Sérendipité
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Re: Sérendipité
On casse quelle coquille pour les omelettes ?
Quand on va se voir on va devoir avoir une grosse poêle les amis ^^
Mais, moi, J'ai un indice
Quand on va se voir on va devoir avoir une grosse poêle les amis ^^
Mais, moi, J'ai un indice
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Une grosse poêle pour pouvoir se poiler....?
Lemniscate le papillon- Messages : 6348
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Re: Sérendipité
Loooolll
Ah mais les activités resteront du private. Ce qui se passe entre 4 murs restera entre 4 murs
Ah mais les activités resteront du private. Ce qui se passe entre 4 murs restera entre 4 murs
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Moi les patates... qui fournit les zoeufs...... Mjo...?
Lemniscate le papillon- Messages : 6348
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Re: Sérendipité
Loollll y a des choses qui sont innées. Y a t il besoin d 'être fourni ?
Blague mise à part, qui fournit les poils
Blague mise à part, qui fournit les poils
Invité- Invité
Re: Sérendipité
A POILS A POILS......
Lemniscate le papillon- Messages : 6348
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Re: Sérendipité
Eh ... c'est pas bientôt fini cette vie de potaches ?
On se croirait en première année de fac de médecine
On se croirait en première année de fac de médecine
- Spoiler:
- C'est un gynécologue qui suit un cours de mécanique.
À l'examen final il devait démonter et remonter un moteur d'automobile.
Le lendemain il reçoit sa note.. 30 points sur 20 possible
Il lève la main et demande au prof. pourquoi il a eu 30/20.
Le prof. lui dit:
- Tu as eu 10 points pour avoir très bien démonté le moteur, 10 autres pour l'avoir remonté à la perfection...
... et encore 10 pour l'avoir remonté par l'orifice du pot d'échappement.
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Mjo,
Je te rappelle que quand on accepte de fréquenter certains personnages...on accepte aussi les conséquences
hihihihi
Je te rappelle que quand on accepte de fréquenter certains personnages...on accepte aussi les conséquences
hihihihi
- Âme sensible, s'abstenir...:
- Oui oui, s'abstenir...:
- LOL, j'ai honte de moi même...:
Il le fallait ce nombre de spoiler...
Je.....
Me suis surpassée là... J'ai même du mal à le quantifier voyez vous...
Invité- Invité
Re: Sérendipité
- Spoiler:
- Je sens qu'il y en a un qui va se faire gazer ...
Mon Dieu... Mais comment vais-je faire à présent pour faire remonter ce fil à son niveau habituel ...
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Le vrai défit ne serait il pas de réussir de le maintenir au si haut niveau atteint ce soir ?
Re: Sérendipité
Ploufff....
Plus personne.... le bonhomme, ll l'a bien perdu sur le coup.
Niveau habituel ? ah bon ... tu vois une différence toi?
Puisque c'est comme ça...
Bonne nuitttt!!!!!
Plus personne.... le bonhomme, ll l'a bien perdu sur le coup.
Niveau habituel ? ah bon ... tu vois une différence toi?
Puisque c'est comme ça...
Bonne nuitttt!!!!!
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Mjöllnir a écrit:@ La Maison-Verte
Hey merci (ça fait tout drôle les voix accélérées)
Tiens, comme il a bien fallu, par la suite, que ce brave Rayman trouve une autre occupation...
Le Rayman dont est tiré "Sea of Serendipity" est plus récent que "contre les Lapins Crétins".
Et ça fait plaisir de le voir renaître avec un trèèèès bon jeu.
J'espère que tu comprends l'anglais parce que la narratrice est très drôle.
La Maison-Verte- Messages : 527
Date d'inscription : 05/01/2010
Re: Sérendipité
@ La Maison-Verte
Ouaip je comprends l'anglais, et je me suis bien marré
Je me demande même jusqu'à quel point je dois dépiler le message... ^^
Ouaip je comprends l'anglais, et je me suis bien marré
Je me demande même jusqu'à quel point je dois dépiler le message... ^^
Invité- Invité
Re: Sérendipité
La sobriété heureuse - Patrick Viveret
Vivre ou survivre après la société de consommation : 4 scénarios à l'horizon 2050
http://www.canal-u.tv/video/universite_de_tous_les_savoirs/vivre_ou_survivre_apres_la_societe_de_consommation_4_scenarios_a_l_horizon_2050.4768
Vivre ou survivre après la société de consommation : 4 scénarios à l'horizon 2050
http://www.canal-u.tv/video/universite_de_tous_les_savoirs/vivre_ou_survivre_apres_la_societe_de_consommation_4_scenarios_a_l_horizon_2050.4768
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Le boson de Higgs ? C'est l'ultime particule élémentaire prédite par la théorie de l'infiniment petit, qui manquait encore et dont la découverte, grâce au grand collisionneur de hadrons du CERN, a été annoncée au monde entier le 4 juillet 2012. Postulée en 1964 par Robert Brout, François Englert et Peter Higgs, elle explique que le photon – particule qui transmet la force électromagnétique – n'a pas de masse, à l'encontre de celles véhiculant la force faible. Une telle dissymétrie était a priori incompatible avec la symétrie fondamentale, dite «de jauge», sur laquelle est fondé le modèle standard de la physique des particules.
Le chapeau mexicain ? C'est le mécanisme grâce auquel le boson rend compte, en préservant les acquis du modèle standard, de l'origine des masses des particules élémentaires.
Le boson et le chapeau mexicain se placent à la croisée – retracée par les deux auteurs en dialogue avec François Englert – des chemins de l'évolution des théories de l'astrophysique contemporaine et, sur près de trente années, d'une véritable aventure scientifique, technologique et humaine menée par le CERN, dont Michel Spiro fut le président du Conseil.
Mais la particule observée a-t-elle les propriétés définies par le modèle standard, ou en possède-t-elle d'autres, prédites par des théories concurrentes des composants élémentaires de la matière ? Faudra-t-il bientôt écrire encore un nouveau grand récit de l'univers ?
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Corridor to Macbeth
http://fc05.deviantart.net/fs71/f/2013/138/b/0/b0721af3effc00e6e503cead63f38612-d65p3u4.swf
http://fc05.deviantart.net/fs71/f/2013/138/b/0/b0721af3effc00e6e503cead63f38612-d65p3u4.swf
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Qu’est-ce que partager ?
Véronique Brard a écrit:
Partager, ce n’est ni analyser, ni conseiller, ni tenter de résoudre son problème. Partager, c’est être là, présent avec l’autre.
Partager peut être simple : faire écho à l’autre, le refléter : "Je vois trembler tes lèvres. Je vois que tu es triste. Je vois que tu es en colère". Dire son ressenti : "J’ai éprouvé de la peur (ou de la colère ou de la tristesse) pendant que tu parlais".
Partager, c’est être là, présent avec l’autre. Ce n’est ni analyser, ni conseiller, ni tenter de résoudre son problème. En tant que membre d’un groupe, si vous vous rendez compte que votre subpersonnalité de Thérapeute, de Parent psychologique, d’Analyste, donne des conseils, analyse, tente de régler les problèmes ou de faire quelque chose pour l’autre, faites-vous un clin d’oeil et une pause-arrêt sur vous-même : Que se passe-t-il ? Qui parle ? Qu’est-ce qui l’a mis en route ? Ou encore laissez l’autre vous interroger : "Mais où es-tu ? Que ressens-tu ?"
Les subpersonnalités, citées plus haut, croient partager mais ne font que leur inlassable travail, nous protéger. Si nous sommes analyste, si c’est notre métier, cette subpersonnalité est la bienvenue et plus elle est sophistiquée, plus nous aurons des chances de bien faire notre métier. Si cet Analyste vient dans un moment de partage, c’est différent. Analyser, donner des conseils, nous enferme dans des positions de pouvoir, ne serait-ce que de "pouvoir" quelque chose pour l’autre et nous garde à l’abri de nos émotions, de notre malaise face à ce que le ressenti de l’autre éveille chez nous.
Ces subpersonnalités coupent le contact avec le corps qui, à ce moment précis, pourrait vouloir murmurer ou crier quelque chose. Hors situation professionnelle, (et parfois même en situation professionnelle !), leur rôle est toujours de nous protéger en nous tenant à l’abri de ce qui pourrait nous submerger, en général, des émotions qu’elles pensent dangereuses et inutiles. Elles empêchent également votre vis-à-vis d’éprouver ses émotions, elles le tirent hors de son ressenti et de son corps.
Quelle est la différence entre analyser et partager ? Partager c’est exprimer ce qui est là : peur, honte, colère, tristesse, joie, curiosité, étonnement, plaisir, déplaisir, intérêt, répulsion, gratitude, etc. C’est éprouver une émotion ou une sensation et la dire, sans la justifier ni l’expliquer : "Je ressens cela." Parfois parler pour clarifier ce que l’on ressent est nécessaire mais si l’Analyste s’empare de la situation, il va simplement nous expliquer son analyse. Cela peut être très intéressant ou très ennuyeux mais ce n’est plus à proprement parler un partage. Le Parent psychologique, lui, va donner des leçons, et même s’il le fait avec toute la gentillesse du monde, il sait et l’autre ne sait pas. Lui non plus ne partage pas l’instant présent.
Partager a quelque chose à voir avec le contact énergétique, avec l’enfant, avec le corps. Partager une orange, c’est en prendre chacun un quartier et le déguster, le savourer ensemble. Ce n’est pas discuter ou parler à son propos. De même nous pouvons partager une peine, une joie, une découverte : "Oui, voilà je suis présent avec toi, à tes côtés, je partage ton émotion". Voir et se détacher des subpersonnalités de pouvoir permet le partage.
Il est possible de poser des questions pour mieux ressentir ce qui se passe Éviter les pourquoi, les meilleures phrases sont de l’ordre du ressenti : "Comment te sens-tu maintenant ? " ou "Qu’est-ce que cela représente pour toi ? " ou encore : " Si ta tristesse, (colère, honte, etc.) pouvait parler, que dirait-elle ? " Les questions peuvent aider à clarifier, les conseils et interprétations sont d’un autre ordre.
La nécessité d’aider l’autre vient souvent du besoin d’éviter la confrontation avec notre sentiment d’impuissance. Ce sentiment appartient à l’enfance et nous bouleverse. Il appelle des ressentis enfouis et difficiles. Ressentir cette impuissance est pourtant ce qui est demandé dans le partage : accepter d’être impuissant et rester là avec la peine et la souffrance de l’autre, présent dans la connexion énergétique, sans se réfugier ailleurs, sans appeler ses subpersonnalités "puissantes". Accepter d’être touché, d’aller vers sa propre émotion, faire confiance à ce qui est là.
Toute notre personnalité repose sur notre vulnérabilité, l’édifice construit - la personnalité - s’est mis en place pour la protéger. On ne peut travailler sur sa structure psychique sans que cette vulnérabilité se mette à bouger. Quand nos propres émotions nous font peur, nous sommes tentés d’arracher les autres aux leurs. Mais les amis-consolateurs ne parviennent qu’à nous empêcher de faire ce qui, de tout temps, nous aurait le plus aidé : éprouver nos émotions.
L’autre possibilité est de permettre à l’autre d’être qui il est, non seulement en le laissant éprouver ses sentiments, mais en admettant l’existence de ces sentiments au moment où il les éprouve. : "Je te vois et je t’entends et je t’apprécie tel que tu es. J’accepte et je respecte ta peur, ton angoisse, ton doute, etc., ta réalité". A chaque fois que vous faites autrement, prenez conscience que ce que vous êtes en train de dire, vous concerne Et, même si cette analyse, ce conseil, cette consolation ou compréhension vous sont nécessaires, remettez-les à plus tard.
Par contre, si vous avez, suite au paroles ou vécu d’un des membres du groupe, des impressions, des sentiments, des émotions et le besoin de les partager, utiliser la technique : "Si c’était mon vécu, si c’était mon rêve, si c’était mon image, etc." Car si la réaction en vous est si forte, le besoin de parler si irrépressible, c’est aussi votre image, votre rêve votre vécu.
Il est facile de savoir et difficile d’éprouver ! Nous savons tout, mais nous acceptons mal de ressentir ! Éprouver c’est inviter quelque chose à se transformer en soi. Quelque chose qui se passe dans l’ombre, hors du connu, dont on ne peut avoir la maîtrise. "Vous faites reine la compréhension, pensant qu’elle vous donnera toutes les clés. Croyez-vous qu’en décortiquant une graine et en analysant tous ses composants, vous obtiendrez la transformation de la graine en fleur ? Fleurir a à voir avec éprouver non avec analyser. Éprouvez vos émotions et laissez-les à l’abri des mots pour qu’elles puissent accomplir leur oeuvre : vous transformer. Ressentez et allez là où mène le ressenti et non là où mène l’analyse du ressenti. L’endroit est très différent. L’un s’appelle vivre, l’autre analyser." (John Bradshaw, Retrouver l’enfant en soi).
Trouvez pourquoi votre Analyste intérieur a si peur de la vie qu’il lui faut la disséquer. Est-ce seulement une habitude ? Prenez conscience de cette habitude. Est-ce un automatisme sans possibilité de faire autrement ? Faites votre travail : allez à la rencontre de votre Analyste et voyez ses peurs. "L’expérience transforme, non les mots et la compréhension." "Nous ne saurions guérir ce que nous ne pouvons pas ressentir." "Les problèmes ne se résolvent pas avec des mots mais par le biais d’une expérience." Ces citations, également de Bradshaw, mettent l’accent sur cette nécessité : ressentir. La transformation passe par cette capacité à ressentir.
Partager demande une certaine conscience. La conscience de ce qui se passe pour nous : "Je suis ému... je me mets en retrait... je juge... j’analyse... je donne des conseils pour que l’autre change... mon Thérapeute, mon bon Parent, mon Analyste, mon Mental est activé." Ne pas expliquer dans un moment de partage, tout ce qu’ils disent. Prendre conscience qu’ils sont activés et partager ce fait avec le groupe : "Mon Mental, mon Critique, mon Juge, mon Rationnel, etc., est très activé en ce moment." Lorsque vous partagez dans un groupe, soyez occupé de vous-mêmes. C’est pour vous que vous vous exprimez, c’est pour vous que dire votre émotion ou votre ressenti est important. Partager pour soi, faire cadeau de soi au groupe et se faire un grand cadeau : celui de l’intimité.
Il est possible aussi, bien sûr, de ne pas parler lors d’un partage, c’est un droit sacré, personne alors n’a le droit de vous poser de questions.
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Touchée ... coulée
Le plus compliqué, une fois qu'on a intégré cela, c'est de faire respecter aux autres ces nouvelles règles essentielles pour soi.
Peut être extrêmement sensible pour moi car les limites sont flous avec le monde extérieur ... mais elles se renforcent de jour en jour.
