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Re: ........
- Les modifs (Gherasim Luca):
- "Et mon éthique phonétique, je la jette comme un sort..."
soto²- Messages : 2760
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Re: ........
- Cerveau > Intelligence & Créativité:
soto²- Messages : 2760
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Re: ........
Z, parce que l'on y arrive quand même, mais bien plus difficilement sans.
soto²- Messages : 2760
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Re: ........
- Caminante, no hay camino...:
Caminante no hay camino [Toi qui marches, il n'existe pas de chemin]
Todo pasa y todo queda, [Tout passe et tout reste,]
pero lo nuestro es pasar, [mais le propre de l'homme est de passer,]
pasar haciendo caminos, [passer en faisant des chemins,]
caminos sobre el mar. [des chemins sur la mer.]
Nunca perseguí la gloria, [Je n'ai jamais cherché la gloire,]
ni dejar en la memoria [ni cherché à laisser dans la mémoire]
de los hombres mi canción; [des hommes ma chanson ;]
yo amo los mundos sutiles, [j'aime les mondes subtils,]
ingrávidos y gentiles, [légers et aimables,]
como pompas de jabón. [comme des bulles de savon.]
Me gusta verlos pintarse [J'aime les voir se peindre]
de sol y grana, volar [de soleil et de rouge, voler]
bajo el cielo azul, temblar [sous le ciel bleu, trembler]
súbitamente y quebrarse... [soudainement et se rompre...]
Nunca perseguí la gloria. [Je n'ai jamais cherché la gloire.]
Caminante, son tus huellas [Toi qui marches, ce sont tes traces]
el camino y nada más; [qui font le chemin, rien d'autre ;]
caminante, no hay camino, [toi qui marches, il n'existe pas de chemin,]
se hace camino al andar. [le chemin se fait en marchant.]
Al andar se hace camino [En marchant on fait le chemin]
y al volver la vista atrás [et lorsqu'on se retourne]
se ve la senda que nunca [on voit le sentier que jamais]
se ha de volver a pisar. [on n'empruntera à nouveau.]
Caminante no hay camino [Toi qui marches, il n'existe pas de chemin]
sino estelas en la mar... [si ce n'est le sillage dans la mer...]
Hace algún tiempo en ese lugar [Il fut un temps dans ce lieu]
donde hoy los bosques se visten de espinos [où aujourd'hui les bois s'habillent d'épines]
se oyó la voz de un poeta gritar [on entendit la voix d'un poète crier]
"Caminante no hay camino, ["Toi qui marches, il n'existe pas de chemin,]
se hace camino al andar..." [le chemin se fait en marchant..."]
Golpe a golpe, verso a verso... [Coup après coup, vers après vers...]
Murió el poeta lejos del hogar. [Le poète mourut loin de chez lui.]
Le cubre el polvo de un país vecino. [Il est recouvert de la poussière d'un pays voisin.]
Al alejarse le vieron llorar. [En s'éloignant on le vit pleurer.]
"Caminante no hay camino, [Toi qui marches, il n'existe pas de chemin,]
se hace camino al andar..." [le chemin se fait en marchant...]
Golpe a golpe, verso a verso... [Coup après coup, vers après vers...]
Cuando el jilguero no puede cantar. [Quand le chardonneret ne peut chanter]
Cuando el poeta es un peregrino, [Quand le poète est un pèlerin,]
cuando de nada nos sirve rezar. [quand il ne sert à rien de prier.]
"Caminante no hay camino, ["Toi qui marches, il n'existe pas de chemin,]
se hace camino al andar..." [le chemin se fait en marchant..."]
Golpe a golpe, verso a verso. [Coup après coup, vers après vers.]
Antonio Machado.
soto²- Messages : 2760
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Re: ........
- World Cyberwar (en temps réel):
- http://map.norsecorp.com/#/
Encore plus fascinant que le défragmenteur de son disque dur...
soto²- Messages : 2760
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Invité- Invité
Re: ........
- STFU & mort² > tutoie ! :
soto²- Messages : 2760
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Re: ........
