Ici, rendons hommage à certains professeurs ou personnes qui ont traversé nos vies et marqué nos existences !

Ma prof de Projet Professionnel Individualisé. Parce qu'elle se débrouille, quelque soit le caractère de l'élève, pour que le travail demandé soit fait correctement. Parce que 90% des élèves ne l'aiment pas alors qu'elle est tout simplement géniale.
Et qu'elle arrive à rester fidèle à elle-même, à remplir ses objectifs, et à s'en créer de nouveaux.

Et mon prof de maths de 5e. Parce qu'il m'a montré ce qu'était une personne entièrement subjective.
Il m'envoyait toujours sortir de la classe, pour débiter devant le reste de la classe son avis (peu reluisant) sur mon père. Mais j'étais aussi son préféré. Et parce qu'il ne cessait de répéter au groupe que nous allions tous finir éboueurs.

Je voudrais rendre hommage (et qu'est-ce que j'aimerais le faire en vrai un jour si je peux la croiser ou trouver son adresse pour envoyer une lettre) l'institutrice que j'ai au CE1 à partir de fin octobre (au cas où ça parle à quelqu'un un jour : c'était en 1986-87, à Saint Herblain près de Nantes à Haute Indres)
Elle m'a juste redonné le plaisir de l'école, l'envie d'apprendre encore plus, d'aller avec le sourire à l'école !!!
Gentille, souriante, pédagogue, sévère juste quand il fallait !!!
Avec le recul (et par rapport à l'instit' que j'ai eu 2 mois juste avant, à qui j'en veux encore énormément) je peux presque dire qu'elle m'a sauvé ma scolarité ! Quand je compare avec les autres membres du forum, pour les raisons propres à notre fonctionnement, elle était particulièrement douée !!!
Vraiment je lui dois tellement, même si elle m'a surement oublié...

Merci à vous pour tous ces instits et ces profs à qui vous rendez hommage, je suis émue.

Je me souviens, il avait des petits yeux bleus effrontés, mais discrets derrières les verres de ses lunettes, ainsi on ne les voyait pas. Pourtant eux nous regardaient. Dans la subtilité du silence, quand nous étions en proie à ses exercices de rigueur -car il ne badinait pas avec le travail- il était possible de se rendre compte de l'intérêt que ces binocles nous portait. Moi je l'ai vu, et il le savait.
Alors, parfois, quand le courage me manquait, je recevais une légère tape dans le dos qui soudain m'offrait un nouvel élan. Lui seul, par son mystérieux regard savait déceler le trouble de ses élèves, et parvenait à les apaiser un petit instant par des gestes qui n'avaient que le silence comme témoin.

Il avait cet air étrange, avec sa moustache blanche à la Brassens, et sa carrure d'ours à la refaite.
Il avait une grosses voix grave et des mains puissantes, à l'image de son charisme. Ah car le charisme, je crois qu'il le transpirait sans même s'en rendre compte. Lorsqu'il parlait, il ne parlait pas, il vivait.
Jamais plus je n'ai vu s'animer devant moi le subjonctif imparfait comme lors de ses cours de Français en 5ème.
Le subjonctif imparfait devenait soudain un personnage, il prenait sens, il prenait forme et paraissait si chaleureux que cela me donnait presqu'envie de ne parler qu'ainsi, au passé. Je ne pensais pas qu'il fusse aussi beau de parler au passé.
Mais surgit alors de sa bouche de nouvelles conjugaisons inconnus et lorsqu'il me présenta le futur antérieur avec autant d'ardeur, je... Je crois que j'aurais voulu me projeter vers mon avenir.
Et moi qui n'est que mon présent, je peux dire aujourd'hui que c'est parce qu'il nous parlait le verbe de la poésie avec amour, que je compris pour toujours, la valeur du temps.

Un prof de Français que je ne risque pas d'oublier.

Hommage ému :

- à Monsieur Georges Frêche, professeur d'économie et de droit (et par ailleurs maire de Montpellier à l'époque), qui m'a transmis il y a 30 ans de cela, outre une part de ses connaissances encyclopédiques, l'habitude de poser et de penser les sujets de manière dynamique, en en cherchant en permanence les sources et racines, et en utilisant une rationalité  probabiliste afin d'en dessiner les prolongements futurs les plus prévisibles. Quelle extraordinaire faculté d'analyse et de lecture événementielles vous m'avez offerte en présentant les grandes tendances lourdes telles des masses mouvantes dans l'espace et le temps.

