessés, noyés dans leur inconstruction
en rage de subir le pouvoir, celui d'âmes malades dans l'incapacité de se supporter hors-jeu
quand la bestialité prend le pas sur l'animalité et piétine l'humanité ...
Un tamtam épidermique dans le tintamarre ? Peaux sèches, peaux d'ânes, on se percute tannés sur ces terres indigestes, là-bas
Ma peau striée d'empreintes de coups. Coups d'enfance, coups d'errances,
et cette cicatrice au visage taillée à la perversité, pas une cutanée
non, celle d'un PN m'ayant goûté comme proie au jeu sordide en spirale de l'immonde sombre comme destination finale
Alors ma peau comme mémoire, mon parchemin du vivace, un nœud au mouchoir pour l’Alzheimer
un brin évanescent ...
arôme naturel- Messages : 140
Date d'inscription : 14/02/2012
Age : 57
Localisation : en mouvement
Re: Bref ... rien de bien original ici
d'aucuns qui se regardent préfèrent attaquer les autres sur leurs faiblesses et défaut apparents, faisant écran de fumée, divergences aptes à dériver le regard sur un autre, parodie de pouvoir comme écran de fumée à une décrépitude annoncée.
La cicatrice que nous portons, nous en sommes pour part aussi. A montrer nos faiblesses, et ainsi donner aux autres appui. Rester soi en regardant les différences, et comprendre qu'elles sont hétérogènes en même temps qu'être hétéroclites est le meilleur moyen de se protéger.
Douce nuit à toi.
La cicatrice que nous portons, nous en sommes pour part aussi. A montrer nos faiblesses, et ainsi donner aux autres appui. Rester soi en regardant les différences, et comprendre qu'elles sont hétérogènes en même temps qu'être hétéroclites est le meilleur moyen de se protéger.
Douce nuit à toi.
Invité- Invité
Re: Bref ... rien de bien original ici
anamorphose de vies ...
un trip en apnée
un remède au banal, au rationnel terne
à ingérer en une prise ou en fractions, au choix
Quoi qu'il en soit, de la grande oeuvre il me semble ...
un trip en apnée
un remède au banal, au rationnel terne
à ingérer en une prise ou en fractions, au choix
Quoi qu'il en soit, de la grande oeuvre il me semble ...
arôme naturel- Messages : 140
Date d'inscription : 14/02/2012
Age : 57
Localisation : en mouvement
Re: Bref ... rien de bien original ici
le 27 juin a une valeur symbolique pour moi alors ...
écrit en 2009 avant que je ne découvre ma spécificité zèbre
Behind 55
Préambule - le 27 juin 2012 :
écrit en 2009 avant que je ne découvre ma spécificité zèbre
Behind 55
Préambule - le 27 juin 2012 :
Ce texte a son histoire, comme souvent les écrits aux naissances s'inscrivant dans un contexte personnel, dans l'urgente nécessité de la narration.
Le cri par l'écrit.
Celui-ci prend le prétexte d'un chiffre incarné, le 55, à la présence obsessionnelle et dans la volonté d'emprise sur le narrateur, en lien avec le ressenti d'une relation vécue avec un pervers narcissique, ici plus spécifiquement son approche prédative.
Ce texte a été le point de départ d'une pièce radiophonique inachevée à ce jour, une maïeutique sonore reportée des mots ...
Il a par ailleurs plutôt rencontré l'incompréhension de sa signification réelle au-delà de sa charge créative, sinon que par de nombreuses personnes m'ayant fait part de leur expérience en miroir avec la mienne, objets (et non sujets) d'êtres à la pathologie incurable, définie par le corps médical.
La spirale qui leur était imposée ayant pour but ultime, tout en étant source de jouissance sadique pour l'autre, l'anéantissement jusqu'à la mort, symbolique ou réelle. Destination prévue : être mené à l'envie de non-vie
Il y a plus d'un an, à la suite de sa publication dans une revue, il m'a été demandé d'écrire également "Behind 55" au masculin pour une diffusion multiple numérique afin d'aider d'autres victimes de PN (pervers narcissiques) à appréhender une issue possible à la destruction lente extérieure très spécifique qu'ils ont subie par une forme de catharsis venant dans ce cas de figure du conscient.
Alors l'imaginaire continue sa route, et le songe que l'une ou l'autre de ses versions sexuées arpente silencieusement de nouvelles boites mails, comme infime composant à la reconstruction.
Que celle-ci soit par l'écrit ou autrement ...
_______________________________________________________________________________________________________________________Le cri par l'écrit.
Celui-ci prend le prétexte d'un chiffre incarné, le 55, à la présence obsessionnelle et dans la volonté d'emprise sur le narrateur, en lien avec le ressenti d'une relation vécue avec un pervers narcissique, ici plus spécifiquement son approche prédative.
Ce texte a été le point de départ d'une pièce radiophonique inachevée à ce jour, une maïeutique sonore reportée des mots ...
Il a par ailleurs plutôt rencontré l'incompréhension de sa signification réelle au-delà de sa charge créative, sinon que par de nombreuses personnes m'ayant fait part de leur expérience en miroir avec la mienne, objets (et non sujets) d'êtres à la pathologie incurable, définie par le corps médical.
La spirale qui leur était imposée ayant pour but ultime, tout en étant source de jouissance sadique pour l'autre, l'anéantissement jusqu'à la mort, symbolique ou réelle. Destination prévue : être mené à l'envie de non-vie
Il y a plus d'un an, à la suite de sa publication dans une revue, il m'a été demandé d'écrire également "Behind 55" au masculin pour une diffusion multiple numérique afin d'aider d'autres victimes de PN (pervers narcissiques) à appréhender une issue possible à la destruction lente extérieure très spécifique qu'ils ont subie par une forme de catharsis venant dans ce cas de figure du conscient.
Alors l'imaginaire continue sa route, et le songe que l'une ou l'autre de ses versions sexuées arpente silencieusement de nouvelles boites mails, comme infime composant à la reconstruction.
Que celle-ci soit par l'écrit ou autrement ...
Je reviens de loin.
D’un voyage sur des terres de pertes de tous repères, proches de l’anéantissement. Du bout du rationnel.
Du bout de moi.
Tout a commencé par son approche, par touches. Je ne l’avais pas remarqué, installée dans ma vie sans houle que j’étais, inconsciente du danger en approche. Il était là, tapi dans l’ombre, à m’épier. Depuis quand ? Je ne sais pas. Certainement depuis longtemps. Mais ce que je sais c’est qu’il attendait son heure pour faire de moi sa nouvelle proie. Il a pris son temps. Pour décrypter mes doutes, sonder mes failles, sentir mes espoirs.
