Rayures et parcours de vie. Quelle place prendre ?
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RonaldMcDonald
Ambroz
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Rayures et parcours de vie. Quelle place prendre ?
Cela fait quelque temps que je ressens le désir de venir déballer l’enchevêtrement de questionnement, d’interprétations et de ressentis qui me servent de vie depuis deux ans.
J’ai longtemps hésité. Après tout, je ne suis rien ni personne. Et ce n’est probablement pas cette bouteille à la mer, destinée à des inconnus, qui y changera quoi que ce soit.
Pourtant, j’ai l’intuition qu’il faut que je le fasse. Un peu comme une vaine tentative d’agripper le parquet en y incrustant mes ongles, écorchant des ébarbures de bois pour m’empêcher de glisser inéluctablement dans une voie sans retour.
Je ne sais plus.
Je ne parviens plus à faire la part des choses entre ce que je suis en droit de désirer, d’espérer de la vie, et ce que je dois irrémédiablement condamner, synonyme de deuil de tout un pan de constructions existentielles qui animaient mon unique réelle, et extrêmement puissante, avidité de vivre.
J’ai 39 ans.
Ces vingt dernières années se sont résumées à une suite d’échecs familiaux, sentimentaux et professionnels lamentables. Sans véritablement en comprendre la raison.
Ecœuré par les rouages politico-psychosociéto-économico-dogmatiques ambiants, j’ai toujours, plus ou moins, passé ma vie à fuir dans mon univers (sports, jeux-vidéo, sciences, films, lectures, etc…). Mais, écrasé par une emprise parentale toute puissante et mon inamovible soif de connaitre la plénitude telle que je la concevais, je me suis évertué désespérément à tenter d’être ce que l’on attendait de moi.
Il n’y a pas de sots métiers, certes, mais j’ai enchainé des boulots que je considère comme aliénant, dénués de reconnaissance et particulièrement en proie à la médiocrité humaine dans toute sa splendeur.
Tout cela était finalement vécu comme une pénitence logique. Lorsqu’on n’a pas été foutu d’exploiter ses capacités, qu’on a tout envoyé chier en terminal, on se résout à accepter que l’on ne fasse jamais rien de passionnant pour gagner sa pitance.
Mais peu importe, « tant que la vie affective et spirituelle tient la route, permettant d’explorer la passion, de libérer ses désirs et de nourrir son cœur de cette inépuisable source de raison d’être », tout cela restait « supportable » et avait encore un tant soit peu de sens.
En somme, toutes les conditions étaient réunies pour confectionner une véritable bombe à retardement aux conséquences apocalyptiques dont le minuteur était depuis bien longtemps, et insidieusement, déjà déclenché. Un compte à rebout égrainant les secondes, consommant frénétiquement une mèche qui s’amenuisait inéluctablement vers d’explosives et dramatiques prises de consciences.
J’ai toujours su que j’étais différent, habité par un lancinant ressentiment, sans réellement pouvoir me l’expliquer. C’était même, à vrai dire, plutôt une fierté de vouloir me démarquer de cette masse informe et rampante d’âmes inconsistantes avilies à leurs absurdes, inintéressantes et limités conceptions, que je n’ai, pour autant, jamais méprisées.
Tic… Tac... Tic... Tac…
Je pensais que, potentiellement, tout le monde était capable de me comprendre, de m’appréhender. J’ai investi une énergie considérable à faire en sorte de m’adapter « à l’autre » et d’adapter « l’autre » à moi. Imaginant que ce n’était qu’une question de volonté et d’apprentissage.
Je me suis bien planté.
Je n’ai cessé de rechercher la personne qui serait capable de m’apporter ce que moi je suis capable de donner en termes de puissance spirituelle, intellectuelle, affective et fantasmagorique, en vain.
Je me suis fait malmener, écorcher, poignarder, trahir, abandonner plus que de raison.
Qui voudrait d’un homme qui n’a pas de boulot stable, qui ne peut économiquement pas se projeter à plus d’un an, tourmenté à chaque faux pas, à chaque échec personnel ou professionnel, constamment affecté par les incohérences et les injustices sociétales qui parsèment le quotidien.
Plus je sombrais, plus je m’enlisais dans des dépendances affectives compensatoires auprès de personnes incapables de percevoir un dixième de ce que j’étais, m’accrochant à l’espoir de redonner du sens à mon univers, recherchant désespérément un peu de jouissance dans toute cette nauséabonde puanteur.
Et puis… il y eut l’explosion.
La maladie et la mort qui rôdent dans mon entourage proche, la rupture-trahison et l’abandon de trop, mon genou qui décide de se plier dans un sens qu’il n’avait jamais expérimenté contraignant à trois mois d’immobilisation et bien d’autres joyeusetés encore. Le Blackout fut total.