- à mon père, qui par l'amour inconditionnel, la disponibilité totale et l'infinie bienveillance qu'il m'a prodigués tout au long de mon enfance, m'a permis de connaître tant de joies et d'émotions, de vivre d'intenses trêves dans le quotidien pénible auquel m'astreignait ma mère, de semer en moi les germes d'une future une estime de moi solide, et m'a donné de formidables leçons d'abnégation, de dévouement et de rédemption.

- au Docteur Henri Amoroso, thérapeute qui nous apporte tant à mon fils et à moi même, par son empathie, son intelligence et son intuition prodigieuses, par la leçon de volonté et d'amour de la vie, de la compréhension et du savoir qu'il nous offre en permanence à 89 ans, parce qu'il m'a permis de redécouvrir l'importance de ma douance et de la remettre en perspective, au cœur de mes difficultés existentielles.


EDIT : j'étais impardonnable en omettant de citer ma prof de Français de ma (première) seconde : Mme Rey, qui m'a apporté la lumière des rudiments de la sociologie et du marxisme, qui m'a ainsi transmis les fondations du corpus idéologique sur lequel mes révoltes, mes rejets et mes refus allaient ensuite s'inscrire et se construire toute ma vie durant. Je n'oublierai jamais non plus qu'elle a donné l'impulsion finale à mon départ définitif de ce chenil intégriste qui s'appelait internat dans lequel j'étais engeôlé au fin fond de la Haute Loire.

zebeurton a écrit:une prof de 4ème pour moi, prof de français latin (je détestais cette matière et elle ne m'aimait pas non plus comme on dit)... J'ai eu des résultats catastrophiques et elle m'a prise sous son aile. En plus elle m'a protégée sans le savoir des harcèlements de certains dans l'école. L'an dernier je l'ai remerciée et lui ai demandé pourquoi. Elle m'a simplement dit qu'elle avait senti un talent et qu'elle ne voulait pas le voir s'étioler. Elle restera mon meilleur souvenir de l'école, je l'adorais. J'ai réussi pour la remercier en quelque sorte car c'est après que mes résultats ont explosé. Personne ne s'était rendu compte de ce dont j'étais capable avant... et rarement après malgré mes résultats.

Bon j'ai pas besoin d'écrire mon témoignage, j'ai juste à copier coller celui de zebeurton:

une prof de 4ème pour moi, prof de français latin (mais moi je faisais pas de latin)... J'ai eu des résultats catastrophiques et elle était ma "prof tit(ulaire)". En plus elle m'a protégée sans le savoir des harcèlements de certains dans l'école. L'année d'après le bac je l'ai remerciée et lui ai dit à quel point elle m'a aidé. Elle m'a simplement dit 'ah bon? ca fait plaisir'. Elle restera mon meilleur souvenir de l'école, je l'adorais. J'ai réussi grâce à elle en quelque sorte car c'est après que mes résultats ont explosé. Personne ne s'était rendu compte de ce dont j'étais capable avant... et rarement après malgré mes résultats.

S'il était pas dans le Morihban, j'aurai cru qu'on avait eu la même prof .
Dommage son post date de 2011, pas sur qu'il me lise.

Ely a écrit: Et parce qu'il ne cessait de répéter au groupe que nous allions tous finir éboueurs.

Mon professeur de SVT de Spé nous a sorti un beau jour, après une question pourtant pas aussi naïve que de coutume posée par une amie et moi-même :
"Il faut m'aider...si on enseigne à des élèves dépourvus de myéline, sans cortex et mutants, on va se planter au concours !!"
Le tout d'un air désespéré.
J'ai rarement autant apprécié un professeur !

Une prof au lycée, après une tentative de suicide et une grave dépression, a contraint mes parents à ne pas me renvoyer en cours pendant deux semaines pour que je me repose (ça m'a sauvé la vie).

Une autre, que j'ai connu peu de temps, mais qui m'a impressionné par son intelligence et sa sensibilité. Elle m'a beaucoup soutenu, je l'ai adoré, je n'ai jamais osé revenir lui parler....(quelle tristesse, cette timidité!).

Disons que ça soulage de croiser des profs talentueux quand on voit le nombre de c***!