Il est venu à moi il y a un peu plus de 5 mois. Je m’en souviens comme si c’était hier.
Tout est parti d’un mail, juste une photo avec un simple mot « 1 connu » envoyé à 11 :55 :00 exactement. Une heure insolite avec cette répétition de chiffres. Puis dans la même journée, en regardant l’heure à différentes reprises, à nouveau cette étrange coïncidence : 13h55, 18h55, 23h55. Le genre de hasard qui fait sourire. A y repenser, je dois au moins lui reconnaître ça, il a été clair quant à ses intentions lors de cette première approche. 1 connu/inconnu. Comme la promesse que l’inconnu qu’il était, allait devenir un plus-que-connu pour moi. C’était une entrée en matière facétieuse. J’avais à faire à un joueur. Oui mais, de quel type ?
Dès le lendemain, il n’a pas hésité, il est apparu sous de nombreuses formes : en plus des minutes aux heures, un accident de voiture évité de justesse avec une voiture immatriculée XX 551 94, sur le même chemin, coincée dans les embouteillages sur une route droite interminable, perdue dans mes pensées, je lève soudain la tête vers ce qui me semblait être quelqu’un qui m’observait : non, juste un portail, le numéro 555. A partir de là, mes doutes ont disparus. J’étais devenue la cible du 55.
Il s’immisçait partout, dès qu’une possibilité s’offrait à lui. Je l’ai subi d’une manière ou d’une autre durant 5 mois, jours après jours :
trop de mails reçus à x heure 55 ; une commande de surgelés passée par téléphone, et l’opératrice de me dire « ça vous fera 55 euros 60 centimes ! » ; un ticket pris pour faire la queue à la poste, le 55 ; monter sur ma balance, consciente d’avoir un peu grossi : effectivement, 3 kilos 500 en plus : 55 kg 500, etc.
Et cette heure que je regardais toujours à 55 minutes …
Je fus tout d’abord décontenancée par ces intrusions, inquiète de ce hasard qui n’en était plus un, puis agacée, dans le questionnement suivant : que me veut ce nombre ? Y avait-il une quelconque signification derrière ceci ? Laquelle ?
Alors, puisse que lui m’observait, faisait tout pour que je le remarque, je décidais d’en faire autant. C’est devenu ma quête durant ces 5 mois. Une quête assez inavouable à vrai dire.
Qui aurait pu comprendre que je parte à la chasse du 55 sans me soupçonner de perdre totalement pied avec la réalité, d’être dans l’irrationnel proche de la folie ? Alors j’ai gardé secrète cette quête au goût un peu honteux.
Petit à petit, plutôt que de n’être que tributaire de son bon vouloir dans ses manifestations, pour le comprendre, je le cherchais, le traquais sans relâche pour savoir qui il était, pourquoi ses attaques incessantes. Pour commencer, dans mon environnement proche. Tout était prétexte à le retrouver : un pot de confiture aux airelles ? Sur l’étiquette : 45 % de sucre. Mais alors, et le reste ? 55 % de fruits évidemment !
Puisse que je n’avais aucune idée de ce qu’il pouvait y avoir derrière le masque du 55, je décidais de mener mes investigations sur tous les champs possibles. Je dirigeais mes recherches vers les mathématiques, ce qui me semblait la première chose à faire pour un nombre :
1 + 2 + 3 + 4 + 5 + 6 + 7 + 8 + 9 + 10 = 55
Et la boucle est bouclée ! Donc, un rond ? Non, plutôt le début d’une spirale, 10 n’étant pas 1.
Le nombre 55 donne un cycle narcissique à 3. 55 pourvoyeur de narcissisme au nombre 3 ? Ou 55 utilisant le 3 pour son cycle narcissique ?
Cela me fit penser au parfum d’un homme, Fahrenheit de Dior, et son étrange publicité, un spot de Ridley Scott des années 80. La coque en bois d’un voilier sur calles, échouée dans un désert, à une heure du jour qui n’existe pas, un soleil écrasant de chaleur dans un ciel proche de la nuit jouant avec les ombres. C’est un temps « entre ».
Un homme caresse une falaise aux arêtes blessantes en insistant sur les renfoncements de la roche, puis caresse un galet rond, chargé de poussière et ruisselant de lumière. On entend alors une voix masculine faire ce décompte : fifty five ... three. L’homme lance le galet qui rebondi deux fois dans des trous d’eau pour atterrir la troisième fois sur une mer de mirage qu’il crée par sa chute. Le voilier apparaît, élancé, phallique, enfin mâté d’une voile blanche, sur cette nappe d’eau lisse.
Un songe alors ? Un mirage mêlant suggestion, désir de changer notre réalité de désert d’humain par nos rêves de puissance, de sensualité, de sexualité accomplie, et absences qui accentuent nos désirs.
Je revins aux mathématiques. Tout d’abord dans la suite de Fibonacci, qui introduit les mathématiques arabes en occident et dans laquelle 55 s’invite : 1 2 3 5 8 13 21 34 55 89 144 233…
puis
Le nombre 55 est partagé en moyenne et extrême raison : les 2 rapports 1,617 et 1,619 encadrent le nombre d’or Fibonacci, Alberti, Dürer et Fra Luca Pacioli en redécouvrant les études d’Euclide, de Pythagore, de Platon et de Vitruve, montrent l’importance des mathématiques dans la quête du secret de l’Univers.
Le nombre 55 est partagé en moyenne et extrême raison ? Donc ce serait un nombre mesuré, tempéré, tout en sérénité ? Ses intrusions en nombres et désordonnées dans ma vie me laissaient à penser que non. Mais je m’efforçais à ne pas me laisser aller à de trop rapides jugements. J’attendais la suite.
D’autres études au 19e siècle confirment que de nombreuses espèces (fleurs, fruits, légumes) telles que les marguerites, ont 34, 55 ou 89 pétales … toujours la suite de Fibonacci. Un certain botaniste allemand du 17e, Hofmeister, après étude du processus de croissance sur une pomme de pin, en a déduit que ces nombres, dont le 55, explique l’Universalité des spirales des plantes. Rien que cela !
55 aurait donc des travers botanistiques à se coller en pétales sur les marguerites ? Un 55 fleur bleu voyeur, complice de l’effeuillage « je t’aime, un peu, beaucoup, … » ?
