[L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. Mais tant qu'à y être choisissez du bon.] Après une cuite.

JCVD — Ce n'est pas évident de faire une bonne spirale.

Miss France — Jean-Claude vous vous y prenez très bien.

JCVD — Merci.

Miss France — Pendant le concours dans les coulisses nous pratiquions la réflexologie anale entre nous. Et nous avons même élu la miss trou du cul, la miss la plus douée pour faire de la réflexologie anale. J'ai été deuxième.

JCVD — Cela ne m'étonne pas. J'ai tout de suite vu en vous beaucoup de talent.

Miss France — Merci.

JCVD — J'ai terminé la spirale.

Miss France — Ah vous savez manier le stylet vous. C'est parfait Jean-Claude je me sens beaucoup plus recentrée. Je vous remercie.

JCVD — Avec plaisir. J'aime servir la science.

Un jour au ciné.

Il y avait trois jeunes femmes à ma gauche distante d'une place de moi. Et j'étais moi-même à l'extrême droite de la rangée géographiquement parlant. À la fin du film, elles se lèvent, et je reste assis car je regarde toujours le générique jusqu'à la fin. Sur leur gauche il n'y avait personne. J'ai peur qu'elles veuillent passer devant moi. Car la politesse voudrait qu'elles fassent le tour et laissent le vieux que je suis finir sa sieste. Et si elles essayent de passer je sais que je ne les laisserait pas pour la raison sus citée. Cette perspective de contrarier ces jeunes femmes, de ressentir ce regard noir, puis ce mépris me terrorise littéralement. Ces femmes sont en quelques sortes des reines vous savez, trois jolies femmes nanties : c'est la classe régnante dans les cafés branchés aixois.

Finalement elles ne me dérangeront pas.

Quelques minutes plus tard je sors du ciné, le générique étant terminé, et croisant une voiture orgueilleuse je donne un coup dessus, comme si je frappais à la porte.

Tandis que je fuis à pas lents le gars m'interpelle par la vitre. Je ralentis, mais je ne m'arrête pas puis je reprends ma vitesse normale.

Le gars se gare. Il sort de sa voiture. Il me siffle. Je ne me retourne pas. Il m'appelle. Je m'arrête et me retourne.

— Tu sais que j'ai beaucoup travaillé pour avoir cette voiture.
— Je peux vous faire un chèque.
— Tu vas me faire un chèque de soixante mille euros ?
— Non de cent euros. Ou deux-cents.
— Pourquoi t'as donné un coup dans ma voiture ?
— Je sais pas. Si vous voulez vous pouvez venir cogner ma voiture.
— T'es normal dans ta tête ?
— Non.
— Suis-moi on va aller voir.
— Non.
— Suis-moi ou je t'éclate la tête.
— Non. Mais je vous attends ici si vous voulez.
— Tu sais que j'ai envie de te cogner mais si je commence je vais te tuer.
— Vous voulez pas vous salir les mains ?

Sur ce deux gars arrivent à pieds attirés par l'invective, et prennent son parti.

— Il a cogné ta voiture ?

Le gars va à sa voiture.
Un des deux nouveaux me dit :
— Allez viens voir sa voiture.
— Non j'attends ici. Mais vous pouvez attendre avec moi si vous voulez.
Il me donne un petit coup d'épaule, qui me semble à ce moment-là presque sympathique. Puis il dit :
— Ça aurait été moi je t'aurais déjà tabassé. Il est gentil avec toi.
Puis il part rejoindre les deux autres à la voiture.
Comme proposé je reste sur place à les attendre. Ils regardent la voiture. Puis les deux gars à pieds repartent. Et le gars en voiture repart en voiture. Par conséquent j'en déduis que je peux partir aussi.

Moralité.

J'ai plus balisé avec les bourgeoises qu'avec les gars de la cité. C'est con d'être un mec parfois.

Qu'est-ce qu'un langage.

Un mot c'est comme une pierre
C'est un solide
C'est rugueux ou lisse
Poli par les ans
Poli par l'usage
Impoli selon l'usage
L'on peut construire avec ou faire mal
C'est une pièce de monnaie archaïque sous l'écrin du soleil
L'on peut prendre ou donner
L'on peut cacher ou montrer
L'on peut déposer ou lancer
Pour briller pour faire mat
C'est un atome de langage
Soi-disant insécable
Un enjeu de pouvoir
Un cri d'identité
Un éclatement de liberté.

Que dire de cette histoire de voiture.

Que ce geste d'humeur n'étonnera pas ceux qui me savent impulsif et très susceptible.

Mais pourquoi cela s'est bien terminé finalement. Je me perds en hypothèses.

Mon allure de pauvre type peut appeler à l'indulgence.
Des fois l'on a juste de la chance.

Plus j'y réfléchis et plus je me dis que je l'ai respecté. Je n'ai pas nié ce mouvement d'humeur. Je n'ai pas fui. Je ne me suis pas fichu de lui. Et je me suis respecté également. Je n'ai pas répondu à son sifflement, entre autres.

Au final, c'était un réel échange. Un échange tendu. Un échange comme je n'en ai pas tellement.

Qu'est-ce qu'un langage.

Siamois me dirait que c'est un gage non rapide.

Merci Siamois.

D'autres ?

Tiens que dirait Joann.

Non ? Quelque chose comme ça avoue.

Que dirait My_illusion.

Ah ah ben le langage c'est ambigu chacun raconte la sienne et voit midi à sa porte.

Thank you My_illusion.

Que dirait Ronald.

"Venez comme vous êtes." ?

Non, l'autre Ronald.

Ah pardon.

"Le langage est une tentative technique d'outil de communication entre les humains qui a en partie échoué." ?

Et il ajouterait.

"ET SURTOUT NE VENEZ PAS COMME VOUS ÊTES !!!".

"Et je reste poli.".

Merci Roro.

Et moi qu'est-ce que je dirais.

Le langage est un jeu de langue.

Qu'est-ce qu'une langue.

Qu'est-ce qu'un jeu.

Un jeu est la création de règles par l'ego.

Qu'est-ce qu'une règle.

C'est modifier la réalité en créant de l'entropie.

Qu'est-ce que l'ego.

C'est des certitudes construites sur des doutes.

Qu'est-ce qu'une langue.

C'est un prolongement articulé du soi.

Qu'est-ce qu'un prolongement.

Qu'est-ce qu'un langage en vrai.

C'est le moignon de la pensée.

Un constat d'échec.

De l'impuissance cristallisée.

Qu'est-ce qu'un prolongement.

Un palliatif d'impuissance.