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Re: Vos poèmes préférés
C'est marrant Mahé peut être pour le fait que ce poème vient de toi, mais il ne me renvoie pas des images tristes liées à la solitude. Il y a beaucoup des églises ou chapelles dédiées à des activités culturelles en Italie.
J'ai pensé à la première fois qu'on a essayé de faire du théâtre improvisé en langue anglaise dans une chapelle avec une association d'étudiants. La très belle bibliothèque de lettres sur deux étages dans une église justement. La lecture publique de l' Odyssée - le retour d' Ulysse - dans une église.
Le pull rose de ton avatar: je me souviens d'un rescapé de la guerre qui s'était pendu dans un "box -mobile home" le style qu'on retrouve dans le camp des réfugiés ou des victimes de tremblements/inondations. Le box-mobile home avait été repeint en rose. Je crois pour non oublier sa mort, c'était noble de la part de qui restait.
ps tu as changé d'avatar entretemps ça c'est la lecture dans la pensée
J'ai pensé à la première fois qu'on a essayé de faire du théâtre improvisé en langue anglaise dans une chapelle avec une association d'étudiants. La très belle bibliothèque de lettres sur deux étages dans une église justement. La lecture publique de l' Odyssée - le retour d' Ulysse - dans une église.
Le pull rose de ton avatar: je me souviens d'un rescapé de la guerre qui s'était pendu dans un "box -mobile home" le style qu'on retrouve dans le camp des réfugiés ou des victimes de tremblements/inondations. Le box-mobile home avait été repeint en rose. Je crois pour non oublier sa mort, c'était noble de la part de qui restait.
ps tu as changé d'avatar entretemps ça c'est la lecture dans la pensée
Dernière édition par Fény le Jeu 20 Déc 2018 - 23:25, édité 1 fois (Raison : modification avatar)
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
- Blackmail:
- Grâce à Fata, j'ai pu relire l'un des plus mauvais poètes qui soit ou ai jamais existé, le sieur Jean-Claude Renard.
Que de clichés enfilés, que de mots mal dits et mal prononcés, qu'est-ce que c'est mauvais... C'est affreux la poésie lorsqu'elle est composée par un homme médiocre.
Mais ça plaît et ça a plu. Ce type a été lu et même beaucoup lu. Le grand-public apprécie ce genre de bouse, et spécialement lorsqu'on leur parle de soleils qui sanglotent, d'arbres plus doux des femmes, et qu'on fait rimer mélancolie et Christ en agonie.
Clichés, clichés, clichés... C'est tellement cucul, gnangnan, tellement kitsch.
C'est affreux tellement c'est laid. Le top du top en matière de mauvais goût sur ces 12 pages de poésie hétéroclite dans laquelle se côtoie un peu de tout, mais là c'est un record, une performance. Les goûts et les couleurs...
Cela me donne urgemment envie de revoir certaines séquences du "goût des autres", de Jaoui.
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime en boitant, l'infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher
Baudelaire, L'Albatros
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Oh, Fény, ton commentaire me laisse… Me laisse con? Pour être poli. Ce poème, pour moi, c’est un peu la solitude après le carnage, nécessaire pour reconstruire quelque chose de beau. Ce qui a été ne sera plus jamais, instant éphémère, ce que j’étais hier n’est pas ce que je suis aujourd’hui. Comme cette chapelle abandonné qui, fût un temps, accueillait la messe, accueillera demain, pour reprendre ton exemple, un joli théâtre. Il ne m’évoque pas non plus la solitude, peut-être la résilience… À moins que je n'ai rien compris!
PS: Oui, je l'ai changé, je me suis dit qu'elle me représentait trop. Bien que mes mots me représentent beaucoup plus qu'un avatar, je ressentais le besoin d'avoir d'avantage d'anonymat!
PS: Oui, je l'ai changé, je me suis dit qu'elle me représentait trop. Bien que mes mots me représentent beaucoup plus qu'un avatar, je ressentais le besoin d'avoir d'avantage d'anonymat!
Mahé- Messages : 26
Date d'inscription : 16/12/2018
Age : 28
Localisation : Montpellier
Re: Vos poèmes préférés
- Solitude - François Coppé:
Je sais une chapelle horrible et diffamée,
Dans laquelle autrefois un prêtre s’est pendu.
Depuis ce sacrilège effroyable on a dû
La tenir pour toujours aux fidèles fermée.
Plus de croix sur l’autel, plus de cierge assidu,
Plus d’encensoir perdant son âme parfumée.
Sous les arceaux déserts une funèbre armée
De feuilles mortes court en essaim éperdu.
Ma conscience est cette église de scandales ;
Mes remords affolés bondissent sur les dalles ;
Le doute, qui faisait mon orgueil, me punit.
Obstiné sans grandeur, je reste morne et sombre,
Et ne puis même pas mettre mon âme à l’ombre
Du grand geste de Christ qui plane et qui bénit.
Je l'ai trouvé très bon..! le premier que j'ai lu de ce fil a qui a dicté l'exigence de qualité générale. Je me suis presque senti un peu bête en postant un poème aussi connu et convenu que Baudelaire.
Dernière édition par Alim Electrique le Ven 21 Déc 2018 - 1:14, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Mahé a écrit:Oh, Fény, ton commentaire me laisse… Me laisse con? Pour être poli.
C'était gentil je t'associe à des bons sentiments, pour ce motif j'avais mis en avant sur mon message "peut être le fait qu'il vient de toi"...
Je m'excuse s'il y a eu quelque chose qui a pu te blesser.
(ici comme ailleurs je passe mon temps à m'excuser ... ça commence à devenir décevant - franchement le français c'est une langue avec trop de nuances c'est mieux que je commence sérieusement à apprendre une autre langue).
Voilà le seul qui a pu m'écrire quelque chose de vraiment utile sur l'utilisation de ce forum:
"Si je voulais te parodier avec tes propres mots, Fény, je pourrais qualifier ta remarque de particulièrement et vicieusement "bête et méchante".
Mais je vais plutôt supposer qu'il s'agisse d'une incompréhension générale des enjeux. Après tout, je ne te connais pas et tu ne me connais pas. Mais si tu commençais déjà par éviter de me juger, moi ou d'autres, et de t'abstenir de faire certaines remarques, ce serait bien."
Franchement je comprends bien qu'il est THQI le meilleur conseil: s'abstenir.
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Oh, Fény, quand je dis que quelques choses me laisse con, c'est souvent parce que ça me laisse sans voix, bête! Et là, ça m'a laissé bête, con, sur le cul, parce que je comprenais ce que tu voulais dire et que ça me touchait, si je puis dire, que tu ai écrit ça! Je ressentais quelques de positif, un commentaire écrit sous l'influence de bons sentiments! (: !
Mahé- Messages : 26
Date d'inscription : 16/12/2018
Age : 28
Localisation : Montpellier
Re: Vos poèmes préférés
- Mahé:
- Je ne voulais pas faire passer trop de temps avant de te répondre mais j’ai souhaité réfléchir à notre incompréhension. Enfin j’étais heureuse : ça a été une belle chose car nous a permis de nous découvrir un peu. Je regrette de m’avoir excusée car j’ai exclu depuis le départ la possibilité de me faire accepter comme je suis, tu sais il arrivera souvent :
- A partir d’un contexte préétabli ma pensée peut être divergente. J’admets que selon les règles de la politesse j’aurais dû suivre ta pensée ou au moins chercher d’adhérer aux sentiments liés à ce poème. Mais le fait que l’auteur de ce post était toi a fait que ces images négatives se sont mutées en images positives.
- Ça peut arriver que je fasse des liens ou des analogies de façon tout à fait naturelle (le pull de ton ex avatar et le mobile home peint en rose). Ça va vite et il n’y a pas d’arrières pensées ou jugements.
- La langue française n’est pas ma langue maternelle. Les mots que tu utilises pour t’exprimer sont chargés de significations liées à ta vie. La différence est que ces mêmes mots je ne les ai pas vécus mais je les ai trouvés dans un vocabulaire ou en tapant sur google traduction. J’aime « mon français » car c’est une langue dont je me suis appropriée à ma façon.
Peut être que les débuts seront un peu « secouants » mais je crois que nos différences nous permettront de nous enrichir.
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Extrême braise du ciel et première ardeur du jour,
Elle reste sertie dans l’aurore et chante la terre agitée,
Carillon maître de son haleine et libre de sa route.
Fascinante, on la tue en l’émerveillant.
(René Char - L'alouette)
Elle reste sertie dans l’aurore et chante la terre agitée,
Carillon maître de son haleine et libre de sa route.
Fascinante, on la tue en l’émerveillant.
(René Char - L'alouette)
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
rimbaud a écrit: Le mouvement de lacet sur la berge des chutes du fleuve,
Le gouffre à l'étambot,
La célérité de la rampe,
L'énorme passade du courant
Mènent par les lumières inouïes
Et la nouveauté chimique
Les voyageurs entourés des trombes du val
Et du strom.
Ce sont les conquérants du monde
Cherchant la fortune chimique personnelle,
Le sport et le comfort voyagent avec eux;
Ils emmènent l'éducation
Des races, des classes et des bêtes, sur ce vaisseau
Repos et vertige
A la lumière diluvienne,
Aux terribles soirs d'étude.
Car de la causerie parmi les appareils, le sang, les fleurs, le feu, les bijoux,
Des comptes agités à ce bord fuyard,
- On voit, roulant comme une digue au-delà de la route hydraulique motrice,
Monstrueux, s'éclairant sans fin, - leur stock d'études;
Eux chassés dans l'extase harmonique,
Et l'héroïsme de la découverte.
Aux accidents atmosphériques les plus surprenants,
Un couple de jeunesse, s'isole sur l'arche,
- Est-ce ancienne sauvagerie qu'on pardonne? -
Et chante et se poste.
Sarty- Messages : 509
Date d'inscription : 03/01/2019
Age : 27
Localisation : lyon
Re: Vos poèmes préférés
J'ai rêvé que les oiseaux tombaient
de fatigue, oubliaient de relever
leurs ailes pour rompre
le vieux charme
grave.
_Michaël Trahan, La Raison des fleurs
de fatigue, oubliaient de relever
leurs ailes pour rompre
le vieux charme
grave.
_Michaël Trahan, La Raison des fleurs
Une fille bleue de l'été- Messages : 20
Date d'inscription : 11/07/2017
Localisation : Pognée dans l'trafic
Re: Vos poèmes préférés
« J’ai reçu ma mesure du don d’aimer
Mais dès l’enfance
les gens
sont dressés à travailler.
Pour moi –
Je ripais sur la rive du Rion
et je traînais
à ne fichtre rien de rien.
Maman se fâchait :
« Le vilain garnement ! »
Papa me menaçait de ses coups de ceinture
Et moi,
me procurant un faux billet de trois roubles
j’allais derrière l’enclos taper la carte avec la troupe.
Sans le poids des chemises,
sans le poids des chaussures,
me rôtissant au feu de Koutaïssi,
je tournais au soleil tantôt mon dos,
tantôt ma panse –
jusqu’à ce que, sur l’estomac, il me cotisse.
Le soleil s’ébahissait.
« c’est haut comme trois pommes !
Mais le coeur
est accroché.
Il le met en quatre.
d’où vient-il
qu’il y ait
dans cette archine
place
pour moi,
pour le fleuve
et pour cent verstes de rochers ?! »
Vladimir Maïakovski
Poème « Enfant »
Extrait de « J’aime » in « A pleine voix »
Anthologie poétique 1915-1930
Traduction de Claude Frioux/ NRF/Poésie/ Gallimard
Archine : mesure traditionnelle russe équivalent à 0,71 mètres.
Mais dès l’enfance
les gens
sont dressés à travailler.
Pour moi –
Je ripais sur la rive du Rion
et je traînais
à ne fichtre rien de rien.
Maman se fâchait :
« Le vilain garnement ! »
Papa me menaçait de ses coups de ceinture
Et moi,
me procurant un faux billet de trois roubles
j’allais derrière l’enclos taper la carte avec la troupe.
Sans le poids des chemises,
sans le poids des chaussures,
me rôtissant au feu de Koutaïssi,
je tournais au soleil tantôt mon dos,
tantôt ma panse –
jusqu’à ce que, sur l’estomac, il me cotisse.
Le soleil s’ébahissait.
« c’est haut comme trois pommes !
Mais le coeur
est accroché.
Il le met en quatre.
d’où vient-il
qu’il y ait
dans cette archine
place
pour moi,
pour le fleuve
et pour cent verstes de rochers ?! »
Vladimir Maïakovski
Poème « Enfant »
Extrait de « J’aime » in « A pleine voix »
Anthologie poétique 1915-1930
Traduction de Claude Frioux/ NRF/Poésie/ Gallimard
Archine : mesure traditionnelle russe équivalent à 0,71 mètres.
KarlShuge- Messages : 6
Date d'inscription : 13/03/2019
Re: Vos poèmes préférés
J'adore pervert!
2 et 2 4 4 4 8 8 et 8-16 répéter dit le maître....
2 et 2 4 4 4 8 8 et 8-16 répéter dit le maître....