Et toujours ces spirales …
Ou encore :
Nombre de Kaprekar naturel : Liste des premiers nombres de Kaprekar naturels en base 10 :
1, 9, 45, 55, 99, 297, 703, …
A nouveau un cycle en spirale …
Plus je poussais mes recherches sur le versant du rationnel scientifique, plus l’indéchiffrable s’imposait à moi, alors que de son côté, 55 continuait ses incursions dans ma vie et mon esprit.
Dans un ouvrage de 1828, le « Bulletin universel des sciences et de l’industrie - par la société pour la propagation des connaissances scientifiques et industrielles », je lisais au hasard des pages : « s’il en était besoin, nous pourrions citer encore, comme n’étant rien moins que prouvée, la substitution faite par Ptolémée, du nombre 55 au nombre 54 ; car le nombre 55 convient très bien à la place où il se trouve». Mais que vient faire Ptolémée l’astrologue dans tout ce bazar ? De quoi se mêle-t-il celui-là avec sa théorie de l’anti-terre et autres considérations sur la musique des sphères ? Une chose est sûre. Si le nombre 55 est très bien à la place où il est, et bien, qu’il y reste, au lieu de jouer au con à m’envoyer régulièrement des messages retours à mes mails : Unknown address error 550 !
Il y avait aussi, parfois, du grand, quelque chose de virtuose, de la magnificence dans 55 : la caisse de résonance d’un stradivarius ? 55 cm de haut exactement ! Pas un de moins, pas un de plus.
Du minable, du malsain :
Jyoti Amge, 15 ans, mesure 55,88 centimètres. Elle est la plus petite femme du monde.
De l’attrape-couillon :
Site : le mur des Entrepreneurs : 55 555 Euros à gagner
Sur une page de recherche avec le mot « ami 55 », je lis :
histoire générale et impartiale des erreurs, des fautes, et des crimes commis …
Console-toi de ce 55 retard, PEUPLE ami de Marat, Les com 55 plots de ceux qui ne t’aimaient pas, de 55 ceux qui curieux de la gloire, sans 55 imiter
Cela devenait surréaliste, trop obscur. Avant de comprendre en ouvrant le lien, qu’il s’agissait d’un paragraphe retranscrit d’un livre ancien révolutionnaire et que les 55 n’étaient que des guillemets.
Je piétinais, et cela m’exaspérait.
Le 55, quant à lui, continuait son petit bonhomme de chemin d’envahisseur inquiétant de ma vie. Il avait aussi intensifié ses attaques.
Malgré tout, il était parfois discret, très discret, certainement pour être mieux désiré, me laissant dans un état d’inquiétude et de manque. Ces jours-là, il n’apparaissait qu’en toute fin de soirée. Je ne pouvais m’empêcher de lui sauter dessus : « Ce n’est pas trop tôt ! Je pensais t’avoir perdu. Ne le laisse pas dans cette incertitude. Où étais-tu tout ce temps ? » Peine perdue, je n’obtenais aucune explication.
Le plus souvent, je ne le trouvais pas très subtil à apparaître à tout va. Je lui disais alors « oui, oui, je sais que tu es là. J’ai t’ai vu », allant même jusqu’au cabotinage, comme 3 numéros d’appels sur mon portable et une carte de visite contenant au moins un 55 dans la même journée. Il m’a déçue cette fois-là. Sous-estimait-il mes facultés à le voir ?
Il se faisait aussi taquin, voire complètement décalé. Comme lorsque je poursuivais mes investigations vers les mesures. 55 cm, sur Google. Pour tomber en premier sur un échange digne des plus obscurs codes secrets entre Exquise-Marquise et Ahleeya :
- Y'a le modèle Penna mid-calf qui aurait été la meilleure option, mais évidemment, il ne reste que du 48 cm
- Je pense qu'on peut grignoter 1 à 2 cm max.
- Alors en fait avec l'élastique sur le coté en l'étirant au max ça va jusqu'a 55 cm ... je pense quand même que pour 50, 53 c’est mieux l
Echange à vous mettre définitivement la coiffe à l’envers lorsque vous apprenez qu’il s’agit de réponses à la question existentielle et urgente de Maree, Montréal :
« un mollet de 55 cm peut-il rentrer dans une botte duo ? ».
Malheureusement, nous n’aurons pas le fin mot de l’histoire. Maree, qui avait « hâte d’avoir une reply » de la part du fabricant bottier, ne nous donne plus de ses nouvelles. Serait-elle partie, en duo, avec le chat botté ?
Parallèlement à mes recherches et à ses intrusions, je plongeais petit à petit tout le déroulement de ma vie dans ce nombre.
Par exemple, à l’écoute d’un morceau, « Nous n’avons fait que fuir » de Bertrand Cantat, je me suis rendu compte que le morceau durait 55 minutes et revendiqué, quasiment, comme tel. Il était écrit partout : ce long poème de 55 minutes, etc. Pas « ce long poème d’une heure ». Non, 55 minutes.
Je me suis alors créé une playlist spéciale de morceaux 55, 3 :55, 6 :55, etc. que je me passais des heures entières pour mieux m’enivrer de sons, de mots, de mélodies, qui, au final, s’entrechoquaient, se bousculaient dans un tournis sans fin au point de perdre tout sens, toutes saveurs. Ces morceaux s’accidentant dans une ronde infernale, je ne les appréciais plus, je ne les détestais pas. Je les subissais. En boucle.
« Mais dans le cercle alors,
On pourrait s’immoler sur des cimes vertiges,
Pas pour tourner en rond,
Comme on le croit parfois,
Non…
Pour créer des spirales,
Des colonnes aspirantes,
Et je tiens mon pégase
Je ne le lâche pas,
Je l’ai monté à cru,
Il est aussi sauvage que je suis devenu,
Après avoir appris l’alphabet pourrissant,
Des grands calculateurs,
A hauteur d’escabeau,
A ras des certitudes attablées,
A quoi bon ?! »
Nous n’avons fait que fuir - Bertrand Cantat
Et à nouveau les spirales, cette impression vertigineuse de ne pas en sortir. Ce sentiment fut renforcé par l’écoute à la radio d’un morceau de Charlotte Gainsbourg, 5 :55
Comme une bête attendant sa confiance
allongée ici, tuant le temps
au plus profond de la nuit
là ou temps et espace se figent
cinq cinquante-cinq
cinq cinquante-cinq
à cinq heures cinquante-cinq
jamais rien ne changera
sur l’autel de mes pensées
je me sacrifie encore et encore et encore
cinq cinquante-cinq
cinq cinquante-cinq
like a beast awaits its faith
laid here with time to kill
the very dead of night
where time and space stand still
five fifty five
five fifty five
at five fifty five
nothing will ever change
on the altar of my thought
I sacrifice myself again and again and again
five fifty five
five fifty five
Dans cette immersion dans 55 en vivant ce nombre, à l’instar de la musique, je fis de même avec mes lectures. Je pris l’habitude de choisir un livre au hasard dans ma bibliothèque, non pas pour son contenu, mais pour le titre, si possible évocateur, et lire la page 55 dans l’espoir de trouver une quelconque signification tangible, en mots, à tout cela. Je ne trouvais rien, ou presque. Des bribes peut-être, parfois.
