Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
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Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Il est beau ton art devin, Renarde magique !
Si doux avec son petit museau au vent...
Si doux avec son petit museau au vent...
... m'en vais méditer avec lui sous la couette
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
J'en Appelle. Le grand Jacques:
J'en appelle aux maisons
Écrasées de lumière
J'en appelle aux amours
Que chantent les rivières
A l'éclatement bleu
Des matins de printemps
A la force jolie des filles
Qui ont vingt ans
A la fraicheur certaine
D'un vieux puit de désert
A l'étoile qu'attend
Le vieil homme qui se perd
Pour que monte de nous
Et plus fort qu'un désir
Le désir incroyable
De se vouloir construire
En se désirant faible
Et plutôt qu'orgueilleux
En se désirant lâche
Plutôt que monstrueux
J'en appelle à ton rire
Que tu croques au soleil
J'en appelle à ton cri
À nul autre pareil
Au silence joyeux
Qui parle doucement
A ces mots que l'on dit
Rien qu'en se regardant
A la pesante main
De notre amour sincère
A nos vingt ans trouvés
À tout ce qu'ils espèrent
Pour que monte de nous
Et plus fort qu'un désir
Le désir incroyable
De se vouloir construire
En préférant plutôt
Que la gloire inutile
Et le bonheur profond
Et puis la joie tranquille
J'en appelle aux maisons
Écrasées de lumière
J'en appelle à ton cri
À nul autre pareil
J'en appelle aux maisons
Écrasées de lumière
J'en appelle aux amours
Que chantent les rivières
A l'éclatement bleu
Des matins de printemps
A la force jolie des filles
Qui ont vingt ans
A la fraicheur certaine
D'un vieux puit de désert
A l'étoile qu'attend
Le vieil homme qui se perd
Pour que monte de nous
Et plus fort qu'un désir
Le désir incroyable
De se vouloir construire
En se désirant faible
Et plutôt qu'orgueilleux
En se désirant lâche
Plutôt que monstrueux
J'en appelle à ton rire
Que tu croques au soleil
J'en appelle à ton cri
À nul autre pareil
Au silence joyeux
Qui parle doucement
A ces mots que l'on dit
Rien qu'en se regardant
A la pesante main
De notre amour sincère
A nos vingt ans trouvés
À tout ce qu'ils espèrent
Pour que monte de nous
Et plus fort qu'un désir
Le désir incroyable
De se vouloir construire
En préférant plutôt
Que la gloire inutile
Et le bonheur profond
Et puis la joie tranquille
J'en appelle aux maisons
Écrasées de lumière
J'en appelle à ton cri
À nul autre pareil
Invité- Invité
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Merci les copines
Sympa de trouver tant de jolis messages.
Je partage quelques images de rêve, d'un moment hors du temps, d'une resynchronisation essentielle ...
Sympa de trouver tant de jolis messages.
Je partage quelques images de rêve, d'un moment hors du temps, d'une resynchronisation essentielle ...
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Dernière édition par ~~~~ le Lun 5 Oct 2015 - 20:49, édité 1 fois
Bliss- Messages : 12125
Date d'inscription : 11/11/2010
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Oui ma belle, un bien fou de se poser, de prendre le soleil, entendre la mer, partager avec de belles âmes.
Nous nous y retrouverons ... bientôt
Nous nous y retrouverons ... bientôt
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Dernière édition par ~~~~ le Lun 5 Oct 2015 - 20:50, édité 1 fois
Bliss- Messages : 12125
Date d'inscription : 11/11/2010
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Reconnexion avec notre enfant intérieur ... synchronisation ...
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Renarde20 a écrit:Oui ma belle, un bien fou de se poser, de prendre le soleil, entendre la mer, partager avec de belles âmes.
Nous nous y retrouverons ... bientôt
Hum, hum, j'y compte follement bien !
(@Bliss : j'attends que tu descendes pour vous emmener à la plus sauvage des plages, mais écrivons plus bas, il se pourrait qu'on nous entende...)
