Vivre ou penser

Discussion très dense (et très animée…).
J’écoutais hier Grand Jacques qui disait, quoique dans un tout autre contexte :

A savoir comment

Oublier ces heures,
Qui tuaient parfois
A coup de pourquoi
Le cœur du bonheur.

Une pensée trop dense peut-elle tuer le bonheur ? Le bonheur peut-il résider dans l’action dénuée d’esprit ?
Au risque de sombrer dans l'utopie, je pense qu’il faut savoir faire la part des choses, trouver les justes proportions : une action structurée par la pensée, une pensée ordonnée, constructive et vouée à l’action, ce sont certainement certaines clés de cet imprenable bonheur.

Certes, entre la parole et l’action, la route est bien longue. Pour ma part, maîtriser ma pensée et à l'empêcher de me dévorer, c’est mon Everest, ma baleine bleue. Et l’espoir d’y arriver un jour me permet entretemps… de vivre.

Plume d'eau rayée a écrit:
Seulement il reste toujours la question des gens qui "se fuient" dans l'action, ou qui soumettent leur estime de soi au révélateur de l'action, de l'hyperaction même : "pour me regarder en face, j'ai besoin de faire, faire encore et toujours". Dans ce cas, l'action devient l'eau dans une estime de soi-tonneau des Danaïdes.
En fait, ta comparaison avec la table de poker ne prend pas en compte la possibilité d'une estime de soi instable.

Qu'y a t-i-il de plus instable que la quantité de jetons d'une partie sur l'autre? je pense au contraire que la comparaison est en plein dedans.

Ta question m'a fait réfléchir, et je crois qu'on voit un paradoxe là où en fait il n'y a qu'un seule et même principe.

L'hyperaction pour remonter son estime de soi, c'est comme la fuite de l'action pour ne pas attaquer l'estime de soi.

Le pivot étant l'échec.

Je fuis l'action qui peut me mener à un échec pour préserver mon estime de moi.
Je multiplie les actions où je suis sûr de réussir (donc de déjouer l'échec) pour augmenter l'estime de moi.

Je me noie dans ce que je sais faire, dans ce que je fais bien, où dans ce que je sais que je peux réussir parce que j'ai l'illusion que ça augmente mon estime de moi, et je fuis les situations à risque parce que j'ai l'illusion que ça peut nuire à mon estime de moi.

En réalité, on confond savoir être et savoir faire. En aucun cas mon savoir faire ne peut influer sur mon savoir être (mais le contraire est possible, lui)

Ce n'est pas parce que je travaille bien que je suis quelqu'un de bien.

Mais on fait la confusion, d'où le tonneau des danaïdes dont tu parles.

En réalité, le savoir être ne peut se régler que dans la sphère de l'être (pas de l'avoir, ou du faire. certains ont besoin de posséder des choses de valeurs pour se sentir de la valeur, comme certains ont besoin de fabriquer, produire des choses de valeur pour se sentir de la valeur. Or, la valeur d'une personne est intrinsèque et ne dépend ni de l'avoir, ni du faire, mais de l'être)

le débat sur le topic suivant me semble une bonne continuité de tout cela, et la conclusion de Noumi me semble parfaite :

http://zebrascrossing.forumactif.org/vie-de-zebre-anecdotes-ressentis-f7/estime-de-soi-inexistant-t1064.htm?highlight=estime

Je ne fais presque que penser et je n'agis pas assez. J'admire ceux qui pensent moins et agissent plus... ils "vivent"... même si c'est de façon excrémentielle.

Je plussoie hirondelle.

En lisant les différents posts je me suis rendue compte que la question véritable est plus un : "Agir ou penser"?
Ringodes : vivre c'est ce que tu en fais et non ce que les autres disent que c'est, on ne vit que pour soi.

Je suis une cogiteuse (comment ça cela en étonne !!! lol), je cogite beaucoup, dans ma voiture, au toilette (Doc a raison c'est le lieu idéal pour trouver comment voyager dans le temps), quand je marche, quand j'écoute, quand je lis, quand je pense (si promis, je pense quand je pense, il m'arrive même de penser que je suis en train de penser que je suis en train de penser....), quand je parle (là où le problème se pose c'est quand je parle plus vite que je ne pense, promis j'y arrive, c'est tout bizarre).....
Bien que je sois une cogiteuse, je me considère en train de vivre et d'agir. Venir à la rencontre d'aujourd'hui c'est vivre, ainsi que : avoir des amis autour de moi, sortir de chez moi tous les jours, regarder des séries pendant 4 jours et ne pas sortir de chez moi... tout ce que je fais entre deux pensées ou en pensant c'est vivre.
Hiberner chez soi, faire l'asociale, faire du saut à l'élastique, passer son temps à bouger tout le temps, voir du monde, parler à toutes les personnes que l'on croise, se poser des heures chez soi dans son lit ou autre part pour ne faire que cogiter, tout cela c'est vivre, mais pas forcément pour les mêmes personnes ou pour les mêmes personnes.
Certaines personnes vont avoir besoin de bouger pour aller mieux et d'autres de penser pour aller mieux et enfin pouvoir bouger.
Le mot d'ordre important est : nous sommes tous différents, zèbre ou pas. La réponse dépend donc de ton caractère et de tes envies.