C’était il y a tout juste deux ans.
C’est à ce moment précis que j’ai appris ma surdouance et mon hypersensibilité, j’ai ingurgité une quantité astronomique de connaissances pour en mesurer les réelles implications. Mon univers s’est complètement effondré sans que je ne puisse absolument rien y faire.
Pour la première fois de ma vie, j’ai vu l’immense fossé se matérialiser entre « moi et les autres », expliquant vingt années d’efforts incommensurables, d’échecs cuisants à trouver ma place et de tortures liés à ce sentiment d’incompréhension.
Par instinct de survie, je me bats depuis lors. Je me suis reconverti professionnellement, j’ai brillamment validé une formation professionnelle d’un an, faisant passer mes diplômes de Brevet des collèges à Bac +2, je me suis immensément enrichi cognitivement et spirituellement mais… Je ne me suis jamais senti aussi seul, désillusionné et en errance de sens.
La seule chose qui, à mes yeux, valait vraiment la peine d’être vécue était de pouvoir trouver quelqu’un capable d’un amour similaire au mien, capable de m’aimer et de m’accepter comme je suis. Ce qui, aux vues de la situation, s’avérera totalement peu probable, voir impossible, puisque personne ne sera jamais réellement capable de voir et comprendre qui je suis.
Je vibre à la base rarement pour quelqu’un. En sachant qu’il faudra que cette personne soit dotée en plus de certaines capacités pour que ça marche… Honnêtement autant jouer au Lotto, je serais multimillionnaire avant d’avoir trouvé l’amour.
Cela fait maintenant deux ans que je suis complètement seul. Pourvu de centaines de futiles collègues parce que je parviens à être sociable et sympathique aux yeux des autres, mais aucun ami, aucun amour, pas d’échappatoires.
Ma vie intime frôle le zéro absolu.
Tout ce qui donnait du sens, insufflait le désir et l’espoir chez moi, s’est éteint le jour où j’ai réellement appris qui j’étais.
Je fais « mécaniquement » ce que j’ai à faire, par nécessité, mais je n’en perçois plus réellement la moindre finalité.
Le monde des rêves et des illusions que j’entretenais, au travers de mes représentations faussées du monde, avait au moins pour avantage de maintenir mes espoirs flots. Impitoyablement réduits en cendre par des expériences de vies désastreuses, certes.
Les blessures d’abandon et d’estime personnelle, conscient de ne pas être l'idéal de qui que ce soit, n’arrangent clairement les choses.
Alors oui, donner encore et encore, sans rien attendre en retour, ça je sais faire. Bizarrement, depuis que je ne me mets plus à quatre pattes pour un oui ou pour un non, plus personne ne s’intéresse à moi. Depuis que je ne m’efforce plus d’attiser les flammes ou d’insuffler l’énergie vitale aux autres, je n’existe absolument plus.
Je me suis tellement empêché de vivre par respect et considération de l’autre, là où cet « autre » ne s’est jamais privé de m’écraser la gueule pour arriver à ses fins.
Qu’est-on en droit de désirer et d’attendre ? Qu’avons-nous le droit de prendre au détriment des autres ? Quelle place avons-nous le droit de nous donner ? jusqu’à quel point pouvons-nous être égoïste et penser à notre propre bien être sans avoir à basculer dans l’injustice ?
J’arrive à un moment de ma vie où je ne sais plus où commencent et où s’arrêtent mes responsabilités envers l’autre. Et c’est encore pire depuis que je connais ma surdouance et que je vois le monde dénué des artifices qui me voilaient la face jusqu’alors.
Je suis un être humain, j’ai des besoins psychiques et physiques, peut être même bien plus exacerbés que la plupart des gens. Mais prendre égoïstement, je ne sais pas faire, je n’en vois d’ailleurs même pas l’intérêt.
Mais comment combler ce gouffre en sachant que l’autre ne sera jamais en mesure de m’égaler ? Un zèbre doit-il forcément se résigner à donner toujours beaucoup plus que ce qu’il recevra ?
Merci aux courageux et courageuses qui auront eu la patience de me lire.
Si vous avez des éléments de réponse, je suis preneur.
Bien à vous,
Ambroz
J’ai longtemps hésité. Après tout, je ne suis rien ni personne. Et ce n’est probablement pas cette bouteille à la mer, destinée à des inconnus, qui y changera quoi que ce soit.
Pourtant, j’ai l’intuition qu’il faut que je le fasse. Un peu comme une vaine tentative d’agripper le parquet en y incrustant mes ongles, écorchant des ébarbures de bois pour m’empêcher de glisser inéluctablement dans une voie sans retour.