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Mon Rimbaud, mon Cher Rimbaud...
Le temps qui passe, l’amour charnel, les illusions
Et cette invitation triste qui soupire que nul n’est parfait... embaume mon cœur.
Ô saisons Ô châteaux
Ô saisons ô châteaux,
Quelle âme est sans défauts ?
Ô saisons, ô châteaux,
J'ai fait la magique étude
Du Bonheur, que nul n'élude.
Ô vive lui, chaque fois
Que chante son coq gaulois.
Mais ! je n'aurai plus d'envie,
Il s'est chargé de ma vie.
Ce Charme ! il prit âme et corps.
Et dispersa tous efforts.
Que comprendre à ma parole ?
Il fait qu'elle fuie et vole !
Ô saisons, ô châteaux !
Et, si le malheur m'entraîne,
Sa disgrâce m'est certaine.
Il faut que son dédain, las !
Me livre au plus prompt trépas !
- Ô Saisons, ô Châteaux
Le temps qui passe, l’amour charnel, les illusions
Et cette invitation triste qui soupire que nul n’est parfait... embaume mon cœur.
SparklingLance- Messages : 256
Date d'inscription : 24/01/2019
Localisation : Après la 3ème étoile à gauche
Re: Vos poèmes préférés
je voudrais me lever
une fenêtre où cogner
une tombe où pleurer
aller dire à quelqu'un que je l'aime
son continent déboulé
dans mes yeux
fracassée contre l'espace
ma cervelle
de moineau
- Rose Eliceiry, Homme et chiens confondus
je suis de la race sauvage
qui s'endort sans nom
sous la croupe du ciel
je suis les ongles noirs
les pupilles serrées contre celles des fleurs
pour toutes les falaises égrainées
dans les fleuves
pour les dernières caresses
tombant entre les seins
comme dans les bras d'un frère
je suis pour les oiseaux d'automne
ceux qui restent
et boivent les villes
à petites lampées
- Rose Eliceiry, Homme et chiens confondus
Bonus track :
DES HYPERBOLES EN SPÉCIAL
et elle me dit pousse-mine en bouche ruh rahruh rwarhrah
et la nuite est là et le fleuve est loin
et c'est la fin de session
la BAnQ et la BLSH et la grosse biblio laide-de-loin de McGill
et la jolie bibliothèque de Sol et toutes les biblios
et tous les cafés sont bondés de gens qui boudent
en regardant par la fenêtre
et le fleuve est loin
et elle efface frénétiquement
et pousse-mine en bouche comme ça rahrahrah
j'imagine qu'elle me dit
qu'elle aimerait mieux être sur un bateau
de croisière et qu'elle aimerait
mieux être sur le fleuve
que dans toutes les bibliothèques en même temps
et qu'elle aimerait mieux être
au fond du fleuve et qu'elle aimerait
être une sirène-monstre-dauphin-spéciale
fucking impératrice au fond du fleuve
omnipuissante
avec son armée de poissons multicolores de cirque
turbo-fluo-arborescence tentaculaire
je vois son règne aqueux pousse-mine en bouche
et la force terrible des océans lui va si bien
libre et vive et fleur et elle me dit rahrahruhreuh
dans une bibliothèque fade aux néons
dans une boîte en carte pleine de livres
que personne n'ouvre jamais réellement
que personne ne lit au complet jamais
et ses doigts tapotent le corps du texte
et je l'imagine et
je lis entre les lignes et je la vois
en backflip au-dessus des reflets de soleil
et les reflets sont des chips éparpillées
dans le cosmos du fleuve
je la vois splasher et s'exprimer clairement
et dans mon rêve je l'entends et je l'écoute
et c'est beau et c'est beau et c'est beau
mais là drette là j'pourrais pas vous dire ce qu'elle dit
c'est pas exactement clair pour l'instant
c'est de la lumière marmonnée
pour l'instant c'est un beau spécial
et de vous le mettre en mots précis
ça tuerait le charme un ti-peu
les mots ça fait ça des fois
Ça finit de même.
- Baron Marc-André Lévesque, Chasse aux licornes
une fenêtre où cogner
une tombe où pleurer
aller dire à quelqu'un que je l'aime
son continent déboulé
dans mes yeux
fracassée contre l'espace
ma cervelle
de moineau
- Rose Eliceiry, Homme et chiens confondus
je suis de la race sauvage
qui s'endort sans nom
sous la croupe du ciel
je suis les ongles noirs
les pupilles serrées contre celles des fleurs
pour toutes les falaises égrainées
dans les fleuves
pour les dernières caresses
tombant entre les seins
comme dans les bras d'un frère
je suis pour les oiseaux d'automne
ceux qui restent
et boivent les villes
à petites lampées
- Rose Eliceiry, Homme et chiens confondus
Bonus track :
DES HYPERBOLES EN SPÉCIAL
et elle me dit pousse-mine en bouche ruh rahruh rwarhrah
et la nuite est là et le fleuve est loin
et c'est la fin de session
la BAnQ et la BLSH et la grosse biblio laide-de-loin de McGill
et la jolie bibliothèque de Sol et toutes les biblios
et tous les cafés sont bondés de gens qui boudent
en regardant par la fenêtre
et le fleuve est loin
et elle efface frénétiquement
et pousse-mine en bouche comme ça rahrahrah
j'imagine qu'elle me dit
qu'elle aimerait mieux être sur un bateau
de croisière et qu'elle aimerait
mieux être sur le fleuve
que dans toutes les bibliothèques en même temps
et qu'elle aimerait mieux être
au fond du fleuve et qu'elle aimerait
être une sirène-monstre-dauphin-spéciale
fucking impératrice au fond du fleuve
omnipuissante
avec son armée de poissons multicolores de cirque
turbo-fluo-arborescence tentaculaire
je vois son règne aqueux pousse-mine en bouche
et la force terrible des océans lui va si bien
libre et vive et fleur et elle me dit rahrahruhreuh
dans une bibliothèque fade aux néons
dans une boîte en carte pleine de livres
que personne n'ouvre jamais réellement
que personne ne lit au complet jamais
et ses doigts tapotent le corps du texte
et je l'imagine et
je lis entre les lignes et je la vois
en backflip au-dessus des reflets de soleil
et les reflets sont des chips éparpillées
dans le cosmos du fleuve
je la vois splasher et s'exprimer clairement
et dans mon rêve je l'entends et je l'écoute
et c'est beau et c'est beau et c'est beau
mais là drette là j'pourrais pas vous dire ce qu'elle dit
c'est pas exactement clair pour l'instant
c'est de la lumière marmonnée
pour l'instant c'est un beau spécial
et de vous le mettre en mots précis
ça tuerait le charme un ti-peu
les mots ça fait ça des fois
Ça finit de même.
- Baron Marc-André Lévesque, Chasse aux licornes
Une fille bleue de l'été- Messages : 20
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Localisation : Pognée dans l'trafic
Re: Vos poèmes préférés
Un dernier pour la route :
https://zonevideo.telequebec.tv/media/43786/jean-christophe-rehel-presente-hey-salut/l-heure-est-grave
«Hey salut», Jean-Christophe Réhel
https://zonevideo.telequebec.tv/media/43786/jean-christophe-rehel-presente-hey-salut/l-heure-est-grave
«Hey salut», Jean-Christophe Réhel
Une fille bleue de l'été- Messages : 20
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Localisation : Pognée dans l'trafic
Re: Vos poèmes préférés
Mallarmé, Quant au livre a écrit:
L’ACTION RESTREINTE
Plusieurs fois vint un Camarade, le même, cet autre, me confier le besoin d’agir : que visait-il — comme la démarche à mon endroit annonça de sa part, aussi, à lui jeune, l’occupation de créer, qui paraît suprême et réussir avec des mots ; j’insiste, qu’entendait-il expressément ?
Se détendre les poings, en rupture de songe sédentaire, pour un trépignant vis-à-vis avec l’idée, ainsi qu’une envie prend ou bouger : mais la génération semble peu agitée, outre le désintéressement politique, du souci d’extravaguer du corps. Excepté la monotonie, certes, d’enrouler, entre les jarrets, sur la chaussée, selon l’instrument en faveur, la fiction d’un éblouissant rail continu.
Agir, sans ceci et pour qui n’en fait commencer l’exercice à fumer, signifia, visiteur, je te comprends, philosophiquement, produire sur beaucoup un mouvement qui te donne en retour l’émoi que tu en fus le principe, donc existes : dont aucun ne se croit, au préalable, sûr. Cette pratique entend deux façons ; ou, par une volonté, à l’insu, qui dure une vie, jusqu’à l’éclat multiple — penser, cela : sinon, les déversoirs à portée maintenant dans une prévoyance, journaux et leur tourbillon, y déterminer une force en un sens, quelconque de divers contrariée, avec l’immunité du résultat nul.
Au gré, selon la disposition, plénitude, hâte.
Ton acte toujours s’applique à du papier ; car méditer, sans traces, devient évanescent, ni que s’exalte l’instinct en quelque geste véhément et perdu que tu cherchas.
Écrire —
L’encrier, cristal comme une conscience, avec sa goutte, au fond, de ténèbres relative à ce que quelque chose soit : puis, écarte la lampe.
Tu remarquas, on n’écrit pas, lumineusement, sur champ obscur, l’alphabet des astres, seul, ainsi s’indique, ébauché ou interrompu ; l’homme poursuit noir sur blanc.
Ce pli de sombre dentelle, qui retient l’infini, tissé par mille, chacun selon le fil ou prolongement ignoré son secret, assemble des entrelacs distants où dort un luxe à inventorier, stryge, nœud, feuillages et présenter.
Avec le rien de mystère, indispensable, qui demeure, exprimé, quelque peu.
Je ne sais pas si l’Hôte perspicacement circonscrit son domaine d’effort : ce me plaira de le marquer, aussi certaines conditions. Le droit à rien accomplir d’exceptionnel ou manquant aux agissements vulgaires, se paie, chez quiconque, de l’omission de lui et on dirait de sa mort comme un tel. Exploits, il les commet dans le rêve, pour ne gêner personne ; mais encore, le programme en reste-t-il affiché à ceux qui n’ont cure.
L’écrivain, de ses maux, dragons qu’il a choyés, ou d’une allégresse, doit s’instituer, au texte, le spirituel histrion.
Plancher, lustre, obnubilation des tissus et liquéfaction de miroirs, en l’ordre réel, jusqu’aux bonds excessifs de notre forme gazée autour d’un arrêt, sur pied, de la virile stature, un Lieu se présente, scène, majoration devant tous du spectacle de Soi ; là, en raison des intermédiaires de la lumière, de la chair et des rires le sacrifice qu’y fait, relativement à sa personnalité, l’inspirateur, aboutit complet ou c’est, dans une résurrection étrangère, fini de celui-ci : de qui le verbe répercuté et vain désormais s’exhale par la chimère orchestrale.
Une salle, il se célèbre, anonyme, dans le héros.
Tout, comme fonctionnement de fêtes : un peuple témoigne de sa transfiguration en vérité.
Honneur.
Cherchez, où c’est, quelque chose de pareil —
Le reconnaîtra-t-on dans ces immeubles suspects se détachant, par une surcharge en le banal, du commun alignement, avec prétention à synthétiser les faits divers d’un quartier ; ou, si quelque fronton, d’après le goût divinatoire français, isole, sur une place, son spectre, je salue. Indifférent à ce qui, ici et là, se débite comme le long de tuyaux, la flamme aux langues réduites.
Ainsi l’Action, en le mode convenu, littéraire, ne transgresse pas le Théâtre ; s’y limite, à la représentation — immédiat évanouissement de l’écrit. Finisse, dans la rue, autre part, cela, le masque choit, je n’ai pas à faire au poëte : parjure ton vers, il n’est doué que de faible pouvoir dehors, tu préféras alimenter le reliquat d’intrigues commises à l’individu. A quoi sert de te préciser, enfant le sachant, comme moi, qui n’en conservai notion que par une qualité ou un défaut d’enfance exclusifs, ce point, que tout, véhicule ou placement, maintenant offert à l’idéal, y est contraire — presque une spéculation, sur ta pudeur, pour ton silence — ou défectueux, pas direct et légitime dans le sens que tout à l’heure voulut un élan et vicié. Comme jamais malaise ne suffit, j’éclairerai, assurément, de digressions prochaines en le nombre qu’il faudra, cette réciproque contamination de l’œuvre et des moyens : mais auparavant ne convint-il spacieusement de s’exprimer, ainsi que d’un cigare, par jeux circonvolutoires, dont le vague, à tout le moins, se traçât sur le jour électrique et cru ?
Un délicat a, je l’espère, pâti —
Extérieurement, comme le cri de l’étendue, le voyageur perçoit la détresse du sifflet. « Sans doute » il se convainc : « on traverse un tunnel — l’époque — celui, long le dernier, rampant sous la cité avant la gare toute puissante du virginal palais central, qui couronne. » Le souterrain durera, ô impatient, ton recueillement à préparer l’édifice de haut verre essuyé d’un vol de la Justice.