Mais c’était devenu un rituel. Un jour. Un livre.
La nausée - Sartre :
Si jamais je devais faire un voyage, il me semble que je voudrais, avant de partir, noter par écrit les moindres traits de mon caractère pour pouvoir comparer, en revenant, ce que j’étais et ce que je suis devenu.
J’étais donc embarquée dans un voyage ? Mais lequel ? Et pour arriver dans quel état ?
Les racines du mal - Maurice G. Dantec :
Le téléphone
Le téléphone sonnait toujours.
Il avait l’impression que cela faisait des heures que ça sonnait.
La peste - Camus :
- Je ne sais pas comment dire, mais j’ai l’impression, voyez-vous, qu’il cherche à se concilier les gens, qu’il veut mettre tout le monde avec lui.
Je suis d’ailleurs - H.P. Lovercraft :
Il parlait tout le temps de la mort, mais il avait un grand rire caverneux lorsqu’on évoquait devant lui, le plus délicatement possible, des choses telles que l’enterrement ou les dernières dispositions.
En fin de compte, il devenait un compagnon plus que déconcertant, macabre.
Certains jours, il avait l’esprit d’un diablotin en manque de farces :
La promesse de l’aube - Romain Gary :
Il me regarda attentivement, après quoi, sans hésiter, il se mit à me lécher la figure.
Je n’avais aucune illusion sur les mobiles de cette soudaine affection. J’avais encore des parcelles de gâteau de pavot répandues sur mes joues et mon menton, collées par mes larmes. Ces caresses étaient strictement intéressées.
Chroniques de la haine ordinaire - Pierre Desproges :
En réalité, je ne te souhaite ni ne te veux rien.
Je tiens seulement à ce tu saches, Al Capone de poubelle, Mandrin de mes couilles à condition qu’on me les coupe, je veux seulement que tu saches que toute la famille se joint à moi pour te prier d’agréer l’expression de mon profond mépris.
Cette page tomba à point nommé, collant parfaitement avec mon état d’esprit du moment : haineux, chargé d’une nette envie de revanche prochaine.
Mais le lendemain, un autre livre me fit recouvrir la raison.
Pour qui sonne le glas - Hemingway :
- Les tuer, ça ne leur apprend rien, dit Anselmo. On ne peut pas les exterminer tous ; plus on en tue, plus il en repousse, et toujours plus haineux. La prison, ça ne sert à rien. La prison ça ne fait que de la haine. Il faudrait que tous nos ennemis s’instruisent.
Oui, cela valait mieux. Il n’y a jamais de vainqueur dans une guerre, fut-elle psychologique.
Le temps passait, les messages pages 55 aussi, à la manière des dictons du jour, inégaux, et perdants petit à petit leur saveur …
Le cycle angoisse 1 - Serge Brussolo :
Il disait cela en l’air, pour donner à David l’illusion qu’ils allaient se revoir d’ici quelque temps, mais David savait qu’il n’en serait rien. On s’écrivait durant un mois ou deux, puis les lettres s’espaçaient. On ne savait plus trop quoi se dire. On finissait par oublier.
Malgré tout, vers la fin, un passage me fit l’effet d’un électrochoc :
Mr vertigo - Paul Auster :
Si on regarde quelqu’un en face pendant assez longtemps, on finit par avoir l’impression de se regarder soi-même.
Alors c’est donc vraiment cela ? L’illusion ? Et un avertissement : une invitation au narcissisme pour ne pas se perdre dans l’Autre ? Ou se perdre tout court dans cette quête.
Critique de la raison pure - Kant :
Mais lorsqu’une théorie a quelque solidité, l’action et la réaction qui semblaient d’abord la menacer des plus grands dangers, ne servent avec le temps qu’à en faire disparaître les inégalités, et, si des esprits impartiaux, lumineux et amis de la vraie popularité s’en occupent, à lui donner aussi bientôt toute l’élégance désirable.
Ce fut mon dernier livre 55 lu.
Il y a peu, j’ai reçu mail très clair m’invitant à la lutte pour les sans-papiers : 5.500 arrestations de complices de solidarité envers les sans-papiers, prochaine cible : c'est vous.
Désolée, 55 : moi, c’est fait. Il est temps de passer à quelqu’un d’autre.
Voilà, j’ai disséqué, dépecé, digéré, ce nombre. Je me le suis accaparé, distordu dans tous les sens pour connaître son sens. Je l’ai espéré tous les jours, redouté, attendu, haï cet envahisseur, apprivoisé cet ami. Je me suis apaisée à ses apparitions, énervée, emballée. J’en ai été charmée, révulsée, excédée. Il a rempli mes jours, a été ma seule motivation ces derniers cinq mois, ma seule préoccupation, mes seules joies et mes seuls tourments.
Mais pour avoir trop cherché, pour avoir trouvé trop de possibilités à cette invasion dans mon quotidien, je n’ai pas trouvé une réponse, mais mille, quelquefois en résonnances les unes avec les autres. Des liens de concordances qui se tissent, dans un dessein incohérent pour vous entrainer dans une course folle, une toile d’araignée en spirale macabre.
Et ce 55 qui prend plaisir à mettre un masque en tout, n’est qu’un nombre aux trop nombreux visages. Et de ce fait, il n’est rien, ni personne. Le néant. C’est là sa faiblesse.
Il suffisait de le comprendre.
Qu’il y a-t-il derrière le 55 ?
Le vide.
La dernière fois que je l’ai vu, c’était sous une photo, du côté de Gdansk en Pologne. La photo d’une vieille école, l’école « le nombre 55 » avec ces quelques mots :
« L'école primaire le nombre de 55 est toujours sur la rue de la Liberté ».
Alors oui, le nombre 55 est sur la rue de la liberté. Celle de se défaire de ses propres obsessions, nos labyrinthes intérieurs, et de toutes les dépendances que l’on nous fabrique. Et plus encore, de celles que l’on se fabrique.
