46 winters Yangue star planete Mars

Comme tu me disais l'autre jour là justice n'existe pas.
Pour le sous tif, évoqué plus haut,si la plupart des femmes n'en portait pas,la poitrine serait moins sexualisee comme dans d'autres cultures de l emisphere sud.
Le seul intérêt c'est pour soulager le dos des femmes au poitrines lourdes, mais les autres?
(Question naïve)

Ciné,suivi de nuit au creux d'une calanque je signe.

ben je dois avouer que quand on saute, court, danse toute la journée, ben ça évite de se faire mal.Même quand ils sont pitits.
Pendant longtemps, j'ai envié les fortes poitrines. Je trouvais ça beau, des seins généreux. J'adore me coller contre une poitrine. C'est chaud et doux.
Passé 40 ans, je me dis qu'en fait j'ai eu de la chance.
C'est pas pour moi encore le crayon.

Nan, le creux de calanque la nuit, c'est visage tuméfié par les moustiques à l'aube.Pis bonjour le mal de dos avec l'humidité!

Sâdhanâ a écrit:Nan, le creux de calanque la nuit, c'est visage tuméfié par les moustiques à l'aube.Pis bonjour le mal de dos avec l'humidité!

D'accord,j'idealise trop le truc,visage tuméfié je serais hors-concours éléphant Man attitude vu comme je les attire les stikmou

mais oui, bien sur, l'aube sur la mer, c'est top kif...
on fera du campinge de sioux sur les falaises.Et on descendra en mangeant de la pastèque.Pis on se jettera dans les vagues. On fera les dauphins.
pis on fera des sculptures dans le sable.On dormira au soleil, et on lechera le sel sur nos épaules.pis t'iras surfer. tu passeras dans mon champ de vision quand je ferai médit', Une avec les éléments.Avec des goélands qui planent. Et ce sera bien.
putain, vivement l'été...
Après on écoutera des conf de Jankelevitch ac les écouteurs.

ac le thermos de thé. Ah oui, ça m'avait manqué en haut du mont Sinai.

Jouissif d'avoir ces images en tête.

m'étais endormie quelques minutes, me suis réveillée en sursaut tout au bord, petit flip, quand les Japonais faisaient office, ac prêtre en aube, et que toute l'humanité juive et chrétienne priait.
Quand on est redescendus, mon futur amoureux finnois de l'époque avec qui j'avais partagé ma couverture, voulait m'épouser, on aurait fait ça en forêt selon des rites shamaniques du nord,dans la steppe estivale fleurie. Il me déroulait tout comme ça, dans le bus qu'on avait rattrapé par une course en bagnole digne d'un nanard, dans le désert de Sharm El Sheikh pour rentrer au Caire.Il s'envolait pour le Japon. Et est venu se poser chez moi.
Bon, ça a pas tenu. Marseille Helsinki c'était pas gagné, vittu.
Quand on s'est séparés, il est parti sur le Rainbow Warrior pendant quelques six mois.
Pis il a commencé à organiser des concerts de Death, je crois. Pis j'ai perdu sa trace. Il avait des yeux bleu marine en amande sur une grande carcasse de viking.Mais il souriait rarement. Le froid culturel sans doute.

J'ai adoré le finnois. Belle langue très rythmée.

souvenirs musicaux de lui.

Ça manque de groove pour moi,et ça titille trop mon hyperacousie,je respecte par contre.
J'aime bien l'histoire improbable mais passionnée que tu racontes de cette relation,tu devrais écrire un livre, même sans en rajouter,même sans romancer les tableaux de ta vie qui se superposent au gré du temps,tu trouverais des lecteurs passionnés.

oh pardon, je ne voulais agresser personne. J'espère que c'est fugace....

les tableaux de ma vie.Je vois surtout qu'ils s'enchainent moins depuis que je me suis stabilisée.Confort et moins de liberté.Chien et loup.
Un enfant au milieu surtout.
Semelles de vent au fond du placard soupirent souvent appel d'asphalte dont je ne connais la langue.
C'est pour ça que le stop seule, je kiffe à mort aussi.

et ça, ça te caresse plus les tympans?
bonne journée!

et nan la clop le matin, c'est pas une bonne idée quand on a bien dormi.
mais moi j'ai oublié de couper la ouifi, du coup j'ai flotté longtemps.
Nicotine et ventre nerveux, c'est le cocktail bang des draps froissés par un seul corps.


pleins et déliés de ta bouche quand tu....
des rires de dingues,et  des douches partagées insouciantes


avec un joli dandy bien sexy en tartine, pour m'en mettre partout avant d'être en retard au boulot....

