Y'a t'il des professeurs ou enseignants ?

J'ai remarqué que sur le forum les discussions sur l'enseignement tournaient beaucoup autour des difficultés scolaires ou alors des enseignements spécialisés pour enfant surdoué.

Mais y'a t'il parmis-vous des enseignants ou professeurs zébrés ? Comment le vivez-vous ? La routine des cours par exemple ou autre ? Avez-vous un enseignement différent de vos collègues dit "typiques" ? Je me suis dit que si un jour par le plus grand des hasard j'en venais à enseigner, je me surpasserai totalement, pour innover ou donner le gout à chaque enfant d'apprendre, est-ce que les zèbres sont plus justement dans cet humanisme ?

[Nettoyage]

yep


Agir autrement, privilégier le plaisir d'apprendre, de découvrir, de se construire soi et de construire la compréhension du monde tel qu'il fonctionne en mode basique.
Construire par la douceur, par la bienveillance, par l'enrichissement et la diversité. "Apprendre à apprendre" comme Montessori, et non pas apprendre et réussir artificiellement.
Lever les blocages chaque fois que c'est possible, outiller sinon pour s'auto-gérer un max avec ce qui nous met parfois en situation d'échec scolaire possible.
Pour ensuite continuer seul et autrement.

Outiller pour avoir conscience des écarts, des forces et faiblesses, savoir dire non lorsque cela franchit les limites, en particulier lorsque c'est difficile de dire non: harcèlement par exemple, pour savoir ce que c'est avant de s'y retrouver confronté sans comprendre.

Donner des contes philosophiques qui font réfléchir, qui donnent des cailloux aux petits poucets... D'ailleurs, ils adorent et les re-réclament lorsqu'on arrête trop longtemps.


Cela ne vaut pas que pour les zèbres. Même si certaines choses leur parlent mieux ou plus profondément.

Sinon Schremdu sans vouloir faire de comparaison quantitative, on retrouve le même problème qualitatif chez des élèves beaucoup moins perdus, avec beaucoup plus de repères.

Sauf que chez eux, apprendre n'est pas un objectif en soi, mais seulement un moyen d'atteindre le statut social auquel leur parents les prédestinent.

L'enseignant n'est alors vécu que comme un adversaire, ou un mercenaire qu'il faut avoir à sa propre solde.
Donc l'élève ne veut pas penser lui même, mais veut des solutions et des résultats.

Bref j'aurais presque envie de dire que la société a perdu le sens du plaisir de vivre. Vivre incluant faire des efforts pour soi, être exigeant vis à vis de soi même, mais aussi d'ailleurs savoir tirer du plaisir de ses propres progrès indépendamment de la valeur que les autres leur accordent.

Bonjour,
j'enseigne en Institut de formation en soins infirmiers depuis la mise en place des unités d'enseignements concernant le soin relationnel.
Je ne crois pas avoir déjà conduit une session de la même manière.
Je construit ces interventions autour de ce que les élèves amènent de leurs expériences de stage de sorte qu'ils tirent eux-même les conclusions de la formation. (mais j'avoue que c'est assez loin d'un cours "scolaire"...

Alors moi je suis professeure (oui maintenant on peut mettre un "e" à la fin des féminins) des écoles, zébrée reconnue et j'ai essayé de faire des choses différentes. Je n'ai rien inventé non plus. Lectures de Freinet, Montessori, permettre à l'enfant de réfléchir par lui-même, permettre aux enfants d'expliquer à un copain, permettre aux enfants de prendre leur temps, de ne pas avancer tous à la même vitesse (ils n'ont pas tous marché au même âge que je sache, donc je ne vois pas bien au nom de quoi il devrait tous comprendre en même temps la subordonnée relative ou le principe de la retenue dans la soustraction)..... Je n'en suis qu'à ma 3e dépression en 6 ans de professorat des écoles.

Comme dit plus haut, les gosses n'ont plus aucune capacité de réflexion, ils sont totalement dans l'immédiateté de la satisfaction de leurs désirs (pourquoi ? C'est un autre débat). Les parents sont dans une perspective soit consumériste, soit dans la peur de l'avenir, soit dans un discours assez déroutant de "ça sert à rien" (je généralise hein, bien évidemment tout le monde n'est pas comme ça) et ce quelque soit le milieu social.

Donc moi j'avoue que je meurs d'envie de quitter ce boulot (et c'est vraiment pas évident quand on a un BAC + 3 enfants) parce que c'est destructeur. Maintenant j'ai une copine instit zébrée qui s'en sort très bien, qui, par contre, reste dans les méthodes traditionnelles pour ne pas être enquiquinée, qui aimerait bien passer à d'autres démarches pédagogiques mais n'ose pas parce que c'est pas facile sans soutien.