Le suicide ou abstention, ne rien faire, pourquoi ? — Unique fois au monde, parce qu’en raison d’un événement toujours que j’expliquerai, il n’est pas de Présent, non — un présent n’existe pas… Faute que se déclare la Foule, faute — de tout. Mal informé celui qui se crierait son propre contemporain, désertant, usurpant, avec impudence égale, quand du passé cessa et que tarde un futur ou que les deux se remmêlent perplexement en vue de masquer l’écart. Hors des premier-Paris chargés de divulguer une foi en le quotidien néant et inexperts si le fléau mesure sa période à un fragment, important ou pas, de siècle.
Aussi garde-toi et sois là.
La poésie, sacre ; qui essaie, en de chastes crises isolément, pendant l’autre gestation en train.
Publie.
Le Livre, où vit l’esprit satisfait, en cas de malentendu, un obligé par quelque pureté d’ébat à secouer le gros du moment. Impersonnifié, le volume, autant qu’on s’en sépare comme auteur, ne réclame approche de lecteur. Tel, sache, entre les accessoires humains, il a lieu tout seul : fait, étant. Le sens enseveli se meut et dispose, en chœur, des feuillets.
Loin, la superbe de mettre en interdit, même quant aux fastes, l’instant : on constate qu’un hasard y dénie les matériaux de confrontation à quelques rêves ; ou aide une attitude spéciale.
Toi, Ami, qu’il ne faut frustrer d’années à cause que parallèles au sourd labeur général, le cas est étrange : je te demande, sans jugement, par manque de considérants soudains, que tu traites mon indication comme une folie je ne le défends, rare. Cependant la tempère déjà cette sagesse, ou discernement, s’il ne vaut pas mieux — que de risquer sur un état à tout le moins incomplet environnant, certaines conclusions d’art extrêmes qui peuvent éclater, diamantairement, dans ce temps à jamais, en l’intégrité du Livre — les jouer, mais et par un triomphal renversement, avec l’injonction tacite que rien, palpitant en le flanc inscient de l’heure, aux pages montré, clair, évident, ne la trouve prête ; encore que n’en soit peut-être une autre où ce doive illuminer.
Sarty- Messages : 509
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Re: Vos poèmes préférés
Emportez tout, mais laissez-moi l’Extase.
Telle je serai plus riche que tous mes Compagnons –
Maladie m’est devenue séjour si sain
Depuis qu’à mon ultime Porte sont ceux qui possèdent le plus,
En abjecte pauvreté –
E.Dickinson
Telle je serai plus riche que tous mes Compagnons –
Maladie m’est devenue séjour si sain
Depuis qu’à mon ultime Porte sont ceux qui possèdent le plus,
En abjecte pauvreté –
E.Dickinson
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front.
Ceux qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime.
Ayant devant les yeux sans cesse, nuit et jour,
Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.
C'est le prophète saint prosterné devant l'arche,
C'est le travailleur, pâtre, ouvrier, patriarche.
Ceux dont le coeur est bon, ceux dont les jours sont pleins.
Ceux-là vivent, Seigneur ! les autres, je les plains.
Car de son vague ennui le néant les enivre,
Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.
Inutiles, épars, ils traînent ici-bas
Le sombre accablement d'être en ne pensant pas.
Ils s'appellent vulgus, plebs, la tourbe, la foule.
Ils sont ce qui murmure, applaudit, siffle, coule,
Bat des mains, foule aux pieds, bâille, dit oui, dit non,
N'a jamais de figure et n'a jamais de nom ;
Troupeau qui va, revient, juge, absout, délibère,
Détruit, prêt à Marat comme prêt à Tibère,
Foule triste, joyeuse, habits dorés, bras nus,
Pêle-mêle, et poussée aux gouffres inconnus.
Ils sont les passants froids sans but, sans noeud, sans âge ;
Le bas du genre humain qui s'écroule en nuage ;
Ceux qu'on ne connaît pas, ceux qu'on ne compte pas,
Ceux qui perdent les mots, les volontés, les pas.
L'ombre obscure autour d'eux se prolonge et recule ;
Ils n'ont du plein midi qu'un lointain crépuscule,
Car, jetant au hasard les cris, les voix, le bruit,
Ils errent près du bord sinistre de la nuit.
Quoi ! ne point aimer ! suivre une morne carrière
Sans un songe en avant, sans un deuil en arrière,
Quoi ! marcher devant soi sans savoir où l'on va,
Rire de Jupiter sans croire à Jéhova,
Regarder sans respect l'astre, la fleur, la femme,
Toujours vouloir le corps, ne jamais chercher l'âme,
Pour de vains résultats faire de vains efforts,
N'attendre rien d'en haut ! ciel ! oublier les morts !
Oh non, je ne suis point de ceux-là ! grands, prospères,
Fiers, puissants, ou cachés dans d'immondes repaires,
Je les fuis, et je crains leurs sentiers détestés ;
Et j'aimerais mieux être, ô fourmis des cités,
Tourbe, foule, hommes faux, coeurs morts, races déchues,
Un arbre dans les bois qu'une âme en vos cohues !
Paris, décembre 1848.
Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent, Victor HUGO
Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front.
Ceux qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime.
Ayant devant les yeux sans cesse, nuit et jour,
Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.
C'est le prophète saint prosterné devant l'arche,
C'est le travailleur, pâtre, ouvrier, patriarche.
Ceux dont le coeur est bon, ceux dont les jours sont pleins.
Ceux-là vivent, Seigneur ! les autres, je les plains.
Car de son vague ennui le néant les enivre,
Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.
Inutiles, épars, ils traînent ici-bas
Le sombre accablement d'être en ne pensant pas.
Ils s'appellent vulgus, plebs, la tourbe, la foule.
Ils sont ce qui murmure, applaudit, siffle, coule,
Bat des mains, foule aux pieds, bâille, dit oui, dit non,
N'a jamais de figure et n'a jamais de nom ;
Troupeau qui va, revient, juge, absout, délibère,
Détruit, prêt à Marat comme prêt à Tibère,
Foule triste, joyeuse, habits dorés, bras nus,
Pêle-mêle, et poussée aux gouffres inconnus.
Ils sont les passants froids sans but, sans noeud, sans âge ;
Le bas du genre humain qui s'écroule en nuage ;
Ceux qu'on ne connaît pas, ceux qu'on ne compte pas,
Ceux qui perdent les mots, les volontés, les pas.
L'ombre obscure autour d'eux se prolonge et recule ;
Ils n'ont du plein midi qu'un lointain crépuscule,
Car, jetant au hasard les cris, les voix, le bruit,
Ils errent près du bord sinistre de la nuit.
Quoi ! ne point aimer ! suivre une morne carrière
Sans un songe en avant, sans un deuil en arrière,
Quoi ! marcher devant soi sans savoir où l'on va,
Rire de Jupiter sans croire à Jéhova,
Regarder sans respect l'astre, la fleur, la femme,
Toujours vouloir le corps, ne jamais chercher l'âme,
Pour de vains résultats faire de vains efforts,
N'attendre rien d'en haut ! ciel ! oublier les morts !
Oh non, je ne suis point de ceux-là ! grands, prospères,
Fiers, puissants, ou cachés dans d'immondes repaires,
Je les fuis, et je crains leurs sentiers détestés ;
Et j'aimerais mieux être, ô fourmis des cités,
Tourbe, foule, hommes faux, coeurs morts, races déchues,
Un arbre dans les bois qu'une âme en vos cohues !
Paris, décembre 1848.
Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent, Victor HUGO
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Re: Vos poèmes préférés
"dans ma manche
les fleurs font tomber
une eau soudaine,
froide et propre
comme la neige,
tandis que les épées
des tiges acérées
s’enfoncent
dans tes seins
et les rochers
doux et sauvages
bondissent
et
nous bloquent le passage."
Charles Bukowski
les fleurs font tomber
une eau soudaine,
froide et propre
comme la neige,
tandis que les épées
des tiges acérées
s’enfoncent
dans tes seins
et les rochers
doux et sauvages
bondissent
et
nous bloquent le passage."
Charles Bukowski
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Re: Vos poèmes préférés
Le Terrible, connaissant l'esprit
flexible comme le saule au vent de l'idolâtrie,
ayant transfusé dans la divine icône
son indicible regard sur les hommes,
voulu un jour subtilement éprouver
son ancien œil de chair
transfusant un éclair du suprême Masque
en un visage de chair:
centre caché dans le cercle, essence dans la présence,
rivage insaisissablement découvert et recouvert
de la Ressemblance, horizon fixe de l'image,
au carrefour du temps et de l'éternel,
là où la Beauté
la Beauté à double lame, la délicate
la meurtrière, est posée
entre l'altière douleur et la sainte humiliation,
l'éblouissement salvateur et
la brûlure,
Pour la vivante, efficace séparation
de l'esprit et de l'âme, de la moelle et la jointure
de la passion et la parole...
Cristina Campo - Canon IV
flexible comme le saule au vent de l'idolâtrie,
ayant transfusé dans la divine icône
son indicible regard sur les hommes,
voulu un jour subtilement éprouver
son ancien œil de chair
transfusant un éclair du suprême Masque
en un visage de chair:
centre caché dans le cercle, essence dans la présence,
rivage insaisissablement découvert et recouvert
de la Ressemblance, horizon fixe de l'image,
au carrefour du temps et de l'éternel,
là où la Beauté
la Beauté à double lame, la délicate
la meurtrière, est posée
entre l'altière douleur et la sainte humiliation,
l'éblouissement salvateur et
la brûlure,
Pour la vivante, efficace séparation
de l'esprit et de l'âme, de la moelle et la jointure
de la passion et la parole...
Cristina Campo - Canon IV
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Re: Vos poèmes préférés
- Spoiler:
- L'automne, déjà ! - Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, - loin des gens qui meurent sur les saisons.L'automne. Notre barque élevée dans les brumes immobiles tourne vers le port de la misère, la cité énorme au ciel taché de feu et de boue. Ah ! les haillons pourris, le pain trempé de pluie, l'ivresse, les mille amours qui m'ont crucifié ! Elle ne finira donc point cette goule reine de millions d'âmes et de corps morts et qui seront jugés ! Je me revois la peau rongée par la boue et la peste, des vers plein les cheveux et les aisselles et encore de plus gros vers dans le cœur, étendu parmi les inconnus sans âge, sans sentiment... J'aurais pu y mourir... L'affreuse évocation ! J'exècre la misère.Et je redoute l'hiver parce que c'est la saison du comfort !- Quelquefois je vois au ciel des plages sans fin couvertes de blanches nations en joie. Un grand vaisseau d'or, au-dessus de moi, agite ses pavillons multicolores sous les brises du matin. J'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames. J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J'ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels. Eh bien ! je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs ! Une belle gloire d'artiste et de conteur emportée !Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! Paysan !Suis-je trompé ? la charité serait-elle sœur de la mort, pour moi ?Enfin, je demanderai pardon pour m'être nourri de mensonge. Et allons.Mais pas une main amie ! et où puiser le secours ?
Oui l'heure nouvelle est au moins très-sévère.
Car je puis dire que la victoire m'est acquise : les grincements de dents, les sifflements de feu, les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. Mes derniers regrets détalent, - des jalousies pour les mendiants, les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. - Damnés, si je me vengeais !
Il faut être absolument moderne.
Point de cantiques : tenir le pas gagné. Dure nuit ! le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, que cet horrible arbrisseau !... Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes ; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul.
Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.
Que parlais-je de main amie ! Un bel avantage, c'est que je puis rire des vieilles amours mensongères, et frapper de honte ces couples menteurs, - j'ai vu l'enfer des femmes là-bas ; - et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.
