Et la lecture ?

J'aimerais avoir vos témoignages sur ce sujet

J'adore les livres, j'ai une espèce de boulimie intellectuelle qui fait que j'aime me plonger dans plein bouquins sur des sujets très variés. Et j'aime être entouré de livres...

J'arrive plus à lire de livres c'est trop long mais je lis toutes sortes d'auteurs et d'articles et de choses et cherche à tout savoir et note et écris toutes sortes de choses en permanence ^^

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Moi si on m'offre un bouquin que je n'ai pas expressément "demandé", je ne peux pas le lire, sauf rares exceptions pour des trucs courts non romans. J'ai besoin de savoir avant de commencer ma lecture, ce que le bouquin va m'apporter au niveau intellectuel, quelle pierre il pourra constituer dans l'édifice de ma culture. Je me lance dans une lecture car je l'ai décidé bien avant en ayant ciblé le bouquin, pour répondre à un besoin, comme si je ne pouvais pas me permettre de me tromper de livre et de lire "pour rien".
Il faut dire que j'ai assez de mal à me concentrer sur une lecture, par manque d'habitude certainement : je fais rarement à mon avis des sessions de plus de 3/4 d'heure de lecture non stop. Je lis très lentement (il faut souvent que je relise plusieurs fois la même phrase, ou bien recommencer quelques paragraphes avant quand je m'y remets), à cause de la pensée arborescente bien souvent.
Et je suis de la génération Y comme on dit : il faut tout, tout de suite et internet est plus rapide qu'un long bouquin haha

J'adore lire, et comme Thaïti Bob je n'arrive pas à investir facilement un livre que l'on me propose. Mon rapport à la lecture est culturel mais aussi très émotionnel.
Je ne cherche pas à lire ce qui est à la mode ou les classiques, au contraire, je me laisse guider par ma curiosité dans une sorte d'arborescence de sujets connexes rencontrés. Je lis donc plusieurs livres en même temps, tous reliés par un lien, parfois lointain.

Pour le moment donc: L'interprétation des rêves (Freud), Le monde selon Garp (Irving, in English), Matière et Lumière (R Freynmann, absolument génial), L'Apologie de Socrate (Platon), Humain trop Humain (Nietzsche), Irvin Yallom... Un cours de Mécanique Quantique... bien entendu, parfois je m'égare un peu et on me regarde bizarrement, !

J'ai récemment découvert les livres électroniques, à moi les bouquins scientifiques tellement difficiles à trouver..

Je lis environ 3 livres par semaines...j'adore lire, si je n'ai pas de livre dans mon sac...je me sens nue, un peu comme si j'oubliais mon portable ou ma CB (ben je reste une fille...:p)
Le pb c'est qu'à ce rythme ma maison est envahie alors je suis obligée de faire des tris de ce que je garde et jette en permanence. Mon chéri voulait m'offrir le ebook reader, mais je n'en veux pas parce que j'aime toucher les livres, surligner au fluo les passages avec lesquelles je suis d'accord si je lis un essai, les phrases que je trouve très bien tournées, corner les pages etc...
Pour moi plus un livre est en mauvais état et plus il a été aimé, lu et relu. Bref, j'ai une histoire d'amour avec les livres depuis toujours ...

Je partage le point de vue de Thaiti Bob : j'ai du mal avec un livre que je n'ai pas choisi. Il faut dire que cela renvoie au thème puéril, immature, du gamin qui hurle de déception parce qu'on lui fait un cadeau qui ne lui plaît pas. Mais dans le cas présent, il se double de la colère d'être si mal compris et connu que ça, parce que des fois, on me file des trucs, franchement, je me dis "mais qu'est-ce qui a pu leur passer par la tête"... des trucs qui révèlent une connaissance anormalement superficielle, une espèce de mépris pour celui à qui on l'offre.
La solution existe, donner des listes, mais du coup, l'effet de surprise disparaît.

Je vivrais environné de livres, mon refuge fantasme est une vieille maison perdue dont toutes les pièces recèleraient une bibliothèque d'un style désuet, remplie de masses et de masses de livres jaunis de toutes les époques, de tous les genres. Sans compter les BD, je crois que nous avons largement plus de 1000 bouquins chez nous et nous n'arrêtons pas d'en récupérer ou d'en acheter, et de les lire avec boulimie en soupirant : il y a trop de livres à lire !!!