Merci pour ce texte !
Le plus compliqué, une fois qu'on a intégré cela, c'est de faire respecter aux autres ces nouvelles règles essentielles pour soi.
Peut être extrêmement sensible pour moi car les limites sont flous avec le monde extérieur ... mais elles se renforcent de jour en jour.
Merci pour ce texte !
Re: Sérendipité
Maria Bezaitis: Le surprenant besoin d'étrangeté
Ken Robinson: How to escape education's death valley
Ken Robinson: How to escape education's death valley
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Data Protection Day
http://www.coe.int/t/dghl/standardsetting/dataprotection/Data_protection_day_fr.asp
Quand l'Europe commence à s'inquiéter de ce que l'on peut faire de nos données personnelles...
http://www.coe.int/t/dghl/standardsetting/dataprotection/Data_protection_day_fr.asp
Quand l'Europe commence à s'inquiéter de ce que l'on peut faire de nos données personnelles...
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Bizour mon Mjo...
Un peu absente ces derniers jours... je m'en excuse...mais pense bien fort à toi, mon Zami....
Un peu absente ces derniers jours... je m'en excuse...mais pense bien fort à toi, mon Zami....
Lemniscate le papillon- Messages : 6348
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Re: Sérendipité
Merci de vos visites renarde20 et Lemniscate.
Je suis en net retrait en ce moment, et je ne pense pas que cela va aller en s'améliorant.
A bientôt.
Je suis en net retrait en ce moment, et je ne pense pas que cela va aller en s'améliorant.
A bientôt.
Invité- Invité
Lemniscate le papillon- Messages : 6348
Date d'inscription : 29/06/2012
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Localisation : Gard
Re: Sérendipité
Je veux encore pousser un cri d'alarme, un cri de désespoir devant la fragmentation du savoir, devant la perte des mécanismes d'analyse au profit des mécanismes de mémorisation, devant la mort de la culture de l'esprit critique, devant le délitement du contact social et socialisant.
Voilà un article de plus qui me remue profondément et que je désire porter à votre attention
Voilà un article de plus qui me remue profondément et que je désire porter à votre attention
Bernard Legros (4 Mai 2013, source : http://www.skolo.org/ a écrit:
Tic : manie inconsciente dans le langage et les gestes (Petit Larousse 1996) ; TIC : technologies de l’information et de la communication. Cette homophonie n’étant peut-être pas entièrement due au hasard, nous remarquerons que le conscient et l’inconscient sont mêlés dans notre actuelle adoration des technologies et notre incapacité à en prendre toute la mesure, à en interroger les finalités. Cela soulève des questions philosophiques essentielles : l’être humain est-il appelé à se conformer à la machine, à en devenir une simple excroissance ? La déshumanisation, totale et définitive, est-elle en marche ? On entend dire que la « révolution numérique » annonce un monde nouveau, voire une nouvelle utopie, disent les plus enthousiastes. Peut-être. Mais comme l’ancien monde n’a pas encore totalement disparu, il est encore temps de questionner le sens et les valeurs que porte cette « révolution ».
« Certains argumentent que nous avons franchi un cap irréversible. Il n’y a plus de choix, le destin technologique s’impose à nous et seule l’ignorance du plus grand nombre rend dès lors supportable le tragique. Nous sommes condamnés à un développement technologique sans cesse plus risqué supposant que le citoyen soit déchu de ses droits : exclusion du savoir, du pouvoir. Bien sûr des masques sont à conserver (scolarisation, vote,…), mais sur l’essentiel – enjeux, incertitude, choix – le citoyen ne doit plus avoir prise. La nécessité technologique impose pareille nécessité politique. », Patrick Lagadec
« It’s one more way to dumb down the school, giving the appearance of teaching futuristic projects while dodging truly challenging topics. », Clifford Stoll
Commençons ce tour de la question par un cliché : en matière de « progrès », les États-Unis continuent à donner le ton. Ainsi, j’apprends dans Le Soir du 13 mars 2013 la nouvelle suivante : une quarantaine d’états ont décidé de rendre optionnel l’enseignement de l’écriture manuelle à l’école primaire ; à la place, la maîtrise du clavier d’ordinateur sera privilégiée. Pour Steve Graham, professeur de pédagogie à l’Université d’Arizona, « la compétence la plus importante maintenant, c’est de taper à l’ordinateur », et cela dès l’âge de cinq ans. Au collège, les élèves devront maîtriser l’écriture au clavier et l’utilisation d’internet, mais resteront dispensés de savoir tenir un crayon. Face à cela, il y a les inquiets, comme la neuroscientifique Marieke Longcamp, qui voit l’aptitude des écoliers à la lecture faire les frais de cette réforme. Mais il y a aussi les « technoptimistes », comme le psychiatre Roland Jouvent (CNRS), qui nous sert le techno-discours rabâché de « l’homme s’ajustera à l’évolution technique, comme il l’a toujours fait ». En Fédération Wallonie-Bruxelles, la ministre de l’Éducation Marie-Dominique Simonet a l’intention de maintenir à égalité les deux types d’écriture… pour l’instant. Qui sait si nous n’allons pas assister à une nouvelle polémique scolaire. Faute de cela, une solide critique est a minima indispensable, vu l’empressement de certains acteurs institutionnels et privés à faire passer la numérisation de l’École comme une lettre à la poste (pardon, comme un courriel par Internet). En appelant à l’éthique de la responsabilité, beaucoup récitent l’antienne de la nécessaire et d’ailleurs inévitable adaptation de l’enseignement aux changements technologiques. Ils préconisent d’« accompagner » le vaste mouvement numérique de la société par la pédagogie, en répandant les TIC à l’école. Étrange, cette méthode consistant à soigner une addiction – car il s’agit bien de cela – par l’augmentation massive des doses, selon l’expression d’Alain Finkielkraut. Parmi eux, des dialecticiens bien intentionnés y voient une ruse pour couper l’herbe sous les pieds des entreprises de soutien scolaire : à partir du moment où l’École publique sera numérisée, elle ne craindra plus la concurrence de celles-ci qui ne pourront plus se targuer d’offrir des outils plus performants – interactifs – et plus séduisants que les tristes tableaux noirs « mono-passifs ». Soit la stratégie habituelle consistant à retourner l’arme des adversaires contre eux… sans trop réfléchir sur la dangerosité de l’arme en question. Sans devoir recourir aux dites entreprises, un élève absent pour cause de maladie pourra suivre les cours à distance sur la plateforme Internet de son école, celle-ci assurant la « continuité du lien pédagogique », les possibilités de réussite scolaire et, au bout du compte, l’égalité. Pas besoin d’être grand clerc ni paranoïaque pour deviner la suite. Pourquoi s’arrêter aux élèves malades ? Une fois que l’habitude sera prise, elle sera généralisée. Un jour, faute d’alternative, tous les élèves se satisferont de la stérilité des cours à distance, sans plus connaître l’impact intellectuel et émotionnel d’un cours en direct, oubliant que l’enseignement via un professeur est socialement ancré, alors qu’un cours ubiquitaire flotte dans l’éther, laisse penser que tous les problèmes peuvent se résoudre à distance en cliquant sur la bonne icône, détourne les élèves de leurs ressources culturelles locales au profit du cyber-espace, encourage le rapport aux choses plutôt que le rapport aux autres et finalement isole les enfants les uns des autres. Après les poulets et les cochons, la parfaite recette pour élever les jeunes humains « hors sol » ! En transférant les contenus sur des outils nomades, le pouvoir veut dématérialiser l’école en tant que lieu de rassemblement, rendre progressivement obsolètes les enseignants et leur formation, jusqu’à liquider leur statut au bout du compte. Rien de nouveau sous le soleil de l’ultra-libéralisme depuis trente ans. Ajoutons-y aujourd’hui le « capitalisme cognitif », cette énième métamorphose du système en vue de sa survie au XXIème siècle.
« […] À l’intérieur de chacun des champs des savoirs et des pratiques, plus c’est technique et numérique, plus c’est “apprécié” à la bourse des valeurs de l’épistémologie, des programmes de recherches et de leurs financements », remarque le psychanalyste Roland Gori dans son dernier essai. Or, un salutaire pas de côté s’impose. Au ministère et au sein des établissements, le débat risque bien de se dérouler entre fanaTIC – les quelques profs "geek" présents dans chaque école, prêts à numériser leur établissement à marche forcée – et pragmaTIC, les progressistes technophiles voyant dans les TIC une « évolution naturelle » trop massive pour être freinée, mais qui restent prudents quant à leurs modalités d’application à l’école et réclament des garde-fou. Tous se coulent dans le Zeitgeist (l’esprit du temps), contrairement à la minorité d’héréTIC qui tient une position critique radicale sur le bien-fondé même des TIC, et qui aura fort à faire pour donner de la voix. Je suis de ceux qui insistent depuis des années pour faire admettre cette évidence : le développement technique n’est pas neutre, il porte intrinsèquement des valeurs et des projets de société éventuellement non désirables. N’en déplaise à Bernard Stiegler, il n’est pas davantage un pharmakon (à la fois poison et remède) puisqu’il comporte, à mon sens, beaucoup plus d’inconvénients que d’avantages. Les technocrates et les technophiles ont la fâcheuse tendance à toujours voir la technologie comme une solution, jamais comme un problème. Ils ignorent la contre-productivité qu’Ivan Illich avait déjà mise en évidence dans les années 1970. Quelques exemples ? L’automobile individuelle a amené la mobilité généralisée et obligatoire, avec son lot d’embouteillages, ainsi que la dispersion de l’habitat ; l’énergie nucléaire civile a permis l’électrification intégrale du corps social, la gabegie des ressources et a affermi la centralisation du pouvoir (sans parler de son sinistre versant militaire) ; le téléphone portable a renforcé le culte de l’urgence – et paradoxalement l’escamotage de la dimension du temps au profit de celle de l’espace –, de l’hyper-connectivité – au détriment des contacts humains directs – et rempli l’environnement d’ondes nocives. Etc. « Chaque nouveauté technique est beaucoup plus qu’un moyen ; elle est une puissance culturelle. […] Les technologies modèlent les sentiments et façonnent les conceptions du monde. Les traces spirituelles qu’elles laissent sont probablement plus profondes que les traces matérielles. » Il ne suffit donc pas que l’arsenal technologique tombe dans des mains « raisonnables » et « responsables » pour que, du coup, tout aille mieux. Cela irait juste un peu moins mal un peu moins vite. Prenons un exemple. Même si la nanoscience est « gérée » par des scientifiques démocrates appointés par l’État, et sans aucun coup de pouce des multinationales, les risques qui lui sont liés ne disparaîtront pas pour autant et continueront à présenter des menaces inacceptables pour la santé (physique, psychique) des humains et des écosystèmes. Mais la foi dans le Progrès (technique), la Puissance et la Rationalisation a la peau dure ! Philosophiquement, c’est l’hubris – la démesure chez les Anciens Grecs – et l’arraisonnement de la société et de la nature par la technoscience qui sont à mettre en cause. Pour cela, une métamorphose du paradigme culturel serait nécessaire, et nous en sommes toujours loin ! Le philosophe Bertrand Méheust parle de « néo-domestication » de l’homme par les technologies et l’économie : « Il [l’homme] a de plus en plus de mal à entrer en relation avec l’autre, et donc avec lui-même, sans la médiation des machines […] » Le plaisir d’être connecté se transforme vite en dépendance à la connexion. Comme l’affirmaient déjà ses prédécesseurs Jean-Jacques Rousseau au XVIIIème siècle et Martin Heidegger au XXème siècle, la question de la technique n’a absolument rien de technique. Les usages sociaux de la science et des techniques, c’est une question politique que les citoyens ont le pouvoir et le droit de s’approprier. Deux ouvrages récents nous aident à y voir plus clair.
Dans L’emprise numérique, Cédric Biagini décrit, à l’aide de nombreux exemples, le monde cybernétique que nous prépare la techno-caste, en misant sur notre passivité ou sur notre sidération enthousiaste : disparition du livre de papier au profit de l’e-book ; la folie Facebook, avec son flicage participatif, sa « transparence », sa fragmentation sociale et son hypercommunication (entre autres) ; les nouvelles utopies technologiques comme l’e-gouvernement, le cyber-militantisme, les prouesses des hackers ; le mythe de l’e-revolution, de celle des printemps arabes à l’affaire Wikileaks. L’auteur montre en quoi les TIC remettent au goût du jour les théories ultra-individualistes libertariennes, comment le capitalisme, en se mettant au numérique, va encore monter en puissance, et enfin pourquoi les machines vont prendre le pas sur l’être humain, pulvérisant tout espoir de démocratie et effaçant des siècles d’humanisme pour aboutir au cyborg, l’« homme augmenté » par la convergence des nanotechnologies, des biotechnologies, des sciences de l’information et de la cognition, auxquelles s’ajoute maintenant la biologie de synthèse, le tout pour donner l’acronyme NBICS. Un chapitre est consacré à l’invasion des TICE (E pour enseignement) : tablettes tactiles, tableaux blancs interactifs, manuels numériques et généralisation des espaces numériques de travail (ENT), TICE dans lesquelles élèves et enseignants seront embrigadés, car « l’absence de maîtrise des ordinateurs et des diverses prothèses techniques revient [donc] à se marginaliser, à s’exclure du système de production et, surtout, chose bien plus déterminante, de celui de la consommation et de l’ersatz de vie sociale qui prévaut aujourd’hui » (p. 140). Pour le moment, les établissements belges et français sont toujours en phase d’expérimentation, mais attention à l’effet de cliquet ! Exposés dans la novlangue du rapport Fourgous en France, ces choix technocratiques ne relèvent pas de la discussion politique mais sont imposés au nom de la concurrence économique mondiale, dans laquelle l’économie de la connaissance et l’économie immatérielle sont censées jouer un rôle prépondérant depuis le lancement de la Stratégie de Lisbonne en 2000. Une vision utilitariste étroite de l’École est en train de s’imposer, qui met à mal son rôle de socialisation et de transmission des savoirs au profit de ce qui devient la compétence la plus valorisée : la capacité d’adaptation aux incessantes mutations technologiques et économiques. Traditionnellement considérée comme un outil d’émancipation des peuples, l’éducation est aujourd’hui vue comme une technique parmi d’autres d’adaptation au néo-management qui attend les futurs salariés dans les entreprises et les administrations.