Je ne sais plus.
Je ne parviens plus à faire la part des choses entre ce que je suis en droit de désirer, d’espérer de la vie, et ce que je dois irrémédiablement condamner, synonyme de deuil de tout un pan de constructions existentielles qui animaient mon unique réelle, et extrêmement puissante, avidité de vivre.
J’ai 39 ans.
Ces vingt dernières années se sont résumées à une suite d’échecs familiaux, sentimentaux et professionnels lamentables. Sans véritablement en comprendre la raison.
Ecœuré par les rouages politico-psychosociéto-économico-dogmatiques ambiants, j’ai toujours, plus ou moins, passé ma vie à fuir dans mon univers (sports, jeux-vidéo, sciences, films, lectures, etc…). Mais, écrasé par une emprise parentale toute puissante et mon inamovible soif de connaitre la plénitude telle que je la concevais, je me suis évertué désespérément à tenter d’être ce que l’on attendait de moi.
Il n’y a pas de sots métiers, certes, mais j’ai enchainé des boulots que je considère comme aliénant, dénués de reconnaissance et particulièrement en proie à la médiocrité humaine dans toute sa splendeur.
Tout cela était finalement vécu comme une pénitence logique. Lorsqu’on n’a pas été foutu d’exploiter ses capacités, qu’on a tout envoyé chier en terminal, on se résout à accepter que l’on ne fasse jamais rien de passionnant pour gagner sa pitance.
Mais peu importe, « tant que la vie affective et spirituelle tient la route, permettant d’explorer la passion, de libérer ses désirs et de nourrir son cœur de cette inépuisable source de raison d’être », tout cela restait « supportable » et avait encore un tant soit peu de sens.
En somme, toutes les conditions étaient réunies pour confectionner une véritable bombe à retardement aux conséquences apocalyptiques dont le minuteur était depuis bien longtemps, et insidieusement, déjà déclenché. Un compte à rebout égrainant les secondes, consommant frénétiquement une mèche qui s’amenuisait inéluctablement vers d’explosives et dramatiques prises de consciences.
J’ai toujours su que j’étais différent, habité par un lancinant ressentiment, sans réellement pouvoir me l’expliquer. C’était même, à vrai dire, plutôt une fierté de vouloir me démarquer de cette masse informe et rampante d’âmes inconsistantes avilies à leurs absurdes, inintéressantes et limités conceptions, que je n’ai, pour autant, jamais méprisées.
Tic… Tac... Tic... Tac…
Je pensais que, potentiellement, tout le monde était capable de me comprendre, de m’appréhender. J’ai investi une énergie considérable à faire en sorte de m’adapter « à l’autre » et d’adapter « l’autre » à moi. Imaginant que ce n’était qu’une question de volonté et d’apprentissage.
Je me suis bien planté.
Je n’ai cessé de rechercher la personne qui serait capable de m’apporter ce que moi je suis capable de donner en termes de puissance spirituelle, intellectuelle, affective et fantasmagorique, en vain.
Je me suis fait malmener, écorcher, poignarder, trahir, abandonner plus que de raison.
Qui voudrait d’un homme qui n’a pas de boulot stable, qui ne peut économiquement pas se projeter à plus d’un an, tourmenté à chaque faux pas, à chaque échec personnel ou professionnel, constamment affecté par les incohérences et les injustices sociétales qui parsèment le quotidien.
Plus je sombrais, plus je m’enlisais dans des dépendances affectives compensatoires auprès de personnes incapables de percevoir un dixième de ce que j’étais, m’accrochant à l’espoir de redonner du sens à mon univers, recherchant désespérément un peu de jouissance dans toute cette nauséabonde puanteur.
Et puis… il y eut l’explosion.
La maladie et la mort qui rôdent dans mon entourage proche, la rupture-trahison et l’abandon de trop, mon genou qui décide de se plier dans un sens qu’il n’avait jamais expérimenté contraignant à trois mois d’immobilisation et bien d’autres joyeusetés encore. Le Blackout fut total.
C’était il y a tout juste deux ans.
C’est à ce moment précis que j’ai appris ma surdouance et mon hypersensibilité, j’ai ingurgité une quantité astronomique de connaissances pour en mesurer les réelles implications. Mon univers s’est complètement effondré sans que je ne puisse absolument rien y faire.
Pour la première fois de ma vie, j’ai vu l’immense fossé se matérialiser entre « moi et les autres », expliquant vingt années d’efforts incommensurables, d’échecs cuisants à trouver ma place et de tortures liés à ce sentiment d’incompréhension.
