A la recherche d'Atoum
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Re: A la recherche d'Atoum
Oui Basilice. C'est dur ...
C'est duuuuuuuuuuuuuuuuur
C'est dur quand on a placé sa confiance dans les êtres qu'on a aimé au delà du possible et que l'on s'est senti trahi. C'est un tel déchirement que le revivre ce serait une fin.
C'est dur parce que le manque est tellement criant qu'il est de plus en plus à vif à chaque expérience manquée.
C'est dur parce que l'enfant en moi n'a pas grandi. Il s'est arrêté, figé, il y a bien longtemps déjà, tétanisé par une immense peur devant le vide qui s'ouvrait à ses pieds.
Je viens de lire le fil sur le syndrome de Stockholm qui m'a inspiré d'autres recherches et j'ai googlé " identification à l'agresseur "
( http://fr.wikipedia.org/wiki/Identification_%C3%A0_l%27agresseur ). Je reporte ici ce qui m'a le plus frappé :
C'est duuuuuuuuuuuuuuuuur
C'est dur quand on a placé sa confiance dans les êtres qu'on a aimé au delà du possible et que l'on s'est senti trahi. C'est un tel déchirement que le revivre ce serait une fin.
C'est dur parce que le manque est tellement criant qu'il est de plus en plus à vif à chaque expérience manquée.
C'est dur parce que l'enfant en moi n'a pas grandi. Il s'est arrêté, figé, il y a bien longtemps déjà, tétanisé par une immense peur devant le vide qui s'ouvrait à ses pieds.
Je viens de lire le fil sur le syndrome de Stockholm qui m'a inspiré d'autres recherches et j'ai googlé " identification à l'agresseur "
( http://fr.wikipedia.org/wiki/Identification_%C3%A0_l%27agresseur ). Je reporte ici ce qui m'a le plus frappé :
Incorporation de l'agresseur, autodestruction et mélancolie
Jacques Dufour met en perspective l'identification à l'agresseur comme comportement autodestructeur assurant l'oubli forcé de l'agression, par une douleur encore plus forte infligée à soi-même. Néanmoins, ce stratagème vient parfois masquer une profonde blessure mélancolique découlant de l'abandon de l'enfant agressé par l'autre parent, complice de l'agresseur. La vie affective est éteinte au profit d'une activité intellectuelle brillante et surabondante.
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Je comprends Qilin, et cette réaction est humaine.
Je crois qu'une des pistes pour arriver à vivre les choses autrement, c'est de porter un autre regard sur son passé affectif.
De ne pas excuser les maltraitances, de regarder en face les noirceurs en les nommant telles quelles ont été (en faisant remonter les souvenirs).
Et de faire tout pareil avec les couleurs vives, les rires, les bons moments.
Il est nécessaire aussi d'accepter de prendre le risque d'être en relation.
Si l'on n'est pas en relation, on se protège mais au final, est-ce qu'on est plus heureux ?
Je crois que tant que l'on est "en réaction à", on n'est pas dans l'action, donc pas libre.
Quant à ceci...
Un des moyens de se défaire de cette identification à l'agresseur est d'aller vers cet enfant en soi, qui n'a pas grandi et de le soigner.
De le consoler, de l'embrasser, plutôt que de lui faire violence.
Parce que tant que l'on nourrit de la haine pour son agresseur, on nourrit de la haine pour soi-même, et inversement.
Mais seul, on n'y arrive pas toujours.
Personnellement, après deux thérapies (espacées) je commence à changer de regard.
Cela m'a aidé, la deuxième notamment, mais si cela m'a aidé, c'est parce que j'ai été prête à avancer.
C'est bien souvent ce que ne comprennent pas les gens, quand ils disent qu'un psy est inutile : ce n'est pas le psy qui travaille, c'est le patient !
Alors pourquoi y aller ? Parce qu'on a besoin d'un Autre pour accéder à soi...
Je crois qu'une des pistes pour arriver à vivre les choses autrement, c'est de porter un autre regard sur son passé affectif.
De ne pas excuser les maltraitances, de regarder en face les noirceurs en les nommant telles quelles ont été (en faisant remonter les souvenirs).
Et de faire tout pareil avec les couleurs vives, les rires, les bons moments.
Il est nécessaire aussi d'accepter de prendre le risque d'être en relation.
Si l'on n'est pas en relation, on se protège mais au final, est-ce qu'on est plus heureux ?
Je crois que tant que l'on est "en réaction à", on n'est pas dans l'action, donc pas libre.
Quant à ceci...
Jacques Dufour met en perspective l'identification à l'agresseur comme comportement autodestructeur assurant l'oubli forcé de l'agression, par une douleur encore plus forte infligée à soi-même. Néanmoins, ce stratagème vient parfois masquer une profonde blessure mélancolique découlant de l'abandon de l'enfant agressé par l'autre parent, complice de l'agresseur. La vie affective est éteinte au profit d'une activité intellectuelle brillante et surabondante.
Un des moyens de se défaire de cette identification à l'agresseur est d'aller vers cet enfant en soi, qui n'a pas grandi et de le soigner.
De le consoler, de l'embrasser, plutôt que de lui faire violence.
Parce que tant que l'on nourrit de la haine pour son agresseur, on nourrit de la haine pour soi-même, et inversement.
Mais seul, on n'y arrive pas toujours.
Personnellement, après deux thérapies (espacées) je commence à changer de regard.
Cela m'a aidé, la deuxième notamment, mais si cela m'a aidé, c'est parce que j'ai été prête à avancer.
C'est bien souvent ce que ne comprennent pas les gens, quand ils disent qu'un psy est inutile : ce n'est pas le psy qui travaille, c'est le patient !
Alors pourquoi y aller ? Parce qu'on a besoin d'un Autre pour accéder à soi...
Basilice- Messages : 1936
Date d'inscription : 01/11/2012
Localisation : Tout dépend des moments
Re: A la recherche d'Atoum
C'est dur, oui. Extrêmement dur, mortellement dur !!!
Je ne sais même pas à quoi cela sert de l'écrire. Ca sert à quoi ? A avouer que je suis broyé ? Que je peut passer pour tellement décalé que je provoque la fuite des quelques personnes qui pourraient éventuellement partager ?
CA SERT A QUOI ???
Ça sert à quoi de dire là où ça fait mal ? De dire le chemin que l'on cherche, d'avouer sa vacuité ? Ça sert à quoi de se regarder en face ? De chercher là, ailleurs, partout, une explication à mes propres réactions ?
CA SERT A QUOIIIIIIII ???
A soi ? A d'autres ? Au monde ?
Ça sert à quoi d'avoir le sentiment de ne pouvoir être assez fort pour aimer l'autre comme il est ? Pourquoi chercher à le faire alors ?
C'est enfantin, c'est ça ? Est-ce que j'ai le droit de dire, d'en décrire l'impact ? De dire ce que je mets derrière, de raconter les coups de fouets que j'ai cru prendre ou que j'ai réellement pris ?
A quoi sert donc de pardonner, de laisser le choix et puis d'en souffrir ? A QUOI CA SERT ?????!!!!!!! A QUOI CA SERT ?????!!!!!
A quoi ça sert de manifester son attachement par sa colère, preuve du lien affectif qui existait, preuve du mal que l'on a ressenti, preuve de l'importance que l'on accordait à ce qui se passait ?
PUTAIIIIIN ... MAIS CA SERT A QUOI ????????????
Elles servent à quoi, ces enculées de larmes ???? A me laver ??? A prouver aux autres que je suis humain ????
Faut-il que je me montre avare, ingrat, égocentrique, veule, dissimulateur ??? C'EST CA ????
Faut-il que je me coupe les couilles ? Que je m'énuclée ? Que je me refuse à râler parce que je sais le mal que cela m'a fait ???? Que je refuse de pardonner ??? Que j'attende qu'on me rende la pareille en pleurant parce que j'espère des autres ce que je suis encore capable de faire ???
PUTAIN MAIS C'EST QUOI ????
Faut-il que j'avance dissimulé en tentant de camoufler ce que je considère comme des fautes m'appartenant ? Que je file " à l'anglaise", les épaules basses, le front couvert de la rougeur de la honte ???
MERDE A LA FIN !!!! MAIS C'EST QUOI !!!!!
Je suis un homme dans sa pleine puissance. Qui regarde le plein combat qu'il mène contre ses blessures, ces putains de merde de blessures que je n'ai pas demandé à porter !!!!
Je suis plein de colère là. Plein de colère devant l'impuissance que j'avais à dire ce que je voulais, ce que je désirais, comment je me plantais seul !!!!
Je suis en pleine colère contre ma langue de bois, contre mes craintes infondées, contre mes reniements !!!!
Je bous, je me retourne, me convulsionne !!!! je ne veux pas me perdre, passer à coté de moi, passer à coté de la vie, passer à coté des autres. JE NE VEUX PAS !!!!
CA FAIT CHIER !!!! Ça fait chier de n'être que le pâle reflet de moi-même. D"avancer pour juste respirer ... De ne pas me voir autrement qu'une machine seulement capable de produire ce qu'elle a à produire !!!!
Ça fait chier de ne pas marquer son propre territoire, d'attendre que tout se passe, de n'être pas créateur de sa propre vie, de chercher en tout l'équilibre de la balance, en croyant que chaque être a le même poids.
Je me considérais comme identique à tous. Il va bien falloir que je prenne en compte mon unicité ....
Je ne sais même pas à quoi cela sert de l'écrire. Ca sert à quoi ? A avouer que je suis broyé ? Que je peut passer pour tellement décalé que je provoque la fuite des quelques personnes qui pourraient éventuellement partager ?
CA SERT A QUOI ???
Ça sert à quoi de dire là où ça fait mal ? De dire le chemin que l'on cherche, d'avouer sa vacuité ? Ça sert à quoi de se regarder en face ? De chercher là, ailleurs, partout, une explication à mes propres réactions ?
CA SERT A QUOIIIIIIII ???
A soi ? A d'autres ? Au monde ?
Ça sert à quoi d'avoir le sentiment de ne pouvoir être assez fort pour aimer l'autre comme il est ? Pourquoi chercher à le faire alors ?
C'est enfantin, c'est ça ? Est-ce que j'ai le droit de dire, d'en décrire l'impact ? De dire ce que je mets derrière, de raconter les coups de fouets que j'ai cru prendre ou que j'ai réellement pris ?
A quoi sert donc de pardonner, de laisser le choix et puis d'en souffrir ? A QUOI CA SERT ?????!!!!!!! A QUOI CA SERT ?????!!!!!
A quoi ça sert de manifester son attachement par sa colère, preuve du lien affectif qui existait, preuve du mal que l'on a ressenti, preuve de l'importance que l'on accordait à ce qui se passait ?
PUTAIIIIIN ... MAIS CA SERT A QUOI ????????????
Elles servent à quoi, ces enculées de larmes ???? A me laver ??? A prouver aux autres que je suis humain ????
Faut-il que je me montre avare, ingrat, égocentrique, veule, dissimulateur ??? C'EST CA ????
Faut-il que je me coupe les couilles ? Que je m'énuclée ? Que je me refuse à râler parce que je sais le mal que cela m'a fait ???? Que je refuse de pardonner ??? Que j'attende qu'on me rende la pareille en pleurant parce que j'espère des autres ce que je suis encore capable de faire ???
PUTAIN MAIS C'EST QUOI ????
Faut-il que j'avance dissimulé en tentant de camoufler ce que je considère comme des fautes m'appartenant ? Que je file " à l'anglaise", les épaules basses, le front couvert de la rougeur de la honte ???
MERDE A LA FIN !!!! MAIS C'EST QUOI !!!!!
Je suis un homme dans sa pleine puissance. Qui regarde le plein combat qu'il mène contre ses blessures, ces putains de merde de blessures que je n'ai pas demandé à porter !!!!
Je suis plein de colère là. Plein de colère devant l'impuissance que j'avais à dire ce que je voulais, ce que je désirais, comment je me plantais seul !!!!
Je suis en pleine colère contre ma langue de bois, contre mes craintes infondées, contre mes reniements !!!!
Je bous, je me retourne, me convulsionne !!!! je ne veux pas me perdre, passer à coté de moi, passer à coté de la vie, passer à coté des autres. JE NE VEUX PAS !!!!
CA FAIT CHIER !!!! Ça fait chier de n'être que le pâle reflet de moi-même. D"avancer pour juste respirer ... De ne pas me voir autrement qu'une machine seulement capable de produire ce qu'elle a à produire !!!!
Ça fait chier de ne pas marquer son propre territoire, d'attendre que tout se passe, de n'être pas créateur de sa propre vie, de chercher en tout l'équilibre de la balance, en croyant que chaque être a le même poids.
Je me considérais comme identique à tous. Il va bien falloir que je prenne en compte mon unicité ....
Dernière édition par Qilin le Mar 8 Jan 2013 - 12:41, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
https://www.youtube.com/watch?v=enY9KZlRwTg
Bien souvent je me demande
Le but de ces efforts
Le but de tout vouloir apprendre
De bouleverser mon sort
Je cours après la perfection
Mais je n' peux plus avancer
Non plus m'arrêter
A quoi ça sert
Ces sentiments profonds oh, non
Je me sens de travers
A force de voir mon monde à l'envers
Faut qu'je cesse de m'inventer des questions
Non
A quoi ça sert
Toutes ces nuits je me tourmente
Je me culpabilise
Des visions d' bonheur qui me hantent
Les gens me stigmatisent
Cette soif d'autodéfense me grise
Mais je n'arrive pas à dessoûler
Ni à me défouler
A quoi ça sert
Ces sentiments profonds oh, non
A quoi ça sert
De me gaver de ces goûts éphémères
De vouloir me redorer le blason
Non
A quoi ça sert
A quoi ça sert
Saisis ta chance
Me dit ma conscience
Faut que j' fasse quelque chose
Avant que je n'explose
A quoi ça sert
Ces sentiments profonds oh, non
Je me sens de travers
A force de voir mon monde à l'envers
Faut qu'je cesse de m'inventer des questions
Non
A quoi ça sert
Je n'ai plus de repère
A quoi ça sert
Bien souvent je me demande
Le but de ces efforts
Le but de tout vouloir apprendre
De bouleverser mon sort
Je cours après la perfection
Mais je n' peux plus avancer
Non plus m'arrêter
A quoi ça sert
Ces sentiments profonds oh, non
Je me sens de travers
A force de voir mon monde à l'envers
Faut qu'je cesse de m'inventer des questions
Non
A quoi ça sert
Toutes ces nuits je me tourmente
Je me culpabilise
Des visions d' bonheur qui me hantent
Les gens me stigmatisent
Cette soif d'autodéfense me grise
Mais je n'arrive pas à dessoûler
Ni à me défouler
A quoi ça sert
Ces sentiments profonds oh, non
A quoi ça sert
De me gaver de ces goûts éphémères
De vouloir me redorer le blason
Non
A quoi ça sert
A quoi ça sert
Saisis ta chance
Me dit ma conscience
Faut que j' fasse quelque chose
Avant que je n'explose
A quoi ça sert
Ces sentiments profonds oh, non
Je me sens de travers
A force de voir mon monde à l'envers
Faut qu'je cesse de m'inventer des questions
Non
A quoi ça sert
Je n'ai plus de repère
A quoi ça sert
Basilice- Messages : 1936
Date d'inscription : 01/11/2012
Localisation : Tout dépend des moments
Re: A la recherche d'Atoum
hey Basilice
Moi aussi j'ai été en thérapie, et mon regard change. C'est ainsi que je me suis permis de retenter quelque chose ... en me livrant tel que j'étais, mais en manquant encore de patience ...
Je sais que j'ai des frontières à franchir, encore et encore, et je suis toujours en travail sur moi, avec ma psychologue. Je ne me fais pas violence, mais les turbulences provoquées par les portes de j'ouvre me secouent quand même ...
Moi aussi j'ai été en thérapie, et mon regard change. C'est ainsi que je me suis permis de retenter quelque chose ... en me livrant tel que j'étais, mais en manquant encore de patience ...
Je sais que j'ai des frontières à franchir, encore et encore, et je suis toujours en travail sur moi, avec ma psychologue. Je ne me fais pas violence, mais les turbulences provoquées par les portes de j'ouvre me secouent quand même ...
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
La traversée des tempêtes...
Courage, tu tiens le bon bout.
Courage, tu tiens le bon bout.
Basilice- Messages : 1936
Date d'inscription : 01/11/2012
Localisation : Tout dépend des moments
Re: A la recherche d'Atoum
Merci de ta présence Basilice, de ces partages, pour ces mots
Je reprend confiance, doucement. Dans ce que je peux faire pour moi, pas uniquement au niveau professionnel, lequel, il faut bien l'avouer, n'a été que ma bouée de sauvetage pendant très longtemps.
Se connaitre oui, et, comme il le faut semble-t-il, se faire connaitre pour ce que l'on est.
Je n'ai jamais aimé parler de moi, de ce que j'ai fait. Je faisais pour combler un vide, pas pour me faire forcément plaisir. Pour oublier, pour me noyer dans l'adrénaline, pour m'évader de moi, de ce carcan qui pesait, immuable, sur mes épaules.
Je ne me suis pas donné la possibilité de vivre en dehors de ce que je pouvais faire de mes propres mains. A chaque fois que j'étais en relation avec un autre être, je ne voulais pas avoir l'impression d'empiéter sur sa propre vie. J'étais donc effacé, ce qui pouvait être pris comme un manque d'attention, de considération, d'affection.
Et pourtant je restais. Là, à donner. Sans rien dire ...
Il me semble maintenant que j'ai fait fausse route. Que l'accroche se passe différemment, et qu'une part de désir personnel donne piment et accroche d'une manière plus certaine que ce que j'ai pratiqué.
Ce que je prenais pour des reproches, ce qui me figeait, je le vois à présent sous forme de demande, comme pourrait l'être une question.
Il faut donc, il me semble, que je me débarrasse de cette culpabilité qui consiste à croire que je fais tout mal ...
Je reprend confiance, doucement. Dans ce que je peux faire pour moi, pas uniquement au niveau professionnel, lequel, il faut bien l'avouer, n'a été que ma bouée de sauvetage pendant très longtemps.
Se connaitre oui, et, comme il le faut semble-t-il, se faire connaitre pour ce que l'on est.
Je n'ai jamais aimé parler de moi, de ce que j'ai fait. Je faisais pour combler un vide, pas pour me faire forcément plaisir. Pour oublier, pour me noyer dans l'adrénaline, pour m'évader de moi, de ce carcan qui pesait, immuable, sur mes épaules.
Je ne me suis pas donné la possibilité de vivre en dehors de ce que je pouvais faire de mes propres mains. A chaque fois que j'étais en relation avec un autre être, je ne voulais pas avoir l'impression d'empiéter sur sa propre vie. J'étais donc effacé, ce qui pouvait être pris comme un manque d'attention, de considération, d'affection.
Et pourtant je restais. Là, à donner. Sans rien dire ...
Il me semble maintenant que j'ai fait fausse route. Que l'accroche se passe différemment, et qu'une part de désir personnel donne piment et accroche d'une manière plus certaine que ce que j'ai pratiqué.
Ce que je prenais pour des reproches, ce qui me figeait, je le vois à présent sous forme de demande, comme pourrait l'être une question.
Il faut donc, il me semble, que je me débarrasse de cette culpabilité qui consiste à croire que je fais tout mal ...
Dernière édition par Qilin le Mar 8 Jan 2013 - 13:33, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Je le sais ... je ne peux que m'aider moi-même. Je ne peux que me changer moi-même ... je le sais ...
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
La lucidité arrive ... la compréhension ne devrait pas tarder ... puis l'acceptation ... et enfin le faire.
Je ne veux plus m'oublier, laisser filer les choses et les êtres qui me tiennent à cœur.
Je ne veux plus m'oublier, laisser filer les choses et les êtres qui me tiennent à cœur.
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Un télescope de la NASA révèle qu'il existe plus de 17 milliards de planètes similaires à la Terre dans la voie lactée (Source : Atlantico)
Le télescope Kepler, que la NASA avait inauguré en 2009, révèle aujourd'hui que sur 100 milliards d'étoiles dans la voie lactée, 17% d'entre elles possèdent une planète similaire à la Terre en orbite.
Le télescope Kepler, inauguré par la NASA en 2009, rapporte aujourd'hui des données qui suggèrent qu'il existe plus de 17 milliards de planètes similaires à la Terre dans la voie lactée. En effet, sur les 100 milliards d'étoiles présentes dans la voie lactée, 17% d'entre elles posséderaient une planète similaire à la terre en orbite autour d'elle.
Les résultats ont été annoncés cette semaine au 221e congrès de la Société Astronomique Américaine par les équipes de Kepler. La technique utilisée par Kepler est plutôt simple. Le télescope observe attentivement une étoile. Si l'intensité de sa lumière baisse de manière régulière, c'est le signe qu'une planète tourne en orbite autour d'elle.
Schéma du télescope Kepler
Christopher Burke, un scientifique à l'institut SETI dont les recherches se concentrent sur les traces de vie extre-terrestre, a déclaré que 58 planètes trouvées jusque-là pourrait se situer dans la zone habitable de leur étoile hôte. Cela revient à dire que l'eau sur ces planètes aurait une chance d’être sous la forme liquide. Les planètes orbitant proche de leur soleil sont évidement de vrais brasiers alors que celle orbitant plus loin sont faites de glaces.
Le télescope Kepler, que la NASA avait inauguré en 2009, révèle aujourd'hui que sur 100 milliards d'étoiles dans la voie lactée, 17% d'entre elles possèdent une planète similaire à la Terre en orbite.
Le télescope Kepler, inauguré par la NASA en 2009, rapporte aujourd'hui des données qui suggèrent qu'il existe plus de 17 milliards de planètes similaires à la Terre dans la voie lactée. En effet, sur les 100 milliards d'étoiles présentes dans la voie lactée, 17% d'entre elles posséderaient une planète similaire à la terre en orbite autour d'elle.
Les résultats ont été annoncés cette semaine au 221e congrès de la Société Astronomique Américaine par les équipes de Kepler. La technique utilisée par Kepler est plutôt simple. Le télescope observe attentivement une étoile. Si l'intensité de sa lumière baisse de manière régulière, c'est le signe qu'une planète tourne en orbite autour d'elle.
Schéma du télescope Kepler
Christopher Burke, un scientifique à l'institut SETI dont les recherches se concentrent sur les traces de vie extre-terrestre, a déclaré que 58 planètes trouvées jusque-là pourrait se situer dans la zone habitable de leur étoile hôte. Cela revient à dire que l'eau sur ces planètes aurait une chance d’être sous la forme liquide. Les planètes orbitant proche de leur soleil sont évidement de vrais brasiers alors que celle orbitant plus loin sont faites de glaces.
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
J'intériorise tellement la douleur, je la conscientise tellement, je veux tellement en être maitre ... que je ne ressens plus la peine des autres parfois, comme il le faudrait. Je l'impersonalise, je la renvoie telle quelle parce que je n'ai plus de place où la stocker, parce que je déborde.
Flux et refux. Il faut que je lâche les vannes, que j'accepte de la crier ...
Flux et refux. Il faut que je lâche les vannes, que j'accepte de la crier ...
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Bon enfin c'est comme ça.
Je viens d'avoir une super conversation et ça fait du bien. Je relativise les choses
La personne m'a confié cette citation de Charles Fourier : " On commence par dire : cela est impossible pour se dispenser de le tenter, et cela devient impossible, en effet, parce qu'on ne le tente pas. "
Cela éclaire sacrément mon chemin
Je viens d'avoir une super conversation et ça fait du bien. Je relativise les choses
La personne m'a confié cette citation de Charles Fourier : " On commence par dire : cela est impossible pour se dispenser de le tenter, et cela devient impossible, en effet, parce qu'on ne le tente pas. "
Cela éclaire sacrément mon chemin
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Ah tiens
Cette citation sur l'impossible m'a donné envie d'en chercher d'autres !
En voilà une d'Aldous Huxley : " Il est impossible d'avoir quelque chose pour rien. Le bonheur, il faut le payer. "
Quand on cherche des raisons d'avancer, on en trouve !!!
Cette citation sur l'impossible m'a donné envie d'en chercher d'autres !
En voilà une d'Aldous Huxley : " Il est impossible d'avoir quelque chose pour rien. Le bonheur, il faut le payer. "
Quand on cherche des raisons d'avancer, on en trouve !!!
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Je parle avec Doinel sur son fil. De choses que je ne me sentais pas la force d'évoquer. Et encore le fais-je de manière froide, comme si je m'étais mis bien au dessus, comme si je n'avais plus qu'un regard d'entomologiste.
Mon Dieu, combien, oh combien, me suis-je blindé ... pour survivre ...
Mon Dieu, combien, oh combien, me suis-je blindé ... pour survivre ...
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Si j'ai déjà parlé de sujets sensibles sur mon fil, c'est la première fois que je parle d'un sujet aussi brulant. J'ai sacrément envie de refermer la boite au plus vite!
Refouler, mettre les choses à distance, je connais trop bien.
Bon courage Qilin.
Re: A la recherche d'Atoum
Ils sont brulants comme un fer rouge, Doinel. Mais, les connaissant, j'ose penser que nous pourrons en discuter sans fard tous deux (au moins).
Tu vois, tu m'as donné la force de lever "le clapet". Je ne crois pas, de mon coté, que j'aie maintenant à le refermer. Ces humeurs noires devraient sortir, car elles nous empoisonnent lentement.
Reste juste à reconnaitre que nous avons humainement fait, comme nous étions construits, ce que nous pouvions. Et que les autres aussi choisissent leur chemin. Qu'avec la meilleure volonté du monde, si nos offres sont rejetées et même si nous comprenons, nous ne pouvons rien faire ...
C'est une constatation que j'ai souvent ignorée ... et pourtant ...
Tu vois, tu m'as donné la force de lever "le clapet". Je ne crois pas, de mon coté, que j'aie maintenant à le refermer. Ces humeurs noires devraient sortir, car elles nous empoisonnent lentement.
Reste juste à reconnaitre que nous avons humainement fait, comme nous étions construits, ce que nous pouvions. Et que les autres aussi choisissent leur chemin. Qu'avec la meilleure volonté du monde, si nos offres sont rejetées et même si nous comprenons, nous ne pouvons rien faire ...
C'est une constatation que j'ai souvent ignorée ... et pourtant ...
Dernière édition par Qilin le Mar 8 Jan 2013 - 18:19, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Et pourtant... oui.
Si les autres choisissent aussi leur chemin, on ne peut pas les forcer à choisir d'accepter une offre, sinon, ce ne sont pas eux qui choisissent de l'accepter...
Si les autres choisissent aussi leur chemin, on ne peut pas les forcer à choisir d'accepter une offre, sinon, ce ne sont pas eux qui choisissent de l'accepter...
Super PY est rive- Messages : 4432
Date d'inscription : 09/10/2009
Age : 39
Localisation : environ par la
Re: A la recherche d'Atoum
Je continue à alimenter des fiches de lectures : https://www.zebrascrossing.net/t9171p20-fiche-de-lectures#362387
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Le Vent (Milosz)
Je suis le vent joyeux, le rapide fantôme
Au visage de sable, au manteau de soleil.
Quelquefois je m’ennuie en mon lointain royaume ;
Alors je vais frôler du bout de mon orteil
Le maussade océan plongé dans le sommeil.
Le vieillard aussitôt se réveille et s’étire
Et maudit sourdement le moqueur éternel
L’insoucieux passant qui lui souffle son rire
Dans ses yeux obscurcis par les larmes de sel.
À me voir si pressé, l’on me croirait mortel :
Je déchaîne les flots et je plonge ma tête
Chaude encor de soleil dans le sombre élément
Et J’enlace en riant ma fille la tempête ;
Puis je fuis. L’eau soupire avec étonnement :
— C’était un rêve, hélas ! — Non, c’était moi, le Vent !
Ici le golfe invite et cependant je passe ;
Là-bas la grotte implore et je fuis son repos ;
Mais, poète ! comment ne pas aimer l’espace,
L’inlassable fuyard qu’on ne voit que de dos
Et qui fait écumer nos sauvages chevaux !
Il n’est rien ici-bas qui vaille qu’on s’arrête
Et c’est pourquoi je suis le vent dans les déserts
Et le vent dans ton cœur et le vent dans ta tête ;
Sens-tu comme je cours dans le bruit de tes vers
Emportant tes désirs et tes regrets amers ?
Les amours, les devoirs, les lois, les habitudes
Sont autant de geôliers ! Avec moi viens errer
À travers les Saanas des chastes solitudes !
Viens, suis-moi sur la mer, car je te veux montrer
Des ciels si beaux, si beaux qu’ils te feront pleurer
Et des morts apaisés sur la mer caressante
Et des îles d’amour dont le rivage pur
Est comme le sommeil d’un corps d’adolescente
Et des filles qui sont comme le maïs mûr
Et de mystiques tours qui chantent dans l’azur.
Tu n’interrompras point cette course farouche ;
Tu fuiras avec moi sans t’arrêter jamais ;
La vie est une fleur qui meurt dès qu’on la touche
Et ceux-là seuls, hélas, sont les vrais bien-aimés
Oui se fanent trop tôt sous nos regards charmés.
Ici j’éteins le ciel, plus loin je le rallume ;
Quand ce monde d’une heure a perdu son attrait
Je souffle : le réel s’envole avec la brume
Et voici qu’à tes yeux éblouis apparaît
L’arc-en-ciel frais éclos sur la jeune forêt !
— Un jour tu me crieras : « Je suis las de ce monde
Oui meurt et qui renaît ; je voudrais sur le sein
De quelque noble vierge apaisante et féconde
Endormir pour longtemps le stérile chagrin
De ce cœur enivré de tempête et de vin ! »
Alors je soufflerai, rieur, sur ton visage
Du pur soleil d’automne et sur l’esquif errant
Le frisson vaporeux des pourpres du naufrage ;
Et l’aube te verra dormir profondément
Sur le sein de la mer illuminé de vent !
Je suis le vent joyeux, le rapide fantôme
Au visage de sable, au manteau de soleil.
Quelquefois je m’ennuie en mon lointain royaume ;
Alors je vais frôler du bout de mon orteil
Le maussade océan plongé dans le sommeil.
