Affiche contre l'illétrisme

Rappel : l'illettrisme, en progression, ne doit pas être confondu avec l'analphabétisme, stationnaire (car il a atteint son minimum pratique).



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L'ignorance étant socialement valorisée, elle traîne l'illettrisme dans ses valises.
Il y a un an je suis tombé sur un blog qui exigeait qu'on retire du dictionnaire les trois quarts de ses mots, jugés "inutiles à une langue efficace et adaptée aux réalités du monde" et réclamait qu'on apprenne à tout exprimer en environ 1500 mots, le reste faisant perdre tellement de temps qu'il fallait non seulement l'abandonner, mais l'interdire avec énergie.
Quand on en est là, il ne faut pas s'étonner que l'illettrisme progresse. Il risque même d'être vite tellement répandu qu'il ne sera pas un handicap. Et on lui "adaptera la langue"...

En Belgique francophone, un jeune peut "aisément" arriver jusqu'en 3è secondaire professionnelle (16 ans) en étant illettré,voir analphabète. Il suffit d'appliquer la législation...Cette politique s'appelle "lutte contre l'échec scolaire"

Je reste pantoise face à cette affiche.

C'est une révolte ? non, ne me dites pas que c'est une révolution Si.. ?

lol ceci est une révolution dans les campagnes de pub. ^^

Marrant ce que tu dis avoir vu Fusain, mais il est quand même vachement extrême le groupe qui a dû te pondre ça.
Je ne dirais pas que l'ignorance est socialement valorisée, mais plutôt que l'ignorance devient dommage collatéral de la réussite sociale. Les signes extérieurs de richesse étant maintenant les iPads et autres "concentrés de métaux rares donnant accès au web depuis le plus profond ravin", les gens n'ont plus intérêt à se souvenir des choses, mais ils ont juste besoin de consommer l'information rapidement, à la seconde où ils en ont besoin. Devant les raz de marée d'informations diverses et inutiles qu'on reçoit chaque instant, il n'est plus possible de retenir ou filtrer correctement. L'information devient ainsi jetable, et ça entretient l'ignorance des gens. La société de l'assistanat en général avec coachs et conseillers en tout genre contribue aussi pas mal selon moi.

Mais là n'est pas vraiment le sujet du fil sur l'illettrisme. De mon côté j'ai enfin fait le point entre illettrisme et analphabétisme.

Je dis socialement valorisée parce qu'aujourd'hui, celui qui emploie des mots dépassant on va dire les 800 à 1000 du pack de base est rapidement traité de pédant, de prétentieux qui essaie d'entourlouper son monde avec des grands mots. Quant à l'orthographe, regarde comment sont accueillies les remarques quand les fautes sont nombreuses au point de rendre le message incompréhensible... On te répond que l'orthographe est la science des imbéciles et que la langue doit s'adapter à l'époque.
Mon grand-père, qui n'a pas dépassé le certificat d'études et n'a pas beaucoup lu hormis son journal, a rédigé une fois à notre demande ses mémoires de mineur de fond. D'un seul jet il a rempli un grand cahier rigide grand format. Dans ces pages écrites vite et sans relecture, d'une écriture de taille normale, on trouve en moyenne une faute par page, pas plus : il est faux de prétendre que la bonne maîtrise de la grammaire et de l'orthographe a toujours été réservé aux plus diplômés...
Quand j'étais en primaire, on recommandait souvent et on trouvait dans toutes les classes un dictionnaire intitulé "Mes 1000 premiers mots". J'ai lu à plusieurs reprises qu'aujourd'hui, un lycéen de quartier défavorisé tournait sur 800...
Une question qui se pose, il me semble, et ça va rejoindre la remarque de Trèfle, ainsi que les points que tu soulignes, est : dans quelle mesure l'illettrisme progresse parce qu'il est de moins en moins pénalisant pour tracer sa route au quotidien ? Diverses béquilles permettent de s'en sortir, de ne plus être exclu par l'illettrisme. Ce qui pourrait sembler positif, sauf que, du coup, cela dissuade de le combattre : pas la peine ! Et les points sur lesquels l'illettrisme est vraiment pénalisant finissent par se brouiller dans une brume d'hypothèses abstraites - pensée plus riche, plus libre ? résistance aux manipulations, ne serait-ce que celle de la pub ? meilleures possibilités d'ascension sociale tout de même ? On reste dans le flou, allant du "on peut s'en passer" au "ce n'est pas du tout évident".

Fusain a écrit:Je dis socialement valorisée parce qu'aujourd'hui, celui qui emploie des mots dépassant on va dire les 800 à 1000 du pack de base est rapidement traité de pédant, de prétentieux qui essaie d'entourlouper son monde avec des grands mots. Quant à l'orthographe, regarde comment sont accueillies les remarques quand les fautes sont nombreuses au point de rendre le message incompréhensible... On te répond que l'orthographe est la science des imbéciles et que la langue doit s'adapter à l'époque.

Il ne sera certainement pas traité de "pédant", sinon c'est le serpent qui se mord la queue
Et en effet, la personne montrée du doigt pour son orthographe désastreuse va soit rétorquer que c'est la science des imbéciles et qu'il s'en fiche, soit que c'est dû à une dyslexie. Mais est-ce que la personne s'en fiche pour autant d'avoir des remarques lorsqu'elle essaie de s'exprimer ? Je n'en suis absolument pas sûre.

Et si certains ne prêtent plus attention aux fautes lorsqu'elles sont moins nombreuses, dans le cadre professionnel ça peut donner une image désastreuse...
Prenons par exemple la belle plaquette sur papier glacé pour des fenêtres en alu qu'on a consultée avec mon compagnon. On sent que l'entreprise a pris grand soin de se mettre en avant et de vanter tous les mérites techniques, qui sont clairement expliqués et donnent envie d'acheter. Mais j'y ai vu plusieurs fautes et du coup de professionnel compétent on est passé dans ma tête à l'image de bidouilleurs qui essaient de se faire aussi gros que le boeuf.

Et de plus en plus, je vois fleurir des fautes dans les pubs, dans des communications censées être lues, relues et rerelues, des syntaxes maladroites (encore que là je ne suis pas à citer en exemple)...L'orthographe se perd sans doute (ou alors c'est qu'on communique plus et que mécaniquement le nombre de fautes augmente), et si ça se trouve nombre d'enseignants actuellement n'ont pas l'orthographe irréprochable qui permettrait de bien corriger leur prochain.

Cherokee a écrit:
...et si ça se trouve nombre d'enseignants actuellement n'ont pas l'orthographe irréprochable qui permettrait de bien corriger leur prochain.

Les enseignants ne font pas exception, le niveau des stagiaires est parfois effrayant! Mais ce qui me semble beaucoup plus dramatique, c'est le fait de ne pas prendre un dictionnaire pour vérifier ses écrits (ou demander une relecture..) et de rendre des prépas pleines d'erreurs.
La société (et ses valeurs) "cautionne"... le monde scolaire embraye...
Qui de la poule ou de l’œuf.......?