Rimbaud - Adieu - Une saison en enfer
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Re: Vos poèmes préférés
The Lady of Shalott, Alfred Lord Tennyson
PART I On either side the river lie Long fields of barley and of rye, That clothe the wold and meet the sky; And thro’ the field the road runs by To many-tower’d Camelot; And up and down the people go, Gazing where the lilies blow Round an island there below, The island of Shalott. Willows whiten, aspens quiver, Little breezes dusk and shiver Thro’ the wave that runs for ever By the island in the river Flowing down to Camelot. Four gray walls, and four gray towers, Overlook a space of flowers, And the silent isle imbowers The Lady of Shalott. By the margin, willow veil’d, Slide the heavy barges trail’d By slow horses; and unhail’d The shallop flitteth silken-sail’d Skimming down to Camelot: But who hath seen her wave her hand? Or at the casement seen her stand? Or is she known in all the land, The Lady of Shalott? Only reapers, reaping early In among the bearded barley, Hear a song that echoes cheerly From the river winding clearly, Down to tower’d Camelot: And by the moon the reaper weary, Piling sheaves in uplands airy, Listening, whispers “ ’Tis the fairy Lady of Shalott.” | PART II There she weaves by night and day A magic web with colours gay. She has heard a whisper say, A curse is on her if she stay To look down to Camelot. She knows not what the curse may be, And so she weaveth steadily, And little other care hath she, The Lady of Shalott. And moving thro’ a mirror clear That hangs before her all the year, Shadows of the world appear. There she sees the highway near Winding down to Camelot: There the river eddy whirls, And there the surly village-churls, And the red cloaks of market girls, Pass onward from Shalott. Sometimes a troop of damsels glad, An abbot on an ambling pad, Sometimes a curly shepherd-lad, Or long-hair’d page in crimson clad, Goes by to tower’d Camelot; And sometimes thro’ the mirror blue The knights come riding two and two: She hath no loyal knight and true, The Lady of Shalott. But in her web she still delights To weave the mirror’s magic sights, For often thro’ the silent nights A funeral, with plumes and lights And music, went to Camelot: Or when the moon was overhead, Came two young lovers lately wed: “I am half sick of shadows,” said The Lady of Shalott. | PART III A bow-shot from her bower-eaves, He rode between the barley-sheaves, The sun came dazzling thro’ the leaves, And flamed upon the brazen greaves Of bold Sir Lancelot. A red-cross knight for ever kneel’d To a lady in his shield, That sparkled on the yellow field, Beside remote Shalott. The gemmy bridle glitter’d free, Like to some branch of stars we see Hung in the golden Galaxy. The bridle bells rang merrily As he rode down to Camelot: And from his blazon’d baldric slung A mighty silver bugle hung, And as he rode his armour rung, Beside remote Shalott. All in the blue unclouded weather Thick-jewell’d shone the saddle-leather, The helmet and the helmet-feather Burn’d like one burning flame together, As he rode down to Camelot. As often thro’ the purple night, Below the starry clusters bright, Some bearded meteor, trailing light, Moves over still Shalott. His broad clear brow in sunlight glow’d; On burnish’d hooves his war-horse trode; From underneath his helmet flow’d His coal-black curls as on he rode, As he rode down to Camelot. From the bank and from the river He flash’d into the crystal mirror, “Tirra lirra,” by the river Sang Sir Lancelot. She left the web, she left the loom, She made three paces thro’ the room, She saw the water-lily bloom, She saw the helmet and the plume, She look’d down to Camelot. Out flew the web and floated wide; The mirror crack’d from side to side; “The curse is come upon me,” cried The Lady of Shalott. | PART IV In the stormy east-wind straining, The pale yellow woods were waning, The broad stream in his banks complaining, Heavily the low sky raining Over tower’d Camelot; Down she came and found a boat Beneath a willow left afloat, And round about the prow she wrote The Lady of Shalott. And down the river’s dim expanse Like some bold seër in a trance, Seeing all his own mischance— With a glassy countenance Did she look to Camelot. And at the closing of the day She loosed the chain, and down she lay; The broad stream bore her far away, The Lady of Shalott. Lying, robed in snowy white That loosely flew to left and right— The leaves upon her falling light— Thro’ the noises of the night She floated down to Camelot: And as the boat-head wound along The willowy hills and fields among, They heard her singing her last song, The Lady of Shalott. Heard a carol, mournful, holy, Chanted loudly, chanted lowly, Till her blood was frozen slowly, And her eyes were darken’d wholly, Turn’d to tower’d Camelot. For ere she reach’d upon the tide The first house by the water-side, Singing in her song she died, The Lady of Shalott. Under tower and balcony, By garden-wall and gallery, A gleaming shape she floated by, Dead-pale between the houses high, Silent into Camelot. Out upon the wharfs they came, Knight and burgher, lord and dame, And round the prow they read her name, The Lady of Shalott. Who is this? and what is here? And in the lighted palace near Died the sound of royal cheer; And they cross’d themselves for fear, All the knights at Camelot: But Lancelot mused a little space; He said, “She has a lovely face; God in his mercy lend her grace, The Lady of Shalott.” |
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Re: Vos poèmes préférés
Rimbaud a écrit:En quelque soir, par exemple, que se trouve le touriste naïf, retiré de nos horreurs économiques, la main d'un maître anime le clavecin des prés ; on joue aux cartes au fond de l'étang, miroir évocateur des reines et des mignonnes ; on a les saintes, les voiles, et les fils d'harmonie, et les chromatismes légendaires, sur le couchant.
Il frissonne au passage des chasses et des hordes. La comédie goutte sur les tréteaux de gazon. Et l'embarras des pauvres et des faibles sur ces plans stupides !
À sa vision esclave, l'Allemagne s'échafaude vers des lunes ; les déserts tartares s'éclairent ; les révoltes anciennes grouillent dans le centre du Céleste Empire ; par les escaliers et les fauteuils de rocs — un petit monde blême et plat, Afrique et Occidents, va s'édifier. Puis un ballet de mers et de nuits connues, une chimie sans valeur, et des mélodies impossibles.
La même magie bourgeoise à tous les points où la malle nous déposera ! Le plus élémentaire physicien sent qu'il n'est plus possible de se soumettre à cette atmosphère personnelle, brume de remords physiques, dont la constatation est déjà une affliction.
Non ! Le moment de l'étuve, des mers enlevées, des embrasements souterrains, de la planète emportée, et des exterminations conséquentes, certitudes si peu malignement indiquées dans la Bible et par les Nornes et qu'il sera donné à l'être sérieux de surveiller. — Cependant ce ne sera point un effet de légende !
Sarty- Messages : 509
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Re: Vos poèmes préférés
Harmonie du soir de Baudelaire
Conversation de tardieu
Le bonheur est dans le pré de Claude roy
Promenade de Picasso de prévert....
Je ne peux pas copier les textes je suis sur téléphone. Je le ferai plus tard
Conversation de tardieu
Le bonheur est dans le pré de Claude roy
Promenade de Picasso de prévert....
Je ne peux pas copier les textes je suis sur téléphone. Je le ferai plus tard
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
.
Renée Vivien - 1908
Sonnet pour la Lune
.
Protectrice de ce qui s’effare et qui fuit,
Souveraine des bois, des sommets et des rives,
Toi qui prêtes un songe illusoire aux captives
Que le malheur inné de leur race poursuit,
Toi dont le regard froid et mystique traduit
Le pâle amour de nos âmes contemplatives,
Toi qui dores un peu l’argent vert des olives,
Toi qui daignes sourire aux filles de la nuit,
Toi qui règnes sur les grenouilles, sur les lièvres,
Sur les eaux, les marais où sommeillent les fièvres,
Les fleuves et les mers que tu sais engourdir,
Visite-moi couchée à l’ombre d’une berge !
Mon cœur n’a plus que le vide de son désir
Et j’aime vainement l’étoile la plus vierge !
.
.
Protectrice de ce qui s’effare et qui fuit,
Souveraine des bois, des sommets et des rives,
Toi qui prêtes un songe illusoire aux captives
Que le malheur inné de leur race poursuit,
Toi dont le regard froid et mystique traduit
Le pâle amour de nos âmes contemplatives,
Toi qui dores un peu l’argent vert des olives,
Toi qui daignes sourire aux filles de la nuit,
Toi qui règnes sur les grenouilles, sur les lièvres,
Sur les eaux, les marais où sommeillent les fièvres,
Les fleuves et les mers que tu sais engourdir,
Visite-moi couchée à l’ombre d’une berge !
Mon cœur n’a plus que le vide de son désir
Et j’aime vainement l’étoile la plus vierge !
.
Renée Vivien - 1908
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Hirondelle qui vient de la nue orageuse
Hirondelle fidèle, où vas-tu ? dis-le-moi.
Quelle brise t'emporte, errante voyageuse ?
Écoute, je voudrais m'en aller avec toi,
Bien loin, bien loin d'ici, vers d'immenses rivages,
Vers de grands rochers nus, des grèves, des déserts,
Dans l'inconnu muet, ou bien vers d'autres âges,
Vers les astres errants qui roulent dans les airs.
Ah ! laisse-moi pleurer, pleurer, quand de tes ailes
Tu rases l'herbe verte et qu'aux profonds concerts
Des forêts et des vents tu réponds des tourelles,
Avec ta rauque voix, mon doux oiseau des mers.
Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t'aime !
Je ne sais quel écho par toi m'est apporté
Des rivages lointains ; pour vivre, loi suprême,
Il me faut, comme à toi, l'air et la liberté.
Louise michel - "L'hirondelle"
Hirondelle fidèle, où vas-tu ? dis-le-moi.
Quelle brise t'emporte, errante voyageuse ?
Écoute, je voudrais m'en aller avec toi,
Bien loin, bien loin d'ici, vers d'immenses rivages,
Vers de grands rochers nus, des grèves, des déserts,
Dans l'inconnu muet, ou bien vers d'autres âges,
Vers les astres errants qui roulent dans les airs.
Ah ! laisse-moi pleurer, pleurer, quand de tes ailes
Tu rases l'herbe verte et qu'aux profonds concerts
Des forêts et des vents tu réponds des tourelles,
Avec ta rauque voix, mon doux oiseau des mers.
Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t'aime !
Je ne sais quel écho par toi m'est apporté
Des rivages lointains ; pour vivre, loi suprême,
Il me faut, comme à toi, l'air et la liberté.
Louise michel - "L'hirondelle"
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
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Le corail des océans
L'abeille et l'ours blanc
Les grands hommes, soi-disant
.
Romain Demadre, 38 ans. Grand prix RATP
Pour une fois qu'un de leur poèmes vaut vraiment le coup !
Le corail des océans
L'abeille et l'ours blanc
Les grands hommes, soi-disant
.
Romain Demadre, 38 ans. Grand prix RATP
Pour une fois qu'un de leur poèmes vaut vraiment le coup !
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Nous ne savons de notre âme que la surface !
C’est ce que sait, de l’eau, le nénuphar au fil
De cette eau ; ce que sait, d’un miroir, le profil
Qui s’y mire ; ah ! plonger dans l’étang, dans la glace !
Nous ne savons de notre âme que ce que sait
De la mer un enfant qui joue avec la vague !
Il suit au loin, dans la brume qui les élague,
Les vaisseaux que tantôt leur ombre devançait
Nous ne savons de notre âme que la pointe de l'iceberg
Énormes blocs de glace nés dans la préhistoire
Dont la masse sournoise causa le désespoir
De ceux qui n'ont rien vu, du haut de la grande vergue !
Ah ! plonger dans la mer, savoir tout de l'abîme :
Les monstres, les coraux, tant de trésors sombrés !
Et les zones du fond, vertes comme des prés.
Ce qu'on voyait de la surface, est si minime !
Et plonger dans notre âme : elle est un gouffre aussi !
Pour voir les rêves nus, le combat des pensées,
Et les projets qui sont des perles nuancées,
Tout le Moi sous-marin dans le cerveau transi
Pour le plongeur de l'âme, y a-t-il une cloche ?
Ah Oui ! Descendre au fond de son propre destin,
Savoir ce qui se passe en cette mer sans fin,
Et démêler tout ce varech qui s'effiloche !
Mais cette vie en profondeur nous l'ignorons,
Ne voyant de notre âme - que l'eau de la surface
Comme l'eau de mer qu'un enfant dans le sable transvase,
Croyant vider la mer... de ses petites mains rondes !
Georges Rodenbach - Les profondeurs de l'âme
C’est ce que sait, de l’eau, le nénuphar au fil
De cette eau ; ce que sait, d’un miroir, le profil
Qui s’y mire ; ah ! plonger dans l’étang, dans la glace !
Nous ne savons de notre âme que ce que sait
De la mer un enfant qui joue avec la vague !
Il suit au loin, dans la brume qui les élague,
Les vaisseaux que tantôt leur ombre devançait
Nous ne savons de notre âme que la pointe de l'iceberg
Énormes blocs de glace nés dans la préhistoire
Dont la masse sournoise causa le désespoir
De ceux qui n'ont rien vu, du haut de la grande vergue !
Ah ! plonger dans la mer, savoir tout de l'abîme :
Les monstres, les coraux, tant de trésors sombrés !
Et les zones du fond, vertes comme des prés.
Ce qu'on voyait de la surface, est si minime !
Et plonger dans notre âme : elle est un gouffre aussi !
Pour voir les rêves nus, le combat des pensées,
Et les projets qui sont des perles nuancées,
Tout le Moi sous-marin dans le cerveau transi
Pour le plongeur de l'âme, y a-t-il une cloche ?
Ah Oui ! Descendre au fond de son propre destin,
Savoir ce qui se passe en cette mer sans fin,
Et démêler tout ce varech qui s'effiloche !
Mais cette vie en profondeur nous l'ignorons,
Ne voyant de notre âme - que l'eau de la surface
Comme l'eau de mer qu'un enfant dans le sable transvase,
Croyant vider la mer... de ses petites mains rondes !
Georges Rodenbach - Les profondeurs de l'âme
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Voeux simples
Vivre du vert des prés et du bleu des collines,
Des arbres racineux qui grimpent aux ravines,
Des ruisseaux éblouis de l’argent des poissons ;
Vivre du cliquetis allègre des moissons,
Du clair halètement des sources remuées,
Des matins de printemps qui soufflent leurs buées,
Des octobres semeurs de feuilles et de fruits
Et de l’enchantement lunaire au long des nuits
Que disent les crapauds sonores dans les trèfles.