J'étais prof des écoles, je suis à la retraite depuis presque 2 ans. Autant j'ai exercé mon métier avec passion autant je suis content de faire autres choses.
J'ai été un élève convenable mais me sentant plus ou moins inconsciemment en décalage (Z oblige). Mon attitude a été de me fondre dans la masse pour passer inaperçu, tout en ressentant une angoisse permanente (jusqu'en troisième). Je crois que cela a eu une influence sur ma façon d'enseigner.
Les premières années d'enseignement sont difficiles, on n'a pas de recul sur ce qu'on fait, peu de pratique pédagogique, une tonne de travail au quotidien....
L'expérience aidant, j'ai essayé par exemple de trouver des activités motivantes, qui soudent le groupe (art, sorties, classe découverte....), avec comme objectif prioritaire que les enfants soient heureux en particulier les élèves timides, anxieux... créer un climat de respect, de confiance, d'entre aide.
A 40 ans, j'ai demandé un poste de remplaçant pour ne pas m'installer dans la routine, pour voir d'autres pratiques pédagogiques et aussi pour me lancer une sorte de défit à moi-même. Une expérience de 12 années très enrichissante.
Schremdu, tu aimes ton métier, je te souhaite d'y trouver autant de plaisir à l'exercer que moi j'ai pu en avoir.

Témoignage: après un "coupage" de vivres bien brutal, j'ai enseigné en collège, en maths-physique-chimie, puis on m'a fait comprendre que j'étais c... insulte proférée à l'académie de Paris, qualificatif que j'ai fort peu apprécié d'autant que j'avais entendu d'un de mes élèves que je n'étais prof que, parce que je ne savais pas faire autre chose. J'ai quitté ce poste, ai fondé une entreprise, ai ensuite travaillé dans plusieurs branches industrielles tout en reprenant mes études, pour finir par faire de la recherche. Après un parcours en dents de scie, ingénieur, docteur... retour au professorat par la formation pour adultes (CAP et BEP), puis enseignante pour étudiants en déroute scolaire voulant passer le bac; j'ai changé tout le temps, on n'écoutait jamais mes suggestions, alors je partais... Je fuis les imbéciles, et il y en a...
j'ai toujours pris plusieurs postes d'enseignante à la fois, je me croyais anormale et on m'a prise pour telle si souvent... -une instable professionnelle-, je m'ennuyais dès que j'avais compris le programme, puis j'ai enseigné la physique pour préparer au concours d'entrée des futurs kinésithérapeutes, même le français pour des agents dans les hôpitaux, la biologie, la technologie et les sciences physico-chimiques pour les professeurs des écoles, j'ai été créatrice de tests psychotechniques, et suis formatrice pour les architectes d'intérieur, professeur pour redonner de bonnes bases en mathématiques pour les futurs professionnels de l'audiovisuel. Enseignement aussi de sciences en Master. Je ne compte pas m'arrêter là... Chaque année, je change de programme, ce qui occasionne un boulot énorme...

J'adore enseigner, mais je décroche des structures tout autour; je supporte de moins en moins le mépris qui entoure notre boulot et surtout je pense à refaire de la recherche au niveau professionnel et non plus en amateur, ce que j'ai dû accepter ces dernières années faute de mieux -quand je dérange un système, je le fais jusqu'au bout!- , mais il faudrait que je fonde mon propre labo pour y effectuer des recherches librement et non pas sous le diktat de l'Etat, ou encore de sponsors et autres mécènes aux intentions peu claires.

Dois-je ajouter qu'on n'écoute jamais (sauf une fois) mes demandes pour obtenir du matériel de labo? Pas de moyen non plus pour fonder un groupe de recherche... Si je trouve un petit billet de loto gagnant par terre, je saurais quoi en faire.

J'ai enseigné à l'université. Mais ça me bouffait pas mal (trop investi) et ma recherche et le reste en pâtissaient. Je n'arrivais pas à quitter le boulot même à la maison...
Alors primaire ou collège je n'aurais pas pu...

Par contre il me revient en mémoire une institutrice qui m'a quasiment sauvé ma vie scolaire en CE1... J'avais commencé avec une folle qui me rendait au fou au point de trembler tous les dimanche à l'idée d'aller à l'école et heureusement une nouvelle classe a été faite au bout de 2 ou 3 mois avec une instit' qui était géniale, ouverte, qui avait surement conscience aussi que les enfants sont tous différents !!! Même si je sais que les enseignant sincècres pensent "juste faire leur métier", si je pouvais la retrouver et la remercier !!! Quand je vois les témoignage de zebres, je me dis qu'elle m'a surement sauvé en parti la vie (au moins scolaire) !
(Si vous connaissez une instit qui enseignait près de Nantes il y a 25 ans qui est géniale c'est surement elle !!!)