Par instinct de survie, je me bats depuis lors. Je me suis reconverti professionnellement, j’ai brillamment validé une formation professionnelle d’un an, faisant passer mes diplômes de Brevet des collèges à Bac +2, je me suis immensément enrichi cognitivement et spirituellement mais… Je ne me suis jamais senti aussi seul, désillusionné et en errance de sens.
La seule chose qui, à mes yeux, valait vraiment la peine d’être vécue était de pouvoir trouver quelqu’un capable d’un amour similaire au mien, capable de m’aimer et de m’accepter comme je suis. Ce qui, aux vues de la situation, s’avérera totalement peu probable, voir impossible, puisque personne ne sera jamais réellement capable de voir et comprendre qui je suis.
Je vibre à la base rarement pour quelqu’un. En sachant qu’il faudra que cette personne soit dotée en plus de certaines capacités pour que ça marche… Honnêtement autant jouer au Lotto, je serais multimillionnaire avant d’avoir trouvé l’amour.
Cela fait maintenant deux ans que je suis complètement seul. Pourvu de centaines de futiles collègues parce que je parviens à être sociable et sympathique aux yeux des autres, mais aucun ami, aucun amour, pas d’échappatoires.
Ma vie intime frôle le zéro absolu.
Tout ce qui donnait du sens, insufflait le désir et l’espoir chez moi, s’est éteint le jour où j’ai réellement appris qui j’étais.
Je fais « mécaniquement » ce que j’ai à faire, par nécessité, mais je n’en perçois plus réellement la moindre finalité.
Le monde des rêves et des illusions que j’entretenais, au travers de mes représentations faussées du monde, avait au moins pour avantage de maintenir mes espoirs flots. Impitoyablement réduits en cendre par des expériences de vies désastreuses, certes.
Les blessures d’abandon et d’estime personnelle, conscient de ne pas être l'idéal de qui que ce soit, n’arrangent clairement les choses.
Alors oui, donner encore et encore, sans rien attendre en retour, ça je sais faire. Bizarrement, depuis que je ne me mets plus à quatre pattes pour un oui ou pour un non, plus personne ne s’intéresse à moi. Depuis que je ne m’efforce plus d’attiser les flammes ou d’insuffler l’énergie vitale aux autres, je n’existe absolument plus.
Je me suis tellement empêché de vivre par respect et considération de l’autre, là où cet « autre » ne s’est jamais privé de m’écraser la gueule pour arriver à ses fins.
Qu’est-on en droit de désirer et d’attendre ? Qu’avons-nous le droit de prendre au détriment des autres ? Quelle place avons-nous le droit de nous donner ? jusqu’à quel point pouvons-nous être égoïste et penser à notre propre bien être sans avoir à basculer dans l’injustice ?
J’arrive à un moment de ma vie où je ne sais plus où commencent et où s’arrêtent mes responsabilités envers l’autre. Et c’est encore pire depuis que je connais ma surdouance et que je vois le monde dénué des artifices qui me voilaient la face jusqu’alors.
Je suis un être humain, j’ai des besoins psychiques et physiques, peut être même bien plus exacerbés que la plupart des gens. Mais prendre égoïstement, je ne sais pas faire, je n’en vois d’ailleurs même pas l’intérêt.
Mais comment combler ce gouffre en sachant que l’autre ne sera jamais en mesure de m’égaler ? Un zèbre doit-il forcément se résigner à donner toujours beaucoup plus que ce qu’il recevra ?
Merci aux courageux et courageuses qui auront eu la patience de me lire.
Si vous avez des éléments de réponse, je suis preneur.
Bien à vous,
Ambroz
Ambroz- Messages : 20
Date d'inscription : 09/10/2019
Localisation : Var (83)
Re: Rayures et parcours de vie. Quelle place prendre ?
Bonjour, et bienvenue.
je n'ai pas forcément de réponse, mais en tout cas, j'ai trouvé de la qualité littéraire dans ton texte. Tu sais écrire.
je n'ai pas forcément de réponse, mais en tout cas, j'ai trouvé de la qualité littéraire dans ton texte. Tu sais écrire.
RonaldMcDonald- Messages : 11721
Date d'inscription : 15/01/2019
Age : 48
Localisation : loin de chez moi, dans un petit coin de paradis
Re: Rayures et parcours de vie. Quelle place prendre ?
Hello,
Oui, je trouve aussi qu'il y a une qualité d'écriture.
J'ai de la peine à saisir pourquoi "apprendre qui tu serais" (je dirais plutôt "en apprendre un peu plus sur toi", en particulier "par rapport aux autres") serait problématique, avancer à l'aveugle ou s'illusionner ne me semblant pas souhaitable. Il est vrai que d'autres ont exprimé, même assez récemment sur zc, des souffrances post détection. Tu y vois plus clair, tu avances, je trouve ça bien. Mais j'entends bien la souffrance, la crise qui dure, voire le cri de désespoir. Je compatis.
