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Message par Invité Jeu 3 Jan 2013 - 21:14

Le prix de la liberté
(Auteur : Nicolas Journet)


Le regard que portent les sociologues sur la condition faite à l'individu contemporain est rarement tendre. Au début des années 1980, ils dénoncent la vanité qui guette l'individu émancipé de tout lien. Dix ans plus tard, ils le peignent accablé par la crainte de l'échec et les fluctuations de son désir.

L'individu, pourrait-on dire, est un fait éternel mais une idée moderne. On attribue souvent aux philosophes grecs, stoïciens et épicuriens, le soin d'avoir, les premiers, réfléchi à l'importance de leur vie singulière, puis à la Renaissance d'avoir inventé des métiers autonomes : le banquier, l'artiste, le savant. Le modèle de l'individu libre et pourvu de droits naît, plus généralement, dans l'Angleterre du xviie siècle. Enfin, le romantisme accorda à chacun le droit de prendre soin de ses sentiments, humeurs et états intérieurs.

Plus concrètement, des historiens des mœurs comme Norbert Elias et Michel Foucault ont décrit le lent mouvement de « civilisation » pour l'un, de « discipline des esprits » pour l'autre, par lequel l'individu a trouvé, en même temps que des espaces de liberté, sa place dans les pratiques quotidiennes et la vie sociale.

Pour N. Elias, la liberté de l'individu ne put être acquise qu'au prix de l'intériorisation de certaines normes importantes de la vie sociale moderne (la pudeur, le renoncement à la violence, la courtoisie). Pour M. Foucault, le prix à payer est celui d'une mise en coupe des esprits telle que, désormais, ordre moral et ordre social doivent coïncider.

En effet, en dehors de quelques penseurs darwiniens, nulle école n'a pu soutenir vraiment l'idée que l'individu en société puisse être naturellement une sorte d'atome mû par les forces aveugles de l'égoïsme. Sa liberté devait, au pire, être une illusion, et au mieux, une incitation à utiliser sa raison pour prendre de bonnes décisions. L'autonomie, l'esprit d'entreprise et le sens des responsabilités sont apparus comme des qualités requises de l'homme moderne, mais aussi comme des charges de plus en plus lourdes pour le sujet confronté à lui-même. En 1983, Gilles Lipovetsky, sociologue français, publiait L'Ere du vide (Gallimard, 1983) Sous-titré « Essais sur l'individualisme contemporain », cet ouvrage se voulait un examen à la fois lucide et alarmiste de la condition de l'homme moderne.

S'appuyant sur des auteurs américains (Richard Sennett, Christopher Lash, Jim Hougan), il traçait un portrait inquiétant des évolutions sociales en cours aux Etats-Unis, prémonitoires pour l'Europe. La prospérité, la fin des illusions révolutionnaires et le libéralisme moral avaient, selon lui, amené l'individu contemporain à un degré de narcissisme profond. Pris entre l'absence d'idéal et l'attrait du plaisir, cet homme qualifié de postmoderne ne se soucie plus guère que de son bonheur privé. Mais, même là, la peur d'être déçu et le refus des contraintes excluent toute forme d'engagement durable. Evoquant une certaine renaissance des pratiques religieuses, G. Lipovetsky souligne à quel point elles diffèrent de ce que pouvait être une adhésion selon la tradition : « L'attraction du religieux, écrit-il, n'est pas d'un autre ordre que les engouements éphémères mais néanmoins puissants pour telle ou telle technique relationnelle, diététique ou sportive. » Même dans ces matières réputées sérieuses, il n'y a plus de continuité : tout est mode, changement, légèreté.

Est-ce un progrès ou une décadence, une forme d'émancipation ou le signe d'une décomposition ? Bien qu'il s'abstienne de tout jugement, la terminologie et la posture de G. Lipovetsky (tout comme celles de ses sources américaines) sont dépréciatives : sans en avoir l'air, elles annoncent un naufrage et de nouvelles illusions. Le naufrage est celui de l'individu devenu « narcissique », flottant, émotionnellement vide et donc guetté par la dépression et toutes sortes de troubles de la motivation. Les nouvelles illusions sont celles de la liberté : derrière le plaisir de consommer et l'aisance communicationnelle se cacherait, en fait, la main de fer d'une gestion technocratique des comportements tournée vers un idéal de « régulation totale et microscopique du social ». Le tableau brossé par G. Lipovetsky et ses sources américaines est donc négatif : il souligne avant tout les pertes (de sens) et les manques (d'idées, d'action et de plaisir réel), pour aboutir à l'idée d'une « ère du vide » psychique, et donc du désespoir.

L'expression aura un certain succès. Le texte de G. Lipovetsky était, et reste, exemplaire d'une préoccupation, venue des Etats-Unis, qui se trouve rejoindre des thèmes que, par ailleurs, des auteurs comme Louis Dumont et M. Foucault étaient en train de développer. Tout en restant à distance, G. Lipovetsky concentrait dans son texte l'ensemble des questions qui, par la suite, entretiendront l'interrogation sur les conséquences de la liberté et de réflexivité de l'homme moderne. Si l'on compare ce texte à celui que, presque la même année, M. Foucault consacre dans son Histoire de la sexualité (Gallimard, 1983) à la « culture de soi » chez les Anciens, on est frappé par l'écart d'appréciation dont le « moi privé » fait l'objet. M. Foucault, bien que critique d'une modernité répressive, n'adresse pas de condamnation au « souci de soi ». G. Lipovetsky, et beaucoup de ceux qui partageront sa posture, s'attaquent de front à la tyrannie de l'intime et à l'inconstance du désir.

Dix ans plus tard, Alain Ehrenberg, dans L'Individu incertain (Calmann-Lévy, 1995) , part du constat que le développement de l'autonomie individuelle est devenu, dans les sociétés libérales, une injonction collective : on ne peut pas ne pas être libre. Cette liberté a pour corrélat l'augmentation du poids de la responsabilité de chacun face à sa propre vie : « Dans une société de responsabilité de soi, chacun doit impérativement se trouver un projet et agir pour lui-même. » Faute de quoi, d'une part, il est mis à l'écart, et d'autre part, souffre de culpabilité et de sentiment d'échec. Cette exigence décisionnelle suscite également de nouveaux besoins, de nouveaux adjuvants nécessaires à l'accomplissement de ces tâches psychologiquement pesantes.

Le poids des décisions

C'est même dans ces moyens que A. Ehrenberg trouve matière à étayer son propos : il pose son regard, d'une part, sur le discours qui entoure la toxicomanie et, d'autre part, sur des émissions télévisuelles à fort contenu psychologisant (comme Bas les Masques, L'Amour en danger). La toxicomanie est, selon lui, le lieu où se trouve mise en jeu la notion même d'autonomie : le toxicomane est un coupable en même temps qu'un malade souffrant d'un « trouble de l'identité ». Plus la recherche de moyens efficaces pour les combattre (notamment les psychotropes licites) s'affirme, plus on est en droit de penser que ces troubles augmentent en importance dans la société contemporaine.

Quant aux plateaux télévisés où toutes sortes de problèmes intimes sont débattus en public et en direct, ils représentent, selon A. Ehrenberg, des « aides réparatrices à l'estime de soi ». Le succès de ces émissions témoigne de l'existence d'un déficit de cette sorte d'estime chez le spectateur français. « L'évolution des rapports à la télévision et aux psychotropes est caractéristique du développement massif de technologies identitaires et d'industries de l'estime de soi.» En conséquence, « un individu aujourd'hui, c'est de l'autonomie assistée de multiples manières ». Ce diagnostic est difficilement réfutable, parce qu'il relève du jugement esthétique. Mais pour mieux comprendre son enjeu, il faut peut-être le mettre en rapport avec les préalables sociologiques sur lesquels il s'appuie.

Première constatation : pour pouvoir parler ainsi, il faut admettre qu'il existe quelque part un vécu unique correspondant à celui de « l'individu contemporain », les différences entre les classes et les cultures étant secondaires.

Deuxième constat : les libertés se multiplient, les normes s'effacent, les hiérarchies s'affaiblissent. C'est la condition pour que le problème de l'autonomie individuelle et de l'importance du jugement personnel se pose.

Troisième constat : les valeurs sociales et religieuses reculent devant le principe de plaisir. Les décisions deviennent plus difficiles à prendre, puisqu'il y a matière à arbitrage.

Quatrième constat : la morale n'a pas cessé d'exister, sinon les sentiments de culpabilité ou d'échec n'auraient pas de raison d'être. Mais elle est du ressort de chacun. Cette dimension d'intériorisation des normes, maintes fois soutenue par N. Elias, est essentielle : sans intériorité, pas d'individu.

Certains de ces points, il faut le savoir, font l'objet de discussions. L'idée de vécu collectif est combattue par une partie au moins de la communauté des sociologues et des économistes, qui insistent sur les phénomènes de fracture sociale et de creusement des inégalités. Pour Robert Castel, par

exemple, le fléau de l'individu moderne n'est pas l'incertitude ou l'excès de liberté, mais la « désaffiliation », conséquence d'une rupture des liens qui nous unissent à la société à travers le travail, la famille, les institutions. Pour Vincent de Gaulejac, de même, l'individu affecté ne souffre pas tant de culpabilité que de honte, c'est-à-dire de ce sentiment procuré par le regard des autres. Sur le deuxième point, tout le monde s'accorde à reconnaître que, depuis la Seconde Guerre mondiale, d'importants changements sont intervenus : permissivité sexuelle, remise en cause de la famille et des liens contractuels du mariage et de la filiation, développement des droits de l'individu. Il y aurait ainsi, selon Irène Théry, un vaste mouvement de « désinstitutionnalisation » de la famille, qui laisserait la place à des formes de plus en plus « électives » de vie privée. Mais, comme l'écrit Sabine Chalvon-Demersay, « comment vivre dans un monde où toutes les relations seraient des relations choisies ? ». Certains impossibles subsistent, comme de choisir ses parents. Sur ce plan, l'apparition d'inquiétudes nouvelles est incontestable. Sur la question du recul des valeurs, on ne trouve de données significatives que sur la religion, prise entre deux tendances : la chute des pratiques traditionnelles (chrétiennes) et l'émergence de nouvelles adhésions (à des sectes, des groupes messianiques, des pensées orientales).

Tous les commentateurs insistent sur le fait que ces nouveaux engagements sont conditionnels et instables. Il n'empêche qu'ils sont souvent décrits comme des palliatifs à l'incertitude.

Sur le quatrième point, celui des conflits intérieurs, on ne dispose évidemment pas d'indicateurs directs du degré de fragilité de nos contemporains. Mais il en existe d'indirects. En 2000, A. Ehrenberg a publié un travail sur la dépression et son traitement chimique. Il y définit la dépression comme une maladie de la responsabilité qui « amorce sa réussite au moment où le modèle disciplinaire des gestions des conduites, les règles d'autorité et de conformité aux interdits, qui assignaient aux classes sociales comme aux deux sexes un destin, ont cédé devant des normes qui incitent chacun à l'initiative individuelle ». Depuis 1970, la dépression est, écrit-il, « le trouble mental le plus répandu dans le monde ». Est-ce une preuve ? Non, plutôt un ensemble d'indices convergents qui montreraient que la liberté a, elle aussi, ses pathologies spécifiques.

École, couple et travail en crise

Il est aussi intéressant de voir de quels genres de terrains les sociologues qui émettent de tels diagnostics tirent des observations qui nourrissent cette vision critique de la condition moderne.

Pour François de Singly, le périmètre est clair : c'est celui du couple. Dans son dernier ouvrage, Libres ensemble. L'individualisme dans la vie commune (Nathan, 2000), il analyse la contradiction de fond sur laquelle évolue le couple moderne : former de l'être-ensemble sans se renier soi-même. Dans la mesure où il n'existe plus de modèles standard et institutionnel permettant de fixer la juste mesure du renoncement à soi et du dévouement à l'autre, chaque couple est sommé de négocier son propre contrat à propos des horaires, des degrés de confidentialité, des tâches attribuées à l'un et à l'autre, des activités communes ou séparées, des lectures, du niveau de la musique dans l'appartement, et ainsi de suite. Les données étant souvent similaires, les résultats se ressemblent, mais on a là une image appliquée à une situation concrète des problèmes auxquels tout individu ou presque est confronté un jour. La fréquence des divorces et séparations tendrait à prouver que ce type de problème est moins anodin qu'il n'y paraît.

Chez François Dubet et Danilo Martuccelli (Dans quelle société vivons-nous ?, Seuil, 1998), le modèle de situation est celui de la scolarité et du choix des études. L'entrée à l'université, par exemple, est une illustration de la condition de l'individu contemporain « obligé d'être libre, souverain, et qui doit s'exposer, dépouillé de son rôle et de ses attributs sociaux ». En effet, nul n'est tenu d'aller à l'université, et même les calculs les plus stratégiques restent incertains : à la différence des grandes écoles, les universités ne promettent en général pas de carrière bien définie. Conclusion : « Les acteurs sont tenus de combiner des raisons d'étudier. » « L'université conduit les individus à se définir eux-mêmes parce qu'elle ne les mobilise pas et ne leur propose pas un cadre de socialisation. »

L'utilité des études est devenue « vague », la passion intellectuelle « limitée » et la routine « honteuse ». Par ailleurs, les universités diffèrent de moins en moins des entreprises qui, elles aussi, « ne cessent d'en appeler à la motivation et à l'engagement des acteurs » sans leur proposer de gains très significatifs. Plus généralement, la situation de jugement scolaire est, selon F. Dubet, illustrative de ce qu'est le jugement social aujourd'hui : il ne s'agit pas seulement de travailler, il faut réussir. L'inquiétude de l'échec, le mépris qu'il peut attirer sont, en quelque sorte, la rançon de la liberté des modernes.

Pour Claude Dubar (La Crise des identités, Puf, 2000), le problème de l'individu « en crise » se confond avec celui des changements de condition, volontaires ou involontaires, qu'il connaît au long de sa vie. Le modèle de l'« installation » et de la « carrière unique » n'est plus du tout valorisé. Plus qu'autrefois, on demande aujourd'hui à chacun d'accepter de changer de métier, de résidence, d'amis, de conjoint. Tout changement important oblige à une réflexion sur soi-même qui peut déboucher sur un repli ou, plus positivement, sur une « conversion identitaire ». Pour C. Dubar, sans aucun doute, il n'y a là aucun effet incontrôlé ou pervers : c'est à l'individu d'apprendre à changer. C'est le prix de sa liberté.

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Message par Invité Sam 5 Jan 2013 - 13:51

Alain Ehrenberg, La société du malaise

La problématique d'Alain Ehrenberg ressort du passage suivant (p. 19) qui aurait très bien pu servir de quatrième de couverture :

Au cours des années 1970 s'impose l'idée que l'homme public décline au profit de l'homme privé. En conséquence, la société se trouve envahie par le moi des individus et les liens sociaux perdent de leur force. Cette idée du déclin a trouvé un matériau électif dans une classe de pathologies mise en relief par les psychanalyses britannique et américaine à partir des années 1940 : les pathologies narcissiques et les états-limites. [...] Les psychanalystes considèrent que la plupart des patients d'aujourd'hui, en libéral comme en institution, en relèvent. À partir de cette classe de pathologies, deux sociologues américains, Richard Sennett, avec Les Tyrannies de l'intimité en 1974 et, surtout, Christopher Lasch avec Le Complexe de Narcisse en 1979 lancent l'idée que l'individu est devenu narcissique. La candidature de ce concept psychanalytique à son élection comme concept sociologique a depuis lors été accepté avec une belle unanimité : un large consensus moral et social sur l'individualisme s'est forgé pour affirmer qu'Œdipe a laissé sa place à Narcisse. Plus encore, la manière dont ces deux sociologues s'appuient sur la psychanalyse pour faire de la sociologie est devenue le grand modèle méthodologique pour parler des maux engendrés par les sociétés individualistes. En France, les partisans de cette thèse s'appuient sur les concepts de Jacques Lacan comme ceux d'ordre symbolique, désormais en crise, ou d'imago paternelle, aujourd'hui en déclin, mais c'est ce même modèle qui est à l'œuvre. Avec Narcisse, nous avons, d'une part, une vision politique et morale de l'individualisme et, d'autre part, une méthode pour combiner sociologie et psychanalyse. C'est cette vision et cette méthode que ce livre entend discuter.

À partir de là, le livre comprend deux parties : la première examine la façon dont ont été pensés les rapports entre « personnalité » et « société » aux États-Unis, la seconde la façon dont ces mêmes rapports ont été pensés en France. A. Ehrenberg entend ainsi explorer « deux versions du mythe de l'affaiblissement du lien social » (p. 24) en considérant ce mythe comme sociologiquement nécessaire dans l'état présent des sociétés américaine et française, bien qu'épistémologiquement erroné. Le mythe de l'affaiblissement du lien social autrement dit est pris lui-même comme fait social plutôt que comme explication fondée d'une mutation en cours.

Dans le chapitre 6 Ehrenberg constate l'existence en France d'une série de livres, écrits par des psychanalystes, qui s'engagent dans une clinique psychanalytique du lien social en s'appuyant sur l'idiome lacanien, en même temps que dans une « critique des modes de vie contemporains » (p. 226).

Que disent ces auteurs ? Qu'il existe dans nos sociétés un processus de « désinstitutionnalisation » de la famille, accompagné d'un « déclin de l'identité du père » qui « ouvre la voie à l'envahissement de la figure maternelle » (p. 226) et à la persistance de la « toute-puissance infantile » (p. 227). Du coup le sujet n'entrerait pas dans le symbolique et ne pourrait « aller plus loin dans le chemin de la subjectivation » (p. 227). Le déclin de l'identité paternelle n'est bien sûr pas celui du père réel (le géniteur), mais celui de sa « place symbolique, celle qui fonde l'autorité. Le père, ou plutôt le nom-du-père, ou encore le signifiant phallique, ne rempli[rait] plus sa fonction normative. C'est sur ce défaut social que fleuri[raient] les nouvelles pathologies » (p. 228). Tout cela caractériserait « le lien social affaibli de la société libérale, néolibérale, post-, hyper- ou ultramoderne » (p. 228 -- tous ces termes étant à peu près interchangeables chez les auteurs considérés). Bref, et c'est très clair chez Melman, la nouvelle économie libérale se traduirait par l'émergence d'une « nouvelle économie psychique ». Les évolutions économiques et sociétales auraient eu comme résultat la production d'une « mutation anthropologique » et de nouvelles pathologies, inexistantes du temps de Freud. Je cite Ehrenberg :

La nouvelle situation psychopathologique se résume[rait] par les traits suivants : érosion des différences entre névroses, psychoses, perversions, donc recul des indications classiques de la cure, au profit des troubles archaïques, préœdipiens mettant en jeu la relation mère-enfant. Ce tableau parfaitement classique des pathologies narcissiques et limites trouve un nouveau statut, celui d'un malaise dans la civilisation produit par le double libéralisme qui promeut l'hédonisme des mœurs et la concurrence généralisée : c'est un malaise dans la subjectivation. Toute cette rhétorique se ramène à une proposition : les personnalités sont aujourd'hui plus désorganisées à cause d'une accélération de la dynamique d'individualisation qui n'est plus tempérée ni par la coercition sociale qui tenait les individus ni par le conflit qui les structurait (p. 235).

À partir de là, Ehrenberg se livre à ce qu'il faut bien appeler une critique en règle de cette littérature auquel il reproche l'absence totale d'analyses réelles de cas cliniques (les auteurs se contentent de quelques vignettes ou allusions à de simples fins d'illustration du discours), de même que l'absence totale de description du contexte social.

Mais c'est qu'il ne s'agit pas tant de décrire le monde que de l'interpréter : nous n'apprenons pas quelque chose en lisant ces textes, et ils ne sont pas écrits pour nous informer, mais pour nous affecter en rappelant les valeurs de l'interdépendance sociale. C'est pourquoi le passé y apparaît comme un idéal, celui de l'équilibre entre la liberté individuelle et l'appartenance commune. La psychanalyse du lien social ne nous apporte pas une information sur l'état du monde, elle cherche plutôt à mobiliser le lecteur en se servant de représentations collectives disponibles pour souligner la profonde dépendance des individus les uns vis-à-vis des autres. (p. 238).

Mais Ehrenberg va plus loin en montrant que « la grande référence de la thèse de la mutation anthropologique est la philosophie de l'individualisme de Marcel Gauchet » (p. 239). C'est cette philosophie, soutenant par exemple que la famille a cessé d'être une institution pour devenir « une affaire privée -- le contraire d'une affaire publique », dans le cadre d'une « révolution anthropologique »2 , qu'il entreprend alors de discuter, pour lui reprocher in fine de faire de la socialité une « affaire de conscience, puisque chacun doit consentir, dans on ne sait dans quelle cérémonie d'ailleurs, à l'antériorité du social sur l'être humain individuel » (p. 243), tout en restant prisonnière de l'opposition aussi banale que classique entre individu et société.

Ehrenberg propose alors son propre dépassement de cette opposition en se basant sur l'institution du sens, telle que l'expose Vincent Descombes :

Le problème de la « société » est un problème d'ordre, mais non au sens des forces de l'ordre, de l'ordre bourgeois ou de l'ordre symbolique, non au sens donc d'une contrainte physique exercée sur les individus, mais d'une contrainte logique : c'est un problème d'ordre portant sur le sens, d'institution du sens, pour reprendre le titre très explicite d'un livre de Vincent Descombes : ce sont des significations sociales qui sont instituées et non des limites entre des individus. (p. 245).

Le sujet de l'institution est « un sujet logique » (p. 249). Il n'y a pas un collectif, « qui serait "social" », et un individuel, « qui serait psychologique », mais un « esprit commun » (p. 249).

[Car] les hommes naissent dans un monde qui est là avant eux, un monde de significations communes et impersonnelles qui guide leur action personnelle et singulière selon des règles qui leur permettent de la coordonner, que la société soit individualiste ou non (p. 249).

Et ces règles sont des « contraintes logiques », « des relations de significations, elles impliquent des conditions formelles de sens » (p. 249-250) :

Il ne peut y avoir de don ou de meurtre sans une règle de don ou de meurtre donnée avant, autrement dit sans une coutume concrète dans laquelle la règle est comprise par tout le monde, et même, évidemment, par ceux qui la transgressent (p. 250).

Mieux :

Dans une relation sociale, nous ne nous intéressons pas aux acteurs en tant qu'individus ressentant toutes sortes de choses ou en tant que sujets -- consciences consentantes --, mais en tant que personnes jouant un certain rôle. Or le concept de personne ne sépare pas l'individu et la société, pas plus qu'un intérieur subjectif et un extérieur objectif, il ne renvoie, directement du moins, à un individu empirique. Il désigne et décrit la possibilité d'occuper les trois positions personnelles de la personne verbale : pour pouvoir dire « je » parle, il faut être capable de se reconnaître selon les cas comme celui qui parle (je), celui auquel on parle (tu) et celui dont on parle (il)1, le monde, la chose ou la personne dont on parle et qui occupe donc, avec « il », la position de la non-personne (p. 251).

Je cesse ce développement pour me contenter de poser quelques questions, plus ou moins bien formulées :

1° - qu'est-ce qui nous donne cette « possibilité d’occuper les trois positions personnelles de la personne verbale » ? ne faut-il pas faire l'hypothèse d'une faculté mentale particulière ?

2° - parler de « personne verbale » ou, avec Vincent Descombes, de « sujet logique » de l'institution ne comporte-t-il pas un risque de demeurer dans une philosophie ou une anthropologique logocentrique (d'autres diront « cognocentrée ») ?

3° - un changement ou une différence dans les « représentations sociales » de l'« individu », du « sujet » ou de la « personne » peut-il entraîner un changement dans le processus (implicite) de structuration ou de formalisation de ces relations elles-mêmes (ainsi que dans ses pathologies) ? Le social (mais de quoi s'agit-il ?) n'est sans doute pas fait que de « représentations ». Ce n'est donc pas parce que ces représentations changent (d'une époque à l'autre) ou diffèrent (d'un peuple ou d'une « culture » à l'autre) que la nature des relations elles-même change (à rapprocher de la thèse, défendue notamment par Irène Théry -- déjà ici --, selon laquelle ce n'est pas parce que les Occidentaux -- lesquels d'ailleurs ? -- d'aujourd'hui se pensent désormais comme des « individus » engagés dans des relations « intersubjectives » que le processus d'institution cesse d'œuvrer pour structurer les relations sociales.)

4° - etc. (la liste de questions n'est sans doute pas close)

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Message par Deviens Sam 5 Jan 2013 - 16:07

J'aime quand Philippe FABRY dit que l'inconnu est constitutif de la personne.
Et sur un autre plan, je note ceci aussi, car je le constate parfois autour de moi, et donc je suis amené à me (re)demander en quoi je suis aussi dans la même tromperie;

" Alors que la méfiance, forçant au contrôle permanent et terriblement coûteux, est devenue une preuve de bêtise, la confiance résultant de mon intelligence, de ma capacité à créer du lien, est devenue un égoïsme, une économie de mon rapport au monde. Elle résulte de mes intérêts, de l’effort que je fais pour maintenir le plus longtemps possible les liens qui me mettent en valeur. Mes amis, mes savoirs, ma culture, mes propriétés. Moi, moi, moi répliqué le plus possible dans une multitude d’êtres dans lesquels je place mes liens, mes intérêts, ma confiance ; moi, petit capital d’intérêts qui m’assure que je suis bien là, qui garantit mon « bien-être ». Confiance qui, grâce aux ruses de la morale, pourrait presque faire croire que je suis un « être bien ". "
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Message par Invité Sam 5 Jan 2013 - 16:11

Oui ... je me pose exactement la même question. C'est ainsi que j'ai choisi d'ouvrir ce fil, car j'admets pleinement être influencé par l'extérieur, parfois même à en devenir près du rôle d'un caméléon.

Une prise de conscience. Non douloureuse, plus factuelle. "Emancipative" dirais-je presque ...



Dernière édition par Qilin le Sam 5 Jan 2013 - 17:55, édité 1 fois

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Message par Invité Sam 5 Jan 2013 - 16:13

Merci de ta visite Deviens.

J'espère que ce fil deviendra par l'aide de tous un endroit où se poseront des articles aidant à mieux comprendre les fonctionnements des êtres dans leur écosystème.

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Message par Deviens Sam 5 Jan 2013 - 16:43

Des êtres dans un écosystème.
L'écosystème des êtres.
J'adhère, bien sûr.
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Message par Invité Lun 7 Jan 2013 - 20:12

La répétition des scénarios de vie. Demain est une autre histoire. (Jean Cottraux, Ed Odile Jacob, 2003)

L’ouvrage traite des événements de vie qui se répètent, et plus précisément de ceux qui abîment de façon récurrente les sujets qui les vivent. Pour Cottraux, la vie peut être assimilée au dénouement d’un film dans lequel le sujet prendrait le rôle d’acteur. Pour une partie, le scénario de chacun est écrit. Pour une autre, en revanche, il existe une certaine méconnaissance, parfois même une fuite pour lire les situations traumatiques qui se
perpétuent. Pourquoi recommence t-on toujours les mêmes erreurs ? Qu’est-ce qui nous incite à reproduire des réponses qui finalement nous conduisent à l’échec. D’une certaine manière, pourquoi le sujet est-il enfermé dans un itinéraire, alors qu’il éprouve un sentiment de malêtre.
La définition du scénario de vie, titre de l’ouvrage, peut-être celle d’une situation piège dans laquelle on se débat s’en pouvoir s’en sortir et qui se répète.

L’auteur y présente différentes vignettes, traitant de situations diverses. Il montre que certaines histoires se renouvellent avec un contenu similaire, celui d’une souffrance, d’un trouble intérieur qui se laisse mal définir. Ainsi, certaines femmes rencontrent toujours le même type d’homme, avec qui elles vivent des relations douloureuses. « Mon histoire est digne de dynastie ». D’autres en revanche, toujours inscrits dans des réussites ne parviennent
pas à se remettre d’un échec, parce que cette dimension cachée du pôle d’infériorité apparaît trop soudainement. Ces répétitions des mêmes comportements font naître progressivement des scénarios de vie. Leur contenu est traumatique.

Pour interroger cette notion, J.Cottraux fait un détour sur l’inconscient. Ceci est important, parce qu’effectivement le sujet n’a connaissance que des aboutissements du rôle qu’il joue continuellement. Chacun met en oeuvre, des pensées et des émotions qui lui échappent. Contrairement à ce que nous pensons intuitivement, tout n’est pas conscient. L’auteur rappelle ici que le fonctionnement de l’inconscient est utile parce qu’il nous permet de vivre dans le présent, parce qu’il nous protège momentanément. Enraciné dans une approche cognitive, il se distancie des conceptions psychanalytiques et présente l’inconscient comme un processus automatique, immergé, qui serait fait de schémas cognitifs (des modes de lecture) stockés en mémoire à long terme. Ces schémas, dans le cadre du livre sont dysfonctionnels, parce qu’ils tordent la réalité. Ils ont été appris dans des traumatismes, par l’éducation, renforcé dans les relations sociales.

Trois types d’inconscient sont présentés : Un inconscient biologique ou cérébral, un inconscient environnemental qui correspond aux influences extérieures, un inconscient cognitif. C’est ce dernier, qui en s’articulant aux deux autres produit les scénarios de vie. En effet, « l’environnement social peut à petits pas et petits bruits, induire des changements subtils de personnalité qui vont enfermer les sujets dans un scénario de vie.» Celui-ci n’en prendra pas connaissance. Au quotidien, tout ce qui s’oppose au schéma est rejeté.

Psychiatre, ancien président de l’Association européenne de thérapie comportementale et cognitive, la dernière partie de l’ouvrage appréhende les problématiques de soin. Une partie du travail en thérapie cognitive, dans ce contexte, est de rendre le scénario objectif, puis de le déconstruire. L’enjeu est considérable puisqu’il s’agit alors de toucher au sujet, de le changer, en partie. Cette tâche, on s’en doute est immense, profondément délicate. L’auteur appréhende cette réalité, celle qui concerne tous les psychologues. « Changer, c’est mourir un peu, c’est renoncer à une partie de soi. Changer, c’est partir sur une terre étrangère. Le tout est de savoir si l’immigration vaut le changement. »

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Message par Invité Mar 8 Jan 2013 - 17:48

Merci Qilin pour ces partages de lecture, plus intéressants les uns que les autres.
Je vais moi aussi suivre ce fil avec grand intérêt et pourquoi pas tenter d'y contribuer.

Au plaisir de te lire.

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Message par Invité Mar 8 Jan 2013 - 17:50

Merci à toi Smile

De ta visite, de tes commentaires, de ce que tu y déposes et déposeras.

A très bientôt.

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Message par Invité Mar 8 Jan 2013 - 18:37

Sociologie de l'amour : L'amour ne doit rien au hasard (chapitre 5)

http://www.editions-eyrolles.com/Chapitres/9782212538380/Chap5_Lamy.pdf

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Message par Invité Mar 8 Jan 2013 - 18:41

Sociologie de l'amour : Pourquoi les hommes ne comprennent rien aux femmes … et réciproquement (chapitre un)

http://www.editions-eyrolles.com/Chapitres/9782212540673/Chap1_Lamy.pdf

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Message par Invité Mar 8 Jan 2013 - 18:43

Sociologie de l'amour : Les relations perverses (chapitre un)

http://www.editions-eyrolles.com/Chapitres/9782212554557/Chap-1_Cziffra.pdf

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Message par Invité Mar 8 Jan 2013 - 18:44

Psychologie : Le syndrome du sauveur (introduction)

http://www.editions-eyrolles.com/Chapitres/9782212552324/Intro_Lamia.pdf


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Message par Invité Mar 8 Jan 2013 - 18:45

Psychologie : Que dit votre colère ? (chapitre un)

http://www.editions-eyrolles.com/Livre/9782212553475/que-dit-votre-colere

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Message par Invité Ven 11 Jan 2013 - 0:05

Je remet dans le message suivant ce que j'ai posté sur mon fil, pour ceux que ça intéresse Smile

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Message par Invité Ven 11 Jan 2013 - 0:06

CESSEZ D’ÊTRE GENTIL, SOYEZ VRAI !
Être avec les autres en restant soi-même

(Auteur : Thomas d'Ansembourg)


Thomas d'Ansembourg, auteur de l'ouvrage, psychothérapeute, formateur en communication consciente et non violente, formé à différentes approches psychothérapeutiques, particulièrement à la méthode du Dr Marshall Rosenberg.