Si pour l'instant ta vie c'est de cogiter c'est que tu en as besoin. Aller contre n’est peut être pas une solution pour le moment.
J'ai vécu ainsi pendant 10 ans (j'adore faire ma vieille plein d'expérience du haut de mes 30 ans!!! là je suis ironique, je me trouve insupportable et j'ai horreur qu'on me fasse ce coup-là). Pendant 10 ans, ma vie s'est effectuée dans ma tête. J'en ai eu besoin à ce moment là. J'étais dans un monde, dans un univers que je n'arrivais pas à appréhender et la vie dans ma pensée m'a protégée du mal que le monde dehors aurait pu me faire.
Cela m'a aussi permis de faire le tour de beaucoup de chose. Ensuite je fais une thérapie depuis 2 ans et demi qui m'apprend non pas à ne plus penser, mais à modifier ma manière de penser.
Car le problème n'est pas le "trop" penser, mais le qualitatif. Si ta pensée c'est de boucler et de ne pas avancer dans ton cheminement de penser et de tourner en rond, alors oui il y a un souci. Mais ce souci n'est pas que tu ne vis pas, juste que tu n'es, dans ce cas là, pas dans la possibilité d'atteindre un sentiment de plénitude et de bonheur (je me permets, en disant cela, le droit de me tromper, mais si quelqu'un est capable de me dire qu'il est en état de bonheur quand il boucle je suis curieuse d'en connaitre son secret). En fait ce qu'il faut arriver à faire pour ne plus sentir que penser est une sorte de poids et que cela empêche de vivre, c'est de réussir à avoir ce qu'on appelle une pensée stable. Une pensée stable c'est une pensée qui ne te met pas dans un sentiment de non satisfaction d'un besoin (colère, énervement, mal être, jalousie, envie.....). C'est une pensée que tu ressens comme apaisante.

Dieu qu'elle est complexe ta question. En me relisant je me trouve relativement clair dans ce que je souhaite exprimer. J’espère que c’est vraiment le cas. Mais cette notion recoupe tellement de notion, que je crains n’avoir été brouillon.

(Désolée Ringodes ce n'était pas à ton poste que j'avais répondu ce matin, mais j'avais en idée de le faire, donc voilà c'est fait).

PauluZ, mon père agit pour ne pas penser et j'en suis malheureuse pour lui car je pense que d'avoir réussi à lier les deux m'a rendu plus heureuse qu'il ne l'a jamais été et je pense beaucoup et encore plus que cela, car j'adore penser!!! Mais je comprends cette admiration, cela a tout de même l'air plus facile pour eux, mais quand je me dis qu'ils ne vivront jamais un bonheur comme moi je suis capable de le vivre, je me dis que leur place n'est peut être pas si enviable que cela.

coeur sensible a écrit:atomes et particules
assemblage ridicule
d'ombre et de lumière
de vide et de matière.

amoncellement biscornu
architecture ingénue
formes arrondies
aux diverses superficies.

modèles hétéroclytes
différences anarchiques
moulages imparfaits
d'un prototype particulier .

idée interessante
à défaut d'être charmante
l’homme est né de la terre
mais croit détenir l’univers.


pompeux et vaniteux
il se croit merveilleux
créditeur de la vie
Il en provoque la pénurie.

chacun voit dans son unicité
le modèle de la normalité
et de sa peur de l'imprévu
tire le rejet de l'inconnu.

Dans ce monde insensé
Le zèbre, aussitôt né,
est aveuglé, handicapé,
il se sent étranger.

Théoricien obsessionnel,
Il entretient des doutes existentiels,
Sans comprendre l’origine
De ce mal être intime.


Caméléon, aux multiples couleurs,
Il n’en saisit pas la teneur,
et se camouffle pour survivre et s’adapter,
quitte à trahir sa propre identité.
il proscrit à lui-même son originalité
pour épouser des codes aliénés

Quel beau poème !

Comment alléger mes pensées pour qu'elles soient moins compliquées ?