Mais comment combler ce gouffre en sachant que l’autre ne sera jamais en mesure de m’égaler ? Un zèbre doit-il forcément se résigner à donner toujours beaucoup plus que ce qu’il recevra ?
Ces formulations entre compétition et petite comptabilité me perturbent. J'ose croire qu'il y a pas mal de gens qui peuvent apporter pas mal de de choses. Mais le vrai souci me paraît exprimé un peu plus haut, là :
Je me suis tellement empêché de vivre par respect et considération de l’autre, là où cet « autre » ne s’est jamais privé de m’écraser la gueule pour arriver à ses fins.
Qu’est-on en droit de désirer et d’attendre ? Qu’avons-nous le droit de prendre au détriment des autres ? Quelle place avons-nous le droit de nous donner ? jusqu’à quel point pouvons-nous être égoïste et penser à notre propre bien être sans avoir à basculer dans l’injustice ?
Etait-ce vraiment par respect et considération de l'autre ? C'est possible, mais ça me fait un peu penser à Glover, "Trop gentil pour être heureux, le syndrome du chic type". (Oui, je parle régulièrement de ce bouquin, sorry). J'avais découvert par là (il y a un extrait, dans la deuxième citation du premier message) :
https://www.zebrascrossing.net/t13480-honte-toxique-un-fil-sur-la-honte-toxique
Si on a grandi dans un environnement où les besoins parentaux (explicites ou tacites) étaient prioritaires, pour certains en tout cas ça peut être compliqué de se positionner autrement qu'en pourvoyeur de soin.
C'est bien si tu observes un changement de comportement des autres quand tu changes toi-même. Mais c'est compliqué si ça semble confirmer qu'il faut se nier pour attirer.
Quand tu iras mieux, tes relations s'apaiseront. Mais tu as besoin de relations ressourçantes pour t'apaiser. Oui, je sais, c'est comme la maison qui rend fou d'Asterix. Compassion...
Oui, je trouve aussi qu'il y a une qualité d'écriture.
J'ai de la peine à saisir pourquoi "apprendre qui tu serais" (je dirais plutôt "en apprendre un peu plus sur toi", en particulier "par rapport aux autres") serait problématique, avancer à l'aveugle ou s'illusionner ne me semblant pas souhaitable. Il est vrai que d'autres ont exprimé, même assez récemment sur zc, des souffrances post détection. Tu y vois plus clair, tu avances, je trouve ça bien. Mais j'entends bien la souffrance, la crise qui dure, voire le cri de désespoir. Je compatis.
Mais comment combler ce gouffre en sachant que l’autre ne sera jamais en mesure de m’égaler ? Un zèbre doit-il forcément se résigner à donner toujours beaucoup plus que ce qu’il recevra ?
Ces formulations entre compétition et petite comptabilité me perturbent. J'ose croire qu'il y a pas mal de gens qui peuvent apporter pas mal de de choses. Mais le vrai souci me paraît exprimé un peu plus haut, là :
Je me suis tellement empêché de vivre par respect et considération de l’autre, là où cet « autre » ne s’est jamais privé de m’écraser la gueule pour arriver à ses fins.
Qu’est-on en droit de désirer et d’attendre ? Qu’avons-nous le droit de prendre au détriment des autres ? Quelle place avons-nous le droit de nous donner ? jusqu’à quel point pouvons-nous être égoïste et penser à notre propre bien être sans avoir à basculer dans l’injustice ?
Etait-ce vraiment par respect et considération de l'autre ? C'est possible, mais ça me fait un peu penser à Glover, "Trop gentil pour être heureux, le syndrome du chic type". (Oui, je parle régulièrement de ce bouquin, sorry). J'avais découvert par là (il y a un extrait, dans la deuxième citation du premier message) :
https://www.zebrascrossing.net/t13480-honte-toxique-un-fil-sur-la-honte-toxique
Si on a grandi dans un environnement où les besoins parentaux (explicites ou tacites) étaient prioritaires, pour certains en tout cas ça peut être compliqué de se positionner autrement qu'en pourvoyeur de soin.
C'est bien si tu observes un changement de comportement des autres quand tu changes toi-même. Mais c'est compliqué si ça semble confirmer qu'il faut se nier pour attirer.
Quand tu iras mieux, tes relations s'apaiseront. Mais tu as besoin de relations ressourçantes pour t'apaiser. Oui, je sais, c'est comme la maison qui rend fou d'Asterix. Compassion...
