Re: vous êtes-vous déjà bridés intellectuellement ?

par Otto Von Frankreich Lun 13 Mai 2024 - 2:15

Oui clairement, et c’est souvent nécessaire dans les relations

Par exemple, très souvent je me retiens d’utiliser des mots qui sont perçus par certains comme « savants » mais qui pour moi sont juste usuels
Récemment je me suis retenu d’utiliser le mot « subjectif », simplement parce que une énorme partie de la population ne sait en fait pas ce que veut dire « subjectif », alors que c’est un mot excessivement simple et utile

Au niveau de la complexité dans le raisonnement aussi, quelqu’un qui a des raisonnements un peu élaborés sera facilement vu comme suspect par le troupeau des bovins

Donc quand c’est nécessaire oui, je fais semblant d’être con, et ça facilite les rapports humains que ce soit en amitié ou en amour ou autre

par Opicino Lun 13 Mai 2024 - 20:27

Je ne me bride plus et fichtre, c’est facile, il n’y a plus grand chose à brider. En réunion allez zou je lâche mon petit félin (pas fauve hein) : un tout petit mot style « propension » et parfois quand le fauve rugit en moi je sors les canines et les griffes : je parle grec ou latin.
N’y voir qu’un félin joueur qui veut se dégourdir les pattes sur le gazon. Aussi quand un quidam se joint à moi, c’est ping pong.

par Otto Von Frankreich Lun 13 Mai 2024 - 20:32

Opicino a écrit:Je ne me bride plus et fichtre, c’est facile, il n’y a plus grand chose à brider. En réunion allez zou je lâche mon petit félin (pas fauve hein) : un tout petit mot style « propension » et parfois quand le fauve rugit en moi je sors les canines et les griffes : je parle grec ou latin.
N’y voir qu’un félin joueur qui veut se dégourdir les pattes sur le gazon. Aussi quand un quidam se joint à moi, c’est ping pong.

Effectivement des fois c’est marrant de les mépriser avec son savoir tous ces gueux
C’est un plaisir exquis

par Opicino Lun 13 Mai 2024 - 21:19

Otto Von Frankreich a écrit:
Opicino a écrit:Je ne me bride plus et fichtre, c’est facile, il n’y a plus grand chose à brider. En réunion allez zou je lâche mon petit félin (pas fauve hein) : un tout petit mot style « propension » et parfois quand le fauve rugit en moi je sors les canines et les griffes : je parle grec ou latin.
N’y voir qu’un félin joueur qui veut se dégourdir les pattes sur le gazon. Aussi quand un quidam se joint à moi, c’est ping pong.

Effectivement des fois c’est marrant de les mépriser avec son savoir tous ces gueux
C’est un plaisir exquis

Non ce n’est pas un plaisir fondé sur du mépris c’est une invitation parce que partout en toute chose les gens se brident. C’est normal les injonctions assénées à tire-larigot fonctionnent plutôt bien. Donc sitôt qu’on veuille se lâcher et que l’on est suivi alors oui c’est marrant parce qu’alors on découvre l’autre dandin ou dandy qui se donne des airs de princesse ou de bourru sous un éclairage inédit. Et là c’est intéressant. C’est donc une clef.

par Wich Lun 13 Mai 2024 - 21:43

Opicino a écrit:Donc sitôt qu’on veuille se lâcher et que l’on est suivi alors oui c’est marrant parce qu’alors on découvre l’autre dandin ou dandy qui se donne des airs de princesse ou de bourru sous un éclairage inédit. Et là c’est intéressant.

par toutestpossible Jeu 18 Juil 2024 - 16:30

(Tape dans tes mains si on te sort souvent que tu parles chinois alors que pour toi, c'est juste du bon français)

Oh je l'attendais ce sujet.

Il rejoint un peu un autre fil sur l'inhibition intellectuelle...