Le vieillard aussitôt se réveille et s’étire
Et maudit sourdement le moqueur éternel
L’insoucieux passant qui lui souffle son rire
Dans ses yeux obscurcis par les larmes de sel.
À me voir si pressé, l’on me croirait mortel :
Je déchaîne les flots et je plonge ma tête
Chaude encor de soleil dans le sombre élément
Et J’enlace en riant ma fille la tempête ;
Puis je fuis. L’eau soupire avec étonnement :
— C’était un rêve, hélas ! — Non, c’était moi, le Vent !
Ici le golfe invite et cependant je passe ;
Là-bas la grotte implore et je fuis son repos ;
Mais, poète ! comment ne pas aimer l’espace,
L’inlassable fuyard qu’on ne voit que de dos
Et qui fait écumer nos sauvages chevaux !
Il n’est rien ici-bas qui vaille qu’on s’arrête
Et c’est pourquoi je suis le vent dans les déserts
Et le vent dans ton cœur et le vent dans ta tête ;
Sens-tu comme je cours dans le bruit de tes vers
Emportant tes désirs et tes regrets amers ?
Les amours, les devoirs, les lois, les habitudes
Sont autant de geôliers ! Avec moi viens errer
À travers les Saanas des chastes solitudes !
Viens, suis-moi sur la mer, car je te veux montrer
Des ciels si beaux, si beaux qu’ils te feront pleurer
Et des morts apaisés sur la mer caressante
Et des îles d’amour dont le rivage pur
Est comme le sommeil d’un corps d’adolescente
Et des filles qui sont comme le maïs mûr
Et de mystiques tours qui chantent dans l’azur.
Tu n’interrompras point cette course farouche ;
Tu fuiras avec moi sans t’arrêter jamais ;
La vie est une fleur qui meurt dès qu’on la touche
Et ceux-là seuls, hélas, sont les vrais bien-aimés
Oui se fanent trop tôt sous nos regards charmés.
Ici j’éteins le ciel, plus loin je le rallume ;
Quand ce monde d’une heure a perdu son attrait
Je souffle : le réel s’envole avec la brume
Et voici qu’à tes yeux éblouis apparaît
L’arc-en-ciel frais éclos sur la jeune forêt !
— Un jour tu me crieras : « Je suis las de ce monde
Oui meurt et qui renaît ; je voudrais sur le sein
De quelque noble vierge apaisante et féconde
Endormir pour longtemps le stérile chagrin
De ce cœur enivré de tempête et de vin ! »
Alors je soufflerai, rieur, sur ton visage
Du pur soleil d’automne et sur l’esquif errant
Le frisson vaporeux des pourpres du naufrage ;
Et l’aube te verra dormir profondément
Sur le sein de la mer illuminé de vent !
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Re: A la recherche d'Atoum
John Lloyd: An animated tour of the invisible
La gravité, les étoiles, les pensées, le génome, le temps, les atomes. Tant de choses qui comptent dans le monde et qu'il est impossible de voir ...
http://www.ted.com/talks/john_lloyd_an_animated_tour_of_the_invisible.html
La gravité, les étoiles, les pensées, le génome, le temps, les atomes. Tant de choses qui comptent dans le monde et qu'il est impossible de voir ...
http://www.ted.com/talks/john_lloyd_an_animated_tour_of_the_invisible.html
Dernière édition par Qilin le Mer 9 Jan 2013 - 14:31, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Les hauts potentiels
http://www.psycom.ch/public/download/hauts_potentiels.pdf
http://www.psycom.ch/public/download/hauts_potentiels.pdf
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Re: A la recherche d'Atoum
Qilin a écrit:C'est vrai PY ... c'est vrai ...
Mais d'un autre coté, rien que ta présence, ou absence est importante, en ce sens qu'elle donne une possibilité de choix.
Super PY est rive- Messages : 4432
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Localisation : environ par la
Re: A la recherche d'Atoum
Oui aussi.
Il est des fois où il faut poser les choses, le tout qui constitue le chemin parcouru, la constatation, l'offre --> présence
Puis ensuite, le retrait en silence --> absence
Possibilité de choix, comme tu le disais.
Il est des fois où il faut poser les choses, le tout qui constitue le chemin parcouru, la constatation, l'offre --> présence
Puis ensuite, le retrait en silence --> absence
Possibilité de choix, comme tu le disais.
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Depuis trois à quatre semaine j'avais pris en conscience ce qui restait de mon ressenti abandonnique.
Le fait même d'être venu sur ZC il y a plus d'un an, d'avoir tissé des liens qui fluctuent dans leurs intensité temporelle, qui se mettent en pause, et cela sans que j'en porte un poids, montre que ce sentiment d'abandon disparaissait de plus en plus.
La possibilité que je m'offre ensuite de reconnaitre la trace de plus en plus faible de cet abandonnisme, et d'en faire contrition, me prouve encore qu'il est en train de s'évaporer complètement.
Enfin, depuis peu (très récemment en fait) je n'éprouve plus le besoin d'aider les autres à tout prix, ce qui était aussi une des conséquences de cet abandonnisme. Je n'ai plus besoin " d'acheter " de l'affection.
Je suis fier de mon travail sur moi, car désormais, je peux donner ma confiance, et ne me sens plus du tout blessé si elle est ignorée ou refusée. Il reste du ressort des autres de voir si elle est intéressante ou non à leur égard.
Du même coup, " l'estime de soi " remonte, et je ne me sens plus "obligé" de prouver, de justifier. Je m'accepte comme je suis.
Le fait même d'être venu sur ZC il y a plus d'un an, d'avoir tissé des liens qui fluctuent dans leurs intensité temporelle, qui se mettent en pause, et cela sans que j'en porte un poids, montre que ce sentiment d'abandon disparaissait de plus en plus.
La possibilité que je m'offre ensuite de reconnaitre la trace de plus en plus faible de cet abandonnisme, et d'en faire contrition, me prouve encore qu'il est en train de s'évaporer complètement.
Enfin, depuis peu (très récemment en fait) je n'éprouve plus le besoin d'aider les autres à tout prix, ce qui était aussi une des conséquences de cet abandonnisme. Je n'ai plus besoin " d'acheter " de l'affection.
Je suis fier de mon travail sur moi, car désormais, je peux donner ma confiance, et ne me sens plus du tout blessé si elle est ignorée ou refusée. Il reste du ressort des autres de voir si elle est intéressante ou non à leur égard.
Du même coup, " l'estime de soi " remonte, et je ne me sens plus "obligé" de prouver, de justifier. Je m'accepte comme je suis.
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Conquérir la liberté d'être soi-même (Michelle Larivey, psychologue)
Introduction
Chacun d'entre nous aspire à une sorte de bien-être, une sérénité provenant de la capacité d'être soi- même. Cette liberté d'être nous manque souvent, même seul avec nous-même et elle est fortement mise à l'épreuve dans nos relations avec les autres. C'est très souvent le contraire que nous éprouvons: nous vivons des impasses, nous butons à répétition sur les mêmes difficultés et nous demeurons prisonniers dans les mêmes nœuds.
Comme je l'ai expliqué dans les articles sur les nœuds, il existe, deux sortes de situations dans lesquelles on a l'impression d'être prisonnier de soi-même ou de son passé. Il y a d'une part, les expériences incomplètes qui surgissent souvent et avec force, à des moments où on ne s'y attend souvent pas. Il y a d'autre part, les scénarios stériles que nous répétons à travers nos nombreuses relations significatives.
Cet article est consacré au chemin qui permet de conquérir notre liberté. D'autres y feront suite pour expliquer, plus en détails, ce qui est nécessaire pour compléter les expériences incomplètes et dénouer les nœuds de nos relations afin de retrouver notre pleine liberté. Voyons d'abord d'une manière générale en quoi consiste la conquête de sa liberté.
Je suis libre lorsque...
... je suis capable de te dire que je t'aime et que ton amour est crucial pour moi
... je peux risquer d'être ridicule pour faire ce qui me plaît
... j'ose montrer que je ne suis pas sûr de moi
... je suis capable de te demander de t'occuper de moi quand j'en ai besoin
... je suis capable d'avouer mon inconfort même devant des gens importants pour moi
... je supporte facilement la critique
... je suis capable de te montrer à quel point je te trouve attirant
... je prends le risque de demander des critiques
... je suis prête à t'avouer mon amour sans être certaine de tes sentiments
...
Je ne suis pas libre lorsque...
... j'attends anxieusement que tu m'aimes
... je renonce à m'exprimer par peur du ridicule
... je bégaie par manque d'assurance
... je te manipule pour que tu t'occupes de moi
... je te cache combien tu me séduis
... je croule sous la critique
... je me haïs de rougir en m'exprimant
... j'ai besoin qu'on m'approuve mais je n'ose pas le demander
... je cherche à capter l'attention en faisant mine de rien
... je considère mes besoins affectifs comme infantiles
... je m'excuse lorsque tu n'aimes pas ce que je ressens
Qu'est-ce que cette liberté ?
C'est une indépendance intérieure. C'est celle qui me permet d'oser être moi-même, en tout temps, avec toutes les personnes qui ont de l'importance à mes yeux. C'est la liberté qui me permet de ne pas avoir besoin de me durcir pour le faire ou de nier l'affection et l'estime que j'ai pour eux.
Je crois que chaque personne aspire à cette liberté qui est, en fait, une liberté intérieure. Je crois même que chacun d'entre nous travaille assidûment à la gagner. Cette liberté correspond à l'idée qu'on se fait d'être bien dans sa peau: être à l'aise d'être soi-même, qu'on soit seul ou en relation avec d'autres personnes.
Même si l'atteinte de cette liberté est un objectif crucial dans notre vie, il peut arriver qu'on y renonce. Mais c'est le découragement devant la difficulté ou l'usure d'avoir beaucoup essayé en vain, qui nous conduit à ce point. Nos essais ne donnent pas les résultats escomptés et on n'a plus l'espoir d'y arriver ou l'énergie de continuer. On opte alors pour laisser faire: renoncer "à être comme on voudrait être" avec son conjoint, son fils, sa mère...
Le plus souvent, ce renoncement s'accompagne d'une distance et d'un refroidissement des sentiments. On abandonne parce qu'on ne sait plus quoi faire, mais le besoin de se vivre librement demeure et le retrait nous laisse triste, sinon amer.
D'autres fois, l'abdication est catastrophique. Ne parvenant pas à être bien dans notre peau, on opte pour les antidépresseurs, les anxiolytiques, l'alcool, devenir une bête de travail... Ce choix peut être situationnel, mais pour il peut imperceptiblement devenir définitif.
À quelles conditions est-il réaliste d'aspirer à gagner cette liberté intérieure? Par quel chemin est-il possible de devenir bien dans sa peau et satisfait de sa façon d'être dans toutes ses relations ?
Il n'y a pas de recette miracle, mais un chemin bien particulier. On pourrait dire que ce chemin n'est pas tellement fréquenté, parce qu'il est inconnu. Mais il faut reconnaître aussi qu'il rebute, à première vue car il comporte de volumineux cahots qui peuvent décourager celui qui craint de vivre avec ses sentiments. Mais ce chemin est comme certaines montagnes et certaines mers: une fois qu'on devient habile à les fréquenter, aucun autre ne nous paraît meilleur et plus satisfaisant.
Le chemin de la liberté
Chaque fois que je m'assume, je fais un pas en direction de la liberté intérieure. Qu'est-ce que m'assumer? C'est me porter avec ce je ressens, avec mes besoins, mes valeurs, mes aspirations. (Voir: " Fidèle à moi-même"pour des éclaircissements importants sur cette question. )
À première vue il peut être étonnant de lire que le chemin pour gagner la capacité d'être libre passe par cette façon d'assumer ses sentiments et ses besoins. Nous avons plusieurs objections à accorder une telle place à nos émotions inconfortables et à nos besoins compromettants. Nous sommes plutôt tentés de croire que c'est en étant accepté et aimé comme nous sommes, voire inconditionnellement, qu'on bâtit la sécurité nécessaire pour nous sentir libre d'être nous-même. C'est avec cette conviction d'ailleurs qu'on s'acharne parfois à rechercher l'amour, l'acceptation, l'approbation.
On constate toutefois que même en les obtenant gratuitement, on ne parvient pas à s'accepter mieux ou à se sentir plus libre d'être nous-même. Tout l'amour du monde et toute l'acceptation des êtres chers ou estimés ne parviennent pas à nous transformer en personnes libres d'être elles-mêmes.
Pourquoi Marie qui désire tant qu'on la trouve extraordinaire est-elle incapable d'accepter un seul compliment? Ce qui devrait, selon elle, contribuer à la solidifier, à la rendre plus sûre d'elle, n'a aucun impact.
Certains diront que Marie devrait se reconnaître elle-même, que c'est la seule façon d'arriver à se rehausser à ses propres yeux. Mais comment peut-elle se confirmer elle-même, sincèrement, si elle n'a justement pas une haute opinion d'elle-même ?
Pourquoi Georges qui se trouve minable est-il incapable d'admettre que Marie-Claire l'aime; pourquoi est-il incapable de jouir de cet amour ?
Certains croient que Georges doit commencer par s'aimer lui-même avant de pouvoir recevoir l'amour de son épouse. Mais comment arrive-t-on à s'aimer soi-même quand on ne s'aime pas ??? C'est le paradoxe dans lequel plusieurs sont paralysés.
En réalité, Marie n'arrive pas à recevoir un compliment parce qu'elle refuse d'avoir besoin de l'approbation des autres. Georges ne peut se laisser toucher par l'amour de sa femme parce qu'au fond, il refuse d'en avoir tant besoin.
C'est une grave erreur de croire qu'on puisse se donner soi-même, artificiellement, l'amour ou la reconnaissance qu'on attend des autres. Et c'est aussi une erreur de penser que l'amour et la reconnaissance des autres peuvent nous transformer alors qu'au fond nous refusons d'en éprouver le besoin. L'amour, l'acceptation, la reconnaissance des personnes qui ont de l'importance à nos yeux peuvent constituer une nourriture affective fort précieuse, mais à trois conditions:
Contrairement à ce qui paraît logique à première vue, ce n'est pas le fait de recevoir qui augmente notre solidité et notre liberté d'être, mais bien le fait d'oser être ce que nous sommes.
En consentant à vivre mes émotions, à éprouver les besoins qu'elles sous-tendent et en étant expressive de ceux-ci, j'obtiens deux résultats importants. Non seulement je m'assume comme personne, mais en plus j'augmente mon estime de moi. C'est par ce chemin aussi que celui qui veut s'aimer davantage y parviendra car " l'amour de soi " est en fait une " considération de soi " qu'on gagne à force d'agir d'une façon estimable à nos propres yeux.
Le cul-de-sac
Affirmer qu'il faut porter ses besoins ouvertement est " contre-culturel " pour la plupart d'entre nous. Nous avons appris à refuser les sentiments qui nous procurent de l'inconfort. Nous avons aussi acquis la conviction que la dépendance à l'égard d'une personne aimée ou estimée est un signe de faiblesse psychologique, une sorte de preuve qu'on est incapable de vivre par soi-même. Cela nous porte parfois à nous rebeller contre l'ascendant qu'une personne exerce sur nous et à le camoufler devant elle.
Pour être conforme à sa conception d'une personne saine et adulte, Laura s'efforce de garder son indépendance. Elle s'abstient de montrer ses sentiments, même lorsqu'elle est très affectée. Elle a cette attitude à l'égard de toutes les personnes qui ont de l'importance pour elle: ses amoureux, mais aussi son père, sa soeur aînée, ses deux adolescents, son patron ...
Son refus de dépendance est à l'origine de nombreuses querelles avec ses amoureux; ceux-ci lui ont souvent reproché sa raideur et sa difficulté de se laisser atteindre. Pour lui éviter de perdre la face, ces derniers doivent d'ailleurs deviner ses besoins (sinon elle leur en tient rigueur). Comme ils n'y arrivent pas, il lui faut inventer des façons indirectes de manifester ses besoins. Elle a donc développé un répertoire de subterfuges qu'ils doivent décoder pour lui prouver qu'elle est vraiment importante à leurs yeux.
Mais lorsqu'une personne comble son besoin, Ève ne peut exprimer complètement sa satisfaction ou sa reconnaissance, car ce serait montrer l'existence de son besoin. Or, elle craint qu'on prenne par là davantage de pouvoir sur elle ou qu'on abuse de sa vulnérabilité.
Voilà comment, malgré toute sa bonne volonté, Ève s'aliène de plus en plus dans ses relations et se sent de plus en plus prisonnière d'elle-même. En outre, elle se retrouve dévalorisée par les nombreux échecs de ses relations qui surviennent parce qu'elle est insatisfaite ou que l'autre l'est. Ève est vraiment dans une impasse. Comment sortir de cette prison dans laquelle elle s'emmure ?
Comment conquérir sa liberté?
Je conquiers ma liberté
Ressentir mes émotions
Ressentir mes émotions signifie les accueillir, bien sûr, mais ça exige plus que cela. Je dois les ressentir complètement et les laisser être présentes durant tout le processus qui constitue leur "vie". L'émotion traverse plusieurs étapes d'un processus qui est décrit dans " La vie d'une émotion " . En tentant de faciliter ce processus au lieu de lui opposer des obstacles, je laisserai l'émotion m'informer sur ce qui m'atteint, me manque et m'importe. Je comprendrai mieux ce qui m'arrive et pourrai davantage tenir compte de mes besoins.
Consentir au besoin
Comme l'émotion, le besoin s'impose à moi. Mon pouvoir sur son existence se limite à le combler ou à refuser de le combler. Le premier choix le fera disparaître au moins temporairement. Certains besoins sont en effet récurrents. La faim est l'exemple parfait d'un besoin qui revient régulièrement.
Il en est de même de l'affection, du désir sexuel et de plusieurs besoins affectifs. Si je choisis de ne pas combler mon besoin, il subsistera tout simplement et prendra forcément de l'ampleur. C'est parfois à mon insu qu'il grandira. Alors, le manque donnera naissance à toutes sortes de symptômes qu'après un certain temps je ne pourrai plus relier au besoin. " À quoi servent les émotions " décrit bien la descente aux enfers qu'entraîne le refus des besoins.
Pour utiliser une fois encore l'analogie avec le plan physique, ce n'est pas parce que j'ignore ma faim qu'elle disparaît. Le signal habituel par lequel elle m'est indiquée pourra s'estomper, me laissant sous l'impression que je n'ai plus faim. Mais il sera remplacé par d'autres signaux: faiblesse, mal de tête... Si je cessais de m'alimenter sous prétexte que je ne ressens pas la faim, c'est sur ma santé elle-même que je constaterais des répercussions.
Le combat "contre" un besoin est une lutte parfaitement stérile car l'existence du besoin n'est pas soumise à la volonté. À cet égard, les besoins psychiques fonctionnent sur le même modèle que les besoins physiques: on ne le choisit pas. Cependant, alors que les besoins physiques trouvent la plupart du temps une réponse automatique, la réponse aux besoins psychiques est soumise à notre libre-arbitre. Voilà pourquoi nos besoins affectifs sont souvent malmenés !
M'exprimer réellement
Pour m'assumer, il est nécessaire que je m'exprime lorsque l'enjeu a de l'importance pour moi. Il y a plusieurs modes d'expression: les gestes, les paroles, les actions, les choix. On peut s'exprimer par son attitude, son habillement, en faisant une demande, en répondant à une demande..., s'exprimer en fait, c'est se montrer.
Pour contribuer à la conquête de ma liberté, la qualité de mon expression est capitale: il faut j'extériorise ce qui est réellement important et que j'ose m'impliquer en le faisant. Une telle expression génère en effet des émotions; je dois être " en contact " avec moi et me laisser vivre les émotions qu'elle déclenche. Et comme pour m'assumer il est nécessaire d'être moi devant les autres, il est indispensable aussi que je demeure sensible aux émotions et réactions des personnes face auxquelles je m'expose.
Bien des gens ne sont pas habitués à cette manière de s'exprimer "directement". Mais il est possible de devenir habile à le faire si on pratique un peu. Dans " L'expression qui épanouit ", Gaëtane LaPlante donne un bon aperçu de la façon de s'y prendre pour y arriver. Les sessions de groupe où on enseigne l'expression sont aussi un bon moyen de retrouver cette habileté.
Prendre en charge la satisfaction de mes besoins
Prendre en charge la satisfaction de mes besoins ce n'est pas les combler moi-même mais plutôt de prendre l'initiative de faire ce qu'il faut pour les combler. Parfois je pourrai y répondre moi-même, mais d'autre fois il me faudra alors faire des demandes, exposer mes besoins, négocier et même les défendre pour qu'il soit possible de les satisfaire.
Pour plusieurs d'entre nous, il est difficilement acceptable de porter l'entière responsabilité de nos besoins. Certains refusent parce qu'ils voient dans l'initiative des autres à leur égard, une preuve de considération ou d'amour. (" N'est-ce pas une grande preuve d'amour d'être deviné ? ", pensent-ils.) D'autres s'y objectent parce que faire connaître leurs besoins, dire ce qui leur importe, c'est trop se dévoiler et surtout, c'est informer l'importance qu'ils lui accordent. (" Je ne vais quand même pas lui dire que j'aimerais voir plus directement son appréciation; il va penser que je le prends pour mon père ! ")
En prenant mes besoins en charge, en effet, non seulement j'expose ce que je suis, mais en plus j'avoue à d'autres l'importance qu'ils ont dans ma vie! Il y a là un risque: celui de n'avoir pas la même importance pour l'autre ou que le besoin de l'autre ne coïncide pas avec le mien. Il se peut que je vive cette différence comme un rejet, que j'en sois dévalorisé ou que cela blesse mon orgueil. Si considère comme dramatique l'un ou l'autre de ces scénarios, il est évident que je m'abstiendrai. Je choisirai alors de renier mon besoin ou d'attendre que l'autre le prenne en charge.
Si au contraire je suis prête à risquer de faire face à un refus, j'aurai fait un pas de plus vers le respect de ce qui m'importe. Même insatisfaite, j'en sortirai alors plus libre, grandie.
Voilà à quoi se résume essentiellement le chemin qui mène à la liberté. Le parcours peut s'avérer relativement facile lorsqu'on transige avec certaines personnes et très difficile avec d'autres. Le risque d'être nous-même est particulièrement grand avec les personnes qui ont le plus d'importance à nos yeux. Pour conquérir notre liberté avec ces personnes il faut prendre d'autres réalités en considération. Nous verrons dans un article subséquent, comment y arriver.
La fausse liberté
Il n'est pas possible d'aborder la question de la recherche de liberté sans discuter quelques propositions qu'on considère parfois comme des solutions pour obtenir le même genre de sérénité. Je vais signaler ici quelques écueils qui ne sont pas toujours visibles à première vue, pour permettre à ceux qui le désirent, de faire des choix plus éclairés.
L'acceptation inconditionnelle
Il existe des mouvements de croissance personnelle qui offrent l'acceptation et l'amour inconditionnels. Dans ces groupes, les gens sont assurés d'être acceptés et aimés pour ce qu'ils sont, avant même d'être connus; il n'y a aucun risque d'être critiqué ou rejeté si on se montre "authentique".
L'acceptation inconditionnelle est une attitude préconisée par le psychologue Carl Rogers, pour faciliter chez le client, une ouverture à sa vie intérieure et, à la longue, une plus grande acceptation de son expérience. L'acceptation inconditionnelle est une attitude "thérapeutique" et ne peut se pratiquer qu'en situation thérapeutique parce qu'elle exige qu'on soit complètement "centrée" sur le client. C'est d'ailleurs le nom que Rogers a donné à son approche: "Client-Centered Therapy".
Cette attitude n'est pas ni naturelle ni saine dans une relation inter-personnelle ordinaire. Même la mère la plus aimante ne peut tenir cette position continuellement avec son enfant. À certains moments, ce que vit ou fait son enfant la bouleverse et elle réagit. Elle ne pourra, par exemple accepter inconditionnellement que son bébé la repousse, que son adolescent se comporte comme s'il la méprisait.
Préconiser un mode de relation basé sur l'acceptation inconditionnelle, c'est oublier que celle-ci n'est possible que dans la mesure où ce que vit ou fait l'autre n'a pas réellement d'effet sur notre existence. C'est donc encourager les personnes à renier parfois ce qu'elles vivent ou à le fausser artificiellement. En plus, cela laisse faussement croire à ceux qui n'y arrivent pas qu'ils sont inadéquats.
Enfin, on peut comprendre à partir des explications données plus haut, qu'à cause de l'absence de risque qu'elle implique, l'acceptation inconditionnelle ne peut, en elle-même, conduire à la liberté intérieure, même si elles est très utile pour apprendre à tenir compte de ce que l'on vit. L'expérience d'être accepté inconditionnellement peut cependant inciter à accueillir davantage son expérience
L'absence de risque
Il est tellement difficile d'oser être à la hauteur de ce que l'on vit et de l'exprimer ouvertement qu'on cherche souvent à minimiser les risques. Par exemple, on prend la précaution de prévenir son interlocuteur de ce qu'il pourrait vivre en nous entendant, on s'excuse d'avance de l'impact que nos gestes ou nos propos auront sur lui, etc...
L'action qui permet de se posséder c'est celle où justement on s'assume devant une adversité potentielle. Il n'est pas nécessaire que l'adversité se manifeste, il est seulement indispensable qu'elle existe réellement dans notre esprit, que le risque de ne pas être accepté soit subjectivement présent.
À la lumière de ces précisions, on peut comprendre pourquoi la culture de certains groupes de de croissance et de support ne conduit pas à s'assumer réellement comme personne. On peut comprendre également, la tentation, pour éviter l'insécurité, de rechercher les groupes qui promettent cette protection.
L'autarcie
Une autre optique fort à la mode consiste à choisir de s'auto-suffire. À l'encontre même de l'interdépendance qui caractérise les êtres vivants dans toute la nature, on choisit de se donner soi- même ce qu'on pourrait chercher à obtenir des autres. Cette façon de voir repose en partie sur une conception de la responsabilité qu'on pourrait illustrer ainsi: ‘il s'agit de mes besoins, c'est donc à moi d'y répondre". C'est ainsi qu'on recommande de "s'aimer soi-même", "d'être sa propre mère", "de se confirmer soi-même", "de s'encourager soi-même".
Cette tentative maladroite d'indépendance est un choix que plusieurs font après plusieurs tentatives infructueuses dans les relations inter-personnelles. D'autres fois, c'est une peur excessive de la dépendance qui entraîne la personne dans cette direction.
Une telle option n'est pas prometteuse de satisfaction car il est impossible de se suffire affectivement. Les échanges affectifs sont en effet une nourriture psychique nécessaire durant toute notre vie. Au bout du compte, cette méthode permet de moins se buter sur des noeuds relationnels, mais c'est au prix d'une solitude qui en découle nécessairement et des manques affectifs qui s'ensuivent.
Et comme cette stratégie s'appuie sur un retrait et un évitement du contact avec les autres, elle ne permet pas non plus d'augmenter le sentiment d'être une personne libre, capable de se vivre pleinement en relation avec les autres. C'est donc sur une fausse piste que nous conduit cet objectif. Ce n'est pas parce que je suis responsable de mon besoin que je peux remplacer adéquatement le support affectueux d'une mère en me supportant "affectueusement" moi-même.
Se laver le cerveau et passer outre les difficultés
L'auto-persuasion est une tactique de plus en plus d'ampleur. Elle vise à passer outre aux difficultés réelles vécues par rapport à soi-même et par rapport aux autres. Dans cette optique, on tente de se débarrasser de ce que l'on vit en se convainquant que cela n'a pas de raison logique d'exister.
Cette approche logique réussit parfois à convaincre intellectuellement, mais on pourrait dire que "le cœur ne suit pas" et qu'il faut accepter d'ignorer son vécu profond pour obéir aux directives qu'on se donne.. C'est comme si on avançait "déconnecté de soi-même". À cause de cela, le chemin parcouru dans cette optique, c'est-à-dire, sans tenir compte de notre vécu complet, ne mène pas à une plus grande possession de soi, mais au sentiment inverse: on se sent dépossédé. (Certains diront "Je suis perdu", "Je ne sais plus ce que je veux exactement", "Je ne sais plus qui je suis au fond".)
La liberté intérieure n'est pas plus grande, au contraire, on a l'impression que c'est seulement en se persuadant et en s'encadrant d'un contrôle perpétuel qu'on peut réussir à fonctionner. On se retrouve donc, en quelque sorte, dans une prison différente dont on est soi-même le gardien, mais sans plus de liberté.
Si j'ai évoqué ces quatre tactiques de développement personnel, c'est parce qu'elles sont à la mode et qu'elles sont aux antipodes du type de cheminement dont j'ai parlé dans cet article, celui qui mène à la liberté intérieure . J'ai voulu établir les distinctions qui s'imposent pour clarifier des concepts et des interprétations dans lesquels il est parfois difficile de s'y retrouver. En développement personnel, il n'est pas vrai que tous les chemins mènent à Rome. Certains mènent à Paris, d'autres à Miami et d'autres, simplement au village voisin. Or la destination ne nous est pas toujours précisée quand on s'engage dans le voyage.
Conclusion
Frederick Perls, le père de la Gestalt, disait qu'il faut d'abord être ce que l'on est si on veut changer. À première vue cela ressemble à une tautologie, mais en fait ça n'a rien d'évident. Dans les termes de cet article, on pourrait dire que pour devenir intérieurement libre, il est nécessaire d'être en contact avec soi et de se donner la liberté d'être soi. Cela signifie d'abord de s'autoriser à être atteint par les choses et les personnes comme on l'est, donc d'avoir les émotions et les besoins que l'on a réellement. Cela signifie ensuite de se vivre ouvertement tel que l'on est, car la liberté d'être est illusoire si elle s'applique seulement en catimini.
En d'autres termes je pourrais dire, "j'existe, donc j'ai le droit d'exister", "je ressens, donc j'ai le droit de ressentir", "j'ai tel besoin, donc j'ai le droit de l'avoir" car en fait, je suis la seule qui puisse m'octroyer ces droits et décider d'exister. Si j'ai besoin des autres dans cette démarche d'affirmation libératrice, c'est surtout à titre de témoins auxquels j'accorde une valeur ou un pouvoir.