Marchandisation numérique
Les TICE s’inscrivent aussi plus largement dans la marchandisation de l’enseignement. Exemples. En février 2013, Apple Education Belgium a offert une formation « pour permettre aux enseignants de s’approprier les nouvelles technologies et de les utiliser en classe », une façon pour cette entreprise de capter l’énorme marché de l’éducation en appâtant les professeurs, sous le prétexte de les « aider ». Le projet École numérique prévoit « la formation des enseignants à l’utilisation de l’ipad, en passant par l’appropriation du langage publicitaire pour exprimer sa vision du monde en images et en ligne » « L’appropriation du langage publicitaire »… On ne peut être plus clair ! Du côté des enseignants, la technicisation, la quantification, la fragmentation, la rationalisation, la formalisation numérique et les normes gestionnaires aboutiront à leur prolétarisation, c’est-à-dire l’affaiblissement de leur autonomie et la disparition de leurs savoir-faire, jusqu’à leur rétrogradation en simples « animateurs numériques » (pp. 150-154) ou en « personnes-ressources en e-learning », dont l’autorité finira par s’évanouir définitivement, conséquence de l’horizontalité promue par l’idéologie libérale, et incarnée dans la société en réseau. Du côté des élèves, la situation n’est guère plus enviable : « En conditionnant les individus dès leur plus jeune âge, y compris dans le cadre scolaire, à l’usage des nouvelles technologies, on les prépare à être de parfait e-consommateurs, au sens d’acheteurs bien sûr, mais aussi d’usagers frénétiques des objets high tech. Le remplacement progressif des manuels et des livres en papier par des versions numériques ne laissera plus aux élèves la possibilité de connaître d’autres univers que ceux produits par les marchands de bits » (p. 149). Nous assistons à une inquiétante évolution cognitive, qui peut être constatée par les enseignants de manière clinique : les adolescents pratiquent le zapping et le jumping, sont constamment à l’affut de sollicitations visuelles et d’événements – à peu près tout et n’importe quoi faisant événement au bon moulin du divertissement médiatique – qui empêchent leur concentration ; ils vivent dans l’urgence, se noient dans le moment présent, sont victimes des chaînes brisées du temps (selon l’expression de Régis Debray) ; alors qu’ils versent volontiers dans le narcissisme, ils ont des difficultés à rentrer en eux-mêmes. Ces phénomènes annoncent que l’intériorité, qui rend(ait) possible l’individuation et la socialisation, devient une dimension difficilement accessible et/ou délaissée chez les jeunes. Les TIC sont un puissant accélérateur de destruction de l’attention, tant chez les enfants que chez les adultes, au point que les psychiatres parlent du syndrome clinique d’« attention deficit disorder », dû à une exposition précoce à la télévision, aux DVD – jusque dans les crèches ! – et aux jeux vidéo. Or l’attention est un enjeu majeur, elle « libère l’énergie, “désembue” l’esprit, rend indépendant, vivant, et permet de trouver un centre en soi », rappelait le psychologue Erich Fromm. Les jeunes considérant le monde sous l’angle du ludique, les entreprises ont saisi la balle au bond en mettant au point des « serious games » qui intègrent un scénario pédagogique dans un jeu vidéo, parfait exemple d’« edutainment », fusion de l’enseignement avec les industries de loisirs. Au fur et à mesure que se répandront le simplisme des procédures 2.0 et la « taylorisation intégrale de l’espace-temps scolaire » (Jean-Pascal Alcantara, 2009), quelle place restera-t-il pour l’aspect orphique de notre existence, à savoir l’imagination, la poésie, le langage, l’argumentation discursive, la sensibilité esthétique, l’émotion, l’autonomie morale, tout ce qui fait notre belle subjectivité, notre troublante singularité, notre insondable humanité ? Le risque est grand de voir la médiation technique prendre le pas sur les autres médiations, imaginaires et symboliques, alors que les trois devraient se trouver dans un rapport équilibré, comme cela a toujours été le cas dans l’histoire de la civilisation… jusqu’il y a une quinzaine d’années.
« Révolution » cognitive
Dans son dernier essai, le linguiste Raffaele Simone a décrit ces transformations fondamentales récentes dans les processus de cognition, en constatant que « […] nous nous trouvons au milieu d’une tempête culturelle sans égal, dont personne n’est en mesure de prévoir le résultat » (p. 29). Les « natifs numériques » que sont les jeunes nés après 1990 ont grandi immergés dans la médiasphère (télévision, téléphones portables, ordinateur, web), devenue une redoutable concurrente de l’enseignement qui « a changé notre esprit, notre intelligence et leurs opérations » (p. 31). À l’écoute linéaire – en faveur avant l’imprimerie – et à la vision alphabétique – dominante depuis l’imprimerie – se substitue depuis une vingtaine d’années la vision non alphabétique, « c’est pourquoi nous sommes passés d’une modalité de connaissance où c’était la linéarité qui prévalait à une modalité où c’est la simultanéité des stimuli et de leur élaboration qui prédomine » (p. 60) ou, autrement dit, d’une intelligence séquentielle – celle de la lecture – à une intelligence multisensorielle – celle de la médiasphère. L’homo videns jouisseur est en train de dépasser l’homo legens ascétique. Simone apporte aussi d’autres concepts intéressants : l’exaptation, lorsque des fonctions et des besoins auparavant inexistants surgissent et deviennent même pressants dès qu’un moyen technique capable de les satisfaire est rendu disponible ; la déréalisation du monde par le numérique, i.e. la dissolution de l’objet réel (pp. 218-228). Ici, il semble faire la part des choses : « […] la simulation numérique est certes indispensable dans les domaines pour lesquels on doit établir un contact avec des réalités qui sont inatteignables ou non représentables par d’autres moyens, mais elle constitue d’un autre côté un moteur effrayant de déréalisation et de détachement à l’égard de la réalité chez celui qui l’utilise pour simuler (c’est-à-dire remplacer) des objets réels qui seraient parfaitement accessibles par eux-mêmes » (p. 227). Signe des temps, les enseignants ont pu remarquer que les élèves, en visite scolaire dans les musées, préfèrent « découvrir » leur contenu sur des écrans plutôt que de regarder les objets réels exposés dans les vitrines. Peut-être Simone est-il encore trop complaisant ; a-t-on vraiment besoin d’univers virtuels, et le cas échéant, quelle serait leur utilité sociale ?
L’École est de moins en moins considérée comme étant à l’origine de la connaissance, au fur et à mesure de l’inflation des informations disponibles en dehors d’elle, dans les médias. Pour diffuser le savoir initial, elle n’est plus qu’une institution parmi d’autres, et certainement pas la plus attirante. Ce constat fait, trois options s’offrent à nous les acteurs de l’École : soit, en bons cyniques, nous nous apprêtons à fermer progressivement la boutique et à nous recycler en envoyant notre C.V. à Google ; soit nous mettons l’École au diapason de la médiasphère – c’est le choix fait par des pouvoirs publics sous influence de l’idéologie pro-numérique à la mode et/ou des groupes de pression ; soit nous entrons en résistance en assumant le fait que l’éducation « entre les murs » recèle sa part de peine, de patience, de répétition et même d’ennui, qu’elle est lente sur les plans cognitifs et méthodologiques, mais que les savoirs qu’elle dispense le sont sous une forme structurée et systématique, rattachée à l’historicité, alors que ceux de la médiasphère sont éclatés, disjoints et anhistoriques. Enfin, soyons un peu utopiques : l’École devrait devenir un sanctuaire contre l’oubli, un conservatoire d’idées philosophiques, et même de savoirs pratiques qui nous seront un jour très utiles, lorsque la civilisation industrielle s’effondrera pour de bon. Pendant ces dures journées-là, la « réalité réelle » fera son retour fracassant et balayera les chimères virtuelles qui avaient modelé l’économie psychique des générations récentes, lesquelles, privées de leurs béquilles numériques, se retrouveront totalement démunies, puisque tous les actes de leur vie quotidienne auront été tributaires du « bon fonctionnement » du macro-système technique.
Dans cet article, je me suis concentré sur les conséquences anthropologiques de l’utilisation pédagogique des TICE, mais évoquons brièvement les autres aspects, qui mériteraient un article séparé. Parlons de la fonction de contrôle social des TIC : la biométrie et la vidéo-surveillance se répandent dans les établissements au nom de la sacro-sainte « sécurité », nouvelle vertu cardinale des « sociétés de contrainte libérales ». Parlons de leurs conséquences financières en ces temps de disette budgétaire : en raison de l’obsolescence programmée, les établissements se verront forcés de renouveler leur parc informatique à échéance régulière. À l’autre bout, le coût pour les familles défavorisées sera-t-il supportable ? Parlons des problèmes techniques : les inévitables bogues, avec des malentendus, de l’énervement et des conflits en perspective. Parlons de leurs conséquences écologiques et sociales dans un monde globalisé : les déchets informatiques sont envoyés par cargos entiers sur des plages d’Asie du sud-est pour y être désossés par des petites mains miséreuses. Enfin, parlons de la déplétion, dans les prochaines décennies, des ressources naturelles (terres rares, coltan, lithium,…) nécessaires à la fabrication des objets technologiques. L’industrialisme s’engouffre dans une impasse, mais il se trouvera toujours des millions de technoptimistes ordinaires, accoudés ou non à un comptoir, pour clamer que « on [qui ?] trouvera toujours quelque chose [quoi ? Comment ? Avec quelles retombées pour l’individu et la collectivité ?] pour nous [les classes populaire et moyenne ?] tirer d’affaire. » Si nous considérons les nouvelles technologies « bien pratiques » hic et nunc, n’oublions pas, comme l’écrivait Bertrand de Jouvenel, que « les facilités d’une période font les difficultés de la suivante », ce qui nous ramène à la question morale des générations futures et des modes de vie soutenables. Le « génie humain » – l’un des dei ex machina préférés dans la modernité, toujours brandi comme la solution à tout – ferait bien d’être remplacé dès que possible par la sagesse humaine…
Moins de machines, plus d’humain
Il est temps que l’École réinscrive son action dans une éthique déontologique-humaniste, plutôt qu’une éthique utilitariste dans laquelle elle s’est engouffrée depuis une vingtaine d’années, quand la Table ronde des industriels européens (European Round Table) a commencé à se mêler de l’enseignement, avec la bénédiction de la Commission européenne. Il est temps qu’elle se repolitise face à une politique se réduisant à la réalisation d’objectifs gestionnaires relevant de la seule rationalité instrumentale qui (con)forme des normopathes à la chaîne. Il est temps qu’au lieu de servilement s’adapter, elle apprenne à anticiper, qu’elle refuse de s’incliner devant la colonisation technologique du monde vécu – la technologie laissée à elle-même ne connaissant aucun principe d’autolimitation. Qu’elle n’aie pas de complexe à être déconnectée. Sur fond de désinstitutionnalisation et de détraditionnalisation, les TIC ont des effets à la fois uniformisants et inégalitaires, en plus d’inscrire les agents dans l’hétéronomie. Imposant des transformations sociales trop rapides pour être assimilées par l’ensemble du corps social, elles comportent le risque d’anomie – le sociologue Emile Durkheim nous avait prévenu. Les TIC auxquelles l’oligarchie veut formater la masse apprenante de l’École publique revient à « donner à des inférieurs juste le degré de savoir que réclame une consciencieuse obéissance », selon l’analyse déjà ancienne de Proudhon, mais toujours d’actualité. Faute de réaction, la société glissera progressivement dans une forme de totalitarisme mou technologique, et l’École n’aura rien fait pour l’empêcher. Au contraire, elle y aura apporté son concours en entérinant « le décalage entre la formidable mécanique d’invention scientifique-technique-industrielle qui ne cesse d’imposer des mutations toujours plus rapides [aux] sociétés, et l’absence relative d’invention sociale, les citoyens se bornant à subir les mutations qui leur sont imposées. »
Invité- Invité
Re: Sérendipité
L’enseignement, compétences et intelligence... (source : http://www.skolo.org/ )
L’intelligence est la faculté de comprendre les faits, découvrir les relations entre les choses, s’adapter aux situations nouvelles. L’intelligence pratique est la capacité d’agir de manière adaptée aux situations. Le raisonnement et l’analyse, inséparables de la maîtrise du langage, aboutissent à une connaissance conceptuelle et rationnelle (en opposition avec l’intuition). Une compétence est une connaissance (savoir, savoir-faire, savoir-être) mobilisable, tirée généralement de l’expérience ou de l’apprentissage et nécessaire à l’exercice d’une activité.
Enseignement et compétitivité : les compétences
Il est significatif, à l’heure actuelle, de parler de compétences et de socles de compétences dans l’enseignement. En effet, ce vocabulaire, décortiqué, analysé et décliné presque à l’infini, masque avec efficacité un réel problème de formation : à l’école, on n’apprend pas à penser ou à se dégager de sa condition sociale, on apprend à être compétent pour tel ou tel travail.
On peut dire que l’école actuelle sert la productivité et non l’intelligence. La remise en question et la gratuité deviennent désuètes, elles ne sont ni admirées, ni enviées, l’intelligence parait suspecte dans ce sens qu’elle permet aux individus de penser alors que tout l’ensemble de la société invite plutôt à consommer, à travailler sans trop de réflexion sur le sens à donner à cette façon de faire. Penser est un acte gratuit. Les cours d’art ou de musique ne font plus ou très peu partie de l’apprentissage de base. De même, plus tard, la philosophie et la poésie ont si peu de place dans les compétences requises... Un ingénieur, tout autant qu’un technicien ou un ouvrier, est soumis aux lois de la compétitivité et du commerce, au détriment de la réflexion fine, de l’éthique, de la recherche pure. La technique et le profit, seuls, doivent croître.
Penser, être créatif, se montrer intelligent... ces activités émancipatrices demandent un pré-requis. En effet, comment mettre en œuvre une réflexion sans avoir d’abord appris ? Et, bien entendu, un certaine somme de connaissances aide à dégager un raisonnement. Il faut d’abord connaitre l’histoire, la géographie, la biologie, la physique... ensuite seulement, les liens peuvent se tisser. Dans la pratique des socles de compétence, on est loin d’accumuler des connaissances. On lit un texte, on le décortique, on le manipule, on montre qu’on l’a compris... et ensuite on peut l’oublier !!! Il faut essentiellement retenir comment le traiter pour reproduire la manipulation. On évite d’apprendre par cœur. On préfère les choix multiples et les attrapes dans les énoncés de questions... Un peu comme dans les futurs entretiens d’embauche. L’heure n’est pas à prendre un bain de savoir mais plutôt une douche : l’enseignement est rapide, tiède et glisse sur les individus, comme une douche. On ne s’y plonge plus, on ne s’y abandonne pas, on le consomme.
Cette consommation même entraine un effet pervers : il faut que les écoles présentent un projet et ce projet sera différent selon les établissements afin d’avoir le choix... Le consommateur doit pouvoir choisir... Mais cette offre diversifiée ne se porte pas seulement sur le choix des sciences plutôt que de la littérature ou des études techniques ou professionnelles plutôt que générales. Très vite, sur le terrain, on découvre que dans telle école, on "passe" plus facilement, dans une autre, les absences et décrochages seront traitées avec plus de laxisme ou, au contraire, un autre établissement restera extrêmement strict sur les programmes ou la préparation aux études supérieures supérieures. L’offre porte aussi sur la discipline et l’implication dans les études.