Depuis quelques jours, je vois beaucoup le 44.
Je le guette celui-là. Il a beau être le chiffre de la renaissance selon certaines sources, il ne m’aura pas.
Ndl : toutes les données de ce texte sont réelles et vérifiables sur internet. Merci à G., moteur de recherche de son état, muse à ses heures perdues, pour son indéfectible disponibilité ; à Philip M., cigarettier, et Luigi L., caféinier, pour leur soutien moral.
D’un voyage sur des terres de pertes de tous repères, proches de l’anéantissement. Du bout du rationnel.
Du bout de moi.
Tout a commencé par son approche, par touches. Je ne l’avais pas remarqué, installée dans ma vie sans houle que j’étais, inconsciente du danger en approche. Il était là, tapi dans l’ombre, à m’épier. Depuis quand ? Je ne sais pas. Certainement depuis longtemps. Mais ce que je sais c’est qu’il attendait son heure pour faire de moi sa nouvelle proie. Il a pris son temps. Pour décrypter mes doutes, sonder mes failles, sentir mes espoirs.
Il est venu à moi il y a un peu plus de 5 mois. Je m’en souviens comme si c’était hier.
Tout est parti d’un mail, juste une photo avec un simple mot « 1 connu » envoyé à 11 :55 :00 exactement. Une heure insolite avec cette répétition de chiffres. Puis dans la même journée, en regardant l’heure à différentes reprises, à nouveau cette étrange coïncidence : 13h55, 18h55, 23h55. Le genre de hasard qui fait sourire. A y repenser, je dois au moins lui reconnaître ça, il a été clair quant à ses intentions lors de cette première approche. 1 connu/inconnu. Comme la promesse que l’inconnu qu’il était, allait devenir un plus-que-connu pour moi. C’était une entrée en matière facétieuse. J’avais à faire à un joueur. Oui mais, de quel type ?
Dès le lendemain, il n’a pas hésité, il est apparu sous de nombreuses formes : en plus des minutes aux heures, un accident de voiture évité de justesse avec une voiture immatriculée XX 551 94, sur le même chemin, coincée dans les embouteillages sur une route droite interminable, perdue dans mes pensées, je lève soudain la tête vers ce qui me semblait être quelqu’un qui m’observait : non, juste un portail, le numéro 555. A partir de là, mes doutes ont disparus. J’étais devenue la cible du 55.
Il s’immisçait partout, dès qu’une possibilité s’offrait à lui. Je l’ai subi d’une manière ou d’une autre durant 5 mois, jours après jours :
trop de mails reçus à x heure 55 ; une commande de surgelés passée par téléphone, et l’opératrice de me dire « ça vous fera 55 euros 60 centimes ! » ; un ticket pris pour faire la queue à la poste, le 55 ; monter sur ma balance, consciente d’avoir un peu grossi : effectivement, 3 kilos 500 en plus : 55 kg 500, etc.
Et cette heure que je regardais toujours à 55 minutes …
Je fus tout d’abord décontenancée par ces intrusions, inquiète de ce hasard qui n’en était plus un, puis agacée, dans le questionnement suivant : que me veut ce nombre ? Y avait-il une quelconque signification derrière ceci ? Laquelle ?
Alors, puisse que lui m’observait, faisait tout pour que je le remarque, je décidais d’en faire autant. C’est devenu ma quête durant ces 5 mois. Une quête assez inavouable à vrai dire.
Qui aurait pu comprendre que je parte à la chasse du 55 sans me soupçonner de perdre totalement pied avec la réalité, d’être dans l’irrationnel proche de la folie ? Alors j’ai gardé secrète cette quête au goût un peu honteux.
Petit à petit, plutôt que de n’être que tributaire de son bon vouloir dans ses manifestations, pour le comprendre, je le cherchais, le traquais sans relâche pour savoir qui il était, pourquoi ses attaques incessantes. Pour commencer, dans mon environnement proche. Tout était prétexte à le retrouver : un pot de confiture aux airelles ? Sur l’étiquette : 45 % de sucre. Mais alors, et le reste ? 55 % de fruits évidemment !
Puisse que je n’avais aucune idée de ce qu’il pouvait y avoir derrière le masque du 55, je décidais de mener mes investigations sur tous les champs possibles. Je dirigeais mes recherches vers les mathématiques, ce qui me semblait la première chose à faire pour un nombre :
1 + 2 + 3 + 4 + 5 + 6 + 7 + 8 + 9 + 10 = 55
Et la boucle est bouclée ! Donc, un rond ? Non, plutôt le début d’une spirale, 10 n’étant pas 1.
Le nombre 55 donne un cycle narcissique à 3. 55 pourvoyeur de narcissisme au nombre 3 ? Ou 55 utilisant le 3 pour son cycle narcissique ?
Cela me fit penser au parfum d’un homme, Fahrenheit de Dior, et son étrange publicité, un spot de Ridley Scott des années 80. La coque en bois d’un voilier sur calles, échouée dans un désert, à une heure du jour qui n’existe pas, un soleil écrasant de chaleur dans un ciel proche de la nuit jouant avec les ombres. C’est un temps « entre ».
Un homme caresse une falaise aux arêtes blessantes en insistant sur les renfoncements de la roche, puis caresse un galet rond, chargé de poussière et ruisselant de lumière. On entend alors une voix masculine faire ce décompte : fifty five ... three. L’homme lance le galet qui rebondi deux fois dans des trous d’eau pour atterrir la troisième fois sur une mer de mirage qu’il crée par sa chute. Le voilier apparaît, élancé, phallique, enfin mâté d’une voile blanche, sur cette nappe d’eau lisse.
Un songe alors ? Un mirage mêlant suggestion, désir de changer notre réalité de désert d’humain par nos rêves de puissance, de sensualité, de sexualité accomplie, et absences qui accentuent nos désirs.
Je revins aux mathématiques. Tout d’abord dans la suite de Fibonacci, qui introduit les mathématiques arabes en occident et dans laquelle 55 s’invite : 1 2 3 5 8 13 21 34 55 89 144 233…
puis
Le nombre 55 est partagé en moyenne et extrême raison : les 2 rapports 1,617 et 1,619 encadrent le nombre d’or Fibonacci, Alberti, Dürer et Fra Luca Pacioli en redécouvrant les études d’Euclide, de Pythagore, de Platon et de Vitruve, montrent l’importance des mathématiques dans la quête du secret de l’Univers.