Introduction
Chacun d'entre nous aspire à une sorte de bien-être, une sérénité provenant de la capacité d'être soi- même. Cette liberté d'être nous manque souvent, même seul avec nous-même et elle est fortement mise à l'épreuve dans nos relations avec les autres. C'est très souvent le contraire que nous éprouvons: nous vivons des impasses, nous butons à répétition sur les mêmes difficultés et nous demeurons prisonniers dans les mêmes nœuds.
Comme je l'ai expliqué dans les articles sur les nœuds, il existe, deux sortes de situations dans lesquelles on a l'impression d'être prisonnier de soi-même ou de son passé. Il y a d'une part, les expériences incomplètes qui surgissent souvent et avec force, à des moments où on ne s'y attend souvent pas. Il y a d'autre part, les scénarios stériles que nous répétons à travers nos nombreuses relations significatives.
Cet article est consacré au chemin qui permet de conquérir notre liberté. D'autres y feront suite pour expliquer, plus en détails, ce qui est nécessaire pour compléter les expériences incomplètes et dénouer les nœuds de nos relations afin de retrouver notre pleine liberté. Voyons d'abord d'une manière générale en quoi consiste la conquête de sa liberté.
Je suis libre lorsque...
... je suis capable de te dire que je t'aime et que ton amour est crucial pour moi
... je peux risquer d'être ridicule pour faire ce qui me plaît
... j'ose montrer que je ne suis pas sûr de moi
... je suis capable de te demander de t'occuper de moi quand j'en ai besoin
... je suis capable d'avouer mon inconfort même devant des gens importants pour moi
... je supporte facilement la critique
... je suis capable de te montrer à quel point je te trouve attirant
... je prends le risque de demander des critiques
... je suis prête à t'avouer mon amour sans être certaine de tes sentiments
...
Je ne suis pas libre lorsque...
... j'attends anxieusement que tu m'aimes
... je renonce à m'exprimer par peur du ridicule
... je bégaie par manque d'assurance
... je te manipule pour que tu t'occupes de moi
... je te cache combien tu me séduis
... je croule sous la critique
... je me haïs de rougir en m'exprimant
... j'ai besoin qu'on m'approuve mais je n'ose pas le demander
... je cherche à capter l'attention en faisant mine de rien
... je considère mes besoins affectifs comme infantiles
... je m'excuse lorsque tu n'aimes pas ce que je ressens
Qu'est-ce que cette liberté ?
C'est une indépendance intérieure. C'est celle qui me permet d'oser être moi-même, en tout temps, avec toutes les personnes qui ont de l'importance à mes yeux. C'est la liberté qui me permet de ne pas avoir besoin de me durcir pour le faire ou de nier l'affection et l'estime que j'ai pour eux.
Je crois que chaque personne aspire à cette liberté qui est, en fait, une liberté intérieure. Je crois même que chacun d'entre nous travaille assidûment à la gagner. Cette liberté correspond à l'idée qu'on se fait d'être bien dans sa peau: être à l'aise d'être soi-même, qu'on soit seul ou en relation avec d'autres personnes.
Même si l'atteinte de cette liberté est un objectif crucial dans notre vie, il peut arriver qu'on y renonce. Mais c'est le découragement devant la difficulté ou l'usure d'avoir beaucoup essayé en vain, qui nous conduit à ce point. Nos essais ne donnent pas les résultats escomptés et on n'a plus l'espoir d'y arriver ou l'énergie de continuer. On opte alors pour laisser faire: renoncer "à être comme on voudrait être" avec son conjoint, son fils, sa mère...
Le plus souvent, ce renoncement s'accompagne d'une distance et d'un refroidissement des sentiments. On abandonne parce qu'on ne sait plus quoi faire, mais le besoin de se vivre librement demeure et le retrait nous laisse triste, sinon amer.
D'autres fois, l'abdication est catastrophique. Ne parvenant pas à être bien dans notre peau, on opte pour les antidépresseurs, les anxiolytiques, l'alcool, devenir une bête de travail... Ce choix peut être situationnel, mais pour il peut imperceptiblement devenir définitif.
À quelles conditions est-il réaliste d'aspirer à gagner cette liberté intérieure? Par quel chemin est-il possible de devenir bien dans sa peau et satisfait de sa façon d'être dans toutes ses relations ?
Il n'y a pas de recette miracle, mais un chemin bien particulier. On pourrait dire que ce chemin n'est pas tellement fréquenté, parce qu'il est inconnu. Mais il faut reconnaître aussi qu'il rebute, à première vue car il comporte de volumineux cahots qui peuvent décourager celui qui craint de vivre avec ses sentiments. Mais ce chemin est comme certaines montagnes et certaines mers: une fois qu'on devient habile à les fréquenter, aucun autre ne nous paraît meilleur et plus satisfaisant.
Le chemin de la liberté
Chaque fois que je m'assume, je fais un pas en direction de la liberté intérieure. Qu'est-ce que m'assumer? C'est me porter avec ce je ressens, avec mes besoins, mes valeurs, mes aspirations. (Voir: " Fidèle à moi-même"pour des éclaircissements importants sur cette question. )
À première vue il peut être étonnant de lire que le chemin pour gagner la capacité d'être libre passe par cette façon d'assumer ses sentiments et ses besoins. Nous avons plusieurs objections à accorder une telle place à nos émotions inconfortables et à nos besoins compromettants. Nous sommes plutôt tentés de croire que c'est en étant accepté et aimé comme nous sommes, voire inconditionnellement, qu'on bâtit la sécurité nécessaire pour nous sentir libre d'être nous-même. C'est avec cette conviction d'ailleurs qu'on s'acharne parfois à rechercher l'amour, l'acceptation, l'approbation.
On constate toutefois que même en les obtenant gratuitement, on ne parvient pas à s'accepter mieux ou à se sentir plus libre d'être nous-même. Tout l'amour du monde et toute l'acceptation des êtres chers ou estimés ne parviennent pas à nous transformer en personnes libres d'être elles-mêmes.
Pourquoi Marie qui désire tant qu'on la trouve extraordinaire est-elle incapable d'accepter un seul compliment? Ce qui devrait, selon elle, contribuer à la solidifier, à la rendre plus sûre d'elle, n'a aucun impact.
Certains diront que Marie devrait se reconnaître elle-même, que c'est la seule façon d'arriver à se rehausser à ses propres yeux. Mais comment peut-elle se confirmer elle-même, sincèrement, si elle n'a justement pas une haute opinion d'elle-même ?
Pourquoi Georges qui se trouve minable est-il incapable d'admettre que Marie-Claire l'aime; pourquoi est-il incapable de jouir de cet amour ?
Certains croient que Georges doit commencer par s'aimer lui-même avant de pouvoir recevoir l'amour de son épouse. Mais comment arrive-t-on à s'aimer soi-même quand on ne s'aime pas ??? C'est le paradoxe dans lequel plusieurs sont paralysés.
En réalité, Marie n'arrive pas à recevoir un compliment parce qu'elle refuse d'avoir besoin de l'approbation des autres. Georges ne peut se laisser toucher par l'amour de sa femme parce qu'au fond, il refuse d'en avoir tant besoin.
C'est une grave erreur de croire qu'on puisse se donner soi-même, artificiellement, l'amour ou la reconnaissance qu'on attend des autres. Et c'est aussi une erreur de penser que l'amour et la reconnaissance des autres peuvent nous transformer alors qu'au fond nous refusons d'en éprouver le besoin. L'amour, l'acceptation, la reconnaissance des personnes qui ont de l'importance à nos yeux peuvent constituer une nourriture affective fort précieuse, mais à trois conditions:
- que je consente réellement à en avoir besoin
- que je prenne l'initiative d'exprimer mon besoin.
- qu'il s'agisse d'une personne très importante à mes yeux.
Contrairement à ce qui paraît logique à première vue, ce n'est pas le fait de recevoir qui augmente notre solidité et notre liberté d'être, mais bien le fait d'oser être ce que nous sommes.
En consentant à vivre mes émotions, à éprouver les besoins qu'elles sous-tendent et en étant expressive de ceux-ci, j'obtiens deux résultats importants. Non seulement je m'assume comme personne, mais en plus j'augmente mon estime de moi. C'est par ce chemin aussi que celui qui veut s'aimer davantage y parviendra car " l'amour de soi " est en fait une " considération de soi " qu'on gagne à force d'agir d'une façon estimable à nos propres yeux.
Le cul-de-sac
Affirmer qu'il faut porter ses besoins ouvertement est " contre-culturel " pour la plupart d'entre nous. Nous avons appris à refuser les sentiments qui nous procurent de l'inconfort. Nous avons aussi acquis la conviction que la dépendance à l'égard d'une personne aimée ou estimée est un signe de faiblesse psychologique, une sorte de preuve qu'on est incapable de vivre par soi-même. Cela nous porte parfois à nous rebeller contre l'ascendant qu'une personne exerce sur nous et à le camoufler devant elle.
Pour être conforme à sa conception d'une personne saine et adulte, Laura s'efforce de garder son indépendance. Elle s'abstient de montrer ses sentiments, même lorsqu'elle est très affectée. Elle a cette attitude à l'égard de toutes les personnes qui ont de l'importance pour elle: ses amoureux, mais aussi son père, sa soeur aînée, ses deux adolescents, son patron ...
Son refus de dépendance est à l'origine de nombreuses querelles avec ses amoureux; ceux-ci lui ont souvent reproché sa raideur et sa difficulté de se laisser atteindre. Pour lui éviter de perdre la face, ces derniers doivent d'ailleurs deviner ses besoins (sinon elle leur en tient rigueur). Comme ils n'y arrivent pas, il lui faut inventer des façons indirectes de manifester ses besoins. Elle a donc développé un répertoire de subterfuges qu'ils doivent décoder pour lui prouver qu'elle est vraiment importante à leurs yeux.
Mais lorsqu'une personne comble son besoin, Ève ne peut exprimer complètement sa satisfaction ou sa reconnaissance, car ce serait montrer l'existence de son besoin. Or, elle craint qu'on prenne par là davantage de pouvoir sur elle ou qu'on abuse de sa vulnérabilité.
Voilà comment, malgré toute sa bonne volonté, Ève s'aliène de plus en plus dans ses relations et se sent de plus en plus prisonnière d'elle-même. En outre, elle se retrouve dévalorisée par les nombreux échecs de ses relations qui surviennent parce qu'elle est insatisfaite ou que l'autre l'est. Ève est vraiment dans une impasse. Comment sortir de cette prison dans laquelle elle s'emmure ?
Comment conquérir sa liberté?
Je conquiers ma liberté
- en consentant à ressentir mes émotions
- en prenant le risque de m'exprimer telle que je suis
- en consentant à mes besoins
- en prenant en charge les démarches pour satisfaire mes besoins.
Ressentir mes émotions
Ressentir mes émotions signifie les accueillir, bien sûr, mais ça exige plus que cela. Je dois les ressentir complètement et les laisser être présentes durant tout le processus qui constitue leur "vie". L'émotion traverse plusieurs étapes d'un processus qui est décrit dans " La vie d'une émotion " . En tentant de faciliter ce processus au lieu de lui opposer des obstacles, je laisserai l'émotion m'informer sur ce qui m'atteint, me manque et m'importe. Je comprendrai mieux ce qui m'arrive et pourrai davantage tenir compte de mes besoins.
Consentir au besoin
Comme l'émotion, le besoin s'impose à moi. Mon pouvoir sur son existence se limite à le combler ou à refuser de le combler. Le premier choix le fera disparaître au moins temporairement. Certains besoins sont en effet récurrents. La faim est l'exemple parfait d'un besoin qui revient régulièrement.
Il en est de même de l'affection, du désir sexuel et de plusieurs besoins affectifs. Si je choisis de ne pas combler mon besoin, il subsistera tout simplement et prendra forcément de l'ampleur. C'est parfois à mon insu qu'il grandira. Alors, le manque donnera naissance à toutes sortes de symptômes qu'après un certain temps je ne pourrai plus relier au besoin. " À quoi servent les émotions " décrit bien la descente aux enfers qu'entraîne le refus des besoins.
Pour utiliser une fois encore l'analogie avec le plan physique, ce n'est pas parce que j'ignore ma faim qu'elle disparaît. Le signal habituel par lequel elle m'est indiquée pourra s'estomper, me laissant sous l'impression que je n'ai plus faim. Mais il sera remplacé par d'autres signaux: faiblesse, mal de tête... Si je cessais de m'alimenter sous prétexte que je ne ressens pas la faim, c'est sur ma santé elle-même que je constaterais des répercussions.
Le combat "contre" un besoin est une lutte parfaitement stérile car l'existence du besoin n'est pas soumise à la volonté. À cet égard, les besoins psychiques fonctionnent sur le même modèle que les besoins physiques: on ne le choisit pas. Cependant, alors que les besoins physiques trouvent la plupart du temps une réponse automatique, la réponse aux besoins psychiques est soumise à notre libre-arbitre. Voilà pourquoi nos besoins affectifs sont souvent malmenés !
M'exprimer réellement
Pour m'assumer, il est nécessaire que je m'exprime lorsque l'enjeu a de l'importance pour moi. Il y a plusieurs modes d'expression: les gestes, les paroles, les actions, les choix. On peut s'exprimer par son attitude, son habillement, en faisant une demande, en répondant à une demande..., s'exprimer en fait, c'est se montrer.
Pour contribuer à la conquête de ma liberté, la qualité de mon expression est capitale: il faut j'extériorise ce qui est réellement important et que j'ose m'impliquer en le faisant. Une telle expression génère en effet des émotions; je dois être " en contact " avec moi et me laisser vivre les émotions qu'elle déclenche. Et comme pour m'assumer il est nécessaire d'être moi devant les autres, il est indispensable aussi que je demeure sensible aux émotions et réactions des personnes face auxquelles je m'expose.
Bien des gens ne sont pas habitués à cette manière de s'exprimer "directement". Mais il est possible de devenir habile à le faire si on pratique un peu. Dans " L'expression qui épanouit ", Gaëtane LaPlante donne un bon aperçu de la façon de s'y prendre pour y arriver. Les sessions de groupe où on enseigne l'expression sont aussi un bon moyen de retrouver cette habileté.
Prendre en charge la satisfaction de mes besoins
Prendre en charge la satisfaction de mes besoins ce n'est pas les combler moi-même mais plutôt de prendre l'initiative de faire ce qu'il faut pour les combler. Parfois je pourrai y répondre moi-même, mais d'autre fois il me faudra alors faire des demandes, exposer mes besoins, négocier et même les défendre pour qu'il soit possible de les satisfaire.
Pour plusieurs d'entre nous, il est difficilement acceptable de porter l'entière responsabilité de nos besoins. Certains refusent parce qu'ils voient dans l'initiative des autres à leur égard, une preuve de considération ou d'amour. (" N'est-ce pas une grande preuve d'amour d'être deviné ? ", pensent-ils.) D'autres s'y objectent parce que faire connaître leurs besoins, dire ce qui leur importe, c'est trop se dévoiler et surtout, c'est informer l'importance qu'ils lui accordent. (" Je ne vais quand même pas lui dire que j'aimerais voir plus directement son appréciation; il va penser que je le prends pour mon père ! ")
En prenant mes besoins en charge, en effet, non seulement j'expose ce que je suis, mais en plus j'avoue à d'autres l'importance qu'ils ont dans ma vie! Il y a là un risque: celui de n'avoir pas la même importance pour l'autre ou que le besoin de l'autre ne coïncide pas avec le mien. Il se peut que je vive cette différence comme un rejet, que j'en sois dévalorisé ou que cela blesse mon orgueil. Si considère comme dramatique l'un ou l'autre de ces scénarios, il est évident que je m'abstiendrai. Je choisirai alors de renier mon besoin ou d'attendre que l'autre le prenne en charge.
Si au contraire je suis prête à risquer de faire face à un refus, j'aurai fait un pas de plus vers le respect de ce qui m'importe. Même insatisfaite, j'en sortirai alors plus libre, grandie.
Voilà à quoi se résume essentiellement le chemin qui mène à la liberté. Le parcours peut s'avérer relativement facile lorsqu'on transige avec certaines personnes et très difficile avec d'autres. Le risque d'être nous-même est particulièrement grand avec les personnes qui ont le plus d'importance à nos yeux. Pour conquérir notre liberté avec ces personnes il faut prendre d'autres réalités en considération. Nous verrons dans un article subséquent, comment y arriver.
La fausse liberté
Il n'est pas possible d'aborder la question de la recherche de liberté sans discuter quelques propositions qu'on considère parfois comme des solutions pour obtenir le même genre de sérénité. Je vais signaler ici quelques écueils qui ne sont pas toujours visibles à première vue, pour permettre à ceux qui le désirent, de faire des choix plus éclairés.
L'acceptation inconditionnelle
Il existe des mouvements de croissance personnelle qui offrent l'acceptation et l'amour inconditionnels. Dans ces groupes, les gens sont assurés d'être acceptés et aimés pour ce qu'ils sont, avant même d'être connus; il n'y a aucun risque d'être critiqué ou rejeté si on se montre "authentique".
L'acceptation inconditionnelle est une attitude préconisée par le psychologue Carl Rogers, pour faciliter chez le client, une ouverture à sa vie intérieure et, à la longue, une plus grande acceptation de son expérience. L'acceptation inconditionnelle est une attitude "thérapeutique" et ne peut se pratiquer qu'en situation thérapeutique parce qu'elle exige qu'on soit complètement "centrée" sur le client. C'est d'ailleurs le nom que Rogers a donné à son approche: "Client-Centered Therapy".
Cette attitude n'est pas ni naturelle ni saine dans une relation inter-personnelle ordinaire. Même la mère la plus aimante ne peut tenir cette position continuellement avec son enfant. À certains moments, ce que vit ou fait son enfant la bouleverse et elle réagit. Elle ne pourra, par exemple accepter inconditionnellement que son bébé la repousse, que son adolescent se comporte comme s'il la méprisait.
Préconiser un mode de relation basé sur l'acceptation inconditionnelle, c'est oublier que celle-ci n'est possible que dans la mesure où ce que vit ou fait l'autre n'a pas réellement d'effet sur notre existence. C'est donc encourager les personnes à renier parfois ce qu'elles vivent ou à le fausser artificiellement. En plus, cela laisse faussement croire à ceux qui n'y arrivent pas qu'ils sont inadéquats.
Enfin, on peut comprendre à partir des explications données plus haut, qu'à cause de l'absence de risque qu'elle implique, l'acceptation inconditionnelle ne peut, en elle-même, conduire à la liberté intérieure, même si elles est très utile pour apprendre à tenir compte de ce que l'on vit. L'expérience d'être accepté inconditionnellement peut cependant inciter à accueillir davantage son expérience
L'absence de risque
Il est tellement difficile d'oser être à la hauteur de ce que l'on vit et de l'exprimer ouvertement qu'on cherche souvent à minimiser les risques. Par exemple, on prend la précaution de prévenir son interlocuteur de ce qu'il pourrait vivre en nous entendant, on s'excuse d'avance de l'impact que nos gestes ou nos propos auront sur lui, etc...
L'action qui permet de se posséder c'est celle où justement on s'assume devant une adversité potentielle. Il n'est pas nécessaire que l'adversité se manifeste, il est seulement indispensable qu'elle existe réellement dans notre esprit, que le risque de ne pas être accepté soit subjectivement présent.
À la lumière de ces précisions, on peut comprendre pourquoi la culture de certains groupes de de croissance et de support ne conduit pas à s'assumer réellement comme personne. On peut comprendre également, la tentation, pour éviter l'insécurité, de rechercher les groupes qui promettent cette protection.
L'autarcie
Une autre optique fort à la mode consiste à choisir de s'auto-suffire. À l'encontre même de l'interdépendance qui caractérise les êtres vivants dans toute la nature, on choisit de se donner soi- même ce qu'on pourrait chercher à obtenir des autres. Cette façon de voir repose en partie sur une conception de la responsabilité qu'on pourrait illustrer ainsi: ‘il s'agit de mes besoins, c'est donc à moi d'y répondre". C'est ainsi qu'on recommande de "s'aimer soi-même", "d'être sa propre mère", "de se confirmer soi-même", "de s'encourager soi-même".
Cette tentative maladroite d'indépendance est un choix que plusieurs font après plusieurs tentatives infructueuses dans les relations inter-personnelles. D'autres fois, c'est une peur excessive de la dépendance qui entraîne la personne dans cette direction.
Une telle option n'est pas prometteuse de satisfaction car il est impossible de se suffire affectivement. Les échanges affectifs sont en effet une nourriture psychique nécessaire durant toute notre vie. Au bout du compte, cette méthode permet de moins se buter sur des noeuds relationnels, mais c'est au prix d'une solitude qui en découle nécessairement et des manques affectifs qui s'ensuivent.
Et comme cette stratégie s'appuie sur un retrait et un évitement du contact avec les autres, elle ne permet pas non plus d'augmenter le sentiment d'être une personne libre, capable de se vivre pleinement en relation avec les autres. C'est donc sur une fausse piste que nous conduit cet objectif. Ce n'est pas parce que je suis responsable de mon besoin que je peux remplacer adéquatement le support affectueux d'une mère en me supportant "affectueusement" moi-même.
Se laver le cerveau et passer outre les difficultés
L'auto-persuasion est une tactique de plus en plus d'ampleur. Elle vise à passer outre aux difficultés réelles vécues par rapport à soi-même et par rapport aux autres. Dans cette optique, on tente de se débarrasser de ce que l'on vit en se convainquant que cela n'a pas de raison logique d'exister.
Cette approche logique réussit parfois à convaincre intellectuellement, mais on pourrait dire que "le cœur ne suit pas" et qu'il faut accepter d'ignorer son vécu profond pour obéir aux directives qu'on se donne.. C'est comme si on avançait "déconnecté de soi-même". À cause de cela, le chemin parcouru dans cette optique, c'est-à-dire, sans tenir compte de notre vécu complet, ne mène pas à une plus grande possession de soi, mais au sentiment inverse: on se sent dépossédé. (Certains diront "Je suis perdu", "Je ne sais plus ce que je veux exactement", "Je ne sais plus qui je suis au fond".)
La liberté intérieure n'est pas plus grande, au contraire, on a l'impression que c'est seulement en se persuadant et en s'encadrant d'un contrôle perpétuel qu'on peut réussir à fonctionner. On se retrouve donc, en quelque sorte, dans une prison différente dont on est soi-même le gardien, mais sans plus de liberté.
Si j'ai évoqué ces quatre tactiques de développement personnel, c'est parce qu'elles sont à la mode et qu'elles sont aux antipodes du type de cheminement dont j'ai parlé dans cet article, celui qui mène à la liberté intérieure . J'ai voulu établir les distinctions qui s'imposent pour clarifier des concepts et des interprétations dans lesquels il est parfois difficile de s'y retrouver. En développement personnel, il n'est pas vrai que tous les chemins mènent à Rome. Certains mènent à Paris, d'autres à Miami et d'autres, simplement au village voisin. Or la destination ne nous est pas toujours précisée quand on s'engage dans le voyage.
Conclusion
Frederick Perls, le père de la Gestalt, disait qu'il faut d'abord être ce que l'on est si on veut changer. À première vue cela ressemble à une tautologie, mais en fait ça n'a rien d'évident. Dans les termes de cet article, on pourrait dire que pour devenir intérieurement libre, il est nécessaire d'être en contact avec soi et de se donner la liberté d'être soi. Cela signifie d'abord de s'autoriser à être atteint par les choses et les personnes comme on l'est, donc d'avoir les émotions et les besoins que l'on a réellement. Cela signifie ensuite de se vivre ouvertement tel que l'on est, car la liberté d'être est illusoire si elle s'applique seulement en catimini.
En d'autres termes je pourrais dire, "j'existe, donc j'ai le droit d'exister", "je ressens, donc j'ai le droit de ressentir", "j'ai tel besoin, donc j'ai le droit de l'avoir" car en fait, je suis la seule qui puisse m'octroyer ces droits et décider d'exister. Si j'ai besoin des autres dans cette démarche d'affirmation libératrice, c'est surtout à titre de témoins auxquels j'accorde une valeur ou un pouvoir.
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Aux sources du transfert (Michelle Larivey, psychologue)
Introduction: les deux racines des nœuds
Dans ce texte, j'ai présenté ce que j'appelle "les nœuds" que nous rencontrons constamment dans nos relations les plus importantes. Ces nœuds se manifestent sous la forme d'insatisfactions chroniques devant lesquelles on a une impression d'impuissance. Nous butons régulièrement sur ces difficultés. C'est pourquoi je leur ai donné le nom de "nœuds".
Ces nœuds qui nous étouffent et nous empêchent d'avancer autant qu'on le voudrait, prennent racine dans deux genres d'expériences. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ils proviennent de nos tentatives de relever des défis de croissance personnelle. Ils proviennent aussi des expériences émotives du passé que nous avons négligé de vivre complètement.
L'objectif de cet article est de vous faire comprendre pourquoi il en est ainsi. Il s'agit de phénomènes naturels simples, au fond, mais il faut les comprendre pour arriver à démêler ce que l'on vit. Je fournirai donc quelques pistes qui permettront aux intéressés, de faire une auto-évaluation de leurs comportements qui engendrent des nœuds dans leurs relations. Commençons par quelques notions préalables qui contribueront à augmenter notre perspicacité.
Le besoin de se développer
Devenir soi-même: la conquête d'une vie
Durant toute notre vie, nous cherchons à nous développer. À travers son échelle de besoins, le psychologue Abraham Maslow a bien décrit cette réalité psychologique. Cette démarche consiste essentiellement à devenir soi-même. Cela veut dire, devenir de plus en plus capable de respecter ses besoins et ses valeurs et cela, devant qui que ce soit. Une fois cette liberté atteinte, nous nous consacrons à la raffiner.
Le besoin de se réaliser s'incarne à travers différentes préoccupations. L'exemple de Jérôme illustre bien la présence d'une préoccupation constante qui se manifeste partout dans sa vie. Les préoccupations se modifient à mesure qu'on avance. En d'autres termes, une fois la question réglée, une autre préoccupation émerge qui nous permettra de faire un autre pas.
Si nos préoccupations demeurent inchangées, sur une longue période de temps, ce n'est pas parce qu'on est borné ou encore anormal, comme plusieurs le pensent, c'est plutôt que nous ne sommes pas encore parvenus à relever le défi de cette conquête. C'est essentiellement parce que nous nous y prenons mal pour y parvenir.
Ces préoccupations de développement surgissent de l'intérieur. Elle n'ont rien à voir avec les exigences de changement qu'on s'impose ou que notre entourage cherche à nous imposer. Elles prennent la forme de diverses questions. Voici quelques exemples fréquents.
" J'ai peur d'approcher les femmes qui m'intéressent. C'est désespérant pour moi car j'ai l'impression que je ne pourrai jamais partager ma vie avec quelqu'un qui répond à mes aspirations. "
" Je n'ai pas confiance dans les hommes. J'aime mieux vivre ma vie avec des femmes. Les hommes ne me manquent pas, mais j'aimerais tout de même être plus confortable avec eux. "
" Je pense que je ne suis intéressante pour personne. Je m'isole et m'organise mais je souffre énormément de solitude. "
" Ma relation de couple n'est pas satisfaisante. J'ai peur de tout faire éclater si j'en parle. Alors j'endure, mais je ne sais pas combien de temps je pourrai le faire. "
" La critique me tue. J'aime mieux éviter de m'exposer que risquer d'être jugé. J'en souffre, car je n'ai jamais de reconnaissance. "
Certains de ces problèmes illustrent la difficulté d'être soi-même et de tenir compte de ses désirs et aspirations. Les autres démontrent la difficulté de respecter ce qui nous importe, devant ou avec d'autres. Ces deux difficultés représentent l'essentiel du défi du développement de soi. Ce développement est l'affaire d'une vie, mais c'est tous les jours que nous y sommes confrontés. C'est à travers la plupart de nos occupations que nous parcourons ce chemin et principalement au contact des personnes qui sont significatives à nos yeux. Nous commençons cette construction de notre personne dès notre apparition au monde. Nous la continuerons notre vie durant.
Nos premiers pas: avec nos parents
C'est avec nos parents, ou ceux qui les ont remplacés, que nous faisons nos balbutiements dans ce sens et que nous acquérons nos premiers outils de développement personnel. Nous progressons en nous adaptant aux conditions fournies par notre milieu ainsi qu'au style particulier des personnes qui sont importantes pour nous à ce moment-là. Ainsi, la capacité d'être soi-même et de se respecter au contact des autres, est tributaire de plusieurs facteurs. Il serait inutile de tenter de les énumérer tous. Il suffit de comprendre que lorsque nous arrivons à l'âge adulte nous avons un certain chemin de fait dans la direction de devenir nous-mêmes mais il nous reste encore beaucoup à faire. Voici deux exemples typiques.
" J'ai l'impression de ne pas exister pour mes parents et que mes tentatives pour obtenir leur attention s'avèrent vaines. Je prends donc l'habitude de m'effacer et je conserve le message que je ne vaux pas la peine. Je m'abstiens le plus souvent de déranger en étant convaincue qu'il n'y a pas de place pour moi. À la longue, je développe, par rapport à moi, la même attitude que celle de mon entourage: j'accorde peu d'importance à ce que je veux et à ce que je désire. Je ne trouve pas que je vaux la peine d'essayer d'obtenir ce qui m'importe. De fait, je n'essaie même plus de l'obtenir. Ainsi je ne développe pas la capacité de me mobiliser pour obtenir ce que je veux dans la vie. De plus, comme il serait souffrant de désirer en vain, à répétition, je fais en sorte de n'avoir pas trop de désirs. Pour diminuer mes désirs, j'essaie de ne pas trop ressentir. Cela m'arrange d'autant plus que ce que je ressens se résume souvent à de la tristesse. Je me coupe de moi-même. "
" Je suis le centre d'attention de mes parents, recevant continuellement le message que je suis extraordinaire du seul fait que j'existe. C'est avec une toute autre attitude que j'aborde le monde. Il m'est facile de me considérer important, mais je souffre lorsqu'on ne m'accorde pas d'emblée un statut spécial. Gagner l'estime est quelque chose que je ne connais pas. Cela m'est dû. Faire ma place est aussi une chose qui m'est inconnue. Non seulement on doit me l'accorder, mais on doit m'accorder la première. Je suis incapable de souffrir la plus légère critique, habitué que je suis à ce que tout ce que je fasse soit considéré extraordinaire. Mes rapports avec les autres sont difficiles à plusieurs égards. "
Nous arrivons à l'âge adulte en ayant atteint un certain niveau de développement. Nous avons également une certaine conception de ce que c'est qu'être une personne adulte et cette conception nous sert de guide. Nous possédons aussi un bagage d'outils: capacité de contact avec soi, de ressentir nos émotions, de les exprimer. Comme nous avons appris "par oreille", à l'occasion de relations avec des personnes qui avaient leurs propres difficultés de développement, il est normal que notre équipement soit incomplet. À cause de cela, il n'est pas étonnant que nos tentatives de développement soient souvent erratiques. Il n'est pas surprenant non plus que l'on doive vivre le même scénario à répétition avant d'arriver à comprendre ce qui se passe et à trouver des solutions satisfaisantes.