C'est vrai que nos sujets sont relativement "ciblés" sur nos préoccupations du moment : écologie, théologie, histoire, mais ça va aussi chercher en politique, art, philo... Quant à la littérature, Madame étant prof de lettres, quand j'ai envie de lire un classique que je n'ai pas déjà lu, pas besoin de l'acheter, juste à aller dans son bureau, fouiner dans sa bibliothèque à elle, bien malchanceux si je ne l'y trouve pas. Bref, on achète un bouquin sur tel sujet, mais ce qu'on y lit nous pousse à en savoir plus, ce qui nécessite d'en trouver trois autres, et puis chacun - trois autres, et ainsi de suite en une arborescence infinie, on lit un bouquin sur l'objection de croissance et on se retrouve deux mois plus tard à lire les Physica d'Hildegarde de Bingen

Spoiler:

Quelquefois j'ai presque peur de me lancer sur un nouveau sujet : je sais qu'il peut m'entraîner très loin et que je n'aurai jamais le temps d'en lire assez, ou que ce sera au détriment d'autre chose... ça, c'est l'âge, aussi. Bientôt 36 ans, je ne peux plus fantasmer sur la possibilité d'étudier à l'infini.

Par ailleurs, j'ai une telle vénération pour l'objet-livre que je n'aime pas le support électronique. Comme si on avait le livre sans vraiment l'avoir. Tenir l'objet dans ses mains, le ranger dans son rayon, fouiner dans ses propres bibliothèques à la recherche des livres encore à lire (en ce moment, on achète un peu plus vite qu'on ne lit, à d'autres moments c'est l'inverse...), le remettre après lecture, font partie du rituel d'appropriation de ce savoir. Et pour un livre ancien, je préfère une édition ordinaire un peu défraîchie à une belle reliure qu'on ose à peine toucher (c'est pour ça que nous ne sommes pas du tout fans des sacro-saints Pléiade. C'est très pratique pour avoir des oeuvres complètes en un petit volume, mais ça donne des bouquins qu'on n'ose pas sortir, feuilleter, laisser traîner sur la table pour les lire lentement...)

Zébu a écrit:Mon rapport à la lecture est culturel mais aussi très émotionnel.
Je ne cherche pas à lire ce qui est à la mode ou les classiques, au contraire, je me laisse guider par ma curiosité dans une sorte d'arborescence de sujets connexes rencontrés.

Voui voilà moi aussi c'est émotionnel. C'est comme une chanson qu'on aime : il y a toujours plus ou moins un évènement affectif qui fait qu'elle a pris une place importante dans ta vie. C'est un peu pareil pour les bouquins : quand je choisi un roman, c'est parce que je m'attend à éprouver tel ou tel sentiment par exemple. Enfin, je pense que ça doit être partagé par à peu près 100% des lecteurs .

Et par contre, arrivez vous à RElire un roman facilement ? Moi, je crois que je ne l'ai jamais fait ! à quoi bon refaire un truc déjà fait, déjà vécu, ressenti ?
Je ne parle pas des essais où là, oui, malgré une relativement bonne mémoire, il est bon de relire pour "réviser" en quelque sorte.

ça m'arrive, oui. Parce que des fois c'est agréable de ressentir à nouveau, de se re-promener dans ce jardin imaginaire-là. Justement parce que je le connais et qu'il me plaît. La magie n'est pas à usage unique. Relire après un long intervalle de temps est tout aussi appréciable. Qu'on ressente quelque chose alors qu'on était passé à côté, qu'on retrouve la même chose dans sa fraîcheur à 15 ans de distance, ou qu'on ressente quelque chose de nouveau, en tout cas, on n'a pas perdu son temps.
Je viens de me refaire tout Saint-Exupéry (enfin tout, non. Le Petit Prince et les trois "vols" : Vol de nuit, Courrier sud et Terre des hommes). Je ne les avais pas relus depuis l'adolescence. Mais là, on m'avait passé la bio de Mermoz par J. Kessel. J'ai lu cette bio et je n'ai eu qu'une envie, relire les Saintex. Et je l'ai fait. Le bouquin sur Mermoz avait, véritablement, été une nouvelle clé. J'ai enfin découvert ces livres en profondeur.

quand je choisi un roman, c'est parce que je m'attend à éprouver tel ou tel sentiment par exemple. Enfin, je pense que ça doit être partagé par à peu près 100% des lecteurs

Ah non, Dieu merci, on peut aussi lire en ayant une idée suffisamment vague pour pouvoir se laisser surprendre. J'ai relu un peu de Proust dernièrement, je ne m'attendais pas à me retrouver comme ça submergé d'images en forme de tableaux impressionnistes comme dans Du côté de chez Swan - Combray.