Dernière édition par Topsy Turvy le Lun 12 Juil 2021, 15:13, édité 1 fois
Topsy Turvy- Messages : 8367
Date d'inscription : 10/01/2020
Re: Rayures et parcours de vie. Quelle place prendre ?
Merci à tous les deux pour vos réponses.
@Topsy Turvy : Réflexions très intéressantes et pertinentes !
J'ai beaucoup réfléchi depuis hier.
Le fait d'avoir formalisé et exprimé ces ressentis m'ont permis de remonter à certaines sources de mes troubles.
Je me suis aperçu qu'une bonne partie de mon discours était fortement influencée par la frustration. Retranscrit par cet aspect "comparaison quantitative" qui n'a, au final, que peu de raison d'être car je n'ai jamais été "comptable" de ce que je donnais ou non dans mes relations.
Ce qui nous emmène au deuxième point, d'où vient se sentiment ce frustration (hormis le manque, bien évidemment) ?
D'une part, je crois bien que c'est simplement que je suis terrifié à l'idée d'aller vers quelqu'un ou de laisser quelqu'un s'approcher de moi à nouveau, et ce, même si je commence à vraiment souffrir de l'isolement.
D'autre part, il y a effectivement ces blessures d'abandon qui ont profondément fragilisé l'estime que j'avais de moi même, véhiculant ce sentiment que je ne suis pas "conforme" à ce qu'on attendrait de moi.
Je pense que tu as eu un très bon ressenti avec le lien que tu m'as partagé.
Je connaissais les mécanismes d'évitements, en ayant d'ailleurs l'intuition d'en posséder quelques uns, mais la stratégie compensatoire "du chic type" je connaissais pas... Et je t'avoue y avoir trouvé quelques échos retentissants... Cela en est même un peu effrayant.
J'ai toujours eu cette "manie" d'être profondément gentil et bienveillant. Et il s'avère effectivement que ça cache une obsession d'être "accepté, reconnu et aimé".
C'est d'ailleurs dans ce domaine là que je parle de "respect et de considération" de l'autre.
Je n'ai jamais profité des faiblesses de quelqu'un d'autre, (presque) jamais été malhonnête ou manipulateur pour obtenir quelque chose. J'ai toujours mis un point d'honneur à être authentique et clair sur chacune de mes intentions. C'est en cela que je dis "que je me suis empêché de vivre".
Maintes fois j'aurai pu troubler la vérité, omettre de dévoiler mes réelles intentions ou faire preuve de malhonnêteté intellectuelle.
A croire que j'ai toujours respecté l'autre plus que moi même effectivement...
A méditer...
Merci beaucoup pour ton intervention !
@Topsy Turvy : Réflexions très intéressantes et pertinentes !
J'ai beaucoup réfléchi depuis hier.
Le fait d'avoir formalisé et exprimé ces ressentis m'ont permis de remonter à certaines sources de mes troubles.
Je me suis aperçu qu'une bonne partie de mon discours était fortement influencée par la frustration. Retranscrit par cet aspect "comparaison quantitative" qui n'a, au final, que peu de raison d'être car je n'ai jamais été "comptable" de ce que je donnais ou non dans mes relations.
Ce qui nous emmène au deuxième point, d'où vient se sentiment ce frustration (hormis le manque, bien évidemment) ?
D'une part, je crois bien que c'est simplement que je suis terrifié à l'idée d'aller vers quelqu'un ou de laisser quelqu'un s'approcher de moi à nouveau, et ce, même si je commence à vraiment souffrir de l'isolement.
D'autre part, il y a effectivement ces blessures d'abandon qui ont profondément fragilisé l'estime que j'avais de moi même, véhiculant ce sentiment que je ne suis pas "conforme" à ce qu'on attendrait de moi.
Je pense que tu as eu un très bon ressenti avec le lien que tu m'as partagé.
Je connaissais les mécanismes d'évitements, en ayant d'ailleurs l'intuition d'en posséder quelques uns, mais la stratégie compensatoire "du chic type" je connaissais pas... Et je t'avoue y avoir trouvé quelques échos retentissants... Cela en est même un peu effrayant.
J'ai toujours eu cette "manie" d'être profondément gentil et bienveillant. Et il s'avère effectivement que ça cache une obsession d'être "accepté, reconnu et aimé".
C'est d'ailleurs dans ce domaine là que je parle de "respect et de considération" de l'autre.
Je n'ai jamais profité des faiblesses de quelqu'un d'autre, (presque) jamais été malhonnête ou manipulateur pour obtenir quelque chose. J'ai toujours mis un point d'honneur à être authentique et clair sur chacune de mes intentions. C'est en cela que je dis "que je me suis empêché de vivre".