Invité- Invité
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Dernière édition par Renarde20 le Lun 9 Déc 2013 - 20:02, édité 1 fois
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Plage plage j ai bien entendu ....
Invité- Invité
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Hum, Hum
Premier bain de la nouvelle année ?
Pas chiche !
Premier bain de la nouvelle année ?
Pas chiche !
Invité- Invité
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Pas chiche sauf dans la mer des Antilles
Invité- Invité
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Tout dépend de la quantité de rhum, avant et après
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Dernière édition par ~~~~ le Lun 5 Oct 2015 - 20:50, édité 1 fois
Bliss- Messages : 12125
Date d'inscription : 11/11/2010
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Oh, que ça fait du bien de voir tout ça...
Tiens un tit cadeau de ma part...
C'était le 24/12/2012
Tiens un tit cadeau de ma part...
C'était le 24/12/2012
Invité- Invité
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Sans a écrit:Et pendant ...
En plongeant avec les bouteilles
Je vais devoir m'entraîner à la piscine !
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Renarde20 a écrit:Je vais devoir m'entraîner à la piscine !
En eau salée, y'en a qui ont tenté, vise un peu l'ambition !
Invité- Invité
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Heu...Mes oreilles disent non...
Mais je t'attendrai sur le ponton avec un bon livre
http://www.coop-breizh.fr/lire-3/livres-3/humour-21/un-vieux-rhum-et-la-mer-2060/zoom-fr.htm
Mais je t'attendrai sur le ponton avec un bon livre
http://www.coop-breizh.fr/lire-3/livres-3/humour-21/un-vieux-rhum-et-la-mer-2060/zoom-fr.htm
Invité- Invité
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Pouet, un bisou en passant. Merci pour les petits mots que tu laisses parfois sur mon fil. Ça me fait toujours chaud au cœur ! :3
Saphodane- Messages : 3002
Date d'inscription : 24/01/2012
Age : 39
Localisation : Metz
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Merci et le meilleur pour cette nouvelle vie en Toi qui grandit
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
On Ne Dit Jamais Assez Aux Gens Qu'on Aime Qu'on Les Aime
Ces parents, ces amis, ces fans, qu'on affectionne
Avec lesquels on dort, on dine, on parle au téléphone
Souvent quand nos regards se croisent, y a comme une chaleur
Mais de là à en faire des phrases, trop de pudeur
Trop de pudeur.
On ne dit jamais assez, aux gens qu'on aime
Par peur de les gêner, qu'on les aime
On leur dit jamais assez, que sans eux sans elles,
On serait même pas la moitié de nous même
Avant de nous dire au revoir, marcher à l'ombre
Avant que sur notre histoire, le rideau tombe
J'veux déclarer à tout ce petit monde, qui m'entoure
La vie, la vie serait d'un sombre, sans vous autour
Vous tous autour.
On ne dit jamais assez, aux gens qu'on aime
Par peur de les gêner, qu'on les aime
On leur dit jamais assez, que sans eux sans elles,
On serait même pas la moitié de nous même.
Qu'y a t-il de plus important ?
La raison ou les sentiments ?
On ne dit jamais assez, aux gens qu'on aime,
On leur dit jamais assez, qu'on les aime
Je vous aime.
Ces parents, ces amis, ces fans, qu'on affectionne
Avec lesquels on dort, on dine, on parle au téléphone
Souvent quand nos regards se croisent, y a comme une chaleur
Mais de là à en faire des phrases, trop de pudeur
Trop de pudeur.
On ne dit jamais assez, aux gens qu'on aime
Par peur de les gêner, qu'on les aime
On leur dit jamais assez, que sans eux sans elles,
On serait même pas la moitié de nous même
Avant de nous dire au revoir, marcher à l'ombre
Avant que sur notre histoire, le rideau tombe
J'veux déclarer à tout ce petit monde, qui m'entoure
La vie, la vie serait d'un sombre, sans vous autour
Vous tous autour.
On ne dit jamais assez, aux gens qu'on aime
Par peur de les gêner, qu'on les aime
On leur dit jamais assez, que sans eux sans elles,
On serait même pas la moitié de nous même.