C'était en 98 ou 99.
J'étais encore fraîchement débarquée de ma néocampagne provençale, désillusion communautaire quand je pensais trouver des Illuminés dans les collines, et n'avais trouvé que des babas, même pas des hippies, la moitié du cerveau rongé d'acides.

Marseille. Pas de boulot, une ex colocataire morte depuis peu  d'une rechute cancéreuse après avoir contré le mal par la méthode du Dr Hammer, des années auparavant.
Elle avait du, dans un protocole, apporter elle même son dossier à l'oncologue parisien qui ne lui accorda pas plus de 10 mn, après qu'elle eut traversé la France, la mort sous le bras.
Il lui rend son dossier sans un mot, elle reprend le train dans l'autre sens, qui n'en a pas plus.
Alors elle l'ouvre, évidemment. Condamnée. Aucun espoir. C'est écrit noir sur blanc. Au retour, elle laisse tomber ses métastases,la chimio, la radio toute la merde dont elle a été tatouée.
Et commence une thérapie parallèle. En 3 mois, toutes les tumeurs ont disparu.
Son foie est de nouveau attaqué quelques années plus tard, lors de notre emménagement ensemble à Forcalquier, sur la place St Michel.Là où on brûlait les sorcières. Là où la fontaine, flèche gothique cache un curieux 69 aussi.
Sa mère la récupère, je la verrai un peu là bas, près d'Aix, quand je prends asile pour chercher un appart sans un sou sur Phocée.
Sa mère me déteste, ça se lit dans tout son corps. Je crois qu'elle me chasse symboliquement pour la dissolution de la vie de sa fille, pour sa rechute, pour l'abandon de son mari, des années plus tôt, parti vivre avec une autre en Amérique du Sud, refaire une famille, pour le  fait d'avoir partagé le quotidien de sa fille, quand elle aurait voulu être à ma place. Elle me hait et le tait.
A Marseille, je suis alors hébergée par un ami de mon oncle qui m'aurait bien goûté la culotte. Chu deg. Je pensais porter le Tshirt de la fille qu'on touche pas, passke c'est la nièce à J.son grand pote de beuverie festive et de flux magnum d'absurdités.
Pis dans une cabine téléphonique, je rencontre un gars.Nos regards se croisent une seconde. Trop tard.
Créateur de bijoux occasionnel chez Delacroix. Ex garagiste.Nez percé.
complètement con: je trouve ça hyper sexy chez un homme.
Qui me promet la bague de mes rêves: une repro miniature d'un sarcophage mérovingien.
Complètement con encore: je le crois.
Ce gars, c'est de la testostérone en barre. Quand il approche de ma porte, je tremble. Il m'envoie en orbite.
Et sera à l'origine de bien des emmerdes trop longtemps, pas très intéressantes.