Vivre naïvement de sorbes et de nèfles,
Gratter de la spatule une écuelle en bois,
Avoir les doigts amers ayant gaulé des noix
Et voir, ronds et crémeux, sur l’émail des assiettes,
Des fromages caillés couverts de sarriettes.
Ne rien savoir du monde où l’amour est cruel,
Prodiguer des baisers sagement sensuels
Ayant le goût du miel et des roses ouvertes
Ou d’une aigre douceur comme les prunes vertes
À l’ami que bien seule on possède en secret.
Ensemble recueillir le nombre des forêts,
Caresser dans son or brumeux l’horizon courbe,
Courir dans l’infini sans entendre la tourbe
Bruire étrangement sous la vie et la mort,
Ignorer le désir qui ronge en vain son mors,
La stérile pudeur et le tourment des gloses ;
Se tenir embrassés sur le néant des choses
Sans souci d’être grands ni de se définir,
Ne prendre de soleil que ce qu’on peut tenir
Et toujours conservant le rythme et la mesure
Vers l’accomplissement marcher d’une âme sûre.
Voir sans l’interroger s’écouler son destin,
Accepter les chardons s’il en pousse en chemin,
Croire que le fatal a décidé la pente
Et faire simplement son devoir d’eau courante.
Ah ! vivre ainsi, donner seulement ce qu’on a,
Repousser le rayon que l’orgueil butina,
N’avoir que robe en lin et chapelet de feuilles,
Mais jouir en son plein de la figue qu’on cueille,
Avoir comme une nonne un sentiment d’oiseau,
Croire que tout est bon parce que tout est beau,
Semer l’hysope franche et n’aimer que sa joie
Parmi l’agneau de laine et la chèvre de soie.
Cécile Sauvage
Vivre du vert des prés et du bleu des collines,
Des arbres racineux qui grimpent aux ravines,
Des ruisseaux éblouis de l’argent des poissons ;
Vivre du cliquetis allègre des moissons,
Du clair halètement des sources remuées,
Des matins de printemps qui soufflent leurs buées,
Des octobres semeurs de feuilles et de fruits
Et de l’enchantement lunaire au long des nuits
Que disent les crapauds sonores dans les trèfles.
Vivre naïvement de sorbes et de nèfles,
Gratter de la spatule une écuelle en bois,
Avoir les doigts amers ayant gaulé des noix
Et voir, ronds et crémeux, sur l’émail des assiettes,
Des fromages caillés couverts de sarriettes.
Ne rien savoir du monde où l’amour est cruel,
Prodiguer des baisers sagement sensuels
Ayant le goût du miel et des roses ouvertes
Ou d’une aigre douceur comme les prunes vertes
À l’ami que bien seule on possède en secret.
Ensemble recueillir le nombre des forêts,
Caresser dans son or brumeux l’horizon courbe,
Courir dans l’infini sans entendre la tourbe
Bruire étrangement sous la vie et la mort,
Ignorer le désir qui ronge en vain son mors,
La stérile pudeur et le tourment des gloses ;
Se tenir embrassés sur le néant des choses
Sans souci d’être grands ni de se définir,
Ne prendre de soleil que ce qu’on peut tenir
Et toujours conservant le rythme et la mesure
Vers l’accomplissement marcher d’une âme sûre.
Voir sans l’interroger s’écouler son destin,
Accepter les chardons s’il en pousse en chemin,
Croire que le fatal a décidé la pente
Et faire simplement son devoir d’eau courante.
Ah ! vivre ainsi, donner seulement ce qu’on a,
Repousser le rayon que l’orgueil butina,
N’avoir que robe en lin et chapelet de feuilles,
Mais jouir en son plein de la figue qu’on cueille,
Avoir comme une nonne un sentiment d’oiseau,
Croire que tout est bon parce que tout est beau,
Semer l’hysope franche et n’aimer que sa joie
Parmi l’agneau de laine et la chèvre de soie.
Cécile Sauvage
Enaid- Messages : 138
Date d'inscription : 19/10/2011
Re: Vos poèmes préférés
Flocons de neigeJe calculais jusqu’à ce qu’ils dansaient ainsi,
Leurs pantoufles sautillaient sur la ville
Et j’empoignai alors un crayon
Pour compter les rebelles.
Ensuite ils se mirent à croître si joyeusement
Que j’ai lâché prise
Et aussitôt mes dix orteils majestueux
Se sont enrôlés pour une gigue !
Il est une solitude de l’espace
Une solitude de la mer
Une solitude de la Mort, mais elles
Sont société
Comparées à ce site plus profond
Cette polaire intimité
D’une âme qui se visite –
Infinité finie.
- Emily Dickinson
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Le lecteur de la poésie n'analyse pas, il fait le serment de l'auteur, son proche, de demeurer dans l'intense.
Yves Bonnefoy
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Tout ce que je fais
Est soumis à l'examen critique
De son âme enamourée
Je sais que son regard
Où que je m'affaire
Me suis de très près
Pas de port
Pas de fuite
Il est là, il préside
Que d'omniprésence à l'affût
Pour faire d'elle une épouse
Avec des cadeaux tout simple et des mots maladroits
On fait connaître au cœur humain
Le rien -
Ce "rien" est la force
Qui rénove le monde -
Toute choses entièrement balayées
C'est ça - L'immensité -
E. Dickinson
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Comme les doux sont sans pitié -
Et les gentils, cruels -
Dieu à rompu son pacte avec l'Agneau
Pour qualifier le vent -
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Doux Scepticisme du Coeur –
Qui sait – et ne sait pas –
Et tangue ainsi qu’une Flotille
De Parfums qu’assaille la neige –
Qui appelle et diffère le Vrai
De crainte que la Certitude fige
Comparée aux douleurs exquises
De la passion qui frémit de Peur –
- Emily dickinson
(grosse fan)
Invité- Invité
Sarty- Messages : 509
Date d'inscription : 03/01/2019
Age : 27
Localisation : lyon
Re: Vos poèmes préférés
Du coup :
Depuis ma prime enfance je ne suis pas comme les autres;
Je ne vois pas ce que les autres voient;
Je n’ai pas su tirer mes passions au puits commun.
Ma tristesse ne provient pas de la même source.
Je n’ai pas su éveiller mon cœur à la même joie;
Tout ce que j’ai aimé, je l’ai aimé seul.
Puis, dans mon enfance, à l’aube d’une vie tourmentée,
c’est de chaque profondeur du bien et du mal,
que fut puisé ce mystère qui m’enchaîne toujours.
Du torrent et de la fontaine,
De la falaise rouge de la montagne,
Du soleil qui roulait autour de moi
En son or automnal,
De l’éclair dans les cieux
Qui me frôlait et s’enfuyait,
Du tonnerre et de l’orage,
Et du nuage qui se métamorphosait
(alors que le reste du ciel était bleu)
En démon à mes yeux.
- Edgar Allan poe
Depuis ma prime enfance je ne suis pas comme les autres;
Je ne vois pas ce que les autres voient;
Je n’ai pas su tirer mes passions au puits commun.
Ma tristesse ne provient pas de la même source.
Je n’ai pas su éveiller mon cœur à la même joie;
Tout ce que j’ai aimé, je l’ai aimé seul.
Puis, dans mon enfance, à l’aube d’une vie tourmentée,
c’est de chaque profondeur du bien et du mal,
que fut puisé ce mystère qui m’enchaîne toujours.
Du torrent et de la fontaine,
De la falaise rouge de la montagne,
Du soleil qui roulait autour de moi
En son or automnal,
De l’éclair dans les cieux
Qui me frôlait et s’enfuyait,
Du tonnerre et de l’orage,
Et du nuage qui se métamorphosait
(alors que le reste du ciel était bleu)
En démon à mes yeux.
- Edgar Allan poe
- Alone:
From childhood’s hour I have not been
As others were—I have not seen
As others saw—I could not bring
My passions from a common spring—
From the same source I have not taken
My sorrow—I could not awaken
My heart to joy at the same tone—
And all I lov’d—I lov’d alone—
Then—in my childhood—in the dawn
Of a most stormy life—was drawn
From ev’ry depth of good and ill
The mystery which binds me still—
From the torrent, or the fountain—
From the red cliff of the mountain—
From the sun that ’round me roll’d
In its autumn tint of gold—
From the lightning in the sky
As it pass’d me flying by—
From the thunder, and the storm—
And the cloud that took the form
(When the rest of Heaven was blue)
Of a demon in my view—
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Si tu es l’océan
Moi je suis ton poisson
Et si tu es la plaine
Moi, je suis ta gazelle
Souffle en moi
Je suis soumis à ton souffle
Moi, je suis ton hautbois
Ton hautbois, ton hautbois...
Sache avec certitude
Que les amants sont hors religion
Dans la religion de l'amour
Ni fidèle, ni infidèle
Dans l'amour il n'y a
Ni corps, ni raison, ni cœur, ni âme
Quiconque n'est pas comme ça
N'est pas comme ci !
Rûmî
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Combien de significations se cachent derrière une étreinte ?
Qu'est-ce une étreinte, si ce n'est communiquer, partager
et instiller quelque chose de soi-même chez une autre personne ?
Une étreinte est l'expression de son existence
à celui qui est à côté de nous, quoi qu'il arrive,
dans la joie et la douleur.
Il existe de nombreux types d'étreintes,
mais la plus vraie et la plus profonde
est celle qui transmet nos sentiments.
Parfois une étreinte,
quand le souffle et les battements du cœur ne font plus qu'un,
fixe cet instant magique dans l'éternité.
Parfois encore une étreinte, si silencieuse,
fait vibrer l'âme et révèle ce qui n'est pas encore connu
ou que l'on a peur de savoir.
Mais le plus souvent, une étreinte
c'est détacher un petit morceau de soi-même.
pour en faire don à l'autre
afin qu'il puisse continuer son chemin moins seul.
Pablo Neruda
Qu'est-ce une étreinte, si ce n'est communiquer, partager
et instiller quelque chose de soi-même chez une autre personne ?
Une étreinte est l'expression de son existence
à celui qui est à côté de nous, quoi qu'il arrive,
dans la joie et la douleur.
Il existe de nombreux types d'étreintes,
mais la plus vraie et la plus profonde
est celle qui transmet nos sentiments.
Parfois une étreinte,
quand le souffle et les battements du cœur ne font plus qu'un,
fixe cet instant magique dans l'éternité.
Parfois encore une étreinte, si silencieuse,
fait vibrer l'âme et révèle ce qui n'est pas encore connu
ou que l'on a peur de savoir.
Mais le plus souvent, une étreinte
c'est détacher un petit morceau de soi-même.
pour en faire don à l'autre
afin qu'il puisse continuer son chemin moins seul.
Pablo Neruda
isadora- Messages : 3889
Date d'inscription : 04/09/2011
Localisation : Lyon
Re: Vos poèmes préférés
Qu’un vallon moissonné dorme un an sans culture ;
Son sein reconnaissant te paie avec usure.
Ou sème un pur froment dans le même terrain
Qui n’a produit d’abord que le frêle lupin,
Ou la vesce légère, ou ces moissons bruyantes
De pois tintant leurs cosses tremblantes.
Pour l’avoine et le lin, et les pavots brûlants,
De leurs sucs nourriciers ils épuisent les champs.
La terre toutefois, malgré leurs influences,
Pourra par intervalle admettre ces semences,
Pourvu qu’un sol usé, qu’un terrain sans vigueur,
Par de riches engrais ranime sa langueur.
La terre se repose en changeant de richesses ;
Mais un entier repos redouble ses largesses.
Publius Vergilius Maro - Georgica
Son sein reconnaissant te paie avec usure.
Ou sème un pur froment dans le même terrain
Qui n’a produit d’abord que le frêle lupin,
Ou la vesce légère, ou ces moissons bruyantes
De pois tintant leurs cosses tremblantes.
Pour l’avoine et le lin, et les pavots brûlants,
De leurs sucs nourriciers ils épuisent les champs.
La terre toutefois, malgré leurs influences,
Pourra par intervalle admettre ces semences,
Pourvu qu’un sol usé, qu’un terrain sans vigueur,
Par de riches engrais ranime sa langueur.
La terre se repose en changeant de richesses ;
Mais un entier repos redouble ses largesses.
Publius Vergilius Maro - Georgica
aveugle et sans âme- Messages : 27
Date d'inscription : 20/02/2020
Re: Vos poèmes préférés
A Virgile - par Victor Hugo
Ô Virgile ! ô poète ! ô mon maître divin !
Viens, quittons cette ville au cri sinistre et vain,
Qui, géante, et jamais ne fermant la paupière,
Presse un flot écumant entre ses flancs de pierre,
Lutèce, si petite au temps de tes Césars,
Et qui jette aujourd'hui, cité pleine de chars,
Sous le nom éclatant dont le monde la nomme,
Plus de clarté qu'Athène et plus de bruit que Rome.
Pour toi qui dans les bois fais, comme l'eau des cieux,
Tomber de feuille en feuille un vers mystérieux,
Pour toi dont la pensée emplit ma rêverie,
J'ai trouvé, dans une ombre où rit l'herbe fleurie,
Entre Buc et Meudon, dans un profond oubli,
- Et quand je dis Meudon, suppose Tivoli !