- Ou comment le drone me file le bourdon:
- "Le drone, drone ambient, ambient drone, ou musique drone, est un genre musical minimaliste faisant essentiellement usage de bourdons (drones en anglais), utilisant des sons, notes et clusters maintenus ou répétés. Il est typiquement caractérisé par de longues plages musicales présentant peu de variations harmoniques." Drone (musique) sur WP.
> How to Incorporate Drones Into Your Music
soto²- Messages : 2760
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Réalité & Illusion ou mode d'Existence vs mode d'Apparition
- Réalité & Illusion ou mode d'Existence vs mode d'Apparition > la subtile vacuité:
Un court article d'introduction sur ZC : Bouddhisme et vacuité
Dans mon brain :- Vacuité (Sagesse) - Sunyata et "ignorance" [ --> Ethique de son explication / risque de mésinterprétation Nihiliste]
- Un concept subtile à vocation pratique, qui s’approfondit au fur et à mesure de l'expérience que l'on en fait. A laisser donc précautionneusement et impérativement en suspension de tout jugement (époché)...
Les Bouddhas ont dit que la vacuité était la seule sortie de toutes les vues mais que ceux qui croient à la [forme de la] vacuité sont inguérissables - Majjima Nikaya.- Vacuité (Sagesse) - Sunyata et "ignorance" [ --> Ethique de son explication / risque de mésinterprétation Nihiliste]
soto²- Messages : 2760
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Re: ........
- Gégé le vrai tographe:
soto²- Messages : 2760
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Re: ........
Apprentissage² (du second ordre) : apprendre à apprendre et auto-(soto?!)-apprentissage.
"This course gives you easy access to the invaluable learning techniques used by experts in art, music, literature, math, science, sports, and many other disciplines. We’ll learn about the how the brain uses two very different learning modes and how it encapsulates (“chunks”) information. We’ll also cover illusions of learning, memory techniques, dealing with procrastination, and best practices shown by research to be most effective in helping you master tough subjects.
Using these approaches, no matter what your skill levels in topics you would like to master, you can change your thinking and change your life. If you’re already an expert, this peep under the mental hood will give you ideas for: turbocharging successful learning, including counter-intuitive test-taking tips and insights that will help you make the best use of your time on homework and problem sets. If you’re struggling, you’ll see a structured treasure trove of practical techniques that walk you through what you need to do to get on track. If you’ve ever wanted to become better at anything, this course will help serve as your guide."
Une liste de vidéos Sur YT des même auteurs >>> Learning How to Learn: Powerful Mental Tools.
Le cours complet (et gratuit) sur Coursera >>> Learning How to Learn: Powerful mental tools to help you master tough subjects
Deep Learning
Quand à moi, j'ai retrouvé un amour de jeunesse : les réseaux de neurones artificiels, et du coup je me replonge dans le perfectionnement du Deep Learning... Secondairement, et çà n'a aucun rapport, je me lance aussi dans l'apprentissage du didjeridoo. PfffffffffffEt en bonus, un moteur de recherche de cours en ligne >>> https://www.class-central.com/
Toutes les technologies de contrôle sont aussi des technologies de soi-même.
Dernière édition par soto² le Mar 19 Sep 2017 - 12:22, édité 4 fois
soto²- Messages : 2760
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Je vais aller voir ça, merci !
Chuna- Messages : 22222
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Re: ........
World Brain
"World Brain traite de l’architecture des data centers, de l'intelligence collective des chatons, du trading à haute fréquence, de la survie dans la forêt à l’ère de Wikipédia, du bricolage de rats transhumanistes…
On entre dans le projet par un film long métrage qui dérive entre document, fiction et manuel. Pour le voir dans son intégralité, il suffit de se laisser porter par la vidéo, qui nous emmène d’une question à une autre.
Si l'on quitte le film, on se retrouve au milieu de vidéos, textes, photos, couvertures de livres, liens vers d’autres sites et concepts éclatés comme autant de fragments sur un tapis cartographique."
>>> http://worldbrain.arte.tv/#/
soto²- Messages : 2760
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*** LECTURE DECONSEILLEE AUX PERSONNES SENSIBLES ***
>>> Consciousness Studies – An Overview
Bonne lecture...