Quelque part, la personne que je devrais probablement le plus remercier dans ma scolarité est la personne qui fût la moins gentille avec moi : mon institutrice de moyenne section de maternelle. Elle affirmait que j'étais arriérée mentale et qu'elle savait ce qu'elle disait : c'était une ancienne infirmière en hôpital psychiatrique. Sans son acharnement pittbullesque à convoquer mes parents pour exiger qu'on me fasse passer dans les mains de divers professionnels (pédopsychiatre, pédopsychologues, orthophonistes, ORL, ophtalmo, etc) afin qu'ils corroborent ses dires je n'aurais certainement pas eu mon diagnostic d'asperger quelques années plus tard ni eu connaissance de mon niveau de douance.

Je devrais davantage remercier les surveillants de mes écoles que les professeurs. Ils m'ont octroyé un traitement de faveur immense : droit d'avoir une salle rien que pour moi au lieu d'aller en heure d'études (permanence), droit d'aller me promener dans le parc toute seule, droit de remonter dans mon bâtiment 10min avant la sonnerie du midi (c'était la cohue quand ça sonnait), droit de passer devant tout le monde pour le self quand j'avais envie de passer (sinon il fallait attendre dans des cases dessinées au sol par niveaux et ensuite dans une file avant de badger, pas l'idéal pour une agoraphobe), droit d'avoir un double des clés de ma salle de classe pour y rentrer même quand c'était fermé (les heures du midi par exemple), droit d'aller en classe avec des premières ou terminales à partir de ma sixième pour les matières que je voulais si c'était sur une heure de permanence ou d'absence d'un de mes professeurs (pour ce dernier point c'était en collaboration avec les responsables de niveau évidemment ainsi que les profs qui allaient me recevoir), etc. Il faudra que je leur fasse un courrier pour les remercier, au minimum. (le tout sans savoir pour mes particularités, chapeau à eux)

Un hommage à une professeure d'espagnol que j'ai eu en seconde et en terminale qui n'était pas une super prof (pas d'autorité, pas d'enthousiasme pour rendre le cours vivant malgré de la bonne volonté, etc) mais qui était ouverte à beaucoup de choses et qui a proposé un travail en début de terminale : établir l'école idéale sous forme d'exposé (en espagnol évidemment), j'ai déserté peu de temps après, je n'ai pas participé à cet exposé. Elle attendait de voir mon exposé mais je n'étais plus là. Il faudra que je parvienne à me rappeler de son nom et à trouver son adresse pour lui envoyer le colis contenant mon travail. C'était une très bonne idée de devoir, il faut saluer les bonnes idées.


Une pensée à une prof de français que j'ai eu. Un caractère totalement incompatible avec le mien mais qui avait proposé un travail intéressant en tout début d'année pour apprendre à nous connaître : au lieu de demander un descriptif rapide de nos centres d'intérêts, projets futurs, etc, elle a demandé à ce qu'on donne notre avis sur les programmes des diverses matières et ce qu'il faudrait éventuellement y réformer ainsi que "comment la vie à l'école devrait se passer". Elle a précisé qu'il ne fallait pas dépasser 3 pages mais, en apercevant ma moue/simili-grimace embêtée, elle a ajouté en souriant "bon en fait, oubliez le nombre maximal, je lirais tout".


Un hommage et un grand merci à madame le directeur d'établissement de mon collège/lycée, femme charismatique hautement intelligente (qu'on me coupe la tête si elle n'était pas surdouée) qui m'a reçue dans son bureau avant que je fasse mon entrée au collège et qui s'interrogeait quant à mes possibles faiblesses vu mon excellent dossier "vous devez bien avoir des faiblesses, mademoiselle" "certainement madame" s'en est suivi quelques phrases puis, question de sa part "quelle est la matière qui vous rebute le plus ou que vous n'appréciez pas vraiment ?" j'ai réfléchi pendant cinq minutes en regardant au ciel (enfin au plafond pour le coup) et j'ai fait un lent "non" de la tête en ajoutant "veuillez me pardonner, madame, je n'en vois aucune qui mérite ma dépréciation" elle a cligné des yeux, surprise et a beaucoup rit, d'un rire franc, grand et charismatique comme elle. Cela m'a donné du courage pour faire mon entrée dans ce collège (en cours d'année donc davantage stressant). A la fin de ma 3ème, elle allait nous quitter pour un autre établissement. C'était avant la messe de fin d'année scolaire, des personnes entraient dans le lieu où cela se déroulait. Elle était à côté de l'entrée et saluait chaque personne d'un "bonjour monsieur" ou d'un "bonjour mademoiselle". Nous avions attendu le dernier moment avec des amis pour y aller (en restant à proximité), arrivés à son niveau elle les a salué puis m'a saluée moi spécifiquement en ajoutant quelques mots "Je vous ai beaucoup observé ces dernières années mademoiselle Strigide. Ne changez pas, non, ne changez pas." et elle m'a tendu la main, je la lui ai serrée en disant à voix moins haute que d'ordinaire "Merci, madame, bonne continuation". J'étais extrêmement gênée avec mes amis à côté. Cependant cela m'a beaucoup touchée car rien ne l'obligeait à le faire et ses expressions faciales exprimaient beaucoup de respect. J'ai reçu humblement le respect qu'elle m'a témoigné et me suis efforcée par la suite de témoigner le respect et l'estime que je pouvais porter à certains actes ou certaines personnes toutes entières. Elle m'a fait me rendre compte que personne ne pouvait deviner de lui-même ces choses si on ne les exprime absolument pas, d'où l'importance de le faire. Ces quelques mots de sa part ont fait souvent partie des événements qui me réconfortaient dans le souvenir et me poussaient à me relever plus vite dans les moments difficiles.