J'ai trouvé, mon poète, une chaste vallée
A des coteaux charmants nonchalamment mêlée,
Retraite favorable à des amants cachés,
Faite de flots dormants et de rameaux penchés,
Où midi baigne en vain de ses rayons sans nombre
La grotte et la forêt, frais asiles de l'ombre !
Pour toi je l'ai cherchée, un matin, fier, joyeux,
Avec l'amour au coeur et l'aube dans les yeux ;
Pour toi je l'ai cherchée, accompagné de celle
Qui sait tous les secrets que mon âme recèle,
Et qui, seule avec moi sous les bois chevelus,
Serait ma Lycoris si j'étais ton Gallus.
Car elle a dans le coeur cette fleur large et pure,
L'amour mystérieux de l'antique nature !
Elle aime comme nous, maître, ces douces voix,
Ce bruit de nids joyeux qui sort des sombres bois,
Et, le soir, tout au fond de la vallée étroite,
Les coteaux renversés dans le lac qui miroite,
Et, quand le couchant morne a perdu sa rougeur,
Les marais irrités des pas du voyageur,
Et l'humble chaume, et l'antre obstrué d'herbe verte,
Et qui semble une bouche avec terreur ouverte,
Les eaux, les prés, les monts, les refuges charmants,
Et les grands horizons pleins de rayonnements !
Maître ! puisque voici la saison des pervenches,
Si tu veux, chaque nuit, en écartant les branches,
Sans éveiller d'échos à nos pas hasardeux,
Nous irons tous les trois, c'est-à-dire tous deux,
Dans ce vallon sauvage, et de la solitude,
Rêveurs, nous surprendrons la secrète attitude.
Dans la brune clairière où l'arbre au tronc noueux
Prend le soir un profil humain et monstrueux,
Nous laisserons fumer, à côté d'un cytise,
Quelque feu qui s'éteint sans pâtre qui l'attise,
Et, l'oreille tendue à leurs vagues chansons,
Dans l'ombre, au clair de lune, à travers les buissons,
Avides, nous pourrons voir à la dérobée
Les satyres dansants qu'imite Alphésibée.
Ô Virgile ! ô poète ! ô mon maître divin !
Viens, quittons cette ville au cri sinistre et vain,
Qui, géante, et jamais ne fermant la paupière,
Presse un flot écumant entre ses flancs de pierre,
Lutèce, si petite au temps de tes Césars,
Et qui jette aujourd'hui, cité pleine de chars,
Sous le nom éclatant dont le monde la nomme,
Plus de clarté qu'Athène et plus de bruit que Rome.
Pour toi qui dans les bois fais, comme l'eau des cieux,
Tomber de feuille en feuille un vers mystérieux,
Pour toi dont la pensée emplit ma rêverie,
J'ai trouvé, dans une ombre où rit l'herbe fleurie,
Entre Buc et Meudon, dans un profond oubli,
- Et quand je dis Meudon, suppose Tivoli !
J'ai trouvé, mon poète, une chaste vallée
A des coteaux charmants nonchalamment mêlée,
Retraite favorable à des amants cachés,
Faite de flots dormants et de rameaux penchés,
Où midi baigne en vain de ses rayons sans nombre
La grotte et la forêt, frais asiles de l'ombre !
Pour toi je l'ai cherchée, un matin, fier, joyeux,
Avec l'amour au coeur et l'aube dans les yeux ;
Pour toi je l'ai cherchée, accompagné de celle
Qui sait tous les secrets que mon âme recèle,
Et qui, seule avec moi sous les bois chevelus,
Serait ma Lycoris si j'étais ton Gallus.
Car elle a dans le coeur cette fleur large et pure,
L'amour mystérieux de l'antique nature !
Elle aime comme nous, maître, ces douces voix,
Ce bruit de nids joyeux qui sort des sombres bois,
Et, le soir, tout au fond de la vallée étroite,
Les coteaux renversés dans le lac qui miroite,
Et, quand le couchant morne a perdu sa rougeur,
Les marais irrités des pas du voyageur,
Et l'humble chaume, et l'antre obstrué d'herbe verte,
Et qui semble une bouche avec terreur ouverte,
Les eaux, les prés, les monts, les refuges charmants,
Et les grands horizons pleins de rayonnements !
Maître ! puisque voici la saison des pervenches,
Si tu veux, chaque nuit, en écartant les branches,
Sans éveiller d'échos à nos pas hasardeux,
Nous irons tous les trois, c'est-à-dire tous deux,
Dans ce vallon sauvage, et de la solitude,
Rêveurs, nous surprendrons la secrète attitude.
Dans la brune clairière où l'arbre au tronc noueux
Prend le soir un profil humain et monstrueux,
Nous laisserons fumer, à côté d'un cytise,
Quelque feu qui s'éteint sans pâtre qui l'attise,
Et, l'oreille tendue à leurs vagues chansons,
Dans l'ombre, au clair de lune, à travers les buissons,
Avides, nous pourrons voir à la dérobée
Les satyres dansants qu'imite Alphésibée.
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
- Lycoris et Gallius:
Permets, ô Aréthuse, ce dernier effort à ma muse champêtre. Que mon cher Gallus ait de moi peu de vers, mais des vers qui soient lus de Lycoris elle-même : qui refuserait des vers à Gallus ? Ainsi puisse ton onde, coulant sous les flots de Sicile, ne se mêler jamais avec l’onde amère de Doris ! Commençons, et chantons les malheureuses amours de Gallus, tandis que mes chèvres camuses brouteront les tendres arbrisseaux.
Ici rien n’est sourd à nos chants ; j’entends déjà les forêts me répondre.
Quels bois, ô Naïades, quelles forêts vous cachaient à la lumière, quand Gallus se mourait d’un indigne amour ? Car ni les sommets du Parnasse ni ceux du Pinde ne vous retenaient, ni les claires eaux d’Aganippe. Les lauriers le pleurèrent ; il fut aussi pleuré des bruyères : le Ménale couronné de pins le pleura, quand il le vit gisant sous ses rochers solitaires ; le Lycée aussi s’attendrit, et ses crêtes glacées : autour du berger sont ses brebis, ses brebis elles-mêmes sensibles à ses maux. Ne va pas dédaigner les troupeaux, divin poëte ! le bel Adonis aussi mena paître des brebis le long des fleuves. Les bergers, les bouviers aux pas tardifs, tous accoururent ; Ménalque vint, que mouillait encore le gland d’hiver ramassé dans les bois. Tous te demandent : Pourquoi cet amour ? Apollon vint, et te dit : Gallus, quelle folie est la tienne ? Ta flamme, ta Lycoris suit les pas d’un autre à travers les neiges, à travers les horreurs des camps. Sylvain parut aussi, le front ceint d’une couronne champêtre, agitant des tiges fleuries et de grands lis. Pan vint aussi, Pan, dieu d’Arcadie ; nous vîmes nous-mêmes son visage divin, que rougissaient l’hièble sanglante et le carmin. « Quand finiront ces plaintes, dit-il ? L’Amour ne s’en met pas en peine ; le cruel Amour ne se rassasie point de larmes, non plus que les prés d’eau, les abeilles de cytise, les chèvres de feuillage. »
Mais le triste Gallus leur répondait : « Vous direz pourtant, Arcadiens, vous les seuls habiles à chanter, vous direz mes tourments à vos montagnes. Ô que mes os reposeront mollement, si votre flûte un jour redit mes amours ! Que n’ai-je été l’un de vous ? que n’ai-je ou gardé vos troupeaux, ou vendangé avec vous la grappe mûre ! Soit que j’eusse brûlé pour Phyllis, soit que j’eusse aimé Amyntas (qu’importe qu’Amyntas ait le teint hâlé ? les violettes sont brunes, et brune est l’airelle), il serait couché près de moi entre les saules et sous des pampres verts : Phyllis me tresserait des guirlandes, Amyntas me chanterait ses airs. Ici sont de fraîches fontaines, ici, Lycoris, de molles prairies, ici des bois : ici je vivrais, je finirais mes jours avec toi. Mais un amour insensé te retient loin de moi, au milieu des armes du cruel Mars, des traits homicides, des ennemis menaçants. Loin de ta patrie (ah, que n’en puis-je douter ?) tu affrontes seule et sans moi, cruelle, les neiges des Alpes et les frimas du Rhin ! Ah, que les froids ne te blessent pas ! que les âpres glaçons ne déchirent pas tes pieds délicats !
J’irai parmi les bergers ; et les vers que j’ai renouvelés du poëte de Chalcis, je les modulerai sur le chalumeau du poëte de Sicile. C’en est fait ; je veux, caché dans les forêts, au milieu des repaires des bêtes farouches, y souffrir seul, et graver mes amours sur l’écorce des tendres arbres : ils croîtront, vous croîtrez avec eux, mes amours. Cependant j’irai, me mêlant aux nymphes, fouler les sommets du Ménale, et je poursuivrai les sangliers impétueux : les frimas les plus rigoureux ne m’empêcheront pas de cerner avec ma meute les forêts du mont Parthénius : il me semble déjà courir à travers les rochers et les bois retentissants : nouveau Parthe, j’aime à décocher la flèche cydonienne : comme si c’étaient là des remèdes à mon incurable amour ; comme si le cruel Amour savait s’attendrir aux maux des mortels ! Déjà les Hamadryades, déjà les chants ne me plaisent plus ; et vous aussi, forêts, adieu : mes rudes travaux ne pourraient vaincre l’invincible Amour ; non, quand même je boirais les eaux glacées de l’Hèbre, quand au fort des hivers pluvieux j’endurerais les neiges de la Sithonie ; quand même, à l’heure où l’écorce desséchée des grands ormeaux meurt sous les feux du midi, je conduirais mes brebis dans les plaines de l’Éthiopie, brûlées par le Cancer.
L’Amour soumet tout ; et toi aussi, cède à l’Amour.
Muses, c’est assez : voilà les vers que chantait votre poëte, tandis qu’assis sur le gazon, il tressait le jonc assoupli : relevez-les aux yeux de Gallus, de Gallus pour qui ma tendresse croît autant chaque jour, que chaque jour, au printemps, croissent les tiges verdoyantes de l’aune. Levons-nous ; l’ombre est nuisible à ceux qui chantent, l’ombre du genévrier surtout ; l’ombre aussi est nuisible aux moissons. Allez à la bergerie, ô mes chèvres, vous êtes rassasiées ; voici venir le soir, allez, mes chèvres.
Publius Vergilius Maro - Bucolica
aveugle et sans âme- Messages : 27
Date d'inscription : 20/02/2020
Re: Vos poèmes préférés
Voeux simples - Cécile Sauvage
Vivre du vert des prés et du bleu des collines,
Des arbres racineux qui grimpent aux ravines,
Des ruisseaux éblouis de l’argent des poissons ;
Vivre du cliquetis allègre des moissons,
Du clair halètement des sources remuées,
Des matins de printemps qui soufflent leurs buées,
Des octobres semeurs de feuilles et de fruits
Et de l’enchantement lunaire au long des nuits
Que disent les crapauds sonores dans les trèfles.
Vivre naïvement de sorbes et de nèfles,
Gratter de la spatule une écuelle en bois,
Avoir les doigts amers ayant gaulé des noix
Et voir, ronds et crémeux, sur l’émail des assiettes,
Des fromages caillés couverts de sarriettes.
Ne rien savoir du monde où l’amour est cruel,
Prodiguer des baisers sagement sensuels
Ayant le goût du miel et des roses ouvertes
Ou d’une aigre douceur comme les prunes vertes
À l’ami que bien seule on possède en secret.
Ensemble recueillir le nombre des forêts,
Caresser dans son or brumeux l’horizon courbe,
Courir dans l’infini sans entendre la tourbe
Bruire étrangement sous la vie et la mort,
Ignorer le désir qui ronge en vain son mors,
La stérile pudeur et le tourment des gloses ;
Se tenir embrassés sur le néant des choses
Sans souci d’être grands ni de se définir,
Ne prendre de soleil que ce qu’on peut tenir
Et toujours conservant le rythme et la mesure
Vers l’accomplissement marcher d’une âme sûre.
Voir sans l’interroger s’écouler son destin,
Accepter les chardons s’il en pousse en chemin,
Croire que le fatal a décidé la pente
Et faire simplement son devoir d’eau courante.
Ah ! vivre ainsi, donner seulement ce qu’on a,
Repousser le rayon que l’orgueil butina,
N’avoir que robe en lin et chapelet de feuilles,
Mais jouir en son plein de la figue qu’on cueille,
Avoir comme une nonne un sentiment d’oiseau,
Croire que tout est bon parce que tout est beau,
Semer l’hysope franche et n’aimer que sa joie
Parmi l’agneau de laine et la chèvre de soie.
Vivre du vert des prés et du bleu des collines,
Des arbres racineux qui grimpent aux ravines,
Des ruisseaux éblouis de l’argent des poissons ;
Vivre du cliquetis allègre des moissons,
Du clair halètement des sources remuées,
Des matins de printemps qui soufflent leurs buées,
Des octobres semeurs de feuilles et de fruits
Et de l’enchantement lunaire au long des nuits
Que disent les crapauds sonores dans les trèfles.