- A propos de mes cauchemars d'enfance d'être une bombe humaine...:
L’acte fou
par Bernard Aspe, Muriel Combes, revue Multitudes
Mise en ligne le jeudi 5 mai 2005
Après une synthèse rapide sur la séquence spéculative « individuation, transduction, transindividualité » qui traverse la pensée de Simondon, les auteurs se penchent sur ce qui leur paraît en constituer une limite paradoxale : l’isolation historique de ce philosophe de la relation. Ils formulent alors une hypothèse : le type d’acte vers lequel Simondon a tendu ses efforts militants ne pouvait convenir à ce qui était indiqué dans la caractérisation de l’expérience transindividuelle. En se livrant à une pensée spéculative incapable d’instaurer un collectif transindividuel, Simondon s’est inscrit dans la logique qu’il a lui-même décrite comme étant celle de « l’acte fou ».
« C’est une grande folie de vouloir être sage tout seul » - La Rochefoucauld.
Une philosophie, pour autant qu’elle se soucie de cohérence, procède à l’auto-élucidation de l’acte qu’elle est : c’est ce que montre exemplairement l’œuvre de Simondon. Un tel acte n’est pas sans risque. Il peut, en particulier, se trouver isolé, se retrouver coupé de l’espace de résonance dont il aurait besoin pour vivre.
Souligner ce risque d’isolement, c’est prendre le parti généralement évacué d’avance de ne pas séparer, au nom des idées, « l’œuvre » et la « biographie ». C’est ce parti que prend Isabelle Stengers lorsque, dans un texte intitulé « Pour une mise à l’aventure de la transduction », elle écrit : « On l’aura compris, je fais le choix, ici, de ne pas considérer la solitude dans laquelle Simondon a construit son œuvre comme un trait contingent, ou que l’on pourrait expliquer sur un mode extrinsèque » [1]. À notre tour, nous prenons ce parti, et nous le prenons au sérieux.
Suivant en cela encore Isabelle Stengers, nous parlerons de pensée spéculative [2] « pour désigner ce que tente Simondon à travers le dépli de ce qu’il appelle une ‘ontogenèse’ ». Or, il nous semble que le risque d’isolement est constitutif du geste qui caractérise une pensée spéculative. Plus précisément, il est constitutif d’une pensée comme la philosophie de l’individuation qui, tout en se déployant tout entière dans la dimension spéculative, appelle l’ouverture à une autre dimension, sans laquelle le geste spéculatif lui-même est vidé de son sens.- La suite de cette introduction:
Une séquence spéculative : individuation, transduction, transindividualité
Une pensée spéculative se caractérise par ceci qu’elle est la mise en œuvre de ce qui apparaît comme un « contenu » thématique, c’est-à-dire qu’elle est une pensée opérante. Ainsi, la pensée de l’individuation est aussi l’effectuation d’un processus d’individuation. Le sujet qui pense l’individuation est le lieu, le siège d’une individuation : « une individuation de la connaissance » (IGPB, 34). Celle-ci n’est en rien une opération réflexive par laquelle le sujet est censé se révéler à lui-même, transparent à lui-même. Nul besoin non plus de confondre cette méthode avec une visée herméneutique : il ne s’agit pas d’interprétation. Il s’agit de déterminer l’être de telle sorte qu’il présente l’abord par lequel il n’est pas l’opposé de la pensée qui l’appréhende ; de chercher le point depuis lequel se laisse saisir le « même » de l’être et de la pensée ; de faire ainsi du sujet pensant un élément de la pensée qu’il déroule, sans être à ce titre doté d’aucun privilège, ni d’aucune éminence.
Le « même » ici repéré ne concerne pas la seule réalité du sujet, mais toute réalité dès lors qu’elle peut être analogiquement conçue à partir du procès de pensée qui met en œuvre l’individuation. La relation entre « être » et « pensée » est une relation entre des opérations qui doivent être saisies depuis ce qu’elles ont d’analogue. Simondon parle de « transduction » pour désigner à la fois ce que ces opérations ont d’analogue, et la manière dont la pensée va exhiber cette analogie. La transduction « exprime l’individuation et permet de la penser » (IGPB, 31). Elle est « logique » et « ontologique ». Elle est une méthode pour régler le procès d’abstraction, et elle désigne les processus réellement à l’œuvre dans les êtres concrets.