Le nombre 55 est partagé en moyenne et extrême raison ? Donc ce serait un nombre mesuré, tempéré, tout en sérénité ? Ses intrusions en nombres et désordonnées dans ma vie me laissaient à penser que non. Mais je m’efforçais à ne pas me laisser aller à de trop rapides jugements. J’attendais la suite.
D’autres études au 19e siècle confirment que de nombreuses espèces (fleurs, fruits, légumes) telles que les marguerites, ont 34, 55 ou 89 pétales … toujours la suite de Fibonacci. Un certain botaniste allemand du 17e, Hofmeister, après étude du processus de croissance sur une pomme de pin, en a déduit que ces nombres, dont le 55, explique l’Universalité des spirales des plantes. Rien que cela !
55 aurait donc des travers botanistiques à se coller en pétales sur les marguerites ? Un 55 fleur bleu voyeur, complice de l’effeuillage « je t’aime, un peu, beaucoup, … » ?
Et toujours ces spirales …
Ou encore :
Nombre de Kaprekar naturel : Liste des premiers nombres de Kaprekar naturels en base 10 :
1, 9, 45, 55, 99, 297, 703, …
A nouveau un cycle en spirale …
Plus je poussais mes recherches sur le versant du rationnel scientifique, plus l’indéchiffrable s’imposait à moi, alors que de son côté, 55 continuait ses incursions dans ma vie et mon esprit.
Dans un ouvrage de 1828, le « Bulletin universel des sciences et de l’industrie - par la société pour la propagation des connaissances scientifiques et industrielles », je lisais au hasard des pages : « s’il en était besoin, nous pourrions citer encore, comme n’étant rien moins que prouvée, la substitution faite par Ptolémée, du nombre 55 au nombre 54 ; car le nombre 55 convient très bien à la place où il se trouve». Mais que vient faire Ptolémée l’astrologue dans tout ce bazar ? De quoi se mêle-t-il celui-là avec sa théorie de l’anti-terre et autres considérations sur la musique des sphères ? Une chose est sûre. Si le nombre 55 est très bien à la place où il est, et bien, qu’il y reste, au lieu de jouer au con à m’envoyer régulièrement des messages retours à mes mails : Unknown address error 550 !
Il y avait aussi, parfois, du grand, quelque chose de virtuose, de la magnificence dans 55 : la caisse de résonance d’un stradivarius ? 55 cm de haut exactement ! Pas un de moins, pas un de plus.
Du minable, du malsain :
Jyoti Amge, 15 ans, mesure 55,88 centimètres. Elle est la plus petite femme du monde.
De l’attrape-couillon :
Site : le mur des Entrepreneurs : 55 555 Euros à gagner
Sur une page de recherche avec le mot « ami 55 », je lis :
histoire générale et impartiale des erreurs, des fautes, et des crimes commis …
Console-toi de ce 55 retard, PEUPLE ami de Marat, Les com 55 plots de ceux qui ne t’aimaient pas, de 55 ceux qui curieux de la gloire, sans 55 imiter
Cela devenait surréaliste, trop obscur. Avant de comprendre en ouvrant le lien, qu’il s’agissait d’un paragraphe retranscrit d’un livre ancien révolutionnaire et que les 55 n’étaient que des guillemets.
Je piétinais, et cela m’exaspérait.
Le 55, quant à lui, continuait son petit bonhomme de chemin d’envahisseur inquiétant de ma vie. Il avait aussi intensifié ses attaques.
Malgré tout, il était parfois discret, très discret, certainement pour être mieux désiré, me laissant dans un état d’inquiétude et de manque. Ces jours-là, il n’apparaissait qu’en toute fin de soirée. Je ne pouvais m’empêcher de lui sauter dessus : « Ce n’est pas trop tôt ! Je pensais t’avoir perdu. Ne le laisse pas dans cette incertitude. Où étais-tu tout ce temps ? » Peine perdue, je n’obtenais aucune explication.
Le plus souvent, je ne le trouvais pas très subtil à apparaître à tout va. Je lui disais alors « oui, oui, je sais que tu es là. J’ai t’ai vu », allant même jusqu’au cabotinage, comme 3 numéros d’appels sur mon portable et une carte de visite contenant au moins un 55 dans la même journée. Il m’a déçue cette fois-là. Sous-estimait-il mes facultés à le voir ?
Il se faisait aussi taquin, voire complètement décalé. Comme lorsque je poursuivais mes investigations vers les mesures. 55 cm, sur Google. Pour tomber en premier sur un échange digne des plus obscurs codes secrets entre Exquise-Marquise et Ahleeya :
- Y'a le modèle Penna mid-calf qui aurait été la meilleure option, mais évidemment, il ne reste que du 48 cm
- Je pense qu'on peut grignoter 1 à 2 cm max.
- Alors en fait avec l'élastique sur le coté en l'étirant au max ça va jusqu'a 55 cm ... je pense quand même que pour 50, 53 c’est mieux l
Echange à vous mettre définitivement la coiffe à l’envers lorsque vous apprenez qu’il s’agit de réponses à la question existentielle et urgente de Maree, Montréal :
« un mollet de 55 cm peut-il rentrer dans une botte duo ? ».
Malheureusement, nous n’aurons pas le fin mot de l’histoire. Maree, qui avait « hâte d’avoir une reply » de la part du fabricant bottier, ne nous donne plus de ses nouvelles. Serait-elle partie, en duo, avec le chat botté ?
Parallèlement à mes recherches et à ses intrusions, je plongeais petit à petit tout le déroulement de ma vie dans ce nombre.
Par exemple, à l’écoute d’un morceau, « Nous n’avons fait que fuir » de Bertrand Cantat, je me suis rendu compte que le morceau durait 55 minutes et revendiqué, quasiment, comme tel. Il était écrit partout : ce long poème de 55 minutes, etc. Pas « ce long poème d’une heure ». Non, 55 minutes.
Je me suis alors créé une playlist spéciale de morceaux 55, 3 :55, 6 :55, etc. que je me passais des heures entières pour mieux m’enivrer de sons, de mots, de mélodies, qui, au final, s’entrechoquaient, se bousculaient dans un tournis sans fin au point de perdre tout sens, toutes saveurs. Ces morceaux s’accidentant dans une ronde infernale, je ne les appréciais plus, je ne les détestais pas. Je les subissais. En boucle.