Marseille, c'est pas un appart que j'ai mais je m'en fous.
alors qu'on est sept à le visiter, que je suis même pas inscrite au RMI, je sais que cet espace mal foutu, avec des toilettes dans un placard, la douche devant l'évier de la cuisine,le voisin du dessous junk, je sais que c'est moi qui vais l'avoir. Bingo.
Je ne connais vaguement à Marseille, que la soeur d'une amie, chez qui je vais souvent traîner. Elle peint des tentures de couleurs fluo gaulées dans le magasin art et création où elle travaille, pour des soirées techno.
Me lit les tarots. Mes deux cartes de prédilection pendant toutes ces années de RMI phocéen, sont le Pendu et l'Hermite.Entravée, cherchant lumière, seule.
Je suis à fond sur ce gars qui m'échappe, mais qui ne cesse de me tanner pour m'emmener en partouze.Ben non, j'irai pas.
Parallèlement, mon ex, batteur de rock reconverti au groupe gitan, refait surface. Trop tard aussi.
Mes larmes ont eu 2 ans pour sécher quand je me suis faite plaquer. Les siennes vont couler longtemps quand il prend conscience que je ne suis pas rattrapable, que rien ne l'est.
Et je prépare le concours d'instit. Seule dans mon coin, j'enchaîne les débâcles, les jours de désespoir, les nuits d'incertitudes.
J'assiste au black une anglaise qui donne des cours à des petits, je prépare difficilement mon 3000 pour l'épreuve de sport.
Une après midi, comptant laborieusement mes tours le genou haut comme un éléphant de mer, une foulée de poney gériatré, je lâche, m'assieds et contemple les autres courrir plus ou moins élégamment dans la roue  plate du stade. Copines qui papotent, hommes de tous âges, éléphants de mer autres.
Il y en a une qui pète le chrono. Elle sprinte non stop. Ses pieds touchent à peine le sol. Elle est petite, fluette, le cheveu court et punk. Une gazelle de Thompson. Elle vole, sans montrer le moindre signe de fatigue. Elle me scotche.
Je me ramasse lourdement de tous mes membres et repars. Elle fait plus de 2 tours quand j'en fais un. Misère, putain de concours à la con.

Ayant fait mon 3000, je m'apprête à partir; la gazelle s'approche de moi avec un air préoccupé.
" tu passes le concours?"
"Oui..."
" Tiens, je te donne mon numéro. Je m'appelle N. On pourrait réviser ensemble."
Gratitude.

Sonic. C'est son surnom. C'est une pile de magma solaire dès le réveil.
Un pitt. Un ouragan, une fêtarde infatiguable, et rien ne lui fait peur.
Une bucheuse de malade aussi. Excessive sur tout, alcool,sexe, fête, boulot. Rien ne lui résiste. C'est elle qui m'apprend à me battre, à persévérer.
C'est grâce à elle un peu, à son énergie, à sa foi, que j'ai fini par décrocher mon concours. Je lui dois beaucoup.
Nous enchaînons les échecs pro pourtant. Je finis par intégrer l'IUFM.
Elle finit, lasse, par monter un diplôme et un CV bidons pour enfin exercer.
Au Caire.
C'est là que je la rejoins l'été suivant.
Jour de paye en liquide pour elle, on fume au milieu des liasses de livres sur son lit. On a l'impression d'avoir fait un casse. C'est marrant.

Moins: le regard des hommes, leurs gestes sur deux femmes occidentales seules dans le bus, la rue.N. baragouine un peu d'arabe, je note et reproduis tout ce que je peux. Mafichmouchekella, ma soeur.
Plus: Aménophis III, bombasse divine de basalte, puis je tremble et pleure devant le sarcophage de King Thut, son trône, la bedaine et le menton galoche d'Akhenaton, les momies , l'or le lapis, les dieux, la pesée de l'âme, tout me traverse et me transporte, me dévaste de bonheur au Musée du Caire.
Chevauchée fantastique dans les sables du désert à 14h au mois d'août, au loin les mastabahs qui s'évaporent. Ma monture a les oreilles sur ressort, les boulets de canon.Parfois, je lâche la bride et il se rue sur l'horizon, ma selle est un tape cul du diable, mes épaules portant sac à dos et nos 3 litres de flotte chacune, laminées par les soubresaults.
Au retour, le postérieur merdeux de sueur équine, le corps mort, on va assister à une transe souffie.Leur regard vidé de notre monde m'entraîne. Il me faudra 2 jours pour récupérer. Epaules cisaillées, mers noires de bleus entre les cuisses, on se saoûle de Gnawa.
Nous partons peu après pour la Mer Rouge en car.Il est glacial dans cette chaleur saharienne. A fond, tout y est: la clim, le son d'un navet à la Chuck Norris nous vrille le tympans.
On s'installe avec Sonic comme on peut, avec nos gros sacs à dos, on se gèle toute la nuit.
Dans ce car, il y a un finlandais qui m'a regardée monter. Et qui a décidé, me dira t il plus tard, sous les étoiles de Dahab, qu'il ne me laisserait pas filer.

A cheval à nouveau dans la colline râpeuse, harcelées par des mâles en mal de femelle, sous l'eau avec masque et tuba à danser immobile entre poissons perroquets, chirurgiens, bancs de poissons rouges sur un fond de Nout, barracudas à l'arrêt entre deux eaux, dès la chute vertigineuse du récif dans les abysses, clignement des yeux pour percevoir requiems pointe noire dans le lointain.
jus de fruits, farniente et cocharis.
C'est à une de ces terrasses sableuses, adossées à des troncs de palmiers recouverts de tapis et grouillant de cafards sacrés,quelques mètres nous séparant des grands fonds, que Sonic et moi décidons l'ascension nocturne du mont Sinai.
Serpent humain et chamelier ininterrompu pentent pierres coupantes la montagne de Moïse, à la faible lueur de lampes torches ( que nous n'avons pas), sous la voûte claire piquetée d'étoiles.
Il s'est greffé à nous dans la seconde. Sonic fait un peu la gueule. On avait dit pas de mec. Moi chu entre les 2, le coeur qui va avec.
 Se faire draguer par un finlandais qui en jette grave en contrée polythéiste de 2000 ans de puissance et de culture, se réveiller entre ce mec qui n'attend que l'occas, le vide et les tables de la Loi, ben mon neveu, c'est quand tu veux.

J'ai les doigts palpitant, le jour et la nuit trop courts pour dérouler l'écriture.
pourquoi n'arrive je pas à écrire ailleurs qu'ici alors que je n'attends plus grand chose consciemment?
Tout est trop court, trop lent, trop rapide,je voudrais être aspirée par les nuages, trop tiède, sprinte putain. Toujours trop tiède.
"t'y a vu, elle a fait la décoloration, ayah la gadji", bande de filles vendredi soir dans les rues de Marseille. Me crâme toute seule, tout le temps, me branle le cerveau, me shoote du matin au soir. Musique, soleil sur la peau, courrir, danser, faire l'amour comme si c'était la mort après. Chui trop crevée. Plus chu naze, plus chu speed.
Dieu vomit les tièdes.
Enfance, école, stop, amours, Ralph Rumney, mon oncle, les flics,multiâge, mille feuille de vies.
Je me relis beaucoup. Jusqu'à écoeurement parfois. Et je ne sais pourquoi.  Il y a quelque chose de morbide là dedans.L'acte d'écriture est fugace, le reste, ce sont des projections, un étalement malséant de l'égo, une réalité parallèle en quête de sens, un dédoublement de vie.
Chai pu. Y m'ont épuisée les nains. Mal à la tête.Globes traînés dans le sable. Fonte de la chair aux épaules.
Relâche. J'ai du mal à respirer, ça me demande un effort que je peux à peine fournir. Ta journée n'est pas terminée.
Holy fuck.
Ne plus vouloir, ne plus sentir, ne plus parler, ne plus. être de la viande.

Bande de filles. J'avais aimé ce film.

Dans la salle de bain, une grande bouteille de shampooing neuve me scrute dès que je passe la porte.Elle me réprouve. Elle est matérialité d'une tentative de réaligner des planètes.

Je suis championne toutes catégories du larguage en plein ciel sans warning.
A force, je vais apprendre le retournement félin, et je serai Catwoman.
J'ai vu sa combi à Paris à une expo des débuts de DC Comic.
La tenue de mes rêves.
Et ben fais toi plez ma belle.



un navet, celui avec Halle Berry. Mais qu'elle est belle là dedans...
En cherchant des images, j'avais oublié que son mec était Batman. C'est parfait. C'est celui que j'aurais  choisi aussi. Et nos tenues matchent à ravir.
Celle là, mon Elu, elle est pour toi. Mais putain comme j'aimerais savoir à quoi tu ressembles un peu quand même. Pis question retard, tu me bats à plates coutures.

Ah nan, les mecs, allez....bon ben beepez moi quand vous avez fini.

faudra que je parle des journalistes aussi.
A l'époque où j'étais sur un site de rencontre, j'en ai croisé deux.
Des malades du cul. Un de France 24 que j'ai été voir à Paris, qui passait trop de son temps à se branler sur ma voix au téléphone, disparu en Ukraine quand ça chauffait, puis retour. Il avait une super play list.
La musique me perdra.
Je suis allée chez lui. Je voyais bien ce qu'il attendait, j'avais un aplomb du feu de dieu, mais moi je voulais pas quitter la cuisine: il avait sur la table les plans et minutage d'un reportage à venir.
Je projetais qu'il m'apprendrait à tourner, et qu'il désintègrerait la culotte de mes oreilles.
Ben non, lui il poursuivait sur sa lancée, ça se voyait qu'il avait pas l'habitude, jouait le mec qui maîtrise quand il se chiait de trouille.
Rien. Enfin, pas loin. Tant mieux. Moins envie, c'était challenge.
Il a continué à jouer tout seul après. Il était lâche, planqué, refusait de me faire face au téléphone. J'en ai pété le mien. Alors, je lui ai demandé de me foutre la paix. Il a mis du temps.Il me faisait presque peine.

L'autre, c'était un mec d'Arte. Genre bourge un peu crad. Le genre que j'aime pas. Mais début de soirée intéressante.
Sushis, mauvais rosé dans lequel je ne tremperai pas.

" Tu sais,si ton plan ce soir c'est de baiser, ça va pas le faire. J'ai pas envie. Alors si tu préfères contacter une autre fille et que je m'en aille, y a pas de souci."
" Non non, ça me va. Reste."

De la conversation, de l'intelligence, de la culture. Et aguéri de toutes pratiques ture, ayant choisi de privilégier toutes les expériences extrêmes qu'il n'aurait pu vivre en couple.
Pis dans un placard de l'appartement qu'il louait, il a déniché une bouteille de whisky japonais.
C'est mon péché mignon. Pourtant chu pas très alcool fort.
J'ai lappé lentement, en m'enfonçant félicité dans le canapé.
J'ai reçu de sa part une demande très inhabituelle pour moi.
J'étais en arrêt.

Ange et démons se chamaillaient mon cerveau, bien scindé.
" Tu sais très bien que c'est pas pour toi. C'est pas ta nature, pas ton envie. Toutes façons, ce mec qui n'a même pas pris la peine de se doucher, de se parfumer, et même, il ne te fait pas envie.
Salue le et abrège."
" Indiscutable. Mais ça, c'est comme quand tu es montée sur scène comme choriste improvisée de 2 jours, ben c'est peut être la seule fois de ta vie que ça arrivera. Et tu t'en mordras les doigts de ne pas avoir sauté. "

"Alors? tu t'es décidée?", me demande -t-il.
"Non. J'y arrive pas. On va recommencer. Je vais te filmer. Refais moi ta demande, en détail que je puisse visualiser la scène."

Il n'a pas entendu pourquoi je sortais mon portable pour le braquer sur lui. D'abord souriant, son visage se décompose quand il réalise que je le filme.
" T'inquiète, je vais pas balancer ça sur des réseaux sociaux"
( merde),je suis debout devant le canapé où il s'est étendu de tout son long.

"Peux tu à présent me reformuler ta demande, s'il te plaît?"

Il se détend et s'exécute.
"Alors, on va dans la salle de bain...." et blabla que je n'écrirai pas ici.
Ses descriptions fonctionnent bien.
Je prends encore quelques secondes. L'adrénaline monte.
"OK, on y va. "
Je pars rapidement après. Peu de mots. J'ai juste envie de rentrer, d'être seule.

Taxi de nuit.
Me sens super vivante pendant une heure ou deux, puis enchaîne sur une vague nausée prévisible. Tant pis.
Il me texte. Veut plus. C'est nan. Va te faire soigner quand même...
Quelques semaines plus tard, il me recontacte.
A pris RDV chez un psy.






Le deuxième

.

Apostrophe, mon émission  familiale du vendredi soir. Je comprenais rien mais j'aimais beaucoup.
 Jamais égalé.

Je dois manquer de suivi dans les idées, j'avais posté hier un numéro de Droit de réponse, que je ne retrouve pas.
Tant pis, bis répétita. J'aimais Polack passke c'était foutraque, ça puait la goldo et Choron là dedans, et personne ne mâchait ses mots. C'était chaleureux et drôle, debout, les baudruches de Gainsbourg.
Technologie française, à mort Minute, Coluche,Siné,Cavanna, Coluche...

tu chantes ac moi? Alleeez...  elle est bien et lente celle là , ouais je sais c'est pas toujours... euh souvent un peu énervé ce que j'écoute. Mais alleeeez viens on chante.
Si t'es d'accord, je te parlerai de Nico, qu'a dormi à la maison hier.
Un ami de 22 ans. Eclatamment anarchiste et zèbre, ça devient lassant.

Pour Ludo, le monde ne peut être sauvé que par la beauté.

Il fume sur la terrasse, dans un soleil voilé, tièdeur, ça sent grave le printemps ces rayons soudain éclatants de brûlure, même si le vent garde frais.
Et dans la nature humaine, sa violence, il y a aussi l'art, quelque soit sa forme.
Qu'on nait avec un destin, que le sien est de produire de la beauté.
Il vient de lire sa carte astrale, signe, ascendant, lune, ses liens avec les autres planètes. Tout confirme cette prise de confiance récente qui peut le faire sortir du lot. Il a une ouverture de hanche de malade. Monte sans échauffement sa jambe tendue , dos droit au dessus de sa tête, grand écart facial pareil, des asanas super dures en quelques essais.
Mais a surtout j'en suis sûre, beaucoup à exprimer de lui, avec talent.

Ma maison a  été à quelques reprises, le take off de projets, ou le lieu de leur construction: le film de C., en cours, le boulot de Charlotte en optique astronomique, qui a valu à son équipe le prix nobel de physique l'an dernier je crois. C'est quand il était sous mon toit qu'un chercheur en neurosciences a trouvé ( hors mes murs) la femme de sa vie. J'en ai vu les tout premiers pas.
C'est fascinant d'être témoin de la naissance, d'un changement de cap,
d'une épiphanie.
Il peut se passer des choses magiques dans ce lieu. C'est peut être les heures de pratique yogique dont il s'imprègne, certainement  un parfum énergétique avec des notes très basses, à peine perceptible des personnes qui l'ont vécu, puis quitté pour un ailleurs toujours international.

souvenirs de Manchester, printemps / été 1995

je suis inquiète du projet de loi sur le secret des affaires. Qqn s'est il tenu au courant?

Soirée improvisée " je te montre avec GoogleMap d'où je viens".
On commence par "marcher dans le village de Ludo, mélange étrange de rares et sobres grandes maisons du XVIIe, mais surtout d'une architecture sans charme  fin XXe, entre ZUP et champs.Je suis très étonnée.
Je viens d'un autre milieu.
J'ai grandi dans un village qui à l'époque, comptait moins de 50 habitants. Les rues n'avaient pas de nom. Pas de commerce, pas d'école, pas d'église. Un hameau.
Bon souvenirs: cache cache dans le village.
Moins: l'angoisse d' y être coincée à vie.
J'arrive à avoir un close up sur ma maison d'enfance: une construction hétéroclyte en pierre apparente, avec cochonnier, poutre au plafond figurant des têtes de loup, un corbeau ( stylistique) de pierre. Une magnifique glycine courant le mur principal,à côté de l'escalier menant à la porte d'entrée. Menuiseries blanches. Pas changé.
Beau et de caractère. Construction globale XVIIIe s.
                                                                               y as tu été heureuse?
J'ai pris le temps de sentir cette image, laisser venir.

                                                                                          Non.

C'est la maison de la grisaille, de cette lumière qui n'éclaire pas, mais force le regard, grisaille toujours, du ciel, grisaille des sentiments amoureux ravageurs, grisaille de l'espoir, grisaille familiale.
Paradoxalement, c'est dans un pays comparable que j'ai connu ma première auto-naissance.
Je suis partie vivre comme lectrice dans un lycée dans la grande banlieue de Manchester pendant une année scolaire. Leigh, près de Wigan, ville natale de The Verve.
Là, j'ai commencé à déchirer ma chrisalide.

La gueule de  richard Ashcroft, c'est ça le spleen british, une beauté étrange et froide, comme un peu désincarnée, la vieille veste de cuir ( que j'ai eu aussi), , marcher dans les rues plus ou moins famées de Mancherster la nuit, The Flea and Firkin, Oxford Road sans horizon, Tim, Ethan, Sophie, Kerys, Steven, Zoe, David le saint, Steve. Steve. 2e mort, 2e naissance, difficile, seule comme jamais, longue, effrayante.
Mais tous ces noms correspondent à deux des plus intenses années de ma vie: deux années en Angleterre, dans le même coin, mais avec statuts différents, séparées par une année en France, avec un seul objectif en tête: y retourner.
Ashcroft, j'ai eu de la chance de ne pas le croiser à cette époque. Un regard et j'aurais fondu.

I'm so sorry ...
what i would do is not the right thing.

please try him....please please please
You 're the one i cannot try fully and save

friend, sista, humankind
from the distance
push the door
sit and eat.
a hug if you need one.
You can sleep here too.
you can rest your soul.
Here is shelter.

kif grave.
love this day. Share.

Hey Kass!

2e gerbe de fleurs. (main sur le coeur)Merci!
Et merci aussi pour la classe de la Nana, que je ne connaissais pas sous ce jour.
T'as écouté les tchaikovski et  Vivaldi là haut?
Connaissais pas. Suis tombée re sur mes fesses assises.
Tu fais quoi cet été?

j'avais adoré ce film et sa BO. A l'époque, à part le pote avec lequel j'y étais allée, je connaissais personne qui l'aie vu. Je trouvais ça super dommage. C'est un de mes classiques.

implémenter le geste parfait de la stoppeuse.

MON ONCLE

Personnage haut en couleur, il n'a pas grandi à la ferme familiale, s'étouffant précocément d'allergies à l'humidité du val, aux animaux qui peuplent ce trou du cul du monde. Cochons ( que je n'ai pas connus), chevaux de trait, vaches, lapins, poules, chiens et chats,basse cour, veaux déambulant librement entre la ferme de mon grand-père et celle de mon oncle, la biche redoutée, agressive adulte, faone orpheline recueillie de la tuerie saisonnière. Tu m'étonnes que je haïrais les humains d'avoir tué ma mère, de m'avoir enfermée.
Et c'est qui la méchante?
Tonton expatrié en sanatorium dans les préalpes.
C'est en redescendant les collines qu'il s'installe au pays de Giono. Voyages seul en Amérique du Sud,en Russie à ses grandes heures d'extrême gauche,où je subhodorre qu'il a fait mariage blanc, co fondateur floué de l'Occitane, j'aurais pu avoir un oncle d'Amérique.
 Olivier Bossan, ce.... ,"une histoire vraie", le parque au rang de chauffeur.
Me vois encore chez Olivier avec sa femme, son bobtail, la maison sur la colline.La lumière dorée.
Ou dans un hangar, à coller au milieu des bidons vides et à l'éponge, les étiquettes des premiers shampooings au rassoul, formule chimique encore expérimentale, on est tous d'accord là dessus, les cheveux droits sur la tête. Etiquettes dessinées par Merou,copain anar, esthétique surranée, printemps poétiques au milieu des rituels narcisses pascaux des près à moutons en bas du village.
 Mes premières règles de Pâques, j'ai 16 ans.
 Cette lumière de renaissance pour laquelle j'ai quitté la Bourgogne après mon fiasco anglais. Je m'étais promise de venir vivre là, quand j'avais 8 ans. Je débarsque en effet  presque 20 ans plus tard.

Encore maintenant, faut pas lui en parler de l'Occitane, à J .
Tonton se reconvertit dans le bouquinisme, la bougie et produits locaux qu'aiment les touristes. Faut bien bouffer.

Je m'inquiète pour lui. Je l'ai enfin eu au téléphone. Sa voix était faible, il a sans doute peur,il ne nomme pas la maladie. Il appelle ça" les problèmes". Pas de chimio, mais un renforcement immunitaire. Chai pas où il en est, mais je trouve ça mieux quand même. L'un des rares membres de ma famille avec lequel je me sente proche. Je l'aime tout gonflé.

Des étés durant, je refais ses vitrines classe avec queudz passki mdonne rien, tombes oubliées de deux saisons, sous la poussière et les cadavres de mouches.
Il me présente un de ses meilleurs potes: Ralph.
Ralph Rumney est anglais. a l'époque, c'est le dernier Situationniste vivant.
A M., où il vit, il s'est fait virer de tous les bars de la ville pour outrages divers dans une courbe éthylique stable.
Je tiens boutique des après midis entières sans clientèle, bouquine, écoute de la musique, des égarés qui s'asseyent entre les étals du magasin pour disserter face à moi sur leur vie des heures durant. J'écoute. J'adore. Ils repartent soulagés, et j'ai rien vendu.
Sur la place, Ralph boit. Parfois autre chose que du rouge. Le proprio, dépressif, l'a à l'oeil, et se faire virer dans une crise toujours une option.
Parfois,souvent, puis systématiquement, il vient me débaucher sous prétexte que mon oncle gère business depuis la terrasse du café.
Il me parle un été de Jérôme Bosch qu'il admire. Reprend à la phrase près un an après à la même table.
De Ernst, avec qui il avait fait pari de se retrouver en Inde un soir de beuverie, et on verra qui arrive le premier. Ernst,il a pas bougé. Ralph est parti, stop, train, tout ce qu'on peut envisager artiste fauché.
C'est comme ça qu'il est arrivé à Venise, où il s'est installé après une incroyable virée en train, mafia locale, chaussure perdue. Il a appris l'italien dans les journaux.
Plus tard, il épouse Pegeen Guggenheim, au grand désespoir de sa mère. Pegeen se suicidera.

"Ralph, parle moi de l'Internationale Situationniste".
"Mmmmmh... "

Quand Ralph commençait, fallait avoir le temps. Il parlait trèèèès lentement, souvent pas du sujet ouvert.
Même quand j'ai commencé à poser chez lui, à poil, mouillée, couverte d'empreintes d'argile, y avait pas moyen.
De chez lui, allité  et crouteux entre ses cubis, j'ai vu sortir France Culture, un thésard australien venu en vélo, qu'il hébergeait.
 Il s'est engueulé avec Debord, qu'il décrivait comme un tyran.
La dernière fois que je l'ai vu, c'était dans mon cagibi marseillais. Il voulait y construire un roman photo. J'étais à fond. Pis il est mort.
Il avait récemment cellophané une sculpture moche du centre, au grand dam de la population, ce qui le faisait beaucoup rire. Plus tard, j'ai lu Le Consul, sa bibliographie. M'a émue.Je l'aimais beaucoup Ralph.

nan, Switch, tu danseras pas dans la neige. Y en aura plus.
par contre, te bourrer la gueule en montagne, avec la raréfaction d'oxygène, ça peut être efficace.

oui mais avec ou sans oxygène, si tu bois du vin valaisan, c'est la gueule de bois et le foi en bouilli que tu risques surtout.

(je dis ça pour kasser les pieds à l'autre)

ben c'est pas le but recherché?
Tu causes à une gadji qu'a grandi entre Gevrey Chambertin et Nuits St Georges. Ca rigole pas.

ah. et j'ai ptet' un plan pour aller à Berlin fin zavril.
Y a âme qui vive qui y sera?

sa race comme ça déchire ce morceau...ça court dans les veines.

check this one too, mate.

Berlin je le connais qu'en hiver, c'est une ville que j'aime bien