Par ailleurs, au cours de nos tentatives de développement nous accumulons inévitablement des expériences incomplètes. Leur présence jouera aussi un rôle dans la formation des nœuds relationnels. Voyons d'abord ce qu'on entend par "expériences non finies".
Les expériences incomplètes
Ressenti ou expression
Il s'agit essentiellement d'un vécu affectif qui n'a pas été "digéré" ou assimilé, qui demeure comme "en suspens" dans notre mémoire psychique. Ce vécu est incomplet en ce sens que les émotions n'ont pas été ressenties ou exprimées complètement. Bien entendu lorsque les émotions ne sont pas entièrement ressenties il est impossible de les exprimer ou encore de poser une action qui en tienne compte totalement. Le fait de faire avorter ainsi ces expériences est une sorte d'accroc à notre équilibre émotionnel. C'est pour cela que l'organisme ne peut le tolérer. Cette notion est loin d'être évidente. Elle mérite des explications. Mais commençons par une analogie, celle de la digestion.
La digestion est un processus en plusieurs étapes. Les étapes sont constantes et le but est toujours le même: l'assimilation de l'aliment. Cette assimilation a pour but de nourrir l'organisme, pour son maintien ou pour sa croissance.
Les expériences affectives ont une fonction identique. Elles nous nourrissent psychiquement et contribuent à nous construire. Comme la digestion, l'assimilation psychique se fait à l'intérieur d'un processus dont chacune des étapes est indispensable. Une première étape cruciale dans ce processus est celle qui consiste à ressentir les émotions. Si cette étape est vécue complètement, elle entraîne automatiquement d'autres étapes. C'est le fait de passer à travers toutes ces étapes qui nous permet de bien tenir compte de la manière dont nous avons été atteints. C'est ensuite, par nos gestes et nos paroles, que nous arriverons à nous respecter. Voici d'abord un exemple d'expression contenue.
" Il m'est arrivé souvent d'être ridiculisé lorsque j'étais jeune. J'étais gros, j'en avais honte et je fondais littéralement lorsque ceux qui se disaient mes copains se moquaient de moi. J'avais beaucoup de peine. J'étais humilié et parfois, quand ça durait trop longtemps, je devenais enragé. Je ne leur montrais aucun de mes sentiments. Je baissais la tête et j'attendais que cela finisse. Aujourd'hui, quand j'y pense, je leur en veux encore. Dès que je perçois de la moquerie dans les propos de quelqu'un, la moutarde me monte au nez. Mais encore, je n'ose rien dire. "
Voici maintenant un exemple de ressenti incomplet.
" J'ai perdu ma mère au début de l'adolescence et elle me manque depuis ce temps-là. J'avais si peur de cette peine qui m'apparaissait sans fond, que je m'en distrayais autant que je pouvais. Je pense que j'ai enterré ma sensibilité dans les livres et dans mes études. Aujourd'hui, je pense encore souvent à elle. Je ne veux pas avoir d'enfant de peur de les perdre ou de moi-même les abandonner comme ma mère a fait. En fait, tout attachement et toute séparation me font très peur. "
Il n'y a pas que les expériences incomplètes du passé qui s'inscrivent en nous. Il nous arrive encore de le faire dans le présent. Certaines situations sont tellement intenses qu'il est difficile de se laisser les vivre entièrement du premier coup. La terreur dans le cas d'une agression, par exemple, est difficile à tolérer. Il faut parfois s'en couper pour être capable de faire ce qu'il faut dans la situation: se défendre, se sauver, etc... Dans certains contextes retenir nos réactions est une question de sécurité. Ce peut-être le cas si quelqu'un nous menace avec une arme.
Toute émotion repoussée resurgira éventuellement. Pourquoi en est-il ainsi?
La recherche d'harmonie
Tout être vivant recherche l'harmonie. C'est parce que le vécu en suspens constitue un accroc à son équilibre que l'organisme ne peut le tolérer. Il le garde donc en mémoire et le fait resurgir à la première occasion similaire.
Comment reconnaître une émotion qui surgit du passé? Typiquement, l'émotion ou la réaction signalant une expérience non finie est plus intense que la situation actuelle ne l'exigerait. Quand on se dit qu'on réagit trop fort, quand on trouve notre réaction étrange, quand notre interlocuteur est très surpris, il y a des chances qu'une partie de notre réaction s'adresse à une situation antérieure.
" J'ai une peine démesurée à l'occasion de la mort de ma belle-mère. Je pleure, à travers le deuil présent, la perte de ma mère que je n'ai pas pleurée complètement. "
" Je revis, devant l'attitude hautaine de la fille de mon conjoint, les mêmes émotions que devant les sarcasmes répétés de ma sœur aînée durant toute ma jeunesse. J'ai la même réaction spontanée de cacher ma rage derrière une grande froideur et de couper le contact avec elle. "
" Chaque critique me ravage comme le faisaient celles de mon père. Je me rappelle encore avec une certaine douleur que même lorsque je tentais de me dépasser je n'échappais pas à la dureté de son perfectionnisme. Comme dans le passé, je ne laisse rien paraître de ma réaction. "
Dans ces exemples, les personnes sont aux prises avec des expériences de leur passé qu'elles n'ont pas assimilées. Elles se sont empêchées de ressentir complètement combien elles étaient atteintes ou elles ne se sont exprimées que partiellement. L'apparition de la réaction liée au passé est une précieuse occasion d'intégrer enfin cette expérience. À chaque fois, cela permet d'augmenter notre équilibre.
Nous avons maintenant une idée plus précise de ce qu'on appelle expériences incomplètes. Voyons comment elles contribuent à former des noeuds dans nos relations actuelles.
Comment se forment les nœuds ?
Souvent nous souffrons de nos sentiments pour les autres. Nous voudrions vivre autre chose ou être autrement. Souvent nous ne sommes pas libres d'être nous- mêmes. Souvent nous avons des réactions qui nous semblent trop fortes ou infantiles. C'est à tâtons que nous passons à travers ces expériences émotives en cherchant à "être normal". C'est justement en se forçant à "vivre ce qui n'est pas" et à "réagir autrement qu'on réagit" qu'on tisse nos nœuds ou les renforce.
Les noeuds: des expériences incomplètes
Les expériences incomplètes doivent être complétées. Il faut profiter de toutes les situations où elles surgissent pour le faire. Mais ce n'est pas ce que l'on fait généralement. Comme on ne comprend pas la pertinence de leur apparition, on cherche à s'en débarrasser. Ce faisant, on répète sensiblement le même scénario que les fois précédentes.
Repousser de nouveau son sentiment
" J'ai vécu beaucoup de séparations, tout au long de mon enfance. J'ai du quitter ma grand-mère qui était comme une deuxième mère pour moi. À plusieurs reprises, j'ai été séparée de mes amis parce que le travail de mon père l'appelait à des mutations. Ma meilleure amie d'enfance est morte de la leucémie alors qu'elle avait six ans. Ce ne sont là que quelques exemples des multiples déchirements que j'ai vécus. Je me souviens d'avoir pleuré, d'en avoir souffert. Depuis des années, toutefois, je pleure en visionnant un film où des gens qui s'aiment doivent se séparer, où des animaux qui sont liés doivent être éloignés les uns des autres. "
Suis-je détraquée, anormale? Non, tout ça est parfaitement normal. Mes pleurs sont un réflexe pour ajuster ma vie émotive. Je pleure maintenant ce que je n'ai pas pleuré complètement autrefois. Il en sera ainsi tant que je n'aurai pas versé toutes les larmes que j'ai retenues dans mes multiples séparations.
Par ignorance, par gêne, on cherche à faire cesser ces émotions inattendues. Au mieux, on cherche à contrôler leur débit pour les vivre "au compte-gouttes" plutôt que d'ouvrir le "barrage". Le résultat c'est qu'il nous faut beaucoup plus de temps pour en venir à bout.
Inhiber de nouveau son expression
Pour d'autres expériences incomplètes, c'est l'expression qui a été inhibée. On pourrait dire que nous sommes "restés pris avec" car aucun geste ou aucune parole ne nous a permis d'aller au bout.
" J'ai subi les nombreux sarcasmes et mauvais traitements de la part de ma soeur aînée sans faire autre chose que de me replier sur moi-même avec ma peine et ma rage. Lorsqu'elle ou d'autres me font des choses semblables aujourd'hui, j'ai tellement de peine et de rage que je n'ose pas réagir. Tout au plus je laisse paraître que je ne suis pas contente. "
Pour compléter le vécu du passé et pour ne pas continuer d'accumuler les expériences incomplètes, je devrais réagir aux situations actuelles en respectant intégralement l'intensité de mes sentiments. Cette ouverture me permettrait d'identifier "à qui d'autres" s'adresse cette réaction qui m'étonne. Mais ce que nous faisons le plus souvent c'est de réagir en étant conscients de l'exagération de notre réaction, mais sans savoir quoi faire d'autre. Certains le font même beaucoup: ils "ventilent" régulièrement leurs réactions sur leur entourage. Réagir sans plus de conscience ne leur permet toutefois pas de dénouer les expériences passées.
Les noeuds: des tentatives de développement
Nous sommes continuellement occupés à conquérir la capacité d'être nous-mêmes et de nous respecter dans nos relations avec les autres. Cette démarche de développement, toutefois, ne se fait pas en ligne droite ni sans heurt. Elle se fait, au contraire, à travers beaucoup d'obstacles. Les échecs de notre enfance proviennent à la fois de nos capacités déficientes à composer avec notre vie émotive et des réponses de ceux qui nous entouraient. Ces deux types d'obstacles nous ont conduits à des noeuds relationnels. Si nous continuons de relever nos défis de croissance de la même manière que nous le faisions avec eux, nous rencontrerons les mêmes noeuds. Mais la force de développement des êtres vivants est vive. Les moyens que nous prenons pour réussir ce que nous n'avons pas réussi dans le passé sont parfois étonnants.
Répéter la situation
Rechercher des situations similaires
Sans en être vraiment conscients, nous cherchons à nous trouver dans des situations qui vont nous permettre de réussir ce que nous n'avons pas réussi antérieurement.
Jérôme qui a tant besoin d'exister pour quelqu'un afin de confirmer sa valeur, choisit, comme épouse, une femme qui ne semble pas très douée pour lui donner ce qu'il cherche. Elle est très indépendante et valorise l'indépendance. Elle est peu expressive et peu sensible aux besoins de Jérôme. En ce sens, elle ressemble beaucoup à la mère de ce dernier: une femme affairée qui s'impatientait devant le moindre besoin d'attention de son fils.
Sauter sur l'occasion
Les besoins de croissance sont si impérieux que l'on dirait qu'on est doté d'un sonar qui détecte ce qui est susceptible de nous toucher dans des situations qui apparemment ne le devraient pas. C'est ainsi qu'on s'attache à des détails, à des choses secondaires. À cause de cela, les personnes impliquées sont souvent très surprises de notre réaction.
" Mon ami me fait un compliment. Je suis insultée. Je suis choquée par son ton qui me semble moqueur. J'y vois donc une critique plus qu'un compliment. Il est abasourdi. "
" Le groupe d'étudiants auquel j'enseigne est très intéressant et stimulant. L'un d'entre eux, toutefois, me cause beaucoup de soucis car il n'a jamais l'air intéressé. Quoi que je fasse, il me regarde d'un air hautain et critique. Il m'empoisonne la vie. C'est au point que c'est toujours avec beaucoup d'angoisse que j'entre dans cette classe. "
Transformer les relations
À la longue, par notre façon de réagir on réussit à changer le climat de la relation. Ce faisant, on provoque l'autre à réagir comme on a besoin qu'il réagisse pour nous retrouver dans la situation initiale qu'on a besoin de résoudre.
" La femme que j'ai épousée était douce et aimante. Après quelques années elle est devenue acariâtre. Que s'est-il passé? Il me semble que je me retrouve à vivre avec ma marâtre de belle-mère. En fait, bien que son affection m'ait attiré, j'étais incapable de la recevoir. J'ai été avec elle aussi fermé qu'avec la femme de mon père qui me détestait. Mon épouse a beaucoup tenté de me faire parler, m'ouvrir. À la longue elle s'est découragée de réussir. Petit à petit elle a pris ma fermeture comme un manque d'amour à son égard. Elle est frustrée. Elle m'attaque de plus en plus vigoureusement. Je me renferme de plus en plus. J'ai l'impression de revivre le passé. J'ai l'impression que notre couple est détruit. "
" J'étais certaine que cet homme ne serait jamais violent avec moi. C'est pour cela que je l'ai choisi. Il n'avait jamais levé le petit doigt sur personne. Pourtant, à certains moments avec moi, il devient hors de lui et me frappe. Je m'aperçois que j'ai avec lui la même attitude passive et hostile que j'ai eue dans mes relations antérieures avec les hommes qui m'ont battue. Il dit qu'il ne peut me rejoindre quand j'ai cette attitude et qu'il n'y arrive qu'en étant violent. "
Pour un œil aiguisé, il est évident qu'à travers ces péripéties nous recherchons à créer des situations qui sont susceptibles de nous permettre d'évoluer. Nous cherchons à nous placer dans la situation qui nous permettra de relever le défi de croissance que nous n'avons pas réussi à relever encore. Dans chacune de ces situations nous évoluons au moins un peu. Nos progrès reposent sur la manière dont nous utilisons ces situations.
Répéter les mêmes comportements
Nous faisons des efforts pour nous trouver dans une situation suffisamment semblable à celle qui nous permettrait de relever des défis de développement. Malheureusement ces efforts sont en quelque sorte annulés par le fait que même si nous réussissons à recréer cette situation, nous nous conduisons d'une manière identique à ce que nous avons toujours fait.
Jérôme
Jérôme se préoccupe de sa place dans plusieurs de ses relations. Il se contente de constater son manque et de profiter des situations où son besoin était comblé. Jérôme s'accommode de ces situations, comme il l'a toujours fait, même petit. Il s'organise, par ailleurs, pour avoir une vie intéressante. Son leitmotiv: ne pas compter sur les autres et sur leur affection.
Jasmine
Comme elle l'a fait jadis avec sa mère et continue de le faire, Jasmine passe sa vie à faire des pieds et des mains pour éviter les critiques, la désapprobation et le rejet. Pour elle, l'approbation des autres est le signe qu'elle est "correcte". Elle désire tant cette approbation qu'elle réagit souvent à ce sujet avec des personnes qui ont peu d'importance dans sa vie. La postière qui hausse le ton en lui laissant entendre qu'elle devrait connaître le prix d'un timbre, la met dans tous ses états. Sa réaction: s'expliquer longuement pour prouver qu'elle n'est pas "si bête qu'on pense." Comme elle fait toujours avec sa mère, elle se justifie.
Olivier
Olivier vit avec sa fiancée et son associé des sentiments semblables à ceux qu'il vit depuis toujours avec sa mère. Une certaine peur d'être critiqué et le sentiment omniprésent de ne pas être à la hauteur. Il agit avec ces personnes comme il a toujours agi avec sa mère. Il subit leur attitude autoritaire en rageant intérieurement et en se dévalorisant d'agir ainsi. Olivier a presque toujours l'impression de vivre dans un étau. Il a quitté plusieurs femmes avec lesquelles la relation avait bien commencé parce, qu'à la longue, il étouffait. Il s'aperçoit qu'il est attiré par les femmes qui sont capables de s'affirmer mais constate qu'il est incapable de s'affirmer devant elles. Il s'efforce toujours d'être à la hauteur sans jamais y parvenir. Il tente donc plutôt de passer inaperçu, s'effaçant, faisant passer ses besoins après ceux de l'autre.
Ces trois personnes se plaignent de ne pas avancer bien qu'elles fassent de constants efforts. Pourquoi n'avancent-elles pas? Pourquoi n'arrivent-elles pas à se vivre pleinement et à se sentir bien avec les personnes importantes de leur vie? Voici quelques autres raisons qui contribuent au maintien du "statu quo."
Attendre que l'autre change
Jérôme, Jasmine et Olivier continuent d'agir de la même façon comme s'ils s'attendaient à ce qu'un déclic se produise et qu'un changement survienne. Ce changement, ils attendent qu'il se produise chez les autres.
Jérôme pourrait dire: "si un jour ils pouvaient se rendre compte de ma valeur et la reconnaître, je serais enfin comblé".
Si Jasmine livrait ses pensées intimes, elle dirait probablement: "si un jour ma mère m'acceptait enfin telle que je suis, si les gens cessaient d'être critiques à mon égard, je pense que je pourrais vivre détendue et enfin heureuse".
Quant à Olivier, on l'imagine souhaiter "que toutes les personnes devant lesquelles il est si difficile pour moi de m'affirmer deviennent plus douces et acceptantes. Je pourrais alors enfin avoir droit à l'erreur".
Souvent convaincus que la solution réside dans un changement chez les autres, on attend cette transformation. Non seulement on l'attend, mais on essaie de la provoquer. Obnubilé par l'effet que l'autre nous fait, on a peu de disponibilité pour l'introspection qui pourtant pourrait nous révéler d'autres solutions.
Demeurer inconscient de ses besoins
La concentration sur l'autre nous permet d'éviter de jeter un regard lucide sur ce que nous vivons dans ces noeuds. La plupart du temps nous sommes peu conscients des besoins qui sont à l'origine de nos efforts. Toute notre énergie est concentrée à obtenir que l'autre agisse d'une façon qui nous convienne. Si nous devenons inventifs quant aux moyens d'être satisfaits, c'est pour imaginer toutes les façons dont l'autre pourrait enfin régler notre problème. C'est ainsi que nous passons parfois nos "commandes" à nos proches qui refusent ou s'empressent d'obtempérer. Qu'ils acceptent ou refusent ne contribuera pas à défaire le noeud. La situation sera peut- être moins tendue, mais elle engendrera souvent d'autres difficultés relationnelles.
Occulter nos besoins et focaliser sur le comportement de l'autre présente un avantage: on est moins forcé de s'impliquer. Mais au total, les désavantages sont beaucoup plus nombreux.
Cacher sa dépendance
On préfère ne pas être en contact avec nos besoins car ils témoignent de notre dépendance. Il est souvent difficile d'admettre qu'un autre a une immense importance pour nous cela, même quand il s'agit d'un conjoint ou d'un parent. Lui avouer c'est se rendre vulnérable. L'idée de dépendance fait peur. Beaucoup d'auteurs et de pseudo- psy nous encouragent d'ailleurs à cultiver cette crainte. C'est donc souvent en se basant sur leur rationnel boiteux qu'on cherche à dissimuler notre dépendance.
Pour dissimuler l'importance de l'autre et de notre besoin nous devons prendre des distances ou faire des "joutes inter personnelles" qui nous permettent de nous cacher. Parfois nous choisissons de nous durcir. Ce faisant, nous n'exprimons souvent qu'une partie de notre vécu, celui sur lequel nous nous sentons en contrôle. L'expression incomplète de tout vécu important, nous l'avons vu, conduit à des nœuds ou les perpétue. Se cacher à soi-même et cacher à l'autre ce que nous vivons d'important à son égard est un des moyens les plus efficaces de tisser des nœuds dans lesquels enchevêtrer nos relations.
Conclusion
Tant que la raison d'être des nœuds nous échappe, on les considère comme des encombrements dont il faut se débarrasser en évitant les sujets "brûlants" ou en se séparant des personnes avec lesquelles on les vit. Une fois qu'on comprend leur raison d'être, ils peuvent devenir des occasions recherchées pour relever un défi de croissance. Pour réussir ces défis toutefois il est important d'identifier ses façons de contribuer aux nœuds. C'est d'autant plus important que chacun des partenaires a ses propres nœuds dans la relation. Il nous reste ensuite à nous outiller psychologiquement pour les dénouer et retrouver la vitalité qui y est emprisonnée.
Introduction: les deux racines des nœuds
Dans ce texte, j'ai présenté ce que j'appelle "les nœuds" que nous rencontrons constamment dans nos relations les plus importantes. Ces nœuds se manifestent sous la forme d'insatisfactions chroniques devant lesquelles on a une impression d'impuissance. Nous butons régulièrement sur ces difficultés. C'est pourquoi je leur ai donné le nom de "nœuds".
Ces nœuds qui nous étouffent et nous empêchent d'avancer autant qu'on le voudrait, prennent racine dans deux genres d'expériences. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ils proviennent de nos tentatives de relever des défis de croissance personnelle. Ils proviennent aussi des expériences émotives du passé que nous avons négligé de vivre complètement.
L'objectif de cet article est de vous faire comprendre pourquoi il en est ainsi. Il s'agit de phénomènes naturels simples, au fond, mais il faut les comprendre pour arriver à démêler ce que l'on vit. Je fournirai donc quelques pistes qui permettront aux intéressés, de faire une auto-évaluation de leurs comportements qui engendrent des nœuds dans leurs relations. Commençons par quelques notions préalables qui contribueront à augmenter notre perspicacité.
Le besoin de se développer
Devenir soi-même: la conquête d'une vie
Durant toute notre vie, nous cherchons à nous développer. À travers son échelle de besoins, le psychologue Abraham Maslow a bien décrit cette réalité psychologique. Cette démarche consiste essentiellement à devenir soi-même. Cela veut dire, devenir de plus en plus capable de respecter ses besoins et ses valeurs et cela, devant qui que ce soit. Une fois cette liberté atteinte, nous nous consacrons à la raffiner.
Le besoin de se réaliser s'incarne à travers différentes préoccupations. L'exemple de Jérôme illustre bien la présence d'une préoccupation constante qui se manifeste partout dans sa vie. Les préoccupations se modifient à mesure qu'on avance. En d'autres termes, une fois la question réglée, une autre préoccupation émerge qui nous permettra de faire un autre pas.
Si nos préoccupations demeurent inchangées, sur une longue période de temps, ce n'est pas parce qu'on est borné ou encore anormal, comme plusieurs le pensent, c'est plutôt que nous ne sommes pas encore parvenus à relever le défi de cette conquête. C'est essentiellement parce que nous nous y prenons mal pour y parvenir.
Ces préoccupations de développement surgissent de l'intérieur. Elle n'ont rien à voir avec les exigences de changement qu'on s'impose ou que notre entourage cherche à nous imposer. Elles prennent la forme de diverses questions. Voici quelques exemples fréquents.
" J'ai peur d'approcher les femmes qui m'intéressent. C'est désespérant pour moi car j'ai l'impression que je ne pourrai jamais partager ma vie avec quelqu'un qui répond à mes aspirations. "
" Je n'ai pas confiance dans les hommes. J'aime mieux vivre ma vie avec des femmes. Les hommes ne me manquent pas, mais j'aimerais tout de même être plus confortable avec eux. "
" Je pense que je ne suis intéressante pour personne. Je m'isole et m'organise mais je souffre énormément de solitude. "
" Ma relation de couple n'est pas satisfaisante. J'ai peur de tout faire éclater si j'en parle. Alors j'endure, mais je ne sais pas combien de temps je pourrai le faire. "
" La critique me tue. J'aime mieux éviter de m'exposer que risquer d'être jugé. J'en souffre, car je n'ai jamais de reconnaissance. "
Certains de ces problèmes illustrent la difficulté d'être soi-même et de tenir compte de ses désirs et aspirations. Les autres démontrent la difficulté de respecter ce qui nous importe, devant ou avec d'autres. Ces deux difficultés représentent l'essentiel du défi du développement de soi. Ce développement est l'affaire d'une vie, mais c'est tous les jours que nous y sommes confrontés. C'est à travers la plupart de nos occupations que nous parcourons ce chemin et principalement au contact des personnes qui sont significatives à nos yeux. Nous commençons cette construction de notre personne dès notre apparition au monde. Nous la continuerons notre vie durant.
Nos premiers pas: avec nos parents
C'est avec nos parents, ou ceux qui les ont remplacés, que nous faisons nos balbutiements dans ce sens et que nous acquérons nos premiers outils de développement personnel. Nous progressons en nous adaptant aux conditions fournies par notre milieu ainsi qu'au style particulier des personnes qui sont importantes pour nous à ce moment-là. Ainsi, la capacité d'être soi-même et de se respecter au contact des autres, est tributaire de plusieurs facteurs. Il serait inutile de tenter de les énumérer tous. Il suffit de comprendre que lorsque nous arrivons à l'âge adulte nous avons un certain chemin de fait dans la direction de devenir nous-mêmes mais il nous reste encore beaucoup à faire. Voici deux exemples typiques.
" J'ai l'impression de ne pas exister pour mes parents et que mes tentatives pour obtenir leur attention s'avèrent vaines. Je prends donc l'habitude de m'effacer et je conserve le message que je ne vaux pas la peine. Je m'abstiens le plus souvent de déranger en étant convaincue qu'il n'y a pas de place pour moi. À la longue, je développe, par rapport à moi, la même attitude que celle de mon entourage: j'accorde peu d'importance à ce que je veux et à ce que je désire. Je ne trouve pas que je vaux la peine d'essayer d'obtenir ce qui m'importe. De fait, je n'essaie même plus de l'obtenir. Ainsi je ne développe pas la capacité de me mobiliser pour obtenir ce que je veux dans la vie. De plus, comme il serait souffrant de désirer en vain, à répétition, je fais en sorte de n'avoir pas trop de désirs. Pour diminuer mes désirs, j'essaie de ne pas trop ressentir. Cela m'arrange d'autant plus que ce que je ressens se résume souvent à de la tristesse. Je me coupe de moi-même. "
" Je suis le centre d'attention de mes parents, recevant continuellement le message que je suis extraordinaire du seul fait que j'existe. C'est avec une toute autre attitude que j'aborde le monde. Il m'est facile de me considérer important, mais je souffre lorsqu'on ne m'accorde pas d'emblée un statut spécial. Gagner l'estime est quelque chose que je ne connais pas. Cela m'est dû. Faire ma place est aussi une chose qui m'est inconnue. Non seulement on doit me l'accorder, mais on doit m'accorder la première. Je suis incapable de souffrir la plus légère critique, habitué que je suis à ce que tout ce que je fasse soit considéré extraordinaire. Mes rapports avec les autres sont difficiles à plusieurs égards. "
Nous arrivons à l'âge adulte en ayant atteint un certain niveau de développement. Nous avons également une certaine conception de ce que c'est qu'être une personne adulte et cette conception nous sert de guide. Nous possédons aussi un bagage d'outils: capacité de contact avec soi, de ressentir nos émotions, de les exprimer. Comme nous avons appris "par oreille", à l'occasion de relations avec des personnes qui avaient leurs propres difficultés de développement, il est normal que notre équipement soit incomplet. À cause de cela, il n'est pas étonnant que nos tentatives de développement soient souvent erratiques. Il n'est pas surprenant non plus que l'on doive vivre le même scénario à répétition avant d'arriver à comprendre ce qui se passe et à trouver des solutions satisfaisantes.
Par ailleurs, au cours de nos tentatives de développement nous accumulons inévitablement des expériences incomplètes. Leur présence jouera aussi un rôle dans la formation des nœuds relationnels. Voyons d'abord ce qu'on entend par "expériences non finies".
Les expériences incomplètes
Ressenti ou expression
Il s'agit essentiellement d'un vécu affectif qui n'a pas été "digéré" ou assimilé, qui demeure comme "en suspens" dans notre mémoire psychique. Ce vécu est incomplet en ce sens que les émotions n'ont pas été ressenties ou exprimées complètement. Bien entendu lorsque les émotions ne sont pas entièrement ressenties il est impossible de les exprimer ou encore de poser une action qui en tienne compte totalement. Le fait de faire avorter ainsi ces expériences est une sorte d'accroc à notre équilibre émotionnel. C'est pour cela que l'organisme ne peut le tolérer. Cette notion est loin d'être évidente. Elle mérite des explications. Mais commençons par une analogie, celle de la digestion.
La digestion est un processus en plusieurs étapes. Les étapes sont constantes et le but est toujours le même: l'assimilation de l'aliment. Cette assimilation a pour but de nourrir l'organisme, pour son maintien ou pour sa croissance.
Les expériences affectives ont une fonction identique. Elles nous nourrissent psychiquement et contribuent à nous construire. Comme la digestion, l'assimilation psychique se fait à l'intérieur d'un processus dont chacune des étapes est indispensable. Une première étape cruciale dans ce processus est celle qui consiste à ressentir les émotions. Si cette étape est vécue complètement, elle entraîne automatiquement d'autres étapes. C'est le fait de passer à travers toutes ces étapes qui nous permet de bien tenir compte de la manière dont nous avons été atteints. C'est ensuite, par nos gestes et nos paroles, que nous arriverons à nous respecter. Voici d'abord un exemple d'expression contenue.
" Il m'est arrivé souvent d'être ridiculisé lorsque j'étais jeune. J'étais gros, j'en avais honte et je fondais littéralement lorsque ceux qui se disaient mes copains se moquaient de moi. J'avais beaucoup de peine. J'étais humilié et parfois, quand ça durait trop longtemps, je devenais enragé. Je ne leur montrais aucun de mes sentiments. Je baissais la tête et j'attendais que cela finisse. Aujourd'hui, quand j'y pense, je leur en veux encore. Dès que je perçois de la moquerie dans les propos de quelqu'un, la moutarde me monte au nez. Mais encore, je n'ose rien dire. "
Voici maintenant un exemple de ressenti incomplet.