« Mais dans le cercle alors,
On pourrait s’immoler sur des cimes vertiges,
Pas pour tourner en rond,
Comme on le croit parfois,
Non…
Pour créer des spirales,
Des colonnes aspirantes,
Et je tiens mon pégase
Je ne le lâche pas,
Je l’ai monté à cru,
Il est aussi sauvage que je suis devenu,
Après avoir appris l’alphabet pourrissant,
Des grands calculateurs,
A hauteur d’escabeau,
A ras des certitudes attablées,
A quoi bon ?! »
Nous n’avons fait que fuir - Bertrand Cantat
Et à nouveau les spirales, cette impression vertigineuse de ne pas en sortir. Ce sentiment fut renforcé par l’écoute à la radio d’un morceau de Charlotte Gainsbourg, 5 :55
Comme une bête attendant sa confiance
allongée ici, tuant le temps
au plus profond de la nuit
là ou temps et espace se figent
cinq cinquante-cinq
cinq cinquante-cinq
à cinq heures cinquante-cinq
jamais rien ne changera
sur l’autel de mes pensées
je me sacrifie encore et encore et encore
cinq cinquante-cinq
cinq cinquante-cinq
like a beast awaits its faith
laid here with time to kill
the very dead of night
where time and space stand still
five fifty five
five fifty five
at five fifty five
nothing will ever change
on the altar of my thought
I sacrifice myself again and again and again
five fifty five
five fifty five
Dans cette immersion dans 55 en vivant ce nombre, à l’instar de la musique, je fis de même avec mes lectures. Je pris l’habitude de choisir un livre au hasard dans ma bibliothèque, non pas pour son contenu, mais pour le titre, si possible évocateur, et lire la page 55 dans l’espoir de trouver une quelconque signification tangible, en mots, à tout cela. Je ne trouvais rien, ou presque. Des bribes peut-être, parfois.
Mais c’était devenu un rituel. Un jour. Un livre.
La nausée - Sartre :
Si jamais je devais faire un voyage, il me semble que je voudrais, avant de partir, noter par écrit les moindres traits de mon caractère pour pouvoir comparer, en revenant, ce que j’étais et ce que je suis devenu.
J’étais donc embarquée dans un voyage ? Mais lequel ? Et pour arriver dans quel état ?
Les racines du mal - Maurice G. Dantec :
Le téléphone
Le téléphone sonnait toujours.
Il avait l’impression que cela faisait des heures que ça sonnait.
La peste - Camus :
- Je ne sais pas comment dire, mais j’ai l’impression, voyez-vous, qu’il cherche à se concilier les gens, qu’il veut mettre tout le monde avec lui.
Je suis d’ailleurs - H.P. Lovercraft :
Il parlait tout le temps de la mort, mais il avait un grand rire caverneux lorsqu’on évoquait devant lui, le plus délicatement possible, des choses telles que l’enterrement ou les dernières dispositions.
En fin de compte, il devenait un compagnon plus que déconcertant, macabre.
Certains jours, il avait l’esprit d’un diablotin en manque de farces :
La promesse de l’aube - Romain Gary :
Il me regarda attentivement, après quoi, sans hésiter, il se mit à me lécher la figure.
Je n’avais aucune illusion sur les mobiles de cette soudaine affection. J’avais encore des parcelles de gâteau de pavot répandues sur mes joues et mon menton, collées par mes larmes. Ces caresses étaient strictement intéressées.
Chroniques de la haine ordinaire - Pierre Desproges :
En réalité, je ne te souhaite ni ne te veux rien.
Je tiens seulement à ce tu saches, Al Capone de poubelle, Mandrin de mes couilles à condition qu’on me les coupe, je veux seulement que tu saches que toute la famille se joint à moi pour te prier d’agréer l’expression de mon profond mépris.
Cette page tomba à point nommé, collant parfaitement avec mon état d’esprit du moment : haineux, chargé d’une nette envie de revanche prochaine.
Mais le lendemain, un autre livre me fit recouvrir la raison.
Pour qui sonne le glas - Hemingway :
- Les tuer, ça ne leur apprend rien, dit Anselmo. On ne peut pas les exterminer tous ; plus on en tue, plus il en repousse, et toujours plus haineux. La prison, ça ne sert à rien. La prison ça ne fait que de la haine. Il faudrait que tous nos ennemis s’instruisent.
Oui, cela valait mieux. Il n’y a jamais de vainqueur dans une guerre, fut-elle psychologique.
Le temps passait, les messages pages 55 aussi, à la manière des dictons du jour, inégaux, et perdants petit à petit leur saveur …
Le cycle angoisse 1 - Serge Brussolo :
Il disait cela en l’air, pour donner à David l’illusion qu’ils allaient se revoir d’ici quelque temps, mais David savait qu’il n’en serait rien. On s’écrivait durant un mois ou deux, puis les lettres s’espaçaient. On ne savait plus trop quoi se dire. On finissait par oublier.
Malgré tout, vers la fin, un passage me fit l’effet d’un électrochoc :
Mr vertigo - Paul Auster :
Si on regarde quelqu’un en face pendant assez longtemps, on finit par avoir l’impression de se regarder soi-même.
Alors c’est donc vraiment cela ? L’illusion ? Et un avertissement : une invitation au narcissisme pour ne pas se perdre dans l’Autre ? Ou se perdre tout court dans cette quête.
Critique de la raison pure - Kant :
Mais lorsqu’une théorie a quelque solidité, l’action et la réaction qui semblaient d’abord la menacer des plus grands dangers, ne servent avec le temps qu’à en faire disparaître les inégalités, et, si des esprits impartiaux, lumineux et amis de la vraie popularité s’en occupent, à lui donner aussi bientôt toute l’élégance désirable.
Ce fut mon dernier livre 55 lu.
Il y a peu, j’ai reçu mail très clair m’invitant à la lutte pour les sans-papiers : 5.500 arrestations de complices de solidarité envers les sans-papiers, prochaine cible : c'est vous.
Désolée, 55 : moi, c’est fait. Il est temps de passer à quelqu’un d’autre.
Voilà, j’ai disséqué, dépecé, digéré, ce nombre. Je me le suis accaparé, distordu dans tous les sens pour connaître son sens. Je l’ai espéré tous les jours, redouté, attendu, haï cet envahisseur, apprivoisé cet ami. Je me suis apaisée à ses apparitions, énervée, emballée. J’en ai été charmée, révulsée, excédée. Il a rempli mes jours, a été ma seule motivation ces derniers cinq mois, ma seule préoccupation, mes seules joies et mes seuls tourments.
Mais pour avoir trop cherché, pour avoir trouvé trop de possibilités à cette invasion dans mon quotidien, je n’ai pas trouvé une réponse, mais mille, quelquefois en résonnances les unes avec les autres. Des liens de concordances qui se tissent, dans un dessein incohérent pour vous entrainer dans une course folle, une toile d’araignée en spirale macabre.