Enseignement et mixité sociale : le décret inscriptions
C’est ainsi que se créent les écoles élitistes et les écoles à discrimination positive. Cette dernière formule signifie souvent : "une école où les professeurs peinent beaucoup pour essayer de garder un niveau acceptable". Décidément, le vocabulaire de l’enseignement masque bien ses failles et ses manquements. Les parents se rendent d’ailleurs aussi complices de ces différences. Il en est qui feront tout pour que leur enfant suive un enseignement "fort" et de qualité. D’autres préféreront une école où on les laissera tranquilles. Toujours l’offre et la demande...
La mixité sociale dépendrait d’un "décret inscriptions". Pendant que le cabinet ministériel joue avec les chiffres (10% de mixité en plus par ici, un peu moins par là...) les parents se pressent aux portes des écoles "qui ont bonne réputation". Mais, puisque ces écoles sont toujours les mêmes, pourquoi ne s’en trouve-t-il pas plus qui "copieraient" les modes de fonctionnement qui plaisent tant aux parents, afin d’attirer dans leurs classes ces futurs bons élèves ? Il y a probablement plusieurs réponses à cette question. Et sans doute ces réponses fâcheraient-elles... En effet, on entre là dans la rivalité entre les différents réseaux et leurs différences de fonctionnement. L’enseignement communal, chapeauté par un échevin, rémunéré pour ce mandat, laissera moins de liberté à son chef d’établissement. Il faut bien justifier le poste de l’échevin. Par contre, dans l’enseignement libre, avec un pouvoir organisateur dont beaucoup de membres sont bénévoles, on comptera plus sur la responsabilité de son personnel éducatif et sur la construction d’équipes soudées. Il y a aussi le provincial, qui fonctionne plus à l’autonomie et la communauté Wallonie-Bruxelles qui dépend d’une grosse administration directement liée au cabinet ministériel. C’est un tabou : on ne remet pas en question toute cette lourdeur administrative.
Autre lourdeur, celle du statut des professeurs. Des instituteurs, moins bien payés que des agrégés de l’enseignement secondaire inférieur, eux-mêmes moins bien rémunérés que les enseignants ayant obtenu un "master". Les cours généraux sont mieux rémunérés que les cours de pratique professionnelle ou les cours techniques. Les heures de remédiations ne sont pas toujours rémunérées, les professeurs ne sont pas systématiquement nommés comme ils le méritent, certains se trouvent sur des places "intérim" depuis des années. Ce n’est pas une question de qualité de travail ou de droit, c’est parfois la "faute à pas de chance". Mais de cela aussi, il est difficile de parler. Il existe enfin une zone de non-droit où, étant donné qu’ un chef d’établissement décide des attributions et de l’horaire de ses professeurs, un chantage sournois survient facilement. La transparence n’est pas toujours de mise, le secret et le respect de la hiérarchie sont un mode de fonctionnement alors que d’autres écoles travaillent de manière plus collégiale.
Le résultat est le suivant : après un début de carrière bousculé, les professeurs qui le peuvent se trouveront dans les "bonnes" écoles et ceux qui n’ont pas le choix (sont-ils aussi les moins bons ? rien n’est moins sûr...) se retrouveront ailleurs. Certes, il y a des exceptions, des champions toutes catégories... mais en gros, un professeur démotivé ou fatigué qui se trouve dans une de ces écoles dont les parents sont friands sera poussé et soutenu par ses collègues, par les parents et même par ses élèves. Dans une école plus difficile, il sera encore plus démotivé. A quoi bon...
La mixité sociale des professeurs n’est, elle, jamais évoquée.
Enseignement et société : tout et tout de suite
Enfin, le règne de l’immédiat fait fureur dans notre nouvelle manière de vivre. Grâce aux télé-réalités, on est célèbre du jour au lendemain, grâce aux téléphones portables, l’obligation de prévoir dans la durée s’estompe. On se permet de prévenir au dernier moment, d’informer tout de suite, de diffuser sur les réseaux, qu’ils soient sociaux ou pas, des informations bidons qui seront bientôt oubliées. Les modes passent. Peu de choses, au quotidien, s’inscrivent encore dans le long terme. Le décret inscription lui-même ressemble aux jeux télévisés : une part de règlement, une part de chance. Les candidats prendront connaissance du sort qui leur est réservé le moment venu. On assiste au débriefing dans les médias.
Or, apprendre, se former, développer une réelle intelligence et s’épanouir demandent du temps, de la patience, des efforts et de la durée... Ce n’est pas un jeu, c’est un travail au quotidien. Tiens, le mot travail... il n’apparait plus beaucoup dans le langage de l’enseignement ?!?
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Dans un courant de pensée et d'inquiétude similaire, j'ai publié hier : Le process de Kafka - Philippe Nassif in Philosophie Magazine Avril 2013 - Dossier Peut-être cela enrichira ta réflexion.
Il y a un travail de réflexion et de pensée à faire.
C'est peut-être cette inclinaison qui pousse DesperateRobot à inciter à la création d'un groupe de réflexion.
Je ne sais pas encore trop ce que cela pourra donner, mais pour me rassurer je me dis que "100% des gagnants ont tenté leurs chances" et répète à mon propos la citation d'Audiard : "les cons cela ose tout, c'est même à cela qu'on les reconnait".
Le projet pro de colargolle est aussi dans cette veine.
Je suis aussi frappé par la rencontre d'une personne, dimanche, d'une personne de culture professionnelle proche de la tienne avec une culture philosophique très présente dans sa vie, notamment Deleuze.
Remettre de l'humain, de l'art, du qualitatif, réensemencer ce monde d'incertitudes, car de celles-ci, de ces erreurs nait la vie.
Il y a un travail de réflexion et de pensée à faire.
C'est peut-être cette inclinaison qui pousse DesperateRobot à inciter à la création d'un groupe de réflexion.
Je ne sais pas encore trop ce que cela pourra donner, mais pour me rassurer je me dis que "100% des gagnants ont tenté leurs chances" et répète à mon propos la citation d'Audiard : "les cons cela ose tout, c'est même à cela qu'on les reconnait".
Le projet pro de colargolle est aussi dans cette veine.
Je suis aussi frappé par la rencontre d'une personne, dimanche, d'une personne de culture professionnelle proche de la tienne avec une culture philosophique très présente dans sa vie, notamment Deleuze.
Remettre de l'humain, de l'art, du qualitatif, réensemencer ce monde d'incertitudes, car de celles-ci, de ces erreurs nait la vie.
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Salut Ours
J'avais bien lu le texte que tu as posté, et c'est en substance ce que je ressens autour de moi en permanence.
Je prendrai comme exemple les normes ISO (9001 et autres) qui garantissent, comme je le dis si souvent que "si on fait de la merde, on la fait bien". Le sens, le produit, la création... le tout à dévié vers de la procédure, sans plus se préoccuper d'un autre résultat que le chiffre, chimère sans cesse fuyante, appel mensuel à jamais renouvelé.
Le tiraillement entre la demande de créativité et le respect des procédures écartèle, disperse, tend vers la défausse, vers la transmission de données, non plus pour coopérer, mais pour se défaire du "problème"... Quel problème ? Eh bien... de celui que représente la péréquation inatteignable entre les objectifs du moment et l'état de principe demandé à moyen terme, principe Gordien s'il en est...
Les groupes de réflexion eux-mêmes s’érigent la plupart du temps en critique de l'ordre établi, en prenant les mêmes travers que ceux qu'ils "combattent", disséquant en sous-ensembles interminables les reproches et doléances à faire au système en place, et s'arrogeant le droit de ne faire que les juger, encore un symbole parfait de la reproduction accélérée d'une l'espèce endémique à notre société : La mouche du coche.
Je crois, de mon coté, qu'après une "photographie" de ce qui est, il n'est plus temps de passer du temps et de l'énergie à critiquer le système en cours ni les gens qui s'y complaisent. Je crois qu'il est bien plus temps de se donner les moyens de poser une alternative, alternative s'éloignant des piliers politiques et économiques qui nous entourent, les ignorant même.
Pourtant, je ne crois pas qu'il y ait lieu de "jeter le bébé avec l'eau du bain". Les ressources technologiques que notre civilisation met à notre portée sont un des outils dont nous devrions nous servir, en en restant le maitre et non pas l'esclave.
Rien ne se fera de toute manière si le citoyen ne récupère pas sa place dans l'Agora, et n'accepte pas de n'être qu'un rouage anonyme au service d'une cause qui le dépasse, celle de la "res publica", bien loin de l'image de produit en rébellion différentielle qu'il cherche en ce moment à se coller dans l'espace qu'on lui fait croire sien : Ce cher cyberespace tant envahi par la surveillance de nos gouvernements au travers de la mainmise qu'y exercent des multinationales sans âme.
Il existe un projet de camouflage des données en transit, projet du nom de Tor. Je crois énormément à ce type de fonctionnement. Non pas parce que je tiens à voir des groupes terroristes, mafieux ou autres communiquer sans se faire prendre, mais plus parce que je réfute absolument l'argument fallacieux qui est pris de leur surveillance pour effectivement espionner tout le monde sans exception.
Sachant que la plupart des groupes terroristes ou mafieux ont à la fois les finances et les supports de haut niveau nécessaires à poursuivre leurs activités, que les moyens de dissimuler afin d'échanger subrepticement sont aussi à leur portée - et cela quelle que soit la technologie employée pour les espionner à leur tour - le résidu dont on ne parle point est l'intrusion masquée dans la vie privée de monsieur/madame tout le monde, et cela au seul bénéfice des grandes organisation mercantiles et des états...
Tout cela pourquoi ? Pour en venir au fait que, suivant le modèle de Tor, il devient possible au citoyen lambda de mettre en ligne chaque observation qu'il fait sur les déviances du pouvoir et de l'économie, et cela à l'échelle locale. Qu'avec sa propre machine, chez lui, il peut participer, à la manière d'un Wikileaks décentralisé à la mode Tor, à la remise en cause de cet état d’esclavagisme financier et intellectuel dans lequel nous nous trouvons plongés, et faire connaitre tout le recueil d'avanies qui se passe jour après jour dans notre pays dit civilisé.
Je crois que le citoyen doit se réapproprier le devoir journalistique, le devoir d'information, l'état de parole citoyen, et en revenir à l’autogestion de son proche écosystème. Telles que sont les ressources en matière première et en énergie, je pense que ce même citoyen doit prendre en main le retour à la production locale comme réponse à cette mondialisation galopante, en se réappropriant par la-même le savoir faire l'accompagnant. C'est là, pour ce savoir-faire, que les technologies de transport, de traitement et de stockage de l'information restent d'une criante utilité. Elles sont au cœur du combat actuel, celui de la maitrise de l'information, et c'est bien là que le pouvoir citoyen doit également s'exercer.
J'avais bien lu le texte que tu as posté, et c'est en substance ce que je ressens autour de moi en permanence.
Je prendrai comme exemple les normes ISO (9001 et autres) qui garantissent, comme je le dis si souvent que "si on fait de la merde, on la fait bien". Le sens, le produit, la création... le tout à dévié vers de la procédure, sans plus se préoccuper d'un autre résultat que le chiffre, chimère sans cesse fuyante, appel mensuel à jamais renouvelé.
Le tiraillement entre la demande de créativité et le respect des procédures écartèle, disperse, tend vers la défausse, vers la transmission de données, non plus pour coopérer, mais pour se défaire du "problème"... Quel problème ? Eh bien... de celui que représente la péréquation inatteignable entre les objectifs du moment et l'état de principe demandé à moyen terme, principe Gordien s'il en est...
Les groupes de réflexion eux-mêmes s’érigent la plupart du temps en critique de l'ordre établi, en prenant les mêmes travers que ceux qu'ils "combattent", disséquant en sous-ensembles interminables les reproches et doléances à faire au système en place, et s'arrogeant le droit de ne faire que les juger, encore un symbole parfait de la reproduction accélérée d'une l'espèce endémique à notre société : La mouche du coche.
Je crois, de mon coté, qu'après une "photographie" de ce qui est, il n'est plus temps de passer du temps et de l'énergie à critiquer le système en cours ni les gens qui s'y complaisent. Je crois qu'il est bien plus temps de se donner les moyens de poser une alternative, alternative s'éloignant des piliers politiques et économiques qui nous entourent, les ignorant même.
Pourtant, je ne crois pas qu'il y ait lieu de "jeter le bébé avec l'eau du bain". Les ressources technologiques que notre civilisation met à notre portée sont un des outils dont nous devrions nous servir, en en restant le maitre et non pas l'esclave.
Rien ne se fera de toute manière si le citoyen ne récupère pas sa place dans l'Agora, et n'accepte pas de n'être qu'un rouage anonyme au service d'une cause qui le dépasse, celle de la "res publica", bien loin de l'image de produit en rébellion différentielle qu'il cherche en ce moment à se coller dans l'espace qu'on lui fait croire sien : Ce cher cyberespace tant envahi par la surveillance de nos gouvernements au travers de la mainmise qu'y exercent des multinationales sans âme.
Il existe un projet de camouflage des données en transit, projet du nom de Tor. Je crois énormément à ce type de fonctionnement. Non pas parce que je tiens à voir des groupes terroristes, mafieux ou autres communiquer sans se faire prendre, mais plus parce que je réfute absolument l'argument fallacieux qui est pris de leur surveillance pour effectivement espionner tout le monde sans exception.
Sachant que la plupart des groupes terroristes ou mafieux ont à la fois les finances et les supports de haut niveau nécessaires à poursuivre leurs activités, que les moyens de dissimuler afin d'échanger subrepticement sont aussi à leur portée - et cela quelle que soit la technologie employée pour les espionner à leur tour - le résidu dont on ne parle point est l'intrusion masquée dans la vie privée de monsieur/madame tout le monde, et cela au seul bénéfice des grandes organisation mercantiles et des états...
Tout cela pourquoi ? Pour en venir au fait que, suivant le modèle de Tor, il devient possible au citoyen lambda de mettre en ligne chaque observation qu'il fait sur les déviances du pouvoir et de l'économie, et cela à l'échelle locale. Qu'avec sa propre machine, chez lui, il peut participer, à la manière d'un Wikileaks décentralisé à la mode Tor, à la remise en cause de cet état d’esclavagisme financier et intellectuel dans lequel nous nous trouvons plongés, et faire connaitre tout le recueil d'avanies qui se passe jour après jour dans notre pays dit civilisé.