" J'ai perdu ma mère au début de l'adolescence et elle me manque depuis ce temps-là. J'avais si peur de cette peine qui m'apparaissait sans fond, que je m'en distrayais autant que je pouvais. Je pense que j'ai enterré ma sensibilité dans les livres et dans mes études. Aujourd'hui, je pense encore souvent à elle. Je ne veux pas avoir d'enfant de peur de les perdre ou de moi-même les abandonner comme ma mère a fait. En fait, tout attachement et toute séparation me font très peur. "
Il n'y a pas que les expériences incomplètes du passé qui s'inscrivent en nous. Il nous arrive encore de le faire dans le présent. Certaines situations sont tellement intenses qu'il est difficile de se laisser les vivre entièrement du premier coup. La terreur dans le cas d'une agression, par exemple, est difficile à tolérer. Il faut parfois s'en couper pour être capable de faire ce qu'il faut dans la situation: se défendre, se sauver, etc... Dans certains contextes retenir nos réactions est une question de sécurité. Ce peut-être le cas si quelqu'un nous menace avec une arme.
Toute émotion repoussée resurgira éventuellement. Pourquoi en est-il ainsi?
La recherche d'harmonie
Tout être vivant recherche l'harmonie. C'est parce que le vécu en suspens constitue un accroc à son équilibre que l'organisme ne peut le tolérer. Il le garde donc en mémoire et le fait resurgir à la première occasion similaire.
Comment reconnaître une émotion qui surgit du passé? Typiquement, l'émotion ou la réaction signalant une expérience non finie est plus intense que la situation actuelle ne l'exigerait. Quand on se dit qu'on réagit trop fort, quand on trouve notre réaction étrange, quand notre interlocuteur est très surpris, il y a des chances qu'une partie de notre réaction s'adresse à une situation antérieure.
" J'ai une peine démesurée à l'occasion de la mort de ma belle-mère. Je pleure, à travers le deuil présent, la perte de ma mère que je n'ai pas pleurée complètement. "
" Je revis, devant l'attitude hautaine de la fille de mon conjoint, les mêmes émotions que devant les sarcasmes répétés de ma sœur aînée durant toute ma jeunesse. J'ai la même réaction spontanée de cacher ma rage derrière une grande froideur et de couper le contact avec elle. "
" Chaque critique me ravage comme le faisaient celles de mon père. Je me rappelle encore avec une certaine douleur que même lorsque je tentais de me dépasser je n'échappais pas à la dureté de son perfectionnisme. Comme dans le passé, je ne laisse rien paraître de ma réaction. "
Dans ces exemples, les personnes sont aux prises avec des expériences de leur passé qu'elles n'ont pas assimilées. Elles se sont empêchées de ressentir complètement combien elles étaient atteintes ou elles ne se sont exprimées que partiellement. L'apparition de la réaction liée au passé est une précieuse occasion d'intégrer enfin cette expérience. À chaque fois, cela permet d'augmenter notre équilibre.
Nous avons maintenant une idée plus précise de ce qu'on appelle expériences incomplètes. Voyons comment elles contribuent à former des noeuds dans nos relations actuelles.
Comment se forment les nœuds ?
Souvent nous souffrons de nos sentiments pour les autres. Nous voudrions vivre autre chose ou être autrement. Souvent nous ne sommes pas libres d'être nous- mêmes. Souvent nous avons des réactions qui nous semblent trop fortes ou infantiles. C'est à tâtons que nous passons à travers ces expériences émotives en cherchant à "être normal". C'est justement en se forçant à "vivre ce qui n'est pas" et à "réagir autrement qu'on réagit" qu'on tisse nos nœuds ou les renforce.
Les noeuds: des expériences incomplètes
Les expériences incomplètes doivent être complétées. Il faut profiter de toutes les situations où elles surgissent pour le faire. Mais ce n'est pas ce que l'on fait généralement. Comme on ne comprend pas la pertinence de leur apparition, on cherche à s'en débarrasser. Ce faisant, on répète sensiblement le même scénario que les fois précédentes.
Repousser de nouveau son sentiment
" J'ai vécu beaucoup de séparations, tout au long de mon enfance. J'ai du quitter ma grand-mère qui était comme une deuxième mère pour moi. À plusieurs reprises, j'ai été séparée de mes amis parce que le travail de mon père l'appelait à des mutations. Ma meilleure amie d'enfance est morte de la leucémie alors qu'elle avait six ans. Ce ne sont là que quelques exemples des multiples déchirements que j'ai vécus. Je me souviens d'avoir pleuré, d'en avoir souffert. Depuis des années, toutefois, je pleure en visionnant un film où des gens qui s'aiment doivent se séparer, où des animaux qui sont liés doivent être éloignés les uns des autres. "
Suis-je détraquée, anormale? Non, tout ça est parfaitement normal. Mes pleurs sont un réflexe pour ajuster ma vie émotive. Je pleure maintenant ce que je n'ai pas pleuré complètement autrefois. Il en sera ainsi tant que je n'aurai pas versé toutes les larmes que j'ai retenues dans mes multiples séparations.
Par ignorance, par gêne, on cherche à faire cesser ces émotions inattendues. Au mieux, on cherche à contrôler leur débit pour les vivre "au compte-gouttes" plutôt que d'ouvrir le "barrage". Le résultat c'est qu'il nous faut beaucoup plus de temps pour en venir à bout.
Inhiber de nouveau son expression
Pour d'autres expériences incomplètes, c'est l'expression qui a été inhibée. On pourrait dire que nous sommes "restés pris avec" car aucun geste ou aucune parole ne nous a permis d'aller au bout.
" J'ai subi les nombreux sarcasmes et mauvais traitements de la part de ma soeur aînée sans faire autre chose que de me replier sur moi-même avec ma peine et ma rage. Lorsqu'elle ou d'autres me font des choses semblables aujourd'hui, j'ai tellement de peine et de rage que je n'ose pas réagir. Tout au plus je laisse paraître que je ne suis pas contente. "
Pour compléter le vécu du passé et pour ne pas continuer d'accumuler les expériences incomplètes, je devrais réagir aux situations actuelles en respectant intégralement l'intensité de mes sentiments. Cette ouverture me permettrait d'identifier "à qui d'autres" s'adresse cette réaction qui m'étonne. Mais ce que nous faisons le plus souvent c'est de réagir en étant conscients de l'exagération de notre réaction, mais sans savoir quoi faire d'autre. Certains le font même beaucoup: ils "ventilent" régulièrement leurs réactions sur leur entourage. Réagir sans plus de conscience ne leur permet toutefois pas de dénouer les expériences passées.
Les noeuds: des tentatives de développement
Nous sommes continuellement occupés à conquérir la capacité d'être nous-mêmes et de nous respecter dans nos relations avec les autres. Cette démarche de développement, toutefois, ne se fait pas en ligne droite ni sans heurt. Elle se fait, au contraire, à travers beaucoup d'obstacles. Les échecs de notre enfance proviennent à la fois de nos capacités déficientes à composer avec notre vie émotive et des réponses de ceux qui nous entouraient. Ces deux types d'obstacles nous ont conduits à des noeuds relationnels. Si nous continuons de relever nos défis de croissance de la même manière que nous le faisions avec eux, nous rencontrerons les mêmes noeuds. Mais la force de développement des êtres vivants est vive. Les moyens que nous prenons pour réussir ce que nous n'avons pas réussi dans le passé sont parfois étonnants.
Répéter la situation
Rechercher des situations similaires
Sans en être vraiment conscients, nous cherchons à nous trouver dans des situations qui vont nous permettre de réussir ce que nous n'avons pas réussi antérieurement.
Jérôme qui a tant besoin d'exister pour quelqu'un afin de confirmer sa valeur, choisit, comme épouse, une femme qui ne semble pas très douée pour lui donner ce qu'il cherche. Elle est très indépendante et valorise l'indépendance. Elle est peu expressive et peu sensible aux besoins de Jérôme. En ce sens, elle ressemble beaucoup à la mère de ce dernier: une femme affairée qui s'impatientait devant le moindre besoin d'attention de son fils.
Sauter sur l'occasion
Les besoins de croissance sont si impérieux que l'on dirait qu'on est doté d'un sonar qui détecte ce qui est susceptible de nous toucher dans des situations qui apparemment ne le devraient pas. C'est ainsi qu'on s'attache à des détails, à des choses secondaires. À cause de cela, les personnes impliquées sont souvent très surprises de notre réaction.
" Mon ami me fait un compliment. Je suis insultée. Je suis choquée par son ton qui me semble moqueur. J'y vois donc une critique plus qu'un compliment. Il est abasourdi. "
" Le groupe d'étudiants auquel j'enseigne est très intéressant et stimulant. L'un d'entre eux, toutefois, me cause beaucoup de soucis car il n'a jamais l'air intéressé. Quoi que je fasse, il me regarde d'un air hautain et critique. Il m'empoisonne la vie. C'est au point que c'est toujours avec beaucoup d'angoisse que j'entre dans cette classe. "
Transformer les relations
À la longue, par notre façon de réagir on réussit à changer le climat de la relation. Ce faisant, on provoque l'autre à réagir comme on a besoin qu'il réagisse pour nous retrouver dans la situation initiale qu'on a besoin de résoudre.
" La femme que j'ai épousée était douce et aimante. Après quelques années elle est devenue acariâtre. Que s'est-il passé? Il me semble que je me retrouve à vivre avec ma marâtre de belle-mère. En fait, bien que son affection m'ait attiré, j'étais incapable de la recevoir. J'ai été avec elle aussi fermé qu'avec la femme de mon père qui me détestait. Mon épouse a beaucoup tenté de me faire parler, m'ouvrir. À la longue elle s'est découragée de réussir. Petit à petit elle a pris ma fermeture comme un manque d'amour à son égard. Elle est frustrée. Elle m'attaque de plus en plus vigoureusement. Je me renferme de plus en plus. J'ai l'impression de revivre le passé. J'ai l'impression que notre couple est détruit. "
" J'étais certaine que cet homme ne serait jamais violent avec moi. C'est pour cela que je l'ai choisi. Il n'avait jamais levé le petit doigt sur personne. Pourtant, à certains moments avec moi, il devient hors de lui et me frappe. Je m'aperçois que j'ai avec lui la même attitude passive et hostile que j'ai eue dans mes relations antérieures avec les hommes qui m'ont battue. Il dit qu'il ne peut me rejoindre quand j'ai cette attitude et qu'il n'y arrive qu'en étant violent. "
Pour un œil aiguisé, il est évident qu'à travers ces péripéties nous recherchons à créer des situations qui sont susceptibles de nous permettre d'évoluer. Nous cherchons à nous placer dans la situation qui nous permettra de relever le défi de croissance que nous n'avons pas réussi à relever encore. Dans chacune de ces situations nous évoluons au moins un peu. Nos progrès reposent sur la manière dont nous utilisons ces situations.
Répéter les mêmes comportements
Nous faisons des efforts pour nous trouver dans une situation suffisamment semblable à celle qui nous permettrait de relever des défis de développement. Malheureusement ces efforts sont en quelque sorte annulés par le fait que même si nous réussissons à recréer cette situation, nous nous conduisons d'une manière identique à ce que nous avons toujours fait.
Jérôme
Jérôme se préoccupe de sa place dans plusieurs de ses relations. Il se contente de constater son manque et de profiter des situations où son besoin était comblé. Jérôme s'accommode de ces situations, comme il l'a toujours fait, même petit. Il s'organise, par ailleurs, pour avoir une vie intéressante. Son leitmotiv: ne pas compter sur les autres et sur leur affection.
Jasmine
Comme elle l'a fait jadis avec sa mère et continue de le faire, Jasmine passe sa vie à faire des pieds et des mains pour éviter les critiques, la désapprobation et le rejet. Pour elle, l'approbation des autres est le signe qu'elle est "correcte". Elle désire tant cette approbation qu'elle réagit souvent à ce sujet avec des personnes qui ont peu d'importance dans sa vie. La postière qui hausse le ton en lui laissant entendre qu'elle devrait connaître le prix d'un timbre, la met dans tous ses états. Sa réaction: s'expliquer longuement pour prouver qu'elle n'est pas "si bête qu'on pense." Comme elle fait toujours avec sa mère, elle se justifie.
Olivier
Olivier vit avec sa fiancée et son associé des sentiments semblables à ceux qu'il vit depuis toujours avec sa mère. Une certaine peur d'être critiqué et le sentiment omniprésent de ne pas être à la hauteur. Il agit avec ces personnes comme il a toujours agi avec sa mère. Il subit leur attitude autoritaire en rageant intérieurement et en se dévalorisant d'agir ainsi. Olivier a presque toujours l'impression de vivre dans un étau. Il a quitté plusieurs femmes avec lesquelles la relation avait bien commencé parce, qu'à la longue, il étouffait. Il s'aperçoit qu'il est attiré par les femmes qui sont capables de s'affirmer mais constate qu'il est incapable de s'affirmer devant elles. Il s'efforce toujours d'être à la hauteur sans jamais y parvenir. Il tente donc plutôt de passer inaperçu, s'effaçant, faisant passer ses besoins après ceux de l'autre.
Ces trois personnes se plaignent de ne pas avancer bien qu'elles fassent de constants efforts. Pourquoi n'avancent-elles pas? Pourquoi n'arrivent-elles pas à se vivre pleinement et à se sentir bien avec les personnes importantes de leur vie? Voici quelques autres raisons qui contribuent au maintien du "statu quo."
Attendre que l'autre change
Jérôme, Jasmine et Olivier continuent d'agir de la même façon comme s'ils s'attendaient à ce qu'un déclic se produise et qu'un changement survienne. Ce changement, ils attendent qu'il se produise chez les autres.
Jérôme pourrait dire: "si un jour ils pouvaient se rendre compte de ma valeur et la reconnaître, je serais enfin comblé".
Si Jasmine livrait ses pensées intimes, elle dirait probablement: "si un jour ma mère m'acceptait enfin telle que je suis, si les gens cessaient d'être critiques à mon égard, je pense que je pourrais vivre détendue et enfin heureuse".
Quant à Olivier, on l'imagine souhaiter "que toutes les personnes devant lesquelles il est si difficile pour moi de m'affirmer deviennent plus douces et acceptantes. Je pourrais alors enfin avoir droit à l'erreur".
Souvent convaincus que la solution réside dans un changement chez les autres, on attend cette transformation. Non seulement on l'attend, mais on essaie de la provoquer. Obnubilé par l'effet que l'autre nous fait, on a peu de disponibilité pour l'introspection qui pourtant pourrait nous révéler d'autres solutions.
Demeurer inconscient de ses besoins
La concentration sur l'autre nous permet d'éviter de jeter un regard lucide sur ce que nous vivons dans ces noeuds. La plupart du temps nous sommes peu conscients des besoins qui sont à l'origine de nos efforts. Toute notre énergie est concentrée à obtenir que l'autre agisse d'une façon qui nous convienne. Si nous devenons inventifs quant aux moyens d'être satisfaits, c'est pour imaginer toutes les façons dont l'autre pourrait enfin régler notre problème. C'est ainsi que nous passons parfois nos "commandes" à nos proches qui refusent ou s'empressent d'obtempérer. Qu'ils acceptent ou refusent ne contribuera pas à défaire le noeud. La situation sera peut- être moins tendue, mais elle engendrera souvent d'autres difficultés relationnelles.
Occulter nos besoins et focaliser sur le comportement de l'autre présente un avantage: on est moins forcé de s'impliquer. Mais au total, les désavantages sont beaucoup plus nombreux.
Cacher sa dépendance
On préfère ne pas être en contact avec nos besoins car ils témoignent de notre dépendance. Il est souvent difficile d'admettre qu'un autre a une immense importance pour nous cela, même quand il s'agit d'un conjoint ou d'un parent. Lui avouer c'est se rendre vulnérable. L'idée de dépendance fait peur. Beaucoup d'auteurs et de pseudo- psy nous encouragent d'ailleurs à cultiver cette crainte. C'est donc souvent en se basant sur leur rationnel boiteux qu'on cherche à dissimuler notre dépendance.
Pour dissimuler l'importance de l'autre et de notre besoin nous devons prendre des distances ou faire des "joutes inter personnelles" qui nous permettent de nous cacher. Parfois nous choisissons de nous durcir. Ce faisant, nous n'exprimons souvent qu'une partie de notre vécu, celui sur lequel nous nous sentons en contrôle. L'expression incomplète de tout vécu important, nous l'avons vu, conduit à des nœuds ou les perpétue. Se cacher à soi-même et cacher à l'autre ce que nous vivons d'important à son égard est un des moyens les plus efficaces de tisser des nœuds dans lesquels enchevêtrer nos relations.
Conclusion
Tant que la raison d'être des nœuds nous échappe, on les considère comme des encombrements dont il faut se débarrasser en évitant les sujets "brûlants" ou en se séparant des personnes avec lesquelles on les vit. Une fois qu'on comprend leur raison d'être, ils peuvent devenir des occasions recherchées pour relever un défi de croissance. Pour réussir ces défis toutefois il est important d'identifier ses façons de contribuer aux nœuds. C'est d'autant plus important que chacun des partenaires a ses propres nœuds dans la relation. Il nous reste ensuite à nous outiller psychologiquement pour les dénouer et retrouver la vitalité qui y est emprisonnée.
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Le transfert dans les relations (Michelle Larivey, psychologue)
Introduction
Il s'écrit beaucoup de choses sur les relations humaines. On en traite sous différents angles: la communication, la vie de couple, l'amour, la psychologie de l'homme et de la femme, la relation parent-enfants, etc. Dans beaucoup de ces livres, les difficultés interpersonnelles et les conflits sont bien décrits. Le lecteur s'y reconnaît tellement que plusieurs de ces ouvrages sont devenus des best-sellers. Dans la majorité de ces ouvrages, toutefois, je trouve peu de solutions efficaces et réalistes à ce qu'on considère comme des nœuds dans les relations. Par exemple, les conseils sont souvent inapplicables dans les faits parce qu'ils font appel à la volonté seulement. C'est le cas de cette recommandation concernant ce que certains appellent la dépendance affective: "ne vous attachez plus à ce genre de personne". Une telle prescription ne tient pas compte du fait que le psychisme ne peut se soumettre à la raison seulement. On se souvient de la phrase de Pascal: "le cœur a des raisons que la raison ne connaît point". Elle s'applique bien aux attraits et aux antipathies, aux émotions et aux réactions intenses envers les autres. On ne peut composer avec ces expériences complexes en faisant des choix uniquement rationnels sans y laisser une partie de sa vitalité.
Les solutions proposées sont souvent inefficaces aussi, parce qu'elles ne s'attaquent pas au coeur du problème. En fait la cause des difficultés n'est pas cernée. Souvent on se limite à les décrire et à en déterminer l'origine. Lorsqu'on ne comprend pas ce qui cause un problème il est difficile d'y trouver une solution.
Mais il faut l'avouer, la question est complexe et elle ne date pas d'aujourd'hui. Les complications relationnelles ont, de tous les temps, fait saigner bien des cœurs et fait aussi répandre beaucoup de sang. Le suicide et le meurtre sont parfois le dramatique aboutissement de conflits entre personnes. On remarque dans les drames politiques et armés des ingrédients identiques à ceux qui attisent les guerres interpersonnelles.
Les nœuds dans les relations engendrent beaucoup de souffrance. Il est courant de voir des gens écorchés par leurs multiples ruptures, y compris parfois avec leurs parents. Mais il n'est pas rare non plus de voir des personnes âgés, adresser à leur conjoint les mêmes reproches et vivre les mêmes insatisfactions que dans les premières années de leur vie à deux. Ces gens sont souvent dans un état déplorable, autant au plan psychique que physique.
On s'en doute aussi, il n'y a pas de recette magique ou de truc simple pour dénouer les relations problématiques. Les nœuds sont d'ordre émotif et c'est par une solution émotive qu'on les dénoue. Ce n'est pas facile. Ceux qui veulent trouver une issue aux nœuds qu'ils rencontrent régulièrement dans leurs relations pourront donc troquer la souffrance présente contre des moments exigeants au plan émotif. Mais combien nombreuses seront les récompenses qu'ils trouveront dans cette voie de solution: vitalité accrue, relation plus dense et plus satisfaisante, confiance et fierté plus grandes avec en prime, un pas dans la direction d'une plus grande maturité psychique.
Cet article a pour but de mieux comprendre en quoi consiste ce que nous appelons Le transfert dans les relations. À l'aide d'un exemple élaboré, il dégage la similitude des difficultés vécues dans diverses relations importantes ainsi que la présence d'un dénominateur commun au coeur des divers nœuds. Il met aussi en lumière les attitudes et les comportements qu'on adopte typiquement par rapport à ces difficultés et face aux personnes vis-à-vis desquelles on les éprouve.
Histoire de nœuds: constance et similitude
Jérôme est un cadre supérieur dans une entreprise de services informatiques. C'est un homme très intelligent, réservé, articulé et couvert de diplômes. Il a gravi les échelons de l'entreprise qui l'a pris à son service dès sa sortie de l'université, grâce à son désir d'excellence et à sa capacité d'abattre une somme monstrueuse de travail en un temps record. Sa vie familiale, à première vue, est bonne. Il vit avec la même femme depuis 15 ans. Ils ont chacun leur vie professionnelle et font beaucoup de sport ensemble. Jérôme adore ses trois enfants.
Bien qu'il soit admirablement performant sur beaucoup de terrains, Jérôme est déprimé. Mais il ne parle jamais de cela. C'est sa vie. En fait, il est déprimé depuis à peu près l'âge de 9 ans. À son souvenir, un fond de tristesse a toujours tapissé sa vie. Mais Jérôme s'est fait à l'idée. Selon lui, c'est irrémédiable... il y a des choses qu'il n'a pas eues dans sa vie et qu'il ne pourra jamais avoir. Il n'a pas eu l'importance qu'il aurait voulu avoir auprès de sa mère et cela il ne peut le changer. Au plan amoureux, Jérôme a aussi sa théorie: la lune de miel ne peut toujours durer. Il faut être adulte. Il est convaincu aussi qu'il est impossible, dans un milieu de travail, d'obtenir la reconnaissance dont on a besoin. Il faut se faire à l'idée qu'on est payé pour fournir des résultats un point c'est tout.
Concernant son travail, Jérôme parle toujours comme s'il s'était fait à l'idée de cet état de fait, mais au fond, il est déçu lorsqu'il fournit une performance remarquable et que son directeur n'en fait aucun cas. Il sait, aussi que ce dernier se sert parfois de ses idées auprès de la haute direction. Il aimerait que son patron lui en donne le crédit. Il voudrait aussi que son patron lui dise de vive voix à quel point il trouve sa contribution valable dans l'entreprise.
Il n'est toutefois pas question d'avouer ce souhait au patron. Il est encore moins question de lui avouer son besoin de reconnaissance. Ce serait montrer une faiblesse. À chaque opportunité, cependant, il se prend à espérer. Chaque fois, il est déçu. Sa vie n'est pas réellement empoisonnée par cette frustration au travail... seulement ternie.
Jérôme se trouve exigeant et trop dépendant. Sa solution: enrayer son désir de reconnaissance et maintenir une distance avec son patron à qui il en veut à répétition.
Avec son épouse, Jérôme vit aussi une insatisfaction profonde, sur un aspect en particulier. C'est avec beaucoup de réticence qu'il accepte de parler de ce sujet car, depuis plusieurs années déjà, il n'essaie plus d'obtenir satisfaction. Il est convaincu que son épouse ne changera jamais. Il lui a souvent dit ce qu'il n'aimait pas. À maintes reprises il s'est mis en colère. Chaque fois, il a obtenu une réponse identique. Il en conclut qu'il est trop exigeant et qu'il devrait s'accommoder.
Ce qui le blesse le plus c'est l'impression que sa femme agit souvent comme s'il n'existait pas. Elle ne prend aucunement en considération certaines demandes qu'il lui fait. Elle les traite comme des caprices. Il a l'impression que tout doit se faire à sa manière à elle. Cela le choque au plus haut point. Cela le peine aussi. Mais avec elle, pas plus qu'avec son patron, il n'est question de lui faire voir quelle blessure elle lui inflige. Il serait alors en position trop vulnérable. D'ailleurs, ça le révolte d'être blessé par ce manque de considération. Il se trouve infantile et trop dépendant. Sa solution: se taire pour ne pas se faire traiter d'enquiquineur et prendre ses distances pour marquer sa froideur..
La vie de Jérôme n'est pas réellement empoisonnée par ce tiraillement avec sa femme. Mais sa relation est ternie. Il lui en veut souvent (il remarque son manque de sensibilité envers lui à chaque fois que cela se produit... même pour une si petite choses que de ne pas retenir une porte quand il la suit de près). Il s'aperçoit, intérieurement, qu'il s'éloigne d'elle. Il a aussi le goût de se venger: pourquoi serait-il gentil, prévenant, lui? Une poire! Le vase déborde parfois. Il réagit démesurément pour une peccadille. Et voilà qu'elle le traite de capricieux, grincheux! Il n'en faut pas plus pour repartir le carrousel de Jérôme: il est blessé (à la fois peiné et en colère). Il boude sa femme et il s'en veut de lui accorder autant d'importance. Il s'en veut d'avoir ce besoin et cherche à se raisonner; il réussit passablement et se retrouve éteint et déprimé.
Le fils aîné de Jérôme vient d'entrer dans l'adolescence. Ils avaient jusque-là une relation chaleureuse. L'enfant le réclamait, lui démontrait de l'affection. Depuis quelque temps, son fils l'ignore. Qui plus est, il se moque de ce qui importe à son père. Jérôme est peiné. Trop peiné, trouve-t-il. Il devrait être plus adulte et comprendre que l'adolescence est un âge ingrat, un âge où les parents comptent apparemment peu. Jérôme se raisonne en vain. L'attitude de son fils le peine profondément. Ce dernier aussi le traite comme un rien!
Encore une fois, impossible de parler de cette peine et de ce besoin d'être pris en considération. Il invoque comme raison qu'un enfant n'a pas à porter les problèmes de ses parents. Cette dépendance est son problème à lui et il réglera ce problème lui-même. Sa solution: tenter des rapprochements sur des terrains que lui et son fils ont en commun. Mais même sur ces terrains Jérôme n'obtient pas de considération de son fils. Alors, il cherche à se détacher émotivement.
Jérôme dépense beaucoup d'énergie pour "avoir une place" auprès de ceux qui ont de l'importance pour lui. Il travaille à cela avec sa femme, son fils, son patron et souvent avec d'autres personnes. Ce besoin est tellement grand et si inassouvi que toute situation le moindrement propice à l'éveiller se transforme en arène où Jérôme se débat pour obtenir ce à quoi il aspire. Parfois la bataille est uniquement intérieure. Par exemple lorsqu'il se trouve en société et qu'il cherche "comment se comporter" pour qu'on le trouve intéressant et qu'on apprécie sa présence.
Parfois la bataille qu'il livre est plus visible, par exemple avec sa secrétaire. Cette dernière fait fi, systématiquement, de ses directives concernant le temps supplémentaire, les pauses, les retards. Alors, il explique, s'explique, ré-explique, justifie. Mais en vain. Il est en colère d'avoir si peu d'impact, mais à chaque occasion il espère qu'elle aura compris sa position et en tiendra compte. Mais non, à la première occasion, elle récidive. Bien qu'il la considère par ailleurs comme une secrétaire hors pair, il rêve de se débarrasser d'elle tellement son manque de considération pour lui l'irrite profondément.
Il n'est pas question, pour Jérôme, de révéler à sa secrétaire à quel point son comportement le dérange et combien il est contrarié par son manque de respect pour ses directives. Ce serait être trop émotif avec une subalterne. Il craint d'être ridicule. Avec elle aussi, Jérôme se trouve trop dépendant, réagissant trop intensément.
Avec Julia, sa fille de 5 ans, c'est merveilleux. Il est son papa adoré. Elle ne cesse de le cajoler et de rechercher sa présence (comme son fils aîné le faisait quelques années auparavant). Il aime cet enfant à la folie. En sa présence, il est aux oiseaux. Parfois, il a peur qu'elle grandisse.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, Jérôme vit des sentiments analogues avec ses animaux. C'est un amoureux des chevaux. Il a eu longtemps un étalon et une jument dont lui et son épouse s'occupaient beaucoup à l'époque où il avait encore des loisirs. Dans son fort intérieur, Jérôme désire être aimé de ses bêtes. Il lui est arrivé souvent de tolérer des comportements dangereux de sa jument, pour ne pas "être bête" avec elle.
À son grand désarroi, il vit quelque chose de semblable avec le chat de la maison. Ce dernier, comme beaucoup de moustachus du genre, ne daigne même pas remarquer sa présence. S'il allonge la main pour le flatter, systématiquement l'indépendant félin file en douce. Il se prend à haïr cet animal! Sa solution: il l'ignore autant qu'il peut et se jure de n'avoir plus jamais de chat.
En psychothérapie, par contre, c'est le bonheur, comme avec sa fille Julia. Dans ce cadre, un homme (que Jérôme estime) l'écoute, prend en considération ce qu'il vit, l'aide à trouver des solutions qui lui conviennent réellement. Ce lieu devient une sorte de refuge. Il y vient chaque fois avec plaisir, même si le travail qu'il y fait est parfois pénible. Là, il avoue qu'il éprouve un grand bien "à être considéré pour ce qu'il est", "à avoir une place". Malgré tout, c'est pour lui une faiblesse d'avoir autant besoin de cela.
Jérôme, on le devine, ne veut pas voir la fin de sa psychothérapie. On peut penser qu'elle s'éternisera, par compensation, si le thérapeute ne l'aide pas à dénouer ce qui fait problème dans ses relations.
On ne s'étonne certainement pas maintenant de savoir que Jérôme est déprimé. Cet homme qui pourrait paraître comblé n'obtient pourtant pas ce qu'il souhaite tant: "être quelqu'un d'important pour les gens qui ont de l'importance pour lui". Et, qu'il le veuille ou non, cela le fait souffrir énormément.
On ne s'étonnerait pas non plus d'apprendre que Jérôme est tombé amoureux fou d'une femme pour qui il a l'impression d'être tout et qu'il songe à tout quitter pour partir avec elle... comme un certain roi, Édouard VIII, l'a fait autrefois au grand étonnement de tous... comme plusieurs hommes se tiennent sur leur garde de peur que cela leur arrive.
