Harcèlement d'un zebeau de 12 ans

J'iamerais vous soumettre un texte écrit par un gamin de 12 ans, harcelé à l'école parce que trop différent. Les parents pourtant très ouverts n'ont jamais compris la souffrance de leur fils. Ce texte leur a premis de comprendre:

"J’étais un cas pas très répandu dans l’école. J’aimais prendre des chemins à rallonge pour le travail. Cela a commencé par l’instit de 3e/4e qui était décidée à faire de moi le mouton noir de la classe. Quand j’avais un 7 par exemple, elle me disait que je n’y arriverais pas comme cela. Elle disait cela à moitié pour me faire travailler, à moitié par méchanceté.

Au cours de gym, tous se moquaient de moi. Je n’ai pas de muscles. En fait je n’en ai qu’un, c’est mon cerveau et je m’entends bien avec lui.

Les élèves l’ont senti et j’étais comme de l’huile dans un grand verre d’eau. Cela ne se mélange pas. Les élèves se moquaient de moi en permanence. Ils essaient de me faire mal en exposant mes faiblesses à tous.

Je crois que ce qui n’allait pas, c’est le fonctionnement de l’école. Je me sentais très seul. Il est vrai que mes cheveux avaient plus que 3 cm, comme si c’était un crime. Je pense que l’école a changé les enfants. Elle avait du mépris envers les autres écoles. Et ses élèves se croyaient au dessus des autres : c’était la compétition. Toujours. Soit tu étais gagnant, soit tu étais perdant.

Je déteste la compétition. Je préfère que l’on se mette tous ensemble pour réaliser quelque chose. La compétition est une drogue. Finalement, je les plains. Ils étaient plein de colère, de mépris, de compétition et de folie des grandeurs.

Les élèves voulaient toujours faire mieux, comme si les autres étaient des échelons sur lesquels il fallait marcher, ou mieux encore qu'il fallait écraser. J’ai une profonde antipathie pour ces enfants qui me faisaient mal, se moquaient de moi parce que j’adore chanter et jouer au théâtre.

Aujourd’hui, dans ma nouvelle école, je suis fort en piscine mais je préférerais me faire éliminer plutôt que de devenir antipathique.

J’ai envie de relations cordiales. "

Bienvenue être humain
Finalement, quand je lis ceci, je me dis que nous ne sommes pas zèbres, mais bien humains, et ce sont peut-êtres les "normaux" qui sont inhumains. Sans leur jeter la pierre ni les dénigrer.
Ici, point de compétition, c'est illicite

Quelle prose à 12 ans ! C'est une bonne chose qu'il ait réussi à se faire entendre si clairement et si tôt; je lui souhaite du fond du coeur de réussir à s'épanouir !

Je réagis à la lecture de ce post, simplement parce que je n'avais rien lu à ce sujet sur le forum et que mon fils a connu ce phénomène.

Et le harcèlement de certains gamins HP est malheureusement une réalité (qui me semble connu des psy spécialisés HP), pas forcément facile à détecter par les parents et parfois ignorée et/ou niée par l'institution scolaire.

Pensez à vous interroger, si votre zèbeau connait un mal-être profond dans sa scolarité.

Je réagis à la lecture de ce post, simplement parce que je n'avais rien lu à ce sujet sur le forum et que mon fils a connu ce phénomène.

Et le harcèlement de certains gamins HP est malheureusement une réalité (qui me semble connu des psy spécialisés HP), pas forcément facile à détecter par les parents et parfois ignorée et/ou niée par l'institution scolaire.

Pensez notamment à explorer cet aspect des choses, si votre zèbeau connait un mal-être profond dans sa scolarité.

Parfois le corps enseignant cautionne ! Il est fréquent que la considération unique soit : "cela forge le caractère". Et se ranger du coté des gagnants permet je crois à certains enseignant de garder du crédit, face aux louveteaux aux dents pointues.

Comme le dit un proverbe shadok bien connu, il faut cogner toujours sur les mêmes, ça fait le moins de mécontents possible. S'il y a un mouton noir et un seul dans une classe, pour l'instit, c'est royal : il n'y a pas à se prendre la tête, y compris à la récré, il se passe quoi ? oh ben l'intello se fait taper, tout va bien, quoi. Cinq contre cinq, il faut intervenir, c'est l'émeute, dix contre un, rien à foutre.
Après coup, on va servir aux parents des trucs aussi immondes que : ça lui apprend la vraie vie, ou bien : ses notes, c'est de la provocation quand même, il faut bien que les autres se rattrapent [en lui tapant dessus].

Vécu, bien entendu.

Sachant qu'à raison de 3% de la population, des zèbres il y en a pratiquement un par classe...

[quote="Plume d'eau rayée"]

Sachant qu'à raison de 3% de la population, des zèbres il y en a pratiquement un par classe...

Et que tous ne sont pas harcelés.
Et que tous les profs ne réagissent pas de la manière dont tu le décris.

Maintenant, partant du constat que ce genre de situation existe, quelqu'un a des solutions ?

on ne va pas changer le système, mais on peut (faire) changer de classe / d'école.