Alors oui, à différentes périodes de ma vie et de différentes manières :
- L'arrivée au collège : voulant absolument m'insérer socialement et ayant l'étiquette de " l'intello qui a un an d'avance ", et ces deux choses étant à priori, antagonistes, j'ai fait la "con-con" de service jusqu'au lycée, où je suis devenue une grosse punk (bien rebelle, bien fêtarde) et failli décrocher scolairement. A l'époque, on parlait d'enfant précoce, donc je m'étais dit, que ça y est, j'avais atteint la norme Very Happy

Et j'avais enfin des potes.
- Première "grande" relation de 20 à 25 ans : en couple avec un homme violent, très probablement HPI. Sa grande arme contre moi, c'était de me signifier (à peu près toutes les semaines) à quel point j'étais bête. Ca a terriblement marché, j'ai fait des métiers alimentaires dans lesquels je n'étais pas heureuse et me demandait perpétuellement ce que je foutais là.
- Au travail : C'est pas une blague, mais on m'a déjà accusé de mentir plusieurs fois, juste parce que mes collègues n'étaient pas au courant de certaines avancées scientifiques, où juste, ne pouvait pas croire qu'une gamine ayant moins d'expérience qu'eux (et une femme !! sacrilège) en savait plus qu'eux, sur certains sujets. Ca m'a tellement traumatisé (c'est juste affreux quand 3-4 de vos collègues vous accusent de mentir sur une donnée scientifique vérifiable en 5 secondes), que j'ai décidé d'être un bon petit soldat qui la fermait. Mais à force de contenir, j'explose dans ces situations. Donc pas vivable, pour tout le monde.

Et ma famille proche ; mes parents ne sont pas HPI ni ma soeur. Problématique quand à 8 ans, j'avais les même lectures que ma soeur de 12 ans. Ma mère a bien essayé de me faire lire des trucs "pour mon âge", mais je trouvais ça tellement nul...! Ce malaise ambiant (ma soeur a très mal vécu le "diagnostic" de mon HPI), existe encore, et je n'ai pas le droit d'en parler, même à 31 ans, dans un repas de famille aujourd'hui. Personne ne m'a demandé de me brider, mais bien qu'enfant, on se rend bien compte (ma soeur ne m'a plus parlé pendant 20 ans, dès que j'ai sauté une classe...) qu'on pourri l'ambiance sans le vouloir. Donc, fini les logorrhées verbales sur ma dernière passion du moment.

Donc ouais, ça me connait.

Et aujourd'hui à 31 ans, j'envoie un peu valser tout ça et cela fait un bien fou. Car je ne sais pas pour toi, mais c'est juste fatiguant de devoir s'adapter à un cercle quand on est un cube.

Surtout que je travaille dans le milieu agricole (viticulture) : l'ouverture d'esprit pour certains, comme on dit, c'est une fracture du crâne, et ça ne sert à rien " car on a toujours fait comme ça on a toujours fait du bon vin". Heureusement que je travaille aujourd'hui dans une entreprise qui se pose des questions sur leurs pratiques et expérimentent souvent. Car pourtant, c'est passionnant : l'agriculture, rejoint la notion de Terre (écologie, géologie,podologie...), la biologie (végétale, bio-chimie), et la viticulture en plus, l'oenologie et donc la chimie, la dégustation, ...Bref, je pourrais en citer pendant des heures.

Bref, je disgresse sur ma life, désolée.

par **RonaldMcDonald** Jeu 18 Juil 2024 - 16:52

toutestpossible, y compris citer la fin de ton message au début du mien a écrit:Bref, je disgresse sur ma life, désolée.

ne soit pas désolée, au contraire. ça donne de la vie au sujet, ça le rend plus vivant, plus facile à appréhender. Nous autres humains sommes des créatures de récit, et un récit renforce toujours une idée.

toutestpossible, y compris le camouflage a écrit:- L'arrivée au collège : voulant absolument m'insérer socialement et ayant l'étiquette de " l'intello qui a un an d'avance ", et ces deux choses étant à priori, antagonistes, j'ai fait la "con-con" de service jusqu'au lycée, où je suis devenue une grosse punk (bien rebelle, bien fêtarde) et failli décrocher scolairement. A l'époque, on parlait d'enfant précoce, donc je m'étais dit, que ça y est, j'avais atteint la norme Et j'avais enfin des potes.