Et ce 55 qui prend plaisir à mettre un masque en tout, n’est qu’un nombre aux trop nombreux visages. Et de ce fait, il n’est rien, ni personne. Le néant. C’est là sa faiblesse.
Il suffisait de le comprendre.
Qu’il y a-t-il derrière le 55 ?
Le vide.
La dernière fois que je l’ai vu, c’était sous une photo, du côté de Gdansk en Pologne. La photo d’une vieille école, l’école « le nombre 55 » avec ces quelques mots :
« L'école primaire le nombre de 55 est toujours sur la rue de la Liberté ».
Alors oui, le nombre 55 est sur la rue de la liberté. Celle de se défaire de ses propres obsessions, nos labyrinthes intérieurs, et de toutes les dépendances que l’on nous fabrique. Et plus encore, de celles que l’on se fabrique.
Depuis quelques jours, je vois beaucoup le 44.
Je le guette celui-là. Il a beau être le chiffre de la renaissance selon certaines sources, il ne m’aura pas.
Ndl : toutes les données de ce texte sont réelles et vérifiables sur internet. Merci à G., moteur de recherche de son état, muse à ses heures perdues, pour son indéfectible disponibilité ; à Philip M., cigarettier, et Luigi L., caféinier, pour leur soutien moral.
arôme naturel- Messages : 140
Date d'inscription : 14/02/2012
Age : 57
Localisation : en mouvement
Re: Bref ... rien de bien original ici
Un grand merci à toi d'avoir encore mis des mots, d'autres, différemment sculptés, avec en arrière plan le glas qui sonne. La fin des illusions, le départ d'un coeur qui s'est donné.
Je reconnais là grande partie des affres que j'ai subies, à sentir quelque chose qui enveloppe chacune des parcelles qui nous compose se dissoudre ...
Donner parce que le miroir qu'on nous tend reflète nos aspirations les plus profondes ... et s'apercevoir qu'on nous a pillé ...
Seuls ceux qui ont connu cette déchirure peuvent comprendre ...
Je reconnais là grande partie des affres que j'ai subies, à sentir quelque chose qui enveloppe chacune des parcelles qui nous compose se dissoudre ...
Donner parce que le miroir qu'on nous tend reflète nos aspirations les plus profondes ... et s'apercevoir qu'on nous a pillé ...
Seuls ceux qui ont connu cette déchirure peuvent comprendre ...
Invité- Invité
Re: Bref ... rien de bien original ici
aucun astre n'a ton envergure,
sur ce devenir pas contre-allée
arôme naturel- Messages : 140
Date d'inscription : 14/02/2012
Age : 57
Localisation : en mouvement
Re: Bref ... rien de bien original ici
Hello Neme6,
Grand merci à toi !
Je te souhaite ainsi qu'à vous tous un très heureux Noël !
Grand merci à toi !
Je te souhaite ainsi qu'à vous tous un très heureux Noël !
arôme naturel- Messages : 140
Date d'inscription : 14/02/2012
Age : 57
Localisation : en mouvement
Re: Bref ... rien de bien original ici
J'ai honte mais tant pis.
J'aurais du prendre le temps de poster chez chacun.
J'essaierai de me rattraper demain, mais puisque je te vois ici ce soir, alors que je n'espérais plus, je veux te dire le plaisir que ça me procure.
Vous m'êtes tous précieux autant qu'arôrme naturel.
Que ferais-je sans vous ?
J'aurais du prendre le temps de poster chez chacun.
J'essaierai de me rattraper demain, mais puisque je te vois ici ce soir, alors que je n'espérais plus, je veux te dire le plaisir que ça me procure.
Vous m'êtes tous précieux autant qu'arôrme naturel.
Que ferais-je sans vous ?
Elléane- Messages : 359
Date d'inscription : 16/11/2011
Age : 62
Localisation : Ile de France
Re: Bref ... rien de bien original ici
Pas de problème Elléane, au contraire, tu es toujours la bienvenue ici !
Alors à toi, ainsi qu'à tous ...
Que cette année soit ébouriffante, multiple, prolixe, sans entrave, ... en un mot : zèbre.
Alors à toi, ainsi qu'à tous ...
Que cette année soit ébouriffante, multiple, prolixe, sans entrave, ... en un mot : zèbre.
arôme naturel- Messages : 140
Date d'inscription : 14/02/2012
Age : 57
Localisation : en mouvement
Re: Bref ... rien de bien original ici
Hello arôme naturel !!!
Très bonne année à toi. Qu'elle t'apporte joie santé, joie et prospérité !
Très bonne année à toi. Qu'elle t'apporte joie santé, joie et prospérité !
Invité- Invité
Re: Bref ... rien de bien original ici
Hello Qilin !
Et une très heureuse année à toi jeune homme, toute en sérénité !!
Et une très heureuse année à toi jeune homme, toute en sérénité !!
arôme naturel- Messages : 140
Date d'inscription : 14/02/2012
Age : 57
Localisation : en mouvement
Re: Bref ... rien de bien original ici
Coucou.....
Je suis extrêmement ravie d'avoir fait ta connaissance.... je reviendrai bientôt et espère te revoir...
Je suis extrêmement ravie d'avoir fait ta connaissance.... je reviendrai bientôt et espère te revoir...
Lemniscate le papillon- Messages : 6348
Date d'inscription : 29/06/2012
Age : 55
Localisation : Gard
Re: Bref ... rien de bien original ici
Réaction à ce que je lis ici ou là...
Caspar David Friedrich - 1825-1830
Ceci est un hommage symbolique à tous ceux qui nous ont précédé en rêvant le monde d'aujourd'hui, se sont acharnés à en faire une réalité, en osant ouvrir des portes qui pour certaines menaient nulle part et pour d'autres faisaient avancer l'humanité.
Aux chercheurs de toutes disciplines d'hier et à ceux qui aujourd'hui cherchent pour demain.
arôme naturel- Messages : 140
Date d'inscription : 14/02/2012
Age : 57
Localisation : en mouvement
Sujets similaires
» L'Originalité n'a plus rien d'original pour un Original
» Rien d'original... Juste une de plus
» Rien d'original mais nouvelle venue !
» Des citations... juste pour se faire du bien
» Un titre original, surtout trouver un titre original...
» Rien d'original... Juste une de plus
» Rien d'original mais nouvelle venue !
» Des citations... juste pour se faire du bien
» Un titre original, surtout trouver un titre original...
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum