Ecriture de petits dialogues
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Re: Ecriture de petits dialogues
Bon sang mais c'est à moi
--
- J'en suis tout émoustillé !
Gaspard rentre et quitte sa parka. Nous nous installons près du poêle.
Je prépare le thé et pense tout haut :
- J'aime beaucoup le thé mais je préférais le café. Je me souviens du goût. Le goût et l'odeur, ça ne s'oublie pas. Avec ces changements climatiques, on peut dire adieu au café. Ça me fait penser à ce texte : "la feuille et le grain." Vous l'avez lu ?
- Oui ! Je connaissais l'auteur !
- Non !
- Si ! il élève des bisons musqués dans une coopérative du XVIe à Paris. Il y a longtemps que je n'ai pas eu de ses nouvelles.
- Hum le courrier-ski, c'est plus ce que c'était.
- Alors dites-moi cette trouvaille, c'est quoi ?
- Ahh, comment vous dire...
--
- J'en suis tout émoustillé !
Gaspard rentre et quitte sa parka. Nous nous installons près du poêle.
Je prépare le thé et pense tout haut :
- J'aime beaucoup le thé mais je préférais le café. Je me souviens du goût. Le goût et l'odeur, ça ne s'oublie pas. Avec ces changements climatiques, on peut dire adieu au café. Ça me fait penser à ce texte : "la feuille et le grain." Vous l'avez lu ?
- Oui ! Je connaissais l'auteur !
- Non !
- Si ! il élève des bisons musqués dans une coopérative du XVIe à Paris. Il y a longtemps que je n'ai pas eu de ses nouvelles.
- Hum le courrier-ski, c'est plus ce que c'était.
- Alors dites-moi cette trouvaille, c'est quoi ?
- Ahh, comment vous dire...
BlackFab- Messages : 69
Date d'inscription : 02/10/2018
Re: Ecriture de petits dialogues
Patients
Deux hommes occupent deux des vingt-deux sièges d’une salle d’attente. Aux deux bouts de la pièce épurée, deux portes sont closes. Un temps.
- Pff…
- Pffff…
- Bon… Ca doit faire quoi? Bien un siècle qu’on attend, là ! On n’a pas que ça à faire, non plus…
- Ah, ça ! Vous l’avez dit…
- Vous êtes arrivé quand, vous?
- A 17 heures…
- 17 heures ? Mais ? Il est 16 heures, moins 10, même….et quand je suis arrivé vous étiez déjà là.
- Oui oui, j’étais déjà là. Je suis arrivé hier, à 17h.
- Hier ?!!
- Oui. J’ai dû partir de chez moi vers 16 heures, mais d’abord je suis allé voir un a…
- Attendez !
- Oui…
- Vous attendez là, depuis hier, 17h ?
-Oui. Ca va bientôt faire 24 heures.
- Mais ! C’est…C’est ouvert? C’est marqué, là : 24 heures sur 24 à votre service... il doit y avoir un problème !
- Oh, ça ! Déjà, s’il n’y avait pas de problème, on ne serait pas là.
- Mais, enfin… Vous, quand même…vous avez vu quelqu’un au moins ?
- Oh oui ! Des tas de gens, ’vous en faîtes pas…Hier, quand je suis arrivé, y avait un monde !
- Bon, d’accord, c’est déjà ça…
- C’est déjà ça mais bon…ils sont tous repartis.
- Comment ça ?
- Hé oui ! Ils en avaient marre d’attendre,… alors ils sont partis.
- Comment ça repartis? Vous voulez dire qu'aucun n’est… ? Vous voulez dire que depuis hier soir, personne n’a été reçu?
- Voilà.
- Voilà…! Mais c’est fermé alors !?
- Non, c’est bien ouvert. C’est toujours comme ça. Encore la semaine dernière, j’ai attendu presque deux jours.
- Deux jours ?
- Non, enfin, presque : 44 heures exactement
-Je rêve! Et vous êtes resté là deux jours… !
- Attendez. Au bout du compte, j’ai été reçu...
- Ah ?
-Oui oui, j’ai été reçu. Finalement la porte s’est ouverte. Être patient, c’est la clé.
- Oui, enfin… et alors?
- Ben j’étais constipé.
- …Constipé, d’accord, ravi de l'apprendre. Mais je veux dire : vous vous êtes plaint ? Comment ça s’est passé?
- Je vous ai dit, j’ai été reçu ; je n’allais pas me plaindre. Il m’a fait m’asseoir, je lui ai expliqué que j’étais… enfin… ce qui n’allait pas. Là, il m’a tout de suite rassuré, il m’a expliqué qu’il comprenait parfaitement mon problème. Il m’a fait un discours, je n’ai pas tout compris. L’affaire de quelques jours, il m'a promis, et il m’a prescrit du Smecta.
- Du Smecta !?
- Oui ca m’a étonné d’abord, et puis bon... C'est son métier. J’ai suivi le traitement.
- Alors ?
- Hé bien, jusque aujourd’hui encore, je suis toujours constipé.
- Ca, c’est étonnant! Mais je rêve… enfin, franchement… Qu’est-ce que c’est que cet endroit en fait!?
- Ca y est ? Vous allez partir, vous aussi ?
- Disons que déjà, attendre un jour de plus ici, rien que pour être entendu, je m’en passe bien. Mais c’est surtout qu’à vous écouter, il me prescrirait sûrement… je ne sais pas, deux cafés tous les soirs… ou des amphétamines…
- Vous me trouvez idiot, quoi.
- Non, je ne dis pas ça. Mais… vous pourriez bien aller ailleurs, non?
- Ailleurs c’est pareil.
- Vous avez essayé au moins?
- Oui.
- Et, c’est pareil ?
- Oh ça ! Pareil voire pire, ailleurs. Chez certains par exemple, il n’y a même pas de cahier…
- Quel cahier ?
- Ce cahier-là.
- (il l’ouvre et lit à voix haute) « Dans ce libre cahier, chacun pourra écrire ce qu’il veut, car le premier pas vers toute liberté…
- … est qu’un chacun s’exprime librement. »
- Et vous, vous savez ça par cœur ? Remarquez, vous avez bien eu le temps… Voyons voir…
- En fait ça sert surtout aux réclamations.
- Je vois ça : Médecine délétère… Attente révoltante…Un homme inhumain… Combien de temps encore... Eh bien ! En tout cas ça me rassure de lire que je ne suis pas le seul à trouver ça grave !
- Bien sûr que non ! Il y a des tas de gens que ça révolte.
- Et alors ?
- Ben, rien, que voulez-vous ? Ils râlent, certains écrivent, d’autres lisent. Ensuite, le plus souvent, ils repartent.
- Et vous me dîtes que c’est tout le temps comme ça, et qu’ailleurs, c’est pareil ?
- Oh, ça ! Voire pire, je vous dis. Chez l’un, je m’étais plaint du Smecta, il m’a prescrit du mercure. Chez l’autre, même pas de salle d’attente, on doit rester dehors, parfois une semaine.. Ici on attend, mais on attend bien au chaud, on peut toujours parler. Bien sûr ça vaut ce que ça vaut, mais on est libre de rester ou de partir. Et libre de revenir ou non.
- Pas si libre, en fait. Si vous le laissez vous soigner au Smecta, vous êtes bien obligé de revenir... Mais... Vous avez l’air de trouver ca normal.
- Bien sûr que non ! Je trouve ça alarmant! Je l’ai même écrit dans le carnet. Ce que je ne fais jamais d’habitude, car je suis quelqu’un, voyez-vous… quelqu’un d’aimable, mais là, quand-même, c’était la fois de trop ! J’ai écrit regardez ! Là ! C’est moi : Monsieur, commencez donc par soigner cette alarmante et chronique passivité.
- Vraiment, Monsieur, vous êtes bien aimable.
- Oh, ça...
- Mais Monsieur ?
- Oui ?
- S’il faut attendre des jours pour voir ce médecin…
- Oui…
- S’il vous fait chaque fois de belles promesses, mais au lieu de vous soigner, vous empoisonne.
- Voilà !
- Et que vous savez tout ça – vous trouvez ça révoltant ! –
- Alarmant et chronique !
- Que faîtes vous encore à attendre ici ?
- Je vous l'ai dit, tout cela est révoltant, mais en attendant, moi... je suis constipé.
Deux hommes occupent deux des vingt-deux sièges d’une salle d’attente. Aux deux bouts de la pièce épurée, deux portes sont closes. Un temps.
- Pff…
- Pffff…
- Bon… Ca doit faire quoi? Bien un siècle qu’on attend, là ! On n’a pas que ça à faire, non plus…
- Ah, ça ! Vous l’avez dit…
- Vous êtes arrivé quand, vous?
- A 17 heures…
- 17 heures ? Mais ? Il est 16 heures, moins 10, même….et quand je suis arrivé vous étiez déjà là.
- Oui oui, j’étais déjà là. Je suis arrivé hier, à 17h.
- Hier ?!!
- Oui. J’ai dû partir de chez moi vers 16 heures, mais d’abord je suis allé voir un a…
- Attendez !
- Oui…
- Vous attendez là, depuis hier, 17h ?
-Oui. Ca va bientôt faire 24 heures.
- Mais ! C’est…C’est ouvert? C’est marqué, là : 24 heures sur 24 à votre service... il doit y avoir un problème !
- Oh, ça ! Déjà, s’il n’y avait pas de problème, on ne serait pas là.
- Mais, enfin… Vous, quand même…vous avez vu quelqu’un au moins ?
- Oh oui ! Des tas de gens, ’vous en faîtes pas…Hier, quand je suis arrivé, y avait un monde !
- Bon, d’accord, c’est déjà ça…
- C’est déjà ça mais bon…ils sont tous repartis.
- Comment ça ?
- Hé oui ! Ils en avaient marre d’attendre,… alors ils sont partis.
- Comment ça repartis? Vous voulez dire qu'aucun n’est… ? Vous voulez dire que depuis hier soir, personne n’a été reçu?
- Voilà.
- Voilà…! Mais c’est fermé alors !?
- Non, c’est bien ouvert. C’est toujours comme ça. Encore la semaine dernière, j’ai attendu presque deux jours.
- Deux jours ?
- Non, enfin, presque : 44 heures exactement
-Je rêve! Et vous êtes resté là deux jours… !
- Attendez. Au bout du compte, j’ai été reçu...
- Ah ?
-Oui oui, j’ai été reçu. Finalement la porte s’est ouverte. Être patient, c’est la clé.
- Oui, enfin… et alors?
- Ben j’étais constipé.
- …Constipé, d’accord, ravi de l'apprendre. Mais je veux dire : vous vous êtes plaint ? Comment ça s’est passé?
- Je vous ai dit, j’ai été reçu ; je n’allais pas me plaindre. Il m’a fait m’asseoir, je lui ai expliqué que j’étais… enfin… ce qui n’allait pas. Là, il m’a tout de suite rassuré, il m’a expliqué qu’il comprenait parfaitement mon problème. Il m’a fait un discours, je n’ai pas tout compris. L’affaire de quelques jours, il m'a promis, et il m’a prescrit du Smecta.
- Du Smecta !?
- Oui ca m’a étonné d’abord, et puis bon... C'est son métier. J’ai suivi le traitement.
- Alors ?
- Hé bien, jusque aujourd’hui encore, je suis toujours constipé.
- Ca, c’est étonnant! Mais je rêve… enfin, franchement… Qu’est-ce que c’est que cet endroit en fait!?
- Ca y est ? Vous allez partir, vous aussi ?
- Disons que déjà, attendre un jour de plus ici, rien que pour être entendu, je m’en passe bien. Mais c’est surtout qu’à vous écouter, il me prescrirait sûrement… je ne sais pas, deux cafés tous les soirs… ou des amphétamines…
- Vous me trouvez idiot, quoi.
- Non, je ne dis pas ça. Mais… vous pourriez bien aller ailleurs, non?
- Ailleurs c’est pareil.
- Vous avez essayé au moins?
- Oui.
- Et, c’est pareil ?
- Oh ça ! Pareil voire pire, ailleurs. Chez certains par exemple, il n’y a même pas de cahier…
- Quel cahier ?
- Ce cahier-là.
- (il l’ouvre et lit à voix haute) « Dans ce libre cahier, chacun pourra écrire ce qu’il veut, car le premier pas vers toute liberté…
- … est qu’un chacun s’exprime librement. »
- Et vous, vous savez ça par cœur ? Remarquez, vous avez bien eu le temps… Voyons voir…
- En fait ça sert surtout aux réclamations.
- Je vois ça : Médecine délétère… Attente révoltante…Un homme inhumain… Combien de temps encore... Eh bien ! En tout cas ça me rassure de lire que je ne suis pas le seul à trouver ça grave !
- Bien sûr que non ! Il y a des tas de gens que ça révolte.
- Et alors ?
- Ben, rien, que voulez-vous ? Ils râlent, certains écrivent, d’autres lisent. Ensuite, le plus souvent, ils repartent.
- Et vous me dîtes que c’est tout le temps comme ça, et qu’ailleurs, c’est pareil ?
- Oh, ça ! Voire pire, je vous dis. Chez l’un, je m’étais plaint du Smecta, il m’a prescrit du mercure. Chez l’autre, même pas de salle d’attente, on doit rester dehors, parfois une semaine.. Ici on attend, mais on attend bien au chaud, on peut toujours parler. Bien sûr ça vaut ce que ça vaut, mais on est libre de rester ou de partir. Et libre de revenir ou non.
- Pas si libre, en fait. Si vous le laissez vous soigner au Smecta, vous êtes bien obligé de revenir... Mais... Vous avez l’air de trouver ca normal.
- Bien sûr que non ! Je trouve ça alarmant! Je l’ai même écrit dans le carnet. Ce que je ne fais jamais d’habitude, car je suis quelqu’un, voyez-vous… quelqu’un d’aimable, mais là, quand-même, c’était la fois de trop ! J’ai écrit regardez ! Là ! C’est moi : Monsieur, commencez donc par soigner cette alarmante et chronique passivité.
- Vraiment, Monsieur, vous êtes bien aimable.
- Oh, ça...
- Mais Monsieur ?
- Oui ?
- S’il faut attendre des jours pour voir ce médecin…
- Oui…
- S’il vous fait chaque fois de belles promesses, mais au lieu de vous soigner, vous empoisonne.
- Voilà !
- Et que vous savez tout ça – vous trouvez ça révoltant ! –
- Alarmant et chronique !
- Que faîtes vous encore à attendre ici ?
- Je vous l'ai dit, tout cela est révoltant, mais en attendant, moi... je suis constipé.
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