Jamais ça ne me serais venu à l'idée. J'avais été trop bien dressé. Mais je crois que la raison apparaitra dans la suite de mes commentaires...

toutestpossible, y compris aimer des salopards a écrit:- Première "grande" relation de 20 à 25 ans : en couple avec un homme violent, très probablement HPI. Sa grande arme contre moi, c'était de me signifier (à peu près toutes les semaines) à quel point j'étais bête. Ca a terriblement marché, j'ai fait des métiers alimentaires dans lesquels je n'étais pas heureuse et me demandait perpétuellement ce que je foutais là.

quel gâchis Sad

Et tu n'y est pour rien.

toutestpossible, sauf bosser avec des gens décents a écrit:- Au travail : C'est pas une blague, mais on m'a déjà accusé de mentir plusieurs fois, juste parce que mes collègues n'étaient pas au courant de certaines avancées scientifiques, où juste, ne pouvait pas croire qu'une gamine ayant moins d'expérience qu'eux (et une femme !! sacrilège) en savait plus qu'eux, sur certains sujets. Ca m'a tellement traumatisé (c'est juste affreux quand 3-4 de vos collègues vous accusent de mentir sur une donnée scientifique vérifiable en 5 secondes), que j'ai décidé d'être un bon petit soldat qui la fermait. Mais à force de contenir, j'explose dans ces situations. Donc pas vivable, pour tout le monde.

C'est surtout ta dernière phrase qui me parle. Je passe mon temps à jongler avec des injonctions ineptes, et à un comment, j'explose. J'essaye de dire merde plus souvent, mais c'est dur de débuter dans cet art noble arrivé à la fin de la quarantaine.

toutestpossible, zèbre isolé, zèbre en groupe a écrit:Et ma famille proche ; mes parents ne sont pas HPI ni ma sœur. Problématique quand à 8 ans, j'avais les même lectures que ma sœur de 12 ans. Ma mère a bien essayé de me faire lire des trucs "pour mon âge", mais je trouvais ça tellement nul...! Ce malaise ambiant (ma sœur a très mal vécu le "diagnostic" de mon HPI), existe encore, et je n'ai pas le droit d'en parler, même à 31 ans, dans un repas de famille aujourd'hui. Personne ne m'a demandé de me brider, mais bien qu'enfant, on se rend bien compte (ma sœur ne m'a plus parlé pendant 20 ans, dès que j'ai sauté une classe...) qu'on pourri l'ambiance sans le vouloir. Donc, fini les logorrhées verbales sur ma dernière passion du moment.

C'est là ou je voulais en venir ci-dessus. Je suis dans une famille de zèbres, donc l'ambiance n'a rien à voir. C'est quand j'en sors que ça se complique. Mais quand au CM2 j'ai fini le premier trimestre deuxième, et que ma mère m'a regardé de traviole en me disant "comment ça? C'est tout??? Tu vaux mieux que ça!!!", j'ai passé la seconde. Les logorrhées verbales sur mes passions du moment, j'ai appris à attendre d'avoir un public - parfois ça prend des années.

toutestpossible, même claquer la porte a écrit:Et aujourd'hui à 31 ans, j'envoie un peu valser tout ça et cela fait un bien fou. Car je ne sais pas pour toi, mais c'est juste fatiguant de devoir s'adapter à un cercle quand on est un cube.

mon fils est un hypercube, il fait sauter les cercles. Je n'ai pas cette chance, et j'ai donc le même souci que toi.

toutestpossible quand on a bu a écrit:Surtout que je travaille dans le milieu agricole (viticulture) : l'ouverture d'esprit pour certains, comme on dit, c'est une fracture du crâne, et ça ne sert à rien " car on a toujours fait comme ça on a toujours fait du bon vin". Heureusement que je travaille aujourd'hui dans une entreprise qui se pose des questions sur leurs pratiques et expérimentent souvent. Car pourtant, c'est passionnant : l'agriculture, rejoint la notion de Terre (écologie, géologie, podologie), la biologie (végétale, biochimie), et la viticulture en plus, l'œnologie et donc la chimie, la dégustation, ...Bref, je pourrais en citer pendant des heures.