Je crois que le citoyen doit se réapproprier le devoir journalistique, le devoir d'information, l'état de parole citoyen, et en revenir à l’autogestion de son proche écosystème. Telles que sont les ressources en matière première et en énergie, je pense que ce même citoyen doit prendre en main le retour à la production locale comme réponse à cette mondialisation galopante, en se réappropriant par la-même le savoir faire l'accompagnant. C'est là, pour ce savoir-faire, que les technologies de transport, de traitement et de stockage de l'information restent d'une criante utilité. Elles sont au cœur du combat actuel, celui de la maitrise de l'information, et c'est bien là que le pouvoir citoyen doit également s'exercer.
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Mjöllnir a écrit:.../...
Je prendrai comme exemple les normes ISO (9001 et autres) qui garantissent, comme je le dis si souvent que "si on fait de la merde, on la fait bien". Le sens, le produit, la création... le tout à dévié vers de la procédure, sans plus se préoccuper d'un autre résultat que le chiffre, chimère sans cesse fuyante, appel mensuel à jamais renouvelé.
Le tiraillement entre la demande de créativité et le respect des procédures écartèle, disperse, tend vers la défausse, vers la transmission de données, non plus pour coopérer, mais pour se défaire du "problème"... Quel problème ? Eh bien... de celui que représente la péréquation inatteignable entre les objectifs du moment et l'état de principe demandé à moyen terme, principe Gordien s'il en est...
Les groupes de réflexion eux-mêmes s’érigent la plupart du temps en critique de l'ordre établi, en prenant les mêmes travers que ceux qu'ils "combattent", disséquant en sous-ensembles interminables les reproches et doléances à faire au système en place, et s'arrogeant le droit de ne faire que les juger, encore un symbole parfait de la reproduction accélérée d'une l'espèce endémique à notre société : La mouche du coche.
.../...
Je crois qu'il est bien plus temps de se donner les moyens de poser une alternative, alternative s'éloignant des piliers politiques et économiques qui nous entourent, les ignorant même.
Pourtant, je ne crois pas qu'il y ait lieu de "jeter le bébé avec l'eau du bain". Les ressources technologiques que notre civilisation met à notre portée sont un des outils dont nous devrions nous servir, en en restant le maitre et non pas l'esclave.
Rien ne se fera de toute manière si le citoyen ne récupère pas sa place dans l'Agora, et n'accepte pas de n'être qu'un rouage anonyme au service d'une cause qui le dépasse, celle de la "res publica", bien loin de l'image de produit en rébellion différentielle qu'il cherche en ce moment à se coller dans l'espace qu'on lui fait croire sien : Ce cher cyberespace tant envahi par la surveillance de nos gouvernements au travers de la mainmise qu'y exercent des multinationales sans âme.
.../...
Merci de ta réponse.
Elle éclaire ma réflexion et est conforme à mon ressenti comme à celui de mes amis de cœur à mon propos.
La révolution des faits ne sert pas à grand chose, la poussière se redépose de toutes façons.
La révolution dans la conscience de soi comme élément structurant d'un tout dont il ne nous est pas donné d'en percevoir la totalité, sorte de conscientisation "atomistique", me séduit plus. Il me semble bien qu'un des textes d'Arkange (novembre 2012 si je ne me trompe pas), à propos du forum évoquait la dynamique de la monade ZC sur ce thème.
Il faut encore laisser maturer l'idée.
Bien qu'embrasser les mecs me plaise bien moins que les filles :
A bientôt.
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Mjöllnir a écrit:Rien ne se fera de toute manière si le citoyen ne récupère pas sa place dans l'Agora, et n'accepte pas de n'être qu'un rouage anonyme au service d'une cause qui le dépasse, celle de la "res publica"
Bonjour Mjöllnir. Je pose la question avec toute ma naïveté et une grande inculture historique : le "citoyen" a-t-il déjà réellement eu sa place dans l'Agora ? N'y a-t-il pas toujours eu deux catégories de personnes, celles qui réfléchissent et prennent du recul sur le système, et celles qui ne le font pas ? (parce qu'elles ne le souhaiteraient ou ne le pourraient pas ?).
Je suis entièrement d'accord avec l'analyse que tu poses de la situation, les solutions techniques que tu proposes, et en même temps, je ressens une sorte de défaitisme par rapport à "l'éducation des foules".
Je me souviens d'une conversation avec une connaissance croisée régulièrement autour de barbecues amicaux. Sa réflexion concernant le vote imminent pour la présidentielle se cantonnait à comparer les couilles de Nicolas aux nichons de Ségolène... J'avoue que j'ai ressenti un grand découragement et de l'impuissance...
Même sentiment d'ailleurs lorsque j'ai essayé de lui expliquer les dangers des nouvelles caméras installées en ville : "Je ne vois pas où est le problème vu que moi je ne fais rien de mal" (ben oui, c'est ce qu'ils disaient tous sous Vichy...).
J'ai grandi dans une famille où l'investissement dans l'éducation populaire est très fort. Il me semble que dans les conférences proposées notamment par ATTAC dans le but d'"éclairer le peuple", on retrouve toujours le même genre de personnes... déjà convaincues.
Bref, à me lire, je me demande si je ne suis pas partisane d'une sorte de despotisme éclairé, où les intellectuels (hypothèse hasardeuse : les zèbres ?) auraient la responsabilité de jouer leur rôle de sentinelle sans demander à ceux qui n'en ont pas la compétence de les imiter ni même de les comprendre ?
Je sais bien que cela pourrait ressembler à une infantilisation des masses, mais est-il complètement incongru de considérer que l'humanité dans son ensemble est à un stade d'évolution infantile (jouant à GI Joe avec ses hélicos ou à la Barbie avec ses stars photoshopées), et qu'il est de la responsabilité des individus situés à un stade d'évolution différent d'analyser et d'agir "en amont" (quitte à ce que leurs pensées et/ou leurs actes ne soient compris que 200 ans plus tard) ?
Cela ne signifie pas qu'il faille cesser de réfléchir, d'éduquer et d'alerter, mais je ne crois pas que l'on puisse s'attendre à une prise de conscience massive et à des actions collectives de grande ampleur sur une courte période (quand je vois le contenu aberrant des poubelles de tri sélectif de ma résidence, j'en reste convaincue...).
Qu'en penses-tu ?
Merci en tous cas de tes partages intéressants et stimulants
♡Maïa- Messages : 1734
Date d'inscription : 06/03/2012
Re: Sérendipité
Encore une chose qui m'interpelle au plus profond
"La gestion de crises - outils de réflexion à l'usage des décideurs" de Patrick Lagadec : http://www.patricklagadec.net/fr/pdf/integral_livre1.pdf
Ce n'est ni plus ni moins que de la réactivité en lieu et place de la proactivité. la continuité de la mainmise et du contrôle. L'oubli de la variabilité du monde et des facteurs ayant mené à la désintégration des valeurs qui, autrement, auraient permis une prise en charge et une autorégulation locale de la plupart des événements cités ici.
Aucune remise en cause de la fragilité par concentration n'est faite, aucune voie autre que la gestion du fait n'est offerte au travers de l'amélioration de procédures.
Tout cela est désespérant au plus haut point.
"La gestion de crises - outils de réflexion à l'usage des décideurs" de Patrick Lagadec : http://www.patricklagadec.net/fr/pdf/integral_livre1.pdf
Ce n'est ni plus ni moins que de la réactivité en lieu et place de la proactivité. la continuité de la mainmise et du contrôle. L'oubli de la variabilité du monde et des facteurs ayant mené à la désintégration des valeurs qui, autrement, auraient permis une prise en charge et une autorégulation locale de la plupart des événements cités ici.
Aucune remise en cause de la fragilité par concentration n'est faite, aucune voie autre que la gestion du fait n'est offerte au travers de l'amélioration de procédures.
Tout cela est désespérant au plus haut point.
Invité- Invité
Re: Sérendipité
@ Ours
Oui. Une atomisation des actions, un peu comme ce qu'il se passe au niveau d'une termitière, toute proportion gardée. Le retour de l'intégration de l'homme dans son milieu naturel, en adéquation avec le fonctionnement de ce dernier, et l'utilisation des qualités de chacun au fonctionnement harmonieux (si possible) de l'Agora.
Sans doute un vœu pieux en ces instants, non pas parce qu'irréalisable, mais bien plus parce que demandant une remise en cause d'acquis profonds au sein de notre société. Et c'est sans doute cela qui provoquera la fin de cette dernière avant même que certains hommes acceptent (sous la contrainte des événements), la nécessité de repenser la vie en communauté et l'utilisation des ressources naturelles (celles qui resteront).
Amitiés
@ Mog*why
L'Agora était la "place du marché" au sein des cités hellènes. Autour d'elle s'organisaient les pôles commerciaux, politiques et religieux. Le brassage des idées y était assuré, et effectivement, seuls les citoyens mâles natifs de la cité-état pouvaient s'y exprimer directement.
Ceci étant, si je regarde l'évolution du droit de vote dans nos sociétés, seuls les natifs du pays peuvent exprimer le suffrage, et les femmes n'ont eu le droit de vote que très récemment dans la plupart des pays industrialisés (ce que je déplore), pas grand chose n'a évolué.
Nous prenons, au travers de la mondialisation et de l'accélération des échanges de données et de savoir, conscience que notre planète n'est qu'un endroit réduit que nous partageons tous, et que l'impact sur un de ses composés vitaux a une résonance sur l'entièreté de son processus d'équilibre, donc du notre. Il n'y a aucun échappatoire possible.
Je ne suis pas loin de penser que cette perception arrive à être "vocalisée" par certains, et ressentie sans possibilité de mettre des mots dessus par d'autres. Les crises que nous constatons de plus en plus en ces instants, les révoltes, me semblent être également la résurgence de ces ressentis "aveugles", animaux presque, expulsion d'un mal-être à l’origine inconnue car non conscientisé.
Je crois donc que ce défaitisme dont tu parles peut venir de ce sentiment d'impuissance ou encore d'impossibilité de poser une réponse devant un manque criant de possibilité d'analyse, la majorité préférant alors attendre en se lamentant ou en se saoulant, s'abrutissant, se perdant dans des dérivatifs divers et variés.
D'autre part, la majorité des repères a été détruite. Quoi qu'ils aient valu (religion, politique, états, langues, croyances, écoles de pensée, morale, civisme, famille, etc.) offraient à des gens la possibilité de se grouper autour d'un axe commun, ou encore de se placer à "droite" ou à "gauche" de ces amers (Droite ou gauche, ou haut ou bas, ou avant ou arrière. Ces mots sont juste là pour préciser une position, non pas pour évoquer une scission ou un placement politique ou moral).
Le seul repère qu'il semble rester est celui de l'argent, et lui-même varie. Il suffit d’entendre parler de la crise économique, et en même temps d'entendre dire que notre monnaie est puissante alors même que des informations contradictoires arrivent fortement, soulignant que cette valeur pécuniaire est liée à un tissu industriel en état de déliquescence avancée.
Comment, même sans perception fine des événements, accompagnée d'une certaine lucidité et des moyens de verbaliser cet état de fait, ne pas comprendre que le déchirement apporté par le "tout et son contraire" des discours actuels peut amener les populations vers un comportement schizophrène frisant parfois la paranoïa et le doute prononcé qu'ils peuvent avoir sur leurs facultés d'entendement ?
Alors oui, je pense qu'il est du devoir de certains de provoquer une prise de conscience, et d'essayer de rétablir, non pas des valeurs, mais de faits au travers d'actions fonctionnelles et de proximité. De donner du tangible, d'apporter du sens. Et par là-même de donner une chance de continuité, irai-je même à dire de "survie" aux personnes qui s'associeront au travers de tels projets porteurs d'espoir, de changement et de renouveau.
Je pense, je suis même persuadé qu'il ne faut pas lutter contre le système en place, car le faire ne serait qu'utiliser les mêmes armes que les siennes, et donc, en fait n'offrir aucune VRAIE différence. Il faudrait pouvoir offrir une alternative, alternative à l'échelle humaine, reconnaissant la valeur de l'être dans le faire, dans la spécificité de chacun. Et donc en revenir à cette production de proximité, en groupe d'autarcie pour commencer, seule fonction à même d'éviter les chocs en retour d'une civilisation rendue mortellement fragile par son interconnexion à tous les niveaux.
C'est effectivement là que peuvent agir des personnes dont la vue dépasse l'horizon de leur propre vie, si tant est qu'elles arrivent à passer au dessus de leurs propres barrière d'égo.
Oui. Une atomisation des actions, un peu comme ce qu'il se passe au niveau d'une termitière, toute proportion gardée. Le retour de l'intégration de l'homme dans son milieu naturel, en adéquation avec le fonctionnement de ce dernier, et l'utilisation des qualités de chacun au fonctionnement harmonieux (si possible) de l'Agora.
Sans doute un vœu pieux en ces instants, non pas parce qu'irréalisable, mais bien plus parce que demandant une remise en cause d'acquis profonds au sein de notre société. Et c'est sans doute cela qui provoquera la fin de cette dernière avant même que certains hommes acceptent (sous la contrainte des événements), la nécessité de repenser la vie en communauté et l'utilisation des ressources naturelles (celles qui resteront).
Amitiés
@ Mog*why
L'Agora était la "place du marché" au sein des cités hellènes. Autour d'elle s'organisaient les pôles commerciaux, politiques et religieux. Le brassage des idées y était assuré, et effectivement, seuls les citoyens mâles natifs de la cité-état pouvaient s'y exprimer directement.
Ceci étant, si je regarde l'évolution du droit de vote dans nos sociétés, seuls les natifs du pays peuvent exprimer le suffrage, et les femmes n'ont eu le droit de vote que très récemment dans la plupart des pays industrialisés (ce que je déplore), pas grand chose n'a évolué.
Nous prenons, au travers de la mondialisation et de l'accélération des échanges de données et de savoir, conscience que notre planète n'est qu'un endroit réduit que nous partageons tous, et que l'impact sur un de ses composés vitaux a une résonance sur l'entièreté de son processus d'équilibre, donc du notre. Il n'y a aucun échappatoire possible.
Je ne suis pas loin de penser que cette perception arrive à être "vocalisée" par certains, et ressentie sans possibilité de mettre des mots dessus par d'autres. Les crises que nous constatons de plus en plus en ces instants, les révoltes, me semblent être également la résurgence de ces ressentis "aveugles", animaux presque, expulsion d'un mal-être à l’origine inconnue car non conscientisé.
Je crois donc que ce défaitisme dont tu parles peut venir de ce sentiment d'impuissance ou encore d'impossibilité de poser une réponse devant un manque criant de possibilité d'analyse, la majorité préférant alors attendre en se lamentant ou en se saoulant, s'abrutissant, se perdant dans des dérivatifs divers et variés.