Maintes fois j'aurai pu troubler la vérité, omettre de dévoiler mes réelles intentions ou faire preuve de malhonnêteté intellectuelle.
A croire que j'ai toujours respecté l'autre plus que moi même effectivement...
A méditer...
Merci beaucoup pour ton intervention !
Ambroz- Messages : 20
Date d'inscription : 09/10/2019
Localisation : Var (83)
Re: Rayures et parcours de vie. Quelle place prendre ?
Merci pour ton retour. Tant mieux si les cogitations avancent, c'est cool.
Je pense qu'on est quelques-uns à ne pas trouver simple de gérer l'équilibre.
Bien dans ses bottes ET bien sur ses pattes, vraiment soi, ni ange ni démon.
Oui, manifestement, je suis dans une phase BD.
Je pense qu'on est quelques-uns à ne pas trouver simple de gérer l'équilibre.
Bien dans ses bottes ET bien sur ses pattes, vraiment soi, ni ange ni démon.
Oui, manifestement, je suis dans une phase BD.
Topsy Turvy- Messages : 8367
Date d'inscription : 10/01/2020
Re: Rayures et parcours de vie. Quelle place prendre ?
Hello Ambroz..
Beaucoup de questionnements et peu de réponses à t'apporter, car toi seul peut démêler cet enchevêtrement de problèmes (éventuellement avec l'aide d'un psy). C'est sur ton manque de confiance en toi qu'il faut travailler à mon sens.
J'ai lu que tu étais toujours dans le ressentiment, il faut que tu en sorte car cela t'empêche d'avancer, le ressentiment est toxique.
Il semble que les personnes hypersensibles sont celles qui sont le plus touchées par ce ressentiment (toujours en relation avec le sentir/ressentir, les sens exacerbés).
Il faudrait apprendre à exprimer ses colères au lieu de les garder en soi et ruminer.
Tiens, une lecture qui peut t'aider à te mettre sur la piste: https://nospensees.fr/se-liberer-ressentiment/
Je te souhaite d'en sortir.
Et sois le bienvenu.
Stef-âne- Messages : 1203
Date d'inscription : 05/06/2021
Re: Rayures et parcours de vie. Quelle place prendre ?
Coucou Stef-âne,
J'ai lu l'article, c'est très intéressant.
Au cours de ma vie de Saint Bernard ( ), j'ai beaucoup eu à faire à des personnes en proie à une colère vis a vis d'autrui qui les rongeait de l'intérieur et que j'ai tenté d'apaiser.
Donc effectivement, je traine pas mal de ressentiments au détail près qu'ils sont tournés vers moi.
Et c'est là que, pour le coup, on rejoint parfaitement ce que disait Topsy Turvy, qui serait dû au fait que je m'en veux de n'avoir pas su être ce que l'on attendait de moi.
Et c'est là qu'il y a disfonctionnement...
J'ai assimilé l'idée que pour pouvoir accéder à mes désirs et mes rêves, il fallait que je sois ce que mes parents ou mes relations désiraient que je sois.
En d'autres termes, j'ai priorisé le regard du monde extérieur pour éviter les punitions et favoriser les récompenses plutôt que de construire mon propre édifice identitaire.
Lorsqu'on ne peut pas être l'idéal que l'autre voudrait qu'on soit, quoi que l'on fasse on est toujours irrémédiablement affligé d'un sentiment d'echec... Qui se mue en honte... et qui trouble toutes nos perceptions et positionnements.
Je pense comprendre pourquoi je ne voyais plus de sens à ce que je faisais...
Car ce que je poursuivais ce n'était pas mon chemin, mais celui que les autres avaient décidé pour moi.
J'ai lu l'article, c'est très intéressant.
Au cours de ma vie de Saint Bernard ( ), j'ai beaucoup eu à faire à des personnes en proie à une colère vis a vis d'autrui qui les rongeait de l'intérieur et que j'ai tenté d'apaiser.
Donc effectivement, je traine pas mal de ressentiments au détail près qu'ils sont tournés vers moi.
Et c'est là que, pour le coup, on rejoint parfaitement ce que disait Topsy Turvy, qui serait dû au fait que je m'en veux de n'avoir pas su être ce que l'on attendait de moi.
Et c'est là qu'il y a disfonctionnement...
J'ai assimilé l'idée que pour pouvoir accéder à mes désirs et mes rêves, il fallait que je sois ce que mes parents ou mes relations désiraient que je sois.
En d'autres termes, j'ai priorisé le regard du monde extérieur pour éviter les punitions et favoriser les récompenses plutôt que de construire mon propre édifice identitaire.