Vivre naïvement de sorbes et de nèfles,
Gratter de la spatule une écuelle en bois,
Avoir les doigts amers ayant gaulé des noix
Et voir, ronds et crémeux, sur l’émail des assiettes,
Des fromages caillés couverts de sarriettes.
Ne rien savoir du monde où l’amour est cruel,
Prodiguer des baisers sagement sensuels
Ayant le goût du miel et des roses ouvertes
Ou d’une aigre douceur comme les prunes vertes
À l’ami que bien seule on possède en secret.
Ensemble recueillir le nombre des forêts,
Caresser dans son or brumeux l’horizon courbe,
Courir dans l’infini sans entendre la tourbe
Bruire étrangement sous la vie et la mort,
Ignorer le désir qui ronge en vain son mors,
La stérile pudeur et le tourment des gloses ;
Se tenir embrassés sur le néant des choses
Sans souci d’être grands ni de se définir,
Ne prendre de soleil que ce qu’on peut tenir
Et toujours conservant le rythme et la mesure
Vers l’accomplissement marcher d’une âme sûre.
Voir sans l’interroger s’écouler son destin,
Accepter les chardons s’il en pousse en chemin,
Croire que le fatal a décidé la pente
Et faire simplement son devoir d’eau courante.
Ah ! vivre ainsi, donner seulement ce qu’on a,
Repousser le rayon que l’orgueil butina,
N’avoir que robe en lin et chapelet de feuilles,
Mais jouir en son plein de la figue qu’on cueille,
Avoir comme une nonne un sentiment d’oiseau,
Croire que tout est bon parce que tout est beau,
Semer l’hysope franche et n’aimer que sa joie
Parmi l’agneau de laine et la chèvre de soie.
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
LA GLOIRE
Le poète partait sous le ciel du matin …
Comme un pâtre enivré de marcher sur le thym.
A l'heure où des guérets l'alouette s'envole,
Il lançait sa chanson dans l'écho bénévole,
Crédule voyageur qui partait souriant
Mais qui ne saurait plus marcher vers l'Orient
Dès qu'il n'y verrait plus l'Aurore lui sourire.
Or la corde d'amour se taisait sur sa Lyre …
La Gloire, avec raison, ô femmes, l'a boudé,
Et les femmes pour lui, n'ont pas intercédé,
N'ayant pas de ses vers sur leurs lèvres divines
En longeant les cités ou montant les collines !
Alors il a repris son cœur, il l'a fermé
Aux soirs d'extase et même au sourire de mai,
Il a laissé sa Lyre obstinément muette,
Sans ouïr dans les cieux, l'appel de l'alouette,
Et – tant il s'inclinait, occupé de souffrir -
Sans voir autour de lui les myrtes refleurir.
Mais celle que son cœur attendait sur la route
Vint un soir et lui dit : “ Poète, je t'écoute ! “
Et lorsqu'il vit sur lui ses yeux miraculeux,
Il sentit que, soudain, vers les horizons bleus
Il la suivait, docile, en disant son cantique,
Ebloui comme auprès de quelque nymphe antique
Que les bergers d'Hellas et les passants troublés
Et les hommes vaquant à la moisson des blés
Suivaient, et que des choeurs lointains de jeunes filles
Saluaient sur les monts en frappant les faucilles !
Car elle était pareille aux nymphes qu'autrefois
On croisait, tout surpris, le soir, au coin des bois,
Elle était ici-bas de celles qu'on s'étonne
De croiser dans un monde et laid et monotone,
Qu'on s'étonne de voir marcher dans son chemin
Et dont n'ose rêver notre humble amour humain.
Elle venait à lui, douce sœur attendrie,
Car, simple autant que belle, et des Muses nourrie,
Elle aimait les rêveurs qui parlent dans le vent
Et comme eux se grisait au rythme captivant ;
Elle aimait rencontrer ceux que leur rêve emmène
Méditer au-dessus de la rumeur humaine,
Ceux qui, soudain, le soir, ne vous entendent plus
Etant partis cueillir la verveine au talus,
Gravissant les coteaux où tintent les clarines
Ou, comme Ulysse, errant sous les brises marines,
Doux exilés qu'on voit passer, le cœur absent,
Partout où ne luit pas leur ciel resplendissant,
Ecoliers qui, tandis qu'Aristote épilogue,
Ecoutent soupirer la flûte de l'Eglogue.
Elle venait, si belle et si prompte à charmer
Que tous, sur le chemin, semblaient déjà l'aimer.
Des murmures d'amour caressaient ses oreilles,
Et les gais vendangeurs qui chantaient sous les treilles
Avaient soudain pour elle adouci leur chanson.
Elle était la Beauté, le charme, l'échanson
Qui versait la douceur et l'ivresse de vivre !
Si bien que le Poète avait le cœur tout ivre
Rien que de se sentir auprès d'elle, ce soir,
Et chantait à genoux, et se figurait voir,
Dans son rythme onduleux et dans sa grâce preste,
Hébé qui le grisait déjà de son seul geste
Et descendait à lui comme un présent divin
Pour lui servir le miel et lui verser le vin !
Or, son hymne d'amour était si beau, si tendre
Que tous sur le sentier se turent pour l'entendre
- Le vendangeur bavard et le passant moqueur -
Et qu'en prenant l'essor il rencontra le cœur
De ceux qui descendaient s'attendre sur la grève
Ou qui, de loin, hélas, s'attendaient dans leur rêve !
Et cet hymne éperdu qu'il disait à ses pieds,
Les femmes, pour bercer leurs rêves printaniers,
Les femmes l'ont redit de leurs voix cristallines
Et du fond des cités et du haut des collines !
Si bien qu'en son essor il est allé trouver
Jusqu'aux cœurs ignorants et doux sachant rêver :
Le pêcheur sur les lacs, le pâtre au fond des gorges,
Le moissonneur coupant les seigles ou les orges …
Et, par les golfes bleus, hantés des nautoniers,
Les femmes l'ont redit sous les tamariniers
Pour le mettre un matin sur la lèvre sonore
Des marins s'en allant jusqu'au fond de l'Aurore !
Gabriel Monmert
P { margin-bottom: 0.21cm }
Le poète partait sous le ciel du matin …
Comme un pâtre enivré de marcher sur le thym.
A l'heure où des guérets l'alouette s'envole,
Il lançait sa chanson dans l'écho bénévole,
Crédule voyageur qui partait souriant
Mais qui ne saurait plus marcher vers l'Orient
Dès qu'il n'y verrait plus l'Aurore lui sourire.
Or la corde d'amour se taisait sur sa Lyre …
La Gloire, avec raison, ô femmes, l'a boudé,
Et les femmes pour lui, n'ont pas intercédé,
N'ayant pas de ses vers sur leurs lèvres divines
En longeant les cités ou montant les collines !
Alors il a repris son cœur, il l'a fermé
Aux soirs d'extase et même au sourire de mai,
Il a laissé sa Lyre obstinément muette,
Sans ouïr dans les cieux, l'appel de l'alouette,
Et – tant il s'inclinait, occupé de souffrir -
Sans voir autour de lui les myrtes refleurir.
Mais celle que son cœur attendait sur la route
Vint un soir et lui dit : “ Poète, je t'écoute ! “
Et lorsqu'il vit sur lui ses yeux miraculeux,
Il sentit que, soudain, vers les horizons bleus
Il la suivait, docile, en disant son cantique,
Ebloui comme auprès de quelque nymphe antique
Que les bergers d'Hellas et les passants troublés
Et les hommes vaquant à la moisson des blés
Suivaient, et que des choeurs lointains de jeunes filles
Saluaient sur les monts en frappant les faucilles !
Car elle était pareille aux nymphes qu'autrefois
On croisait, tout surpris, le soir, au coin des bois,
Elle était ici-bas de celles qu'on s'étonne
De croiser dans un monde et laid et monotone,
Qu'on s'étonne de voir marcher dans son chemin
Et dont n'ose rêver notre humble amour humain.
Elle venait à lui, douce sœur attendrie,
Car, simple autant que belle, et des Muses nourrie,
Elle aimait les rêveurs qui parlent dans le vent
Et comme eux se grisait au rythme captivant ;
Elle aimait rencontrer ceux que leur rêve emmène
Méditer au-dessus de la rumeur humaine,
Ceux qui, soudain, le soir, ne vous entendent plus
Etant partis cueillir la verveine au talus,
Gravissant les coteaux où tintent les clarines
Ou, comme Ulysse, errant sous les brises marines,
Doux exilés qu'on voit passer, le cœur absent,
Partout où ne luit pas leur ciel resplendissant,
Ecoliers qui, tandis qu'Aristote épilogue,
Ecoutent soupirer la flûte de l'Eglogue.
Elle venait, si belle et si prompte à charmer
Que tous, sur le chemin, semblaient déjà l'aimer.
Des murmures d'amour caressaient ses oreilles,
Et les gais vendangeurs qui chantaient sous les treilles
Avaient soudain pour elle adouci leur chanson.
Elle était la Beauté, le charme, l'échanson
Qui versait la douceur et l'ivresse de vivre !
Si bien que le Poète avait le cœur tout ivre
Rien que de se sentir auprès d'elle, ce soir,
Et chantait à genoux, et se figurait voir,
Dans son rythme onduleux et dans sa grâce preste,
Hébé qui le grisait déjà de son seul geste
Et descendait à lui comme un présent divin
Pour lui servir le miel et lui verser le vin !
Or, son hymne d'amour était si beau, si tendre
Que tous sur le sentier se turent pour l'entendre
- Le vendangeur bavard et le passant moqueur -
Et qu'en prenant l'essor il rencontra le cœur
De ceux qui descendaient s'attendre sur la grève
Ou qui, de loin, hélas, s'attendaient dans leur rêve !
Et cet hymne éperdu qu'il disait à ses pieds,
Les femmes, pour bercer leurs rêves printaniers,
Les femmes l'ont redit de leurs voix cristallines
Et du fond des cités et du haut des collines !
Si bien qu'en son essor il est allé trouver
Jusqu'aux cœurs ignorants et doux sachant rêver :
Le pêcheur sur les lacs, le pâtre au fond des gorges,
Le moissonneur coupant les seigles ou les orges …
Et, par les golfes bleus, hantés des nautoniers,
Les femmes l'ont redit sous les tamariniers
Pour le mettre un matin sur la lèvre sonore
Des marins s'en allant jusqu'au fond de l'Aurore !
Gabriel Monmert
P { margin-bottom: 0.21cm }
espérance- Messages : 1120
Date d'inscription : 11/07/2010
Re: Vos poèmes préférés
Sensation - Arthur Rimbaud
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Dans la maison du vigneron les femmes cousent
Lenchen remplis le poêle et mets l’eau du café
Dessus - Le chat s’étire après s’être chauffé
- Gertrude et son voisin Martin enfin s’épousent
Le rossignol aveugle essaya de chanter
Mais l’effraie ululant il trembla dans sa cage
Ce cyprès là-bas a l’air du pape en voyage
Sous la neige - Le facteur vient de s’arrêter
Pour causer avec le nouveau maître d’école
- Cet hiver est très froid le vin sera très bon
- Le sacristain sourd et boiteux est moribond
- La fille du vieux bourgmestre brode une étole
Pour la fête du curé La forêt là-bas
Grâce au vent chantait à voix grave de grand orgue
Le songe Herr Traum survint avec sa sœur Frau Sorge
Kaethi tu n’as pas bien raccommodé ces bas
- Apporte le café le beurre et les tartines
La marmelade le saindoux un pot de lait
- Encore un peu de café Lenchen s’il te plaît
- On dirait que le vent dit des phrases latines
- Encore un peu de café Lenchen s’il te plaît
- Lotte es-tu triste Ô petit cœur - Je crois qu’elle aime
- Dieu garde - Pour ma part je n’aime que moi-même
- Chut À présent grand-mère dit son chapelet
- Il me faut du sucre candi Leni je tousse
- Pierre mène son furet chasser les lapins
Le vent faisait danser en rond tous les sapins
Lotte l’amour rend triste - Ilse la vie est douce
La nuit tombait Les vignobles aux ceps tordus
Devenaient dans l’obscurité des ossuaires
En neige et repliés gisaient là des suaires
Et des chiens aboyaient aux passants morfondus
Il est mort écoutez La cloche de l’église
Sonnait tout doucement la mort du sacristain
Ilse il faut attiser le poêle qui s’éteint
Les femmes se signaient dans la nuit indécise
Apollinaire,
Les femmes. Poème qui conclut la collection Rhénanes, 1901-1902. Alcools.