Thomas d'Ansembourg a avoué que la rencontre avec la communication consciente et non violente a provoqué chez lui un changement de vie. Sans cela, il serait aujourd'hui encore ce qu'il était jusqu'à l'âge de 35 ans, selon ses termes :
- un pauvre juriste qui s'emmerde ;
- un pauvre célibataire coincé dans un célibat défensif ;
- quelqu'un qui vit une vie qui n'est pas la sienne, qui vit à côté de sa vie…

C'est la gentillesse de façade qui est visée, pas la bonté foncière qui s'exerce gratuitement par un don désintéressé. Nous n'échappons pas à la gentillesse de façade. Nous disons « tout va bien » quand « cela ne va pas » ; nous disons à des relations : « Oui, nous reviendrons avec plaisir » alors que nous pensons : « Plus jamais de barbecue chez eux ! » Nous sommes poussés à dire des choses socialement admissibles qui nous trahissent et nous nous prostituons en quelque sorte.

Issu d'une famille aimante et catho de 5 enfants où tous vivaient dans une grande maison, grands-parents compris, Thomas d'Ansembourg a toujours été sensible aux conflits, aux tensions, aux non-dits, aux attitudes de façade. Pourquoi sommes-nous si mal à l'aise pour nous dire les choses ? Plutôt que par des mots, les conflits se manifestent par des attitudes : bouder, faire la gueule, claquer les portes, etc. On ne trouve pas les mots ; pauvreté du vocabulaire relationnel. D'ailleurs, c'est pour cela que, par la suite, il est devenu avocat : pour résoudre les conflits, mais des conflits déjà éclatés, fruits de malentendus provenant d'un mal exprimé ET d'un mal écouté. Il s'agit de la personne qui a des besoins mais qui ne parvient pas à les clarifier ni à les exprimer dans une demande claire ET la personne qui entend les plaintes, les critiques, les jugements et qui contre-attaque.


Exprimer clairement ET entendre clairement pour ne pas susciter de malentendus

Pour cela, il est nécessaire d'apprendre à écouter ce qu'on ressent. Prendre des heures pour apprendre à écouter, pour apprendre à être avec les autres et pas seulement trouver des solutions et donner des conseils

D'Ansembourg a travaillé dans une association (Flics et Voyous) s'occupant de gamins de la rue, de jeunes délinquants. Il a constaté qu'il y a une violence externalisée (frapper, détruire, voler, tuer, agresser, enfreindre, etc.) et une violence intériorisée (automutilation, se piquer, se droguer, se prostituer, etc.). Pendant ce travail, il s'est rendu compte que la violence provient :
- du manque de conscience de ce que je ressens ;
- du manque de vocabulaire pour exprimer mes sentiments et mes besoins.

Comment parvient-on à dire ce qu'on ressent (au moins à soi-même, ce qui serait un début…) ? Si on n'y parvient pas, on « tutoie (le « Tu » qui tue… : tu es comme ci, tu es comme ça : juger, critiquer, commenter le comportement de l'autre) plutôt que de dire JE, la vérité de ce qui se passe en moi. Thomas d'Ansembourg s'est rendu compte, qu'à cet égard, bien qu'étant avocat, il n'était pas plus outillé que les gamins de la rue qui s'expriment par la violence. Il a donc commencé une thérapie.

La thérapie consiste à travailler la conscience de soi ; couper les ficelles intérieures qui nous manipulent et font de nous une marionnette dont nous n'avons pas le contrôle ; se libérer des pièges que nous ne voyons pas car ils sont chevillés à nos habitudes de fonctionnement. Cela lui a permis de voir au-delà du vernis et de prendre conscience :

- qu'il était dans un enfermement, tant vis-à-vis de lui-même que vis-à-vis des autres ;
- qu'il était prisonnier d'un certain nombre de pièges ;
- qu'il avait une peur viscérale de l'engagement sentimental et que, chaque fois, il disait : « TU ne me conviens pas », plutôt que de se dire « j'ai peur » et de chercher pourquoi.

Une certaine éducation, malgré une bonne éducation, nous amène à des mécanismes de violence.


Les conditionnements de l'amour conditionnel

Les parents ont fait ce qu'ils pouvaient avec ce qu'ils avaient, ce qu'ils étaient et ce qu'ils avaient reçu. Il ne s'agit pas de faire un procès, il s'agit de prendre conscience de soi-même et de comprendre l'enclenchement du piège. Par où c'est venu que je suis coincé là-dedans ? Par où c'est venu que ma relation avec moi-même, avec les autres, avec la vie, n'est pas ce qu'elle devrait être ?

Quand on était petit, on nous a dit et on a ENTENDU : tu serais gentil d'aller ranger ta chambre ; tu serais gentil de bien travailler à l'école ; tu serais gentil de jeter un œil sur ton petit frère pendant que je sors faire une course, etc.

MAIS on capté et encodé autre chose… On n'a pas encodé « tu serais gentil de », MAIS « je t'aime si » tu ranges ta chambre, etc.

JE T'AIME SI = amour conditionnel. Acheter l'amour, l'intégration, l'appartenance par un comportement adéquat.

On a capté et encodé que l'amour, l'intégration, l'appartenance sont à acheter par un comportement adéquat. Je suis aimé pour ce que je FAIS et non pour ce que je SUIS.


Premier piège : on a davantage appris à FAIRE qu'à ETRE

On a tous en commun les besoins de survivre, de partager, de donner aux autres, de contribuer au bien commun, etc. Mais certaines fois, on devrait s'arrêter et se poser la question : « Pourquoi est-ce que j'en fais tant ? Pourquoi suis-je toujours la bonne poire de tous ? » :
- j'aime donner et aider, certes, MAIS ;
- j'attends surtout de recevoir de la reconnaissance, des gratifications ;
- je quête l'amour des autres : aimez-moi ! Aimez-moi !

Les personnes qui exercent dans le social et le caritatif sont particulièrement victimes de l'activisme : en raison de l'abondance et de l'urgence des besoins, elles risquent souvent l'épuisement, le burn-out (« carbonisation psychologique »), la dépression.

Je donne, je me dépense car j'ai du mal à m'aimer moi-même si je ne suis pas dans le FAIRE. Si je ne suis pas dans le FAIRE et dans l'ACTION, je me juge sévèrement et j'ai du mal à m'aimer moi-même. J'ai du mal à ETRE, alors que c'est ce que nous quêtons véritablement tout au long de notre existence.

Le parent qui ne prend pas de temps pour lui-même explose sur le conjoint ou sur les enfants. Se donner le temps de respirer, oser être vrai, dire qu'on a besoin de prendre 1H pour soi tout seul et qu'après on sera disponible. Se centrer plutôt que d'être dispersé et énervé. Être à l'écoute de soi pour pouvoir être à l'écoute de l'autre, cela s'apprend. Des ados viennent me voir en consultation : « Je viens vous voir parce que je n'arrive pas à dire à mon père de m'écouter. Il s'assied pour m'écouter, mais au bout de 5 minutes que je lui parle, il se lève et se rue sur le téléphone en disant : je vais appeler Untel qui va t'aider à résoudre ce problème ». Le papa a appris à être gentil… Quand il y a un problème, il a été programmé pour résoudre le problème. Il n'a pas appris à fréquenter un problème, la souffrance d'un proche, à être là et à écouter. Il se dépêche de vouloir résoudre, c'est plus sécurisant pour lui de répondre par le FAIRE que de répondre par l’Être.

Apprendre à s'écouter, apprendre à être dans l’Être. Côtoyer ses propres fragilités ce qui permet de mieux écouter et de mieux comprendre les fragilités des autres. On a du mal à simplement être AVEC. On sait donner des conseils, encourager à l'action, critiquer : on est piégé dans le FAIRE.

Dans nos agendas, y a-t-il des moments quotidiens pour s'arrêter, respirer, contempler, ne rien faire, bénir, se laisser bénir ? Comme il y a de moins en moins de VIE dans les choses à FAIRE, on en fait de plus en plus. La vie devient une course, surtout pour les parents. Tout le long du jour, on ne va pas de choses choisies en choses choisies. Le soir, quand on se couche à 23H passées, c'est souvent en s'affalant et disant : « Plus, je ne peux pas ! J'ai mérité largement de dormir enfin ! »

Souvent, nous cherchons notre propre approbation : je m'aime épuisé et à bout ; mais je ne m'aime pas détendu et joyeux… Je dois faire des choses pour être aimé. Et pourtant c'est le contraire de mon désir profond selon lequel je veux pouvoir sentir que je m'aime malgré tout, même imparfait ; sinon, comment aimer l'autre imparfait ?


Deuxième piège : le risque de ne pas mettre l'estime de soi en soi, mais dans le regard de l'autre

Le regard de l'autre me tient à sa merci. Je m'adapte, je me sur-adapte à des attentes supposées de l'autre. On finit par vivre dans un leurre, car on a du mal à vivre une saine estime envers soi-même. Quand nous nous sur-adaptons aux autres, les autres zappent, et c'est nous qui changeons d'écran… Chercher à plaire et éviter de déplaire, cela bouffe beaucoup d'énergie. On est toujours en adaptation à la supposée attente de l'autre, plutôt que d'être en attente de soi et de se connaître. Connaître nos vrais talents qui vont pouvoir contribuer à tous.

On pense être un gagnant, mais on voit bien qu'on est coincé, qu'on a du mal à s'ouvrir… Voici quelques signes d'une estime de soi défaillante :
- la personne qui prend toute la place ;
- le timide qu'il faut toujours aller extraire de sa tanière et de son coin ;
- la personne qui se vante toujours ;
- la personne qui se plaint toujours, etc.

C'est fatiguant pour l'entourage… Il s'agit d'acquérir une juste estime de soi, pas un ego hypertrophié. Sinon, je passe mon temps à quêter sans cesse à mon entourage des éléments d'estime de moi-même.


Troisième piège : Peur de la différence ; peur d'être différent

Il est nous est difficile de faire bon accueil à la différence, même à celle de notre conjoint, celle de nos ados, celle d'autres membres de la famille, celle de collègues de travail, etc. Notre seuil de tolérance à la différence est vite atteint. La peur de la différence mène à des rapports de pouvoir / soumission.

On a des difficultés à faire bon accueil à la différence, car on a encodé : « si je m'autorise ma différence, on ne m'aimera pas ». Si je laisse libre cours à la joie, à la créativité, à la fantaisie qui sont le propre de l'enfance, on finira par me dire (les frères et sœurs, l'institutrice, etc.) : « tu es un peu trop comme ceci ; tu n'es pas assez comme cela ; etc. »

Nous avons encodé une pensée binaire : « Oublie-toi toi-même pour pouvoir t'intégrer ». Le désir d'appartenir au groupe, le désir d'intégration est tel, qu'on perd son originalité pour avoir une place ; du coup, notre tolérance à l'originalité de l'autre est vite atteinte. On va lui demander de la taire ou bien de s'en aller… Il est nécessaire d'accueillir nos talents propres, notre propre originalité, pour pouvoir accueillir la différence des autres. Faites l'essai de parvenir à vous taire devant des positions différentes d'un autre et de l'écouter 5 mn montre en main sans immédiatement le relayer en disant « OUI MAIS… » Nous sommes profondément insécurisés. On a amalgamé DESACCORD et DESAMOUR. Si je suis différent, je crains de ne pas être aimé, de ne pas être accueilli. On peut cohabiter avec un être cher même si on est en désaccord : au moins, nous sommes d'accord sur le fait que nous ne sommes pas d'accord, et c'est déjà un point commun !

Du coup, nous évitons les conflits qui finissent par pourrir et fermenter jusqu'à l'explosion, faute de savoir en prendre conscience, de les exprimer, d'avoir le vocabulaire adéquat pour le faire. Vouloir éviter un conflit consiste à vouloir enfermer un camembert qui pue dans un placard pour s'isoler momentanément de sa pestilence. Mais à partir d'un moment, il finira par empester toute la maison, et il sera impossible d'échapper à son odeur… Les rapports vrais ne sont ni faciles ni confortables mais ils sont indispensables. Dire simplement : « Je me sens triste et préoccupé et j'aimerais qu'on prenne un moment pour se parler parce que je tiens à toi ». Les relations vraies finissent par sonner juste. On n'est plus dans la mascarade et c'est très sécurisant. Les deux clefs pour désamorcer les conflits sont :
- une saine estime de soi ;
- respect de l'autre dans son altérité / c'est-à-dire respect de soi-même dans son originalité propre…

Vouloir faire comme tout le monde pour « appartenir », pour « s'intégrer », ça n'ajoute rien au monde ni à notre entourage. Etre soi-même pour donner de soi-même, telle est la véritable contribution.


Quatrième piège : Difficulté à dire NON à temps

On a encodé comme une marque de désamour le fait qu'on nous dise NON. Si je dis NON à l'autre, il va comprendre : je ne t'aime pas. Donc, on dit OUI pour être gentil, pour acheter l'amour afin d'en recevoir. Si on dit OUI à répétition à des demandes réitérées, on finira par dire à l'autre : « TU m'as envahi ! », alors que c'est moi qui ne suis pas parvenu à baliser mon territoire… « TU es la goutte qui fait déborder MON vase ! » Or, c'est à moi d'être responsable de mon vase : je suis responsable d'aller m'asseoir de temps en temps sur la chaise de mon intériorité pour m'écouter moi-même, ce que je ressens, mes besoins, etc.

Apprendre à dire NON à temps, mais également à la bonne personne : en général, on va se plaindre à la mauvaise personne… Que d'énergie consumée en plaintes, récriminations plutôt que d'être en synergie, en coopération avec les autres.

Chaque fois que nous disons NON à une chose, c'est parce que nous disons OUI à autre chose. Donc, dire d'abord OUI (= écouter, accueillir la demande de l'autre) mais dire NON parce qu'on a un besoin plus urgent (de solitude, d'intimité avec le conjoint, etc.). Pratiquer à la fois l'écoute de soi + l'écoute de l'autre, pour ne pas parvenir à une opposition entre deux NON, source de conflit et de jugements mutuels.

Chercher à comprendre à quoi l'autre dit OUI quand il me dit NON. Décoder le NON de l'autre. La fillette ne veut pas aller se coucher parce qu'elle veut encore jouer… Ici, être vrai consiste à accompagner ce qui est vivant dans l'autre, tout en accompagnant ce qui est vivant en moi, sans démissionner de ce qui est vivant en moi (je suis crevé et je veux aller dormir pour être détendu et disponible demain).


Cinquième piège : Difficulté à discerner et à accueillir ses émotions

Est-ce que je suis à l'aise avec la tristesse ? ma tristesse ? Est-ce que je suis à l'aise avec la colère ? ma colère ? Tenter de contacter notre énergie vitale, lâcher ce qui nous encombre, car 90 % des colères qui partent en direction des autres, si on prend le temps de les comprendre, de les travailler, nous changent et nous font grandir. Comment utiliser ma colère pour me renseigner sur moi-même ? Commencer à exister par moi-même. Clarté précision, discernement. Sortir des rapports pouvoir / soumission. Etre dans des rapports de synergie et de coopération.

Nous sommes coupés en quatre morceaux :
1. tête : le mental, l'intelligence intellectuelle, cérébrale. Notre tête a été sur-formée à étiqueter, analyser, raisonner, catégoriser, etc. ;
2. le thorax (cœur, respiration) : l'intelligence spirituelle, émotionnelle, intuitive, les sentiments ;
3. l'abdomen (les tripes) : les besoins ;
4. les jambes : la demande claire adressée à l'autre et conforme à nos besoins.

Nous sommes souvent coupés de nos sentiments, de nos émotions, que nous avons du mal à identifier, à cerner. Les sentiments permettent de connaître nos besoins, de savoir ce qu'on a dans les tripes. Ces coupures, ces enfermements, ces manques de circulation de l'info en nous, proviennent du fait que nous avons été encodés. Il nous fallait devenir un gentil enfant sage et raisonnable. Quand un enfant se met en colère, on lui demande d'aller s'isoler un instant et d'aller réfléchir sur sa colère. Or, comme personne ne lui a enseigné à traiter sa colère, à discerner les besoins vivants sous-jacents à la colère, il renonce à sa colère, pour demeurer intégré à sa famille, pour ne pas rompre avec l'appartenance nécessaire à sa survie biologique :
- coupe-toi de tes sentiments, de tes émotions, ça dérange. Deviens intelligent au lieu de te mettre en colère, au lieu d'être triste, au lieu d'être joyeux, etc. ;
- ne fais pas ce que tu penses être bon, mais écoute les autres et fie-toi à leur jugement : c'est cela qui est nécessaire pour t'intégrer. Adapte-toi.

Afin de rectifier le tir, visiter notre cœur quand il souffre plutôt que d'attendre et demander des consolations. Prendre le temps de descendre dans notre souffrance pour en explorer les causes. Apprendre à décoder nos émotions comme une clef qui nous permet de connaître nos besoins. En nous coupant de nos sentiments, on vit à côté de notre vie, de la vie qui aurait pu être la nôtre.

Faire bon usage de ses émotions et exprimer des demandes claires. Les jambes symbolisent l'action, la demande claire que nous ne savons pas exprimer la plupart du temps. La mère de famille appelle ses enfants à la cantonade : « J'ai besoin d'aide ! ». Elle exprime un besoin, pas une demande. Une demande claire serait : Est-ce que toi tu pourrais faire ceci (mettre le couvert) pendant que ton frère fait cela (laver la salade). Si je dis « j'ai besoin de te parler », ce n'est pas une demande claire. Par contre, « j'ai besoin de te parler pendant 10 minutes avant le dîner », est une demande claire. La demande est claire : elle ne demande pas quelqu'un qui soit gentil, mais quelqu'un à qui elle puisse parler pendant 10 minutes.


Comment cela se passe avec l'autre ?

Comme moi, l'autre est également coupé de ce qui se passe en lui. Cela se solde donc souvent par des tactiques guerrières, une guerre d'arguments : « J'ai raison parce que + arguments » auquel il est répondu « tu as tort + arguments ». On n'est pas dans l'écoute et la coopération.

Il existe un choix fondamental à faire dans la vie : être heureux OU BIEN avoir raison… Vouloir avoir raison à tout prix est le reflet de notre insécurité intérieure face à la différence.

A un moment, on ne sait plus quelle langue parler à l'autre, tant la déconnexion se creuse entre les personnes. Nous demeurons en façade avec ce que l'autre a dit et le ton qu'il a employé. On n'a pas écouté le sentiment (tristesse) ni le besoin de l'autre (j'ai besoin que tu penses à moi). Il est nécessaire d'aller voir derrière la façade plutôt que de riposter.

Pour cela, il est nécessaire d'entrer dans le terrain commun, dans ce qui nous rassemble. Nous avons tous besoin de partager avec les autres, de vivre ensemble dans une ambiance paisible et harmonieuse. Si nous communiquons au niveau des sentiments et des besoins, nous nous situons dans le domaine qui nous rassemble ; si nous communiquons au niveau du mental et des arguments, c'est un domaine qui nous divise. Ce n'est pas parce que j'écoute les sentiments et les besoins de l'autre que je démissionne de mes propres sentiments et besoins. Ce type d'attitude fait autorité. il ne s'agit pas d'une autorité SUR, mais d'une autorité AVEC.

Vigilance dans la relation : ne pas prendre pour argent comptant que les mots que nous employons sont une évidence pour l'autre et qu'il les reçoit comme nous les disons, en toute transparence, sans interférence, ni interprétation, ni filtre. Certaines fois, il est nécessaire de faire reformuler : Dis-moi ce que tu as compris de ce que je t'ai dit…

Ne pas être dupe d'une attitude. Apprendre à décoder les sentiments et besoins de l'autre, par-delà ses attitudes de façade. Une attitude d'enfermement (« je n'ai besoin de personne » d'un ado) peut signifier : je ne veux plus souffrir, je me protège, je me tais. Faire preuve d'empathie : « A la fois, j'ai envie de respecter son silence s'il est apaisé et heureux pour toi ; à moins que ton silence ne provienne de la tristesse ». Rejoindre le vivant en l'autre ; accompagner le vivant en l'autre avec une écoute active, en proposant des noms de sentiments, des noms de besoins, tout le vocabulaire qui fait défaut, pour qu'il puisse le saisir. Dans ce cas, l'empathie consiste à mettre ses propres sentiments entre parenthèse, momentanément, pour pallier l'urgence, pour écouter ce que fait tant souffrir l'autre.

Il est nécessaire de bien travailler la présence à soi-même pour pouvoir être présent aux autres. De même, la pacification intérieure intense permet d'instaurer des rapports pacifiants avec les autres.

Joël pique 15 mobylettes par jour, sur la Grand Place de Bruxelles, presque en face du commissariat, ce qui génère des courses-poursuites. Pourquoi Joël pique-t-il des mobylettes en si grand nombre alors qu'en fourguer 2 ou 3 par jour serait suffisant pour son argent de poche, sa dope, etc. Voler autant de mobylettes ne répond pas à un besoin vital et fondamental de l'être humain. Par contre, la prise de risque est une stratégie répondant au besoin de se sentir exister, de se sentir vivre. Je pique des mobylettes car la vie des adultes me paraît grise. J'ai besoin que la vie soit festive, vivante. Le besoin de Joël est recevable, le vivant en lui, se sentir exister physiquement, vie grisante, palpitante, rejoindre les copains, etc. même si la stratégie qu'il utilise est inappropriée. D'autres feront des sports à risques, des explorations à risques. Vivre des stimulations joyeuses dans l'appartenance, avec un fort sentiment de vivre : nous désirons tous cela.

De même qu'on enseigne aux enfants à lire, écrire et compter, ce serait bien de :
- leur enseigner à bien s'écouter eux-mêmes pour s'exprimer avec clarté ;
- leur enseigner à bien écouter l'autre et le laisser s'exprimer avec clarté ;
- leur enseigner à vivre selon le mode : « je ne t'impose pas mes besoins ; je ne me soumets pas aux tiens ».

Cela requiert un apprentissage quotidien… Apprendre à dire : « Je me sens… parce que j'aurais besoin de … ; est-ce que tu es d'accord pour … »

Apprendre à cohabiter avec nos talents et nos forces respectives, nos sentiments et nos besoins respectifs. S'intégrer sans démissionner de soi-même et sans prendre le pouvoir.

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Message par Invité Ven 11 Jan 2013 - 15:57

Qilin ....
Stupéfiant notre synchronicité, à l'heure où je t'écris j'ai à ma gauche sur le bureau de la bibliothèque "CESSEZ D’ÊTRE GENTIL, SOYEZ VRAI !" que je viens de choisir au feeling à la bibliothèque.

Je sais même pas quoi dire, mais je pense que cette coïncidence est un bon présage.

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Message par Invité Lun 14 Jan 2013 - 9:36

Il y a souvent bon présage dans la synchronicité Smile
Nous pourrons sans doute partager encore de belles découvertes ensemble, en comparer ce que nous en retenons et apporter à l'autre un regard différents et complémentaire

A bientôt Smile

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Message par Invité Lun 14 Jan 2013 - 17:29

Personne ne m'aime ! (article de Psychologies.com)

A les entendre, personne ne s’intéresse à eux. Epuisant pour leur entourage, leur insatiable besoin de reconnaissance les condamne effectivement à la solitude. Pourquoi s’enferment-ils ainsi dans ce rôle de victime ?


Pourquoi ?

Un collègue qui ne leur dit pas bonjour, un ami qui oublie leur anniversaire… Autant de situations auxquelles ils donnent une même explication : « Personne ne m’aime. » « Et c’est vrai ! commente Samuel Lepastier, psychanalyste et psychiatre. Ce constat correspond à la réalité d’une vie d’adulte. » Il existe en effet un écart immense entre l’aspiration de chacun à être aimé et ce que l’on reçoit comme amour. « Parce que cet amour que l’on désire, c’est celui auquel seul l’enfant peut aspirer : l’amour parfait et total de sa mère. »

Or, à l’âge adulte, même la plus grande passion amoureuse est une relation dans laquelle chacun donne et reçoit, alors que l’amour maternel est souvent un pur don.


Carence affective …

Chacun doit donc pouvoir vivre avec cette frustration qui prévaut dans les relations matures. Mais pourquoi certains en sont-ils incapables ? Maud Lehanne, psychothérapeute qui anime un café psycho à Paris, raconte que la phrase « personne ne m’aime ! » y est un leitmotiv.
Selon elle, cette plainte émane toujours « de personnes qui ont manqué d’amour étant enfants ou, du moins, qui ont le sentiment de ne pas avoir été assez aimées ». En effet, ajoute-t-elle, « si presque tous les parents aiment leurs enfants, beaucoup ne savent pas le leur montrer ou le leur dire ».


… Ou trop plein d’amour ?

« Mais un excès d’amour envers l’enfant provoque les mêmes effets, poursuit la psychothérapeute. Adulte, il réclamera auprès des autres ce qu’il a reçu au centuple, s’imaginant que tout le monde le lui doit. »
Effrayé par une telle exigence d’amour et forcé de constater qu’aucun de ses efforts pour la satisfaire n’est suffisant, l’autre finit, le plus souvent, par fuir. Et, bien entendu, cette réaction alimente le mal-être de l’éternel "incompris". Une fois de plus, celui-ci obtient la preuve que « personne ne l’aime » !


Une défaillance narcissique

C’est un cycle infernal dans la mesure où ces personnes sont incapables de se remettre en question : ce sont les autres qui sont en tort, qui ne font pas l’effort de s’intéresser à elles, qui ne savent pas les aimer à leur juste valeur. Samuel Lepastier explique : « Elles raisonnent selon un système de pensées qui consiste à tout interpréter par rapport à elles-mêmes. »

Ce mode de fonctionnement égocentrique cache toujours une profonde défaillance narcissique et une hypersensibilité. Etre aimé signifie en toutes circonstances : « Etre le plus aimé. » Dans ce cas, comme l’écrivait le psychanalyste Elie Humbert (in La Dimension d’aimer, Cahiers jungiens de psychanalyse, 1994), « ce n’est pas vrai que l’on cherche à être aimé. On cherche à être le préféré. »
Pour se protéger, ces personnes choisissent, et ce souvent inconsciemment, d’accuser les autres de ce qui leur arrive. Comme le précise Samuel Lepastier, « il est toujours plus facile de se dire : “Ce sont les autres qui ne sont pas aimants”, que de reconnaître que l’on puisse ne pas être toujours aimable ».


Un manque de confiance en soi

« Personne ne m’aime ! » résonne comme une insatiable demande de compliments dont le but est de rassurer sans cesse. Cet état de dépendance à l’égard de l’autre est symptomatique d’un manque de confiance en soi : « Celui qui a été suffisamment soutenu et valorisé par ses parents n’aura pas besoin des autres pour se construire, affirme Maud Lehanne. L’appui qu’il aura reçu lui suffira pour avancer avec confiance, sans avoir besoin d’obtenir la confirmation qu’il est digne d’être aimé. »


Que faire ?

Revisiter son enfance

Puisque ce sentiment de ne pas être aimé trouve ses origines dans l’enfance, on s’efforcera de s’y replonger, seul ou avec un thérapeute : « Me suis-je senti entouré ? M’a-t-on montré que l’on m’aimait ? » Ces réflexions ne doivent pas servir à régler des comptes avec ses parents, mais à prendre conscience que le problème se rapporte à sa propre histoire et qu’il est inutile et injuste d’en faire porter la responsabilité aux autres.

Se rappeler ceux qui nous aiment

L’affirmation « personne ne m’aime » est toujours le fait d’une exagération. Pour la contrer, noter le nom de cinq proches et écrire la dernière attention que chacun nous a manifestée : appel téléphonique, invitation, compliment… Ces gestes qui, sans être la marque d’un amour immense, sont des preuves que l’on nous estime.

Etre conscient de ce que l’on donne

« Qu’ai-je fait pour mériter leur attention ? » Noter les dernières marques d’affection données à ces personnes. Une manière efficace de prendre conscience que l’amour est un échange. Et de découvrir que le plaisir de donner est aussi gratifiant que celui de recevoir.

Faire avec son manque

L’amour parfait est un fantasme. Il s’agit donc d’apprendre à "faire avec". Comment ? Par un processus que les psychanalystes nomment "sublimation" : utiliser notre manque (l’amour parental) comme une force qui nous remplira autrement. Création artistique, recherche scientifique, action caritative… A chacun de trouver ce qui lui permettra de transformer sa frustration en une source d’énergie positive.


Conseils à l'entourage

La personne qui se plaint de ne pas être aimée attend de son entourage qu’il la rassure, l’entoure et lui exprime sans cesse son attachement. Celui qui veut garder une place auprès d’elle doit prendre en compte cette demande d’affection, sans pour autant se mettre à son seul service. Quoi qu’on fasse, on aura affaire à un puits sans fond et aucune preuve d’amour ne sera jamais suffisante pour panser une telle blessure affective. On risque donc de s’essouffler vainement.

D’où la nécessité d’apprendre à donner à l’autre son lot d’affection, mais "raisonnablement", c’est-à-dire sans se désespérer de ne pas parvenir à faire taire ses plaintes et ses demandes.


Témoignage

Monique, 39 ans, artiste peintre

« Toute ma vie, j’ai eu le sentiment qu’aucune déclaration d’amour ou d’amitié ne saurait me satisfaire. Le manque restait là, au fond de moi. Une sensation de vide. J’avais d’ailleurs des vertiges, des “problèmes d’oreille interne” ; les médecins ne croyaient pas si bien dire ! Toute ma vie, j’avais espéré entendre ma mère me dire : “Je t’aime.” Jusqu’à sa mort il y a quelques années, elle n’en a jamais été capable. Après sept ans de psychanalyse, cela m’est apparu comme une évidence, je ne suis pas plus “comblée”, mais je sais vivre avec ce manque. Ma mère serait folle de rage si elle me voyait, loin des études de droit qu’elle avait prévues pour moi. Elle ne comprendrait pas que toutes les couleurs que j’étale sur mes toiles sont autant de “je t’aime” qu’elle n’a jamais pu m’offrir. »

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Message par Invité Mar 15 Jan 2013 - 15:52

Psychologie des émotions et des sentiments

http://icar.univ-lyon2.fr/membres/jcosnier/Emotions_et_sentiments.pdf

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Message par Invité Mar 15 Jan 2013 - 19:43

Hors de soi (Radmila Zygouris, psychiatre et psychologue)


« Tout à coup j'ai vu rouge. J'étais hors de moi. Ma main est partie toute seule, je ne me possédais plus. » Telle peut-être la phrase-type qui est sensée tenir lieu d'explication d'un mouvement de rage.

Au moment de la colère « je » ne suis plus maître de « moi ». Au moment de la colère « je » et « moi » se dissocient.

La colère engendre un état second, un dédoublement du sentiment d'unité corps-esprit, où le vouloir du sujet semble hors de cause.

La colère est un état de crise somato-psychique. On l'appelle la colère rouge, car le corps s'emballe, le sang monte à la tête. Il y a la colère qui ne donne pas lieu à cette rougeur, elle est froide, et se dit blanche. Colère rouge ou colère blanche (contenue) on sait que les deux peuvent être meurtrières. A l'horizon de toute colère un meurtre se profile, réel , ou symbolique, mimé ou déplacé, mais chaque fois il y a risque de destruction. L'autre, celui qui en est la cible ressent le plus souvent la peur.

L'affect qui est le complément de la colère est la peur. Apparemment on peut dire que la colère engendre la peur chez l'autre. Mais au delà des apparences, on peut se demander si la colère elle-même n'est pas le produit d'une peur ou d'un dérivé de celle-ci, une situation de détresse qui met le sujet en difficulté, c'est à dire en état d'impuissance à obtenir ce qu'il veut. Impuissance à obtenir satisfaction, qui se transforme en impuissance à se contenir soi-même.
La colère provient d'une menace narcissique perçue consciemment ou à un niveau plus subtil, à laquelle elle ne serait qu'une réponse psychosomatique d'attaque d'objets externes ou projetés hors de soi.

Si le rire et les larmes sont spécifiques à l'espèce humaine, la colère s'observe également chez l'animal.

Il y a toujours quelque danger à se référer à l'animal car on ne peut éviter une réduction anthropomorphique. On ne peut cependant s'empêcher d'en rapprocher les manifestations lorsque l'on observe chez l'animal un comportement de rage quand il se trouve menacé. De même nous nous servons de cette désignation quand un nourrisson, n'obtenant pas ce qu'il veut, hurle , à devenir cramoisi et se débat, manifestant son mécontentement d'une manière violente. Chez lui, la détresse et la colère se confondent. De même il arrive qu'un enfant plus grand, quand il joue et, étant encore un peu maladroit de ses gestes, rate son but, jette loin le jouet, ou qu'il le casse dans un accès de rage parce que son geste n'était pas à la hauteur de son ambition. L'objet, le jouet, est alors sacrifié en devenant la cible de l'attaque. L'objet, ou tout simplement l'autre, quand il ne se plie pas au désir du sujet, le mettant ainsi en état d'impuissance encourt le risque de la destruction.

On aurait trop facilement tendance à oublier ce schéma de l'impuissance qui est à l'origine de la colère lorsque l'on a à subir celle d'un plus fort que soi. Le spectacle qu'offre un homme grand et fort qui se déchaîne avec violence sur un petit enfant, qui, à ce moment est à juste titre terrorisé, car il subit l'inégalité physique et symbolique, ne doit pas faire oublier l'infériorité psychique de l'adulte ainsi submergé par sa rage.

Rage de n'avoir pu obtenir de l'autre exactement ce qu'il voulait. Certes, tous les enfants ne réagissent pas ainsi, et tous les adultes non plus. On dit qu'il y a des types coléreux, des tempéraments, des caractères. Comme si c'était « de naissance ». Même si l'on accepte l'idée d'une partie constitutive quant aux réponses plus ou moins vives que certains individus donnent aux situations désagréables, il n'en reste pas moins que la colère en tant que crise répétitive violente et subite est une manifestation symptomatique chez certains, tout comme peut être symptomatique le comportement de quelqu'un qui serait incapable d'exprimer sa colère par pure inhibition.

Chez l'animal la menace est plus facilement observable, chez l'humain, les éléments de cette menace échappent à l'observation directe car ils sont souvent d'ordre interne, même s'ils sont intellectuellement repérables quant à leurs causes.

Si j'ai évoqué la colère comme n'étant pas spécifique à l'espèce humaine et de plus comme étant parmi les modes d'expression émotionnelle les plus précoces chez le petit d'homme c'est pour souligner le caractère primitif, préverbal de son origine.

Le rire (surtout s'il est paroxystique et sans cause évidente comme le fou-rire), mais aussi les pleurs sont communicatifs. D'une manière assez étonnante le bâillement aussi ! On peut y résister plus ou moins, et selon les âges, le « self »-contrôle (sic) est plus ou moins assuré . La contamination émotionnelle peut se passer de communication verbale, elle a lieu quand. même. Il règne dans l'espèce humaine, même à l'âge adulte, plus de transitivisme qu'on ne veut l'admettre. On oublie, ou on feint de ne pas voir que la colère se transmet de l'un à l'autre de cette même manière.

En d'autres termes, qu'elle est contagieuse. A ceci près : c'est qu'il faut toujours adjoindre à la colère son complément organique : la peur ou la détresse. Un sujet en colère peut provoquer celle d'un autre. Mais ce n'est pas ce que j'appelle son caractère contagieux : elle se transmet par son versant occulte, je dirais causal. C'est plutôt la peur qui va de l'un à l'autre et ceci de manière inconsciente ; elle peut en effet être parfaitement méconnue de celui qui agit le versant coléreux. Elle l'est moins par celui qui la subit... Je dirais qu'un seul des pôles peut être perceptible, mais que la vraie entité de la colère est le couple « colère - peur ». J'emploie le mot peur par commodité car il subsume les autres, mais il s'agit aussi d'impuissance et de détresse qui en sont les manifestations plus primitives, caractéristiques du temps où la détresse et la colère s'exprimaient ensemble dans un même élan, chez le même individu, le nourrisson. Plus tard, le couple se dissocie, et chacun des deux pôles sera projeté ou provoqué chez des partenaires différents. En somme on peut se demander si ce couple n'est pas l'ébauche de ce qui pourra se développer plus tard, et seulement chez certains, sous la forme plus sophistiquée: le sado-masochisme.

Le sujet en proie à un paroxysme de colère est sourd à toute raison. Il est dans un état second. Le langage a peu de prise sur lui. Celui qui la subit, surtout s'il s'agit d'un enfant petit, mais un adultes peut être tout autant terrorisé, en reste souvent sidéré et sans défense. C'est que la peur intense, la terreur dissocient aussi. La proie peut être alors littéralement hypnotisée. Il arrive ainsi que de très petits enfants ayant été ces proies n'ont pu avoir recours à aucune représentation pour faire parade à la violence reçue en bloc. Il s'opère alors un véritable clivage psychique et cette colère subie restera enkystée sans représentations, hors sens. C'est ce qui explique que des enfants qui ont vécu de véritables sévices par des parents violents et coléreux puissent, devenus parents à leur tour, malgré une position critique consciente face à ces conduites, reproduire hypnotiquement les mêmes violences sur leurs propres enfants. Lorsqu'on assiste à une telle scène, entre deux protagonistes, l'un en proie à une colère violente, l'autre sidéré par la peur, on a l'impression d'être en face de deux êtres également dépossédés d'eux-mêmes. Plus un enfant qui subit de telles crises est jeune, moins il aura à sa disposition des représentations, des mots et des pensées critiques pour se défendre psychiquement, et plus grand sera le risque qu'il reproduise ultérieurement les scènes vécues, et ceci quelles que soient ses opinions conscientes. Car la colère dont ces enfants devenus adultes seront la proie ne leur appartient pas. Ils sont clivés: d'un côté il y aura l'enfant sidéré, de l'autre, la colère incorporée de l'autre qu'il agira répétitivement à son corps défendant. Combien de fois n'ai-je entendu des mères dire qu'elles se frappaient elles-mêmes en frappant leur enfant, comme si elles agissaient sous une transe. Leur identité de parent disparaît, et du coup aussi la différence de générations, au profit d'une crise, d'un être hors de soi, où le moi-enfant est l'insupportable représentation.

Tout autre chose peut être une colère contre cet adulte oppressant : venue à bon escient elle peut sortir un sujet de son hébétude d'antan, une colère qui pourra lui être propre, et porteuse alors d'un véritable soulagement. Car il faut tout de même dire que certaines colères sont indispensables pour rétablir quelqu'un dans la voie de son propre désir, pour se séparer des scènes subies passivement sans pouvoir les penser, sans affect autre que la peur ou la rage induite.

Toutes les colères ne se valent donc pas. Il n'y a pas objectivement de bonnes ou de mauvaises colères. Certaines sont pure répétition destructrice, d'autres restaurent. Mais avoir été la proie de colères dévastatrices signifie pour certains une intrusion psychosomatique de pulsions dont ils sont souvent le destinataire sans nom . Il convient donc de chercher chez tout coléreux impénitent l'autre versant, celui de la peur, et de l'impuissance.

Par ailleurs il me paraît important de différencier les destins de la colère et de la haine. Si dans un premier temps, chez le tout petit, ils sont indiscernables, chez l'adulte, on peut dire que la haine peut nourrir un projet à long terme, tandis que la colère est un processus rapide, une crise somato-psychique, qui peut laisser une trace mnésique, un souvenir, mais qui n'alimente pas de projet. Quand cela est le cas, alors il ne s'agit plus de colère à proprement parler, mais du souvenir de ses causes et de l'état de menace que le sujet avait vécu ; ils participent alors à l' élaboration sublimée d'un projet de haine. Ceci est le propre de la rancune et de la vengeance.

Dans ces cas on peut dire que la haine est ce qui reste quand la colère ne s'est pas épuisée d'elle même ou n'a pas trouvé son exutoire immédiat à la hauteur de sa violence. Mais alors l'aspect somatique n'y est plus présent, la pulsion ayant trouvé des représentations de sublimation. On a tendance à surestimer la valeur éthique de la sublimation et à la confondre avec le bien ou le bon. La sublimation est simplement l'acceptation de la non-satisfaction immédiate d'une pulsion et sa transformation en une représentation. Pas plus que la colère, la sublimation n'est en soi bonne ou mauvaise, et elle peut donner lieu à des projets de haine parfaitement monstrueux. Bien que monstrueux, il s'agira, sur un plan strictement psychique, d'une sublimation de la pulsion quand même.

La colère, à quelque niveau qu'elle se manifeste, individuel ou collectif, est une crise d'impuissance narcissique, contre-attaque violente, d'une attaque souvent invisible, où l'émotion domine, où le corps supplée à la pensée, le geste et les cris au discours. Elle est donc à distinguer de la haine et du désir de détruire comme projet. Il ne peut y avoir de projet de colère puisqu'elle est une vague soudaine et pulsionnelle qui surprend le sujet lui-même. La haine peut nourrir un projet de longue haleine. Elle utilise la raison et des montages qui se prétendent rationnels. La haine se laisse déguiser, car la jouissance du corps est mise a distance. Ainsi elle peut alimenter des projets éducatifs qui se veulent rationnels, tel que par exemple le système éducatif du père de Schreber, ou, sur un plan collectif, des projets de génocide froidement préparés et argumentés.

Les rapports entre haine et colère sont donc complexes. Si dans les cris du nourrisson ces deux motions sont intimement liées, très tôt il faut tout de même constater que leurs destins peuvent se séparer. La haine n'est plus entièrement pulsionnelle, elle est le pendant de l'amour, mais elle peut exploser en colère rouge si les conditions de celle-ci sont présentes, si le projet est entravé, si se reproduit quelque menace, fut-elle imaginaire. A l'inverse, toute crise de colère n'est pas nécessairement sous-tendue par la haine. C'est une révolte qui ne dit pas toujours son nom, dont la finalité peut être manipulée. C'est ce qu'il convient d'étudier de près , si l'on veut comprendre les explosions de violences collectives.
Il existe entre la haine et la colère le même rapport qu'entre le besoin sexuel et l'amour. L'aspect partiel de l'objet et l'urgence pulsionnelle qui le vise en sont les éléments de similitude. L'urgence sexuelle ne peut se confondre avec l'amour, même si au cœur de celui-ci cette urgence en est l'origine, même si à l'orée de celle-là sa répétition en est le phare.

On parle de colère pour désigner des expressions affectives fort différentes. Je me limiterais ici au traitement de la colère « rouge », celle qui provoque la « crise » somatique et violente. Je laisserai donc de côté la colère blanche, celle qui s'associe plus volontiers au « projet » de haine, où une sublimation de la motion pulsionnelle et motrice ( souvent de mauvaise augure !) permet élaboration imaginaire de représentations qui évitent la crise subjective immédiate.

Je voudrais, au moyen d'une brève séquence clinique, illustrer l'émergence inattendue d'une colère, et son caractère de communication intersubjective.

S'il est une place d'où les manifestations par des actions directes de la colère rouge semblent proscrites, c'est bien celle du psychanalyste lorsqu'il, ou elle, officie dans son cabinet.
Je vais essayer de raconter l'infiniment peu édifiante histoire où une psychanalyste, c'est à dire moi-même, s'est mise dans l'état d'être furieusement hors d'elle face à un patient.

C'était une séance qui avait débuté comme bien d'autres. Il était en analyse depuis quelques années déjà, et il reprenait volontiers au début de chaque séance ce qu'il avait pensé en sortant de la précédente. Ce jour-là, il avait passé en revue quelques succès professionnels des derniers jours pour dire que sa vie prenait un tournant plutôt agréable. Il avait également raconté un bon moment qu'il avait passé avec son fils juste avant de venir en séance. Puis, il s'était mis à évoquer les temps qui lui paraissaient déjà très lointains où il se droguait et où sa vie était un enfer. « Je me suis dit que pour ce qui est de la drogue, je crois que c'est vraiment fini maintenant. Je n'y pense presque plus jamais, au point que j'ai du mal à comprendre à quel point je pouvais être dépendant, à quel point tout tournait avant autour de ça. Non, vraiment je pense que c'est fini, définitivement fini maintenant. » Un silence puis, il dit, comme en passant : « bof, si mon dealer préféré venait m'en offrir gratuitement de la très bonne, juste pour passer un bon moment je lui dirais peut-être pas non... »

Je n'ai pas entendu la fin de sa phrase. La colère m'avait saisie. Je me suis levée d'un bond de mon fauteuil, et telle une furie j'ai pris une chaise qui était en face de mon fauteuil et je l'ai cogné par terre en criant « ah ça non non et non... » J'ai juste eu assez de contrôle pour lui dire de se lever du divan, consciente que la position allongée le mettait dans un état d'infériorité insupportable face à ma rage. Je m'étais ruée sur la chaise pour l'éviter lui, tant j'avais envie de le secouer . Il s'était assis, il était blême et me regardait faire et hurler sans dire mot. La folle, l'ivre, c'était moi. J'écumais de rage. Cela ne m'était jamais arrivé dans cette situation de travail. Puis calmée, au bout de quelques minutes de folie furieuse, je me suis rassise face à lui et j'ai dit : « vous m'avez mise hors de moi ».

Redondance flagrante... Il s'en était bien aperçu ! Voilà ce qui ne sied pas à une psychanalyste dans l'exercice de ses fonctions. J'avais signifié brutalement mes limites de tolérance et d'écoute « bienveillante ». Je n'avais pas su cacher à quel point j'étais atteinte par cette petite phrase de la fin, qui venais annuler tout ce qu'il avait dit juste avant, qui venait aussi annuler des années de travail en commun...

Devrais-je écrire tout cela? Me livrer à la malveillance des collègues? Susciter des commentaires narquois sur mes défaillances ? Je pense que la question n'est pas là, et qu'on ne gagne rien à jouer aux médecins là où le « traitement » est fondé sur une relation intersubjective. Contrairement à une « étude de cas » en médecine, il me semble que dans une cure de psychanalyse il est malhonnête de faire semblant que le « cas », c'est seulement le patient, et de lui faire porter la totalité des manifestations qui s'y déroulent, passant sous silence ce qui se passe de façon silencieuse ou bruyante, comme cela fut ici le cas, chez le thérapeute. Je crois, puisque cela s'est produit, ne fut-ce que de cette façon isolée, qu'il est plus intéressant d'essayer de comprendre à partir de la place de celui qui n'est pas sensé s'y adonner, puisque la surprise était d'autant plus de la partie, la colère d'autant plus interdite et inédite.

Pendant toute la période où ce patient s'était effectivement drogué je n'avais jamais éprouvé la moindre colère ni le moindre affect de rejet vis à vis de lui. Je n'avais jamais eu de difficulté à garder ma « place d'analyste ». Place vouée à tout jamais, en tout cas dans les manuels pour « jeunes psychanalystes », à supporter la statue de la bienveillance en marbre ! Il est inconvenant de parler de ce que ladite statue profère , sent et fait hors des normes de ladite bienveillance. Hors des normes de l'interprétation en bonne et due forme.. Mais il est en effet convenant de ne point submerger un patient par l'excès de manifestation émotives ! C'était précisément ce que j'avais fait en cette circonstance. Mais que s'était-il donc passé? Il avait en fait proféré une menace de destruction de tout ce qui avait été fait, dit, pensé, bref d'une partie de lui-même. Car en réalité, sa petite phrase était violente. Violente plus pour lui que pour moi. Ou violente pour le couple que nous formions ? Quel « MOI » était dissocié subitement de quel « JE »? Etais-je réductible au parent en colère parce qu'il ne se fait plus obéir? Mais alors pourquoi avais-je écouté sans broncher des années durant ses démêlés avec la drogue ? Non, c'est bien la dénégation de son dire précédent, de lui-même, cette furtive fuite vers l'acceptation de ce qu'il disait ne plus accepter qui m'avait mis dans cet état-là. Pas MOI, pas LUI,en tant qu'individus séparés et adultes, plutôt autre chose, un non-séparé qui se trouvait pris là, entre lui et moi, et qui se manifestait avant même que j'aie pu essayer d'en penser quoi que ce soit. Cette destruction verbale et programmée était le dire d'un autre temps. La suite de l'histoire en donnera peut-être la clef.

Il est donc parti, après une petite explication, visiblement secoué, même si c'était la chaise qui avait tout pris... Je suis restée perplexe. Je dois dire en toute franchise que je n'ai pas eu trop « mauvaise conscience » vis à vis de lui, et bizarrement, ce qui me surprenait moi-même, pas d'inquiétude particulière. Seulement je n'en revenais pas de l'effet de surprise. J'ai eu par contre un sentiment de gêne à la pensée de mes collègues psychanalystes. Mauvaise conscience par rapport à mon image « professionnelle. » Ca ne se faisait pas! Frémissements désagréables de mon surmoi institutionnel..

Le lien qui était établi entre nous était tel qu'à vrai dire j'étais presque sûre qu'il reviendrait, ne fut-ce que pour m'engueuler à son tour.

Il n'en fut rien. A la séance suivante je l'ai vu arriver très détendu et souriant. Il s'est allongé et a commencé à parler aussitôt. Il m'a dit à peu près ceci: « Figurez-vous qu'après l'autre séance... comme la vie est étrange,... mon dealer préféré, celui dont je vous avais justement parlé, est venu pour me proposer de la came gratuite. Juste pour passer l'après-midi avec moi, comme dans le bon vieux temps. Eh bien, je me suis mis dans une colère épouvantable. La vôtre à côté c'était de la gnognote! Je l'ai viré par la peau du cou, je l'ai jeté dans l'escalier, j'étais hors de moi. Dire qu'il se prétend être mon ami! Mais si vous n'aviez pas été si en colère, je ne sais pas si j'aurais pu le faire. C'est la première fois que j'ai vraiment été en colère et sans peur que ça se sache ! »

Voilà une histoire peu édifiante qui finit de manière édifiante. Mais dans ce genre d'histoires, il convient d'être méfiant. Il aurait certes été préférable qu'il puisse refuser la came gratuite de son ami dealer sans ma colère préalable. Je commençais seulement alors à comprendre un peu. La première scène reçoit son sens de la deuxième, en ceci qu'il l'avait prévue: il savait qu' un jour ou l'autre elle devait se produire, et c'est en fonction de cela qu'il avait testé - inconsciemment? - mon degré de complicité à l'accompagner dans ses scénarios masochistes, complicité dans laquelle sa mère ne lui avait jamais fait défaut. De son vivant elle avait subi avec lui, en souffrant tous ses échecs, et couvert ses transgressions avec amour et cécité. Morte alors qu'il était adolescent, il la faisait figurer de manière métonymique ou métaphorique dans tous ses fantasmes masochistes.

Au moment où j'ai si violemment réagi, je n'avais eu rien de tout cela à l'esprit. C'est bien pour cela que cette scène avait été vraiment risquée, car à peu de choses près, rien ne me garantissait que je ne le remettais pas dans une situation de pure passivité. A très peu de choses près il aurait pu se prendre pour la seule proie de ma colère, alors qu'il avait très bien intégré le fait, mieux que moi-même, qu'elle s'adressait à cette partie de lui-même qui ne pouvait pas dire non... qui avait peur. Il aurait été préférable d'en donner une interprétation verbale et calme, mais si j'étais violemment sortie de la place transférentielle à laquelle sa répétition m'assignait, c'est parce que cette assignation était insupportable sans que je le sache. Avais-je réagi à sa peur sans le savoir? C'est dans l'après-coup que je peux dire son rapport à sa mère comme complice inconditionnelle de jouissance dans la souffrance et la soumission à la domination sadique d'un père malfaisant. La colère comme moment de « crise » somato-psychique est une réponse symptôme, là où la stabilité symbolique d'une relation est atteinte et fait défaillir la possibilité de se penser. Je ne tiens pas à dérouler ici toute son histoire familiale. Mais il avait dès cette séance commencé à entrevoir le rapport avec ce qu'il avait subi dans son enfance. Si je n'ai pas pu en prendre « conscience » autrement qu'après cette explosion de colère et à sa suite, c'est que certaines histoires comportent de l'impensable provoquant des tensions qui se somatisent en maladies ou en violences. Elles donnent parfois lieu à des analyses interminables où l'ennui règne parce que l'analyste ne rentre ni de gré ni de force dans le scénario pathogène, qui le ferait réagir dans le « ici et maintenant » par affectation directe, c'est à dire par l'instauration d'un transfert inversé.

Ce qui est particulier dans certaines psychanalyses, c'est que le psychanalyste peut être amené à être à son insu, le sujet dissocié en crise, en lieu et place de son patient. Il arrive que l'analyste, agisse ou éprouve ce que l'un des protagonistes de la scène pathogène originaire n'a pu ni penser ni éprouver ni agir. A vivre cet état d'urgence, non de sa place de thérapeute externe à l'évènement, mais du dedans..

Je n'ai pas hurlé de ma place d'analyste , ni même de celle de mon individu spécifique. Comme psychanalyste, j'avais assisté pendant des années à sa lutte contre la drogue. Ce n'est pas à lui que j'ai crié « non », c'est à sa soumission. J'ai hurlé du lieu même où ni lui ni sa mère, n'avaient pu le dire , enfants impuissants tous deux... C'était une sortie de la scène pathogène dans laquelle inconsciemment il tentait de m'enfermer, comme le furent les protagonistes d'origine. Je pense que j'avais réagi à une peur insue devant une inéluctable répétition. La contamination avait eu lieu à la place d'une communication. Les statues ne se déboulonnent pas n'importe quand !

Pouvoir penser, sépare. L'impensé peut à l'occasion faire réagir dans les aires psychiques du non-séparé. Quand aucune issue n'est pensable, alors la colère fait ruer dans les brancards. La colère abolit les frontières entre le « je » et le « tu ». Elle fait régresser le couple des protagonistes. L'autre, le « tu » est voué à disparaître dans son altérité, pas nécessairement à cause d'une haine, mais parce qu'il manifeste une différence insupportable pour le « moi », qui ne se récupère que dans le ressenti corporel et le réel de sa pulsion. La crise somato-psychique est une réponse physique et concrète à une situation de menace imaginaire, où le symbolique fait défaut. Aucun sens ne fait pièce au désarroi. Il s'agit toujours d'une crise d'identité, d'une défaillance du sujet à supporter un moi altéré dans son pouvoir unifiant.

C'est une tentative de guérison qui rate, tout comme certains délires . Mais comme le délire, s'il est entendu, s'il est ré-introduit comme pièce signifiante d'une histoire insensée, il peut ne pas rater. Il est des crises résolutives, qui permettent de mettre à jour ce qui tente de se dire sans avoir pu se penser. La condition est de pouvoir leur donner sens par rapport à un fantasme, une histoire, un évènement, ou un dommage ancien.

Le passage du singulier au pluriel est toujours délicat. Et pourtant la colère a ceci de particulier qu'on la rencontre chez l'animal, chez le nourrisson, le petit enfant, l'adulte, l'individu et le groupe. Si chez le nourrisson le couple colère-détresse sont intriqués et qu'il est difficile de parler de sa proie, bien que certaines mères le deviennent, chez l'adulte ils se dissocient et l'autre devient très vite le support de la peur, équivalent de la détresse première. L'autre devient l'objet à détruire, la menace représentée pour un moi en état d'impouvoir. Cette détresse première, devenue peur est le pendant obligé de la colère.

Le passage du singulier au collectif, du « moi » au « nous », est le passage d'un impouvoir personnel à un impouvoir de groupe. La restauration du moi se fait par la mise hors jeu de l'objet qui permet à l'image de se refaire dans son homogénéité, la restauration du « nous » se fait par la même voie: l'expulsion du corps étranger en est le prix.

Peut-on parler du traitement de la colère? Pas plus que la peur, celle-ci n'est pathologique en soi. Les deux peuvent être des réponses parfaitement adéquates à une situation. Il est raisonnable d'avoir peur face à un tigre affamé, il convient de pouvoir se mettre en colère devant une offense grave. Mais il arrive que certains viennent demander des soins devant leur manifestations récurrentes et inopportunes. La psychanalyse, processus lent par excellence cherche à en démonter les causes. Elles sont le plus souvent précoces sinon primitives. J'ai évoqué assez longuement un de ses aspects cliniques.

Il y a des psychothérapies de groupe, thérapies dites actives, où l'on pousse, et encourage les participants à extérioriser leur colère en les faisant taper sur des matelas ou des coussins. Le plus souvent les gens se disent très soulagés. Il y a un effet immédiat de catharsis. Parfois même la scène « jouée » dénoue d'autant plus qu'il s'agit en effet d'une colère rentrée depuis longtemps qui n'a jamais pu se manifester devant la personne concernée. J'ai remarqué néanmoins que cet effet de soulagement ne dure pas. Même si dans le moment de colère on joue à prendre le matelas pour un autre en chair et en os, et pour dissocié que l'on soit au moment d'une crise, on sait qu'un matelas est un matelas et qu'il restera matelas. Si la pulsion trouve un moment de satisfaction, et procure un apaisement momentané, il n'en reste pas moins que le matelas ne renvoie aucune peur, aucune menace de représailles en retour de la violence subie, et que le couple colère-peur ne peut se constituer, couple indispensable à une bonne répétition ou représentation de ce qui fait le ressort de toute colère agie. Certes, l'avantage est qu'on peut y aller de toutes ses forces, et sans culpabilité, mais si l'on ôte la peur du paysage interne et externe alors la colère n'est qu'un pur jeu imaginaire sans un autre vivant face auquel l'acte peut prendre un sens. Dans une répétition agie, il y faut au moins un autre qui en soit affecté, sinon, c'est du cinéma que l'on se fait ; et ainsi l'on erre de groupe en groupe, de soulagement momentané en satisfaction passagère. Pour beaucoup, c'est sans doute mieux que rien, tant peut être grande leur détresse. Mais là aussi, des thérapeutes peuvent être en mesure d'entendre ce qui demande à être restauré au delà de la pure expression pulsionnelle, dans une relation symbolique à l'autre.

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Message par Invité Jeu 17 Jan 2013 - 14:34

Retrouver l'enfant en nous

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Message par MysticApocalypse Jeu 17 Jan 2013 - 15:08

http://www.enthousiasme.info/fr/informatie/artikels/?article=22


j'avais ça dans mes dossiers Wink
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Message par Invité Jeu 17 Jan 2013 - 15:11

Génial Mumu Smile

Merci beaucoup !!

Je suis content que des personnes participent ici et y trouvent des informations nécessaires à mieux se connaitre.

Je pense que tout ce qui a été écrit sur la psychologie et la sociologie ne l'a pas été en vain. cela participe d'un besoin de savoir être et de savoir se situer. c'est très chouette et même fondamental à mon avis Smile

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Message par MysticApocalypse Jeu 17 Jan 2013 - 15:30

tu prêches une convertie dans cette quête là ,je suis mordue de psychologie cognitive et devellopement personnel donc en fouillant un peu je devrait retrouver quelques perles
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Message par Invité Lun 21 Jan 2013 - 18:22

Un altruisme sans pitié, ou l'éthique de la réciprocité selon Thomas Nagel
(Luc Foisneau, chargé de recherche au CNRS)


En conformité avec l'intention première d'Auguste Comte, qui forge le terme sur le modèle du mot « égoïsme » (Comte, 1852, p. 60), le mot « altruisme » demeure associé dans la conscience commune à une disposition spontanée de l'homme à porter secours à ses semblables. C'est en ce sens une inclination naturelle, capable, parce qu'elle est antérieure à la réflexion, de nous faire oublier l'intérêt que nous portons tout aussi spontanément à notre propre conservation.
L'altruisme apparaît ainsi comme une capacité, inhérente à la nature humaine, mais peut-être aussi à la nature animale en général, de suspendre la considération exclusive de son bien-être à la vue de la souffrance d'autrui. Pour Rousseau, il existe une émotion fondamentale, la pitié, qui « tempère l'ardeur » que l'homme « a pour son bien-être par une répugnance innée à voir souffrir son semblable » (Rousseau, 1964, p. 154).
La pitié constitue de fait un critère sensible de l'altruisme. Plus l'émotion ressentie face à la misère d'autrui sera grande, plus grand sera l'altruisme de celui qui la ressent. Ce critère a les faveurs du sens commun : c'est à lui que l'on pense quand on nous demande d'apprécier l'altruisme d'une personne.

Mais il n'est pas pour autant dénué d'ambiguïté. Après tout, les bons sentiments suffisent rarement, quand il s'agit d'éthique, et la pitié ne fait probablement pas exception à la règle. Dans l'article que l'on va lire, il s'agira de s'interroger sur les limites de la définition rousseauiste de l'altruisme, à partir des réflexions du philosophe américain Thomas Nagel. Le concept de réciprocité, que ce dernier met en œuvre dans The Possibility of Altruism, nous servira de fil conducteur pour tenter de penser l'altruisme indépendamment de l'émotion de la pitié.


La pitié et le spectacle de la souffrance

En tant qu'elle nous rappelle à l'existence sensible d'autrui, la pitié peut être considérée comme l'origine commune de tous les sentiments altruistes ; quand on l'applique aux faibles, aux coupables et à l'espèce humaine, elle engendre la générosité, la clémence et l'humanité ; quand on l'applique à des individus, elle fait naître la bienveillance et l'amitié. Elle constitue de ce fait, pour Rousseau, la plus parfaite réfutation de la thèse de Mandeville selon laquelle les vices privés suffiraient à engendrer les vertus publiques (Rousseau, 1964, p. 155). Non seulement il ne suffit pas de donner libre cours à son amour propre pour que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes sociaux possibles, mais encore, sans capacité à éprouver de la pitié, il n'y aurait pas la moindre vertu sociale. La limitation de l'égoïsme procède par conséquent, non pas d'un mécanisme extérieur d'ajustement, mais d'une capacité intérieure à ressentir des émotions, non pas d'un calcul d'intérêt mais d'une effusion désintéressée.

Toutefois, l'altruisme ainsi conçu ne constitue pas une négation pure et simple de l'égoïsme, mais plutôt sa suspension momentanée, dans des circonstances toujours particulières. Les circonstances importent en l'occurrence car le rapport à autrui qu'instaure la pitié suppose la mise en relation d'un spectateur et d'un spectacle. Et si la vue de la souffrance d'autrui provoque bien l'interruption de la préoccupation de soi, cette interruption n'est toutefois que momentanée car l'amour propre a tôt fait de reprendre le dessus dès que le spectacle perd en intensité. Si l'on ne peut que se féliciter de voir démontré aux yeux des plus endurcis le caractère « compatissant et sensible » de l'homme (Rousseau, 1964, p. 154), on peut aussi s'interroger sur les limites de la suspension de l'égoïsme ainsi produite.
Quand Mandeville reconnaît qu'un homme ressentirait de la pitié au spectacle d'un enfant arraché des bras de sa mère et dévoré par une bête féroce, les circonstances de la scène - l'homme en question assiste à la scène derrière les barreaux d'une cellule - attestent tout autant de la compassion désintéressée du spectateur que de son impuissance à intervenir. Il y a là un paradoxe dont on ne saurait trop souligner l'importance pour une sociologie de la pitié : l'intensité de l'émotion altruiste semble proportionnelle à l'empêchement d'agir. Cette situation correspond, de fait, à celle des spectateurs que nous sommes, lorsque nous assistons impuissants, devant nos écrans, à des drames lointains. Les circonstances de la pitié sont semblables dans les deux cas, l'intensité du pathos venant à la rescousse d'un ethos défaillant. Sans doute aussi, une trop grande proximité réelle avec ceux qui souffrent risquerait-elle de transformer la pitié en panique, comme l'indique l'exemple du troupeau qui découvre le spectacle de l'abattoir où il va finir (Rousseau, 1964, p. 154). Sentiment intensément subjectif, la pitié dépend pour beaucoup du point de vue de celui qui la ressent. Point de vue, spectacle : ces termes ne sont certes pas incompatibles avec la sincérité des émotions, mais indiquent au minimum le caractère fortement, et peut-être irréductiblement, esthétique de cette version de l'altruisme à laquelle donne naissance le sentiment de la pitié.

Que penser, par exemple, du tyran, cité par Rousseau, qui gémit au spectacle des malheurs imaginaires d'Andromaque et de Priam ? Ce paradoxe d'un bourreau compatissant témoigne-t-il véritablement en faveur de l'altruisme ? Il témoigne plutôt, quoi qu'en dise Rousseau, d'un rapport entre l'amour propre et la capacité du moi à s'étendre par le jeu des identifications imaginaires. Si je souffre en pensée de la souffrance d'autrui, c'est que je me représente moi-même à sa place, et cette souffrance est d'autant plus grande que je m'identifie plus fortement à lui. Mais le ressort de ce sentiment n'est pas tant l'intérêt objectif d'autrui qu'un certain rapport qui s'établit entre sa souffrance et l'image que j'ai de moi-même. Autrement dit, c'est bien l'amour de soi qui se cache derrière le sentiment de la pitié. L'altruisme suscité par la pitié peut bien être sincère et authentique, il n'échappe pas aux pièges de l'amour propre. Il n'est dès lors pas nécessaire de se demander s'il est capable de céder devant l'égoïsme d'autrui.

Éminemment ambivalente, la pitié se transforme aussitôt en indifférence, voire en hostilité, quand la souffrance d'autrui se révèle moins intense qu'elle ne nous était apparue de prime abord. Aussi vouloir identifier l'altruisme au sentiment de la pitié risque-t-il d'en limiter considérablement la portée. On obtiendra peut-être de beaux succès d'audience, et des retombées financières non négligeables, mais on se condamnera à faire dépendre la valeur objective d'une cause humanitaire de l'intensité de l'effusion subjective qu'elle est susceptible de produire dans un public. La force de l'argument rousseauiste réside à n'en pas douter dans le lien étroit qu'il établit entre le spectacle de la souffrance et le sentiment universel de la pitié. Mais il n'est pas certain que cette émotion soit capable de se transformer en motivation, liée qu'elle est aux conditions du spectacle. Le spectaculaire se suffit à lui-même, se contentant bien souvent de beaux sentiments en guise d'action. Il n'est pas certain que la réflexion conduise toujours à adopter l'attitude de ce philosophe, qui, comme le suggère Rousseau, est capable de laisser assassiner un homme sous ses fenêtres en se donnant de bonnes raisons de ne pas intervenir (Rousseau, 1964, p. 156).


La réciprocité et le jugement moral

Si l'on veut, comme le propose Nagel (1970, p. 82), substituer une approche « rationaliste » à une approche « esthétique » de l'altruisme, il faut d'abord comprendre en quel sens un argument moral est susceptible de fournir une motivation. Il ne servirait à rien, en effet, de préférer le jugement moral à l'émotion si un tel jugement était incapable de conduire à des actions. Le raisonnement moral, condamné à l'impuissance, devrait alors s'appuyer sur une détermination psychologique (désir, sentiment, ou passion) et le problème de la motivation demeurerait entier. De l'impératif catégorique kantien, Nagel retient l'idée selon laquelle un jugement moral constitue en lui-même une motivation suffisante de l'action. Autrement dit, un argument moral digne de ce nom doit fournir également les conditions de sa réalisation pratique. La position du problème de l'altruisme selon Nagel rejoint le kantisme sur deux points : premièrement, par son rejet des systèmes moraux qui font découler les principes de la moralité d'une motivation antérieure à l'éthique, comme c'est le cas par exemple de la théorie de Hobbes, qui fonde en dernier ressort l'obligation morale sur la crainte de la mort (Foisneau, 2000, p. 215-255) ; deuxièmement, par l'importance qu'elle accorde à une conception métaphysique de la personne, analogue au principe kantien de la liberté pratique. Comme Kant (Kant, 1980, p. 110), Nagel lie intimement ces deux points puisque c'est une certaine conception de soi qui lui permet d'expliquer l'intérêt qu'un agent peut trouver à agir par altruisme, indépendamment de toute autre considération (Nagel, 1970, p. 11).


La réciprocité, critère objectif de l'altruisme

Parmi les critères objectifs invoqués par les philosophes moraux, celui qui revient le plus régulièrement est celui de la réciprocité. Plusieurs formulations en ont été proposées depuis les Évangiles selon Luc (6, 31) et Matthieu (7, 12). Thomas Nagel en a donné pour sa part la version suivante : « Qu'est-ce que vous diriez si quelqu'un vous faisait cela à vous ? » (Nagel, 1970, p. 82). Intuitivement, on comprend assez bien la portée de l'argument que l'on pourrait reformuler de la façon suivante : « Ce que tu ne veux pas que l'on te fasse, ne le fais pas à autrui » (Hobbes, 1971, p. 130). Pris au pied de la lettre, cet argument semble restreindre le champ de l'éthique à une considération de prudence : si je veux éviter représailles et sentiment de culpabilité, il vaut mieux que j'évite de faire subir à autrui des comportements dont je ne souhaiterais pas être moi-même la victime. À ce conséquentialisme élémentaire, la règle de la réciprocité ne répond qu'imparfaitement.

Ne pourrait-on, en effet, éviter représailles et mauvaise conscience en prenant tour à tour, ou simultanément, un garde du corps et un anxiolytique ? L'une et l'autre solution sont également inappropriées, car l'argument de la réciprocité se distingue, selon Nagel, de l'argument de la pitié comme une raison objective se différencie d'une raison subjective. Dire qu'une raison d'agir est objective, c'est dire que la fin de l'action est susceptible de valoir pour tous les agents qui se trouvent dans la même situation ; dire qu'une raison d'agir est subjective, c'est dire qu'elle ne vaut que pour l'agent qui la fait valoir. Lorsque l'on se soucie de réciprocité, notre raison d'agir est objective, car n'importe qui devrait agir comme nous le faisons; lorsque le mobile de l'action est la pitié, notre raison d'agir est subjective, car elle dépend de notre sensibilité. Ainsi, alors que la pitié est une réaction émotionnelle d'autant plus forte que la réflexion qui l'accompagne est plus faible, la formule canonique que nous examinons relève non pas de la sensibilité mais du jugement, et plus exactement d'un jugement qui met en œuvre un principe universel.

Le jeu de rôle auquel le principe de réciprocité nous invite est en ce sens de nature très différente de l'identification dont il s'agit dans la pitié. Au lieu de mettre autrui à notre place en lui prêtant nos sentiments, il s'agit bien plutôt de nous mettre à sa place en appliquant la règle de réciprocité. Quand nous nous mettons en imagination à la place d'autrui, nous le mettons de fait à notre place, car nous étendons la sphère de notre moi sensible ; quand nous nous mettons par le jugement à la place d'autrui, nous nous mettons de fait à sa place, car nous considérons nos actions et nos désirs comme s'il s'agissait de ceux d'un autre. Dans un cas, le mobile de l'action est l'empathie, qui recouvre le monde de nos (bons) sentiments ; dans l'autre, le motif de l'action est la considération de la valeur objective de nos besoins, désirs et actions, indépendamment du fait que ce sont les nôtres. Autrement dit, quand nous compatissons aux malheurs d'autrui, nous prêtons à ce dernier notre capacité de sentir ; quand nous jugeons en termes de réciprocité, nous jugeons nos actions comme autrui le ferait. Le jeu de rôle a ici pour fonction de nous permettre de considérer notre capacité à agir comme s'il s'agissait de celle d'un autre. C'est en ce sens un dispositif d'objectivation par lequel nous attribuons à nos besoins, à nos actions et à nos désirs un « certain intérêt objectif » (Nagel, 1970, p. 83).

Il n'est pas dans notre propos d'établir ici les conditions formelles d'une distinction entre raisons subjectives et raisons objectives de l'action. Cette distinction pose des problèmes techniques que l'on trouvera exposés dans les chapitres X et XI de The Possibility of Altruism. Nous nous contenterons d'analyser la thèse principale et le principe métaphysique qui la sous-tend.


La possibilité de l'altruisme réside dans l'objectivation de soi

Pour mieux comprendre l'originalité de la définition objectiviste de l'altruisme, il peut être utile de partir d'une définition subjectiviste de l'égoïsme. L'égoïsme est, pour Nagel, la doctrine morale qui suppose qu'un agent n'a d'autres raisons d'agir que celles qui procèdent de ses intérêts et de ses désirs. La question qui guide l'action égoïste, et cela de façon systématique, sera toujours de la forme suivante : dans quelle mesure l'intérêt ou le but que l'on propose à mon action est-il un intérêt ou un but pour moi ?
À l'inverse, un égoïste ne pourra se plaindre de ce qu'autrui ne prenne aucunement en compte ses désirs ou ses intérêts puisqu'il ignore par principe ce que pourrait être un intérêt objectif. Si donc l'égoïste reformule toutes les maximes de ses actions à la première personne du singulier, l'altruiste, à l'inverse, doit reformuler toutes ses actions à la troisième personne du singulier. Il est clair, par conséquent, que le principe qui sous-tend l'altruisme est un principe formel, que l'on peut définir par la contrainte, formelle elle aussi, selon laquelle « dans toute situation dans laquelle une personne a une raison de poursuivre un but, nous devons être capable de découvrir la fin que n'importe qui [à sa place] devrait s'efforcer d'atteindre, s'il était en mesure de le faire » (Nagel, 1970, p. 90).
Autrement dit, le postulat formel de l'altruisme est qu'il est toujours possible de faire abstraction de la variable subjective dans nos raisonnements moraux. Nul besoin, par conséquent, de faire appel aux émotions pour apprécier une situation de détresse ; on doit être en mesure de reformuler la maxime de notre action indépendamment de la pitié que les victimes d'une catastrophe nous inspirent. Cela ne signifie pas bien évidemment que l'on devrait objectiver les situations de détresse, et interdire l'expression de la pitié, mais que le fondement moral de notre action ne réside pas dans l'intensité de nos sentiments à l'égard des autres, mais dans l'objectivité des raisons que nous avons de leur venir en aide.


Une personne parmi d'autres

Le fondement métaphysique de l'altruisme réside, selon Nagel, dans la détermination de soi-même comme une personne quelconque, comme un quidam. L'argument de la réciprocité suppose, en effet, qu'un agent moral soit capable d'agir selon des raisons qui ne valent pas seulement pour lui, mais pour n'importe quel autre agent.
Or, pour cela, il faut qu'il soit capable de se concevoir lui-même, non pas comme une monade sans porte ni fenêtre, mais comme une personne parmi d'autres. C'est seulement à cette condition qu'il peut être certain que son jugement possède une valeur objective, c'est-à-dire qu'il correspond aussi à l'intérêt d'autrui.
De fait, l'objectivé d'un jugement pratique est fonction de la capacité où nous sommes à le traduire à la troisième personne. Lorsque j'affirme, dans une perspective subjective, que je dois faire quelque chose (Nagel, 1970, p. 107), la valeur objective de mon jugement est fonction de la possibilité de restituer le jugement impersonnel qui le sous-tend.


Altruisme et égoïsme

Ce résultat nous permet de conclure que le souci que nous avons des intérêts d'autrui n'a pas besoin d'être dérivé du souci de nos propres intérêts, puisque, comme nous venons de voir, il correspond à la possibilité universellement partagée de considérer nos actions d'un point de vue impersonnel.

Alors qu'un égoïste, s'il en existe, serait forcé de ramener toutes ses raisons d'agir à ses désirs et à ses intérêts, ne reconnaissant pas même l'intérêt qu'autrui pourrait avoir à lui venir en aide, l'altruiste procède en sens inverse des raisons subjectives, que nous connaissons tous, vers les raisons objectives qui conduisent une personne parmi d'autres à prendre intérêt à quelque chose ou à quelqu'un.

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Message par Invité Lun 21 Jan 2013 - 18:23

La résilience, reflet de notre époque
(Jean Garneau , psychologue)


Introduction

Le talent de communicateur du Dr Boris Cyrulnik n’est certainement pas étranger à la grande popularité qu’a acquise depuis quelques années le concept de résilience. Mais pour comprendre cet engouement, il me semble nécessaire de voir plus largement la pertinence particulière de cette philosophie de vie pour l’époque que nous vivons.

Dans cet article, je vais tenter de mettre en lumière les aspects les plus importants de cette notion et d’expliquer pourquoi elle est particulièrement utile à ce moment-ci de l’histoire. Les lecteurs qui voudraient approfondir le sujet lui-même auraient intérêt à le faire directement dans les ouvrages du Dr Cyrulnik.


Qu’est-ce que la résilience ?

À l’origine, il s’agit d’un terme utilisé en physique pour désigner la résistance aux chocs d’un métal. Il est particulièrement utile pour évaluer les ressorts. Par extension, on a adopté ce terme pour désigner, dans divers domaines, l’aptitude à rebondir ou à subir des chocs sans être détruit.

En psychologie, on s’en sert pour désigner la capacité de se refaire une vie et de s’épanouir en surmontant un choc traumatique grave. Il s’agit d’une qualité personnelle permettant de survivre aux épreuves majeures et d’en sortir grandi malgré l’importante destruction intérieure, en partie irréversible, subie lors de la crise.

Tendance actualisante

À partir de la définition sommaire ci-dessus, on peut facilement y reconnaître une des manifestations de la tendance actualisante, cet aspect crucial de l’équipement inné de tous les êtres vivants. En effet, cette tendance est la force qui pousse tout être vivant à mettre ses ressources au service de sa survie lorsque celle-ci est menacée et à les mobiliser dans la recherche du plus grand épanouissement possible quand les conditions sont favorables. (Voir Une théorie du vivant )

Mais ou pourrait dire qu’il s’agit d’un volet spécialisé de la tendance actualisante; celui qui permet de surmonter les pires obstacles, les événements qui, en plus de menacer notre vie, s’attaquent directement à notre identité et à notre valeur personnelle. La résilience nous fascine parce qu’elle touche des “miracles”, des solutions “magiques” à des problèmes apparemment insolubles. Elle frappe notre imaginaire de la même façon que le “mouvement du potentiel humain” le faisait au milieu du siècle dernier en nous faisant découvrir que nous sommes capables de beaucoup plus que nous ne le croyons.

Des dimensions supplémentaires s’ajoutent cependant dans le cas de la résilience, reflétant deux caractéristiques de l’époque actuelle. Avec l’accessibilité grandissante des moyens de communication qui ignorent les frontières et les distances physiques, cette notion a pu se faire connaître et trouver des applications dans un grand nombre de pays dont les cultures et les environnements socio-économiques sont très différents. Cela permet d’en appliquer les implications dans une grande variété de contextes (car les catastrophes et les actes destructeurs font bien peu de discrimination dans le choix de leurs cibles).

Ce qui est plus intéressant encore, c’est le fait que les chercheurs tentent de cerner les facteurs de résilience et les façons d’en soutenir le développement dans plus de 30 pays. Déjà en août 1994 on commençait à obtenir des résultats d’une quinzaine de pays incluant le Soudan et la Namibie. Nous pouvons ainsi espérer comprendre cette dimension de la réalité d’une façon qui transcende les cultures et les types d’organisation sociale. Quand on sait que la psychologie humaniste issue du mouvement du potentiel humain n’a pas encore réussi, après un demi siècle, à s’implanter solidement en France, une telle convergence d’efforts est très encourageante. L’ampleur des recherches en cours laisse croire que leurs conclusions seront utilisées dans une grande partie de l’univers.

Une attitude devant la vie

L’adoption du concept de résilience est aussi le reflet d’un changement d’attitude devant la vie elle-même. Au nom de l’humanité et en vertu d’une certaine interprétation de la social-démocratie, on a voulu depuis plusieurs années éliminer de notre vie toute forme de danger, d’accident, d’injustice ou même d’inconfort psychique. Pour y parvenir, on multiplie les règlements et les précautions tout en diluant la responsabilité individuelle dans un jargon juridique de plus en plus lourd (lisez les avertissements qui accompagnent maintenant tous les produits que vous achetez).

En parlant de résilience, on abandonne cette vision aseptique de la vie idéale pour affirmer sans hésitation que les catastrophes et les épreuves font malheureusement partie de la vie et qu’il vaut mieux y être préparé si on veut survivre et continuer de mener une existence digne d’être vécue. Pour les parents et les éducateurs le message est puissant: il est inutile et même nuisible de chercher à mettre vos enfants à l’abri de tout car ils se retrouveront sans mécanismes de protection et sans moyens d’adaptation efficaces lorsque surviendront les problèmes importants. Il vaut mieux fournir les conditions qui permettront de développer les qualités qui favorisent la résilience.

Une méthode d’intervention

Cette vision des choses conduit aussi à une façon différente d’intervenir auprès des victimes. Curieusement, cette approche rejoint les nouvelles façons dont la médecine tente de favoriser la guérison dans certains domaines. Par exemple, au lieu d’inviter la personne qui souffre d’un mal de dos à éviter tout mouvement qui provoquerait de la douleur, on insiste maintenant sur le fait que la guérison est plus rapide si le patient se remet plus rapidement en mouvement, même s’il endure une certaine douleur.

Post-traumatique

Les études sur la résilience ont permis de découvrir un aspect important de la récupération après un choc traumatique: la reconstruction de l’estime de soi. Trop souvent on emprisonne la personne dans sa position de victime en voulant l’aider. On a maintenant compris qu’il est néfaste de tenter de tout faire pour la personne traumatisée afin de compenser pour sa douleur injuste et de la protéger de toute nouvelle souffrance.

On a découvert que les personnes qui s’en sortent le mieux, même après les pires catastrophes, sont celles qui parviennent à regagner une estime d’elles-mêmes en réussissant quelque chose, en ayant un véritable motif de fierté. Si on veut fournir l’aide la plus propice à une reconstruction personnelle, il faut fournir des opportunités favorables à de tels succès et non aplanir soigneusement les moindres cahots.

On a compris en effet que la pire catastrophe est insuffisante par elle-même à créer un trauma chez les personnes qui y survivent; il faut en plus que la personne se perçoive comme une victime. En s’en tenant à la compassion bienveillante, les intervenants peuvent réduire la personne à son identité de victime et lui compliquer le combat pour la survie en la privant des motifs de fierté dont elle aurait besoin.

Ce nouvel aspect n’élimine pas les ingrédients qu’on connaissait déjà, notamment la nécessité de l’expression libératrice, d’un accueil soutenant, d’un encadrement rassurant. Il vient plutôt s’y ajouter comme un élément crucial sans lequel la survie est plus difficile ou même impossible.

Éducation

C’est à propos des enfants et des adolescents que la notion de résilience est le plus souvent invoquée, surtout dans les milieux qu’on étiquette comme “à risque”. Dans ce cas comme dans le précédent, l’évocation de ce concept aide les intervenants à quitter une attitude curative (ou tente de résoudre un problème ou de guérir une maladie) pour adopter un point de vue plus éducatif (on cherche à favoriser le développement des ressources individuelles).

Essentiellement, on peut définir la stratégie d’intervention qui en résulte comme celle qui veut miser sur les forces de chaque individu pour lui fournir un tremplin vers son épanouissement. L’idée de prendre appui sur les aspects solides de la personne afin de lui permettre de relever plus facilement de nouveaux défis n’a rien de bien nouveau. Mais le fait de voir qu’on applique cette méthode avec succès auprès des clientèles les plus difficiles est certainement rafraîchissant et réconfortant.

Un professeur de sixième année raconte, par exemple, comment il a réussi à transformer profondément sa classe d’élèves sous-performants en invitant chacun à identifier les deux qualités (facteurs de résilience) qu’il avait déjà et à chercher comment il pourrait les développer encore davantage. Comme par miracle, en reconnaissant qu’ils possédaient déjà une habileté importante et en constatant que ce fait était reconnu par d’autres, ils ont commencé à retrouver en eux une confiance et une fierté jusque là inaccessible. Poussés par cet élan surgi au centre d’eux-mêmes, la plupart sont devenus des élèves de calibre élevé en moins de deux ans.

De telles expériences infligent aux attitudes cliniques une sévère remontrance qui nous rappelle des découvertes faites, elles aussi, au milieu du siècle dernier. On avait constaté à l’époque que les élèves avaient tendance à fournir les performances attendues par leur professeur plutôt que celles qui correspondaient à leur talent réel.

En trompant volontairement les professeurs sur le quotient intellectuel des élèves dont ils avaient la charge, on constatait qu’après peu de temps les résultats des élèves étaient en relation avec le faux Q.I. plutôt qu’avec celui que les tests avaient mesuré. Sans s’en rendre compte, l’éducateur avait tendance à attendre davantage des élèves qu’il croyait plus doués et à tolérer une performance médiocre des autres, il apportait naturellement aux premiers un soutien de meilleure qualité pour leur permettre de donner “leur plein rendement”.

L’application qu’on fait maintenant de la notion de résilience va plus loin dans la même direction. Non seulement on mise sur les talents pour stimuler les élèves, mais on ajoute un ingrédient important en rendant l’enfant lui-même porteur de cette vision positive et stimulante de lui-même.


Une notion adaptée à la vie actuelle

Il y a quelques années à peine nous pouvions encore imaginer une vie exempte d’atrocités ou de catastrophe majeure. Nos problèmes étaient à l’échelle humaine: accidents, maladies, décès, séparations, etc. Nous savions par les média que la situation était loin d’être aussi rose dans certaines régions du globe, mais avions besoin du témoignage des aînés pour nous rappeler que la guerre n’était pas seulement une abstraction dans le monde occidental. Seule la nature pouvait nous attaquer arbitrairement par des catastrophes trop puissantes pour nous et il fallait être malchanceux pour avoir à surmonter un événement traumatique.

Le danger omniprésent

Mais depuis un certain onze septembre, nous avons compris que nous ne sommes jamais à l’abri des actes de destruction contre lesquels nous sommes sans moyens. Nous savons maintenant que nous ne sommes nulle part exemptés des retombées de combats dans lesquels nous n’avons jamais choisi de nous impliquer.

Chaque jour, les médias nous signalent au moins un acte terroriste cherchant à atteindre ses buts en détruisant la vie de personnes qui ne sont pas concernées autrement que par leur race, leur nationalité ou le fait qu’elles se trouvaient à un endroit particulier à un moment précis. Le plus pacifiste, tolérant, aimant d’entre nous ne peut plus s’imaginer que son attitude suffira à lui procurer la sécurité; il peut être recruté de force à tout moment par quiconque estime avoir une cause juste à défendre ou à promouvoir.

Dans un tel contexte, la résilience n’a rien d’un luxe ! Nous pouvons tous nous attendre à devoir faire face un jour à une agression humaine ou naturelle qui mettra notre survie en jeu. Nous avons besoin d’apprendre à surmonter les pires épreuves car nous savons que nous en deviendrons probablement un jour les cibles arbitraires.

Une préparation inadéquate

Pire encore, notre vie des dernières décennies a souvent été organisée en fonction de l’élimination de tous les risques qu’on prenait chaque jour sans y penser il y a trente ou quarante ans. Notre sécurité au quotidien n’était plus notre responsabilité, mais celle des autres, du gouvernement ou des compagnies dont nous consommons les produits. Le piéton n’a plus besoin de vérifier s’il se mettra en danger en traversant la rue; il peut foncer tête baissée à l’intersection et laisser les autres prendre soin de l’éviter. Au pire (?) il deviendra le nouveau gagnant à la loto des accidentés dédommagées.

Mais les victimes d’actes terroristes et de cataclysmes naturels ne gagnent jamais à cette loterie car leurs bourreaux sont toujours insolvables et il y a des limites à ce que nos gouvernements peuvent accepter de payer en leur nom. Sans une multinationale ou un propriétaire de voiture de luxe, on ne gagne que des prix de consolation.

On nous prévient au début des émissions de télévision que certaines images pourraient froisser la susceptibilité ou la sensibilité de quelques personnes, mais c’est sans avertissement que la catastrophe nous touche. On nous interdit de fumer parce qu’à long terme cela pourrait nuire à notre santé, mais on nous encourage à croire que le prochain billet de loterie pourrait résoudre sans plus d’effort l’ensemble des problèmes de notre vie.

Il n’est pas étonnant que nous nous sentions vulnérables devant les difficultés inhérentes à la vie. Le moindre problème imprévu risque de nous déséquilibrer car nous avons appris à fuir tout danger au lieu d’apprendre à vaincre des obstacles. Lorsqu’on nous parle de cette résilience qui permet de surmonter les pires épreuves, nous reconnaissons là une qualité qui nous manque, une solution à l’angoisse que nous n’avions pas encore clairement identifiée.

Je crois que la popularité de ce concept découle en grande partie de la réponse qu’elle apporte à notre angoisse. Nous avons le sentiment d’être sans défense contre les malheurs que la vie peut nous présenter à tout moment, d’être trop mal préparés à affronter les défis que nous prévoyons rencontrer brutalement tôt ou tard. L’idée d’être mieux équipés pour avoir des chances de rebondir au lieu d’être détruits est forcément séduisante et, reconnaissons-le, d’une grande pertinence.


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Message par Invité Lun 21 Jan 2013 - 18:24

L'enfant égoïste

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Les adultes croient facilement que l'enfant ne pense qu'à lui. Jusqu'à six ou sept ans, en effet, il s'occupe surtout de sa propre personne. Les psychologues appellent cela de l'égocentrisme et non de l'égoïsme, car cette attitude est une condition importante du développement de l'enfant. Au moment où le tout-petit doit tout apprendre : se tenir debout, marcher, parler, reconnaître et comprendre ceux qui l'entourent, il est normal qu'il soit profondément absorbé par ce qu'il fait lui-même.

Il est nécessaire que les choses se Il est nécessaire que les choses se passent ainsi. La nature a voulu que l'enfant cherche à satisfaire ses propres besoins avant ceux des autres. Il faut qu'il chante, qu'il crie, qu'il saute, qu'il tire, pousse et manipule les objets à sa portée, même au risque de provoquer un accident. Il faut qu'il mange pour grandir et acquérir des forces, même si d'autres autour de lui doivent à cause de cela manquer du nécessaire. Toutes ces tendances égocentriques ne doivent pas être prises pour de l'égoïsme. On remarque, en revanche, que même le tout petit enfant aime partager ses joies avec la personne qui se trouve à ses côtés. Il vous est probablement arrivé de voir s'approcher de votre visage, tendu par un bras énergique, un biscuit entamé ou même un bonbon généreusement retiré de la bouche.

Déformation regrettable de l'égocentrisme

Il est regrettable que ces tendances égocentriques saines et naturelles subissent très souvent une fâcheuse déformation et deviennent de l'égoïsme. C'est tout simplement parce qu'on n'a pas su les diriger, les contrôler et inculquer l'habitude de freiner un désir, de s'opposer à la croissance d'une passion. On n'a pas inculqué à l'enfant la valeur absolue et définitive d'un "non" calme et décidé. C'est qu'on ne lui a donné ni l'exemple ni l'occasion de faire plaisir aux autres ou simplement de leur éviter certains inconvénients. On n'a pas su profiter des élans de générosité dont nous parlions tout à l'heure.

L'enfant qui a reçu un sachet de bonbons les présente volontiers à sa mère, à son père ou à d'autres personnes, surtout s'il a vu que cela se pratique dans le milieu où il vit. Que de fois, alors, les personnes qui sont l'objet de cette attention repoussent la petite main tendue en disant : "Non, mon chéri, c'est pour toi !" Il suffira de deux ou trois expériences analogues pour que l'enfant comprenne que ce qu'on lui donne est uniquement pour lui et qu'il n'a aucune raison de partager avec d'autres puisque les autres eux-mêmes le refusent.

Quelques causes d'égoïsme chez l'enfant

On a remarqué que les enfants uniques sont plus facilement égoïstes que ceux qui ont des frères et soeurs. Il faut donc souhaiter que les enfants ne soient pas obligés de vivre seuls aux foyers. Si toutefois cette circonstance se produisait, il faudrait toujours accueillir avec empressement, quoique avec toute la prudence nécessaire, les camarades de l'enfant unique. Celui-ci doit se sentir libre de demander la permission d'inviter quelques petits voisins à venir jouer avec lui. On pourra également lui permettre de répondre à certaines invitations semblables, pourvu que le contrôle nécessaire soit toujours possible et efficace. Il vaudrait mieux, de toute façon, que l'enfant unique jouisse seulement de la compagnie de ses parents plutôt que de l'exposer à contracter des amitiés douteuses. Les parents des enfants uniques s'efforceront, plus que les autres, d'être de bons camarades pour leurs enfants et de s'associer étroitement à leurs travaux et à leurs jeux.

Les enfants dont les parents s'entendent mal ou sont séparés sont aussi très facilement égoïstes, car les époux en dispute cherchent toujours à s'assurer les bonnes grâces de ces enfants par des cadeaux, des promesses inconsidérées ou des faiblesses. Dans ces circonstances-là il n'y a pas d'autre remède qu'un rapprochement entre les époux et un effort sincère pour se comprendre mutuellement.

L'égoïsme peut se développer également dans les écoles où les élèves sont habituellement comparés les uns aux autres et où une émulation collective les oppose. Lorsqu'ils se classent parmi les premiers, ils en conçoivent une fierté qui leur fait croire à leur importance et attire leur attention sur leur grande valeur personnelle, leurs mérites et par conséquent sur les égards qu'on leur doit. Si, au contraire, ils sont classés parmi les derniers, ils peuvent développer un complexe d'infériorité contre lequel ils réagissent en cherchant à s'affirmer par d'autres moyens que par le succès dans les études ; par des actes de méchanceté ou de violence ou par des excentricités ils essaient alors de souligner l'importance de leur personnalité.


Il est regrettable que ces tendances égocentriques saines et naturelles subissent très souvent une fâcheuse déformation et deviennent de l'égoïsme. C'est tout simplement parce qu'on n'a pas su les diriger, les contrôler et inculquer l'habitude de freiner un désir, de s'opposer à la croissance d'une passion. On n'a pas inculqué à l'enfant la valeur absolue et définitive d'un "non" calme et décidé. C'est qu'on ne lui a donné ni l'exemple ni l'occasion de faire plaisir aux autres ou simplement de leur éviter certains inconvénients. On n'a pas su profiter des élans de générosité dont nous parlions tout à l'heure.

L'enfant qui a reçu un sachet de bonbons les présente volontiers à sa mère, à son père ou à d'autres personnes, surtout s'il a vu que cela se pratique dans le milieu où il vit. Que de fois, alors, les personnes qui sont l'objet de cette attention repoussent la petite main tendue en disant : "Non, mon chéri, c'est pour toi !" Il suffira de deux ou trois expériences analogues pour que l'enfant comprenne que ce qu'on lui donne est uniquement pour lui et qu'il n'a aucune raison de partager avec d'autres puisque les autres eux-mêmes le refusent.

Quelques causes d'égoïsme chez l'enfant

On a remarqué que les enfants uniques sont plus facilement égoïstes que ceux qui ont des frères et soeurs. Il faut donc souhaiter que les enfants ne soient pas obligés de vivre seuls aux foyers. Si toutefois cette circonstance se produisait, il faudrait toujours accueillir avec empressement, quoique avec toute la prudence nécessaire, les camarades de l'enfant unique. Celui-ci doit se sentir libre de demander la permission d'inviter quelques petits voisins à venir jouer avec lui. On pourra également lui permettre de répondre à certaines invitations semblables, pourvu que le contrôle nécessaire soit toujours possible et efficace. Il vaudrait mieux, de toute façon, que l'enfant unique jouisse seulement de la compagnie de ses parents plutôt que de l'exposer à contracter des amitiés douteuses. Les parents des enfants uniques s'efforceront, plus que les autres, d'être de bons camarades pour leurs enfants et de s'associer étroitement à leurs travaux et à leurs jeux.

Les enfants dont les parents s'entendent mal ou sont séparés sont aussi très facilement égoïstes, car les époux en dispute cherchent toujours à s'assurer les bonnes grâces de ces enfants par des cadeaux, des promesses inconsidérées ou des faiblesses. Dans ces circonstances-là il n'y a pas d'autre remède qu'un rapprochement entre les époux et un effort sincère pour se comprendre mutuellement.

L'égoïsme peut se développer également dans les écoles où les élèves sont habituellement comparés les uns aux autres et où une émulation collective les oppose. Lorsqu'ils se classent parmi les premiers, ils en conçoivent une fierté qui leur fait croire à leur importance et attire leur attention sur leur grande valeur personnelle, leurs mérites et par conséquent sur les égards qu'on leur doit. Si, au contraire, ils sont classés parmi les derniers, ils peuvent développer un complexe d'infériorité contre lequel ils réagissent en cherchant à s'affirmer par d'autres moyens que par le succès dans les études ; par des actes de méchanceté ou de violence ou par des excentricités ils essaient alors de souligner l'importance de leur personnalité.

Égoïsme par ignorance

Lorsqu'un enfant semble être égoïste, il ne faut pas oublier qu'il l'est très souvent par ignorance. Il ne peut pas savoir tout de suite à quel point certains de ses actes risquent de nuire à autrui. Il ne sait pas que le bruit de son tambour réveille le bébé endormi dans la pièce voisine, il ne sait pas qu'un beau vase coûte cher et que, s'il le jette par terre pour voir s'il rebondit comme une balle, le désastre est irréparable ; il ne sait pas que d'autres enfants ont faim, alors qu'il a lui-même toutes sortes de bonnes choses à sa disposition.

C'est peu à peu que les parents devront aider l'enfant à comprendre que les personnes qui l'entourent éprouvent les mêmes sentiments que lui : qu'elles peuvent, elles aussi, avoir faim, soif ou froid ; qu'elles sont sensibles comme lui à tout ce qui fait de la peine et que la cause de leurs rires et de leurs larmes ressemble à celle qui le fait rire ou pleurer lui-même. C'est donc vraiment rendre service à un enfant que de lui inculquer le respect, la considération, l'estime, la sympathie pour les hommes, les femmes et les enfants qu'il rencontre. Nous ne pensons pas qu'il faille offrir trop tôt à un enfant le spectacle de la souffrance humaine, mais nous croyons qu'il n'est jamais trop tôt pour lui inspirer sans contrainte et surtout sans menaces un acte de bonté, un sacrifice en faveur des plus pauvres ou des plus malheureux que lui. Cette culture des sentiments les plus nobles du cœur sera certainement le meilleur moyen d'empêcher la formation de l'égoïsme et de le combattre s'il s'est déjà manifesté.


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Message par Invité Lun 21 Jan 2013 - 18:25

LES HOMMES NE VIVENT-ILS EN SOCIETE QUE PAR INTERET ?



Introduction

Il est évident que les hommes recherchent ce qui leur est le plus avantageux. Mais peut-on dire pour autant qu’ils ne vivent-ils en société que par intérêt ? Leur seule raison de vivre en société est-elle d’en tirer des avantages personnels ?
· D’un côté, la vie en société, grâce à l’échange de biens et de services, leur permet de subvenir à leurs besoins de manière plus avantageuse que s’ils vivaient à l’état de nature, comme nous commencerons par le montrer.
· Mais d’un autre côté, la difficulté de procéder à des échanges avantageux pour tous ne les oblige-t-elle pas à s’interroger sur la confiance qu’ils peuvent se faire ; sur la liberté qu’ils peuvent s’accorder et sur les règles de justice qu’ils doivent s’imposer pour que la vie en société soit plus avantageuse qu’elle ne risque de leur porter préjudice?

Le problème que soulève cette question est donc le suivant : Si les hommes ne vivaient en société que par pur égoïsme individuel, la recherche de la justice et de la liberté auraient-elles pu apparaître ? Et même si l’égoïsme est à l’origine de ces valeurs, ne peut-on pas les considérer comme des idéaux qui dépassent le seul désir de défendre des intérêts individuels ?



Développement

Les hommes vivent en société avant tout par intérêt.

· Les hommes sont d’abord des « animaux » au sens où ils ont des besoins vitaux à satisfaire : se nourrir, se protéger de tous les dangers que la nature leur fait courir et subvenir aux besoins de leurs petits dont la dépendance est plus longue que chez les autres espèces animales. Les hommes comme tous les animaux sont animés par un instinct de conservation. Comme la nature ne les a pas dotés d’outils ni de manières de se conduire préétablies, ils doivent les inventer et pour ce faire, vivre en société. En effet, la vie en société consiste à échanger des services et à communiquer afin de mettre au point une organisation permettant de subvenir aux besoins. Les idées permettant de subvenir à leurs besoins doivent au dialogue de pouvoir prendre forme et corps.

· Agir pour subvenir aux besoins revient à agir « par intérêt ». Si j’ai besoin d’une chose, j’ai « intérêt » à la trouver, je m’occupe activement et sans relâche à la trouver ; cette chose dont j’ai besoin m’intéresse au sens où je la juge utile, où je juge avantageux voire indispensable de la posséder. Il est donc littéralement exact que si les hommes vivent en société pour subvenir à leurs besoins, ils le font par intérêt, activement , obstinément et en le considérant comme une priorité vitale.

· L’instinct de conservation est si puissant chez l’homme qu’il n’est pas enclin à partager avec ses semblables, comme le démontre les inégalités sociales et qu’il est capable envers eux de violence impitoyable quand ses intérêts sont en jeu. Vivre en société par intérêt signifie alors vivre en société par égoïsme. Ils ne se mettent pas au service de la société ; au contraire ils attendent que la société soit à leur service.

· Alors que la vie en société implique d’obéir à des règles communes, rien ne leur est plus difficile, pour les élaborer, que de faire abstraction de leurs intérêts personnels. A Athènes, par exemple, où fut inventée la démocratie demandant aux citoyens de participer à l’élaboration des lois, il fut prévu des sanctions draconiennes contre ceux qui proposaient des lois conçues à l’évidence pour leur avantage personnel.

· Les avantages des échanges de services sont considérables. Chacun peut manger à sa faim et améliorer ses conditions de vie si les hommes s’associent pour trouver la nourriture ; et toujours davantage si la communication rend possible d’inventer des techniques permettant de produire les moyens de subsistance au lieu de dépendre de la nature qui n’est pas partout généreuse. Pourtant, il faut imposer par la force les règles de coopération malgré leur nécessité, car sans organisation, la vie en société ne peut pas répondre aux besoins. Cela prouve encore à quel point les hommes sont aveuglés par leur égoïsme.

· L’instinct de conservation réclame naturellement de pouvoir vivre en sécurité. Mais la crainte pour leur propre sécurité conduit bon nombre d’individus à vouloir que toute atteinte à leur sécurité soit réprimée avec une sévérité disproportionnée aux préjudices subis. Alors que le rôle de la justice est d’infliger des peines équitables, ces hommes réclament non pas la justice mais la vengeance.

· L’égoïsme intervient également dans les sentiments qui attachent les individus les uns aux autres. Ils s’attachent bien plus spontanément à ceux avec qui ils partagent les mêmes intérêts qu’à ceux dont les intérêts divergent des leurs, comme le confirme l’observation du cloisonnement entre les catégories sociales.

· En résumé, ainsi que le dit le philosophe Hume : " C’est uniquement de l’égoïsme de l’homme et de sa générosité limitée, en liaison avec la parcimonie avec laquelle la nature a pourvu à la satisfaction de ses besoins, que la justice tire son origine ". Il veut dire que les lois régissant la vie en société sont fondées sur la justice ; mais les hommes en attendent essentiellement qu’elle défende leurs intérêts. Ce qui est juste pour l’opinion du plus grand nombre, c’est que mes intérêts ne soient pas lésés.

Mais l’égoïsme oblige les hommes à développer le sens de l’intérêt commun.

· Les lois sont contraignantes car elles demandent à chacun de réfréner son égoïsme afin de coopérer comme le veut le fait même de s’associer. Les hommes ne l’acceptent pas de leur plein gré. Mais au moins, la plupart l’acceptent, pourvu que les lois soient les mêmes pour tous. S’ils ne vivaient en société exclusivement que par intérêt, ce principe d’égalité ne serait pas apparu et les hommes n’y trouveraient pas une compensation des sacrifices que demande la vie en société.

· Si les hommes étaient purement et simplement égoïstes, comment expliquer que leur vienne à l’esprit une autre conception de la justice distributive que de partager les richesses en part égales entre tous les individus, afin que personne ne puisse posséder plus qu’un autre. Or ce principe de justice n’est pas estimé juste car il fait abstraction du mérite de chacun dans la production des richesses. Certes, chacun espère être considéré comme le plus méritant. Mais bon nombre d’individus sont indignés de voir l’un de leurs semblables subir un préjudice ou une sanction imméritée, ce qui implique un sens de la justice en partie indépendant de l’égoïsme.

· Si l’égoïsme peut pousser l’individu à vouloir dominer ses semblables, comme le prouve la durée de l’histoire humaine pendant laquelle l’esclavage fut pratiqué légalement et la multiplicité de sociétés gouvernée par des tyrans, le combat contre la servitude n’a cessé de prendre de l’ampleur.

· Or ce n’est pas seulement pas intérêt que la servitude est combattue. Les hommes ont conscience de leur dignité et n’admettent pas d’être considérés comme des objets. La servitude est la négation du sujet que l’être humain a conscience d’être ; il a conscience d’être doué de libre arbitre et aspire au respect de sa liberté.

· Certes, il défend, ce faisant sa liberté individuelle. Mais celle-ci ne se réduit pas à la défense de ses intérêts, sinon, un esclave bien nourri et vivant en sécurité sous l’autorité de son maître ne se révolterait jamais. Certains ne se sont pas révoltés. Mais certains ont fait passer leur dignité avant leurs intérêts. Il suffit d’observer que bon nombre d’individus soient partagés entre la défense de leurs intérêts et celle de leur dignité et que certains, fussent-ils peu nombreux aient été capables de sacrifier leur vie pour défendre la liberté pour réfuter l’idée que les hommes ne vivent en société que par intérêt.

· Le patriotisme prouve encore que l’individu est capable de s’identifier à l’intérêt commun. Si les hommes étaient purement et simplement égoïstes, il serait inconcevable qu’ils acceptent de risquer de perdre la vie pour leur patrie. Ils n’auraient jamais fait preuve du moindre idéalisme. Ils n’auraient jamais trouvé plus de sens à leur vie en se battant pour l’intérêt commun, en se battant contre la servitude qu’à préserver leur seul intérêt personnel.

· Et si l’on soupçonne encore que le sens de l’intérêt commun n’est jamais qu’une façon intelligente d’être égoïste en comprenant que mes intérêts personnels seront d’autant mieux servis par la vie en société que si je contribue activement à son développement, hormis le fait qu’en raisonnant ainsi l’égoïste prend en compte l’intérêt des autres, comment expliquer l’existence du sens moral ? Les devoirs moraux sont des obligations qui ne sont pas imposées par la vie en société. La société me demande des efforts de solidarité ; mais elle ne me demande pas d’aimer mon prochain de manière désintéressée. Même si peu d’individus sont altruistes ou ne supportent pas de voir souffrir leur prochain, l’altruisme ne pourrait pas exister alors que la vie en société ne l’exige pas si les hommes ne vivaient en société que par pur et simple intérêt.

· L’altruisme est une exigence de la raison qui fait découler le bonheur d’une autre conception du plaisir que des seuls plaisirs matériels. Les hommes qui considèrent la bienveillance comme un devoir placent la liberté dans l’indépendance vis à vis de l’égoïsme et préfèrent la liberté de choix à la soumission à leurs besoins.


Conclusion

Il n’est donc pas faux que les hommes vivent en société par intérêt en raison de l’instinct de conservation. Mais il est réducteur, voire désobligeant pour l’espèce humaine de penser qu’ils ne vivent en société que par intérêt au regard de l’idéalisme dont témoigne l’histoire humaine en matière de justice et de liberté.
Mais devant l’importance qu’a prise la recherche de la croissance économique, parmi ceux qui sont épris d’idéal ou de sens moral, certains ont tendance à réserver l’exercice de leurs principes dans leur vie privée au lieu de les mettre au service de la société. La société au service de l’intérêt économique ne rencontre que peu d’opposition, d’autant moins qu’elle est libérale, c’est à dire que la liberté en est la condition.
Mais l’idéalisme qui a été vigoureux tant que la liberté n’était pas reconnue comme étant un droit fondamental le restera-t-il s’il doit être limité à la vie privée ?


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Message par Invité Mar 22 Jan 2013 - 1:41

La transcendance


L'idée de transcendance est celle d'un certain type de rapport entre des êtres ou des choses, dans la mesure où un être ne peut être dit transcendant que par rapport à un autre. On ne peut pas, semble-t-il, être transcendant "tout court", dans l'absolu, sans comparaison avec autre chose. Mais alors cette idée se présente d'emblée comme déroutante, puisqu'elle signifie justement, en un sens, l'absence de rapport : il y a transcendance d'une chose par rapport à une autre lorsqu'il y a, entre elles deux, une complète discontinuité, une séparation radicale, pour ainsi dire un abîme : l'une est au-delà de l'autre. Quelques rapides exemples permettront d'illustrer cette idée. Parler d'une vérité transcendante, c'est évoquer une vérité qui serait ce qu'elle est en elle-même, qui ne dépendrait pas de la multiplicité des hommes et de leurs points de vue.

De même, parler de la transcendance de la conscience par rapport au monde, comme le font certains philosophes, c'est dire que la conscience est irréductible au monde, est en complète discontinuité avec lui (ce qui lui permet précisément de voir le monde comme monde) ; cet exemple invite, au passage, à ne pas envisager la transcendance de façon seulement statique ; la transcendance de la conscience par rapport au monde est à concevoir comme une activité plutôt que comme un état : effort toujours renouvelé de dégagement, de prise de distance, qui suppose sans doute une transcendance de principe, déjà là en puissance, mais qui la met effectivement en œuvre. Evoquer enfin une transcendance d'autrui par rapport à moi (et nous considérerons ici, en première approche, que "autrui" peut désigner aussi bien l'autre homme que Dieu), c'est proposer l'idée que chaque être d'esprit est un être à part entière, absolument, et non pas l'aspect ou le prolongement d'autre chose que lui-même : ce qui fait qu'existe fondamentalement entre eux un vide, une absence de lien.

La transcendance serait donc, en quelque sorte, le rapport qu'il y a entre les êtres ou les choses qui n'ont pas de rapport, en ce sens qu'il n'y a aucune continuité entre eux. Elle ne pourrait prendre place qu'entre des êtres dont l'un, au moins, aurait tout son être en lui-même, et serait en quelque sorte un absolu : ce qui n'est pas le cas de tous. Certains êtres semblent au contraire être fondamentalement immanents, en ce sens qu'il n'y a rien en eux qui les mette à distance du reste : ils ne sont que des éléments, des aspects, et pour ainsi dire des excroissances d'un tout plus vaste, au sein duquel n'existent que des différences de degré, où tout est en continuité avec tout, où tout est commensurable aussi ; ils se résolvent par conséquent en un ensemble de relations, et ne peuvent qu'à peine être appelés des êtres : c'est le cas des choses (dirons-nous : de tout ce qui est matériel ?), peut-être des animaux.

Mais outre l'idée de séparation, la transcendance paraît impliquer celle de hiérarchie, de surplomb : ce qui transcende, n'est-ce pas ce qui est "au-dessus" ? Il y aurait alors une dissymétrie entre ses termes, qui se confirmerait par le caractère unilatéral, non réciproque, de la transcendance : par exemple, si l'on peut soutenir que la vérité transcende nos particularités individuelles ou collectives, on ne peut dire que réciproquement nos particularités transcendent la vérité, bien qu'elles en soient radicalement distinctes. Ce qui transcende serait alors à entendre non seulement comme ce qui est délié et se tient au-delà, mais aussi comme ce qui l'emporte en perfection, ce devant quoi il faudrait s'incliner, ou ce vers quoi il s'agirait de tendre. Cela est-il incompatible avec l'idée d'une transcendance des hommes les uns à l'égard des autres ? Afin de tenter de réfléchir, entre autres, sur ce point, en prenant ensemble les deux aspects de la transcendance (séparation et hauteur), proposons pour finir quelques interrogations, que conduit naturellement à soulever l'exercice même du dialogue.

Si la transcendance est séparation, discontinuité radicale, cela signifie-t-il qu'elle rende impossible toute relation ? Il peut sembler que oui, et que toute relation ne puisse prendre place que dans l'immanence (où, par définition, tout est relié à tout). Demandons-nous pourtant si, au contraire, les relations les plus profondes ne supposent pas des êtres qui soient radicalement distincts, qui soient l'un pour l'autre un autre être, et donc, en ce sens, transcendants. Quelle rencontre, en particulier quel dialogue pourrait-il y avoir entre des êtres qui ne seraient pas des sujets autonomes ? Et de façon générale, comment la liberté des personnes et de leurs relations serait-elle possible sans transcendance ? Peut-être cette dernière, loin d'exclure la relation, en est-elle la condition la plus essentielle.

Il est d'ailleurs une autre raison d'envisager cette possibilité : que serait un dialogue, en effet, s'il ne se déroulait à la lumière et en vue d'une vérité dont nous reconnaîtrions la préséance sur nos opinions, nos habitudes, nos intérêts, et qui ainsi nous transcenderait ? La transcendance du vrai pourrait bien, elle aussi, être condition du dialogue. Davantage peut-être : sa transcendance ne consisterait pas à s'imposer et à dominer, comme on le croit souvent, mais à s'offrir comme ce qui permet aux hommes tout à la fois de s'élever et de se rencontrer, dans le même mouvement.

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Message par Invité Mar 22 Jan 2013 - 22:08

Je suis rancunier


Petites vexations d’aujourd’hui ou grandes blessures d’antan, rien ne passe. Certains conservent indéfiniment une dent contre ceux qui les ont offensés. Comment s’installe la rancune ? Et comment en sortir ?



Pourquoi ?

« On dit que la vengeance est un plat qui se mange froid. Eh bien, moi, je le mange… surgelé ! » raconte Sylvia, 35 ans. Qui n’a jamais connu ce désir de vengeance après un affront, un préjudice, une humiliation ? Ou plutôt ce désir d’« être vengé » !

Car voilà l’une des caractéristiques de la rancune : sauf cas exceptionnel, nous faisons tout pour ne pas mettre cette vengeance à exécution. « Parce que c’est une colère “stabilisée” et tenace, explique la psychologue québécoise Michelle Larivey. Même si elle peut être ravivée lorsque nous évoquons les circonstances qui en sont la source, cette colère s’est installée en nous pour y demeurer, parfois un temps extrêmement long. »

Cas typique de Lucie qui, à 45 ans, garde encore une énorme rancune à l’égard de son frère qui l’a dénigrée pendant toute son enfance : « Je ne l’ai pas revu depuis vingt-cinq ans, parce que je ne lui pardonne pas de m’avoir fait souffrir à ce point-là. » Comme elle, certains vont jusqu’à couper les ponts avec ceux qui leur ont fait du tort, tandis que d’autres boudent indéfiniment…


Une impasse relationnelle

Conserver sa rancune, c’est entrer dans un rapport de force : ne pas plier devant les événements, continuer à refuser ce qui s’est passé. Michelle Larivey distingue la rancune, cette animosité durable et le ressentiment (ou encore rancœur), « qui contient en plus de la tristesse, même si elle est parfois peu apparente, car la colère lui sert de paravent ». Tandis que la rancune s’appuie en général sur un préjudice, le ressentiment provient d’un fait vécu comme une véritable injustice ou une profonde désillusion. Mais il y a d’autres différences : la première est un sentiment qui reste stable en nous-même, tandis que le second est une émotion vivace, que l’on peut réveiller et entretenir à tout moment. Quoi qu’il en soit, l’une et l’autre constituent des impasses relationnelles.

« Je me conduis d’une manière distante et froide avec mon chef de service, parce qu’il ne m’a pas accordé l’augmentation que je mérite, décrit Sébastien. Mais je ne lui en parlerai pas, ce n’est même pas la peine… » Une stratégie pas franchement efficace, ni pour obtenir une augmentation, ni pour entretenir une communication saine.


Une émotion toxique

En fait, la rancune et le ressentiment – dont les mécanismes prennent racine dans la petite enfance, lorsque les parents n’autorisent pas l’expression du mécontentement – nous servent à maintenir la force de notre colère et de notre lien émotionnel avec une expérience passée. « En même temps, ajoute Michelle Larivey, cette fidélité à notre expérience négative nous maintient dans une position de fermeture aux autres et nous interdit tout nouveau contact qui pourrait être réparateur. »

Autrement dit, une rancune peut créer un surpoids d’angoisses, de malaise, de mal-être… Toutes les études sur les émotions négatives le confirment : la rancœur et le ressentiment favorisent la dépression, les troubles anxieux, le stress, les maux de tête, les troubles du sommeil… Ce que disent aussi ces mêmes études, c’est que réussir à se débarrasser de nos colères intérieures améliore le niveau d’énergie, le sommeil, le rythme cardiaque… Mais ce nettoyage passe par un procédé tout simple, dont nous connaissons tous le principe : le pardon.


Que faire ?

Exprimez-vous

La manière la plus efficace de vous débarrasser d’une rancœur, c’est de l’exprimer à la personne concernée. Si un échange verbal vous semble impossible, vous pouvez lui écrire en détaillant les raisons de votre colère, en décrivant votre sentiment d’injustice, le tort qu’elle vous a causé… Vous pouvez même parler de votre désir de vengeance ! Cette démarche n’a pas forcément pour but de vous réconcilier – vous pouvez dire ou écrire : « Voilà pourquoi je ne veux plus te revoir » – mais d’être en paix avec vous-même.

Pardonnez

Plus facile à dire qu’à faire. Le pardon est pourtant indispensable pour évacuer la rancune. Cette attitude exige de votre part un abandon de votre ressentiment et de votre désir de vengeance. Méditez sur les raisons de votre colère, sur le mal que ce sentiment vous cause. Si vous voulez renouer avec la personne qui vous a blessé, exprimez-lui votre pardon, oralement et physiquement, avec une accolade par exemple.


Conseils à l'entourage

Si vous sentez qu’une personne a du ressentiment à votre égard, autorisez-la à vous dire des choses désagréables sur votre comportement… Vous devez aussi être capable de dire ce que vous-même pensez de votre attitude, de manière sincère et authentique. Si vous vivez avec une personne rancunière, tentez le « jeu du sac de sable » : une fois par mois, il s’agit de tout se dire, surtout le plus pénible, pendant deux minutes et quinze secondes. Puis de rester fâchés pendant trois minutes et sept secondes. Ainsi, on vide son sac, et le sable s’écoule…


Témoignage

Sophie, 41 ans, secrétaire de direction : « J’ai écrit une lettre de vingt pages… Ce fut libérateur ! »

« Pendant des années, j’en ai voulu à mes parents qui me disaient que je n’étais pas assez intelligente pour faire des études, se moquaient de mes amies, de mes petits copains… Alors j’ai perdu mon envie d’aller vers les autres et j’ai fini par me dire que les bonnes relations, c’est “pas de relations du tout” ! Je suis devenue secrétaire, sans grande conviction. Un jour, une collègue m’a dit qu’elle n’avait jamais vu une personne aussi méfiante et rancunière que moi. Tout était prétexte à ressentiment : une parole ironique, un regard, un oubli...

Elle m’a dit : “Pourquoi tu n’écris pas ce que tu ressens à tes parents plutôt que d’en vouloir à la terre entière ?” J’ai écrit une lettre de vingt pages… Ce fut libérateur ! Ma collègue a voulu la faire lire à son copain. J’ai accepté, et nous avons commencé à en parler : il avait une expérience semblable à la mienne. Il m’a ensuite présenté un de ses amis, avec qui je vis maintenant. La lettre, je ne l’ai jamais envoyée. Mais elle a été beaucoup lue et commentée. On en parle, je parle… Je commence à devenir moi-même. »



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Message par Invité Jeu 24 Jan 2013 - 13:26

Le pouvoir de l’humilité ( article du site www.psychologies.com )

« Comment, sur la base d’une négation constante de soi, peut-on trouver la paix ? » interroge Véronique Desjardins. S’aimer implique d’accueillir ses qualités comme ses défauts. La plupart des traditions spirituelles l’ont compris.




Ecrivain, directrice de la collection “Les Chemins de la sagesse” aux éditions de la Table ronde, elle est l‘épouse et la collaboratrice d’Arnaud Desjardins et contribue aux activités du centre de Hauteville, en Ardèche.

Le Dalaï-Lama a, paraît-il, été très surpris, lors de ses premiers contacts avec l’Occident, de découvrir cette étrange maladie dont la plupart d’entre nous sont atteints : le manque d’amour de soi – pour ne pas dire la détestation – tant celle-ci était inconnue dans son pays d’origine. Ce conflit avec soi-même est doublement tragique. Il conduit évidemment à refuser des parts de soi considérées comme négatives et que nous voudrions faire disparaître, ou à nier certains aspects de notre être – la fameuse part d’ombre de l’analyse jungienne – qui ne correspondent pas à l’image que nous voulons conserver de nous. Ce qui aboutit à une véritable autocensure.

Mais ce qui est plus grave, c’est que le non-amour de soi se projette sur notre être tout entier, y compris sur les potentialités qui constituent notre richesse la plus intime. En refusant notre part d’ombre, nous refusons aussi notre part de lumière, le réservoir de force, de confiance en soi, d’élan vital, toujours présent au fond de nous-mêmes. Si nous regardons bien, nous n’avons choisi ni nos “talents” ni ce que nous considérons comme négatifs. Il n’y a donc ni fierté ni culpabilité à avoir quand nous découvrons ce que nous sommes.

L’humilité que prônent toutes les voies spirituelles ne peut pas se fabriquer, on ne devient pas humble parce que l’on prétend “être tout petit”. La véritable humilité, c’est de se voir tel que l’on est, ni plus ni moins, et de s’accepter dans son intégralité, en assumant ses failles, mais aussi ses dons et ses qualités comme des faits. Ce qui revient à quitter le monde du jugement. Chez beaucoup d’Occidentaux, la spiritualité, qui devrait être le terrain privilégié de la réconciliation avec soi-même, aboutit souvent à son contraire, le renforcement de l’aliénation dont on désire s’affranchir. Les chercheurs de vérité s’adressent souvent à des maîtres, non pas tant parce qu’ils sont animés par une authentique recherche, mais parce qu’ils ne s’aiment pas. Ils espèrent que les enseignements spirituels vont les aider à “devenir meilleurs”.

Dans le centre d’Arnaud Desjardins, nous sommes plusieurs collaborateurs à animer des réunions en groupes restreints, où six à sept personnes peuvent partager leurs difficultés existentielles. La quasi-totalité des questions qu’elles posent peut se résumer à un conflit, camouflé ou patent, avec elles-mêmes : refus de ce qu’elles sont (trop ceci ou pas assez cela), refus de leurs émotions, refus de leurs comportements (« Je me mets tout le temps en colère » ; « Je ne témoigne pas assez d’amour à mon mari » ; « Je suis trop lent dans mon travail », sous-entendu : « Je devrais être autrement. ») Comment, sur la base d’une négation constante de soi-même, peut-on envisager de “trouver la paix”, de “mettre de l’harmonie” dans sa vie ?

Nous nous plaignons souvent de manquer d’énergie, mais la non-acceptation de nous-mêmes, sous ses multiples formes, constitue le plus grand blocage énergétique que l’on puisse imaginer, blocage que nous ne cessons d’alimenter par de nouveaux refus. En fait, cette erreur témoigne d’une incompréhension des lois qui régissent le processus même de la transformation. Car c’est bien à une transformation que nous invite toute voie spirituelle, non pas sur la base de la suppression de certains aspects de nous-mêmes, mais de leur transmutation, véritable alchimie intérieure. Ce dont nous voulons à toute force nous débarrasser pourrait bien être notre plus grande richesse. Sœur Emmanuelle raconte une très belle histoire concernant les chiffonniers du Caire : les détritus de la décharge sur laquelle ils naissaient, vivaient et mouraient dans des conditions épouvantables étaient devenus, avec le temps, un engrais particulièrement fertile que la municipalité du Caire est venue acheter pour l’épandre sur les champs d’Egypte.

On parle sans arrêt de “devenir soi-même”, souvent dans un esprit de revendication, comme si l’extérieur – la société, le milieu professionnel, l’entourage proche – était responsable de notre aliénation. Mais, ne sommes-nous pas les premiers artisans, à force de nous refuser, de notre prison ? La fameuse “connaissance de soi” suppose l’intégration de tous les aspects de notre réalité actuelle, ceux que nous aimons et ceux que nous n’aimons pas – mais également ceux que nous ne connaissons pas encore et que notre attitude d’accueil va permettre de révéler à la conscience. Les Tibétains ont une très belle expression : entrer en amitié avec soi-même, et cette amitié se pratique au quotidien, instant après instant. Comme le dit un adage soufi : “Ou vous entrerez entier au Paradis, ou vous n’y entrerez pas.” »


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Message par Invité Ven 25 Jan 2013 - 16:00

Analyse ontologique

http://analyse-ontologique.com/12-lecons-2/

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Message par Invité Dim 27 Jan 2013 - 14:23

Arf ... l'es parti lui ...

Pas mal quand même ce fil. De bons tuyaux, mais faut accepter le présent au delà Smile ... sinon comment vivre dis ?

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Message par Invité Sam 2 Fév 2013 - 14:06

Le mensonge



Quoi de plus révoltant pour les parents que de prendre l'enfant en flagrant délit de mensonge ? Pour certaines familles, c'est la manifestation caractérisée d'un enfant pervers, vicieux, irrécupérable... "Ton péché te mènera tout droit en enfer!" car, en effet, "cet enfant qui ne cesse de mentir est nécessairement sur la mauvaise pente et je ne donne pas cher de son avenir!" Pour d'autres, au contraire, le mensonge, c'est le signe d'une intelligence supérieure qui sait utiliser toutes les ressources de la ruse pour arriver à ses fins ! Vous vous dites certainement que ces deux positions sont quelque peu caricaturales ? Soit ! Et pourtant elles ne sont pas si éloignées que ça de certains jugements que l'on porte fréquemment sur le mensonge enfantin.

Avant toute chose, l'adulte est-il aussi vertueux qu'il veut bien le dire ? Ne sommes-nous pas les premiers à utiliser le mensonge afin de servir des intérêts "supérieurs" ? Dans le commerce, les affaires, les relations d'amitié, d'amour... à tel point que le mensonge constitue une éternelle source d'inspiration pour les écrivains, les poètes, les cinéastes... et les enfants !!! Et que penser de ces mythomanes que l'on rencontre tous les jours au café, dans les réunions politiques, au cours des débats télévisés, etc...? Par ailleurs, l'enfant menteur deviendra-t-il nécessairement un adulte menteur ? Quel regard doit-on porter sur cette "activité" particulièrement présente chez l'enfant à cet âge ?

L'enfant, au contraire de l'adulte, ne possède pas encore les moyens pour connaître la réalité objective et y faire face. Nous avons vu qu'un enfant de 6-7 ans ne parvenait pas encore parfaitement à intégrer les différents points de vue nécessaires pour se faire une opinion satisfaisante de la réalité qui l'entoure. Entre l'imaginaire et le réel, la distinction est souvent délicate pour un enfant à l'imagination fertile : en conséquence, on peut déjà dire que l'enfant ment plus dans les mots qu'en pensée.

Pour l'adulte, en revanche, le mensonge enfantin est souvent vécu comme une atteinte aux valeurs morales qui sont à la base des rapports entre les individus. Mais comment un enfant à peine sorti de son égocentrisme pourrait-il deviner qu'il en train de bafouer une quelconque règle de moralité ? Entre 7 et 10 ans, la pensée logique, sociale et morale se construit progressivement : l'enfant doit intégrer un nombre considérable d'éléments lui permettant de structurer sa personnalité, tant sur le plan cognitif que social, et ces efforts se traduisent pour l'instant par des attitudes incohérentes et partiellement inadaptées. Dans ce sens, le mensonge peut traduire cette difficulté que l'enfant éprouve à intégrer le réel.

Nous voyons dans le cours de psychologie de l'enfant comment certaines perceptions incomplètes de la réalité amenaient l'enfant à avoir un discours contradictoire. Dans ce cas, l'enfant ne ment pas pour dissimuler mais pour faire coïncider la réalité avec la perception qu'il a de cette réalité : l'enfant ne ment pas, il "déforme le réel"! C'est ce que l'adulte appelle pourtant un mensonge. Examinons d'un peu plus près les différents acceptations du mot "mensonge".

Le mensonge-affabulation : l'enfant s'arrange avec la réalité tout en préservant sa vie imaginaire. La réalité lui semble tellement lointaine, tellement inaccessible... tellement adulte. Or, l'enfant sait qu'il a besoin du monde adulte, en particulier pour se faire aimer. Le mensonge lui sert alors de trait d'union entre l'imaginaire et le réel, entre son monde d'enfant et le monde des adultes : c'est un compromis qui lui paraît intéressant car il lui permet de faire cohabiter deux mondes aux contenus parfois opposés. Les parents pensent souvent que c'est parce que l'enfant veut se rendre intéressant mais ce genre de mensonges, lorsqu'il devient régulier, traduit généralement des tensions plus préoccupantes dont un manque de tendresse quasi systématique.

QUE FAIRE ? ne jamais laisser croire à l'enfant que vous êtes dupe. Il est important que l'enfant ne confonde pas le réel et l'imaginaire : l'imaginaire, c'est lui qui fixe les règles, mais le réel, ce sont les parents. Mais ce sont également les parents qui donnent de l'amour : ne l'en privez pas!

Le mensonge-provocation : c'est une sorte de crise d'opposition mais qui utilise des formes plus subtiles. Lorsque l'enfant grandit, son désir d'autonomie lui fait vivre parfois certains conflits : aux alentours de 2-3 ans, il manifeste ce que nous avons appelé un négativisme ; un peu plus tard, il continue à s'opposer à ses parents mais en cherchant à atténuer cette opposition pour éviter de perdre leur amour. Il se sert alors du mensonge dans un but détourné : chercher la contradiction et la faire accepter afin de faire accepter son opposition. Car l'enfant recherche la voie idéale pour accéder à son indépendance mais dans le même temps, il veut conserver votre amour. Il "joue" sur les deux tableaux !

QUE FAIRE ? Accepter l'incohérence cognitive propre au stade qu'il traverse ne signifie pas que vous devez accepter qu'il l'utilise comme une arme au niveau affectif. En effet, si vous réagissez sur le mode affectif (par exemple, vous mettre en colère, le gronder, lui faire la morale, le culpabiliser, etc...), vous acceptez que le mensonge devienne une forme de dialogue entre vous et lui et vous aurez des difficultés à faire cesser cette pratique. Dans ce cas du mensonge-provocation, l'attitude la plus appropriée consiste à refuser l'échange au niveau émotionnel : dites simplement à l'enfant qu'il n'a pas besoin de vous mentir sans cesse pour que vous compreniez qu'il traverse une période difficile et par-dessus tout, assurez-le de tout votre amour car il a besoin d'être aidé et entouré dans ces moments difficiles.

Le mensonge-jeu : lorsque l'enfant ne trouve pas dans le jeu une manière satisfaisante de travestir la réalité et qu'il ne parvient pas à l'intégrer sur le mode ludique (soit parce qu'il ne joue pas assez, soit parce qu'il joue "mal", avec des jouets inadaptés à son âge par exemple), il peut se mettre à mentir afin de travestir le monde des adultes "pour de rire". Il joue à mentir en quelque sorte : il sait pertinemment que ce qu'il dit est faux mais il le fait quand même car il a besoin de "tordre le cou" au monde réel ; cependant, il sait que c'est un jeu.

QUE FAIRE ? Il est impératif de faire comprendre à l'enfant la différence qui existe entre le mensonge "pour de rire" qui ne porte pas à conséquence et le mensonge "pour de vrai" qui n'est pas acceptable. Si votre enfant vous amène sur le terrain du mensonge "pour de rire", n'hésitez pas à répondre sur le mode ludique à votre tour mais faites-lui bien sentir que vous avez bien compris que c'était un jeu : il ne faut jamais laisser passer une occasion de renforcer les notions de vrai et de faux ! En revanche, si votre enfant commence à mentir et refuse que vous le considériez comme un jeu, c'est qu'il cherche une confrontation dans le style de celle que nous avons décrite plus haut.

Le mensonge-disculpation : le mensonge le plus courant consiste à nier être l'auteur d'une bêtise pour mieux l'attribuer à son petit frère ou à un camarade de classe. Il est généralement dû à l'angoisse de la punition. L'enfant croit échapper aux foudres des parents en tentant de minimiser, voire de nier sa participation à l'action incriminée.

QUE FAIRE? Avant toute "inculpation", il est important de voir si l'enfant dit vrai afin de lui donner le modèle d'une véritable justice où l'accusé est d'abord présumé innocent. Si vos soupçons sont avérés, il est inutile de culpabiliser l'enfant. Parlez avec lui, mais sans vouloir obtenir la vérité à tout prix : contentez-vous de lui laisser le bénéfice du doute, surtout s'il s'obstine à nier. Dites-lui, surtout s'il est encore jeune, que vous lui conservez tout votre amour, même si c'est lui qui a commis la faute. Demandez-lui de vous pardonner si vous le suspectez à tort... mais aussi de se pardonner à lui-même si c'est lui qui l'a commise.


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Message par Invité Dim 3 Fév 2013 - 21:55

Je suis hyper susceptible (Catherine Marchi)

Que ceux qui ne se sont jamais vexés lèvent le doigt ! Pour certains, toute remarque est un drame. D’où vient cette sensibilité et comment désamorcer cette souffrance ?

Pourquoi ?

Est susceptible celui qui est très sensible dans son amour-propre. Au cœur de cette « disposition à s’offusquer facilement » se trouve une fragilité narcissique. Selon Christophe André, psychothérapeute comportementaliste, il existe trois familles d’hypersusceptibles : les timides, qui n’ont pas une estime d’eux-mêmes suffisante ; les personnalités narcissiques, qui pensent être supérieures aux autres et avoir droit à un traitement de faveur ; et les sensitifs paranoïaques, qui se sentent persécutés. Quel que soit le profil, le résultat de cette hypersensibilité est la souffrance.

D’après Christophe André, l’hypersusceptible est confronté à trois types de problèmes. D’abord, il surveille son environnement et s’attache à découvrir tout ce qui peut évoquer le rejet ou la remise en question de ses capacités. Ensuite, il donne un sens négatif aux signaux perçus alors qu’ils sont neutres (derrière ce sourire se cache une pointe d’ironie !). Enfin, il est incapable d’utiliser des stratégies adaptées à la situation. Son attitude boudeuse et son agressivité l’empêchent de réagir efficacement.

Selon le psychanalyste Jean-Pierre Winter, l’hypersusceptibilité concerne ceux qui n’ont pas une image d’eux-mêmes suffisamment construite. « Une réflexion blessante a le pouvoir de déchirer cette image et de porter atteinte à leur identité, d’autant plus que les personnalités narcissiques s’identifient à leur “image”. A la moindre vexation, un susceptible a le sentiment de n’être plus rien. Ce qui se profile à l’horizon de la blessure narcissique, c’est la mort. » Autre point souligné par Jean-Pierre Winter : tous les reproches n’ont pas le pouvoir de blesser ; ils deviennent blessants s’ils expriment ce que s’adresse à elle-même la personne visée. « Plus l’autre appuie sans le savoir là où ça fait mal, plus la réaction est violente ! Quelqu’un qui ne se prend pas pour un égoïste se fichera d’être traité d’égoïste. En revanche, si c’est un reproche qu’il se fait inconsciemment, il en sera profondément vexé ! C’est ce sentiment d’avoir été dévoilé qui explique l’impact d’une simple parole. »

Le drame des hypersusceptibles est qu’ils n’arrivent pas à rire d’eux-mêmes. Parce qu’ils sont pétris de honte, de culpabilité et de désir d’autopunition, expliquent les psychanalystes. « Sans oublier un fort sentiment d’infériorité, précise Jean-Pierre Winter. Ou de supériorité, ce qui revient au même. Car si vous pensez être le meilleur, tout ce qui vous rappelle que vous êtes un parmi d’autres vous fait souffrir. »


Que faire ?

Modulez vos réactions
Prêtez attention à votre fonctionnement psychique et, dès que vous vous sentez touché au vif, pratiquez la métacommunication (l’expression des émotions). Dites ce que vous percevez, exprimez ce que vous ressentez, dialoguez et demandez des explications à la personne qui vous a fait souffrir.
Tenez-vous en aux faits : « Que se passe-t-il exactement ? » « Pourquoi me dis-tu ça ? » « Que me reproches-tu concrètement ? »

Halte aux projections !
Afin de contrer votre tendance à interpréter les propos et les gestes des autres, vérifiez toujours si ce que vous avez perçu est justifié. Posez simplement la question : « J’ai l’impression que tu m’évites depuis quelque temps, est-ce que je me trompe ? »

Faites votre autoévaluation
Si votre susceptibilité vous rend la vie vraiment impossible, si votre blessure narcissique est profonde, ayez recours à un psy. En effet, seule une psychanalyse ou une psychothérapie analytique vous permettront de savoir de quoi vous vous sentez, inconsciemment, coupable et honteux.


Conseils à l'entourage

Le repli du susceptible est une façon « inadaptée » de dire : « Je souffre car je n’ai pas été respecté ». Rétablir la communication avec lui permet de répondre à son SOS déguisé : « Depuis tel événement tu me fais la tête, tu sembles triste et ça me fait de la peine de te voir comme ça. Es-tu d’accord pour en parler ? » Ne faites pas semblant de ne rien remarquer, car vous confirmeriez votre interlocuteur dans sa conviction de ne pas compter à vos yeux… Et n’hésitez pas à pratiquer l’autodérision. Constater que l’on peut plaisanter sur soi et que l’on n’en meurt pas aide à relativiser les choses.


Témoignages

Ariane, 35 ans, directrice artistique
« Mes journées sont gâchées par des détails qui me paraissent des montagnes. Mon voisin de bureau ne m’a pas adressé la parole de la matinée, mon boss n’a pas souri en me disant bonjour, une proche collaboratrice propose à une autre personne de déjeuner avec elle, mon assistante va chercher des cafés sans m’en rapporter un… J’ai toujours la désagréable impression d’être la cinquième roue du carrosse dans cette boîte, un pion dont tout le monde se fiche. »

Julien, 43 ans, libraire
« C’est vrai que je me suis fâché avec beaucoup de mes amis pour des remarques que j’ai mal prises : “Ta fille est trop gâtée, tu ne lui rends pas service en lui cédant tout”, “Tu te laisses un peu aller en ce moment, viens jouer au tennis avec moi le dimanche matin au lieu de faire la grasse mat’ !” Plutôt que de me défendre, je me rétracte comme une huître sous un jus de citron. Ensuite, je ressasse “l’offense” pendant des jours, la blessure s’envenime. Finalement, je raye le nom du gaffeur de mon agenda. Tout cela à son insu, bien évidemment. »

Amélie, 28 ans, infirmière
« Je suis hypersensible à ce que les autres disent de moi, même les compliments me mettent mal à l’aise. Quand Frédéric, mon mari, me dit qu’il adore ma nouvelle coupe de cheveux, je lui réponds : “Pourquoi ne m’as-tu pas dit que tu me trouvais moche avec mes cheveux longs ? S’il m’offre une robe, j’en déduis que ma façon de m’habiller lui déplaît. S’il dit à ma meilleure amie : “J’aime ton parfum !”, je pense : “Et moi, je sens le vinaigre ?” J’ignore pourquoi je suis si à vif. Je vois bien que mes bouderies l’agacent, mais c’est plus fort que moi. »

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Message par Invité Dim 3 Fév 2013 - 22:29

Gestion des conflits

Définition de Conflit : http://fr.wiktionary.org/wiki/conflit

- Lutte armée, combat entre deux ou plusieurs personnes ou puissances qui se disputent un droit.
- Violente opposition de sentiments, d’opinions, d’intérêts.
- Expression d’exigences internes inconciliables, telles que désirs et représentations opposés, et plus spécifiquement de forces pulsionnelles antagonistes.

Toutes ces définitions se rejoignent sur un point : Quelqu’un désire quelque chose, et ce quelque chose n’est pas conforme à ce que veut quelqu’un d’autre (ou à la réalité).
C’est ce décalage qui est à l’origine du conflit.
La source du conflit est le désir, si vous ne désirez pas, vous ne pouvez pas avoir de conflit (c’est la base du bouddhisme).

Bon, assez de philosophie, regardons un peu ce qu’il ne faut pas faire.


Laisser pourrir la situation

Si j’étais capable de résoudre les problèmes au fur et à mesure de leur apparition, je n’aurais aucun conflit dans ma vie, je n’aurais que des problèmes mineurs.
Le conflit vient souvent du fait que j’ai trop attendu, peut-être que j’ai laissé passer le moment d’aborder le problème ou alors que ce moment ne s’est jamais présenté.
Quoiqu’il en soit, le problème qui était bénin à l’origine est maintenant devenu énorme, et la résolution va faire mal.

Je vais être très direct: Le fait que je n’ose pas aborder un conflit est de la peur.
Ce peut être la peur de plaire, la peur de ne pas être à la hauteur, la peur de reproduire une situation de notre passé, etc…

Quand j’ai commencé à travailler sur moi, j’ai réalisé combien j’étais submergé par mes peurs.
J’ai décidé de les affronter, par exemple, j’ai fait du saut à l’élastique pour me débarrasser de mon vertige (oui, ça a l’air con, mais ça marche !).

Mais l’acte le plus courageux dans toute ma vie a été le suivant : j’ai appelé au téléphone toutes les personnes avec qui je m’étais fâché (à l’époque, il y en avait beaucoup), afin de m’excuser.
Cela n’a l’air de rien, mais vous ne pouvez pas imaginer combien ça m’a fait du bien, et m’a permis de clore beaucoup de conflits qui étaient restés ouverts.

Pour affronter ses peurs, il n’y a pas de solution miracle, on ne peut pas faire ça en réfléchissant ou en raisonnant, il faut agir.
Souvent, un conflit va nécessiter une remise en cause de moi-même, et c’est pour cela que je n’ose pas affronter certains conflits, parce que ça me coûte trop cher intérieurement !
Plus la résolution du conflit est remise à plus tard, plus l’effort pour le résoudre sera grand.

Un seul conseil : Courage !


Ne pas préparer la confrontation

Évidemment, quand je suis sous le coup d’une émotion très forte, ce n’est pas le meilleur moment pour résoudre un conflit.
La résolution d’un conflit passe souvent par la négociation, et comme toute négociation, il vaut mieux avoir préparé son sujet avant.
Préparer une confrontation prend du temps, révisez votre sujet juste avant de vous coucher, votre inconscient va travailler dessus pendant la nuit !
Dans la seconde partie, je reviendrai sur la préparation.


Vouloir avoir raison à tout prix

Parfois, je sais que j’ai raison, mais même avec les meilleurs arguments du monde, je n’arriverai pas à imposer mon point de vue.
J’ai vécu plusieurs fois des situations où quelqu’un dominait les confrontations grâce à ses argumentations, mais dans les faits, il avait perdu l’estime de toute l’équipe, ce qui curieusement soudait l’équipe contre lui.
Je dois surtout éviter d’attaquer mon interlocuteur, parce qu’il va se mettre en position de défense, et nous ne pourrons plus progresser.
Dans un conflit, ce sont avant tout deux égos qui s’affrontent, et le gagnant final ne sera pas celui qui restera le plus inflexible.

Attention à ne pas tomber dans l’excès inverse, comme je l’ai fait à un moment de ma vie, c’est à dire que j’acceptais les opinions des autres alors que je savais qu’ils avaient tort.
La meilleure position est l’honnêteté vis-à-vis de soi même et des autres. Mais est-ce que je suis assez lucide pour cela ?


Laisser éclater ses émotions

C’est un conseil qui revient dans tous les articles que j’ai lus, mais je ne suis pas complètement d’accord avec cela.

Dans certaines situations, me mettre en colère ou pleurer a surpris mon interlocuteur, ce qui m’a permis de mettre en avant mon point de vue, mais la méthode est loin d’être garantie.
Si j’aborde un conflit avec une forte colère, il y a de grandes chances que mon interlocuteur va se mettre dans un état comparable, ce qui n’aidera pas à résoudre notre conflit.
Enfin, si je me mets à pleurer, mon interlocuteur peut penser que je suis quelqu’un de faible, parce que je ne sais pas maîtriser mes émotions, mais je peux aussi l’émouvoir.


Ne pas communiquer ses émotions

Curieusement, je n’ai jamais trouvé ce conseil nulle part: communiquez vos émotions !

Tout le monde a tellement peur de montrer ses émotions (qui font pourtant notre humanité), qu’on les réserve seulement à nos proches.
Lorsque j’ai suivi ma psychanalyse, j’ai dû apprendre à mettre des mots sur mes états intérieurs, à communiquer sur mes émotions.
Est-ce que vous aussi, vous êtes capable de communiquer sur vos émotions ?
Je vous propose une petite question : Comment ça va ?

Si vous me posez cette question, vous aurez une réponse différente chaque jour !
Mon état intérieur n’est pas une constante, qui serait toujours au beau fixe ou tout du moins dans un état neutre. J’ai quelques hauts, et beaucoup de bas.

Le conflit est d’abord un moyen de mesurer le degré d’émotion vis-à-vis d’un sujet.
Et comme des émotions sont mises en œuvre, il est illusoire de résoudre un conflit de manière raisonnée.

Un conflit, c’est quelque chose de sain, cela signifie que je me sens concerné par quelque chose.
Si je m’en fous, je n’ai pas de conflit.
Je me fous d’environ 95% de ce qui m’arrive (et ce pourcentage augmente avec l’âge), mais j’ai encore 5% de choses qui accrochent.

Personnellement, j’utilise le conflit comme une façon de révéler de nouvelles parties de moi-même, et notamment mes croyances : Pourquoi est-ce que cela me touche ?
Je l’aborde comme un moyen de me transformer, pas comme un moyen d’avoir le dessus sur quelqu’un d’autre.

Avant d’aller plus loin, je tiens à signaler qu’il n’y a pas de méthode. C’est comme pour l’agilité, ce n’est pas une méthode, c’est un état d’esprit et un objectif.
Scrum, Kanban et Lean sont des méthodologies pour devenir agiles, mais elles ne représentent pas l’agilité.
Plus vous essayerez d’appliquer des méthodes, plus vous vous éloignerez de l’objectif, parce que la méthode deviendra l’objectif.

Je préfère donc vous fournir des conseils

Je prends l’habitude d’être honnête

Un conflit, c’était un tout petit désaccord à l’origine.
Si je l’avais résolu dès le début, je ne serais pas maintenant dans une situation conflictuelle. Malheureusement, mon éducation m’a appris à fermer ma gueule quand j’étais en désaccord, parce que je me serais exposé à des représailles (physiques, affectives, sociales, financières, etc…). Après 30 ans d’endoctrinement, j’ai commencé à l’ouvrir parce que la souffrance était trop forte, j’en crevais littéralement.

Mais affronter un conflit requiert beaucoup de courage, parce qu’il va falloir que je revoie mes images idéalisées de moi-même (je suis un gentil, je ne veux pas blesser les autres, tout ce genre de conneries, quoi), je ne veux pas trop me décevoir, alors évidemment, affronter un conflit est difficile, parce que je dois d’abord me remettre en cause.

L’honnêteté commence par soi-même : Est-ce que je suis vraiment ce que je crois être ?
Toutes les personnes les plus dures que je connais s’imaginent qu’elles sont trop gentilles ! Mais bon sang, regardez-vous dans un miroir !!!
Quand je me regarde vraiment, je constate que je ne suis pas tout blanc ou tout noir, mais je ne m’identifie pas à du blanc ou du noir.

Quand j’ai commencé à être honnête avec moi-même, j’ai commencé à l’être avec les autres.
Au tout début, dire la vérité m’a coûté très cher, parce que je l’avais cachée depuis si longtemps, j’avais peur des représailles.

L’honnêteté, c’est une habitude à prendre, alors il faut commencer par de petites honnêtetés, en restant sincère.
Si je suis d’accord avec quelqu’un, je le dis sans flatterie.
Si je suis en désaccord, j’essaye de le dire. Dans les cas où je ne peux pas dire mon désaccord, parce que l’enjeu est trop important, au moins j’évite de mentir: je ne dis rien. Exemple: un ami me présente son bébé et me dit « regarde comme il est beau ». Je ne dis pas « qu’il est mignon ! », en pensant intérieurement « putain, il est pas fini ». Je préfère ne rien dire, ou alors je fais de l’humour pour désamorcer. J’essaye de ne pas dire le contraire de ce que je pense.

Cette habitude prend du temps à acquérir, au début, affirmer son désaccord demande un effort important, et au fur et à mesure, cela demande de moins en moins d’effort, cela devient presque naturel.
Il m’a fallu une dizaine d’années pour arriver à mon niveau d’honnêteté, alors ne désespérez pas, c’est long !
Note: ça m’a pris 35 ans pour arriver à mon niveau de malhonnêteté, alors 10 ans, c’est peu pour corriger le tir.

Si vous voulez plus de précisions, je vous recommande chaudement le livre « Radical Honesty » de Brad Blanton.


Je me prépare à affronter mon conflit

1. Je prépare mes arguments

Dans un conflit, je ne fonce pas tête baissée, je prépare mon argumentaire.
J’imagine le pire, parce que c’est souvent ce qui arrive.

L’important, c’est de se dire: voilà ce que je veux, voilà ce que l’autre veut.

Si je ne sais pas trop ce que je veux, il existe la technique des 5 pourquoi:
Pourquoi suis-je en conflit avec Machin ?
Parce que Machin veut faire comme cela.
Pourquoi est-ce que cela me gêne que Machin veuille faire comme cela ?

A la fin des 5 pourquoi, j’ai une cause racine. Certains conflits ont plusieurs causes racines.

L’important est de préparer les points sur lesquels j’accroche.
Je n’essaye pas de deviner ce que l’autre pense, je l’apprendrai lors de la confrontation.

J’essaye d’arriver à mon entretien avec des suggestions, pas avec seulement des questions, des ordres ou mes désirs.
Je ne me focalise pas trop sur cette phase, je préfère agir plutôt que de penser, or trop de préparation nuit à la spontanéité.
Mais les premières fois, c’est bien de se préparer pour gagner en confiance.

2. Je propose un entretien dans un lieu neutre à une date donnée

Un conflit est plus facile à aborder quand on se met d’accord sur une date et sur un lieu. La date peut être tout de suite.
Je me donne une date limite pour préparer mes arguments, sinon ça peut traîner indéfiniment.
Pour le lieu, j’évite un lieu qui favorise trop un des intervenants.
Par exemple, si j’ai un conflit avec mon patron, j’évite de le voir dans son bureau, il aurait un avantage psychologique trop important.

Avant la confrontation, je me calme

Avant une confrontation, j’essaye de me calmer, afin que ce que j’ai à dire ne soit pas submergé par mes émotions.
Personnellement, je pratique la respiration consciente dans le bas-ventre.
Une minute d’inspirations profondes permet de me recentrer sur moi.

J’aborde la phase de confrontation sans chercher à gagner ni à perdre.

Au début de la confrontation, je commence par exprimer mes émotions et pourquoi je suis ému

J’amène la discussion sur un plan émotionnel le plus tôt possible.

Quand j’essayais de raisonner logiquement, soit je tombais sur un raisonnement plus abouti que le mien et je perdais, soit je gagnais, mais le perdant m’en voulait.

Chercher à avoir raison, c’est avoir tort.

Ma première phrase est du genre: « Moi, je… », et je décris mon ressenti.
Voici une phrase typique pour commencer la discussion:
« Moi, je sens que tu n’apprécies pas ce que je fais, parce que tu agis comme ceci ou cela »
Qu’est-ce que vous voulez que la personne en face de vous réponde à cela ?
Elle ne va pas commencer à raisonner une émotion, elle va commencer à parler émotionnellement, et vous commencerez à être connectés.

Le plus important, c’est de désamorcer les émotions en les exprimant !
Plus tôt on les aborde, moins elles vont revenir sous une forme exacerbée par la suite.

J’ai vécu des situations où exprimer sa colère ou pleurer était la façon la plus efficace d’agir.

Malheureusement, cette méthode ne fonctionne pas avec tout le monde.
Certains interlocuteurs se fichent pas mal de vos émotions, parce qu’ils nient les leurs.
Mais le fait de les exprimer me permet de voir quelles valeurs ils chérissent, et je peux me synchroniser plus facilement avec eux, en parlant leur langage.

Ce fut ma première grande découverte en psychanalyse : Avant d’y voir clair, il faut sortir ses émotions.
L’intérêt premier de la psychanalyse est d’apprendre à exprimer des états intérieurs, c’est quelque chose que personne ne m’avait appris avant.

Mon éducation m’avait appris à cacher mes émotions, et à essayer de convaincre les autres avec un raisonnement, mais ça ne fonctionne pas dans la vie réelle !


Une fois les émotions exprimées, je négocie

Une fois les émotions exprimées, je peux enfin commencer à raisonner clairement.
Si j’ai bien préparé ma confrontation, je maîtrise bien mes arguments, et je peux proposer mes suggestions.

Le maître-mot ici est : Négocier, afin que personne ne soit perdant.

Je n’ai pas de conseils à donner ici, je ne suis pas très bon en négociation, mais je sais désamorcer les conflits.

Quelques techniques utiles sont: l’écoute, la reformulation et la métacommunication.
Je ne vais pas m’étendre sur ces sujets, parce qu’il y a un aspect méthodologique artificiel qui me gêne.
Personnellement, j’utilise l’écoute active: je suis légèrement en avance sur les phrases de mon interlocuteur.

A vous maintenant !

Curieusement, j’espère que je ne vous ai rien appris, mais que je vous ai rappelé ce qu’est une attitude saine de conflit.


Maintenant, c’est à vous d’agir

- Essayez de devenir un peu plus honnête chaque jour.
- Essayez d’exprimer vos émotions plus ouvertement.
- Evitez de trop penser les choses, habituez-vous à être spontané, tant pis si vous dites une connerie, riez-en !


Je ne suis pas là pour vérifier si vous appliquez ce que je dis ou pas, je m’en fous, c’est votre problème.
La question à laquelle vous devez répondre maintenant est : Comment puis-je intégrer ces conseils à ma personnalité ?

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Message par gibus Lun 4 Fév 2013 - 0:37

Très intéressant ce sujet! Merci!

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Message par Invité Lun 4 Fév 2013 - 0:38

De rien gibus Smile

Au plaisir de te lire ici et d'y lire tes trouvailles !

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Message par Invité Lun 4 Fév 2013 - 1:33

http://www.nicolecharest.com/Blog_images/ebooks/L%27art%20de%20transformer%20sa%20vie.pdf

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Message par Invité Lun 4 Fév 2013 - 2:12

Le défi ultime - la maîtrise de soi

La maîtrise de soi est avant tout la possibilité de placer la raison sur la passion. C'est la capacité d'utiliser le raisonnement froid, même lorsqu'il est immergé dans la tourmente des émotions. Il est en donnant la préférence à la logique sur les sentiments. En un mot, il est d'être une personne de la substance, des valeurs et des principes régis par la raison.

Nous sommes avant tout des créatures d'émotions parce que les émotions sont spontanées, ne nécessitent pas d'entrée consciente rationnelle et ont une vie propre. Les émotions font appel à l'instinct brut, qui n'a pas de morale, n'a pas de retenue et exprime instantanément la demande.

Pour juguler nos émotions il nous faut nous dominer. Il faut soumettre " la bête " et laisser notre soi supérieur prendre le relais. C'est la capacité à surmonter nos instincts primaires qui est dicté par la voix de la raison.

Cela ne veut pas dire que les émotions sont mauvaises. Les émotions sont le piment de la vie. Sans émotions l'homme serait une machine. Les émotions, quand elles sont utilisées comme il se doit, deviennent une source d'inspiration, une motivation et apportent de l'énergie et du pouvoir personnel.

Aucun grand succès n'a jamais vu jour sans l'influence des émotions et n'a jamais atteint la grandeur sans passion. Les émotions ne sont pas un problème, elles sont nos meilleurs alliés. Elles ne deviennent un problème que lorsqu'on leur donne le pouvoir de gouverner et dominer.

La maîtrise de soi, c'est aussi être capable de faire des choix difficiles. Il s'agit d'avoir le courage de faire ce qui est juste et non pas ce qui est confortable. Il s'agit de fonder nos décisions sur la valeur et non sur la commodité.

Nous sommes tous influencés par ce qu'on appelle le principe de «douleur / plaisir». Nous sommes toujours tentés de suivre l'itinéraire du moindre effort et de moindre de résistance. Rien de mal à cela tant que le choix que nous faisons ne compromet pas la valeur du résultat.

La maîtrise de soi implique que tout choix que nous faisons n'est pas opéré de telle manière qu'il crée une solution à court terme tout en cachant un problème plus vaste dans le temps. Les défis devraient être affrontés avec courage et avec un oeil porté sur les conséquences futures plutôt que de simplement chercher à se soustraire sur l'instant à une situation désagréable.

Enfin la maîtrise de soi est de respecter nos engagements. Ne pas tenir des engagements est un signe de manque de caractère et un preuve de faiblesse. Un être qui se maitrise ne prend pas de décisions à la légère et, une fois celle-ci prise, il la respecte.

Le mot devrait être la caution de l'homme. Respecter ses engagements est aussi une question de respect personnel. Cela a à voir avec l'image de soi. Nous ne pouvons pas être un leader si nous ne pouvons tenir notre parole. Nous ne pouvons pas aller loin dans la vie si nous ne pouvons pas tenir notre parole. Un engagement est un serment sacré, à ne pas prendre à la légère et qui doit doit être respecté.

La maîtrise de soi est l'ultime défi. C'est la quête ultime. Elle a à voir avec l'auto-actualisation et à aide à devenir tout ce que nous pouvons être. La réussite de toute entreprise ne veut pas sinon dire grand-chose.

Les plus grandes victoires sont les victoires sur soi-même. Ce sont celles qui donnent le plus de satisfaction et celles dont nous sommes hors le plus fier. La découverte du monde commence par la maîtrise de soi. Avec elle, presque tout est possible. Sans elle, nous ne sommes encore que des enfants immatures à la recherche du prochain frisson.

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Message par Invité Lun 4 Fév 2013 - 2:19

http://www.reussitepersonnelle.com/maitrise-de-soi/

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Message par Invité Jeu 7 Fév 2013 - 7:10



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Message par Invité Lun 11 Fév 2013 - 12:06

Travailler sur son orgueil

Vaste domaine s'il en est !

Tout le monde a de l'orgueil, mais tout le monde ne choisit pas de travailler dessus.

Déjà quelques observations:

- L'orgueil dit toujours "je ne suis pas là", il est difficile à débusquer parce qu'il ne se fait jamais passer comme tel et surtout parce qu'il se croit toujours dans son bon droit.

- L'orgueil n'aime rien, ni personne, c'est un manque d'amour pour soi-même contrairement à ce qu'il croit. En fait l'orgueil sert à surcompenser le manque d'amour qu'on a pour soi et à combler les brèches.

- Contrairement aux sentiments, comme la tristesse, la colère ou la peur qu'il suffit d'exprimer pour s'alléger. L'orgueil compte les points et est incapable de pardonner, dès qu'il est blessé, il ressasse, rumine, fulmine et ne veut pas lacher prise, il cherchera toujours à se venger et à s'accrocher en se faisant passer pour une victime qui a de la peine, sauf qu'une blessure d'orgueil ne recele jamais autre chose que de l'orgueil.

Quand on se sent comme une merde, c'est de l'orgueil, certaines entreprises en séduction se soldent par des échecs cuisants, et l'orgueil a en général beaucoup de mal à accepter ça, pas pour rien que certains préfereraient se faire arracher une jambe plutôt que d'admettre leurs erreurs. Rien n'inhibe davantage que le sentiment d'avoir à perdre quelque chose et je pense que c'est encore de l'orgueil qui nous fait faire les pires conneries et tend à nous faire invariablement tomber dans des situations humiliantes mais salvatrices.

Bref j'ai le sentiment que la seule solution face à l'orgueil reste le lacher-prise, ne surtout pas prendre ses plaintes au sérieux : " ouais monique me trouve con, oui germaine m'a utilisé quelque peu". Et alors ? Quelle partie de moi est touchée par ça ? De plus je n'en suis pas mort, je peux encore me trouver cool si je lache prise.

Vivre et laisser vivre Wink

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Message par Pieyre Lun 11 Fév 2013 - 12:47

Je crois que nous avons fondamentalement un problème avec la temporalité, c'est à dire à éprouver dans l'instant et à se trouver dans la durée.

Dans bien des cas nous savons qu'il nous faut tourner sept fois la langue dans la bouche plutôt que de dire une bêtise, nous savons qu'il faut laisser passer l'orage de la colère, nous savons qu'il ne faut pas sombrer dans la tristesse... mais nous ne l'avons pas intégré au point d'exprimer notre volonté en conséquence.

C'est, qu'avec ce qu'on pourrait appeler des passions tristes de l'instant, il y a des passions gaies de l'instant, auxquelles nous ne voulons pas renoncer, sinon à n'être qu'en projet sans jamais exister, voire à abolir notre être dans la contemplation d'une vacuité improductive.

Les passions tristes de l'instant passent avec la réflexion; les passions gaies de l'instant se transforment avec elle en réalisations au bout desquelles nous attendent des satisfactions plus sereines; mais nous désirons conserver ce qui fait le sel de l'existence, la joie immédiate, évidente; et c'est selon moi légitime. Alors il faudrait pouvoir distinguer : conserver ce qui est positif et reporter ce qui est négatif dans le moment vécu.

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Message par Invité Lun 11 Fév 2013 - 19:38

L'être réfléchi ou être intime (source : http://www.volodalen.com/ )

Nous avons la capacité de réfléchir pour savoir qui nous sommes. Nous ne parlons pas de la réflexion qui dégage des rapports de cause à effet. Nous envisageons le sens littéral du mot : nom féminin indiquant qu'une action revient sur le sujet qui la crée.
L'acte de retour sur soi n'est pas spontané. Il est même une affaire à éviter tant la douleur qui l'accompagne est désagréable. La douleur est la réaction biologique qui nous avertit que quelque chose est en train d'attenter à la stabilité de notre structure. Revenir sur soi c'est effectivement remettre en cause sa propre structure. Et pourtant, surmonter cette douleur initiale est la seule chance que nous ayons de dépasser nos souffrances voir clair dans nos habitudes et par là même d'arracher, si nous le voulons, une parcelle de liberté à nos déterminations.

Comment faire pour s'apprendre ?

Certaines personnes parviennent à s'apprendre directement en se regardant être. Elles ont développé leur oeil intérieur, "ils se sont fait voyants" (Rimbaud). D'autres ont besoin du regard du prochain ou plus simplement ils ont besoin de l'observer, de le regarder être et agir. Ceux qui, parmi ces derniers, ont poussé le regard au-delà de leur propre affect se rendent compte que ce qui les éclaire le plus c'est ce qui, en l'autre, les irrite.

Dans ce chapitre, c'est à un début de prise de conscience de vous que nous vous convions. Si vous le voulez bien, répondez au petit questionnaire qui suit. Il vous aidera à situer votre "empire intérieur" par rapport aux quatre catégories de personnes que nous vous livrons par la suite.


Questionnaire

Le questionnaire accessible en cliquant sur le lien qui suit, vous permet de déterminer votre "catégorie d'être". Il s'ouvrira dans une autre fenêtre de navigateur ( lien ).

Et maintenant découvrez les caractéristiques des catégories d'êtres.


Les catégories d'êtres

Ces quatre catégories constituent une synthèse personnelle s'appuyant sur plusieurs auteurs aux premiers rangs desquels se trouvent François Lelord et Christophe André. Bien évidemment, ces catégories ne sont pas exclusives, elles ne nous caractérisent pas pour toujours mais dépendent des circonstances.
Aucun de nous ne fonctionne d'une même façon toute sa vie, en toutes circonstances et quelque soit l'état d'esprit du moment. Personne n'est à l'abri de fluctuations même si pour certains ces variations sont plus importantes et/ou plus durables. Pourtant nous avons une tendance dominante correspondant à une catégorie. L'objet du petit questionnaire est de repérer cette dominante.
Pour ce faire, il s'appuie sur le rapport que nous avons à notre être biologique (au sentiment et à l'action), social (aux autres) et réfléchis (à soi). En faisant la part de la réflexion et du sentiment, il permet de dégager l'importance relative prise par nos "deux derniers" cerveaux.

Catégorie 1 : Les universels

L'être réfléchi : le rapport à soi

Ce sont des personnes qui s'aiment. Elles sont conscientes d'elles-mêmes et ont réfléchi aux valeurs qui les animent. Elles ont, en conséquence su prendre de la distance par rapport aux valeurs sociales qui leur ont été inculquées. Ces personnes se gardent souvent un moment pour prendre de la distance au monde et revenir à elles et à leurs valeurs.
les buts poursuivis : Elles sont peut être les seules personnes à ne pas chercher le pouvoir ou la gloire mais leur préfère le bonheur intime et le dépassement de soi.

L'être social : le rapport aux autres

* les buts poursuivis

- vis à vis des autres : ce sont des personnes qui recherchent à s'enrichir des points de vue des autres. Pour ce faire elles les incitent à s'exprimer, à donner leur avis. Elles font preuve d'une écoute rationnelle et d'une capacité unique à sortir d'eux-mêmes pour se mettre à la place de l'autre, pénétrer son point de vue. Elles peuvent provoquer la discussion par un sujet banal, un geste rituel.
Le mode de discussion préféré est celui de l'intimité ; la relation privilégiée celle à travers laquelle se manifestent les sentiments de tendresse et d'affection. Le but de la relation n'est pas travesti. Il se conçoit comme un moment de partage qui apporte une grande satisfaction aux personnes qui les vivent car elles se sentent alors reconnues pour ce qu'elles sont réellement.

- vis à vis d'elles même : ces personnes pratiquent peu d'auto promotion, peu de justifications par rapport aux critiques ou aux échecs mineurs mais se disent telles qu'elles sont.
impression d'ensemble : Il s'agit de personnes agréables, à l'aise avec tout le monde ; appréciées pour leur sympathie, leur spontanéité et leur joie de vivre.

En cas de "pépin" : Ces personnes acceptent le conflit sans y mettre leur affectif. Elles ne se décontenancent pas facilement face à l'adversité et gardent une cohérence dans les propos et les conduites que le contexte soit favorable ou défavorable.

L'être biologique : le rapport aux sentiments et à l'action

* Le rapport à l'action :

Ces personnes sont à la recherche de l'action, de ce qui fait d'elles plus qu'elles. Dans ce rapport à l'acte, elles mettent systématiquement en pratique la recommandation du philosophe stoïcien Sénèque : "Faisons la différence entre ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous". Dans ce qui dépend de nous agissons de notre mieux ; pour le reste, n'y prêtons pas attention.

Pour ces personnes ce qui arrive dépend d'elles. Elles ont même tendance à pousser cette attitude plus loin que les seuls faits le donnent à voir. C'est qu'elles savent que ce n'est qu'à condition de se dire responsables qu'elles pourront changer les choses. Pour mettre en oeuvre et réussir le changement elles mobilisent leur énergie dans un but concret, défini, déclaré et mesurable. Leurs choix reposent sur une analyse objective des situations prenant en compte un nombre suffisant de paramètres. Plus encore, leurs attitudes font toujours références aux valeurs qui les animent. Après la réflexion, elles prennent les décisions.

Pourtant elles n'oublient pas la deuxième partie de l'adage et acceptent en conséquence de ne pas tout maîtriser. En outre, elles prennent les risques inhérents à toute entreprise et accueillent l'échec comme un moyen d'apprendre.

* Le rapport aux sentiments

Ces personnes ont appris à prendre de la distance par rapport au ressenti. Même si, ils leur arrivent de vivre la colère et la douleur, ce n'est jamais pour longtemps.

En résumé les "universels" sont des personnes solides et intègres. Le premier risque inhérent à cette intégrité est d'accorder tant d'importance aux valeurs qui la supportent que les personnes en oublieraient celles des autres. Par ailleurs, l'intégrité des valeurs ne dit rien de leur élévation morale. Ce qui fait que ces personnes sont ou non des êtres universels c'est la synthèse qu'ils réalisent entre leur appartenance à la communauté des êtres sensibles et la tolérance voir l'amour des différences. Sans ces deux aspirations, ils ne sont que des obstinés.

Catégorie 2 : les toxiques

L'être réfléchi : le rapport à soi

Nous avons qualifié ces personnes de toxiques mais nous aurions pu les appeler faussaires parce qu'elles se trompent elles mêmes. Elles ne s'aiment pas et font tout pour se faire croire l'inverse. Ces personnes se cachent leur être réel, cherchent à se persuader. Par conséquent le véritable retour sur soi de ces personnes est inexistant. Sauf si la nécessité arrive.

L'être social : le rapport aux autres

* Les buts poursuivis

Vis à vis des autres, l'objectif de ces personnes est très simple : tout posséder, objets comme humains. Le rapport aux autres se réduit à cette fin. Ils cherchent à s'imposer, à imposer leur système de valeurs, à montrer qu'ils sont là et qu'ils sont les meilleurs. D'ailleurs tout dans leur monde s'organise autour des rapports de compétitivité, de classement et de pouvoir. Les êtres sont forts ou faibles, bons ou mauvais, supérieurs ou inférieurs, dominants ou dominés. Dans cette optique l'autre est vécu au mieux de manière neutre, au pire comme un agresseur potentiel ou une brebis égarée. De cette recherche de pouvoir et de cette vue des autres découlent l'ensemble des rôles pris par ces personnes. Et en premier, le rôle de l'être extraordinaire.

* Le séducteur démago

Les toxiques cherchent avant tout à emporter l'adhésion, à plaire en se présentant sous un jour favorable. Pour ce faire, ils pratiquent l'auto promotion. Faire sentir que l'on sait tout sur tout, que l'on peut tout sur tout, que l'on a vécu des choses extraordinaires, "en mettre plein la vue" ; rien n'est de trop pour parvenir à établir l'importance de sa personne. Dans une rencontre, ils monopolisent le temps de parole, attirent l'attention sur eux, parlent beaucoup d'eux. Bien sûr l'écart entre ce qui est dit et la réalité est béant. Les faussaires créent un fossé entre la valorisation auto prononcée ou provenant des parents et les compétences qu'elles ont réellement.

Malheureusement à force de répéter des salades, ces personnes finissent par se persuader. Ils sont rapidement convaincus d'avoir toujours raison, d'être les plus forts. Cette tendance à la mythomanie, à raconter des absurdités plus grosses qu'elles et à y croire, les enferme plus encore dans leur comportement initial.

Ce comportement consistait, rappelons-le, à s'imposer. Après s'être valorisé, le deuxième moyen d'y parvenir est de rabaisser les autres.

* Le persécuteur

Le persécuteur cherche à montrer qu'il est le plus fort en faisant sentir à son interlocuteur son infériorité et son inaptitude. Les stratégies de dévalorisation employées sont subtiles mais tournent souvent autour de la critique de tout ce qui vient de l'autre et de la recherche des défauts. Ces personnes cherchent constamment les défauts de ceux qui les entourent, leurs erreurs, leurs imperfections. Elles passent leur temps à critiquer, à faire des reproches et des remontrances. Elles n'arrêtent pas de parler des choses qui ne vont pas.

Par ce comportement, elles savent qu'elles vont directement enlever de la valeur à autrui mais aussi qu'elles peuvent l'amener à culpabiliser.

Pour créer le sentiment de culpabilité, les faussaires sont amenés à émettre des jugements négatifs, en se plaçant aussi bien sur le terrain des valeurs, de la loi, que de l'affectif. A cette fin, elles peuvent éventuellement jouer le rôle de victimes d'un système ou de personnes qu'elles remettent par-là même en cause. Pour culpabiliser l'autre, elles peuvent également se mettre à bouder. En ce sens, ces personnes sont des voleurs d'humanité par leur tendance à altérer l'amour de soi de leurs victimes.

* Le sauveteur

Parfois la persécution prend l'allure d'un secours. Le persécuteur devient sauveteur, il aide autrui, le conseil, lui offre des cadeaux. non pour le secourir mais pour renforcer sa dépendance. Le persécuteur est, dans ce registre, persuadé d'être indispensable, il se propose de venir au secours de tout le monde - mais apporte surtout son aide, fait des cadeaux pour pouvoir ultérieurement se plaindre du manque de reconnaissance des personnes qu'il a secourues -.

En dépit de tout le mal qu'elles peuvent faire, ces personnes sentent bien qu'elles ont besoin des autres, c'est pourquoi elles veulent sentir qu'on les aime.

* L'être fragile

Ces personnes veulent sentir le regard positif des autres ce qui suppose de savoir ce qu'ils pensent d'elles. Pour ce faire, le séducteur passe par deux comportements. Il observe l'effet qu'il produit sur les autres. Il se met en permanence sous pression : je dois plaire, avoir toujours raison, avoir de la répartie. Il fait des efforts permanents pour maintenir son rang et son image, ce qui montre que sous son apparence de dominant, le faussaire est le plus fragile des êtres. Il est très vulnérable à l'échec et au rejet.

Souvent, ces personnes connaissent des passages de "boursouflure du moi" et d'états quasi dépressifs. Les passages de boursouflure semblent être des tentatives visant à empêcher la dépression de s'installer. Il est pensable que les sentiments narcissiques témoignent d'un sentiment d'insécurité avoué ou non quant à sa propre valeur.

Au niveau du sentiment, les tentatives répétées pour "se sauver de ce mal-amour de soi", se traduit vis à vis des autres par des réactions de colère dès qu'ils émettent une remarque négative à l'encontre de leur personne où qu'elles rencontrent une situation d'échec. Le sentiment dominant est l'agressivité, la haine, mais aussi la peur de ne pas tout maîtriser.
Dans le même profil psychologique existent les intro et extravertis, le fonctionnement est le même mais les introvertis ne s'expriment pas ouvertement ou alors exceptionnellement, mais avec vigueur.

L'être biologique

* Le rapport à l'action

Ces personnes peuvent être amenées à rechercher des situations favorables c'est à dire des situations où les chances de réussite sont importantes. Si toutefois elles se lancent dans une aventure risquée, elles prennent leurs précautions pour ne pas en sortir amoindrie en cas d'échec. En quoi consistent ces précautions. A ne jamais avoir à endosser la responsabilité d'un échec et à s'assurer les lauriers de la réussite.
Pour ces personnes, tout échec est imputable aux autres, à la malchance, à un complot contre lui. en fait à des causes extérieures à sa personne. En revanche, toute réussite leur revient de fait. Cette attitude demande de la préparation. Avant une situation "risquée", vous entendrez ces personnes dire à qui veut bien entendre : je n'ai pas préparé l'examen ou je ne me suis pas entraîné. sous-entendu, comme ça si je rate je ne remets pas en cause mes qualités mais seulement mon travail, et si je réussis c'est vraiment que je suis très fort. Cette attitude est renforcée par la valeur sociale des pays latins qui favorise la réussite par le don. A l'inverse, les pays anglo-saxons déclarent que le seul endroit où la réussite précède le travail, c'est dans le dictionnaire.

* Le rapport aux sentiments

Haine, colère, agressivité, douleur mais aussi joies profondes, impression de contentement sont le lot quotidien des toxiques. Ils sont des êtres éminemment affectifs.

* Origine et véritable psychologie

L'attitude de ces personnes provient d'un manque d'amour et de confiance en soi qu'elles essayent de palier par une attitude opposée. Au plus profond d'elles-mêmes, elles manquent totalement de confiance en elles. Afin de palier à cette absence d'assurance, elles tentent de se prouver à elles-mêmes et aux autres qu'elles sont très sûres d'elles. Crainte de l'échec, sentiments internes de rébellion et de trahison caractérisent ces personnes.

* Ce qu'on peut leur dire ou faire avec eux

Ces personnes peuvent susciter le rejet tant elles paraissent imbus d'elles-mêmes, dédaigneuses des autres. On pense souvent que cette attitude provient d'une grande assurance en soi ajoutée à une méchanceté naturelle. Si vous croyez qu'il n'en est rien, vous pouvez essayer les phrases qui suivent.

" Vous savez vous n'êtes pas obligés de me plaire."
" On a le droit de ne pas avoir toujours raison et d'avoir de la valeur quand même ".
" Tu as le droit de reconnaître tes torts sans pour autant perdre la face. "
" Tu es organisé, perfectionniste, ordonné, méthodique, réfléchi, tu peux valoriser ces côtés positifs et devenir quelqu'un de très apprécié car tu inspireras confiance. "

Catégorie 3 : les craintifs

L'être réfléchi : le rapport à soi

Les craintifs sont des personnes qui, pour des raisons diverses ne s'aiment pas mais qui en ont conscience et cherchent à changer. Elles ont généralement une assez bonne connaissance d'elles même.

* L'être social : le rapport aux autres

Les craintifs ont un grand besoin d'approbation par les autres. Leur but est d'être appréciés, aimés de tous et surtout de ne pas être rejetées. Pour cela, ils s'emploient à ne pas prendre le risque de :

1/ Contredire. Ils ont tendance à se faire oublier. Ces personnes veulent éviter le conflit à tout prix, ils fuient les contradictions au profit des situations sans problème.
2/ Se faire remarquer et même d'émettre une position personnelle. Ils se caractérisent par une attitude générale de dépendance, de soumission et de complaisance. Ils se rallient à l'avis général, font partie des gens dont on dit qu'ils sont sans personnalité.

Ces personnes ont tendance à être crédules, à se laisser facilement abuser. Leur soumission est poussée jusqu'au point de se laisser entièrement influencer, diriger par d'autres personnes. Il est aisé d'abuser de ces personnes dans la mesure où chacun sait qu'elles n'osent jamais refuser ou contredire.
Ces personnes arrivent à se relâcher si elles se sentent acceptés, mais se braquent rapidement dans le cas contraire...

Le regard d'autrui est le frein à toute initiative des craintifs, il est le grand ordonnateur du rapport à autrui comme à l'action.

* L'être biologique : le rapport à l'action et aux sentiments

"Si je ne prends pas d'initiative je ne risque pas l'échec". Tel est le sentiment dominant des craintifs par rapport à l'action. Ces personnes fuient les responsabilités, refusent les initiatives. Elles n'aiment pas et sont parfois incapables de décider seules.
En cas d'échec leur souffrance est profonde tout en restant discrète alors que leur triomphe reste modeste.
L'affectif de ces personnes affleure, leur humeur est très fluctuante et peut passer rapidement de la joie à la dépression. Si nous les avons appelées "les craintives", c'est qu'elles ont une peur viscérale d'être rejetée.

* Ce qu'on peut leur dire ou faire avec eux

Tu es tolérante, conciliante et agréable. Ces aspects font de toi une personne charmante, sociable et facile à vivre.

Catégorie 4 : les résignés

* L'être réfléchi : le rapport à soi

Le moins que l'on puisse dire c'est que ces personnes ne s'aiment pas. Elles ont un rapport à elles toujours négatif. Elles se regardent beaucoup mais ne se trouvent jamais bien, éprouvent même un sentiment de haine envers elles. Elles entretiennent leur "critique intérieur" qui fait d'elles les plus mauvaises des personnes. Bien qu'elles se regardent, elles ne se connaissent pas et s'estiment loin de leur valeur réelle par dévalorisation mais aussi parfois par surévaluation. Et de tout cela, elles pensent ne jamais pouvoir sortir, elles sont résignées.

* L'être social : le rapport aux autres

Leur attitude vis à vis des autres vient du regard qu'elles portent sur elles. Ces personnes ont un sentiment d'infériorité, une sensation désagréable de n'être pas digne d'avoir de l'importance aux yeux des autres. Et pourtant elles ont besoin de l'approbation d'autrui.
La conséquence de ce "dégoût" de soi et de cette envie d'être reconnue est un comportement de retrait, de conformisme poussé. Sans cesse repliées, elles éprouvent les plus grandes difficultés à s'affirmer, à donner leur avis, à dire non. Par peur du rejet, elles ne prennent jamais le risque d'un conflit. Cette tendance au conformisme s'accroît d'autant plus que l'estime que la personne se porte est rabaissée. Elles sont soumises pour acheter l'approbation des autres. Sur ce point, elles diffèrent peu des "craintifs". Elles aussi ont peur du jugement des autres.
Elles tentent tout de même d'utiliser des stratégies pour se revaloriser ; attirer l'attention pour qu'on reconnaisse leur valeur. Elles peuvent, par exemple, jouer le rôle de victime, se plaindre et chercher alors en complément une personne jouant le rôle de "sauveteur". Elles recherchent la consolation venant du fait d'être plaint mais peuvent aussi l'imaginer. Elles peuvent ainsi se représenter leur propre enterrement ou celui d'un proche pour que les gens les pleurent, les regrettent, se disent "c'était quelqu'un de bien quand même".

* L'être biologique : le rapport à l'action et aux sentiments

- Rapport à l'action

Ces personnes ont intégré le fait qu'elles n'étaient bonnes à rien, qu'elles "n'y arriveront jamais". Comme une action n'est que l'occasion d'un désastre de plus, elles n'agissent pas. Elles hésitent, n'osent pas choisir car choisir c'est éliminer des possibles, et éliminer c'est risquer de se tromper. En conséquence, elles fuient les responsabilités, remettent les choix à plus tard.
Quand elles agissent, l'objectif de leurs comportements est de prévenir l'échec plus que rechercher la réussite. Elles choisissent des objectifs extrêmement simples ou beaucoup trop difficiles à réaliser. Elles se débrouillent pour reproduire des comportements déjà connus, évitant ainsi l'incertitude liée à l'innovation. C'est qu'elles doutent fortement de leur capacité à faire face aux imprévus, aux aléas de la vie. Et pourtant, qu'elles aimeraient bien connaître la réussite ! Mais le tribu à payer - conflit, compétition - est trop lourd, trop déstabilisant.
C'est que l'échec leur est personnellement imputable alors que la réussite est le fait du destin.

- Rapport aux sentiments

Désespoir, lassitude, abandon, pessimisme, défaitisme, sont le lot quotidien des résignés. La douleur les accompagne. La prédominance des sentiments négatifs se fait sentir dans le rapport au futur. Ces personnes anticipent le malheur ; vivent dans la peur. Même les bons moments sont suspects. Elles ne s'autorisent pas à savourer les plaisirs de la vie sachant qu'ils prendront fin. Elles s'interdisent le bonheur de l'instant pour ne pas se sentir trop malheureuses ensuite. Cette anxiété exacerbée se rencontre également chez les faussaires et les craintifs. La peur est d'ailleurs ce qui conduit la vie de la majorité des êtres humains.

* Ce qu'on peut leur dire ou faire avec elles

Utiliser des méthodes où l'on s'entraîne à l'aide d'exercices et de jeux de rôle à affirmer et à défendre calmement son point de vue.

En dépit de leur caractère simplificateur, les quatre catégories représentent effectivement les dominantes de nos comportements. Certains sont craintifs d'autres faussaires. On peut d'ailleurs se demander pourquoi ! Qu'est ce qui a fait que nous sommes devenus faussaires, craintifs ou résignés?

Ce qui détermine l'amour que l'on se porte

Les trois catégories dont il est question on en commun de ne pas s'aimer. Pourquoi en est-il ainsi ?

Les attitudes de l'entourage et particulièrement des parents

Le fait de ne pas encourager, renforcer, rassurer, toucher les enfants. Plus généralement, l'absence d'affection, d'intéressement. En réaction l'enfant aura tendance à se renfermer et/ou à utiliser diverses stratégies pour attirer l'attention, pour se faire valoir, pour se montrer digne de leur intérêt.
Le fait de dévaloriser l'enfant par la critique directe ou plus subtilement par un maniement de l'ironie, de commentaires sarcastiques sur eux mais aussi sur les autres personnes. En effet, dans ce dernier cas, l'enfant intériorise qu'il est souhaitable d'être conforme au désir d'autrui.
Le fait de surprotéger, d'être possessifs, de toujours dire "fais ça, va là." souvent associé à la critique "tu ne fais jamais rien par toi-même".
Pour les personnes qui deviennent toxiques, le fait de s'intéresser à l'enfant en fonction de ses compétences seulement. Mais aussi le fait de surévaluer, de trop valoriser l'enfant.

Au-delà des seules personnes certaines circonstances de la vie peuvent nous marquer.

Les événements

Le fait d'avoir vécu des événements ayant provoqué un sentiment d'absence de contrôle sur l'environnement (décès, état dépressif d'un parent, disputes entre parents.) génère une angoisse avec laquelle il faut réussir à vivre.

Nous sommes imprégnés de notre environnement c'est à dire des autres et des événements. Provoquant des émotions, cette relation à l'extérieur du corps nous a fait réagir. Nous avons pris des habitudes, développé des stratégies en réponse à ce que nous avons vécu. Ces habitudes nous ont été dictées par un besoin : se maintenir en vie, ne pas succomber au mal être ; et pour cela il nous a bien fallu nous protéger.


Se mentir, se protéger

Toutes les attitudes de défense s'expliquent par le fait que pour nous aimer nous avons besoin de l'approbation des autres nous ne voulons pas vivre dans la douleur et le malaise.

Très succinctement nous nous donnons certaines attitudes destinées à réaliser ces deux buts.

séduire ses interlocuteurs

La séduction répond au besoin de sentir que les autres nous aiment. La contrepartie est une sensibilité importante aux critiques. La seconde "limite" de la séduction est qu'elle rassure seulement quand elle reste superficielle. En effet, dès qu'il s'agit d'engager complètement sa personne il y a le risque de se montrer tel qu'on est réellement et donc de décevoir.
Dans le registre de la séduction et du fait de faire envie la possession n'est pas la dernière des stratégies

posséder les êtres et les objets

La possession des êtres et des choses répond à plusieurs besoins :
Nous nous assurons d'entendre de l'autre ce que nous avons envie d'entendre. Nous retrouvons le désir d'être aimé, adulé, reconnu.
Nous montrons que nous sommes capables d'agir efficacement ; de contrôler ce qui nous entoure. N'est ce pas faire preuve d'une action efficace que d'exercer son pouvoir sur autrui ?
Nous pouvons susciter l'envie, l'admiration de l'autre ; non seulement de la personne possédée mais aussi de toutes les personnes qui peuvent voir combien on a une belle voiture, un blouson neuf et flamboyant.. Nous exploitons le plaisir d'être aimé pour ce que l'on a, plus que pour ce que l'on est. Et puis, tout ce qui nous distingue nous permet de renforcer l'amour que l'on se porte.

Quand bien même nous serions encore mal à l'aise, quand bien même les autres ne nous auraient pas donné ce que l'on attendait d'eux, il nous reste quelques portes de sortie pour nous préserver.

Rappelons-nous de ce que nous avons vu dans le chapitre consacré aux comportements. Face à un agent stressant, nous avons trois possibilités : ne rien faire - ce qui provoque le mal être -, fuir et lutter. Le premier comportement n'étant pas très utile, il nous reste les deux autres.

Fuir ce qui est désagréable

La fuite peut prendre la forme de mécanismes de défenses destinés à ne pas avoir à assumer ce qui peut être désagréable. Toute une palette de ces mécanismes existe parmi lesquels on trouve : l'évitement, le retrait, le déni (refus d'admettre), la banalisation (ce n'est pas grave) la projection (attribuer ses propres sentiments négatifs et difficultés aux autres), les fantasmes et la rêverie (imaginer sa réussite au lieu de la construire), la rationalisation (reconnaître mais attribuer à des causes extérieures); la compensation (fuir un sentiment d'infériorité en s'investissant dans d'autres domaines) le perfectionnisme (ce n'est pas assez bien), l'hyper contrôle de l'environnement (tout est ordonné, sans faille. comme si tout contrôler soignait les angoisses).

Lutter

L'agressivité à l'encontre des autres a pour objectif de supprimer la nuisance réelle ou éventuelle qu'ils sont susceptibles de nous causer. Cette agressivité peut prendre des formes physiques mais aussi se traduire par des attitudes psychologiques tendant à dévaloriser ces personnes, leur créer des problèmes.

Il faut bien voir qu'en employant ces stratégies, nous sacrifions notre propre évolution, notre liberté au profit d'un confort immédiat très relatif.
Alors si nous décidons de continuer à changer, ce qui suit peut nous aider.

Changer et apprendre à s'aimer : se créer indéfiniment soi-même (Bergson)

Nous avons déjà signalé que pour changer il convient d'augmenter l'amour que l'on se porte et le sentiment d'efficacité de nos actes. Cela ne se fait pas spontanément.


Les clés du changement

Nous avons résumé les étapes du changement dans le tableau suivant repris de André et Lelord.

Domaines Clés
L'être subjectif, le rapport à soi Se connaître, s'accepter et être honnête avec soi
L'être social, le rapport aux autres S'affirmer, être empathique, s'appuyer sur le soutien social
L'être biologique, le rapport à l'action Agir, penser positif, accepter l'échec

Se connaître : Prendre conscience de ses capacités et limites. Pour mieux se connaître il est possible de faire un listing avec les contraires : j'aime/ j'aime pas, je connais/je connais pas, mes échecs/mes réussites, mes défauts/mes qualités.

S'accepter : assumer et changer. Quoi qu'on ait fait, quel que soit le déshonneur que l'on ait eu à subir, nous avons le droit de changer sans culpabilité, sans honte et sans remord. L'avenir nous pouvons le forger et ce d'autant plus que le seul fait de se connaître et d'admettre ce que l'on est, fait disparaître bien des tensions et s'ouvrir bien des horizons. Cela demande d'être honnête avec soi. Nous avons vu qu'il est parfois utile de se mentir pour protéger dans le court terme l'amour que l'on se porte. Nous avons rencontré de nombreux comportements - comme le déni - destinés à cette fin. Déni de ses émotions, de sa volonté de s'impliquer complètement dans un projet.

S'affirmer : exprimer ce qu'on pense, ce qu'on veut, ce qu'on ressent tout en respectant ce que l'autre pense. S'affirmer nécessite de se respecter suffisamment pour se donner des droits face aux autres personnes. Or se donner des droits, c'est prendre le risque de déranger ou de déplaire à son interlocuteur. Quand on ne peut s'affirmer on utilise d'autres comportements relationnels : l'inhibé qui subit, l'agressif qui privilégie ses besoins et points de vue, mais néglige ceux des autres jusqu'au conflit ou à la menace.

Etre empathique : l'empathie est la capacité d'écouter et de ressentir le point de vue des autres, de chercher à le comprendre et à le respecter, même si l'on n'est pas totalement d'accord avec eux. "je comprends bien ce que tu veux dire, mais je ne pense pas forcément comme toi". Ce comportement permet d'être proche et aimé des autres, de s'affirmer car on écoute plus volontiers nos points de vue si nous nous sommes montrés capable d'écouter.

S'appuyer sur le soutien social : soutien d'estime (tu es quelqu'un de bien), soutien affectif (on est à tes côtés, on t'aime), le soutien matériel et de compétences (on va t'aider). Pour que ce soutien soit efficace, il est souhaitable qu'il soit diversifié et activé assez souvent.

Agir : Pour changer il est indispensable d'agir. C'est par une modification concrète du comportement que tout commence. Il ne sert à rien de changer uniquement dans sa tête. Toute décision de changement doit se traduire par un geste dans la minute qui suit : prendre son téléphone, faire un courrier. Ce qui n'est pas fait n'existe pas !
La vie nous offre une foule d'objectifs même modestes, qui une fois atteints, nous permettent de ressentir une amélioration de l'amour que l'on se porte. Si passer à l'action dans un domaine modeste n'est pas un évitement, ça peut servir d'échauffement à nous mettre à un travail plus exigeant.

Penser positif : Penser positif c'est d'abord faire taire la critique que l'on se donne. Apaiser cette petite voix qui dit ça n'est pas assez bien - à quoi bon, ça ne marchera jamais, c'est nul, ça n'est pas suffisant -, limiter cette tendance à agir et à juger dans le même instant. En procédant ainsi, on n'arrive à rien. Il est important de nous demander si nos pensées sont :
en rapport avec la réalité (demander l'avis des autres)
utiles : M'aident-t-elles à me sentir mieux, à faire face à la situation actuelle et aux situations à venir ? Être positif, c'est aussi transformer les plaintes en objectifs : J'en ai marre deviens j'aimerais.

Accepter l'échec : Ce n'est pas l'échec qu'il faut accepter mais l'idée de l'échec. L'échec est un morceau de la victoire comme l'erreur est un morceau de la vérité. Quelques conseils pour y arriver :

a/ les choses sont toujours grises et jamais totalement noires ou blanches. Eliminez les oppositions simplistes
b/ Les gens qui ont réussi ont le plus souvent commencés par échouer
c/ tirer les enseignements : l'échec nous instruit sur nous, il n'est pas preuve d'incapacité.

Ces attitudes risquent d'être oubliées si elles ne sont pas relues, remises en mémoire chaque jour. Il ne s'agit pas de toutes les apprendre et de toutes vouloir les appliquer d'un bloc. Le processus de changement passe par des petites étapes réalistes, répétées, progressivement intégrées. Il suppose de toujours se renvoyer à ses propres responsabilités en reconnaissant ce qui ne va pas mais aussi et surtout en cultivant ce qui va bien, ce qui a déjà été fait ; en s'autorisant à être fier de soi, en se remerciant de chaque pas parcouru. L'important c'est de faire un pas encore un pas (Saint Exupéry). Le chapitre qui suit va vous permettre de formuler clairement le chemin : votre projet de changement.


Un contrat pour changer

Si l'analyse est appréhendée comme un outil de changement et d'amélioration comportementale, elle amène l'intéressé à conclure un contrat, à définir par écrit un objectif qu'il s'est fixé. Le contrat correspond à la décision qu'une personne prend de réaliser tel but de telle ou telle manière.
Les étapes du contrat sont :

1/ Quelle est ma situation actuelle ? Le bilan de notre situation actuelle, professionnelle, extra-professionnelle, ce que j'ai déjà fait, réussi. Il s'agit du constat de ce qui va et de ce qui ne va pas en fonction de nos lieux de vie (travail, famille.)

2/ Qu'est ce que je veux changer ? La liste de ce que nous aimerions changer, pourquoi et comment.

3/ Quels sont les obstacles qui m'empêchent ou risquent de m'empêcher de le faire (obstacles dus à mon environnement et dus à moi-même).

4/ La mise en œuvre en suivant des méthodes, des petits trucs pour nous aider. Par exemple établir des priorités. "Aujourd'hui, je ne critique personne".

5/ L'établissement d'un délai de réalisation des objectifs avec un moyen de contrôle (dater les objectifs, savoir identifier les succès et les échecs)

Le contrat incite à se responsabiliser par rapport au but recherché. Il demande de parler en terme de réussite ou d'échec et, est à ce titre un grand mobilisateur d'énergie pour aller au bout des décisions. Et puis, il est un formidable moyen de connaissance de soi, sachant que le simple fait d'écrire, de formuler ce que l'on souhaite permet de clarifier ce que l'on est.

NB : De nombreuses personnes n'arrivent pas à réaliser des objectifs quantifiables, datés. Ainsi ces personnes ont-elles l'impression de voler d'échec en échec, de contrat raté en contrat raté. Jusqu'au jour où elles s'aperçoivent que les pas de fourmis entrepris à chaque tentative -les heures passées à ne pas critiquer par exemple-, ces moments entrepris puis arrêtés, ont laissé des empreintes dans leur corps. Au détour d'une lettre laissée des années plus tôt, ces personnes prennent conscience du chemin parcouru. Elles mettent en lumière ce qui lentement changeait en elles, et elles s'aperçoivent qu'en progressant dans le noir elles accédaient à la lumière. Tout ça parce qu'en dépit de ce qu'elles croyaient être des échecs, elles ont recommencé des petits "pas grand chose".

L'attitude de l'entourage

Elle découle de ce qui précède. Nous avons dit que l'amour qu'une personne se porte passe par l'efficacité de ses actions et le regard que les autres portent sur elle. Dès lors, l'objectif de l'entourage est d'aller dans ce sens en permettant et même en suscitant l'action tout en rassurant.
Voici quelques phrases à dire, quelques attitudes qu'il est possible de prendre, face aux différents types de personnes, pour arriver à ces fins.

Rassurer

Tu n'as pas besoin d'attirer l'attention sur toi par des stratagèmes pour qu'on t'aime.
Ecouter, encourager à exprimer des opinions sans juger. Instaurer un bon équilibre entre la sécurité (montrer à la personne qu'on l'aime) et les "valeurs" (il y a des règles à respecter).
Soutenir sans condition pour que la personne intègre qu'elle a une certaine valeur envers et contre tout. Attention, toutefois, à ne pas trop admirer.

Susciter l'action

Demander son avis et en tenir compte
Lui confier des tâches à faire, un peu d'argent à gérer quand il s'agit d'un enfant.

Tout ce qui précède demande un investissement personnel, une démarche individuelle s'appuyant sur l'aide des autres. L'objectif est de permettre à chacun de trouver la confiance et la détermination en soi. Si l'on se réfère à la notion de souffrance, le but de cette démarche n'est pas de l'éviter à tout prix mais de la rencontrer, de lui parler pour mieux la dépasser. Par rapport au plaisir, l'objectif est de passer de l'émotion de l'instant, au bonheur du vivant.