Il y a beaucoup de merci que je pourrais donner... C'étaient là les plus importants pour moi.

Un merci à mes deux professeurs qui m'ont poussé à raconter sans préparation un voyage d'étude au canada devant 50 personnes alors que j'étais incapable de me débrouiller à l'oral.

C'était il y a 6 ans. Depuis, j'impressionne régulièrement mon auditoire en oral, entretien, et je suis toujours volontaire pour aller résoudre les litiges clients en direct, aussi bien en Français qu'en Anglais.

Il y a beaucoup de professeurs qui ont marqué ma vie.

Mais celui qui a le plus marqué la mienne est mon professeur de seconde.
Mis à part le fait qu'il était incroyablement beau et qu'il a attisé mes premiers désirs, il était ce genre d'homme cynique et cassant avec un humour piquant mais toujours bien placé, mais qui sait intéresser, qui sait rendre les choses les plus ennuyeuses intéressantes, qui sait comment attiser l'envie d'en savoir plus. Il m'a donné confiance en moi, il m'a permis de m'élever, de me dépasser et de prendre conscience de mes capacités intellectuelles que j'avais jusqu'alors enfoui au fond de moi. Il m'a permis de ne plus avoir honte d'aimer lire et il m'a fait comprendre qu'être "l'intello" ne faisait pas de moi quelqu'un de risible, qu'avoir des bonnes notes ne donnait pas le droit à mes camarades de se moquer de moi. Son incroyable intelligence me donnait toujours envie d'être "comme lui", lui qui, partant de rien, était arrivé à tout.
J'en suis tombée "amoureuse" (peut-on appeler ça amour ?) car il est arrivé dans un moment de ma vie ou j'avais besoin de me raccrocher à quelque chose et aujourd'hui encore je ressens un pincement au coeur lorsque quelqu'un l'évoque.
C'est grâce à lui que je me suis retrouvée, que j'ai pu faire la paix avec moi même et que j'ai pu entamer une reconstruction.

Je suis devenue instit parceque j'ai détesté l'école. J'avais la gerbe en CP tous les matins, mon père me traînait littéralement et j'étais en pleurs.
Sur les photos de classe, j'ai un regard de petite pinou perdue.
J'ai étrangement voulu réparer. Je sniffe les HP. Avant même de me savoir animale subsaharienne, je demandais les gamins bizarres, les très susceptibles.
Quand j'ai su, j'ai pu tourner mes antennes et communiquer, les apaiser et faire en sorte que l'école, dans ses bâtiments dignes de la honte de la République à Marseille,  puisse recéler de la joie, du rire et du savoir.


Merci à mon prof de français de 1ere, un philanthrope barbu et un peu crad, qui m'a ouvert les portes closes des Fêtes Galantes de Verlaine sur lesquelles je me cassais les os du crâne. Par l'évocation de Watteau.
Alors, ce fut gloire et chérubins, tous les poèmes sussuraient à mon oreille les sous bois, la soie, la moire, et les murmures énamourés.
Merci à lui de nous avoir fait lire Moderato Cantabile, un coup de foudre, que je me jouais seule dans ma chambre.
Merci à lui de nous avoir montré du doigt l'inconnue sensualité / séduction de Mme Bovary léchant le fond de son verre d'alcool sous les yeux de poor him son futur mari.
Une fois, des années plus tard, il m'a prise en stop sans me reconnaître.
J'ai enfin pu lui dérouler le tapis rouge de ma reconnaissance .