Pensée quand tu es là je m'attends au pire parfois,
tu parcoures des chemins sans me dire où tu vas,
pourquoi me torture tu comme ça ?
Je n'ai pas choisi d'être avec toi,
alors s'il te plaît va t'en loin de moi

Invité a écrit:"Trop penser empêche t-il de vivre? "
"Vivre c'est peut etre apprendre à lacher prise"

ce sujet m'interpelle parce que  je me surprends parfois à me "culpabiliser" de passer du temps a penser , réfléchir (en lisant en particulier) , une petite voix intérieure me disant : mais bon sang , sors , la vraie vie , c'est dehors , c'est le contact avec la nature , avec  les autres êtres humains ....

alors la question que je me suis posée , c'est : qui peut définir ce qu'est la vraie vie pour moi ? si ce n'est moi et ce que j'ai envie de faire de ma vie au temps présent ...d'où vient cette petite voix qui veut me "forcer" a "sortir" de ce qui me plait ? pourquoi penser serait il de la "non vie "?

les mots que je trouve importants dans ces phrases citées ci dessus sont trop (trop penser) et vivre et leurs définitions respectives ....

je ne peux parler que de moi ( je ne sais pas qui se passe exactement chez les autres) et je dirais que

- j'aime penser .
je ne suis pas adepte du bouddhisme mais j'aime leur description du monde avec ce qu'ils appellent les agrégats des perceptions et des sensations qui comprend les perceptions/ sensations éprouvées dans les contacts des organes physiques  (les 5 sens  de l'occident:  la vision , l'odorat , l'audition , le goût , le toucher )  et de l'organe mental (pensées ou idées) avec le monde extérieur  , sachant que l'organe mental dans leur philosophie n'est pas l'esprit par opposition a la matière mais la faculté mentale au même titre que l'oeil est l'organe de la vision .
et j'aime "jouir" des sensations de cet organe là autant que de celles que j'éprouve grâce a mes yeux devant un magnifique soleil couchant ...

ce qui m'est douloureux c'est quand l'organe en question "déraille" , et je dirais alors que dans ce cas la ce n'est pas que je pense trop mais que je pense mal (par exemple avec des pensées bloquées sur des faits dérangeants pour moi et des pensées angoissantes qui restent en boucle dans mon esprit , ce qui est totalement inutile et pas jouissif du tout ..)

- mais j'aime aussi jouir de mes autres sens , simplement il y a un temps pour chaque chose ....

"vivre" , pour moi , c'est  utiliser ces  six "facultés"  en choisissant moi même les proportions pour vivre plus ou moins celles qui m'apportent du bien être (y compris le bien être d'apporter du bien être a d'autres).
je connais des gens qui vivent en faisant plein d'activités physiques , associatives , créatives , et qui sont heureux comme ça , et d'autres qui vivent en se servant essentiellement de leur organe mental et qui sont heureux comme ça ....vive la diversité ....

ma conclusion d'aujourd'hui est que ce qui compte , c'est de se sentir bien dans  la "forme" de vie qu'on choisit et de réussir a percevoir ce qu'on a envie de vivre au temps présent .

Comment réussir à percevoir ce qu'on a envie de vivre au temps présent  ?

Comment être dans le présent quand la pensée nous emmène dans le futur et le passé ?

Prêt de 3 ans et demi après, je me relis par hasard.
Merci à offset d'avoir réagit à ce post, c'est la notification d'un changement qui m'a fait revenir ici.

Je parle juste pour me lancer des fleurs. Mois qui ait toujours eu une problème avec moi-même, je viens de tomber amoureuse de moi. Non, non, promis pas de narcissisme dans l'air, mais je viens de m'apaiser toute seule.
J'ai tellement vécu depuis cet écrit, j'ai peut être même remis en cause tout cela, ou pas. Mais j'ai raison, le dernier post que j'ai écrit, avant celui là, j'ai raison, la vie c'est tout.

Désolée, mais sérieusement tomber amoureux de soi, c'est assez bizarre pour que je le partage.

Merci à vous de m'avoir permis d'arriver à un moment aussi étrange.

Noumi a écrit:Prêt de 3 ans et demi après, je me relis par hasard.
Merci à offset d'avoir réagit à ce post, c'est la notification d'un changement qui m'a fait revenir ici.

Je parle juste pour me lancer des fleurs. Mois qui ait toujours eu une problème avec moi-même, je viens de tomber amoureuse de moi. Non, non, promis pas de narcissisme dans l'air, mais je viens de m'apaiser toute seule.
J'ai tellement vécu depuis cet écrit, j'ai peut être même remis en cause tout cela, ou pas. Mais j'ai raison, le dernier post que j'ai écrit, avant celui là, j'ai raison, la vie c'est tout.

Désolée, mais sérieusement tomber amoureux de soi, c'est assez bizarre pour que je le partage.

Merci à vous de m'avoir permis d'arriver à un moment aussi étrange.

Contente de te savoir dans le bonheur, ton post m'a donné l'idée de cette vidéo,

c'est un clin d'oeil d'humour