Je suis formateur indépendant et j'utilise des méthodes alternatives, jeux logiciel de formation. j'ai un public très divers, adultes, artisan, jeunes et chômeurs en reconversion. Le free style au tableau, c'est ce que je préfère, rebondir sur une question pour faire la boucle jusqu'au sujet à traiter.
Le plus beau cadeau que j'ai eu, un élève qui m'a dit: "Cela fait 4 ans que l'on m'explique les équations à deux inconnues. Avec vous j'ai compris comment cela marche et à quoi cela sert." je suis le roi de la contextualisation.
Bon c'est aussi la solution professionnel la moins pire.

Je suis prof aussi, anglais en lycée, banlieue classée pourrie.
Je songe à changer de boulot. J'adore enseigner, je suis persuadée que mes élèves ont tous du potentiel pour s'améliorer, j'aime bien trouver des idées et des manières tordues de leur faire comprendre et retenir des choses et d'évaluer ce qu'ils savent déjà.
Par contre le cadre scolaire me paraît aussi néfaste à l'apprentissage que le cadre hospitalier pour la santé et le bien-être...
J'ai l'impression que ça peut être un métier passionnant si on le fait comme un missionnaire, avec une foi infaillible, sauf que moi par nature je doute, et de plus je veux bien faire mon boulot mais c'est déjà pas facile d'enseigner quelque chose à quelqu'un, alors quand on doit le faire avec plein d'obstacles en plus, ça devient infaisable. Je passe déjà une partie de mon week-end à travailler, mais pour vraiment bien vivre mon métier il faudrait que je fasse des trucs funs en plus des trucs chiants, qui eux sont incompressibles. C'est ça qui m'emmerde. Organiser un voyage scolaire, oui, c'est sympa, mais ça n'empêche pas qu'il faut quand même faire le reste...
L'autre chose qui m'emmerde, c'est que si je faisais tout ça, ça supposerait que j'en ai marre de ma vie sociale privée, ou alors que je ne traîne qu'avec des profs avec qui on travaille en s'amusant, et par conséquent je serais un peu à la masse par rapport au fait qu'il y a des gens dont la vie n'est pas réglée par une sonnerie toutes les heures.
Ma solution palliative pour le moment, c'est le mi-temps annualisé. Ca veut dire que je travaille la moitié de l'année à plein temps et l'autre à mi temps.
Comme ça, je limite à cinq mois par an mes oscillations entre "je veux sauver la planète par la qualité de mon enseignement" et "mes élèves me harcèlent moralement" et, les pires journées, "je m'en fous de tous ces cons, tout cela n'a aucun sens". J'espère qu'au bout de mes 3 ans à mi temps j'aurais trouvé des oscillations moins violentes. Financièrement c'est juste.
Ah, et aussi, je hais la région parisienne du plus profond de moi-même.
Si d'autres enseignants qui cherchent leur équilibre aussi sont intéressés par le chercher ensemble, je ferais bien ça. Souvent je me retiens de proposer, car je rencontre majoritairement deux attitudes que je ne trouve pas constructives. Il y a les "bons enseignants", qui n'ont pas le bordel dans leurs classes, "eux" (a fortiori ceux qui croient à l'autorité naturelle)
Pour vous décomplexer là-dessus, aujourd'hui deux de mes élèves ont passé une partie du cours à se scotcher la jambe droite de l'un contre la jambe gauche de l'autre.
Il y a aussi ceux qui veulent mettre toutes leurs difficultés sur le dos des élèves ou de l'administration/état/programmes. Certes, on a des obstacles extérieurs qui sont vraiment lourds parfois, mais à priori ils ne vont pas changer dans un futur proche, alors c'est à nous de modifier notre approche pour survivre.
Mon but est de faire des cours décents en passant un temps raisonnable et limité à les préparer... Et de libérer mon esprit pour le reste de ma vie, tout en prenant parfois le temps de la réflexion sur mes pratiques...
C'est la définition de "cours décent" qui me pose problème... Dans le cadre où je travaille, mes diverses priorités entrent en conflit: comment lutter contre le décrochage scolaire quand on exclut des gamins de son cours? Comment faire quand on ne les exclut pas, vu qu'ils sont hypra relous parfois? Peut-on trouver un équilibre vivable qui n'implique pas de changer tout le fonctionnement de l'établissement ainsi que la société qui va autour?
Comment faire des cours avec un bon contenu sans en oublier la forme et la mise en application sans y passer 18h?
Comment avoir des cours bien préparés sans oublier la nécessité de rebondir sur ce qui se passe en cours?
Comment est-il possible d'être prof, en fait? Pour l'instant je ne comprends pas... Je le vis parfois assez mal d'ailleurs.
Bref, tout un monde de questionnements!