Lorsqu'on ne peut pas être l'idéal que l'autre voudrait qu'on soit, quoi que l'on fasse on est toujours irrémédiablement affligé d'un sentiment d'echec... Qui se mue en honte... et qui trouble toutes nos perceptions et positionnements.
Je pense comprendre pourquoi je ne voyais plus de sens à ce que je faisais...
Car ce que je poursuivais ce n'était pas mon chemin, mais celui que les autres avaient décidé pour moi.
Ambroz- Messages : 20
Date d'inscription : 09/10/2019
Localisation : Var (83)
Re: Rayures et parcours de vie. Quelle place prendre ?
Salut Ambroz,
Dans un fil de ZC dédié à l'estime de soi, j'avais posté un message qui pourrait peut-être t'aider : https://www.zebrascrossing.net/t39687-test-d-amour-propre#1683570
Dans un fil de ZC dédié à l'estime de soi, j'avais posté un message qui pourrait peut-être t'aider : https://www.zebrascrossing.net/t39687-test-d-amour-propre#1683570
zebrisse- Messages : 321
Date d'inscription : 16/07/2015
Re: Rayures et parcours de vie. Quelle place prendre ?
Excellent Zebrisse !
Je m'y suis beaucoup retrouvé
Ce sont des choses que l'on sait, et pourtant mécaniquement on tombe vite dans de mauvais travers....
Je m'y suis beaucoup retrouvé
Ce sont des choses que l'on sait, et pourtant mécaniquement on tombe vite dans de mauvais travers....
Ambroz- Messages : 20
Date d'inscription : 09/10/2019
Localisation : Var (83)
Re: Rayures et parcours de vie. Quelle place prendre ?
Salut Ambroz,
C’est assez troublant de te lire,.. tant de mots que j’aurai pu écrire moi
Même.
Donc je n’ai pas vraiment de réponse, à part te dire que tu n’es pas seul.
C’est assez troublant de te lire,.. tant de mots que j’aurai pu écrire moi
Même.
Donc je n’ai pas vraiment de réponse, à part te dire que tu n’es pas seul.
Strelitzia- Messages : 27
Date d'inscription : 10/07/2021
Re: Rayures et parcours de vie. Quelle place prendre ?
@Strelitzia
Je ne sais pas si c'est vraiment rassurant mais il faut bien faire avec ^^
Je crois que le plus dur finalement c'est de ne pas parvenir à aller vers les autres.
De temps en temps je sors tout seul, comme ce soir.
Je regarde les gens s'amuser, être heureux, rigoler entre amis ou en famille.
A quelque reprise, je croise une jolie fille, par ci, par là.
Mais je n'ose pas.
Pourtant je suis un mec plutôt charmant, gentil, drôle.
Mais je n'ose pas.
Mon sentiment de solitude et mon bagage de blessures sont tellement omniprésents que je ne peux me résoudre à les imposer à qui que ce soit.
Ils ne comprendraient pas.
Et puis, chacun sait que pour rencontrer dans de bonnes conditions, il faut être imprégné d'une bonne dynamique.
Je pourrais tricher, probablement. Mettre des masques.
Pour autant je n'aurai pas la moindre satisfaction, puisque je ne serai pas vu pour ce que je suis réellement.
Et que dire de cette méfiance qui s'est durablement installée...
Bref, je m'efforce d'avancer, pas à pas, mais le chemin me semble encore tellement long.
Je ne sais pas si c'est vraiment rassurant mais il faut bien faire avec ^^
Je crois que le plus dur finalement c'est de ne pas parvenir à aller vers les autres.
De temps en temps je sors tout seul, comme ce soir.
Je regarde les gens s'amuser, être heureux, rigoler entre amis ou en famille.
A quelque reprise, je croise une jolie fille, par ci, par là.
Mais je n'ose pas.
Pourtant je suis un mec plutôt charmant, gentil, drôle.
Mais je n'ose pas.
Mon sentiment de solitude et mon bagage de blessures sont tellement omniprésents que je ne peux me résoudre à les imposer à qui que ce soit.
Ils ne comprendraient pas.
Et puis, chacun sait que pour rencontrer dans de bonnes conditions, il faut être imprégné d'une bonne dynamique.
Je pourrais tricher, probablement. Mettre des masques.
Pour autant je n'aurai pas la moindre satisfaction, puisque je ne serai pas vu pour ce que je suis réellement.
Et que dire de cette méfiance qui s'est durablement installée...
Bref, je m'efforce d'avancer, pas à pas, mais le chemin me semble encore tellement long.
Ambroz- Messages : 20
Date d'inscription : 09/10/2019
Localisation : Var (83)
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