Qu'y a t-il de plus important ?
La raison ou les sentiments ?
On ne dit jamais assez, aux gens qu'on aime,
On leur dit jamais assez, qu'on les aime
Je vous aime.
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
ecto gammat a écrit:Notre besoin de consolation est impossible à rassasier. Stig Dagerman (1952)
Personne n’a le droit d’exiger de la mer qu’elle porte tous les bateaux, ou du vent qu’il gonfle perpétuellement toutes les voiles.
De même, personne n’a le droit d’exiger de moi que ma vie consiste à être prisonnier de certaines fonctions.
Pour moi, ce n’est pas le devoir avant tout mais : la vie avant tout.
Tout comme les autres hommes, je dois avoir droit à des moments où je puisse faire un pas de côté et sentir que je ne suis pas seulement une partie de cette masse que l’on appelle la population du globe, mais aussi une unité autonome.
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Stig Dagerman dixit:
"Personne ne peut énumérer tous les cas où la consolation est une nécessité. Personne ne sait quand tombera le crépuscule et la vie n’est pas un problème qui puisse être résolu en divisant la lumière par l’obscurité et les jours par les nuits, c’est un voyage imprévisible entre des lieux qui n’existent pas. Je peux, par exemple, marcher sur le rivage et ressentir tout à coup le défi effroyable que l’éternité lance à mon existence dans le mouvement perpétuel de la mer et dans la fuite perpétuelle du vent. Que devient alors le temps, si ce n’est une consolation pour le fait que rien de ce qui est humain ne dure – et quelle misérable consolation, qui n’enrichit que les Suisses!"
"Personne ne peut énumérer tous les cas où la consolation est une nécessité. Personne ne sait quand tombera le crépuscule et la vie n’est pas un problème qui puisse être résolu en divisant la lumière par l’obscurité et les jours par les nuits, c’est un voyage imprévisible entre des lieux qui n’existent pas. Je peux, par exemple, marcher sur le rivage et ressentir tout à coup le défi effroyable que l’éternité lance à mon existence dans le mouvement perpétuel de la mer et dans la fuite perpétuelle du vent. Que devient alors le temps, si ce n’est une consolation pour le fait que rien de ce qui est humain ne dure – et quelle misérable consolation, qui n’enrichit que les Suisses!"
Invité- Invité
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Pieyre a écrit:Avant-propos du Voyage au bout de la nuit, de Céline
Voyager, c'est bien utile, ça fait travailler l'imagination.
Tout le reste n'est que déceptions et fatigues. Notre voyage à nous est entièrement imaginaire. Voilà sa force.
Il va de la vie à la mort. Hommes, bêtes, villes et choses, tout est imaginé. C'est un roman, rien qu'une histoire fictive. Littré le dit, qui ne se trompe jamais.
Et puis d'abord tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux.
C'est de l'autre côté de la vie.
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
"J’ai toujours aimé le désert.
On s’assoit sur une dune de sable.
On n’entend rien.
Et cependant, quelque chose rayonne en silence …"
Antoine de St Exupéry
On s’assoit sur une dune de sable.
On n’entend rien.
Et cependant, quelque chose rayonne en silence …"
Antoine de St Exupéry
Re: Quelque part ... de l'autre côté de nulle part (livre V)
Le bateau ivre
Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.
Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.
La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots !
Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sûres,
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.
Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;
Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rhythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour !
Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir !
J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !
J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !
J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l'assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !
J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux !
J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d'eaux au milieu des bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !
Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !
J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants.
Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux...
Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !
Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ;
Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur ;
Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;
Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens parapets !
J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
- Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles,
Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ?
Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !
Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.
Arthur RIMBAUD
Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.
Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.
La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots !
Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sûres,
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.
Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;
Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rhythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour !
Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir !
J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !
J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !
J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l'assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !
J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux !
J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d'eaux au milieu des bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !
Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !
J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants.
Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux...
Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !
Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ;
Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur ;
Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;
Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens parapets !
J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
- Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles,
Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ?
Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !
Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.
Arthur RIMBAUD
Invité- Invité
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