D'autre part, la majorité des repères a été détruite. Quoi qu'ils aient valu (religion, politique, états, langues, croyances, écoles de pensée, morale, civisme, famille, etc.) offraient à des gens la possibilité de se grouper autour d'un axe commun, ou encore de se placer à "droite" ou à "gauche" de ces amers (Droite ou gauche, ou haut ou bas, ou avant ou arrière. Ces mots sont juste là pour préciser une position, non pas pour évoquer une scission ou un placement politique ou moral).
Le seul repère qu'il semble rester est celui de l'argent, et lui-même varie. Il suffit d’entendre parler de la crise économique, et en même temps d'entendre dire que notre monnaie est puissante alors même que des informations contradictoires arrivent fortement, soulignant que cette valeur pécuniaire est liée à un tissu industriel en état de déliquescence avancée.
Comment, même sans perception fine des événements, accompagnée d'une certaine lucidité et des moyens de verbaliser cet état de fait, ne pas comprendre que le déchirement apporté par le "tout et son contraire" des discours actuels peut amener les populations vers un comportement schizophrène frisant parfois la paranoïa et le doute prononcé qu'ils peuvent avoir sur leurs facultés d'entendement ?
Alors oui, je pense qu'il est du devoir de certains de provoquer une prise de conscience, et d'essayer de rétablir, non pas des valeurs, mais de faits au travers d'actions fonctionnelles et de proximité. De donner du tangible, d'apporter du sens. Et par là-même de donner une chance de continuité, irai-je même à dire de "survie" aux personnes qui s'associeront au travers de tels projets porteurs d'espoir, de changement et de renouveau.
Je pense, je suis même persuadé qu'il ne faut pas lutter contre le système en place, car le faire ne serait qu'utiliser les mêmes armes que les siennes, et donc, en fait n'offrir aucune VRAIE différence. Il faudrait pouvoir offrir une alternative, alternative à l'échelle humaine, reconnaissant la valeur de l'être dans le faire, dans la spécificité de chacun. Et donc en revenir à cette production de proximité, en groupe d'autarcie pour commencer, seule fonction à même d'éviter les chocs en retour d'une civilisation rendue mortellement fragile par son interconnexion à tous les niveaux.
C'est effectivement là que peuvent agir des personnes dont la vue dépasse l'horizon de leur propre vie, si tant est qu'elles arrivent à passer au dessus de leurs propres barrière d'égo.
Dernière édition par Mjöllnir le Ven 24 Mai 2013 - 10:28, édité 4 fois (Raison : fautes)
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Oui, après une grande phase de découragement, c'est vers cela que je tends moi aussi. Je préfère désormais me tenir informée des initiatives tangibles qui fonctionnent plutôt que de miner le moral avec des analyses que je connais déjà (et qui en plus frisent parfois avec une sorte de théorie du complot pour reprendre la notion de paranoïa que tu évoques).Mjöllnir a écrit:Alors oui, je pense qu'il est du devoir de certains de provoquer une prise de conscience, et d'essayer de rétablir, non pas des valeurs, mais de faits au travers d'actions fonctionnelles et de proximité. De donner du tangible, d'apporter du sens. Et par là-même de donner une chance de continuité, irai-je même à dire de "survie" aux personnes qui s'associeront au travers de tels projets porteurs d'espoir, de changement et de renouveau.
Un exemple de site que j'aime consulter et qui me fait lancer des "trop fort ! quelle belle idée, et en plus ça marche !" de temps en temps
http://consocollaborative.com/
♡Maïa- Messages : 1734
Date d'inscription : 06/03/2012
Re: Sérendipité
Et si la terre avait des anneaux... (source : http://www.newsring.fr/ )
Le Capitole (Washington, USA)
Quelque part en Alaska
Au Guatemala
A Quito (Équateur)
Le Capitole (Washington, USA)
Quelque part en Alaska
Au Guatemala
A Quito (Équateur)
Invité- Invité
Re: Sérendipité
@ Mog*why
Je crois qu'il faut entreprendre. Simplement entreprendre. Quand je voyage dans des contrées comme l'Amérique du sud ou l'Asie, je vois des gens dans une misère profonde qui n'hésitent pourtant pas à entreprendre. Les micro-crédits se développent avec un taux de crédit très bas et un remboursement étalé. Les gens sont incités à produire et à consommer localement.
Évidement, de grands groupes internationaux sont implantés, et provoquent une migration des populations avec un appauvrissement à la fois des gens qui se déplacent (ressources alimentaires manquantes) et également un délaissement - et un délitement - des surfaces cultivables (même si ces dernières n'avaient pas une rendement très élevé, elle nourrissaient néanmoins les familles qui y résidaient).
Ces même groupes internationaux se permettent même - pour un en particulier ici - de breveter la vie et de livrer des semences dont la récolte ne peut être replantée !
Et pourtant, ceux qui sortiront de la crise qui s'annonce seront ceux qui seront restés au plus près des besoins vitaux primaires (manger, boire, dormir) en sachant gérer par eux-mêmes la résolution de ces derniers.
L'empilement des strates de fonctionnement de notre société ressemble à une pyramide installée sur sa pointe. La masse de plus en plus grande de sa structure affaiblit le pyramidion, qui va un jour ou l'autre céder, faisant basculer cette "œuvre d'art" montée à contre-sens. et seuls ceux qui furent à la base, ou qui en ont gardé l'expérience, pourront continuer à trouver les ressources nécessaires à subsister.
Regardons les choses en face : 90% de la nourriture que nous consommons est importée. 60% de vêtements, 70% des chaussures. 70% des pièces de nos voitures sont faites à l'étranger. Nous ne produisons plus d'acier. Un polo au crocodile est déclaré "Made in France" uniquement parce que le logo est cousu en France alors que son assemblage et son tissu sont conçus à l'étranger...
Il serait bien d'ouvrir les yeux : Nous sommes un pays tertiaire et vieillissant qui s'enfonce dans le déni et les jérémiades sans fin, regardant en arrière les "trente glorieuses" et pleurant leur départ comme une bigote devant l'image du Christ dans une église de campagne.
Ceci nous amène tout droit à la pire des désillusions qui puisse être. La perte inéluctable du peu qu'il nous reste, l’entretien de nos ressources de production ayant été négligé et la notion de moindre effort ayant été mise au pinacle.
Il va de nouveau falloir forcer pour pouvoir manger en donnant de sa personne, en collaborant, et le plus vite cela sera pris en compte, le plus vite des solutions pourront être apportées.
Je crois qu'il faut entreprendre. Simplement entreprendre. Quand je voyage dans des contrées comme l'Amérique du sud ou l'Asie, je vois des gens dans une misère profonde qui n'hésitent pourtant pas à entreprendre. Les micro-crédits se développent avec un taux de crédit très bas et un remboursement étalé. Les gens sont incités à produire et à consommer localement.
Évidement, de grands groupes internationaux sont implantés, et provoquent une migration des populations avec un appauvrissement à la fois des gens qui se déplacent (ressources alimentaires manquantes) et également un délaissement - et un délitement - des surfaces cultivables (même si ces dernières n'avaient pas une rendement très élevé, elle nourrissaient néanmoins les familles qui y résidaient).
Ces même groupes internationaux se permettent même - pour un en particulier ici - de breveter la vie et de livrer des semences dont la récolte ne peut être replantée !
Et pourtant, ceux qui sortiront de la crise qui s'annonce seront ceux qui seront restés au plus près des besoins vitaux primaires (manger, boire, dormir) en sachant gérer par eux-mêmes la résolution de ces derniers.
L'empilement des strates de fonctionnement de notre société ressemble à une pyramide installée sur sa pointe. La masse de plus en plus grande de sa structure affaiblit le pyramidion, qui va un jour ou l'autre céder, faisant basculer cette "œuvre d'art" montée à contre-sens. et seuls ceux qui furent à la base, ou qui en ont gardé l'expérience, pourront continuer à trouver les ressources nécessaires à subsister.
Regardons les choses en face : 90% de la nourriture que nous consommons est importée. 60% de vêtements, 70% des chaussures. 70% des pièces de nos voitures sont faites à l'étranger. Nous ne produisons plus d'acier. Un polo au crocodile est déclaré "Made in France" uniquement parce que le logo est cousu en France alors que son assemblage et son tissu sont conçus à l'étranger...
Il serait bien d'ouvrir les yeux : Nous sommes un pays tertiaire et vieillissant qui s'enfonce dans le déni et les jérémiades sans fin, regardant en arrière les "trente glorieuses" et pleurant leur départ comme une bigote devant l'image du Christ dans une église de campagne.
Ceci nous amène tout droit à la pire des désillusions qui puisse être. La perte inéluctable du peu qu'il nous reste, l’entretien de nos ressources de production ayant été négligé et la notion de moindre effort ayant été mise au pinacle.
Il va de nouveau falloir forcer pour pouvoir manger en donnant de sa personne, en collaborant, et le plus vite cela sera pris en compte, le plus vite des solutions pourront être apportées.
Dernière édition par Mjöllnir le Ven 31 Mai 2013 - 22:36, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Coucou mon Mjo...
C'est le robocop des temps modernes.... superbe...
Ps.... redonne moi le nom du jeu... mon lapin.... DAAAAAAAAAAAA...
C'est le robocop des temps modernes.... superbe...
Ps.... redonne moi le nom du jeu... mon lapin.... DAAAAAAAAAAAA...
Lemniscate le papillon- Messages : 6348
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Localisation : Gard
Re: Sérendipité
Une avancée informatique dans l'apprentissage non guidé :
http://www.nytimes.com/2012/06/26/technology/in-a-big-network-of-computers-evidence-of-machine-learning.html?pagewanted=1&_r=0
http://arxiv.org/pdf/1112.6209v5.pdf
http://www.nytimes.com/2012/06/26/technology/in-a-big-network-of-computers-evidence-of-machine-learning.html?pagewanted=1&_r=0
http://arxiv.org/pdf/1112.6209v5.pdf
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Le Dieu des lacunes
Dieu ne me semble être qu'une magnifique création humaine, une "invention" qui rassure et qui comble facilement les lacunes de nos connaissances.
Une personne passe sur une passerelle et cette dernière s'effondre, et comme personne ne sait pourquoi cela s'est passé, la plupart du temps on attribue le phénomène à la volonté divine. Pourtant, nous pourrions savoir si cette passerelle s'est écroulée par la suite d'une usure matérielle, à la suite d'un glissement de terrain, etc.
Comme pour beaucoup de choses pour lesquelles nous n'avons pas d’explication, nous évoquons le "Dieu des lacunes", et nous ne cherchons même pas à savoir s'il existe une explication réelle.
la plupart du temps, le surnaturel est invoqué lorsque nous n'avons pas l'explication du fait naturel. Autrefois, on disait d'une personne malade qu'elle était possédée par les mauvais esprits. De nos jours, on la sait envahie par des bactéries, par un virus, etc. La maladie est la même mais nos connaissances ont changé... Le surnaturel n'est rien d'autre qu'une illusion entretenue par notre méconnaissance.
Tout ce qui nous entoure possède une explication. Les choses sont régies par des lois universelles, absolues, éternelles, omnipotentes, omniprésentes et presque omniscientes.
Ces lois ne dépendent de rien, elles agissent sur les états physiques sans que l'inverse soit vrai. Elles ne changent pas dans le temps et leur force s'exerce sur tout ce qui est. Elles s'appliquent de la même manière dans l'univers entier et exercent leur force sans que quoi que ce soit ait à leur signaler de le faire lors de son apparition.
La seule chose qui semble rester inexplicable à terme est l'origine des grandes lois qui gouvernent l'univers.
Et on peut voir, au travers des avancées de la science, qu'un voile certain nous "empêche" d'aller au fin fond de la connaissance intime de ces lois.
Si l'on se réfère au principe d'incertitude d'Heisenberg, on comprend que le comportement des électrons ou photons n'est pas indéterministe, mais indéterminable, car la présence de l'observateur influe sur l'observation !
Il semblerait même, selon les dernières constatations, que la réunion de plusieurs particules de ce genre dans un espace confiné "fige" l'état et donc permette la "matérialisation" de l'énergie.
Il n'y a rien d'autre que le lâcher-prise qui trouve grâce à mes yeux. Je ne peux que rester humble devant l'immensité de l'univers quand je le regarde en face et que je le met en balance avec les vanités humaines...
Dieu ne me semble être qu'une magnifique création humaine, une "invention" qui rassure et qui comble facilement les lacunes de nos connaissances.
Une personne passe sur une passerelle et cette dernière s'effondre, et comme personne ne sait pourquoi cela s'est passé, la plupart du temps on attribue le phénomène à la volonté divine. Pourtant, nous pourrions savoir si cette passerelle s'est écroulée par la suite d'une usure matérielle, à la suite d'un glissement de terrain, etc.
Comme pour beaucoup de choses pour lesquelles nous n'avons pas d’explication, nous évoquons le "Dieu des lacunes", et nous ne cherchons même pas à savoir s'il existe une explication réelle.
la plupart du temps, le surnaturel est invoqué lorsque nous n'avons pas l'explication du fait naturel. Autrefois, on disait d'une personne malade qu'elle était possédée par les mauvais esprits. De nos jours, on la sait envahie par des bactéries, par un virus, etc. La maladie est la même mais nos connaissances ont changé... Le surnaturel n'est rien d'autre qu'une illusion entretenue par notre méconnaissance.
Tout ce qui nous entoure possède une explication. Les choses sont régies par des lois universelles, absolues, éternelles, omnipotentes, omniprésentes et presque omniscientes.
Ces lois ne dépendent de rien, elles agissent sur les états physiques sans que l'inverse soit vrai. Elles ne changent pas dans le temps et leur force s'exerce sur tout ce qui est. Elles s'appliquent de la même manière dans l'univers entier et exercent leur force sans que quoi que ce soit ait à leur signaler de le faire lors de son apparition.
La seule chose qui semble rester inexplicable à terme est l'origine des grandes lois qui gouvernent l'univers.
Et on peut voir, au travers des avancées de la science, qu'un voile certain nous "empêche" d'aller au fin fond de la connaissance intime de ces lois.
Si l'on se réfère au principe d'incertitude d'Heisenberg, on comprend que le comportement des électrons ou photons n'est pas indéterministe, mais indéterminable, car la présence de l'observateur influe sur l'observation !
Il semblerait même, selon les dernières constatations, que la réunion de plusieurs particules de ce genre dans un espace confiné "fige" l'état et donc permette la "matérialisation" de l'énergie.
- En fait, le principe d'incertitude révèle que même si tout est déterminé, la réalité "dernière" reste indéterminable. Et a trait au temps ...:
- A propos du temps.