En fin de compte, la transduction récapitule le mouvement spéculatif : elle est la mise en œuvre, l’effectivité, l’accomplissement de cela même dont elle parle, et elle est ce qui place le sujet à même le plan de pensée qu’il élabore. Elle procède à une inclusion non-réflexive du sujet dans la pensée qu’il pense ; elle garantit une auto-validation de ses opérations en faisant de son acte cela même dont elle a, avant tout, à exposer la réalité, et en faisant de toute réalité ce qui peut être analogiquement saisi depuis l’exposition de cet acte.
Le troisième terme essentiel qui complète la séquence du « schème spéculatif » que nous avons isolé est celui de transindividualité [3]. Il désigne le fait que l’individu n’est jamais seulement tel : il a en partage avec d’autres ce qui ne se laisse pas discerner comme des qualités attachées à un individu. Il ne suffit pas de dire que les relations nous constituent. Il n’est certainement pas faux de dire que l’individu porte avec lui la trace laissée par ses relations avec les autres, ainsi que la condition de ces relations. Mais l’important est dans ce qui, entre « moi » et « l’autre », est indiscernable, inassignable à une individualité. Chacun porte en effet avec soi une part qui n’est pas individuée, une part préindividuelle. L’individu est plus et autre chose que lui-même, « plus qu’unité et plus qu’identité » (IGPB, 30), plus qu’un et autre qu’un moi.
C’est en tant qu’il est individu et autre chose qu’individu qu’il peut être dit sujet. Mais le sujet comme tel n’existe au fond qu’à mettre en œuvre une relation transindividuelle. Les « problématiques » qui le définissent comme sujet, et qui concernent la relation entre l’individué et l’infra-individué en lui, ne peuvent trouver de résolutions qu’au niveau du collectif. L’angoisse apparaît à Simondon comme l’épreuve exemplaire d’une impossible résolution par l’individu des problématiques qui le traversent comme individu : « l’être individué [...] sent refluer en lui tous les problèmes ; dans l’angoisse, le sujet se sent exister comme problème posé à lui-même, et il sent sa division en nature préindividuelle et en être individué » (IPC, 111). Il y a dans l’expérience de l’angoisse une tension qui conduit le sujet à chercher une résolution impossible : « dans l’angoisse, le sujet voudrait se résoudre lui-même sans passer par le collectif » (IPC, 111) ; « l’être angoissé demande à lui-même, à cette action sourde et cachée qui ne peut être qu’émotion parce qu’elle n’a pas l’individuation du collectif, de le résoudre comme problème » (IPC, 112). Résolution impossible, parce que privée de la dimension dans laquelle les problématiques psychiques peuvent trouver un espace de résonance ayant l’amplitude suffisante pour que puissent s’y tracer des voies résolutives.
Seule l’individuation collective configure l’espace où ces problématiques peuvent être résolues. Seule elle donne un espace à la relation transindividuelle. Si l’angoisse semble condamnée à demeurer un échec, c’est dans la mesure où le sujet n’y « a pas recours à la relation transindividuelle, telle qu’elle apparaît dans l’individuation du collectif » (IPC, 113).
On dira de façon générale que le transindividuel est ce plan du réel où l’individu, lorsqu’il s’y tient, partage avec d’autres cela même qui ne lui appartient pas, ce à quoi lui-même, en tant qu’individu, n’a pas accès.