Apprendre le bonheur

Qu'ils soient psychologues, ouvriers, paysans où moines bouddhistes, beaucoup s'accordent sur un point d'encrage : le but, le véritable mouvement de la vie, c'est le bonheur.
Dans ce qui suit, nous nous appuyons sur la pensée bouddhiste et plus particulièrement sur le livre qu'ont commis le psychologue américain Howard Curtler et le 14ème Dalaï-Lama - l'art du bonheur - pour vous donner les attitudes permettant d'accéder à cet état de bien-être.
Comme tout ce qui a précédé, cet exposé s'appuie sur une conviction. Il est possible - quelque soit notre passé et notre présent - d'atteindre le bonheur par l'exercice de l'esprit, par l'activation de notre 3ème cerveau.

Nous avons déjà signalé que nos lobes frontaux (3ème cerveau) sont capables de réguler notre fonctionnement émotionnel. Ils peuvent inhiber la souffrance et rendre le plaisir plus durable. Cette aptitude passe par un seul mécanisme : l'attribution d'une valeur, d'une signification aux émotions. Indépendamment de ce qui est perçu, notre 3ème cerveau est capable d'assigner une valeur positive ou négative aux événements. A une souffrance, il sait dire : " tu es positive pour moi parce que. " ; à une personne désagréable, il a la capacité d'affirmer : "tu m'enrichis car.". Ce que nous appelons communément "l'état d'esprit" détermine le bonheur beaucoup plus que les événements extérieurs. Bien sûr il est des douleurs incontournables. Mais c'est plus la perception que nous avons d'un événement que la situation elle-même qui détermine notre bien-être. L'état d'esprit est la clef du bonheur. Pour ce faire, il s'appuie sur des valeurs. Ce sont à ces valeurs et à la réflexion qui les soutienne que nous allons accéder à présent.


Une hiérarchie

La réflexion commence par une hiérarchie des valeurs et des actes qui en dépendent. Qu'est ce qui donne sens à notre vie ? Répondons en ordonnant nos priorités. Sommes-nous nés dans le but de nuire aux autres, de leur créer des problèmes ? Sommes-nous plutôt sur terre pour participer aux qualités fondamentales de l'humanité ?
Cette aptitude à isoler les éléments les plus fondamentaux de notre existence nous apporte une grande liberté et un repère face aux problèmes.
Une aide pour classer les valeurs et les actes est l'étendue dans le temps et l'espace. Est-ce provisoire ou durable ? Est-ce local ou universel ? Ce désir satisfait-il un besoin immédiat ou une envie plus lointaine ? Crée-t-il le bien d'une seule personne ou de plusieurs ?
En faisant la part de l'immédiat et du durable, du local et de l'étendu, nous nous aidons à reconnaître et isoler les facteurs qui, à terme, mènent au bonheur et ceux qui conduisent à la souffrance.

Qu'est ce qui, pour nous, cause la contrariété ou le chagrin ? Les bouddhistes ont réfléchi à cette question. Pour eux, la souffrance prend sa source dans les "trois poisons de l'esprit" : l'ignorance, le désir sans frein et l'aversion. L'idée d'ignorance a des connotations ambiguës. Elle suppose, en effet, de se référer à une vérité. Comme par ailleurs, le fait d'éventuellement nous tromper ne nous est pas d'un grand secours dans la recherche du bonheur, voyons plutôt les attitudes permettant d'éliminer le désir toujours insatisfait et l'aversion.

Eliminer le désir

Partons d'une interrogation. Qu'est-ce qui détermine notre perception d'une situation ? Notre tendance à comparer nous influence fortement. Notre satisfaction dépend du point de comparaison adopté. Nous avons pour habitude de regarder les plus brillants, les plus beaux. Bien que pour certains cette attitude soit un moteur, pour la plupart d'entre nous, elle engendre systématiquement l'envie, la frustration et le chagrin. Que faire ?
Nous tourner vers les plus démunis, les moins chanceux. Reconnaître qu'il y a sur terre, plus des trois quarts de l'humanité qui vit avec moins de 10 francs par jour. Songer que nous avons de la chance d'être ce que nous sommes. En observant le monde avec ces nouvelles lunettes tout reprend sa juste dimension. Nous nous rendons compte que finalement nos immenses problèmes sont de l'ordre de "la rage de dents". Nous apprenons à nous prendre et à prendre nos problèmes beaucoup moins au sérieux.

Toujours voir ce que l'on croit être le haut du panier conduit à vouloir être comme eux : c'est la convoitise. La motivation essentielle de la convoitise c'est l'assouvissement. Mais quand bien même l'objet désiré est obtenu, la convoitise, elle est toujours présente. Pire, elle est renforcée. Processus sans fin !

Et puis, nous trouverons toujours une personne supérieure à nous, que ce soit dans un domaine ou un autre. La convoitise mène alors à la frustration, à admettre que l'on ne sera jamais comme ceux qu'on admire. Alors au lieu de regarder ce qu'il y a d'enviable en l'autre, acceptons déjà ce qu'il y a de beau en nous.

Les remèdes au désir effréné s'imposent d'eux-mêmes :

Remède 1 : le contentement, le fait d'apprécier à chaque instant ce que l'on a.
Remède 2 : se considérer : le seul moyen d'avancer dans l'existence, c'est de considérer ses atouts, de voir de quoi on est encore capable, c'est d'avoir le sens de sa propre valeur.
Remède 3 : ne plus comparer ou changer les comparaisons. Qui est "supérieur" ? Celui qui écrase tout ceux qui se présentent sur son passage pour parvenir au pouvoir ou la personne qui toute sa vie a travaillé et respecté ses semblables ? L'ordre des valeurs est déterminé par une société. Quelques-uns de ses représentants donnent le classement. Tel est plus riche, plus puissant, plus fort que tel autre. Tel est dans la normale, tel ne l'est pas ! Mais qu'est ce que c'est être dans la normale ? Le comportement général d'une société est-il toujours normal ?

Henri Laborit aura tôt fait de vous répondre. La normalité, c'est le conformisme, c'est la moyenne, celle du monsieur qui est parfaitement normal par rapport aux autres, alors qu'il ne l'est pas du tout par rapport à lui-même. Puisqu'il est normal par rapport aux autres, on dit il n'est pas fou ; mais il va développer une hypertension, un ulcère de l'estomac... La normalité est à situer par rapport à soi-même et non par rapport aux autres. Schumann, Van Gogh n'étaient pas normaux. Que vaut-il mieux être, Schumann, Van Gogh, ou les autres ? Nous pouvons penser que la seule raison d'être de la hiérarchie sociale est la préservation de la dite société. Peut-être le pouvoir et l'argent ne sont-ils pas les "valeurs" les plus respectables ! Un tel classement fondé sur deux ou trois valeurs ajoutées à quelques normes éthiques, esthétiques et comportementales réduit la richesse du monde à quelques attributs, ceux qui justement favorisent le désir et la convoitise. Oubliez ce carcan et remplacez-vous dans la hiérarchie que vous venez d'établir. Est-ce que dans cet ordre des valeurs la possession est au-dessus du don ? Est-ce que l'eros - l'amour qui prend - est plus enviable que l'agape - l'amour qui donne - ?

Si vous voulez comparer, alors déployez le regard de la diversité, replacez-vous dans la richesse du monde. Vous trouverez que vous aussi vous êtes forts. Cherchez ! Vous ne trouvez pas ! Cherchez bien ! Peut être êtes vous beaucoup plus timide, beaucoup plus sensible voir beaucoup plus fragile que tous ceux qui vous entourent!

Que l'objectif soit de reconnaître notre propre valeur, de réduire la haine que l'on éprouve envers une personne, de ne plus être prisonnier de la convoitise, déployer le regard de la diversité, varier les points de vue nous aide considérablement.
Après tout ça, si vous continuez à oublier la majorité des habitants de la planète, si vous continuez à être impressionnés et tentés par le pouvoir et l'argent, rappelez-vous - quelque soit la personne qui se trouve face à vous - que "au plus haut trône du monde, (nous) ne sommes assis que sur notre cul" (Montaigne).


Eliminer l'aversion : apprendre à aimer

Dans le chapitre consacré aux comportements, nous avons signalé que nous sommes dépendants des autres - c'est à dire responsables d'eux -. Nous aimerions ici ajouter quelques mots à ce propos.

Que ce soit dans notre vie matérielle ou affective, nous nous nourrissons du pain et de l'affection d'autrui. Si le pain vient en échange d'une pièce de monnaie, l'affection de l'autre vient en réponse à la notre. C'est par ce processus d'aller-retour que l'amour, l'affection, la compassion, l'attention aux autres, nous apportent le bonheur. En conséquence, pour être heureux, il nous faut être attentifs, ouverts ; il nous faut tendre la main, faire le premier pas vers l'autre sans attendre que lui vienne à nous. Souvenez-vous de ce que disait Henri Laborit à ce propos : le premier acte égoïste c'est peut-être d'aimer l'autre. Cette dépendance à l'autre est magnifiquement retranscrite par l'expression latine : alter ego ; l'autre moi.

Notre dépendance aux autres est étayée par de nombreuses études. De nombreux psychanalystes (Howald Curtler cite entre autres Erich Fromm) estiment que la menace d'être séparé des autres constitue la peur la plus fondamentale de l'humanité. Pour eux, l'expérience de la séparation, que l'on rencontre tout d'abord dans l'enfance, est la source de toute anxiété. Cette analyse colle bien avec l'observation selon laquelle un mode de vie altruiste est essentiel à une bonne santé mentale (George Vaillant). A l'inverse, les personnes en manque de rapports sociaux sont plus souvent en mauvaise santé, plus tristes et plus vulnérables au stress. Par exemple, les personnes les plus centrées sur elles-mêmes, celles qui au cours d'une conversation répètent le plus souvent les pronoms "je", "moi", "mon" sont les plus susceptibles de déclarer une maladie coronarienne.

Le rapport que nous entretenons à l'autre peut être relativement superficiel. Il peut se construire autour d'un sujet anodin - le temps qu'il fait, les résultats du match de foot. -. Il peut également être plus profond. Howald Curtler cite le zoologiste Desmond Morris pour qui le rapport à l'autre est d'autant plus fort et important qu'il est intime. Cette personne entend par intime l'émergence d'un sentiment de proximité qui intègre le sens du partage et de la communication. Pour Desmond Morris, le vecteur essentiel de l'intimité est le contact physique. Le toucher est pour lui le véhicule du réconfort mutuel. Ce chercheur pense même que d'autres contacts avec des objets comme les cigarettes, les objets, tiennent lieu de substituts à l'intimité.

Si nous revenons à ce que nous avons dit du bonheur, nous remarquons que l'analyse que nous faisons, que les attitudes que nous proposons, reposent davantage sur une réflexion reconnaissant les droits fondamentaux de l'autre que sur notre propre bonté, dans un premier temps, du moins. Parce que progressivement, les véritables piliers de l'échange et de la proximité c'est à dire l'affection, le respect et la dignité, vont s'élever en nous. Après viendra peut être l'amour.

Ceci étant dit, donnons les attitudes permettant de provoquer l'affinité à l'autre.
chercher à percevoir le meilleur de chacun.
ne pas s'imaginer ou penser au fait qu'il puisse dire ou avoir dit du mal de nous.
se rappeler que nous avons besoin de lui ; que nous dépendons des autres donc de lui
voir ce qui nous rapproche de lui. Tous possédons un corps, un esprit, des émotions. Tous sommes nés, et tous mourrons. Tous voulons bien manger, bien dormir, être aimés. Tous caressons le désir d'être heureux et de surmonter nos souffrances. Tous avons le droit de réaliser cette communauté d'aspiration.
prendre conscience du point de vue des envies, des joies et des souffrances d'autrui. Cet aspect capital, demande de se mettre à la place de l'autre. Il s'agit là d'une technique qui suppose d'accepter de renoncer temporairement à son propre point de vue pour adopter celui de l'autre. Cela demande d'essayer de comprendre la psychologie et le passé des êtres.

Ayant pris conscience de l'importance d'être ouvert aux autres, il nous faut encore trouver la force de nous lancer. Souvent, nous avons peur de ne pas être à la hauteur, peur de provoquer le jugement de notre interlocuteur. Là encore, un état d'esprit peut nous aider.
L'honnêteté ! Quel est le but de votre pas vers l'autre ? Faire valoir vos connaissances, l'importance de votre personne ? Dans ce cas, votre interlocuteur peut ne pas reconnaître votre valeur. Vous voulez l'épater, le dominer mais c'est lui qui a tout pouvoir sur vous. En cherchant volontairement l'approbation de l'autre vous vous exposez en permanence à la frustration et à la déception aussitôt que la réalité fait intrusion sous la forme d'une sentence assassine. En voulant qu'on vous aime, envers et contre tout, vous vous punissez vous-même.
Si à l'inverse, votre objectif est d'échanger, d'apprendre de votre interlocuteur, alors vous n'avez rien à craindre. Au pire, il refusera l'échange. Vous n'aurez rien perdu. Vous aurez même gagné de tenter un acte qui vous tient à coeur.

La motivation sincère est l'antidote pour résorber la peur et l'anxiété. Et même si, dans votre élan vous rencontrez l'échec, c'est que le challenge était trop dur. "Pour ma part je ferai au mieux, si je n'y arrive pas c'est que la situation était trop difficile pour moi" (Le Dalaï-Lama). Les stoïciens agissaient à l'identique, souvenez-vous : "Dans ce qui dépend de vous, faites votre possible", pour le reste n'y prêtez pas attention. Le simple fait de prendre du recul pour s'assurer simplement que l'on est sincèrement motivé suffit à diminuer l'anxiété. "Motivation sincère, antidote à l'anxiété". Plus vous serez honnêtes, plus vous serez ouvert, moins vous aurez peur, parce que vous n'éprouverez plus aucune anxiété à l'idée d'être exposé ou révélé aux yeux des autres. N'ayant rien à cacher et à prouver, vous n'aurez plus à vous protéger ; vous n'aurez plus peur. Plus vous serez honnête, plus vous aurez confiance en vous. Le manque de confiance vient de la conscience de pouvoir réaliser quelque chose sans être sûr d'y parvenir. Les gens qui ont une vision réaliste d'eux-mêmes ont tendance à mieux s'aimer, à être plus confiants que ceux qui se connaissent mal ou faussement (Howald Curtler).
Après avoir créé l'affinité à l'autre, nous être ouvert à lui, assurons-nous de ne pas nous en couper.


Entretenir le lien
Le premier moment, où nous risquons la rupture avec l'autre, c'est lorsque éclate un conflit direct. En cas de problème, généralement le cerveau a tendance à se tourner vers le passé pour comprendre. De cette connaissance du passé, il déduit une attitude adéquate pour le futur. Dans le cas du conflit entre personnes, la recherche des responsabilités dessert la levée du problème plus qu'elle ne contribue à la servir. Elle provoque l'agressivité et la mise en place de mécanismes de défense de la part des personnes accusées. Si vous souhaitez avancer à plusieurs, cherchez des solutions au lieu de trouver des responsabilités !

Deuxième motif à rupture, apprendre que l'autre a dit mal de vous - ou croire que l'autre pense du mal de vous. Notre réaction biologique à cet agent agresseur est la lutte et tout l'attirail qui l'accompagne : stress, haine, agressivité. Si en des temps reculés, une telle réaction se justifiait pour assurer la survie, dans nos sociétés occidentales, ce n'est plus de survie qu'il s'agit. Pourtant, si nous n'allons pas jusqu'à la suppression de la personne hostile, nous cherchons à supprimer sa "nuisance". Nous nous disons que la seule réponse valable à son attitude est la haine. Ce faisant nous creusons notre propre tombe.
Bien plus que la personne qui, peut-être nous veut du mal, la haine elle nous en fait. C'est elle notre pire ennemi, plus efficace que n'importe quelle personne, elle nous tient à longueur de journée, nous suit partout, à toute heure et en tout lieu. Quelque soit le problème rencontré, la haine qui accompagne l'aversion va toujours contre nous.

En cherchant à lutter contre l'autre, nous nous faisons trois fois du mal.
Une fois parce que l'agressivité qui n'est pas agie provoque le mal être. Nous sommes dans ce que nous avons appelé l'inhibition de l'action.
Une seconde fois parce que, par notre haine, nous donnons de la valeur à la démarche de celui qu'on dit notre ennemi. C'est, en effet, la volonté de blesser qui confère aux actes de nos "ennemis" leur caractère unique.
Une troisième fois parce que, par la haine et le rejet, nous nous coupons de quelqu'un qui aurait pu nous révéler à nous-même. Nos ennemis nous offrent l'opportunité d'apprendre à nous connaître et à réagir comme nous aimerions le faire. Ils nous enseignent notamment la tolérance. Traitez les avec déférence, reconnaissez la valeur de l'épreuve qu'ils vous lancent, le défi qu'ils vous convient à relever.

Le dernier moment où nous risquons de nous couper d'une personne est, paradoxalement, lorsque nous ne sommes pas avec elle.
Lorsque nous parlons avec des interlocuteurs tout échange à propos d'un point commun peut nous rapprocher l'un de l'autre. Or, nous recherchons, nous avons besoin de cette communion. Parmi ces points partagés, il peut y avoir une tierce personne. Pour peu que nous ayons quelques reproches à faire à l'encontre de cette personne, le soulagement de dire vertement ce qui peut être un problème pour nous, associé à la communauté d'intérêt que cette critique peut engendrer au sein du groupe peuvent amener très rapidement à une critique soutenue de cette tierce personne. Mais voilà, en faisant ça, nous nous coupons d'elle. Par la suite nous ne pourrons plus qu'éviter cette personne ou lui mentir. Si nous mentons - c'est une lapalissade - nous ne sommes pas honnêtes. Nous entrons alors dans le mécanisme sans fin dont nous nous sommes fait l'écho : mal être, mécanismes de protection, peur, agressivité. Si nous voulons rester en paix avec nous, ne disons jamais du mal d'une personne qui n'est pas là.

Nous en avons fini de l'aversion et du désir. Toutefois, nous aimerions - avant de passer au chapitre suivant - ajouter la peur à la liste des antidotes au bonheur.


Vivre et avoir peur

Nous avons vu dans le chapitre consacré à l'être biologique (être biologique) que la peur est l'expression de notre capacité à savoir que demain sera ajouté à notre propension biologique à nous maintenir en vie. Toute situation envisagée comme nocive est appréhendée, vécue comme stressante par anticipation. L'absence d'information sur l'avenir, le fait de ne rien savoir est également source de peur dans la mesure où il ne nous permet pas d'anticiper une réponse efficace. Un moment de nos vies rassemble à la fois l'atteinte à l'intégrité de notre personne et l'absence totale d'éléments permettant de l'anticiper et d'y faire face ; ce moment, c'est notre mort. La mort est la peur fondamentale de tout être humain. Toutes les croyances, tous les mythes proposent d'ailleurs une réponse à cette souffrance. Toute personne qui a conscience de la fragilité de sa position sans l'accepter ne peut vivre le bonheur. Alors comment faire pour accepter l'inacceptable ?
Les penseurs qui ont tenté de répondre à cette question ont d'abord stigmatisé la peur de la mort. Ils ont rappelé que la peur de la mort n'avait pas de sens et ce pour plusieurs raisons. La première est qu'avoir peur n'empêche pas de mourir. La seconde est que nous ne pouvons redouter ce qui ne nous fait pas de mal. Or la mort est justement l'absence de sensation, donc de mal.
Ils ont ensuite noté que la mort est nécessaire à la vie. Plus encore, elle est un moment de vie. La mort appartient à la vie, ne pas l'accepter c'est refuser la vie. "Tout nous ramène à quelque idée de la mort" - dit Chateaubriand dans Voyage en Amérique - "parce que cette idée est au fond de la vie". Dès lors, celui qui aime la vie, aime la mort.

Pourtant ce qui précède n'est nullement rassurant en soi. Selon certains auteurs, pour surmonter la peur, il nous faut faire de la mort, notre voisine. Écoutez le tout jeune Wolfgang Amadeus Mozart parler de son rapport à la mort. "Comme la mort (au sens propre) est le véritable but de notre existence, cette authentique et meilleure amie de l'homme m'est devenue si familière depuis quelques années que son image n'a non seulement plus rien de terrifiant, mais au contraire, me tranquillise et me console et je remercie Dieu de m'avoir accordé le bonheur, de m'avoir permis de savoir que la mort était la clef de la véritable félicité. Je ne me couche jamais sans penser (aussi jeune que je sois) que je n'existerai peut-être plus le lendemain. (cité par C.Brand-Hetzel). Faire de la mort notre voisine c'est se la représenter, c'est poser les choix de notre existence à sa lueur. Alors, comme nous faisons d'une souffrance notre conseillère, nous pouvons faire de la mort notre alliée. A son regard, la hiérarchie des valeurs dont nous avons fait état ci-avant s'établit d'elle-même. La pensée de la mort suffit à ordonner nos pensées si seulement nous acceptons de poser la question de Verlaine : "Et vraiment, quand la mort viendra, que reste-t-il ?
Et même si nous n'arrivons pas à la dompter, à la faire proche de nous, essayons au moins qu'elle "me trouve plantant mes choux, mais nonchalant d'elle, et encore plus de mon jardin imparfait" (Montaigne).

Vaincre nos peurs de la mort, de l'inconnu et des autres demande du temps et de la persévérance, une volonté de chaque instant. Réfléchir à un sens, à une démarche au-delà de la souffrance est souvent au-dessus de nos forces. Quelque soit le changement que nous envisageons, nous devons nous donner le temps. Vivre le changement comme un lent apprentissage de soi. Un apprentissage qui nécessite de remplacer des habitudes biologiques par des habitudes choisies en conscience. Une transformation qui passe par des étapes incontournables.

1/ apprendre à nous connaître
2/ nous donner des objectifs
3/ nous rappeler constamment les buts poursuivis et les attitudes privilégiées.

Pour progresser vers le but fixé, il nous faudra nous rappeler mille fois l'importance du respect, de l'échange, du lien aux autres. Tous les matins, nous devrons éveiller cette petite voix qui dit : "je vais vivre cette journée selon les préceptes que j'ai dégagés". Tous les soirs, nous aurons à rallumer la petite voix qui demande : " ai-je vécu cette journée comme je voulais la vivre ?" Si, la réponse est oui, nous nous réjouirons, si la réponse est non, nous nous critiquerons et repartirons. A ces attitudes, nous devrons conjuguer des actes ; tenter -aussi souvent que possible- le pas vers l'autre. "La création de soi" exige des efforts sans cesse répétés. Elle passe par une progression lente entrecoupée de phases de régression. Pendant ces moments, il faut savoir ne pas trop en demander pour mieux repartir plus tard.

Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Chacun de nous en décidera. La nécessité, le sentiment de l'urgence, nous donnerons peut-être l'élan initial. Par la suite, le sens que nous trouverons à notre nouvelle existence nous orientera. Que petit à petit nous admettions que la souffrance fait partie de nos vies, que nous saisissions la portée de la souffrance jusqu'à en faire notre confidente, que nous entrevoyions cette force qui découle de la volonté qui se comprend et d'un projet qui se construit, alors la démarche dont nous parlons s'effacera pour ne plus exister d'elle-même. Elle sera devenue nous.

Si après avoir entrevu les possibilités de nos vies, nous décidons de lentement nous changer, ou de poursuivre un changement déjà entrepris, en plus de ce qui précède, des techniques peuvent nous soutenir. Dans le chapitre suivant, nous livrons des méthodes habituellement pratiquées lorsqu'il s'agit d'apprendre à se connaître, à s'accepter et à changer. Par ces méthodes nous allons parcourir le chemin qui mène au calme, à l'assurance et à la sérénité (être calme).

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Message par Invité Lun 11 Fév 2013 - 21:46

Cinq sources pour rayonner

Certains jours, nous le sentons : nous avons cette énergie qui nous rend irrésistible. Comment l’expliquer ? Sur quelles qualités et sentiments cette force d’attraction s’appuie-t-elle ? Explication en cinq points… sans rompre le charme.

Elle prend la parole, et aussitôt l’assistance fait silence, ébahie. Il entre, et tous les regards se tournent vers lui, fascinés. Nous connaissons tous de ces individus capables de susciter le respect, l’admiration, si ce n’est l’amour général par leur seule manière d’être. Ils ont ce « truc en plus ». Un je-ne-sais-quoi indéfinissable, même par celui qui en est doté. « Nous nous trompons souvent sur ce qui fait mouche en nous », constate le psychanalyste Norbert Chatillon.

Qui n’en a jamais fait l’expérience ? Dans le couple, par exemple, lorsque nous demandons, des années après la rencontre : « Qu’est-ce qui t’a plu en moi ? », et que nous entendons l’autre citer des traits de caractère que nous avions cherché à dissimuler. Inversement, ce que nous mettons en avant, persuadé qu’il s’agit d’un point fort, n’est parfois pas apprécié, voire agace ! De quoi mettre en doute l’efficacité des écoles de séduction. « Ce qu’elles enseignent relève du calcul, estime Norbert Chatillon. La séduction, elle, ne supporte pas le contrôle et l’artifice. »

Pourquoi ? Parce qu’elle naît du plus profond de notre être. Ce que nous donnons à voir et qui touche, galvanise ou hypnotise est souvent la partie immergée de notre charme. Un aimant profond, qui repose sur cinq façons d’être.


Le détachement vis-à-vis du regard d’autrui

« Je me fiche de savoir si je plairai ! »

Premier paradoxe : c’est quand nous prenons le risque de ne pas séduire que nous dégageons le plus du charme. Quand nous sommes désintéressés, indifférents à la vision que les autres peuvent avoir de nous, et que nous ne cherchons pas à amadouer notre « public ».

Pourquoi ? Parce que dès que nous sommes en attente vis-à-vis de l’autre, nous cessons de le reconnaître dans son altérité. Or, pour permettre à une vraie rencontre d’exister, le respect de l’autre est indispensable. Sinon ? Celui-ci risque de se sentir étouffé, manipulé – comme sous l’emprise du « mauvais » séducteur. A l’inverse, lorsque nous nous mettons à l’écoute, sans jugement, nous créons un climat de sécurité qui facilite le dialogue. Et l’impression de liberté qui émane de nous a toutes les chances de séduire.


L’authenticité

« J’ai le droit d’exister »

La timidité et l’introversion peuvent parfois toucher, selon les goûts et les histoires personnelles de chacun. Mais elles ne sont jamais les attributs de ceux qui « rayonnent ». Au contraire : si certains nous impressionnent et nous charment, c’est parce qu’ils n’hésitent pas à être eux-même, en toute honnêteté. Ils osent imposer leur caractère, leurs désirs, leurs projets, mais aussi leurs fragilités, en toutes circonstances. Ils sont « entiers », comme nous le disons parfois, c’est-à-dire entièrement présents, aussi bien psychiquement que physiquement.

Ne pas craindre de se dévoiler, y compris dans ses faiblesses, ses vulnérabilités et dans sa part d’ombre est l’un des secrets pour plaire au-delà des apparences. Cela n’exige pas forcément d’être en paix avec toutes les facettes de sa personnalité, mais plutôt de ne jamais être dupe des contradictions et conflits que nous pouvons porter en nous.

En assumant notre propre singularité, nous devenons des exemples pour ceux qui nous entourent. Galvanisés, inspirés par notre audace et notre sincérité, ils se découvrent une vitalité nouvelle à notre contact. C’est cela aussi, rayonner : donner à ceux qui nous approchent la sensation qu’ils peuvent être « lumineux », pourvu qu’ils osent s’affirmer.


La cohérence

« Je suis en harmonie avec ce que je pense et ce que je fais »

Qu’est-ce qui plaît de nous ? Difficile à dire. Comme si nos qualités ne se laissaient pas saisir dans le détail, mais plutôt comme un « tout ». A quoi cela tient-il ? A la cohérence interne, que les thérapeutes en programmation neurolinguistique (PNL) appellent « congruence ».

Lorsque nous ressentons une parfaite harmonie entre notre identité, nos convictions, notre ressenti et nos actes ; quand nous ne nous contentons pas de défendre des idées, mais que nous les incarnons, nous les « ressentons ». Nous avons tous l’occasion de vivre cette expérience, par exemple lorsque nous nous engageons en faveur d’une cause en laquelle nous croyons intimement. Ou lorsque nous menons un projet jusqu’au bout, sans nous laisser décourager par les obstacles qui se dressent. Cette cohérence interne se perçoit dans chacun de nos gestes et de nos mots : nous ne trichons avec aucune partie de nous-même, nos « oui » sont de vrais « oui », nos doutes sont clairement exprimés, nos arguments sont convaincants parce que travaillés…

La « congruence » est non seulement une source de joie pour soi – tout devient possible ! –, mais elle a surtout le don d’entraîner autrui dans sa dynamique positive.


La confiance en soi

« Je peux compter sur moi pour faire face aux aléas de la vie »

Comment séduire autrui si l’on ne se séduit pas soi-même ? Qui peut inspirer le bien-être s’il n’est pas en paix avec lui-même ? Comment soulever l’enthousiasme si l’on n’est pas d’abord certain de pouvoir compter sur soi ? Non que la séduction soit l’apanage des seuls narcissiques. Reste qu’il suffit souvent de se sentir digne d’être aimé pour le devenir.

Pourquoi ? D’abord parce que nous y puisons une énergie qui nous permet de relever des défis qui semblent insurmontables à d’autres : il y a un peu du héros chez l’individu charismatique. Ensuite parce que la confiance en soi est apaisante, pour soi mais surtout pour autrui : c’est la « force tranquille », sécurisante, donc, attirante.
Enfin, parce que lorsque nous sommes confiants, nous « lâchons » nos défenses, et nous nous donnons à connaître sous toutes nos facettes – y compris celles dont nous ne soupçonnons pas le charme.


L’ouverture

« Je suis à l’écoute des autres et je rends mon discours compréhensible à tous »

Pour estimer notre charisme, nous pouvons nous fier au plaisir que les autres ont à se trouver en notre compagnie ; ils semblent plus épanouis, ils s’ouvrent à eux-mêmes. En réalité, cela tient à notre propre capacité d’ouverture : lorsque nous savons écouter sans juger, accorder de l’attention à l’autre malgré les différences de points de vue…

Bref, quand nous envisageons la rencontre non pas comme une confrontation mais plutôt comme un échange. Nous sommes alors prêt à accueillir véritablement l’autre et à donner de nous-même, en toute simplicité. Cet « abandon » rassure notre interlocuteur et lui donne envie de lâcher prise à son tour, puisque nous lui montrons que c’est sans risque. L’ouverture aux autres passe également par une bonne maîtrise de la communication : savoir parler de manière claire et audible, utiliser des métaphores qui donnent à voir, à entendre, à ressentir. Nos interlocuteurs comprennent immédiatement, ils se sentent intelligents, ils sont sous le charme.

Avec la collaboration de Norbert Chatillon, psychanalyste ; Aline Dagut, psychothérapeute spécialisée en gestalt-thérapie ; Josiane de Saint Paul, directrice de l’Institut français de PNL et enseignante certifiée en programmation neurolinguistique (PNL).


Etes-vous « congruent » ?

Pour les thérapeutes spécialisés en programmation neurolinguistique (PNL), la « congruence » est la clé de la séduction. Les explications de Josiane de Saint Paul, directrice de l’Institut français de PNL.

Qu’est-ce que la « congruence » ?
Josiane de Saint Paul : C’est lorsqu’il y a alignement entre ce que je suis – ma personnalité profonde –, ce que je pense – mes convictions, mes valeurs –, ce que je ressens, et ce que je dis ou fais.

Comme savoir si l’on est « aligné » ?
Il suffit de s’interroger, en situation : est-ce que cela me va de faire telle chose ? Est-ce que cela me ressemble ? Puis, est-ce que je crois que c’est une bonne action ? Et est-ce que je me sens disposé, physiquement et psychiquement, pour le faire ?

Comment expliquer que certains soient plus souvent « congruents » que d’autres ?
Cela dépend surtout de nos expériences de vie : elles nous servent de référence. Or, si elles n’ont pas été convaincantes, nous risquons de ne plus savoir nous fier à nos convictions.

Que faire ?
Travailler sur ce terrain de la confiance en soi, dans le cadre d’une thérapie de groupe par exemple, pour être confronté au regard des autres. Je suis persuadée que plus nous faisons de développement personnel, plus nous sommes aptes à déployer notre charisme.

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Message par Invité Lun 11 Fév 2013 - 22:15

Un très beau dossier de Psychologies Magazine : Trouver la force en soi

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Message par Invité Mar 12 Fév 2013 - 11:41

L'Homme se manifeste aussi par ce qu'il ne fait pas ...

La conduite psychologique devant l'effort mental imposé

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Message par Invité Mar 12 Fév 2013 - 12:18

Comment qualifier le bonheur ?

Des clés pour le bonheur

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