J'enseigne le piano, le solfège, la théorie musicale et l'improvisation. J'ignore comment procèdent les collègues en général. Je ne peux donc pas dire comment mes cours peuvent différer des leurs. De plus, j'imagine qu'il y a un fort pourcentage de surdoués parmi les profs de piano.

Je pense être très concentré sur mon élève pendant mon cours. J'essaie de me mettre à sa place et je recherche constamment ce qui peut le faire le plus progresser pour le moins d'efforts possible. Du coup, les directions prises sont différentes selon les élèves.

Cyril THQI a écrit: j'imagine qu'il y a un fort pourcentage de surdoués parmi les profs de piano.

Uniquement les profs de piano ou tous les musiciens pro ?

Tu penses qu'il y a une forte corrélation entre les capacités cog' et les "capacités musicales" ?

jbacmo a écrit:Comme ça, je limite à cinq mois par an mes oscillations entre "je veux sauver la planète par la qualité de mon enseignement" et "mes élèves me harcèlent moralement" et, les pires journées, "je m'en fous de tous ces cons, tout cela n'a aucun sens". J'espère qu'au bout de mes 3 ans à mi temps j'aurais trouvé des oscillations moins violentes. Financièrement c'est juste.

Cela fait environ 20 ans que "j'enseigne" dans une école (équivalent collège/lycée) dite "difficile" et difficile dans les faits, et il ne se passe pas une semaine sans que ce genre de réflexion ne me traverse. Allant de l'épuisement total à l’exaltation extrême, je ne pourrais pourtant pas faire un autre métier. J'y vois le monde tel qu'il est, j'y sens la vie au quotidien, avec ses pires et ses meilleurs. Très sincèrement, entre les moments de lassitude ou de déception, je retrouve la passion dans les échanges positifs et les jeunes le sentent 

Et si la majorité des élèves étaient bien traités par leurs parents au lieu d'être maltraités, ça se passerait beaucoup mieux.

Oufyfille a écrit:Uniquement les profs de piano ou tous les musiciens pro ?

Tu penses qu'il y a une forte corrélation entre les capacités cog' et les "capacités musicales" ?

Pas seulement les profs de piano, mais plutôt l'ensemble des musiciens de haut niveau.

Je pense qu'il y a effectivement une corrélation entre capacités cognitives et excellence musicale. Pour plusieurs raisons :

- Les musiciens de haut niveau proviennent souvent de milieux favorisés.
- Arriver à haut niveau me semble nécessiter un terrain favorable. Je constate de fortes disparités entre mes élèves débutants. Ceux qui progressent le plus vite sont ceux qui ont le meilleur niveau intellectuel. Ceux qui étaient mes meilleurs élèves étaient tous surdoués.
- La pratique musicale développe certaines aptitudes comme le souci de la précision, la reconnaissance de formes, la perception d'analogies, la sensibilité, la créativité, faire plusieurs choses simultanément, etc.

Angeal a écrit:Mais y'a t'il parmis-vous des enseignants ou professeurs zébrés ? Comment le vivez-vous ?

Je suis modestement chargée d'enseignement à la fac de lettre proche de chez moi.
J'y enseigne mon métier en L3, M1, M2.

Oui, j'ai une méthode radicalement différente de celle des collègues. Une méthode d'auto-apprentissage que j'ai élaborée moi-même.
Je suis perçue comme "un poil arrogante ayant des certitudes". Je ne suis absolument pas intégrée à l'équipe pédagogique (trop électron libre).
Mes étudiants m'adorent...
C'est ce qui me motive.
J'ai besoin de m'attacher à eux (par chance, avec ma matière, j'enseigne dans des petits groupes de luxe de 4 à 5 étudiants).

Mais ça fait 19 ans, je repique au truc en septembre 2013, mais ce sera la dernière année.

J'ai compris cette année pourquoi mes étudiants (et même mes jeunes confrères/consoeurs) ont parfois du mal à me suivre...
Mais dans l'ensemble ma méthode fonctionne.
Les étudiants le disent...

Fabuliotte a écrit:Oui, j'ai une méthode radicalement différente de celle des collègues.

Quelle est cette différence ?

C'est très lié
1. à ma spécialité
2. à la "physionomie" du diplôme, dans cette spécialité.

Assez long à expliquer.
Disons que c'est une méthode "bricolée" par moi...

Cyril,
Je suis sur le départ, pour environ une semaine...
Donc à mon retour et probablement en MP; sinon je suis obligée de dévoiler ici ma profession et vue ma localisations géographique on me retrouverait facilement.