Ressentir à la fois un sentiment et "son contraire"

J'ai parfois cette curieuse impression. Mais peut-être est-ce que je me trompe en hiérarchisant ou plutôt en opposant des sentiments.
Par exemple, il m'est arrivé d'à la fois être rassuré et effrayé par une personne. Cela m'a posé la question de ma cohérence mentale : "Mais enfin, Grudu, si on pouvait ressentir à la fois une chose et son "contraire", ça se saurait, y'aurait des œuvres dessus, enfin ! ".

Je précise que je crois être très sensible (voire hypersensible) et relativement (voire très) empathique, mais ne sais pas si cela est corrélé avec cette étrange sensation.

Ça vous parle?

Oui, je pense que ça a dû m'arriver. Je ne vois pas les gens comme "une personne", mais des facettes propres à cette personne, quelque chose de cet ordre.
Je peux apprécier mon responsable, mais le détester tout à la fois, par exemple.

Je cherche dans ma mémoire des cas où il pourrait y avoir des sentiments ambivalents, mais ça voudrait dire sans doute que je ne connais pas assez bien et que je "teste" différentes approches pour voir celles qui correspondent le mieux, celles qui "matchent" en gros. Parfois ça met du temps avant de pouvoir cerner les logiques, les façons d'appréhender tout ça, et de le corréler avec un personnage cohérent.

Je ne sais pas si c'est très compréhensible ce que j'écris ^^

Je crois que je saisis : tu tentes de considérer simultanément plusieurs facettes d'une même personne, et tu ne considères jamais un individu comme un bloc monolithique, mais intègres l'idée qu'elle puisse être contrastée, voire associer à ton sens des traits (au moins en apparence) contradictoires, voire paradoxaux?
Mais tu fais cela principalement pendant une phase d'observation, le temps de mieux cerner le fonctionnement d'une personne (pour te sécuriser, peut-être)...?

Je crois que par contre, il m'arrive, et m'est arrivé de ressentir cela pour des personnes que je fréquente depuis un moment et que j'ai l'impression de relativement bien connaître.

Et bien, je suis beaucoup dans l'observation naturellement.
Et les gens sont souvent beaux à regarder dans leurs façons d'être, ou tout au moins intéressants.

Les gens sont toujours cohérents avec eux-mêmes, c'est juste qu'on ne connait pas toutes les histoires. Nous, de l'extérieur, on voit des incohérences parce qu'on n'a pas toutes les données, ou alors, c'est que les gens sont faux, en tentative de cohérence dans le mensonge. C'est rare quand même, même si j'ai déjà croisé un tel personnage, et au taf en plus. Comme c'était le directeur, la boite a fini par couler.

Si tu as senti ce sentiment contradictoire avec des gens que tu pensais connaitre bien, c'est que quelque chose t'a échappé. Il faut regarder la scène de son point de vue, avec les façons d'être de la personne en question avant de tout remettre en cause.

Parfois, ce sont des choses tout à fait stupides qui font dérailler des amitiés, ou parfois, c'est un fonctionnement que tu connaissais, mais qui ne t'avait pas encore poser problème, auquel tu pensais pouvoir échapper, toi. Mais ce qui est applicable aux autres, l'est aussi pour toi à un moment ou un autre.

Hum, cela m'a l'air sage. C'est vrai qu'en fait, je me base sur des bouts de comportement pour mes impressions. Je crois cependant que mon "cœur" sait que les choses sont plus complexes, et qu'il sent des choses que mon "esprit" ne conçoit pas.

C'est évident, beaucoup de choses passent par les ressentis. Il y a eu vraiment des fois dans ma vie où les gens étaient si en phase avec moi que c'était perturbant. J'avais envie de les considérer comme un frère ou une soeur, parce que, c'était juste... facile, simple.
Parfois, c'est bien ainsi, sans chercher à comprendre. On profite de ce qui est présent.