" Rimbaud s’évadant situe indifféremment son âge d’or dans le passé et dans le futur. Il ne s’établit pas. Il ne fait surgir un autre temps, sur le mode de la nostalgie ou celui du désir que pour l’abattre aussitôt et revenir dans le présent, cette cible au centre toujours affamé de projectiles, ce port naturel de tous les départs […] En poésie, on n’habite que le lieu que l’on quitte, on ne crée que l’œuvre dont on se détache, on n’obtient la durée qu’en détruisant le temps. " René Char
" Temps : tu nourris et mets à mort tout ce qui existe. " Shakespeare
Alfred North Whitehead[1] fut pour moi un excellent complice pour introduire et construire une bonne partie de ce chapitre. Complice, parce que ma conception du temps est exactement opposée à la sienne. Il m’a donc suffi de prendre appui sur sa conception du temps pour affirmer la mienne en opposition.
Pour situer le débat à propos du temps qui accompagne le cours des siècles, rappelons que Sartre, en droite ligne de la tradition philosophique de Saint Augustin (354-430) à Bergson (1859-1941), définit la matière par l’instantané, le présent instantané, et ne conçoit la mémoire et le passé que par l’esprit ; dans les choses, il n’y a que du présent. La matérialité du présent a pour corollaire que la « présence » du passé et de l’avenir se trouve dans l’esprit ou le « Pour soi » sartrien.
A. N. Whitehead, lui, ne veut plus définir la matière et la Nature par le présent et par l’instant ; il nie que le passé ne soit plus et que l’avenir ne soit pas encore. La Nature est avec lui conçue comme un déploiement spatio-temporel. Le temps mesuré c'est-à-dire le temps « serial », est pour lui relatif, subjectif et sans unité. Mais il y a un temps inhérent[2] à la Nature. Ce temps, chez Whitehead, est inhérent aux choses, il nous embrasse, dans la mesure où nous participons aux choses, où nous prenons part au passage de la Nature. Il nous est essentiel, mais en tant que nous sommes Nature. Il y a un passage naturel du temps, la pulsation du temps n’est pas une pulsation du sujet, mais de la Nature, elle nous traverse nous, esprits. Le passage du temps est inscrit dans notre sensorialité.
Si, pour Whitehead, la Nature n’est pas un objet de pensée, c'est-à-dire simple corrélatif d’une pensée, elle n’en est pas pour autant sujet assurément. Whitehead parle de passage de la nature, plutôt que de Nature, parce que :
1- La Nature possède un caractère temporel : elle passe, comme le temps passe ;
2- La Nature n’est jamais que de passage : on ne la saisit jamais que dans ses manifestations et sans que jamais ces manifestations l’épuisent ;
3- Il est essentiel à la Nature de passer. Il n’y a pas la Nature, d’une part, et son passage comme attribut, de l’autre.
Autre conséquence de la conception du temps et de la Nature de Whitehead c’est que : « Passé et futur se rencontrent et se mélangent dans un présent mal défini. Le passage de la nature ou puissance créatrice de l’existence, n’a pas de bords étroits, de présent instantané défini, à l’intérieur duquel sa puissance opérerait. Sa présence opérante doit être recherchée dans sa totalité… »
Ma position est radicalement opposée. Pour moi le présent est la conséquence de la présence à chaque instant du sujet. Il n’y a pas de présent s’il ne peut être signifié. L’instant présent distingue, tient à l’écart, le passé et le futur et s’oppose à toute idée de contiguïté. Les bords toujours en mouvement qui définissent l’origine du temps passé et le début du futur sont en permanence maintenus à distance par le sujet présent. Ce temps présent qui a, à coup sûr, une valeur quantitative irréductible, que j’ai désigné par τs a aussi une valeur qualitative qu’il est essentiel de mettre en évidence. Contrairement à Whitehead ma position est que la pulsation du temps est une pulsation de l’être humain. L’être humain fonde le temps. Celui-ci est inhérent à l’être humain. Cette pulsation, cette scansion primordiale, véritable tic-tac qui anime l’existence, est la condition de la mobilité de la pensée humaine[3]. (A mettre en rapport avec cette volonté de dire de G. Agamben, ‘le pur vouloir-dire’, étudié dans les cours suivants.)
Pour tenter de saisir le degré d’intrication entre présence et conscience du temps, je propose de concevoir l’exercice suivant : imaginons une ligne droite tracée sur le tableau, sur laquelle nous délimitons un segment. La demi-droite qui se trouve sur la gauche du segment figure le temps passé et la demi-droite sur la droite du segment figure le temps à venir. L’intervalle compris entre les deux traits du segment représente la durée d’une journée. Après avoir procédé à la division du segment en 24 parties égales, désignons celle censée représenter l’heure qui est la nôtre actuellement.
Méfions-nous de la simplicité de cette figure, droite orientée, censée servir de support à toutes sortes d’investigations sur le temps. J. L. Borges avait déjà remarqué que nombreux étaient ceux qui s’étaient laissés leurrer comme il le dit dans ‘Fictions’ : « Je connais un labyrinthe grec qui est une ligne unique, droite. Sur cette ligne, tant de philosophes se sont égarés qu’un pur détective peut bien s’y perdre. » Bien avant lui, au Ve siècle, saint Augustin écrivait dans ses ‘Confessions’ : « Si on ne me le demande pas, je crois savoir ce qu’est le temps, mais si on me le demande, je ne le sais plus. » Nous sommes donc avertis par d’illustres précurseurs, et nous devons nous atteler à notre tâche avec humilité.
Plutôt que d’imaginer un parcours fictif au long de la flèche du temps, à partir du temps présent – qui à peine saisi est remisé dans la catégorie du temps dépassé – pour aller vers le futur, nous devons, a contrario, imaginer un surplace dans une durée présente de plus en plus proche de nous. Après avoir procédé à la division du segment, supposé représenter la durée d’un jour, en 24 parties égales, et après avoir désigné celle censée correspondre à l’heure qui est la nôtre, je la coche en son milieu d’un trait de craie, aussi fin que possible, perpendiculaire à la flèche du temps pour marquer la minute présente comprenant la durée de mon geste. Ce petit trait, barrant le labyrinthe grec, a, de bord à bord, la valeur supposée d’une minute. L’un des bords indique la limite supérieure de la demi-droite représentant le temps déjà écoulé et l’autre indique la limite au-delà de laquelle le temps à venir est ordonné. Ces bords tenus à distance par l’épaisseur du trait, désignant la minute présente, rappellent à notre sens commun que le flux du temps passé, juste passé, ne se déverse jamais directement dans celui du temps à venir.
Nous ne pouvons plus nous aider du schéma dessiné sur le tableau pour continuer notre réflexion. L’épaisseur du trait de la craie interdit de subdiviser en deçà de ce que nous désignons comme une minute. Nous pouvons d’une façon abstraite, imaginer des durées de plus en plus courtes représentant des instants de plus en plus fugaces. A nos risques et périls plongeons dans cette faille du temps que notre imagination maintient entrouverte. Nous pouvons évoquer le dixième de seconde qui constituerait selon des études récentes la durée minimale que notre cerveau peut encore distinguer. C’est-à-dire, lorsque des événements se succèdent dans un intervalle de temps inférieur au dixième de seconde, notre cerveau les perçoit comme faisant partie d’une même ‘bulle’ de présent. Ce résultat vaut, paraît-il, surtout pour des individus en pleine possession de leurs moyens et concentrés sur cette performance, sinon l’ordre de grandeur de la ‘bulle’ d’un même présent est voisin de la demie seconde. Disons que notre sensibilité à déceler des écarts de temps oscille entre le dixième et la demie seconde, elle est déterminée par notre biologie et la limite effective de la vitesse de circulation des informations au sein de notre cerveau. Il est possible que certains animaux évaluent des durées plus serrées, par exemple les félins si prompts à bondir sur leur proie dès qu’elle esquisse un mouvement de fuite.
Evidemment, nous sommes capables d’apprécier des écarts bien plus petits mais pas directement par nous-mêmes. Pour cela nous mettons en jeu des instruments de mesure. Des chronomètres de plus en plus précis ont été inventés par assurer de telles mesures. Ce sont des instruments électroniques très sophistiqués qui indiquent des écarts de l’ordre du centième voire du millième de seconde séparant sur la ligne d’arrivée, les champions en compétition qu’ils soient sprinteurs, skieurs ou pilotes d’automobile. Ces écarts de temps mesurés, si faibles, nous les concevons et les reconnaissons, ils ont un sens dans une hiérarchie établie qui reconnaît et classe le plus grand et le plus petit. Nous disposons d’une ressource inépuisable de tous les nombres possibles pour chiffrer ces intervalles de temps. Il n’y a pas de limite, à chaque intervalle de temps quel qu’il soit nous disposerons d’un nombre qui représentera sa valeur. Dans les laboratoires, l’homme de l’art est allé très, très, loin pour mesurer des durées infiniment petites. Une nouvelle barrière vient d’être récemment franchie et la brièveté d’un événement d’un milliardième de milliardième de seconde a été récemment mesurée. On l’appelle l’attoseconde, elle est presque à la seconde, ce que la seconde est à l’âge de l’Univers proche de 14 milliards d’années soit : 0.5 milliard de milliards de secondes. Il n’y a pas de raison que l’on s’arrête là. A coup sûr, on mettra au point des techniques encore plus pointues qui permettront de mesurer des durées encore plus brèves. Cela ne fait aucun doute ! Mais il y aura à coup sûr une limite qui ne pourra jamais être dépassée. Quelques soient les moyens techniques mis en œuvre, on butera sur un intervalle de temps indivisible car une présence est requise pour assurer la mesure. L’opération de mesure ne peut pas être instantanée, c’est-à-dire se faire pendant une « durée » effective strictement égale à zéro seconde. Sur une même flèche du temps que ce soit celle de votre temps propre, du mien ou de toute autre personne le flux du temps à venir ne peut se déverser directement dans le flux du temps passé.
Nous saisissons un peu plus maintenant la portée de l’avertissement de Borges car nous sommes en train de découvrir la structure non seulement labyrinthique de la flèche du temps mais encore abyssale. Avec une loupe spéciale de plus en plus grossissante, on peut accéder à des échelles de temps de plus en plus petites, jusqu’à une certaine durée limite, minimale, insécable, chargée de sens, puisqu’elle représente la durée de la présence indivisible de celui qui assume l’opération de mesure car il n’y a pas de mesure possible d’intervalle de temps sans un être présent, le temps n’a pas d’être propre[4]. Cette présence là, condition première pour qu’une flèche du temps ait un sens, garantit aussi que le flux du temps futur ne se déverse jamais directement dans le flux du temps passé. Cette présence là est simultanément, un horizon, un oasis, un phare, un centre…
Puisque le temps et l’humain sont si intimement intriqués, est-il encore sensé, de la part des physiciens, de continuer d’affirmer que leur temps, celui symbolisé par la variable t dans les formules classiques, quantiques ou relativistes, n’est pas affecté à coup sûr par cette intrication ? Est-ce que l’homme peut s’émanciper, dans ses activités intellectuelles, de ce temps qui fait de lui un être existant et qui l’inscrit dans une historicité[* ]? Toute pensée prête vie à une chronologie, anime un écoulement temporel, matérialise une flèche du temps. Il en est ainsi de toute pensée, qu’elle soit dite à voix haute ou a voix basse, qu’elle soit ruminée dans le silence avec plus ou moins de conscience. L’acte de penser qui est le propre de l’homme est chronothétique et le langage a lieu dans le temps. Alors comment continuer de prétendre qu’un autre temps, non corrompu par son fondateur, répondant aux canons d’une soi-disant objectivité absolue, puisse prévaloir ? Il n’est pas possible, en tous les cas pas souhaitable, de se réfugier plus longtemps dans cette métaphysique. Certes le temps propre de l’être humain est aveuglant, mais que son ersatz tienne lieu de celui qui ‘serait’ et notre relation intime avec le monde est totalement faussé ainsi que notre capacité de le décrypter.
La prétendue autonomie de l’objet physique ne m’a jamais convaincu et la perspective du retour en force du sujet dans les raisonnements de la physique de l’infiniment petit me semble incontournable. Que le cordon ombilical du rapport sujet/objet réduit à sa fibre temporelle se révèle in fine insécable, voilà une donnée qui pour moi fait sens et cela ne m’étonnerait pas que dans un futur assez proche elle soit à l’origine d’une importante avancée de notre manière de voir le monde physique !
Sans hésitation on peut considérer qu’il y a trois grands philosophes contemporains qui ont eu une influence certaine concernant notre conception (occidentale) du temps. Leurs contributions ont été évidemment édifiantes. Ils se nomment Hegel (1770-1831) ; Husserl (1859-1938) ; Heidegger (1889-1976). Leurs conceptions contrastées du temps nous indiquent, que la notion de temps, que l’essence du temps, sont effectivement difficilement saisissables et en permanence elles s’entrecroisent avec les différentes conceptions de ce que l’on nomme : conscience, esprit, être.
Husserl voit le temps comme quelque chose d’immanent[**], d’intérieur au sujet, alors qu’il s’agit pour Heidegger de penser le ‘sujet’ lui-même comme temps. Husserl nomme conscience temporelle, c'est-à-dire conscience du temps, ce qui pour Heidegger est justement le temps lui-même, au sens originaire. Il n’y a pas en effet pour Heidegger d’un côté le temps dans son écoulement propre et de l’autre les modalités de conscience par l’intermédiaire desquelles cet écoulement serait appréhendé. Il n’y a qu’un unique processus de temporalisation[***] auquel on ne peut attribuer aucune subsistance séparée, et c’est précisément ce qui le rend impropre à toute saisie conceptuelle. La science de l’être est donc une science temporale.
Pour Hegel : l’histoire, qui est essentiellement celle de l’Esprit, se passe dans le temps. Aussi « le déroulement de l’histoire tombe dans le temps[5] ». (On retiendra que Hegel s’est approprié de la conception newtonienne du temps : le temps est donné, il préexiste, alors qu’il reprochait à Newton (1642-1727) d’avoir tenté d’expliquer mathématiquement des lois et des concepts qui ne peuvent l’être que philosophiquement.) Toujours est-il que le temps, du point de vue de Hegel, doit pouvoir accueillir l’Esprit. Et celui-ci doit à son tour avoir des affinités avec le temps et son essence.
Pour Hegel le « temps » est dans la nature en corrélation avec le ‘lieu’ et le ‘mouvement’. L’espace « est » temps, car le temps est la « vérité » de l’espace… l’être de l’espace… se révèle comme temps. L’être du temps est le maintenant. Le temps se présente uniformément dans la suite des maintenant.
Pour Hegel, dans la nature le temps est le maintenant et on ne parvient pas à une distinction ‘consistante’ des dimensions que sont passé et avenir. « Au sens positif du temps on peut donc dire : seul le présent est, l’avant et l’après ne sont pas ; mais le présent concret est le résultat du passé et il est plein d’avenir. Le véritable présent est, par conséquent, l’éternité. »
On peut évaluer à quel point mon hypothèse est distincte de la conception hégélienne car mon maintenant est habité par la présence du sujet pensant et il est celui qui assure la distinction vraiment consistante entre passé et avenir. Cette distinction est garantie par τs > 0.
