Ici, postez les choses que vous ne savez pas comment qualifier

Alphonsine a écrit:Là, présentement, sans aucune raison, j'ai Malbrough s'en va-t-en guerre dans la tête... oô

Alphonsine a écrit:

Je vais manger à l'extérieur, dans une cantine un peu bobo à côté du travail. C'est tout comme d'habitude. J'y vais souvent : c'est un de ces lieux habituels où je me rends par automatisme, où j'ai mes routines, mes repères. Je m'installe à une table. Peu après, quelqu'un vient se mettre en face de moi. Je lui fais un sourire, débarrasse un peu mon barda (j'ai tendance à m'étaler) pour lui laisser de la place. Et puis je retourne à mes affaires.

Comme chaque midi, je sors mon attirail. Je prends rapidement ma glycémie, dépose sur la table mes deux piqûres - on me dit souvent qu'elles ressemblent à des cigarettes électroniques. Première injection, sur la cuisse, sous la jupe. C'est un geste habituel, que je réalise très vite - sans douleur ni spectacle.

Sortir ainsi mon matériel, naturellement, prendre mon traitement en public, c'est une grande victoire pour moi. Je n'osais pas le faire autrefois, et cela faisait que je ne pouvais sortir - ou sans pouvoir faire face sereinement aux aléas de la vie. Plus encore : prendre le traitement comme quelque chose de normal... c'est en faire, par là même, quelque chose de normal. Et puis... c'est si peu impressionnant, m'a-t-on dit... J'ai appris à dédramatiser, avec le temps.

" Mademoiselle ? "
Je lève les yeux.
Une jeune fille en face de moi, petites lunettes d'écaille, un peu comme les miennes, maquillée, toute propre sur elle.
" Vous devriez faire ça dans les toilettes. Il y a des gens qui mangent ici. "
Je réplique, un peu sèchement.
" Mademoiselle, je suis diabétique. J'estime que je n'ai pas à me cacher, ça fait juste partie de ma vie.
- Eh bah, pas de la nôtre. Vous devriez le faire ailleurs, je trouve ça gênant.
- Si ça vous gêne, vous n'avez qu'à détourner les yeux, ça ne prend que quelques secondes et on ne voit rien. "
Je sens que je commence à me justifier. Ça m'agace encore plus : je n'ai pas à me justifier. Son regard se pose sur moi, et je ne sais même pas quoi y trouver. Je ne vois même pas de mépris. Possiblement un vague dégoût... J'ai l'impression absurde d'avoir dépassé un peu du cadre et de me faire taper sur les doigts pour ça. Parce que c'est dérangeant.
Comme ces gens qui osent mourir sous les yeux des autres.
" - Tout de même, c'est déplacé. " Elle répète les mêmes choses, inlassablement.
Et puis ça continue, plus agressif et plus stérile. Même contenu, mots à peine différents.
J'aimerais lui dire, à cette fille, que si je suis son raisonnement, je vais juste cesser de mener une vie normale. Ou prendre des risques inutiles et dangereux. Mais ça ne se porte même pas sur ce plan-là... C'est juste... Inutile et douloureux.

Les gens à côté viennent éteindre l'incendie qui menace d'éclater, alors il s'étend, insidieux, sur mes joues. J'ai exposé mon point de vue, elle a exposé le sien, à chacun son opinion qu'ils disent. Je pense qu'ils veulent simplement manger tranquilles. Je ne leur en veux pas, ça peut se comprendre. J'acquiesce poliment - fin de l'incident... Tout le monde m'évite du regard.

Je fais la deuxième injection et je ressens de la honte. Ça me tue, d'avoir soudain honte de ça.

Je prends ma tasse de thé, avec la main qui tremble. Je joue à celle que ça ne touchait pas en la buvant, un peu vite. Sensation d'étouffement. Je sors, je respire. Je suis particulièrement aimable et polie avec tous les gens que je croise - réflexe étrange des moments où je suis blessée et en colère...

" Vous devriez faire ça dans les toilettes. Il y a des gens qui mangent ici. "



Et puis je me suis souvenue que c'était la journée mondiale du diabète, aujourd'hui.
Putain d'ironie.

Spoiler:

Zebra-Finch a écrit:J'ai cru un instant qu'ils étaient vivants les animaux..

Spoiler:

De consommation courante au Japon, où il est malheureusement remplacé de plus en plus par des fabrications industrielles chimiques avec une fermentation accélérée au glutamate de synthèse. Par exemple le miso rouge est obtenu en seulement 6 semaines au lieu des 2 ans d’un miso traditionnel

Parenthèse sur les sucres:

U C C E N a écrit:Tu les bois seulement.

Et les moules, tu bois ou tu machouilles ?