Caractéristiques des histoires de nœuds
L'histoire de Jérôme pourrait être celle de chacun d'entre nous, à quelques variantes près. Nos histoires de relations difficiles ont en effet les caractéristiques suivantes:
La description de ce que vit Jérôme révèle la présence de ces caractéristiques. Voyons cela plus en détail.
1/ En prenant un certain recul, Jérôme constate une similitude de frustration qu'il éprouve dans presque toutes ses relations importantes. Il s'aperçoit aussi que les relations qui le rendent heureux sont justement celles où l'inverse se passe, comme avec sa fille et son psychothérapeute.
2/ Comme Jérôme s'autorise à ressentir les divers sentiments qu'il éprouve dans ses relations, même si ceux-ci sont parfois pénibles, il est capable de cerner ce qui lui manque avec certaines personnes et ce qui le comble avec d'autres. Une certaine introspection lui permet d'identifier un dénominateur commun: sentir qu'il a de l'importance pour ces personnes.
3/ Pour Jérôme, comme pour la plupart des personnes, un tel désir est inavouable. Jugée infantile, cette quête place Jérôme en situation de vulnérabilité par rapport aux personnes dont il attend une réponse. Il est donc juste de dire que Jérôme peut être très ébranlé sur ce sujet. Par exemple, lorsque l'importance qu'il souhaite ne lui est pas accordée, il est généralement triste. Lorsqu'il a la place qu'il souhaite, il est rempli et content. Il est vrai également que les personnes qui ont une telle importance pour lui ont le pouvoir de le blesser autant que de le réjouir. Jérôme a raison de se trouver dépendant de ces personnes.
4/ Comme Jérôme, l'impasse à laquelle on aboutit nous fait parfois l'impression d'un nœud gordien. Or, on se rappelle le fameux geste d'Alexandre le Grand qui voulu relever le défi de dénouer le lien inextricable d'une série de nœuds si compacte que ni la réflexion ni la vue ne permettait de saisir d'où partait cet entrelacement et où il se dérobait. Le brillant Alexandre lutta longuement contre le secret de ces nœuds. N'arrivant pas à trouver le fil par lequel dénouer l'inextricable, il sortit son épée et rompit toutes les courroies.
Découragés et impuissants, c'est le choix que nous faisons. La rupture peut être physique: on cesse de fréquenter la personne. Mais on peut demeurer en relation avec la personne et rompre le contact émotif. On voudrait bien que d'une manière où de l'autre le tour soit joué: être débarrassé du problème.
Cette célèbre solution est la plus courante que j'aie rencontrée dans les entreprises. En fait, c'est la seule qu'on applique aux conflits de personnalité, à ce que je sache. On sépare les personnes impliquées. Cette issue coûte parfois très cher pécuniairement, mais c'est la meilleure que les dirigeants puissent envisager car on ne comprend pas comment naissent ces conflits. Bien entendu, on ne sait pas sur quelle corde tirer pour dénouer le problème quand le nœud est devenu si serré que la situation est invivable pour les individus impliqués ainsi que pour leur entourage.
Trancher le nœud gordien est aussi la solution que l'on choisit dans certains cas où nos amis ne nous conviennent plus. Les individus les plus portés sur l'expression tenteront une ou deux explications. Les autres mettront fin au lien. D'une manière drastique ou en filant à l'anglaise, la solution est la même: on cesse la relation pour se débarrasser du problème, ou de la personne-problème (la plupart du temps, on pense que l'autre est le problème). Souvent, on agit ainsi parce qu'on ne sait que faire d'autre. Mais parfois, on a tellement enduré longtemps l'insatisfaction qu'on ne veut même plus chercher comment régler le problème!
Devant l'impossibilité de dénouer la situation, avec chaque personne chez qui il "frappe un nœud", Jérôme choisit la solution d'Alexandre le Grand: trancher la sangle au-dessus du nœud. Il ne rompt pas la relation mais c'est tout comme: il s'éloigne de sa femme, cherche à s'insensibiliser devant son fils, prend ses distances face à son patron, souhaite le départ de sa secrétaire, ignore le chat autant qu'il peut. Jérôme cherche à effectuer une rupture émotionnelle.
L'autre solution de Jérôme: occulter son besoin. Pour cela, il lui faut rompre le contact avec lui-même. Il le fait en contestant continuellement son besoin: "je suis trop dépendant", "mon besoin est infantile". Il le fait aussi en refusant de tenir compte de son besoin autrement que de la manière vaine à laquelle il a recours continuellement. En effet, on voit que Jérôme répète le même comportement, même si celui-ci s'avère inutile. Il donne des explications à sa secrétaire, fois après fois, même si cela ne donne rien. Il a fait de nombreuses scènes à sa femme, même après s'être rendu compte que cette méthode était inefficace. Après un certain temps, usé, il choisit de laisser faire. Cette décision ne le satisfait pas davantage car il renonce ainsi à répondre à son besoin.
5/ Certaines personnes quittent plus que d'autres. Celles qui quittent, dans une situations comme celle où se trouve Jérôme, reproduisent typiquement le même schéma dans une relation subséquente. Et cela, quel que soit le type de relation interrompue: relation amoureuse, de travail, etc. On comprendra, à la lecture des articles subséquents, pourquoi on emprunte systématiquement la même structure de comportements.
Jérôme demeure dans ses relations même si elles sont grandement insatisfaisantes. Il est remarquable également qu'il reste constant à la fois dans sa frustration et dans son choix de solutions. En effet, il résiste constamment à faire connaître son besoin. Si on peut comprendre sa pudeur à le faire avec sa secrétaire, on s'étonne toutefois de sa résistance à le faire avec son épouse. On constate que même avec elle, il garde cette position inébranlable.
"L'essentiel n'est visible qu'avec le cœur" faisait dire St-Exupéry au Petit Prince. Or Jérôme ne veut pas parler de cœur à cœur. Il a trop peur. Toutefois, il veut que les autres ouvrent leur cœur pour le comprendre.
6/ En fait, ce n'est pas parce que Jérôme se refuse à montrer son besoin que ce dernier disparaît. Ce n'est pas non plus parce qu'il cherche à l'occulter qu'il se dissout non plus. Au contraire, l'aspiration à être quelqu'un pour l'autre reste présente. Plus Jérôme en est conscient, plus il se rend compte que cette préoccupation est omniprésente.
Conclusion: réactions à l'impasse
On le voit dans l'exemple, on l'expérimente dans notre vie, la façon typique de composer avec les noeuds de nos relations conduit à l'impasse:
Devant l'impasse certains ont la réaction de se décourager: ils perdent confiance dans la possibilité d'avoir des relations réellement satisfaisantes. D'autres perdent confiance en leur capacité d'établir des relations. Ils se pensent handicapés psychologiquement. Certains, enfin, n'en finissent plus de poursuivre une recherche, cherchant conseil dans les livres, les experts, les diverses expériences de croissance personnelle.
Pourquoi est-ce si difficile de trouver les réponses ? Pour trouver la clé qui permette de délier les nœuds de nos relations, il faut d'abord comprendre comment ces nœuds se forment. Pour ensuite dénouer ces situations interpersonnelles intenses, il faut maîtriser certaines habiletés à composer avec notre expérience émotive.
Introduction
Il s'écrit beaucoup de choses sur les relations humaines. On en traite sous différents angles: la communication, la vie de couple, l'amour, la psychologie de l'homme et de la femme, la relation parent-enfants, etc. Dans beaucoup de ces livres, les difficultés interpersonnelles et les conflits sont bien décrits. Le lecteur s'y reconnaît tellement que plusieurs de ces ouvrages sont devenus des best-sellers. Dans la majorité de ces ouvrages, toutefois, je trouve peu de solutions efficaces et réalistes à ce qu'on considère comme des nœuds dans les relations. Par exemple, les conseils sont souvent inapplicables dans les faits parce qu'ils font appel à la volonté seulement. C'est le cas de cette recommandation concernant ce que certains appellent la dépendance affective: "ne vous attachez plus à ce genre de personne". Une telle prescription ne tient pas compte du fait que le psychisme ne peut se soumettre à la raison seulement. On se souvient de la phrase de Pascal: "le cœur a des raisons que la raison ne connaît point". Elle s'applique bien aux attraits et aux antipathies, aux émotions et aux réactions intenses envers les autres. On ne peut composer avec ces expériences complexes en faisant des choix uniquement rationnels sans y laisser une partie de sa vitalité.
Les solutions proposées sont souvent inefficaces aussi, parce qu'elles ne s'attaquent pas au coeur du problème. En fait la cause des difficultés n'est pas cernée. Souvent on se limite à les décrire et à en déterminer l'origine. Lorsqu'on ne comprend pas ce qui cause un problème il est difficile d'y trouver une solution.
Mais il faut l'avouer, la question est complexe et elle ne date pas d'aujourd'hui. Les complications relationnelles ont, de tous les temps, fait saigner bien des cœurs et fait aussi répandre beaucoup de sang. Le suicide et le meurtre sont parfois le dramatique aboutissement de conflits entre personnes. On remarque dans les drames politiques et armés des ingrédients identiques à ceux qui attisent les guerres interpersonnelles.
Les nœuds dans les relations engendrent beaucoup de souffrance. Il est courant de voir des gens écorchés par leurs multiples ruptures, y compris parfois avec leurs parents. Mais il n'est pas rare non plus de voir des personnes âgés, adresser à leur conjoint les mêmes reproches et vivre les mêmes insatisfactions que dans les premières années de leur vie à deux. Ces gens sont souvent dans un état déplorable, autant au plan psychique que physique.
On s'en doute aussi, il n'y a pas de recette magique ou de truc simple pour dénouer les relations problématiques. Les nœuds sont d'ordre émotif et c'est par une solution émotive qu'on les dénoue. Ce n'est pas facile. Ceux qui veulent trouver une issue aux nœuds qu'ils rencontrent régulièrement dans leurs relations pourront donc troquer la souffrance présente contre des moments exigeants au plan émotif. Mais combien nombreuses seront les récompenses qu'ils trouveront dans cette voie de solution: vitalité accrue, relation plus dense et plus satisfaisante, confiance et fierté plus grandes avec en prime, un pas dans la direction d'une plus grande maturité psychique.
Cet article a pour but de mieux comprendre en quoi consiste ce que nous appelons Le transfert dans les relations. À l'aide d'un exemple élaboré, il dégage la similitude des difficultés vécues dans diverses relations importantes ainsi que la présence d'un dénominateur commun au coeur des divers nœuds. Il met aussi en lumière les attitudes et les comportements qu'on adopte typiquement par rapport à ces difficultés et face aux personnes vis-à-vis desquelles on les éprouve.
Histoire de nœuds: constance et similitude
Jérôme est un cadre supérieur dans une entreprise de services informatiques. C'est un homme très intelligent, réservé, articulé et couvert de diplômes. Il a gravi les échelons de l'entreprise qui l'a pris à son service dès sa sortie de l'université, grâce à son désir d'excellence et à sa capacité d'abattre une somme monstrueuse de travail en un temps record. Sa vie familiale, à première vue, est bonne. Il vit avec la même femme depuis 15 ans. Ils ont chacun leur vie professionnelle et font beaucoup de sport ensemble. Jérôme adore ses trois enfants.
Bien qu'il soit admirablement performant sur beaucoup de terrains, Jérôme est déprimé. Mais il ne parle jamais de cela. C'est sa vie. En fait, il est déprimé depuis à peu près l'âge de 9 ans. À son souvenir, un fond de tristesse a toujours tapissé sa vie. Mais Jérôme s'est fait à l'idée. Selon lui, c'est irrémédiable... il y a des choses qu'il n'a pas eues dans sa vie et qu'il ne pourra jamais avoir. Il n'a pas eu l'importance qu'il aurait voulu avoir auprès de sa mère et cela il ne peut le changer. Au plan amoureux, Jérôme a aussi sa théorie: la lune de miel ne peut toujours durer. Il faut être adulte. Il est convaincu aussi qu'il est impossible, dans un milieu de travail, d'obtenir la reconnaissance dont on a besoin. Il faut se faire à l'idée qu'on est payé pour fournir des résultats un point c'est tout.
Concernant son travail, Jérôme parle toujours comme s'il s'était fait à l'idée de cet état de fait, mais au fond, il est déçu lorsqu'il fournit une performance remarquable et que son directeur n'en fait aucun cas. Il sait, aussi que ce dernier se sert parfois de ses idées auprès de la haute direction. Il aimerait que son patron lui en donne le crédit. Il voudrait aussi que son patron lui dise de vive voix à quel point il trouve sa contribution valable dans l'entreprise.
Il n'est toutefois pas question d'avouer ce souhait au patron. Il est encore moins question de lui avouer son besoin de reconnaissance. Ce serait montrer une faiblesse. À chaque opportunité, cependant, il se prend à espérer. Chaque fois, il est déçu. Sa vie n'est pas réellement empoisonnée par cette frustration au travail... seulement ternie.
Jérôme se trouve exigeant et trop dépendant. Sa solution: enrayer son désir de reconnaissance et maintenir une distance avec son patron à qui il en veut à répétition.
Avec son épouse, Jérôme vit aussi une insatisfaction profonde, sur un aspect en particulier. C'est avec beaucoup de réticence qu'il accepte de parler de ce sujet car, depuis plusieurs années déjà, il n'essaie plus d'obtenir satisfaction. Il est convaincu que son épouse ne changera jamais. Il lui a souvent dit ce qu'il n'aimait pas. À maintes reprises il s'est mis en colère. Chaque fois, il a obtenu une réponse identique. Il en conclut qu'il est trop exigeant et qu'il devrait s'accommoder.
Ce qui le blesse le plus c'est l'impression que sa femme agit souvent comme s'il n'existait pas. Elle ne prend aucunement en considération certaines demandes qu'il lui fait. Elle les traite comme des caprices. Il a l'impression que tout doit se faire à sa manière à elle. Cela le choque au plus haut point. Cela le peine aussi. Mais avec elle, pas plus qu'avec son patron, il n'est question de lui faire voir quelle blessure elle lui inflige. Il serait alors en position trop vulnérable. D'ailleurs, ça le révolte d'être blessé par ce manque de considération. Il se trouve infantile et trop dépendant. Sa solution: se taire pour ne pas se faire traiter d'enquiquineur et prendre ses distances pour marquer sa froideur..
La vie de Jérôme n'est pas réellement empoisonnée par ce tiraillement avec sa femme. Mais sa relation est ternie. Il lui en veut souvent (il remarque son manque de sensibilité envers lui à chaque fois que cela se produit... même pour une si petite choses que de ne pas retenir une porte quand il la suit de près). Il s'aperçoit, intérieurement, qu'il s'éloigne d'elle. Il a aussi le goût de se venger: pourquoi serait-il gentil, prévenant, lui? Une poire! Le vase déborde parfois. Il réagit démesurément pour une peccadille. Et voilà qu'elle le traite de capricieux, grincheux! Il n'en faut pas plus pour repartir le carrousel de Jérôme: il est blessé (à la fois peiné et en colère). Il boude sa femme et il s'en veut de lui accorder autant d'importance. Il s'en veut d'avoir ce besoin et cherche à se raisonner; il réussit passablement et se retrouve éteint et déprimé.
Le fils aîné de Jérôme vient d'entrer dans l'adolescence. Ils avaient jusque-là une relation chaleureuse. L'enfant le réclamait, lui démontrait de l'affection. Depuis quelque temps, son fils l'ignore. Qui plus est, il se moque de ce qui importe à son père. Jérôme est peiné. Trop peiné, trouve-t-il. Il devrait être plus adulte et comprendre que l'adolescence est un âge ingrat, un âge où les parents comptent apparemment peu. Jérôme se raisonne en vain. L'attitude de son fils le peine profondément. Ce dernier aussi le traite comme un rien!
Encore une fois, impossible de parler de cette peine et de ce besoin d'être pris en considération. Il invoque comme raison qu'un enfant n'a pas à porter les problèmes de ses parents. Cette dépendance est son problème à lui et il réglera ce problème lui-même. Sa solution: tenter des rapprochements sur des terrains que lui et son fils ont en commun. Mais même sur ces terrains Jérôme n'obtient pas de considération de son fils. Alors, il cherche à se détacher émotivement.
Jérôme dépense beaucoup d'énergie pour "avoir une place" auprès de ceux qui ont de l'importance pour lui. Il travaille à cela avec sa femme, son fils, son patron et souvent avec d'autres personnes. Ce besoin est tellement grand et si inassouvi que toute situation le moindrement propice à l'éveiller se transforme en arène où Jérôme se débat pour obtenir ce à quoi il aspire. Parfois la bataille est uniquement intérieure. Par exemple lorsqu'il se trouve en société et qu'il cherche "comment se comporter" pour qu'on le trouve intéressant et qu'on apprécie sa présence.
Parfois la bataille qu'il livre est plus visible, par exemple avec sa secrétaire. Cette dernière fait fi, systématiquement, de ses directives concernant le temps supplémentaire, les pauses, les retards. Alors, il explique, s'explique, ré-explique, justifie. Mais en vain. Il est en colère d'avoir si peu d'impact, mais à chaque occasion il espère qu'elle aura compris sa position et en tiendra compte. Mais non, à la première occasion, elle récidive. Bien qu'il la considère par ailleurs comme une secrétaire hors pair, il rêve de se débarrasser d'elle tellement son manque de considération pour lui l'irrite profondément.
Il n'est pas question, pour Jérôme, de révéler à sa secrétaire à quel point son comportement le dérange et combien il est contrarié par son manque de respect pour ses directives. Ce serait être trop émotif avec une subalterne. Il craint d'être ridicule. Avec elle aussi, Jérôme se trouve trop dépendant, réagissant trop intensément.
Avec Julia, sa fille de 5 ans, c'est merveilleux. Il est son papa adoré. Elle ne cesse de le cajoler et de rechercher sa présence (comme son fils aîné le faisait quelques années auparavant). Il aime cet enfant à la folie. En sa présence, il est aux oiseaux. Parfois, il a peur qu'elle grandisse.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, Jérôme vit des sentiments analogues avec ses animaux. C'est un amoureux des chevaux. Il a eu longtemps un étalon et une jument dont lui et son épouse s'occupaient beaucoup à l'époque où il avait encore des loisirs. Dans son fort intérieur, Jérôme désire être aimé de ses bêtes. Il lui est arrivé souvent de tolérer des comportements dangereux de sa jument, pour ne pas "être bête" avec elle.
À son grand désarroi, il vit quelque chose de semblable avec le chat de la maison. Ce dernier, comme beaucoup de moustachus du genre, ne daigne même pas remarquer sa présence. S'il allonge la main pour le flatter, systématiquement l'indépendant félin file en douce. Il se prend à haïr cet animal! Sa solution: il l'ignore autant qu'il peut et se jure de n'avoir plus jamais de chat.
En psychothérapie, par contre, c'est le bonheur, comme avec sa fille Julia. Dans ce cadre, un homme (que Jérôme estime) l'écoute, prend en considération ce qu'il vit, l'aide à trouver des solutions qui lui conviennent réellement. Ce lieu devient une sorte de refuge. Il y vient chaque fois avec plaisir, même si le travail qu'il y fait est parfois pénible. Là, il avoue qu'il éprouve un grand bien "à être considéré pour ce qu'il est", "à avoir une place". Malgré tout, c'est pour lui une faiblesse d'avoir autant besoin de cela.
Jérôme, on le devine, ne veut pas voir la fin de sa psychothérapie. On peut penser qu'elle s'éternisera, par compensation, si le thérapeute ne l'aide pas à dénouer ce qui fait problème dans ses relations.
On ne s'étonne certainement pas maintenant de savoir que Jérôme est déprimé. Cet homme qui pourrait paraître comblé n'obtient pourtant pas ce qu'il souhaite tant: "être quelqu'un d'important pour les gens qui ont de l'importance pour lui". Et, qu'il le veuille ou non, cela le fait souffrir énormément.
On ne s'étonnerait pas non plus d'apprendre que Jérôme est tombé amoureux fou d'une femme pour qui il a l'impression d'être tout et qu'il songe à tout quitter pour partir avec elle... comme un certain roi, Édouard VIII, l'a fait autrefois au grand étonnement de tous... comme plusieurs hommes se tiennent sur leur garde de peur que cela leur arrive.
Caractéristiques des histoires de nœuds
L'histoire de Jérôme pourrait être celle de chacun d'entre nous, à quelques variantes près. Nos histoires de relations difficiles ont en effet les caractéristiques suivantes:
- l'existence d'une frustration se manifestant dans diverses zones de notre vie
- une certaine conscience de ce que nous recherchons
- un entêtement indéfectible à garder le silence sur le besoin que cache nos demandes ou nos reproches à l'autre
- des ruptures ou des coupures émotionnelles
- une tentative de survivre dans la relation, même si on a l'impression de s'y vider (ou la tendance à se trouver, à répétition, dans une relation où on vit quelque chose d'analogue)
- la persistance du besoin, malgré tout ce que l'on fait pour s'en débarrasser
La description de ce que vit Jérôme révèle la présence de ces caractéristiques. Voyons cela plus en détail.
1/ En prenant un certain recul, Jérôme constate une similitude de frustration qu'il éprouve dans presque toutes ses relations importantes. Il s'aperçoit aussi que les relations qui le rendent heureux sont justement celles où l'inverse se passe, comme avec sa fille et son psychothérapeute.
2/ Comme Jérôme s'autorise à ressentir les divers sentiments qu'il éprouve dans ses relations, même si ceux-ci sont parfois pénibles, il est capable de cerner ce qui lui manque avec certaines personnes et ce qui le comble avec d'autres. Une certaine introspection lui permet d'identifier un dénominateur commun: sentir qu'il a de l'importance pour ces personnes.
3/ Pour Jérôme, comme pour la plupart des personnes, un tel désir est inavouable. Jugée infantile, cette quête place Jérôme en situation de vulnérabilité par rapport aux personnes dont il attend une réponse. Il est donc juste de dire que Jérôme peut être très ébranlé sur ce sujet. Par exemple, lorsque l'importance qu'il souhaite ne lui est pas accordée, il est généralement triste. Lorsqu'il a la place qu'il souhaite, il est rempli et content. Il est vrai également que les personnes qui ont une telle importance pour lui ont le pouvoir de le blesser autant que de le réjouir. Jérôme a raison de se trouver dépendant de ces personnes.
4/ Comme Jérôme, l'impasse à laquelle on aboutit nous fait parfois l'impression d'un nœud gordien. Or, on se rappelle le fameux geste d'Alexandre le Grand qui voulu relever le défi de dénouer le lien inextricable d'une série de nœuds si compacte que ni la réflexion ni la vue ne permettait de saisir d'où partait cet entrelacement et où il se dérobait. Le brillant Alexandre lutta longuement contre le secret de ces nœuds. N'arrivant pas à trouver le fil par lequel dénouer l'inextricable, il sortit son épée et rompit toutes les courroies.
Découragés et impuissants, c'est le choix que nous faisons. La rupture peut être physique: on cesse de fréquenter la personne. Mais on peut demeurer en relation avec la personne et rompre le contact émotif. On voudrait bien que d'une manière où de l'autre le tour soit joué: être débarrassé du problème.
Cette célèbre solution est la plus courante que j'aie rencontrée dans les entreprises. En fait, c'est la seule qu'on applique aux conflits de personnalité, à ce que je sache. On sépare les personnes impliquées. Cette issue coûte parfois très cher pécuniairement, mais c'est la meilleure que les dirigeants puissent envisager car on ne comprend pas comment naissent ces conflits. Bien entendu, on ne sait pas sur quelle corde tirer pour dénouer le problème quand le nœud est devenu si serré que la situation est invivable pour les individus impliqués ainsi que pour leur entourage.
Trancher le nœud gordien est aussi la solution que l'on choisit dans certains cas où nos amis ne nous conviennent plus. Les individus les plus portés sur l'expression tenteront une ou deux explications. Les autres mettront fin au lien. D'une manière drastique ou en filant à l'anglaise, la solution est la même: on cesse la relation pour se débarrasser du problème, ou de la personne-problème (la plupart du temps, on pense que l'autre est le problème). Souvent, on agit ainsi parce qu'on ne sait que faire d'autre. Mais parfois, on a tellement enduré longtemps l'insatisfaction qu'on ne veut même plus chercher comment régler le problème!
Devant l'impossibilité de dénouer la situation, avec chaque personne chez qui il "frappe un nœud", Jérôme choisit la solution d'Alexandre le Grand: trancher la sangle au-dessus du nœud. Il ne rompt pas la relation mais c'est tout comme: il s'éloigne de sa femme, cherche à s'insensibiliser devant son fils, prend ses distances face à son patron, souhaite le départ de sa secrétaire, ignore le chat autant qu'il peut. Jérôme cherche à effectuer une rupture émotionnelle.
L'autre solution de Jérôme: occulter son besoin. Pour cela, il lui faut rompre le contact avec lui-même. Il le fait en contestant continuellement son besoin: "je suis trop dépendant", "mon besoin est infantile". Il le fait aussi en refusant de tenir compte de son besoin autrement que de la manière vaine à laquelle il a recours continuellement. En effet, on voit que Jérôme répète le même comportement, même si celui-ci s'avère inutile. Il donne des explications à sa secrétaire, fois après fois, même si cela ne donne rien. Il a fait de nombreuses scènes à sa femme, même après s'être rendu compte que cette méthode était inefficace. Après un certain temps, usé, il choisit de laisser faire. Cette décision ne le satisfait pas davantage car il renonce ainsi à répondre à son besoin.
5/ Certaines personnes quittent plus que d'autres. Celles qui quittent, dans une situations comme celle où se trouve Jérôme, reproduisent typiquement le même schéma dans une relation subséquente. Et cela, quel que soit le type de relation interrompue: relation amoureuse, de travail, etc. On comprendra, à la lecture des articles subséquents, pourquoi on emprunte systématiquement la même structure de comportements.
Jérôme demeure dans ses relations même si elles sont grandement insatisfaisantes. Il est remarquable également qu'il reste constant à la fois dans sa frustration et dans son choix de solutions. En effet, il résiste constamment à faire connaître son besoin. Si on peut comprendre sa pudeur à le faire avec sa secrétaire, on s'étonne toutefois de sa résistance à le faire avec son épouse. On constate que même avec elle, il garde cette position inébranlable.
"L'essentiel n'est visible qu'avec le cœur" faisait dire St-Exupéry au Petit Prince. Or Jérôme ne veut pas parler de cœur à cœur. Il a trop peur. Toutefois, il veut que les autres ouvrent leur cœur pour le comprendre.
6/ En fait, ce n'est pas parce que Jérôme se refuse à montrer son besoin que ce dernier disparaît. Ce n'est pas non plus parce qu'il cherche à l'occulter qu'il se dissout non plus. Au contraire, l'aspiration à être quelqu'un pour l'autre reste présente. Plus Jérôme en est conscient, plus il se rend compte que cette préoccupation est omniprésente.
Conclusion: réactions à l'impasse
On le voit dans l'exemple, on l'expérimente dans notre vie, la façon typique de composer avec les noeuds de nos relations conduit à l'impasse:
- les gens autour de nous ne changent pas, mais ils demeurent tout aussi importants pour nous;
- même si nous décidons d'abandonner notre recherche et de renoncer à la satisfaction, on se surprend à la continuer inconsciemment (Jérôme est déçu malgré lui de l'absence de reconnaissance de son patron et de l'ignorance du chat à son égard);
- si on cherche à s'adapter à la situation insatisfaisante, on vit malgré nous une insatisfaction. Il s'ensuit des sentiments de tristesse et de colère qui se transforment parfois en dépression plus ou moins intense.
Devant l'impasse certains ont la réaction de se décourager: ils perdent confiance dans la possibilité d'avoir des relations réellement satisfaisantes. D'autres perdent confiance en leur capacité d'établir des relations. Ils se pensent handicapés psychologiquement. Certains, enfin, n'en finissent plus de poursuivre une recherche, cherchant conseil dans les livres, les experts, les diverses expériences de croissance personnelle.
Pourquoi est-ce si difficile de trouver les réponses ? Pour trouver la clé qui permette de délier les nœuds de nos relations, il faut d'abord comprendre comment ces nœuds se forment. Pour ensuite dénouer ces situations interpersonnelles intenses, il faut maîtriser certaines habiletés à composer avec notre expérience émotive.
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Les chemins de la croissance (Michelle Larivey, psychologue)
Introduction
Tout ce qui est vivant est soit dans un processus de croissance, soit dans en dégénérescence.
Il n'existe pas de stade inerte chez les vivants. Le rosier donne des boutons qui s'ouvrent lentement, les roses atteignent leur maturité dans toute leur splendeur et commencent immédiatement à se flétrir. Physiquement il en est ainsi de l'humain. Ayant atteint le maximum de son développement physique vers 25 ans, le processus de dégénérescence s'amorce.
Malgré cette réalité, les humains, dans bien des cas, s'acharnent à ne pas vouloir changer. Ils se refusent à grandir, même si la situation appelle un changement.
Marie a un mari qui va au-devant de ses besoins et se montre très enveloppant. Ça la satisfait car elle a beaucoup besoin de marques d'affection sans lesquelles elle est insécure.
Mais son milieu de travail n'est pas aussi chaud que son cocon familial. De fait, sa collègue de travail est plutôt froide et ne fait pas de cas d'elle. Marie enrage de ce manque de considération et fait durant plusieurs années, maints efforts pour faire changer le comportement de sa partenaire.
Lorsque j'interviens, elle est sur le point de quitter l'entreprise parce qu'au bord de la dépression. Cette situation est si intenable, que même sa vie familiale est empoisonnée par ses réactions. Mais il n'est pas question pour Marie de faire la démarche de développement psychique nécessaire pour devenir capable de tolérer de n'être pas minimalement aimée de tout le monde. Marie ne veut pas changer.
Croître, c'est changer. Changer pour le mieux, pour s'adapter lorsque nécessaire, pour traverser une difficulté qui nous empêche d'être satisfait, pour mieux se posséder, etc. En Auto-développement, l'approche dont s'inspire mon travail comme psychothérapeute, croître c'est plus particulièrement devenir continuellement de plus en plus sujet dans son existence. C'est exactement le contraire que de se vivre comme un objet à la merci de la vie, des événements, de l'entourage, des êtres aimés.