Le texte joint au dossier de ce cours a pour auteur J.M. Levy-Leblond. Ce document est constitué d’un coupé-collé réalisé à partir des pages 330-336 de son livre ‘La pierre de touche’ (1996). J’espère, évidemment, avoir respecté sa pensée à propos du temps. Nous en débattrons pendant le cours. Vous pouvez déjà remarquer que J.M L.L évoque (sans utiliser le mot) la nécessité d’une scansion « pour marquer le passage du temps au cours d’une transformation… » Le mot scansion provient du verbe scander : scandere, en rapport aux mouvements du pied qu’on levait et baissait pour marquer la mesure.
A la question de J.M L.L : « Mais cette constance ne peut être que supposée, et non démontrée a priori ; car comment l’établir, sinon par référence, déjà, à une mesure du temps ? », je propose une réponse et L. Smolin en propose une autre. Pour L. Smolin cette scansion primordiale est dans la nature, quant à moi, je considère que cette scansion primordiale habite et est constitutive de l’être de l’être humain.
Je dois ajouter qu’il est possible que la géométrie non-commutative retrouve naturellement cette notion de scansion comme base du temps si j’interprète correctement ce fragment du blog de Masoud Khalkhali (http://noncommutativegeometry.blogspot.com/) : « Le résultat fondamental de ma thèse (en 1972) est que la classe modulo les automorphismes internes du groupe automorphique de Tomita est en fait indépendante du choix de l’état qui est utilisé dans sa construction. Bien entendu c’est ce caractère exceptionnel qui permet de définir des invariants des facteurs. Le plus simple est le sous-groupe T(A)* de R qui est formé des périodes, c'est-à-dire la base du temps pour qui l’automorphisme correspondant est interne.
* Ces travaux résultent de ceux de Tomita qui ont conduit à montrer que les « espaces non-commutatifs génèrent leur propre temps » et de plus peuvent subir des opérations thermodynamiques telles que le refroidissement, la distillation, etc.
Quelques réflexions complémentaires s’appuyant sur les travaux d’Alain Connes et de Sudarshan et Al.
A propos des travaux d’Alain Connes.
Après avoir écouté attentivement l’interview d’Alain Connes sur Arte Sciences : http://www.arte.tv/fr/video puis sa conférence à univ-metz.fr/culture_sport/sam, je choisis de retenir les principales idées suivantes qu’il a exprimées.
A l’université de Metz le titre de sa conférence était très explicite : « Un espace non-commutatif engendre son propre temps »
- L’espace non commutatif tourne avec le temps et on peut lui faire subir des opérations thermodynamiques. Comme s’il y avait une thermodynamique des espaces non commutatifs.
- Je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il y avait un lien entre ce temps donné par la théorie et le temps ressenti de la physique.
- La raison par laquelle on sent le temps passer est d’origine thermodynamique et c’est une relique de la radiation à 2° 7 K.
- Ce fond diffus cosmologique brise l’invariance de Lorentz.
- Un état thermodynamique crée le temps : voir l’article de Carlo Rovelli de 1993 : « Statiscal mechanics of gravity and the thermodynamical origin of time » in Class. Quantum Grav. 10 (1993) 1549-1566.
Sur Arte :
Eléments de réponse à la question 17 :
- L’espace-temps est très légèrement non commutatif, en fait le point lui-même dans l’espace-temps n’est pas commutatif. Il a une toute petite structure interne qui est comme une petite clé.
Éléments de réponse à la question 18 :
- Le point a une dimension 0 au niveau de la métrique mais avec ma géométrie il a une structure interne et j’ai un espace de dimension 6, non commutatif.
Éléments de réponse à la question 21 :
- La longueur spectrale c’est exactement le passage de la géométrie commutative à la géométrie non commutative.
- La structure interne du point, dans l’espace-temps, a un lien important, très fort, avec la mesure des longueurs, et c’est ça qui donne l’unité des mesures des longueurs.
Éléments de réponse à la question 26 :
- Le temps est thermodynamique. Il y a un pont entre la linguistique et le temps tel qu’on le perçoit.
Éléments de réponse à la question 28 :
- Il y a certains types d’harmonies qui sont mathématiques.
- Dans la symétrie pure, il y a quelque chose de mort, de glacée.
- Une algèbre non commutative tourne avec le temps (d’après le théorème de Tomita) c’est le seul endroit des mathématiques où il y a un élément d’imperfection.
- Comme dans l’art japonais, les éléments d’imperfection font partie de la vie.
Au sein de cette richesse conceptuelle relevée (sans que je sois évidemment exhaustif) ce qui fait sens pour moi c’est l’affirmation : « L’espace-temps est très légèrement non commutatif, en fait le point lui-même dans l’espace-temps n’est pas commutatif. Il a une toute petite structure interne qui est comme une petite clé… »
Ce fameux point qui a une structure interne, je lui fais correspondre celui de la présence du sujet. Disons que A. Connes met en avant une structure quantitative (dimension 6), là où je mets en avant une structure qualitative (la présence du sujet), car structure il doit y avoir, il suffit de se référer à la citation 3 de la page 2 de ce cours pour s’en convaincre. Toute la difficulté provient au fait de pouvoir attribuer des valeurs quantitatives à des valeurs qui émergent sur un plan strictement qualitatif. Il n’en reste pas moins qu’à sein de « Cet intervalle : pulsation primordiale du temps, indivisible… » six activités, six fonctions, sont à l’œuvre : 1- création d’une dissymétrie irréversible du temps ; 2 – une entité physique prend corps ; 3 – une accessibilité au dire se forge ; 4 – à la mesure ; 5 – ainsi qu’au calcul ; 6 – ainsi une présence se rassemble, une acuité intellectuelle se saisit du monde.
Pour l’instant nous devons considérer que cette correspondance entre 6 fonctions et 6 dimensions est le produit du hasard et il serait vain d’y voir autre chose. La difficulté est entière car comment rendre légitime cette idée de connexion entre des structures qui progressivement se sont imposées par des voies et des raisonnements qui n’ont aucun point commun ? Il ne faut pas perdre de vue que A. Connes est un platonicien conséquent et pour lui, le temps, sa source, son origine, est donné. La temporalité est inscrite a priori dans la nature. Le problème de la temporalisation : ce qui fait qu’il y ait une temporalité, ne semble pas constituer une énigme pour A. Connes.
Analyse de l’effet Zenon quantique encore dénommé : effet chien de garde.
Pour une étude approfondie de cet effet, je renvoie au site de Sudarshan qui avec Misra, Chiu a découvert dans les années 1980 cet effet tant d’un point de vue théorique que d’un point de vue expérimental. Soit http://www.ph.utexas.edu/fogs/sudarshan_zeno.html. Il y a au moins trois expériences qui sont présentées et qui corroborent la validité de cet effet. C’est-à-dire qu’un phénomène ou un événement qui relève de la physique et qui a une durée de vie petite peut s’avérer bloquer dans son processus d’évolution ou de désintégration si la fréquence des observations devient trop grande. Ainsi une particule qui a une durée de vie petite de l’ordre de τ = 10-10s par exemple comme le K°, elle aura une probabilité de désintégration en constituant plus élémentaire qui diminuera si elle est suivie et observée en tant que K° avec une fréquence de plus en plus élevée au point que la durée moyenne d’observation devient de l’ordre de grandeur du τ, voire moins. L’expérience réalisée en 2001 concernant l’évolution temporelle de l’effet tunnel d’atomes de sodium piégés dans un champ magnéto-optique est très explicite. Il est intéressant de noter que quelques évaluations mettent en évidence la durée de 10-23seconde en tant que durée limite de perception des phénomènes. Sans chercher à extrapoler à la va-vite on retrouve la même durée que celle de la plongée dans le monde virtuel. Monde virtuel qui est toujours un sujet d’interprétations multiples. Est-ce un monde réel, inaccessible à l’observation ? Est-ce un monde artificiel inventé par les physiciens pour décrire d’une façon rationnelle le monde dit réel ?
10-23seconde est aussi un intervalle de temps limite avancé en ce qui concerne la désintégration des particules résonnantes produites par le canal de l’interaction forte. Ce nombre est déduit en appliquant le principe d’indétermination de Heisenberg : ΔExΔt ≥ hbarré
Plutôt que de considérer comme Sudarshan et ses collègues que l’effet Zenon est l’effet d’un blocage de processus qui lorsque les conditions sont normales se produisent spontanément suivant des lois clairement identifiées, on pourrait considérer qu’étant donné la durée des observations pendant des intervalles de temps si limites que nous sommes dans le voisinage de τs c’est-à-dire que nous sommes dans le voisinage d’une durée aveugle du sujet car c’est la durée ‘du rassemblement de sa présence’, c’est la durée ‘avant qu’une entité physique irréversible ne s’extirpe du chaos et prenne sens’. Ce ne sont pas les propriétés de la matière qui changent quand nous sommes au voisinage de 10-23seconde mais ce sont les déterminations du sujet humain qui se révèlent, ce sont les capacités intrinsèques de l’être humain qui se révèlent.
[1] Logicien, mathématicien et philosophe britannique (1861-1947). Un des fondateurs de la logique mathématique, il est l’auteur avec B. Russel des Principia mathematica (1910-1913). L’œuvre de Whitehead appartient à la tradition anglaise de la natural philosophy, mais elle est marquée par la relativité générale, par la première mécanique quantique, ainsi que par la réflexion biologique. Ecrits principaux : ‘Nature et vie’, ‘Procés et Réalité’, ‘The concept of Nature’. Dans ce dernier ouvrage Whitehead s’oppose à l’idée de bifurcation qui s’est installée entre la nature « apparaissante » et la nature conçue par la science. Selon lui, il n’y a pas de scission entre le monde vécu et le monde des conceptions théoriques.
[2] Inhérent : lié d’une manière intime et nécessaire à quelque chose. Ex : responsabilité inhérente à une fonction.
[3]« Cet intervalle est une pulsation primordiale du temps, indivisible, il est la mesure d’une durée minimale, avant qu’une entité physique irréversible s’extirpe du chaos et prenne sens, avant que ne se distingue une dissymétrie irréversible du temps, avant que ne s’ordonne une flèche du temps propre de l’entité physique qui se crée, avant qu’une rationalité accessible au dire, à la mesure, au calcul, de l’intelligence humaine, ne prenne corps. A l’intérieur de cet intervalle de temps, l’être humain ne peut pas saisir ce qui se produit, en fait, je pense que pendant cet intervalle de temps l’être humain n’est pas…, enfin, il faut plutôt dire, il n’est pas encore, car c’est aussi une durée du rassemblement de sa présence avant qu’il ne soit en capacité de dire, de mesurer et de calculer. Autrement dit, l’acuité intellectuelle de l’homme a besoin d’une durée primordiale de constitution, avant de s’exprimer… l’être humain réactualise en permanence son unité dans le monde, et c’est la condition de la mobilité de sa pensée. » in ‘En dix escales vers l’Ouest’, p 186-187, Ph. Maulion, éditeur Publisud, mars 2000.
[4] C. Romano, ‘L’événement et le temps’, p. 96. Editeur, puf
…or, aucun des temps pris en lui-même ne peut être dit véritablement « être » : le futur parce qu’il n’est pas encore, le passé parce qu’il n’est plus, le présent parce qu’il ne possède qu’une réalité sans cesse évanescente. Dans ces conditions, il faudra fonder l’être du temps sur un support plus stable et permanent et, en confiant son être à l’esprit, en le définissant comme quelque chose de l’esprit lui-même, assurer à sa fugacité toujours changeante un supplément de présence (version augustinienne). En d’autres termes, pour garantir au temps un être, il faudra le placer dans l’esprit défini par sa présence à soi inaliénable, et reconduire ainsi les trois temps à trois modes de cette présence : l’attente, l’attention, la mémoire. Mais pour qu’un tel raisonnement soit tenable, il faut en restituer deux prémisses implicites :
a) être équivaut à être présent ;
b) il est possible d’identifier « passé », « présent » et « futur » en tant que déterminations intra temporelles des choses, avec le Passé, le Présent et le Futur en tant que dimensionnels du temps, articulant sa structure phénoménologique, afin de conférer à ceux-ci les caractères de ceux-là (« passer », « s’écouler » : transire).
[* ]*Ici, le mot historicité signifie la constitution foncière de l’esprit humain qui, à la différence d’un intellect infini, ne voit pas d’un seul regard tout ce qui est mais prend conscience de sa propre situation historique.
[**]Chose qui existe, agit à l’intérieur d’un être et ne résulte pas d’une action extérieure.
[***] Temporel : avoir lieu dans le temps ; Temporal : être caractérisé par le temps.
[5] Hegel, La Raison dans l’histoire. Introduction à la philosophie de l’histoire du monde.
- Et, pour finir, mêlant l'art et la science:
Il n'y a rien d'autre que le lâcher-prise qui trouve grâce à mes yeux. Je ne peux que rester humble devant l'immensité de l'univers quand je le regarde en face et que je le met en balance avec les vanités humaines...
Invité- Invité
Re: Sérendipité
Les connaissance mais aussi les perceptions individuelles ...
Le visible, le perceptible, l'audible pour l'un ne l'est pas pour les autres.
Simple question de sensibilité des récepteurs.
Mais comment faire quand cette perceptibilité n'est accessible qu'à un faible nombre pour le faire accepter ?
Le visible, le perceptible, l'audible pour l'un ne l'est pas pour les autres.
Simple question de sensibilité des récepteurs.
Mais comment faire quand cette perceptibilité n'est accessible qu'à un faible nombre pour le faire accepter ?
Re: Sérendipité
Au fait les z'amis, je comprends bien l'objectif de vos spoilers, mais en fait c'est inutile car mal codé au final dans le code source de la page web :
Sans compter que si ça fonctionnait vraiment, ça prendrait un peu en otage toutes les pages du forum où vous écrivez... (le META s'appliquerait à toute la page, pas seulement à vos posts...)
My two cents et
- Code:
<META NAME="GOOGLEBOT" CONTENT="NOINDEX, NOFOLLOW">
Sans compter que si ça fonctionnait vraiment, ça prendrait un peu en otage toutes les pages du forum où vous écrivez... (le META s'appliquerait à toute la page, pas seulement à vos posts...)
My two cents et
♡Maïa- Messages : 1734
Date d'inscription : 06/03/2012
Re: Sérendipité
Merci Mog*why. Je viens pas là-même de me rendre compte que la coche " Toujours autoriser le HTML :" dans le profil ne sert strictement à rien !
Invité- Invité
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