je vais partir sur du hors sujet, mais l'expérience des anciens n'est pas à dédaigner - avec elle, ils ont construit de grande chose. Avec un peu de science, on peut aller encore plus loin, mais ce n'est pas parce qu'ils manquent de modestie qu'ils ne racontent que des clowneries. Cela étant, si le dialogue se limite à "c'est comme ça et pas autrement", on en revient au point de départ - le problème n'est plus la tradition (pleine de bonnes choses), mais les gens qui se planquent derrière elle pour masquer leur nullité.

par toutestpossible Jeu 18 Juil 2024 - 17:32

Ton fils a bien de la chance (l'avantage d'avoir une famille HPI ? même si oui, la pression n'est pas la même); si je vois ce que tu veux dire par là, j'ai autour de moi 2 HPI totalement à l'aise dans leurs baskets qui arrivent à faire "sauter les ponts" avec tout le monde.
Ils arrivent toujours à partir sur la moindre chose la plus insignifiante et positive, et rendre ça, "grandiose", à deux ou plusieurs.

Je ne leur ai jamais posé la question, mais je suis a peu près sûre, qu'eux, ils ne s'en posent aucune quand ils font ça ; ça leur vient naturellement, "l'autre" devient un sujet en soi passionnant, quelque soit leurs formes (triangle, rond, parallélépipède....!), et ils arrivent constamment à s'adapter au "niveau" qu'il y a en face, souvent par l'humour. Je suis juste admirative, car tout cela, sans jugements. Et bien sûr, ils arrivent beaucoup mieux à "tirer profit" (pas dans le sens opportuniste, mais dans une sorte de "synchronie" avec la personne en face) des conversations qu'ils ont, et la personne en face, également.

La famille....arf...vaste sujet. Je m'étendrais pas plus dessus, mais j'imagine que venir d'un milieu brillant, comporte également son lot de désavantages, et une pression supérieure à la performance, chose dont j'ai été épargné.

Je suis totalement d'accord sur ton dernier paragraphe sur l'expérience ; d'ailleurs, parfois, des anciens de 50-60 ans, à l'ancienne, sans beaucoup de diplômes (fréquent dans le milieu agricole, même si cela n'est plus vrai aujourd'hui, ou beaucoup à nuancer), sont bien plus ouverts d'esprit que certains jeunes qui débarquent, ultra sûre d'eux et pétris de certitudes "scolaires". Parce qu'ils savent qu'on travaille avec du vivant, et que le vivant est imprévisible (Météo 2024 après 2-3 bonnes années de canicules).
Le "comme ça et pas autrement", c'est parfois d'ailleurs, juste pour asseoir une certaine position hiérarchique ; autour d'un verre, les langues se délient parfois...
Et le milieu agricole regorge de vieux loubards, rustres au premiers abord, mais avec une intelligence pratico-pratique sidérante (et notamment due à l'expérience). Juste, le milieu agricole est pragmatique ; tu peux débarquer avec des nouvelles idées géniales sur le papier, eux, ne vont rien faire dans la précipitation et voir "ce que ça donne"...car c'est pas tout le monde qui a les moyens d'expérimenter en champs/parcelles (des rendements potentiellement en moins) pour des résultats aléatoires.
Au tout début, les bios étaient vus comme des illuminés ; aujourd'hui, la viticulture est un des secteurs agricole les plus labellisés "bio". (Mais autre sujet encore...)

Bref, je ne voulais pas faire penser que je dédaignais l'expérience ; c'est grâce aussi, à ses vieux "roublards", que j'ai appris, et des choses qu'on ne voit pas dans les livres.

par Laelia Jeu 18 Juil 2024 - 18:37

La connerie, c'est pas forcément une histoire de QI...
Ce qui rend tes proches bornés, ça peut être un manque d'intelligence, mais également tellement de barrières mentales alacon (ça se fait pas, ma petite fille, voyons !). Ceci dit, ça ne résout pas ton problème, hein ^^
31 ans, ça te laisse le temps de foncer grave Smile

Perso, "ne pas oser", je ne sais pas si ça rentre dans le "bridé intellectuellement", mais j'y vois pas mal de ressemblances, en tout cas.