Si Marie, comme nous tous souvent, préfère l'immobilité et s'acharne à changer l'autre pour l'adapter à son besoin, ce n'est pas par mauvaise volonté, ou par paresse. Je crois que c'est essentiellement pour deux raisons:
Il n'y a pas de raison que Marie sache cela, à moins qu'elle ne soit une spécialiste du développement humain. C'est une réalité qui n'est absolument pas évidente.
Même si l'humain est mû de l'intérieur par une force qui le pousse à rechercher la satisfaction et même à se développer (cf. la tendance actualisante dont parle Abraham Maslow), il a souvent tendance à éviter ce qui le fait souffrir. Or, le changement passe toujours par une certaine souffrance, ou du moins un certain inconfort.
On accepte cette souffrance lorsqu'on sait qu'elle est temporaire et quelle prépare un mieux être. Comme disent les véliplanchistes extrêmes "Pain is only temporary" (entendre la joie est tellement grande qu'on est prêt à payer le prix qu'il faut).
Dans certains domaines où on s'y connaît, on peut faire ce choix éclairé. On s'entraîne, douloureusement, pour être en forme. On se prive dans l'espoir d'atteindre la silhouette rêvée. On étudie à se crever pour réussir son examen. Mais dans le domaine de la croissance personnelle, peu de gens possèdent les connaissances qui leur permettent de choisir la douleur pour un mieux-être ultérieur.
C'est la raison qui m'a poussée à offrir une conférence sur le thème "Les chemins de la croissance": fournir des éclaircissements qui permettent de voir son développement dans une perspective plus large. Je vois souvent des clients qui ont investi beaucoup d'énergie, d'argent et de temps dans toutes sortes d'activités de croissance et qui, au bout du compte, se retrouvent à peu près au même point qu'au départ. Parfois, ils sont confus, mêlés, découragés que leurs efforts n'aient pas donné plus de résultats, malgré la sincérité et la force de leur investissement personnel.
Que vous soyez parmi ces personnes où non, si vous êtes intéressé à demeurer en mouvement et si vous êtes préoccupé de votre développement comme personne, les réponses aux questions suivantes vous seront utiles.
Dans notre optique, il y a 3 grandes étapes de développement personnel. Ces trois étapes que je vais développer ici sont:
1ère étape: Se faire une place
Se faire une place, c'est oser être réceptif à ce qui est important pour soi, à ce qui est vivant en soi. Cela revient essentiellement à être prêt à ressentir ses sentiments, à considérer d'un regard accueillant ses besoins et ses préoccupations.
Certaines personnes parviennent à l'âge adulte sans avoir réussi à se donner ainsi une place dans leur vie. Il est absolument essentiel qu'elle se consacrent à atteindre cet objectif. Plusieurs raisons expliquent pourquoi c'est si important.
Se faire ainsi une place, c'est aussi la garantie de n'être jamais la proie d'un gourou ou d'une secte. Personne ne peut alors se substituer à nous pour savoir ce qui est bon pour nous. Personne ne peut nous manipuler en répondant à nos besoins inconscients, car nous avons la capacité d'être en contact avec nos besoins.
Les moyens
Si devenu adulte on n'est pas parvenu à se faire une place, il est plus efficace de chercher de l'aide pour y arriver car on a développé des "plis" et on oppose des résistances à le faire.
La psychothérapie individuelle est un moyen très efficace d'y arriver. Il est indispensable, toutefois, qu'il s'agisse bien de psychothérapie et non de traitement de problème dans le genre des différentes thérapies brèves, cognitives, béhavioristes.
Un autre moyen peut être utilisé par ceux qui ne veulent pas où ne peuvent pas entreprendre une psychothérapie, mais souhaitent apprendre à se faire une place dans leur vie. Ressources en Développement a publié dernièrement un outil qui poursuit exactement cet objectif. Il s'agit du Programme Savoir Ressentir, un ensemble d'instruments dont on peut se servir seul pour améliorer sa capacité de contact avec son monde intérieur.
Toute personne qui s'attarde quelque peu sur elle pour reconnaître ce qui la touche, ce qui lui importe et pour cerner ses besoins, se met automatiquement à devenir quelqu'un d'intéressant. C'est alors que naît le désir de se connaître davantage. On est intrigué par certains de nos comportements, on ne comprend pas pourquoi on n'arrive jamais à...etc. On est alors prêt pour la phase suivante.
Il existe cependant un danger (il se présentera d'ailleurs à toutes les phases), c'est d'en rester là. Passer à la phase suivante implique nécessairement de nouveaux défis, de nouvelles difficultés et nous avons probablement atteint un niveau de confort agréable qu'il n'est pas intéressant, à priori, de bouleverser.
Si on atteint un point où on se fait presque une religion de "s'écouter", de "prendre soin de soi", de "se faire plaisir", si on se met à trouver "qu'on est donc bien tout seul... que la vie est donc plus facile", il y a de bonnes chances qu'on soit en train d'éviter le passage normal à la phase suivante.
2ème étape: S'explorer
Si la première étape est complétée, on en viendra tout naturellement à l'exploration de soi. Celle-ci se fera harmonieusement, les sujets s'arrimant les uns aux autres.
C'est parce que le questionnement viendra de l'intérieur qu'il en sera ainsi. Et c'est parce qu'il se fera à partir de l'intérieur qu'il en restera quelque chose. C'est exactement le contraire de ce qui se produit lorsque l'exploration est conduite par des questions parachutées de l'extérieur comme celles qui viennent des autres ou qui nous sont suggérées par des auteurs.
J'ai vu beaucoup de personnes qui n'arrivaient à rien en essayant de mettre en pratique des conseils comme "change de genre de femme!", "sois ta propre mère", "aime-toi" ... Si ce conseil n'arrive par exactement au moment où la personne est rendue à cette étape précise dans sa démarche (un synchronisme infiniment rare), il est à toute fin pratique inutile.
Combien de personnes se sont perdues en cherchant à mettre en application des choses intéressantes et valables qu'elles avaient lues mais pour lesquelles elles n'avaient pas fait le cheminement préalable. Combien se sont retrouvés en mauvais état en suivant le conseil de leur gourou "d'adresser leur colère immédiatement à leurs parents, quelle que soit leur réaction"!
Je ne le répéterai jamais assez, pour être constructives, les expérimentations doivent être assumées et pour cela, il faut qu'elles soient commandées de l'intérieur. Les suggestions ne sont pas à bannir, mais elles doivent être évaluées soigneusement pour choisir celles qui nous conviennent au moment et au point précis où on se trouve.
Les moyens pour alimenter l'exploration
Les moyens pour rendre la démarche plus efficace
La psychothérapie individuelle (qui doit être absolument enrichie de diverses expériences). La psychothérapie servira de lieu pour
Durant cette phase on se rend compte qu'il y a certaines choses de soi qu'on préfère cacher aux autres. Il y a des sentiments, des besoins, des comportements qu'on n'est confortable d'avoir que lorsqu'on est seul avec soi.
Malgré les indices clairs que nous présentent ces constatations, le danger d'en rester-là nous guette encore une fois. On est en effet assez confortable avec soi, on réussit à avoir une vie relativement agréable et intéressante.
Pourquoi se forcer à passer à un autre stade? D'ailleurs, y a-t-il un autre stade? N'est-ce pas important de se suffire dans la vie? L'important n'est-il pas d'être bien avec soi et d'être assez autonome pour avoir ses activités? Toutes les rationalisations populaires de notre époque sont au service de notre goût de confort et de notre crainte du changement!
D'abord, il n'est pas évident qu'il existe un autre stade. Quant aux autres questions, la réponse de beaucoup de gens est un GROS OUI. Ils confondent "autonomie dans l'initiative pour répondre à ses besoins" et autarcie, c'est-à-dire, se suffire.
Mais aucun être vivant ne peut se suffire. Il a besoin de contact avec l'univers. Entre humains, le contact est indispensable pour combler les besoins affectifs qui perdurent la vie durant. Il est donc important de savoir qu'il existe une phase subséquente. Seul quelqu'un de familier avec ces étapes peut nous informer de leur existence !
3ème étape: S'assumer devant les autres
Cette étape est cruciale dans la vie de tout individu. C'est en réussissant, graduellement, à s'assumer devant les autres qu'on gagne la sérénité tant espérée. C'est un processus dans lequel on a avantage à être guidé par un expert car il est facile de s'égarer.
Par exemple, s'assumer devant les autres ne signifie pas "pouvoir faire quoi que ce soit devant les autres parce qu'on s'est durci". Cela n'a rien à voir non plus avec se "foutre" du monde.
Au contraire. C'est un cheminement dans lequel nous prenons le risque de nous respecter dans toute notre intégralité devant des personnes auxquelles on tient vraiment.
Les moyens de rendre cette démarche efficiente
Il est important de choisir un groupe où les gens auront des réactions vraies, ni complaisantes, ni exagérées. C'est essentiel pour pouvoir en tirer une vision réaliste de notre impact sur les autres. Il est important de choisir une approche de psychothérapie qui encourage à s'assumer soi-même et qui ne cherche pas à faire adopter des attitudes et des comportements corrects.
En cours de démarche, on se rendra compte qu'il existe des personnes devant lesquelles il est plus difficile de s'assumer. Sans le savoir très clairement, nous investissons ces personnes d'un pouvoir particulier de nous reconnaître. On s'aperçoit qu'on trouve continuellement de telles personnes sur notre chemin et que parfois même on les cherche. S'affirmer devant ces personnes devient un défi supplémentaire, mais essentiel à notre satisfaction.
Le danger, ici aussi, c'est de renoncer à s'assumer devant ces personnes. En les évitant, par exemple.
Il est facile de trouver dans la littérature populaire et chez plusieurs conférenciers un encouragement à éviter les personnes qui réveillent nos vieilles blessures. Je ne pense pas qu'il faille les éviter. Au contraire. D'ailleurs une force intérieure nous pousse sur le chemin de ces personnes, pour régler ces vieux conflits. Mais encore faut-il savoir comment arriver à les régler.
C'est ici qu'on doit distinguer une deuxième partie de cette troisième étape, une partie où on cherche encore à s'assumer ouvertement devant autrui, mais avec des personnes spéciales. Il s'agit de s'assumer vraiment devant les personnes qui ont pour nous le plus d'importance.
Résoudre ses transferts
On est mûr pour cette démarche lorsqu'on commence à penser qu'il y a anguille sous roche du fait par exemple,
La répétition, l'intensité de nos réactions, le fait qu'elles soient si stéréotypées (toujours les mêmes dans une situation semblable) sont des signes qui ne trompent pas. Ils indiquent que nous revivons, dans le présent, des expériences antérieures non complétées.
Lorsqu'on remarque ces indices et qu'on veut y voir plus clair, on est vraisemblablement prêt à compléter ces situations qui empoisonnent notre vie. Mais pour être efficace dans cette démarche et pour ne pas se décourager devant les difficultés qu'on y rencontre, il est important d'être bien instrumenté.
Les moyens de résoudre nos transferts
Le groupe de psychothérapie, dans une approche qui fournira
Les situations de la vraie vie avec interlocuteurs transférés et les originaux, c'est-à-dire, notre famille d'origine.
Conclusion
Il est important de bien comprendre où on en est dans sa démarche de développement personnel. Il est impérieux de connaître les moyens appropriés pour s'aider à réaliser avec succès l'étape où on en est.
En étant bien orienté dans notre démarche de développement personnel, on économisera beaucoup de temps. On évitera aussi plusieurs expériences négatives qui laissent des traces profondes ou nous amènent à abandonner notre recherche.
Introduction
Tout ce qui est vivant est soit dans un processus de croissance, soit dans en dégénérescence.
Il n'existe pas de stade inerte chez les vivants. Le rosier donne des boutons qui s'ouvrent lentement, les roses atteignent leur maturité dans toute leur splendeur et commencent immédiatement à se flétrir. Physiquement il en est ainsi de l'humain. Ayant atteint le maximum de son développement physique vers 25 ans, le processus de dégénérescence s'amorce.
Malgré cette réalité, les humains, dans bien des cas, s'acharnent à ne pas vouloir changer. Ils se refusent à grandir, même si la situation appelle un changement.
Marie a un mari qui va au-devant de ses besoins et se montre très enveloppant. Ça la satisfait car elle a beaucoup besoin de marques d'affection sans lesquelles elle est insécure.
Mais son milieu de travail n'est pas aussi chaud que son cocon familial. De fait, sa collègue de travail est plutôt froide et ne fait pas de cas d'elle. Marie enrage de ce manque de considération et fait durant plusieurs années, maints efforts pour faire changer le comportement de sa partenaire.
Lorsque j'interviens, elle est sur le point de quitter l'entreprise parce qu'au bord de la dépression. Cette situation est si intenable, que même sa vie familiale est empoisonnée par ses réactions. Mais il n'est pas question pour Marie de faire la démarche de développement psychique nécessaire pour devenir capable de tolérer de n'être pas minimalement aimée de tout le monde. Marie ne veut pas changer.
Croître, c'est changer. Changer pour le mieux, pour s'adapter lorsque nécessaire, pour traverser une difficulté qui nous empêche d'être satisfait, pour mieux se posséder, etc. En Auto-développement, l'approche dont s'inspire mon travail comme psychothérapeute, croître c'est plus particulièrement devenir continuellement de plus en plus sujet dans son existence. C'est exactement le contraire que de se vivre comme un objet à la merci de la vie, des événements, de l'entourage, des êtres aimés.
Si Marie, comme nous tous souvent, préfère l'immobilité et s'acharne à changer l'autre pour l'adapter à son besoin, ce n'est pas par mauvaise volonté, ou par paresse. Je crois que c'est essentiellement pour deux raisons:
- D'abord par peur d'être inconfortable ou de souffrir. Elle a, pense-t-elle, une recette gagnante dans le mode d'interaction de son milieu familial. Elle ne voit pas pourquoi elle l'abandonnerait.
- Mais c'est surtout, par ignorance qu'elle choisit l'immobilité. Marie ne sait pas combien elle y gagnerait en solidité personnelle si elle arrivait à être capable de vivre, même dans l'adversité.
Il n'y a pas de raison que Marie sache cela, à moins qu'elle ne soit une spécialiste du développement humain. C'est une réalité qui n'est absolument pas évidente.
Même si l'humain est mû de l'intérieur par une force qui le pousse à rechercher la satisfaction et même à se développer (cf. la tendance actualisante dont parle Abraham Maslow), il a souvent tendance à éviter ce qui le fait souffrir. Or, le changement passe toujours par une certaine souffrance, ou du moins un certain inconfort.
On accepte cette souffrance lorsqu'on sait qu'elle est temporaire et quelle prépare un mieux être. Comme disent les véliplanchistes extrêmes "Pain is only temporary" (entendre la joie est tellement grande qu'on est prêt à payer le prix qu'il faut).
Dans certains domaines où on s'y connaît, on peut faire ce choix éclairé. On s'entraîne, douloureusement, pour être en forme. On se prive dans l'espoir d'atteindre la silhouette rêvée. On étudie à se crever pour réussir son examen. Mais dans le domaine de la croissance personnelle, peu de gens possèdent les connaissances qui leur permettent de choisir la douleur pour un mieux-être ultérieur.
C'est la raison qui m'a poussée à offrir une conférence sur le thème "Les chemins de la croissance": fournir des éclaircissements qui permettent de voir son développement dans une perspective plus large. Je vois souvent des clients qui ont investi beaucoup d'énergie, d'argent et de temps dans toutes sortes d'activités de croissance et qui, au bout du compte, se retrouvent à peu près au même point qu'au départ. Parfois, ils sont confus, mêlés, découragés que leurs efforts n'aient pas donné plus de résultats, malgré la sincérité et la force de leur investissement personnel.
Que vous soyez parmi ces personnes où non, si vous êtes intéressé à demeurer en mouvement et si vous êtes préoccupé de votre développement comme personne, les réponses aux questions suivantes vous seront utiles.
- Quelles sont les étapes de la croissance?
- Quelles sont les moyens de rendre notre démarche de développement personnel la plus efficiente?
- Y a-t-il des conditions plus favorables que d'autres?
Dans notre optique, il y a 3 grandes étapes de développement personnel. Ces trois étapes que je vais développer ici sont:
- se faire une place
- s'explorer
- s'assumer.
1ère étape: Se faire une place
Se faire une place, c'est oser être réceptif à ce qui est important pour soi, à ce qui est vivant en soi. Cela revient essentiellement à être prêt à ressentir ses sentiments, à considérer d'un regard accueillant ses besoins et ses préoccupations.
Certaines personnes parviennent à l'âge adulte sans avoir réussi à se donner ainsi une place dans leur vie. Il est absolument essentiel qu'elle se consacrent à atteindre cet objectif. Plusieurs raisons expliquent pourquoi c'est si important.
- Nos émotions sont les données fournies par un système d'information qui nous renseigne continuellement sur nos besoins. Et pour vivre de façons satisfaisante, il faut prendre nos besoins en considération (ce qui suppose, bien sûr, qu'on apprend à se centrer pour qu'ils puissent émerger par ordre de priorité). Il est essentiel d'être à l'écoute de ce qui est important, de ce qui nous préoccupe; c'est ce qui nous permet d'avoir une vie pleine.
- La seule motivation de changement qui dure est celle qui vient de l'intérieur. Il est indispensable d'être à l'écoute et réceptif à soi pour y avoir accès. Sinon, on cherchera à se manipuler: on se dira qu'il faut arrêter de fumer, prendre plus de vacances, être plus gentille avec son amoureux. Où encore, on tentera de céder aux pressions de l'extérieur: "tu devrais...." sans que cela ait de sens pour nous.
- Pour devenir davantage sujet de sa vie, il faut être en contact avec sa vie (son corps, ses besoins, ses émotions, ce qui est important pour soi...).
Se faire ainsi une place, c'est aussi la garantie de n'être jamais la proie d'un gourou ou d'une secte. Personne ne peut alors se substituer à nous pour savoir ce qui est bon pour nous. Personne ne peut nous manipuler en répondant à nos besoins inconscients, car nous avons la capacité d'être en contact avec nos besoins.
Les moyens
Si devenu adulte on n'est pas parvenu à se faire une place, il est plus efficace de chercher de l'aide pour y arriver car on a développé des "plis" et on oppose des résistances à le faire.
La psychothérapie individuelle est un moyen très efficace d'y arriver. Il est indispensable, toutefois, qu'il s'agisse bien de psychothérapie et non de traitement de problème dans le genre des différentes thérapies brèves, cognitives, béhavioristes.
Un autre moyen peut être utilisé par ceux qui ne veulent pas où ne peuvent pas entreprendre une psychothérapie, mais souhaitent apprendre à se faire une place dans leur vie. Ressources en Développement a publié dernièrement un outil qui poursuit exactement cet objectif. Il s'agit du Programme Savoir Ressentir, un ensemble d'instruments dont on peut se servir seul pour améliorer sa capacité de contact avec son monde intérieur.
Toute personne qui s'attarde quelque peu sur elle pour reconnaître ce qui la touche, ce qui lui importe et pour cerner ses besoins, se met automatiquement à devenir quelqu'un d'intéressant. C'est alors que naît le désir de se connaître davantage. On est intrigué par certains de nos comportements, on ne comprend pas pourquoi on n'arrive jamais à...etc. On est alors prêt pour la phase suivante.
Il existe cependant un danger (il se présentera d'ailleurs à toutes les phases), c'est d'en rester là. Passer à la phase suivante implique nécessairement de nouveaux défis, de nouvelles difficultés et nous avons probablement atteint un niveau de confort agréable qu'il n'est pas intéressant, à priori, de bouleverser.
Si on atteint un point où on se fait presque une religion de "s'écouter", de "prendre soin de soi", de "se faire plaisir", si on se met à trouver "qu'on est donc bien tout seul... que la vie est donc plus facile", il y a de bonnes chances qu'on soit en train d'éviter le passage normal à la phase suivante.
2ème étape: S'explorer
Si la première étape est complétée, on en viendra tout naturellement à l'exploration de soi. Celle-ci se fera harmonieusement, les sujets s'arrimant les uns aux autres.
C'est parce que le questionnement viendra de l'intérieur qu'il en sera ainsi. Et c'est parce qu'il se fera à partir de l'intérieur qu'il en restera quelque chose. C'est exactement le contraire de ce qui se produit lorsque l'exploration est conduite par des questions parachutées de l'extérieur comme celles qui viennent des autres ou qui nous sont suggérées par des auteurs.
J'ai vu beaucoup de personnes qui n'arrivaient à rien en essayant de mettre en pratique des conseils comme "change de genre de femme!", "sois ta propre mère", "aime-toi" ... Si ce conseil n'arrive par exactement au moment où la personne est rendue à cette étape précise dans sa démarche (un synchronisme infiniment rare), il est à toute fin pratique inutile.
Combien de personnes se sont perdues en cherchant à mettre en application des choses intéressantes et valables qu'elles avaient lues mais pour lesquelles elles n'avaient pas fait le cheminement préalable. Combien se sont retrouvés en mauvais état en suivant le conseil de leur gourou "d'adresser leur colère immédiatement à leurs parents, quelle que soit leur réaction"!
Je ne le répéterai jamais assez, pour être constructives, les expérimentations doivent être assumées et pour cela, il faut qu'elles soient commandées de l'intérieur. Les suggestions ne sont pas à bannir, mais elles doivent être évaluées soigneusement pour choisir celles qui nous conviennent au moment et au point précis où on se trouve.
Les moyens pour alimenter l'exploration
- la lecture
- l'expérimentation active
- parler de nos découvertes avec d'autres
Les moyens pour rendre la démarche plus efficace
La psychothérapie individuelle (qui doit être absolument enrichie de diverses expériences). La psychothérapie servira de lieu pour
- traiter nos découvertes
- digérer les nouvelles expériences
- comprendre ce qu'on a vécu (le vécu avec le psychothérapeute constitue un matériel d'exploration très précieux qui doit faire partie de cette exploration)
Durant cette phase on se rend compte qu'il y a certaines choses de soi qu'on préfère cacher aux autres. Il y a des sentiments, des besoins, des comportements qu'on n'est confortable d'avoir que lorsqu'on est seul avec soi.
- Mon opinion est claire, mais je n'arrive pas à l'exprimer en réunion.
- Je ne peux pas me permettre de n'être pas à mon meilleur devant les autres.
- Je n'arrive pas à dire non.
- Il m'est impossible de faire voir à un homme qu'il me plaît. C'est tellement vrai que je choisis ceux qui ne me plaisent pas.
Malgré les indices clairs que nous présentent ces constatations, le danger d'en rester-là nous guette encore une fois. On est en effet assez confortable avec soi, on réussit à avoir une vie relativement agréable et intéressante.
Pourquoi se forcer à passer à un autre stade? D'ailleurs, y a-t-il un autre stade? N'est-ce pas important de se suffire dans la vie? L'important n'est-il pas d'être bien avec soi et d'être assez autonome pour avoir ses activités? Toutes les rationalisations populaires de notre époque sont au service de notre goût de confort et de notre crainte du changement!
D'abord, il n'est pas évident qu'il existe un autre stade. Quant aux autres questions, la réponse de beaucoup de gens est un GROS OUI. Ils confondent "autonomie dans l'initiative pour répondre à ses besoins" et autarcie, c'est-à-dire, se suffire.
Mais aucun être vivant ne peut se suffire. Il a besoin de contact avec l'univers. Entre humains, le contact est indispensable pour combler les besoins affectifs qui perdurent la vie durant. Il est donc important de savoir qu'il existe une phase subséquente. Seul quelqu'un de familier avec ces étapes peut nous informer de leur existence !
3ème étape: S'assumer devant les autres
Cette étape est cruciale dans la vie de tout individu. C'est en réussissant, graduellement, à s'assumer devant les autres qu'on gagne la sérénité tant espérée. C'est un processus dans lequel on a avantage à être guidé par un expert car il est facile de s'égarer.
Par exemple, s'assumer devant les autres ne signifie pas "pouvoir faire quoi que ce soit devant les autres parce qu'on s'est durci". Cela n'a rien à voir non plus avec se "foutre" du monde.
Au contraire. C'est un cheminement dans lequel nous prenons le risque de nous respecter dans toute notre intégralité devant des personnes auxquelles on tient vraiment.
Les moyens de rendre cette démarche efficiente
- le groupe de psychothérapie
- les sessions de croissance sur des thèmes en rapport avec les dimensions que nous cherchons à mieux posséder.
Il est important de choisir un groupe où les gens auront des réactions vraies, ni complaisantes, ni exagérées. C'est essentiel pour pouvoir en tirer une vision réaliste de notre impact sur les autres. Il est important de choisir une approche de psychothérapie qui encourage à s'assumer soi-même et qui ne cherche pas à faire adopter des attitudes et des comportements corrects.
En cours de démarche, on se rendra compte qu'il existe des personnes devant lesquelles il est plus difficile de s'assumer. Sans le savoir très clairement, nous investissons ces personnes d'un pouvoir particulier de nous reconnaître. On s'aperçoit qu'on trouve continuellement de telles personnes sur notre chemin et que parfois même on les cherche. S'affirmer devant ces personnes devient un défi supplémentaire, mais essentiel à notre satisfaction.
Le danger, ici aussi, c'est de renoncer à s'assumer devant ces personnes. En les évitant, par exemple.
Il est facile de trouver dans la littérature populaire et chez plusieurs conférenciers un encouragement à éviter les personnes qui réveillent nos vieilles blessures. Je ne pense pas qu'il faille les éviter. Au contraire. D'ailleurs une force intérieure nous pousse sur le chemin de ces personnes, pour régler ces vieux conflits. Mais encore faut-il savoir comment arriver à les régler.
C'est ici qu'on doit distinguer une deuxième partie de cette troisième étape, une partie où on cherche encore à s'assumer ouvertement devant autrui, mais avec des personnes spéciales. Il s'agit de s'assumer vraiment devant les personnes qui ont pour nous le plus d'importance.
Résoudre ses transferts
On est mûr pour cette démarche lorsqu'on commence à penser qu'il y a anguille sous roche du fait par exemple,
- d'être systématiquement en désaccord avec les personnes en autorité
- d'être aussi défensive avec son mari qu'on l'était avec son père
- d'avoir avec son conjoint des chicanes qui ressemblent étrangement à celles qui nous faisaient tant souffrir avec nos parents
- qu'on enrage que l'entreprise ne nous manifeste pas davantage de reconnaissance
- qu'on ne supporte aucune critique
- qu'on tombe amoureux aussitôt que quelqu'un s'intéresse à nous
- qu'on déprime devant l'indifférence de notre adolescent
- ... etc, etc, etc
La répétition, l'intensité de nos réactions, le fait qu'elles soient si stéréotypées (toujours les mêmes dans une situation semblable) sont des signes qui ne trompent pas. Ils indiquent que nous revivons, dans le présent, des expériences antérieures non complétées.
Lorsqu'on remarque ces indices et qu'on veut y voir plus clair, on est vraisemblablement prêt à compléter ces situations qui empoisonnent notre vie. Mais pour être efficace dans cette démarche et pour ne pas se décourager devant les difficultés qu'on y rencontre, il est important d'être bien instrumenté.
Les moyens de résoudre nos transferts
Le groupe de psychothérapie, dans une approche qui fournira
- l'instrumentation
- la possibilité de pratiquer
Les situations de la vraie vie avec interlocuteurs transférés et les originaux, c'est-à-dire, notre famille d'origine.
Conclusion
Il est important de bien comprendre où on en est dans sa démarche de développement personnel. Il est impérieux de connaître les moyens appropriés pour s'aider à réaliser avec succès l'étape où on en est.
En étant bien orienté dans notre démarche de développement personnel, on économisera beaucoup de temps. On évitera aussi plusieurs expériences négatives qui laissent des traces profondes ou nous amènent à abandonner notre recherche.
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Merci pour tes partages et ta présence Qilin. J'aime beaucoup le texte sur la liberté, et notamment les précisions à propos de l'accueil inconditionnel...
♡Maïa- Messages : 1734
Date d'inscription : 06/03/2012
Re: A la recherche d'Atoum
Merci pour ta présence, tes partages et ton amitié Mog*why
C'est un plaisir pour moi d'apporter ce que je trouve et de le partager avec tous.
C'est un plaisir pour moi d'apporter ce que je trouve et de le partager avec tous.
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
S'envoler vers soi, vers son changement, vers sa restructuration, loin des dénis et des blessures. Choisir une autre voie, découvrir d'autres passages ... voilà ce qui est beau dans la vie.
Et voilà ce que je ressens, en images :
Et voilà ce que je ressens, en images :
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
L'éveil du loup - Inspiré un homme qui a vaincu ses crises de panique en cessant de se laisser manger la laine sur le dos (source : http://www.redpsy.com/images/loup.html )
Il était tapi
depuis tant de lunes
d’abord sous sa douceur d’enfant
puis sous sa raison d’homme
et la délicatesse de son coeur.
Jadis
sous les coups d’un père au ton écrasant
il filait dans un coin
plus tard
sous les gifles de l’épouse raidie
il courbe l’échine
(à cause du feu qui grandit toujours si on le fixe, dit-il).
...Grand homme au coeur de la cité
héros au royaume de la finance
mais coeur silencieux auprès des amours blessants...
C’est en agneau sacrifié que vit donc cet esprit puissant
cultivant la paix en baissant de plus en plus la voix (et l’oeil)
ignorant le ravage grandissant, aux piliers de son âme.
Il ne saisit pas que l’angoisse lui crie le sacrifice des agneaux
il se terre.
Il ne saisit pas que ses cauchemars sont des sursaut d’âme étouffée
il bouche ses oreilles.
Jusqu’à l’émergence du loup...
Surgi de ses entrailles
au soir d’une journée de courbettes
la bête le secoue, ébranlant ses songes et sa cage invisible
affolant au plus haut point, la brebis silencieuse.
De peur, il se noie quasi dans ses sueurs mais sans que le loup ne lâche prise
Abreuvée à ses forces jusqu’ici tamisées
la bête est magnifique d’intensité
comme la face caché de son cœur saignant .
Son œil n’est point féroce
seulement projette sa force.
Sa gueule ne déchire point
seulement répond aux attaques mordantes.
La sensation à l’âme est si bonne
qu’en quelques nuits
il laisse le loup déloger la brebis
se jurant, jusqu’à ses racines,
de ne plus se briser pour la paix.