Lenchen remplis le poêle et mets l’eau du café
Dessus - Le chat s’étire après s’être chauffé
- Gertrude et son voisin Martin enfin s’épousent
Le rossignol aveugle essaya de chanter
Mais l’effraie ululant il trembla dans sa cage
Ce cyprès là-bas a l’air du pape en voyage
Sous la neige - Le facteur vient de s’arrêter
Pour causer avec le nouveau maître d’école
- Cet hiver est très froid le vin sera très bon
- Le sacristain sourd et boiteux est moribond
- La fille du vieux bourgmestre brode une étole
Pour la fête du curé La forêt là-bas
Grâce au vent chantait à voix grave de grand orgue
Le songe Herr Traum survint avec sa sœur Frau Sorge
Kaethi tu n’as pas bien raccommodé ces bas
- Apporte le café le beurre et les tartines
La marmelade le saindoux un pot de lait
- Encore un peu de café Lenchen s’il te plaît
- On dirait que le vent dit des phrases latines
- Encore un peu de café Lenchen s’il te plaît
- Lotte es-tu triste Ô petit cœur - Je crois qu’elle aime
- Dieu garde - Pour ma part je n’aime que moi-même
- Chut À présent grand-mère dit son chapelet
- Il me faut du sucre candi Leni je tousse
- Pierre mène son furet chasser les lapins
Le vent faisait danser en rond tous les sapins
Lotte l’amour rend triste - Ilse la vie est douce
La nuit tombait Les vignobles aux ceps tordus
Devenaient dans l’obscurité des ossuaires
En neige et repliés gisaient là des suaires
Et des chiens aboyaient aux passants morfondus
Il est mort écoutez La cloche de l’église
Sonnait tout doucement la mort du sacristain
Ilse il faut attiser le poêle qui s’éteint
Les femmes se signaient dans la nuit indécise
Apollinaire,
Les femmes. Poème qui conclut la collection Rhénanes, 1901-1902. Alcools.
Sarty- Messages : 509
Date d'inscription : 03/01/2019
Age : 27
Localisation : lyon
Re: Vos poèmes préférés
— René Daumal (1908-1944)Je suis mort parce que je ne désire pas ;
Je ne désire pas parce que je crois posséder ;
Je crois posséder parce que je n’essaie pas de donner ;
Essayant de donner, on voit qu’on n’a rien ;
Voyant qu’on n’a rien, on essaie de se donner ;
Essayant de se donner, on voit qu’on n’est rien ;
Voyant qu’on n’est rien, on essaie de devenir ;
Essayant de devenir, on vit.
MoojiKadja- Messages : 351
Date d'inscription : 21/05/2017
Localisation : Avant « Je Suis »
Re: Vos poèmes préférés
La conscience - Victor Hugo
Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Echevelé, livide au milieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,
Comme le soir tombait, l'homme sombre arriva
Au bas d'une montagne en une grande plaine ;
Sa femme fatiguée et ses fils hors d'haleine
Lui dirent : « Couchons-nous sur la terre, et dormons. »
Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts.
Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres,
Il vit un oeil, tout grand ouvert dans les ténèbres,
Et qui le regardait dans l'ombre fixement.
« Je suis trop près », dit-il avec un tremblement.
Il réveilla ses fils dormant, sa femme lasse,
Et se remit à fuir sinistre dans l'espace.
Il marcha trente jours, il marcha trente nuits.
Il allait, muet, pâle et frémissant aux bruits,
Furtif, sans regarder derrière lui, sans trêve,
Sans repos, sans sommeil; il atteignit la grève
Des mers dans le pays qui fut depuis Assur.
« Arrêtons-nous, dit-il, car cet asile est sûr.
Restons-y. Nous avons du monde atteint les bornes. »
Et, comme il s'asseyait, il vit dans les cieux mornes
L'oeil à la même place au fond de l'horizon.
Alors il tressaillit en proie au noir frisson.
« Cachez-moi ! » cria-t-il; et, le doigt sur la bouche,
Tous ses fils regardaient trembler l'aïeul farouche.
Caïn dit à Jabel, père de ceux qui vont
Sous des tentes de poil dans le désert profond :
« Etends de ce côté la toile de la tente. »
Et l'on développa la muraille flottante ;
Et, quand on l'eut fixée avec des poids de plomb :
« Vous ne voyez plus rien ? » dit Tsilla, l'enfant blond,
La fille de ses Fils, douce comme l'aurore ;
Et Caïn répondit : « je vois cet oeil encore ! »
Jubal, père de ceux qui passent dans les bourgs
Soufflant dans des clairons et frappant des tambours,
Cria : « je saurai bien construire une barrière. »
Il fit un mur de bronze et mit Caïn derrière.
Et Caïn dit « Cet oeil me regarde toujours! »
Hénoch dit : « Il faut faire une enceinte de tours
Si terrible, que rien ne puisse approcher d'elle.
Bâtissons une ville avec sa citadelle,
Bâtissons une ville, et nous la fermerons. »
Alors Tubalcaïn, père des forgerons,
Construisit une ville énorme et surhumaine.
Pendant qu'il travaillait, ses frères, dans la plaine,
Chassaient les fils d'Enos et les enfants de Seth ;
Et l'on crevait les yeux à quiconque passait ;
Et, le soir, on lançait des flèches aux étoiles.
Le granit remplaça la tente aux murs de toiles,
On lia chaque bloc avec des noeuds de fer,
Et la ville semblait une ville d'enfer ;
L'ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes ;
Ils donnèrent aux murs l'épaisseur des montagnes ;
Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d'entrer. »
Quand ils eurent fini de clore et de murer,
On mit l'aïeul au centre en une tour de pierre ;
Et lui restait lugubre et hagard. « Ô mon père !
L'oeil a-t-il disparu ? » dit en tremblant Tsilla.
Et Caïn répondit : " Non, il est toujours là. »
Alors il dit: « je veux habiter sous la terre
Comme dans son sépulcre un homme solitaire ;
Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. »
On fit donc une fosse, et Caïn dit « C'est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l'ombre
Et qu'on eut sur son front fermé le souterrain,
L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn.
Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Echevelé, livide au milieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,
Comme le soir tombait, l'homme sombre arriva
Au bas d'une montagne en une grande plaine ;
Sa femme fatiguée et ses fils hors d'haleine
Lui dirent : « Couchons-nous sur la terre, et dormons. »
Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts.
Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres,
Il vit un oeil, tout grand ouvert dans les ténèbres,
Et qui le regardait dans l'ombre fixement.
« Je suis trop près », dit-il avec un tremblement.
Il réveilla ses fils dormant, sa femme lasse,
Et se remit à fuir sinistre dans l'espace.
Il marcha trente jours, il marcha trente nuits.
Il allait, muet, pâle et frémissant aux bruits,
Furtif, sans regarder derrière lui, sans trêve,
Sans repos, sans sommeil; il atteignit la grève
Des mers dans le pays qui fut depuis Assur.
« Arrêtons-nous, dit-il, car cet asile est sûr.
Restons-y. Nous avons du monde atteint les bornes. »
Et, comme il s'asseyait, il vit dans les cieux mornes
L'oeil à la même place au fond de l'horizon.
Alors il tressaillit en proie au noir frisson.
« Cachez-moi ! » cria-t-il; et, le doigt sur la bouche,
Tous ses fils regardaient trembler l'aïeul farouche.
Caïn dit à Jabel, père de ceux qui vont
Sous des tentes de poil dans le désert profond :
« Etends de ce côté la toile de la tente. »
Et l'on développa la muraille flottante ;
Et, quand on l'eut fixée avec des poids de plomb :
« Vous ne voyez plus rien ? » dit Tsilla, l'enfant blond,
La fille de ses Fils, douce comme l'aurore ;
Et Caïn répondit : « je vois cet oeil encore ! »
Jubal, père de ceux qui passent dans les bourgs
Soufflant dans des clairons et frappant des tambours,
Cria : « je saurai bien construire une barrière. »
Il fit un mur de bronze et mit Caïn derrière.
Et Caïn dit « Cet oeil me regarde toujours! »
Hénoch dit : « Il faut faire une enceinte de tours
Si terrible, que rien ne puisse approcher d'elle.
Bâtissons une ville avec sa citadelle,
Bâtissons une ville, et nous la fermerons. »
Alors Tubalcaïn, père des forgerons,
Construisit une ville énorme et surhumaine.
Pendant qu'il travaillait, ses frères, dans la plaine,
Chassaient les fils d'Enos et les enfants de Seth ;
Et l'on crevait les yeux à quiconque passait ;
Et, le soir, on lançait des flèches aux étoiles.
Le granit remplaça la tente aux murs de toiles,
On lia chaque bloc avec des noeuds de fer,
Et la ville semblait une ville d'enfer ;
L'ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes ;
Ils donnèrent aux murs l'épaisseur des montagnes ;
Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d'entrer. »
Quand ils eurent fini de clore et de murer,
On mit l'aïeul au centre en une tour de pierre ;
Et lui restait lugubre et hagard. « Ô mon père !
L'oeil a-t-il disparu ? » dit en tremblant Tsilla.
Et Caïn répondit : " Non, il est toujours là. »
Alors il dit: « je veux habiter sous la terre
Comme dans son sépulcre un homme solitaire ;
Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. »
On fit donc une fosse, et Caïn dit « C'est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l'ombre
Et qu'on eut sur son front fermé le souterrain,
L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn.
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Un contemporain... Eugène Pottier (un recueil)
CASERNE ET FORÊT
A Paul AVENEL (Lice chansonnière)
J'espérais à Fontainebleau
Savourer les bois solitaires,
Mais par malheur ce lieu si beau
Grouille de militaires.
Parmi la feuille et le granit,
Dès l'aube en soldat malhonnête
Réveille l'oiseau dans son nid,
Au son de la trompette.
Le silence étend son velours
Dans le creux d'un vallon sauvage ;
Mais sur les rochers, des tambours
Font leur apprentissage.
Refaisant le monde et chantant
L'avenir large et l'espérance,
On s'éveille en sursaut, heurtant
Un pantalon garance.
Puant fort le vin et l'amour,
Des femmes à soldats font tache
Sur des prés où jusqu'à ce jour
J'ai vu paître la vache.
Ne pourrions-nous pas - en secret -
Sans nuire au pouvoir qui gouverne,
Une nuit porter la forêt
Bien loin de la caserne ?...
A Fontainebleau — Août 1867
CASERNE ET FORÊT
A Paul AVENEL (Lice chansonnière)
J'espérais à Fontainebleau
Savourer les bois solitaires,
Mais par malheur ce lieu si beau
Grouille de militaires.
Parmi la feuille et le granit,
Dès l'aube en soldat malhonnête
Réveille l'oiseau dans son nid,
Au son de la trompette.
Le silence étend son velours
Dans le creux d'un vallon sauvage ;
Mais sur les rochers, des tambours
Font leur apprentissage.
Refaisant le monde et chantant
L'avenir large et l'espérance,
On s'éveille en sursaut, heurtant
Un pantalon garance.
Puant fort le vin et l'amour,
Des femmes à soldats font tache
Sur des prés où jusqu'à ce jour
J'ai vu paître la vache.
Ne pourrions-nous pas - en secret -
Sans nuire au pouvoir qui gouverne,
Une nuit porter la forêt
Bien loin de la caserne ?...
A Fontainebleau — Août 1867
- La lice chansonnière:
- La Lice chansonnière
L'art de la goguette- découverte...:
Elisa Fleury, goguettière, seule femme admise à la Lice Chansonnière et autrice du Réveil-Matin
LE RÉVEIL-MATIN
I
Ma vieille tante Gribiche,
En fermant les yeux,
Ne laissa, n’étant pas riche,
Rien de précieux.
Hier on fit le partage
Du pauvre butin,
Et j’eus pour tout héritage
Son réveil-matin.
II
Or, cette samaritaine
Vient mal à propos :
Il faut à ma soixantaine
Beaucoup de repos.
Pour que le sommeil m’abrège
Un triste destin.
Voyons à qui donnerai-je
Mon réveil-matin ?
III
Ce petit clerc de notaire,
Que je vois là-haut,
A, dit-on, beaucoup à faire,
C’est ce qui lui faut.
Mais il lorgne la voisine,
Brune à l’œil mutin,
Qui lui tient lieu, j’imagine,
De réveil-matin.
IV
Ce monsieur, qui n’a ni rentes
Ni profession,
Suit les modes délirantes
De la fashion ;
Dans son logis que tapisse
Velours ou satin,
Les créanciers font l’office
De réveil-matin.
V
Cet autre, à l’œil de vipère,
Qui loge au grenier,
N’est bon époux ni bon père.
Il est usurier.
Au jour l’écho me rejette
Un son argentin,
Cet homme a dans sa cassette
Son réveil-matin.
VI
Voici la douce Marie
Dont le père est mort,
La pauvre enfant pleure, prie,
Soupire et s’endort ;
Orpheline, elle est sans armes
Contre le destin ;
Ne donnons pas à ses larmes
Un réveil-matin.
VII
Plus bas, quelle joie éclate ?
Bon, j’ai deviné,
L’heureux ménage d’Agathe
Compte un premier né.
Dieu, quand il met sur la terre
L’ange ou le lutin,
Attache au cœur d’une mère
Un réveil-matin !
VIII
Triste ou gai, dans cette vie,
Chacun a le sien,
Et personne, je parie,
Ne voudra du mien.
Si l’on me fait cette niche
J’irai, c’est certain,
Rendre à ma tante Gribiche
Son réveil-malin.
Invité- Invité
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