Pfouh, j'me lance, allez...

Spoiler:

Saphodane a écrit:J'ai des frissons partout, mais je ne sais pas ce que c'est. Qu'est-ce que c'est ? Ça vient d'où ? C'est un monde en soi, ou bien c'est tiré d'un livre, film, autre ?... Merci.

Saphodane a écrit:Merci, Garp ! (Je sais pas si je pourrais regarder un film qui soit fait dans ce style-là, mais je me renseignerai !)

Bliss a écrit:
En France, on n'en a pas. Ils ne poussent qu'au sud de l'Espagne et en Afrique du Nord. D'ailleurs, ma mère est née au Maroc et l'eucalyptus lui rappelle toujours avec nostalgie sa terre natale. Pour nous autres européens, ils s'agit donc d'un arbre presque exotique.

AlwaysOnTheRun a écrit:La photo quelques messages plus haut est effectivement superbe à mes yeux! Félicitations

K. a écrit:Je crois qu'en y repensant, j'ai fini par mettre le doigt sur ce que je voulais dire exactement, donc je le livre à quiconque pourrait être intéressé. Au bout du compte, je voulais juste signaler qu'il est très facile de changer son conditionnement, beaucoup plus facile qu'on le pense, parce qu'on se reconstruit en permanence. La personne que j'étais il y a 10 ans, je l'ai complètement oubliée et elle ne m'affecte plus beaucoup ; par contre, je suis énormément déterminé par ce que je crois maintenant que j'étais il y a dix ans.
On passe son temps à se raconter des histoires sur soi-même pour essayer de se comprendre, du genre "je suis incapable de faire X" ou "je ne suis pas du genre à faire Y", mais dès qu'on arrête de les croire, il est très facile de passer à autre chose (NB : ceci est une affirmation empirique, testée et testable très aisément, et je vous y invite).

Toute la difficulté, c'est d'identifier les histoires qu'on se raconte de façon semi-consciente*. C'est pour ça qu'on peut avoir besoin de l'aide des autres, pour qu'ils nous mettent le nez sur nos réflexes de pensée et de comportement. C'est ça que j'attends de toutes les discussions de ce genre, même si je sais que c'est difficile de surmonter sa pudeur pour dire ouvertement à quelqu'un ce qu'on voit de lui. Et c'est aussi pour ça que j'essaie de mettre en avant à quel point les ficelles du "conditionnement social" sont grosses, à quel point la propagande (involontaire, consensuelle) est transparente et facilement détectable.

(* et d'en identifier suffisamment pour les changer d'un coup, car souvent elles se soutiennent entre elles et on reste bloqué quand on veut en virer une seule)

K. a écrit:Bon je ferai juste un long message, mais promis je m'abstiens après, parce que j'ai un peu trop tendance à la ramener dans ce genre de conversations et j'aimerais entendre davantage les gens habituellement plus discrets moins sophistes que moi, parce que je pense que c'est un sujet où on peut apprendre beaucoup en échangeant nos expériences et où elles risquent d'être très différentes.
[...]

Première précision : par "conditionnement" j'entends essentiellement toute la personnalité latente, tout ce qui n'est pas décidé à l'instant même dans nos comportements, et je crois que tout ça peut être changé.

Je ne crois pas que la Bête soit quelque chose qui existe à la base et sur lequel on ajoute un vernis de société. Pour moi, la Bête est aussi "imaginaire/construit/modifiable" que tout le reste, c'est une explication qu'on donne à nos propres comportements, et qui nous modèle ensuite ; exactement comme ce qu'on disait pour l'orientation sexuelle : on se sent attiré une fois par un gros monsieur poilu, on décide qu'on doit être gay, et plus on accepte cette explication, plus on se laisse modeler par tout ce qu'on croit qu'elle implique (pour nos manières, nos goûts, etc.). Il en va de même avec les catégories sociales, les profils de personnalité et sans doute une bonne partie des maladies mentales. Et c'est utile, parce que c'est comme ça qu'on se construit et qu'on peut se reconstruire.

Voici mon expérience "de l'intérieur" : j'ai constaté plusieurs fois que ce que je croyais être une strate incontrôlable, voire un impératif émotionnel ou biologique, était modifiable ; qu'aucune "pulsion" ni aucune "volonté du corps" (ou du coeur) ne s'élevait contre moi, voire que le "corps/coeur" m'aidait au contraire par sa plasticité et son acceptation. Que tout ce qui rechignait était une autre partie de mon esprit, dont il devenait enfin clair que c'étaient simplement des préjugés, des réflexes, des habitudes.

Une fois que ces réflexes deviennent conscients, il ne s'agit plus de "museler" quelque chose qui serait profondément enfoui : on se trouve plutôt face à deux esprits parfaitement conscients qui disent des choses différentes, et aucun n'est plus profond ou plus "moi" que l'autre. Chez quelqu'un de plus émotionnel que moi, ça se traduit peut-être par deux émotions incompatibles. Ca ne veut pas dire qu'il est facile de choisir laquelle on fait triompher, c'est là que joue la volonté de changer. Par contre, dès qu'on a fait le choix, le changement est spectaculairement rapide et indolore.

Au bout du compte, ce que je veux dire, c'est que quand on veut changer, on n'a pas à se battre contre plusieurs décennies de modelage psychologique, parce que je ne crois pas que notre mémoire soit à ce point profonde et rigide ; on doit "seulement" dénouer quelques mois (voire quelques jours) de "mémoire vive" pendant lesquels on a continué à se répéter inconsciemment les trucs qu'on pense être depuis des décennies.
S'apercevoir que ce qu'on voudrait changer n'est pas une partie de soi mais un élément extérieur qu'on traîne avec nous par habitude, et pas le combattre, mais le laisser partir tout seul.

Parfois, la rémission est totale et instantanée : j'ai vu deux personnes guérir du jour au lendemain de troubles obsessionnels qui avaient duré des mois ou des années, en découvrant enfin quels "réflexes" alimentaient leur maladie (généralement à l'occasion d'un changement brutal de conditions extérieures). Parfois, seule une partie des habitudes a été abandonnée et on rechute, mais je crois que ce n'est pas très grave du moment qu'on rebondit de mieux en mieux à chaque fois, et que les rechutes s'espacent peu à peu.

Une fois que ces réflexes deviennent conscients, il ne s'agit plus de "museler" quelque chose qui serait profondément enfoui : on se trouve plutôt face à deux esprits parfaitement conscients qui disent des choses différentes, et aucun n'est plus profond ou plus "moi" que l'autre. Chez quelqu'un de plus émotionnel que moi, ça se traduit peut-être par deux émotions incompatibles. Ca ne veut pas dire qu'il est facile de choisir laquelle on fait triompher, c'est là que joue la volonté de changer. Par contre, dès qu'on a fait le choix, le changement est spectaculairement rapide et indolore. (...) Parfois, la rémission est totale et instantanée : j'ai vu deux personnes guérir du jour au lendemain de troubles obsessionnels qui avaient duré des mois ou des années, en découvrant enfin quels "réflexes" alimentaient leur maladie (généralement à l'occasion d'un changement brutal de conditions extérieures). Parfois, seule une partie des habitudes a été abandonnée et on rechute, mais je crois que ce n'est pas très grave du moment qu'on rebondit de mieux en mieux à chaque fois, et que les rechutes s'espacent peu à peu