Il était tapi
depuis tant de lunes
d’abord sous sa douceur d’enfant
puis sous sa raison d’homme
et la délicatesse de son coeur.
Jadis
sous les coups d’un père au ton écrasant
il filait dans un coin
plus tard
sous les gifles de l’épouse raidie
il courbe l’échine
(à cause du feu qui grandit toujours si on le fixe, dit-il).
...Grand homme au coeur de la cité
héros au royaume de la finance
mais coeur silencieux auprès des amours blessants...
C’est en agneau sacrifié que vit donc cet esprit puissant
cultivant la paix en baissant de plus en plus la voix (et l’oeil)
ignorant le ravage grandissant, aux piliers de son âme.
Il ne saisit pas que l’angoisse lui crie le sacrifice des agneaux
il se terre.
Il ne saisit pas que ses cauchemars sont des sursaut d’âme étouffée
il bouche ses oreilles.
Jusqu’à l’émergence du loup...
Surgi de ses entrailles
au soir d’une journée de courbettes
la bête le secoue, ébranlant ses songes et sa cage invisible
affolant au plus haut point, la brebis silencieuse.
De peur, il se noie quasi dans ses sueurs mais sans que le loup ne lâche prise
Abreuvée à ses forces jusqu’ici tamisées
la bête est magnifique d’intensité
comme la face caché de son cœur saignant .
Son œil n’est point féroce
seulement projette sa force.
Sa gueule ne déchire point
seulement répond aux attaques mordantes.
La sensation à l’âme est si bonne
qu’en quelques nuits
il laisse le loup déloger la brebis
se jurant, jusqu’à ses racines,
de ne plus se briser pour la paix.
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Les hauts et les bas du loup (source : http://www.redpsy.com/images/loup.html )
Debout devant le soleil
l’homme jure de ne plus se briser pour la paix
mais...
remet à demain l’oeuvre du loup.
Il épingle la face grise sur le mur de sa conscience
et souhaite de tout coeur quelques miracles.
Comme il est difficile d’affiler une voix feutrée!
Comme il est ardu d’éviter la griffe des lionnes!
Comme c’est brutal de matraquer l’être harcelant!
L’agneau, donc, reprend sa campagne d’attendrissement...
L’écorchement ne tarde pas à venir.
Cette fois, toutefois
l’homme recolle avec force
lambeaux de coeur et espoirs déchirés
et enjoint l’agneau de présenter ses crocs.
Ce qui est fait par l’agneau timoré
...qui sent cette fois dans ses sangs
l’appel du loup
et une révulsion grandissante pour l’immolation.
Puis, le blizzard s’étend sur une grande neige froide.
Silence.
L ’homme et l’agneau s’apaisent
rêvent au miracle
qui donnerait l’amour à toutes les brebis dociles.
Encore
on tente de les peler et même de les étrangler.
L’agneau présente ses jugulaires
(langage des supplications)
alors que l’homme implore les vents contraires
...en même temps, les hurlements du loup épinglé
soulèvent tous les sourcils!
L’agneau songe maintenant à garder ses douceurs
pour les âmes chaudes
et à confier les guerres
au frère loup.
L’amertume des miracles avortés au coin des lèvres
l’homme contemple ses deux bêtes
et songe à mettre le loup au vert
Debout devant le soleil
l’homme jure de ne plus se briser pour la paix
mais...
remet à demain l’oeuvre du loup.
Il épingle la face grise sur le mur de sa conscience
et souhaite de tout coeur quelques miracles.
Comme il est difficile d’affiler une voix feutrée!
Comme il est ardu d’éviter la griffe des lionnes!
Comme c’est brutal de matraquer l’être harcelant!
L’agneau, donc, reprend sa campagne d’attendrissement...
L’écorchement ne tarde pas à venir.
Cette fois, toutefois
l’homme recolle avec force
lambeaux de coeur et espoirs déchirés
et enjoint l’agneau de présenter ses crocs.
Ce qui est fait par l’agneau timoré
...qui sent cette fois dans ses sangs
l’appel du loup
et une révulsion grandissante pour l’immolation.
Puis, le blizzard s’étend sur une grande neige froide.
Silence.
L ’homme et l’agneau s’apaisent
rêvent au miracle
qui donnerait l’amour à toutes les brebis dociles.
Encore
on tente de les peler et même de les étrangler.
L’agneau présente ses jugulaires
(langage des supplications)
alors que l’homme implore les vents contraires
...en même temps, les hurlements du loup épinglé
soulèvent tous les sourcils!
L’agneau songe maintenant à garder ses douceurs
pour les âmes chaudes
et à confier les guerres
au frère loup.
L’amertume des miracles avortés au coin des lèvres
l’homme contemple ses deux bêtes
et songe à mettre le loup au vert
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Sursauts de l'agneau (source : http://www.redpsy.com/images/loup.html )
Debout devant l’ombre
l’homme recule
puis ferme la gueule du loup.
On voit alors l’agneau, non pas malmené,
mais égrugeant son museau
sur la pierre brûlante.
Tête basse
il bat sa coulpe
pour sa couardise présente et passé
déchiré par le désir qu’il refuse à l’autre
abattu par les cris de l’autre
noyé dans les larmes de l’autre
et pour les remous inévitables si jamais vit le loup.
Ah! Si seulement l’autre pouvait le battre!
Si seulement l’autre pouvait tourner les talons!
Mais l’autre
plié en deux
espère le sacrifice de l’agneau et l’anéantissement du loup
L’agneau piétine donc et tourne en rond
autour du loup ramolli et muselé.
Il invoque le temps
... soit disant grand Manitou des coups au cœur.
Debout devant l’ombre
l’homme recule
puis ferme la gueule du loup.
On voit alors l’agneau, non pas malmené,
mais égrugeant son museau
sur la pierre brûlante.
Tête basse
il bat sa coulpe
pour sa couardise présente et passé
déchiré par le désir qu’il refuse à l’autre
abattu par les cris de l’autre
noyé dans les larmes de l’autre
et pour les remous inévitables si jamais vit le loup.
Ah! Si seulement l’autre pouvait le battre!
Si seulement l’autre pouvait tourner les talons!
Mais l’autre
plié en deux
espère le sacrifice de l’agneau et l’anéantissement du loup
L’agneau piétine donc et tourne en rond
autour du loup ramolli et muselé.
Il invoque le temps
... soit disant grand Manitou des coups au cœur.
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
C'est génialement bien décrit
C'est un fichu passage à traverser. L'affaire n'est pas finie je pense, mais il n'y a pas la suite sur le site d'où viennent ces textes. Là, cela finit en renoncement de parcours, et ce n'est pas du tout satisfaisant.
Il y a un après, je crois. Le loup ... le vrai.
C'est un fichu passage à traverser. L'affaire n'est pas finie je pense, mais il n'y a pas la suite sur le site d'où viennent ces textes. Là, cela finit en renoncement de parcours, et ce n'est pas du tout satisfaisant.
Il y a un après, je crois. Le loup ... le vrai.
Dernière édition par Qilin le Mer 9 Jan 2013 - 15:51, édité 3 fois
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Pragmatique des communications agent : approche par la cohérence cognitive
http://www.sfu.ca/~ppa12/Publications/Pasquier-MFI03-theorie-coherence.pdf
http://www.sfu.ca/~ppa12/Publications/Pasquier-MFI03-theorie-coherence.pdf
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
La dépendance affective
La dépendance affective est un problème plus répandu qu'on ne le croit et qui affecte les relations interpersonnelles. Ce trouble se développe chez les individus issus de familles dysfonctionnelles. L'enfant qui a grandi dans un milieu marqué par le manque de communication et d'affection, la violence, l'alcoolisme, l'abus ou la négligence peut développer un sentiment de honte. Cette honte, qui se traduit par une faible estime de soi, engendre des relations malsaines avec soi-même et avec les autres.
La honte, source de la dépendance affective
" Un enfant qui éprouve de la honte se croit responsable de cette situation et conséquemment, il ne se sent pas digne d'être aimé. Ceci entraîne un sentiment de non-valeur chez cet enfant et un problème d'estime de soi… La honte est très douloureuse, insupportable. Toute personne normalement constituée essaie d'échapper à la douleur créée par une situation de honte. Et c'est là qu'on développe des comportements de survie… pour ne plus être en contact avec la douleur. "
Les comportements de survie
La dépendance affective peut prendre plusieurs formes. Selon plusieurs chercheurs, l'enfant développe dès son enfance des mécanismes de survie. Quatre grands rôles de survie ont été observés : le héros, souvent un perfectionniste, qui se donne tout entier à ce qu'il entreprend; le rebelle, ou le bouc émissaire, qui est le mouton noir de la famille; l'enfant perdu, ou l'effaçé, qui s'isole dans son monde intérieur et enfin le bouffon qui recherche l'attention en faisant rire les autres. Certains adopteront un ou plusieurs de ces rôles pour survivre dans leurs familles dysfonctionnelles d'origine.
Comment se manifeste-t-elle ?
La dépendance affective se caractérise par des comportements acquis autodestructeurs et des traits de caractère qui se traduisent par une grande difficulté à amorcer et maintenir des relations affectives saines.
Questions démontrant un un problème de dépendance affective si réponse positive.
La dépendance affective est un problème plus répandu qu'on ne le croit et qui affecte les relations interpersonnelles. Ce trouble se développe chez les individus issus de familles dysfonctionnelles. L'enfant qui a grandi dans un milieu marqué par le manque de communication et d'affection, la violence, l'alcoolisme, l'abus ou la négligence peut développer un sentiment de honte. Cette honte, qui se traduit par une faible estime de soi, engendre des relations malsaines avec soi-même et avec les autres.
La honte, source de la dépendance affective
" Un enfant qui éprouve de la honte se croit responsable de cette situation et conséquemment, il ne se sent pas digne d'être aimé. Ceci entraîne un sentiment de non-valeur chez cet enfant et un problème d'estime de soi… La honte est très douloureuse, insupportable. Toute personne normalement constituée essaie d'échapper à la douleur créée par une situation de honte. Et c'est là qu'on développe des comportements de survie… pour ne plus être en contact avec la douleur. "
Les comportements de survie
La dépendance affective peut prendre plusieurs formes. Selon plusieurs chercheurs, l'enfant développe dès son enfance des mécanismes de survie. Quatre grands rôles de survie ont été observés : le héros, souvent un perfectionniste, qui se donne tout entier à ce qu'il entreprend; le rebelle, ou le bouc émissaire, qui est le mouton noir de la famille; l'enfant perdu, ou l'effaçé, qui s'isole dans son monde intérieur et enfin le bouffon qui recherche l'attention en faisant rire les autres. Certains adopteront un ou plusieurs de ces rôles pour survivre dans leurs familles dysfonctionnelles d'origine.
Comment se manifeste-t-elle ?
La dépendance affective se caractérise par des comportements acquis autodestructeurs et des traits de caractère qui se traduisent par une grande difficulté à amorcer et maintenir des relations affectives saines.
Questions démontrant un un problème de dépendance affective si réponse positive.
- Ai-je constamment des difficultés dans mes relations avec les autres ?
- Je ressens en moi le mal de vivre.
- Ai-je de la difficulté à reconnaître et à exprimer mes besoins ?
- Est-ce que je sens le besoin de me faire aimer à tout prix ?
- Je ressens souvent de la honte, j'ai l'impression de ne pas être correct.
- Je recherche des émotions fortes pour avoir l'impression de vivre.
- Face aux difficultés, j'ai tendance à fuir.
- J'ai de la difficulté à me sentir à l'aise même avec des proches.
- J'évite les affrontements et les conflits.
- Je me sens isolé et j'ai peur des gens, particulièrement des figures d'autorité.
- Je ne supporte pas l'échec, car quand j'échoue, je crois que je ne vaux rien.
- Je me sens coupable lorsque je prends ma place et que je me défends.
- J'ai l'impression que j'ai perdu la capacité de ressentir ou d'exprimer mes émotions.
- Je suis mon critique le plus sévère.
- Je ne m'aime pas, j'ai une piètre image de moi.
- Je ne fais pas confiance à mes émotions.
- J'ai de la difficulté à dire "non" sans me sentir coupable.
- Je vais au delà de mes capacités pour mériter l'amour des autres.
- Je crains le rejet et je me crée des façades pour avoir l'impression d'être plus acceptable aux autres.
- Je cherche ma valeur dans les autres.
- Je suis souvent contrôlant ou manipulateur.
- J'éprouve souvent de la jalousie et je nourris des soupçons de façon maladive.
- Je me sens victime, ayant besoin d'être pris en charge par d'autres.
- Je suis souvent obsédé ou compulsif.
- Je me sens responsable des autres, mais moi je m'oublie.
- J'ai de la difficulté à m'engager et je suis souvent irresponsable.
- Je crains les gens en colère et je redoute les critiques personnelles.
- J'ai l'impression d'avoir peu de contrôle sur ma vie.
- Je ne sais pas comment être responsable de moi.
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Bah tiens puisque j'y suis, je vais répondre aux questions qui apparaissent à la fin de mon post précédent
Allez, qui joue au jeu de la vérité avec moi ?
- Spoiler:
- Ai-je constamment des difficultés dans mes relations avec les autres ? (non)
- Je ressens en moi le mal de vivre. (parfois)
- Ai-je de la difficulté à reconnaître et à exprimer mes besoins ? (non)
- Est-ce que je sens le besoin de me faire aimer à tout prix ? (non)
- Je ressens souvent de la honte, j'ai l'impression de ne pas être correct. (parfois)
- Je recherche des émotions fortes pour avoir l'impression de vivre. (parfois)
- Face aux difficultés, j'ai tendance à fuir. (non)
- J'ai de la difficulté à me sentir à l'aise même avec des proches. (non)
- J'évite les affrontements et les conflits. (non)
- Je me sens isolé et j'ai peur des gens, particulièrement des figures d'autorité. (non)
- Je ne supporte pas l'échec, car quand j'échoue, je crois que je ne vaux rien. (non)
- Je me sens coupable lorsque je prends ma place et que je me défends. (non)
- J'ai l'impression que j'ai perdu la capacité de ressentir ou d'exprimer mes émotions. (parfois)
- Je suis mon critique le plus sévère. (parfois)
- Je ne m'aime pas, j'ai une piètre image de moi. (vraiment très très rarement)
- Je ne fais pas confiance à mes émotions. (parfois)
- J'ai de la difficulté à dire "non" sans me sentir coupable. (non)
- Je vais au delà de mes capacités pour mériter l'amour des autres. (je l'ai fait autrefois, terminé maintenant)
- Je crains le rejet et je me crée des façades pour avoir l'impression d'être plus acceptable aux autres. (non)
- Je cherche ma valeur dans les autres. (non)
- Je suis souvent contrôlant ou manipulateur. (non)
- J'éprouve souvent de la jalousie et je nourris des soupçons de façon maladive. (non)
- Je me sens victime, ayant besoin d'être pris en charge par d'autres. (non)
- Je suis souvent obsédé ou compulsif. (non)
- Je me sens responsable des autres, mais moi je m'oublie. (autrefois oui, maintenant non.)
- J'ai de la difficulté à m'engager et je suis souvent irresponsable. (non)
- Je crains les gens en colère et je redoute les critiques personnelles. (non)
- J'ai l'impression d'avoir peu de contrôle sur ma vie. (non)
- Je ne sais pas comment être responsable de moi. (non)
- Ai-je constamment des difficultés dans mes relations avec les autres ? (non)
Allez, qui joue au jeu de la vérité avec moi ?
Invité- Invité
Re: A la recherche d'Atoum
Voilà...
- Spoiler:
Ai-je constamment des difficultés dans mes relations avec les autres ? (non)
Je ressens en moi le mal de vivre. (parfois)
Ai-je de la difficulté à reconnaître et à exprimer mes besoins ? (non)
Est-ce que je sens le besoin de me faire aimer à tout prix ? (non)
Je ressens souvent de la honte, j'ai l'impression de ne pas être correct. (non)
Je recherche des émotions fortes pour avoir l'impression de vivre. (parfois)
Face aux difficultés, j'ai tendance à fuir. (parfois)
J'ai de la difficulté à me sentir à l'aise même avec des proches. (non, pas avec des proches)
J'évite les affrontements et les conflits. (non)
Je me sens isolé et j'ai peur des gens, particulièrement des figures d'autorité. (Isolé oui, peur pas particulièrement et surtout pas des figures d'autorité)
Je ne supporte pas l'échec, car quand j'échoue, je crois que je ne vaux rien. (parfois, plus avant)
Je me sens coupable lorsque je prends ma place et que je me défends. (non)
J'ai l'impression que j'ai perdu la capacité de ressentir ou d'exprimer mes émotions. (parfois, beaucoup plus avant)
Je suis mon critique le plus sévère. (je pense)
Je ne m'aime pas, j'ai une piètre image de moi. (parfois mais pas longtemps)
Je ne fais pas confiance à mes émotions. (non = j'ai confiance)
J'ai de la difficulté à dire "non" sans me sentir coupable. (non)
Je vais au delà de mes capacités pour mériter l'amour des autres. (non)
Je crains le rejet et je me crée des façades pour avoir l'impression d'être plus acceptable aux autres. (oui)
Je cherche ma valeur dans les autres. (non)
Je suis souvent contrôlant ou manipulateur. (non)
J'éprouve souvent de la jalousie et je nourris des soupçons de façon maladive. (non)
Je me sens victime, ayant besoin d'être pris en charge par d'autres. (non)
Je suis souvent obsédé ou compulsif. (non)
Je me sens responsable des autres, mais moi je m'oublie. (souvent)
J'ai de la difficulté à m'engager et je suis souvent irresponsable. (non)
Je crains les gens en colère et je redoute les critiques personnelles. (les critiques, oui quand même)
J'ai l'impression d'avoir peu de contrôle sur ma vie. (non)
Je ne sais pas comment être responsable de moi. (non, mais je sais bien comment être irresponsable de moi)
Re: A la recherche d'Atoum
Les 7 étapes du pardon
Comment pardonner à ceux qui nous ont déçus, trahis ou blessés ? Nous avons posé la question à Gabrielle Rubin et à Nicole Fabre, deux psychanalystes qui ont publié un ouvrage sur le sujet. Vade-mecum en sept temps.
Accordés sans douleur pour un mot ou un geste de trop, il y a les pardons ordinaires. Et puis il y a les pardons extraordinaires, ceux que nous avons tant de mal à concéder, après avoir été blessés au plus profond de nous-mêmes. Pardonner à un parent bourreau, à un agresseur ou au chauffard qui a renversé l’un de nos proches implique un cheminement intérieur long et exigeant, difficile à vouloir, dur à parcourir.
Acte de courage pour certains, aveu de faiblesse pour d’autres, qui lui préfèrent la vengeance, le pardon va rarement de soi. Pourtant, toutes les victimes qui ont pardonné s’accordent à dire que cette démarche les a libérées, qu’elle a même insufflé une nouvelle énergie dans leur vie. Car le pardon sert avant tout à se libérer soi-même. Qu’on le demande ou qu’on l’accorde, il est le fruit d’un vrai travail sur soi dont l’issue reste pourtant incertaine : on peut sincèrement souhaiter pardonner sans forcément y parvenir…
Le processus opère en partie à notre insu et, surtout, nous ne sommes pas tous égaux devant le pardon. Sa « réussite » dépend moins de l’outrage subi que de la façon dont nous l’avons vécu. Ainsi, deux enfants abandonnés n’auront pas le même destin. L’un pourra aborder la vie comme un combat, l’autre comme une lutte perdue d’avance… Ils auront peut-être pardonné à leurs parents, peut-être pas. Chaque histoire est singulière et il existe autant de pardons que de victimes. Malgré tout, nous avons tenté, avec Nicole Fabre et Gabrielle Rubin, deux psychanalystes qui se sont longuement penchées sur la question, d’identifier les grandes étapes qui jalonnent ce chemin.
Décider de ne plus souffrir
Si l’offense ne cesse pas, aucun processus de pardon ne peut s’enclencher. Mais comment y mettre un terme ? Face au coupable – un employeur misogyne, un ami qui a trahi sa parole… –, la victime peut perdre ses moyens, paralysée par sa souffrance.
La première étape consiste donc à décider de ne plus souffrir, à sortir de la violence subie. Quitte à prendre du champ et à mettre de la distance entre soi et le responsable de sa douleur.
Reconnaître que la faute existe
Le passé ne s’efface pas. Inutile de chercher à oublier l’offense. Ce mécanisme de défense enfouit la souffrance, la haine et la rancœur quelque part dans l’inconscient, où leur force destructrice continue d’opérer avec encore plus de violence. Reconnaître l’agresseur comme coupable d’une faute, c’est d’abord une nécessité pour soi, pour vivre.
Cela permet, précise la psychanalyste Gabrielle Rubin, de « retourner la culpabilité à l’agresseur et, ainsi, de renouer un lien avec soi-même ». Cela pourra aussi nous éviter de développer des maladies psychosomatiques, ou des conduites d’échecs professionnels et affectifs à répétition.
Exprimer sa colère
Pour pardonner, la victime doit en vouloir à son « bourreau », c’est-à-dire reconnaître sa propre souffrance et accepter qu’elle « sorte ». Agressivité et colère sont utiles dans un premier temps. Elles sont signe de bonne santé psychique, signe que la victime n’est pas dans le déni et ne porte pas la faute de l’agresseur sur elle.
Cesser de se sentir coupable
La plupart des victimes se sentent paradoxalement coupables de ce qui leur est arrivé. Tenter de savoir quelle part de nous-même a été blessée va permettre de relativiser ce sentiment et la souffrance qui l’accompagne. Est-ce notre orgueil, notre réputation, notre honneur, notre intégrité physique ? Répondre à cette question peut aider à « se disculper, c’est-à-dire à reconnaître que sa responsabilité n’est pas engagée », précise la psychanalyste Nicole Fabre. Il s’agit alors de se détacher de son moi idéal, cette image fantasmée de nous-même et de sortir de la litanie « je suis impardonnable de ne pas avoir agi différemment ». Dans certains cas dramatiques – viol, inceste… –, se pardonner à soi-même peut se révéler indispensable pour continuer à vivre.
Comprendre celui qui nous a blessé
Haine et ressentiment peuvent aider à survivre à une agression, mais à long terme, ils nous détruisent. Pour en sortir, il est utile d’essayer de se mettre dans la peau du coupable. Cela donne du sens à l’acte qui nous a fait mal, et dans une certaine mesure, le rend « acceptable ». Comprendre les motivations du coupable ne vise surtout pas à l’excuser, mais à reconnaître ses faiblesses. Le philosophe Paul Ricœur appelait ainsi à « ne pas limiter un homme à ses actes, aussi monstrueux soient-ils ».
Prendre son temps
Pardonner, c’est tout sauf passer l’éponge. Un pardon accordé trop vite ne soulagera personne. Il est conseillé d’attendre qu’il s’impose, presque de lui-même, de « laisser passer le temps tout en étant actif dans le processus », explique Nicole Fabre. Un pardon accordé trop rapidement peut être perçu par le coupable comme une absolution. Pardonner sans cette attente serait un leurre pour la victime, qui éprouverait encore du ressentiment, même inconsciemment. Et le danger serait, une fois de plus, que cette illusion de pardon se retourne contre la personne blessée.
Redevenir acteur de sa vie
Comment savoir si nous avons vraiment pardonné ? Lorsque nous ne ressentons plus ni colère ni rancœur à l’encontre de celui qui nous a fait souffrir, « lorsque tout sentiment de culpabilité pour ce qui s’est passé a disparu », ajoute Gabrielle Rubin, on peut considérer que l’on a pardonné. Un autre signe indubitable que le pardon a été accordé est, selon Nicole Fabre, « le passage à l’acte, qui conduit au retour de la mobilité dans sa vie ». Le pardon est souvent un acte libérateur dans lequel la douleur se dissout et qui permet à l’offensé de redevenir acteur de sa vie, de ne plus subir, voire même de revenir plus fort. Pour Nicole Fabre, « pardonner, c’est s’agrandir, c’est laisser en soi la place pour accueillir l’autre. Le vrai chemin de la libération, c’est de franchir le pas qui permet d’aller au-delà du pardon ».
Comment pardonner à ceux qui nous ont déçus, trahis ou blessés ? Nous avons posé la question à Gabrielle Rubin et à Nicole Fabre, deux psychanalystes qui ont publié un ouvrage sur le sujet. Vade-mecum en sept temps.
Accordés sans douleur pour un mot ou un geste de trop, il y a les pardons ordinaires. Et puis il y a les pardons extraordinaires, ceux que nous avons tant de mal à concéder, après avoir été blessés au plus profond de nous-mêmes. Pardonner à un parent bourreau, à un agresseur ou au chauffard qui a renversé l’un de nos proches implique un cheminement intérieur long et exigeant, difficile à vouloir, dur à parcourir.
Acte de courage pour certains, aveu de faiblesse pour d’autres, qui lui préfèrent la vengeance, le pardon va rarement de soi. Pourtant, toutes les victimes qui ont pardonné s’accordent à dire que cette démarche les a libérées, qu’elle a même insufflé une nouvelle énergie dans leur vie. Car le pardon sert avant tout à se libérer soi-même. Qu’on le demande ou qu’on l’accorde, il est le fruit d’un vrai travail sur soi dont l’issue reste pourtant incertaine : on peut sincèrement souhaiter pardonner sans forcément y parvenir…
Le processus opère en partie à notre insu et, surtout, nous ne sommes pas tous égaux devant le pardon. Sa « réussite » dépend moins de l’outrage subi que de la façon dont nous l’avons vécu. Ainsi, deux enfants abandonnés n’auront pas le même destin. L’un pourra aborder la vie comme un combat, l’autre comme une lutte perdue d’avance… Ils auront peut-être pardonné à leurs parents, peut-être pas. Chaque histoire est singulière et il existe autant de pardons que de victimes. Malgré tout, nous avons tenté, avec Nicole Fabre et Gabrielle Rubin, deux psychanalystes qui se sont longuement penchées sur la question, d’identifier les grandes étapes qui jalonnent ce chemin.
Décider de ne plus souffrir
Si l’offense ne cesse pas, aucun processus de pardon ne peut s’enclencher. Mais comment y mettre un terme ? Face au coupable – un employeur misogyne, un ami qui a trahi sa parole… –, la victime peut perdre ses moyens, paralysée par sa souffrance.
La première étape consiste donc à décider de ne plus souffrir, à sortir de la violence subie. Quitte à prendre du champ et à mettre de la distance entre soi et le responsable de sa douleur.
Reconnaître que la faute existe
Le passé ne s’efface pas. Inutile de chercher à oublier l’offense. Ce mécanisme de défense enfouit la souffrance, la haine et la rancœur quelque part dans l’inconscient, où leur force destructrice continue d’opérer avec encore plus de violence. Reconnaître l’agresseur comme coupable d’une faute, c’est d’abord une nécessité pour soi, pour vivre.
Cela permet, précise la psychanalyste Gabrielle Rubin, de « retourner la culpabilité à l’agresseur et, ainsi, de renouer un lien avec soi-même ». Cela pourra aussi nous éviter de développer des maladies psychosomatiques, ou des conduites d’échecs professionnels et affectifs à répétition.
Exprimer sa colère
Pour pardonner, la victime doit en vouloir à son « bourreau », c’est-à-dire reconnaître sa propre souffrance et accepter qu’elle « sorte ». Agressivité et colère sont utiles dans un premier temps. Elles sont signe de bonne santé psychique, signe que la victime n’est pas dans le déni et ne porte pas la faute de l’agresseur sur elle.
Cesser de se sentir coupable
La plupart des victimes se sentent paradoxalement coupables de ce qui leur est arrivé. Tenter de savoir quelle part de nous-même a été blessée va permettre de relativiser ce sentiment et la souffrance qui l’accompagne. Est-ce notre orgueil, notre réputation, notre honneur, notre intégrité physique ? Répondre à cette question peut aider à « se disculper, c’est-à-dire à reconnaître que sa responsabilité n’est pas engagée », précise la psychanalyste Nicole Fabre. Il s’agit alors de se détacher de son moi idéal, cette image fantasmée de nous-même et de sortir de la litanie « je suis impardonnable de ne pas avoir agi différemment ». Dans certains cas dramatiques – viol, inceste… –, se pardonner à soi-même peut se révéler indispensable pour continuer à vivre.
Comprendre celui qui nous a blessé
Haine et ressentiment peuvent aider à survivre à une agression, mais à long terme, ils nous détruisent. Pour en sortir, il est utile d’essayer de se mettre dans la peau du coupable. Cela donne du sens à l’acte qui nous a fait mal, et dans une certaine mesure, le rend « acceptable ». Comprendre les motivations du coupable ne vise surtout pas à l’excuser, mais à reconnaître ses faiblesses. Le philosophe Paul Ricœur appelait ainsi à « ne pas limiter un homme à ses actes, aussi monstrueux soient-ils ».
Prendre son temps
Pardonner, c’est tout sauf passer l’éponge. Un pardon accordé trop vite ne soulagera personne. Il est conseillé d’attendre qu’il s’impose, presque de lui-même, de « laisser passer le temps tout en étant actif dans le processus », explique Nicole Fabre. Un pardon accordé trop rapidement peut être perçu par le coupable comme une absolution. Pardonner sans cette attente serait un leurre pour la victime, qui éprouverait encore du ressentiment, même inconsciemment. Et le danger serait, une fois de plus, que cette illusion de pardon se retourne contre la personne blessée.
Redevenir acteur de sa vie
Comment savoir si nous avons vraiment pardonné ? Lorsque nous ne ressentons plus ni colère ni rancœur à l’encontre de celui qui nous a fait souffrir, « lorsque tout sentiment de culpabilité pour ce qui s’est passé a disparu », ajoute Gabrielle Rubin, on peut considérer que l’on a pardonné. Un autre signe indubitable que le pardon a été accordé est, selon Nicole Fabre, « le passage à l’acte, qui conduit au retour de la mobilité dans sa vie ». Le pardon est souvent un acte libérateur dans lequel la douleur se dissout et qui permet à l’offensé de redevenir acteur de sa vie, de ne plus subir, voire même de revenir plus fort. Pour Nicole Fabre, « pardonner, c’est s’agrandir, c’est laisser en soi la place pour accueillir l’autre. Le vrai chemin de la libération, c’est de franchir le pas qui permet d’aller au-delà du pardon ».
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