Mais si quelque chose pose question, sans les données, tu as un gros risque de te planter. Il faut lancer des discussions de cœur à cœur pour savoir.
Même les gros sabots qui affirment avec véhémence, et cachent ainsi leurs fragilités personnelles ont envie parfois de baisser leur garde. C'est lourd à porter les carapaces.
Par contre, il y a des contreparties à l'affaire. On n'entre pas dans l'intimité des gens sans amener un peu de la sienne.

Sauf à l'écrit, comme ici.

IRL, si les ressentis sont plus forts, tout va aussi très vite et il y a des actions, des mimiques fugaces qui amplifient, mais faussent aussi les choses. Je me garde bien de faire des conclusions trop rapides. A la vitesse, il faut opposer le temps.

Pardon, en relisant, je pense que j'ai trop parlé ^^
Tu voulais parler d'autre chose, semble t'il, et je t'ai scouizé ton sujet.

Tu peux développer plus, histoire que quelques autres se raccrochent ?

Je me rends compte que je suis bien plus à l'aise avec une communication écrite, voire asynchrone, comme par forum : je peux moduler mes réactions, et j'ai l'impression d'être plus juste et en général moins bourrin ou potentiellement blessant qu'à l'oral.

(Euh, si toi tu as trop parlé, je pense que j'ai énormément trop parlé, et pas qu'ici ! )

Tu as réagi avec ton cœur, je pense, par rapport à l'association de pensées que tu avais en tête à ce moment-là.

Eh bien, parfois, je vais sentir que quelque chose cloche (ou le croire), mais je ne vais pas pouvoir mettre le doigt dessus. Toutes les données dont je dispose, celles qui sont formulées et "rationnelles" (je mets des guillemets, car je trouve que l'on confond rationalisme et rationalité) semblent indiquer qu'il n'y a pas de souci à se faire. Donc je me dis que je me fais des idées, surtout à partir du moment où personne d'autre que moi ne semble tiquer.
Sauf que dans la grande majorité des cas, parfois des mois plus tard, mon intuition s'avère correcte, et le problème que je me suis mis à redouter se révèle, alors même que je m'étais mis en retrait de cette situation ne me concernant pas directement. J'ai un instinct puissant, je crois, mais je ne l'écoute pas suffisamment.

Parfois on côtoie des années une personne dont on se sent proche, on pense bien le connaître, toussa... Mais on évolue tous, on change tous, et parfois ces changements sont minimes, étalés sur la durée, tant qu'on ne s'en rends pas forcément compte de suite du décalage qui s'opère en sous-marin entre toi et l'Autre. Puis un jour, un déclic, une situation qui met en lumière un changement chez l'Autre jusque là passé inaperçu et qu'on se prend pleine poire parce qu'il ne nous convient pas...
Tu veux parler d'un truc du genre ? Suis-je claire déjà..?

Alors c'est lié, mais ce n'est pas ce que je voulais dire. Je voulais même presque dire l'inverse : l'impression de "savoir", de sentir quelque chose depuis le début, mais de ne pas avoir écouté cela, osé l'exprimer, ou ne pas avoir été écouté quand on l'a formulé, alors que bien plus tard, il s'avère que depuis le début, avant "tout le monde", on avait raison.

Arf... ok, je vois ce que tu veux dire. Déjà vécu oui. Il faut savoir faire confiance à ses "ressentis" paraît-il mais il est difficile d'être objectif face à des ressentis et de prendre une décision sur cette seule base tout en étant sûr de soi...

Oui, moi aussi je connais ça, mais tout le monde aussi, non ?

Le gars dont je parlais plus haut (qui a coulé sa boite), dès l'entretien d'embauche, j'avais vu qu'il était zarb. Il posait des questions, et il s'empressait de répondre dès mes premiers mots, disant qu'évidemment je savais la réponse ^^ (ahem..)

Mais je me méfie des biais aussi. On ne se rappelle que ce qui correspond, et on oublie toutes les fois où on s'est un peu gouré.
Ça vous dit rien les fois où on se dit... "bah tu vois, vraiment j'aurais pas crû". Mais comme c'est chouette, et que c'est que bénèf, on se dit que c'est sympa, c'est tout. Pourtant, on s'est planté ! ^^