"comme de l’huile dans un grand verre d’eau. Cela ne se mélange pas." j'aime bien cette image.

merci Chironex

[quote="Prosopeion"]

Plume d'eau rayée a écrit:

Sachant qu'à raison de 3% de la population, des zèbres il y en a pratiquement un par classe...

Et que tous ne sont pas harcelés.
Et que tous les profs ne réagissent pas de la manière dont tu le décris.

Maintenant, partant du constat que ce genre de situation existe, quelqu'un a des solutions ?

Je donne uniquement ce chiffre en réponse à l'argument que tant d'enseignants servent ad nauseam : "les vrais surdoués, c'est rarissime, je n'ai aucune chance d'en croiser un dans une de mes classes, et si des parents viennent me dire que leur gosse en est un, ce sont des menteurs. Il n'y a quasiment pas de surdoués, juste des gamins déséquilibrés ou mal élevés, et leurs heurs et malheurs ne me concernent pas."

Et que tous les profs ne réagissent pas de la manière dont tu le décris.

J'espère bien, mais dans mon cas, ça a valu pour 4 instits sur 5. Bon, c'était au début des années 80, les choses ont pu évoluer. Voire. C'est toujours le même problème. Quand tu n'as déjà pas assez de moyens pour t'occuper potablement de 33 élèves sur 34, tu ne pas pas te focaliser sur le 34e...

L'école a énormément changé en 25 ans. Dans tous les sens. Et les parents, et les enfants, et son rôle dans la société.
Mais ce qu'il est important de retenir, je pense, ce que, comme dans tous les services de l'État, les ambitions et les missions affichées sont toujours en décalage avec la réalité de la formation et des moyens donnés. Et le mot d'ordre des hiérarchies n'est pas "réglons les problèmes" mais "taisons les problèmes tant que ça n'explose pas". On fait bien carrière en "résolvant" des problèmes mais ceux qui sont reconnus officiellement, dans la limite tolérée, il ne s'agirait d'être celui par qui arrive la mauvaise nouvelle...
Les instits dont tu parles n'avaient ni le salaire ni la formation des profs des écoles actuels, mais la société leur conférait l'autorité qui leur permettait d'être obtus dans certaines situations. L'école d'aujourd'hui est traumatisée par l'échec scolaire et la formation tourne autour de l'élève en difficulté (les profs entendent parfois dans leur formation : "les bons élèves n'ont pas besoin de vous") : ce sont les autres qui sont sacrifiés (parce qu'il est prêché que l'on peut donner à chacun ce dont il a besoin pour progresser, que c'est irréalisable mais que celui qui le dit est mis à l'index.). Et la question des surdoués n'est pas vraiment abordée institutionnellement : ce sont les parents qui s'en emparent (dans les quartiers "favorisés") généralement, avec parfois des situations amusantes de 10 surdoués par classes, parce que ce n'est pas possible d'expliquer autrement pourquoi ils sont en échec (j'exagère à peine ^^).

Dans ce cas, que l'école ait changé ne résout rien au sujet des Z. C'est-à-dire que le Z "intello", qui "réussit" en classe quelle que puisse être sa souffrance humaine par ailleurs, s'il devient la tête de turc commode, a de grandes chances de le rester, doublement inintéressant. Et le Z en échec ? Entre les instits pour qui le Z a forcément dix sur dix partout, ceux pour qui il en existe un pour cent mille élèves, et ceux qui - parfois avec de très bonnes raisons - en ont marre de voir tous les parents d'élèves en difficulté les bombarder zébrillons, dans un contexte pareil, il a peu de chances d'être aidé conformément à ce qu'il est...

Et que faire, puisqu'il y a peut être sur ce forum des parents ou futurs parents qui seront confrontés à cette situation ? quelques pistes

en parler, c'est s'attaquer à l'ignorance sur le sujet : essentiel.

que ceux qui en ont souffert puissent s'exprimer à ce sujet (apprendre à vivre avec, et se construire malgré cette atteinte à son intégrité)

dire à nos enfants les limites de ce qui est tolérable, afin qu'ils disposent de points de repères, vis à vis des comportements de leurs camarades ;

leur apprendre à gérer leur spécificités (facile à dire...parent ? métier impossible, arf !)

dire aux parents de zebeaux les marges de manoeuvre :
- investir dans la qualité de relation avec les enseignants peut être un plus, pour aborder les spécificités (ça marche pas toujours)
- changer d'école/collège est parfois une vraie solution (merci LuiselLune), à la condition peut être que l'enfant est pu tirer les apprentissages de sa douloureuse expérience (sans quoi, la reproduction menace)
- ainsi, un accompagnement thérapeutique parait indiqué (à condition de trouver ; pas simple en province)

@ Plume d'eau rayé : oui, t'en as bavé, ça se sent ; merci du témoignage

@ Prosopeion : suis globalement d'accord avec ton approche générale ; et c'est bien pourquoi il me parait important d'informer, encore et toujours.