Idem, je ne m'attends à rien avant de commencer une lecture.
Au contraire j'aime y trouver de nouvelles émotions et curiosités qui me mèneront vers d'autres lectures.

Je n'ai relus que Tolkien, pour qui la magie et l'émotion sont toujours aussi présentes, même après 10 relectures. Il faut dire que l'oeuvre est largement inachevée, la curiosité reste intacte.

Je n'ai que très rarement accroché à des romans. Souvent je m'ennuie en les lisant. Sinon parfois une histoire et un style me plaisent, mais dans ce cas, à chaque paragraphe, je commence à réfléchir, à partir loin, et je continue ma lecture en pensant à autre chose, sans même m'en rendre compte. C'est très frustrant car je dois alors recommencer ma lecture.

Alors je lis plutôt des essais (pour me détendre. Les gens ne me croient pas quand j'explique lire des aphorisme aux toilettes par plaisir, par exemple). J'essaye de lire surtout des classiques, pour avoir une bonne culture, connaitre les bases, pour mieux comprendre les choses au fur et à mesure.

Mais j'ai fait des dépressions, et j'ai arrêté de lire à cause de ça. J'essaye de m'y remettre, mais j'ai du mal.
Je me demande si je ne suis pas devenu un peu con d'ailleurs. Ça me déprime.

Thaïti Bob a écrit:
Et par contre, arrivez vous à RElire un roman facilement ? Moi, je crois que je ne l'ai jamais fait ! à quoi bon refaire un truc déjà fait, déjà vécu, ressenti ?
Je ne parle pas des essais où là, oui, malgré une relativement bonne mémoire, il est bon de relire pour "réviser" en quelque sorte.

Parce que tu crois que tu restes la même personne à plusieurs années d'intervalle ? Que ta façon de capter le monde intellectuellement et émotionnellement demeure la même ? (la vieille histoire de la rivière qui jamais deux fois ne..., à la fois parce que ce n'est pas la même eau, et parce que tu n'es pas la même personne qu'une seconde auparavant).

Pour te donner un exemple j'ai lu 3 fois Les Frères Karamazov ; les deux premières fois j'étais assez jeune (vers 14 ans et 17 ans, de mémoire, mais pas certaine). La 3e fois, j'avais 26-27 ans et ça m'a fait halluciner : dans mon souvenir, c'étaient des "grands", des adultes. Bon en fait ce sont des gamins (ils ont un vingtaine d'années), et je t'assure que tu ne lis pas la même chose, la maturité aidant.

Second exemple, Proust. Quand j'ai terminé La Recherche, j'ai pris le temps de boucler sur une trentaine de pages (ben oui, à la fin du livre, il commence à l'écrire, faut bien aller voir...). Cet avant-goût m'a fait augurer les délices de la relecture que je ferai un jour, tout y prend une couleur bien différente de la première fois.

Cela dit, je ne relis presque plus à présent, manque de temps oblige...

Ouai voilà, c'est plus par cette impression de manque de temps que je ne le fais pas. Je mets tellement longtemps à lire un roman que c'est une vraie entreprise, quasi un projet à long terme haha. Du coup, je réfléchi à deux fois avant de commencer. Par contre, les BD, là je les relis et relis !
J'ai le même comportement avec les vidéos : je regarde très peu de films, mais je les cible très précisément. Par contre, les épisodes des simpsons, il y en a certains que j'ai du regarder au moins 30 fois jusqu'à tout connaitre par coeur chaque réplique.

J'ai relu il y a quelques semaines L'île des Esclaves par exemple, ou bien L'Utopie de More, car je les prenais en fait pour des livres neufs, tellement leur lecture au collège ou au lycée ne m'a rien apportée car on était sous l'obligation de les lire. On est beaucoup trop immature pour lire au lycée !
Là je voulais me (re)mettre à lire Candide. Mais celui là, je l'avais plus apprécié, donc j'en ai plus de souvenirs, donc moins de motivations à le relire !

Pour les romans durs par exemple, où le personnage souffre : ça, ça ne m'attire pas du tout de relire les trucs comme ça aussi.

Il y a tellement de milliers de kilomètres d'étagères d'autres bouquins à découvrir !