Là encore se vérifie le mode d’existence si particulier de la pensée spéculative. La transindividualité dont il est question dans les pages de L’Individuation psychique et collective est ce qui est rendu effectif par la puissance propre de la pensée de l’individuation. La lecture de ces pages est une mise en œuvre de ce qui, en nous, n’est éprouvé qu’à partir de ce qui vient d’un autre, en tant que cet autre ne parle pas depuis son être-individu.Le défaut de transindividualité
C’est néanmoins en ce point, celui qu’indique le concept de transindividualité, que se révèle ce qui constitue peut-être la limite de la démarche de Simondon. Limite qu’Isabelle Stengers, dans le texte déjà cité, énonce ainsi : « Le grand thème de Simondon, ‘la relation a valeur d’être’, est au cœur de la question que pose, pour moi, sa lecture. C’est lui qui, par sa force de mise en problème, s’oppose à ce que l’œuvre sombre dans le type d’oubli qui attend le plus souvent ceux et celles qui méprisent assez la relation pour penser que l’on peut avoir raison tout seul, ou, ce qui est équivalent, que l’on peut avoir raison dans les termes d’une ‘relation transindividuelle’ telle que les différences entre individus soient seulement ‘psychologiques’, la transformation de l’un faisant alors foi pour tous. Mais c’est lui également qui doit être mis à l’épreuve, évalué en relation, évalué à partir du mode de relation qu’il induit » (p. 138). « Avoir raison tout seul », c’est risquer la folie, comme l’indique abruptement la maxime de La Rochefoucauld ici placée en exergue, et qu’il convient de prendre littéralement.
Dans ce qui suit, nous proposons un diagnostic et une hypothèse. Le diagnostic : cette solitude s’est éprouvée à l’endroit du défaut de transindividualité, en tant que ce défaut ne pouvait être comblé par le seul dépli spéculatif. L’hypothèse : le type d’acte vers lequel Simondon a tendu ses efforts militants ne pouvait convenir à ce qui était indiqué dans la caractérisation de l’expérience transindividuelle.
Simondon écrit : « la pathologie mentale est au niveau du transindividuel ; elle apparaît lorsque la découverte du transindividuel est manquée » (IPC, 203). Le défaut de transindividualité, son absence, la lacune que cette absence produit dans le tissu de l’expérience, est source de maladie, d’un rapport maladif du sujet à lui-même. En un sens, l’écriture de la thèse sur l’individuation est déjà un moyen de lutter contre la possibilité de cette maladie, déjà une sorte d’expérience transindividuelle. Et s’en faire le lecteur, c’est faire de soi un espace de résonance pour cette expérience, de sorte que ce qui est écrit dans le texte puisse, là aussi, coïncider avec quelque chose qui s’opère en soi. La transindividualité, ou plutôt un mode de la transindividualité, existe par là-même, insiste à même l’énonciation de cette pensée.
Mais justement : c’est cela qui ne suffit pas, c’est cette vérification-là, cette vérification spéculative, qui ne suffit pas à porter la vérité qui est en jeu dans le transindividuel.
La brève séquence que nous isolons ici (individuation, transduction, transindividualité) indique à nos yeux, par son dernier terme, la nécessité d’une prise en compte de ce qui ne se laisse pas ramener au schème spéculatif, ainsi que la nécessité de repérer des moyens précis pour assurer cette prise en compte. Autrement dit : se rencontre là l’exigence de trouver les modalités par lesquelles la transindividualité pourra exister en dehors de l’acte spéculatif.
C’est cette exigence que nous voyons formulée lorsque Simondon, après avoir évoqué les théories marxistes, écrit : « la véritable voie pour réduire l’aliénation ne se situerait ni dans le domaine du social (avec la communauté de travail et la classe), ni dans le domaine des relations interindividuelles que la psychologie sociale envisage habituellement, mais au niveau du collectif transindividuel » (MEOT, 249). Plus loin : « entre l’individuel et le social se développe le transindividuel qui, actuellement, n’est pas reconnu et qui est étudié à travers les deux aspects extrêmes du travail de l’ouvrier ou de la direction de l’entreprise » (MEOT, 254). Le repérage de cette zone intermédiaire ou « obscure », qui est aussi exactement celle où se déploie l’activité technique, est une condition pour sortir de l’aliénation. Ce n’est donc pas qu’un problème d’analyse : le transindividuel doit être construit, élaboré. S’il n’est pas perçu, c’est qu’il n’existe pas encore, ou plus exactement, c’est qu’il existe de façon incomplète. La relation transindividuelle est telle dans la mesure où l’on en fait l’épreuve jusqu’au bout. Elle ne se confond pas avec le simple rapport interindividuel : « la relation interindividuelle peut masquer la relation transindividuelle, dans la mesure où une médiation purement fonctionnelle est offerte comme une facilité qui évite la véritable position du problème de l’individu par l’individu lui-même. [...] la véritable relation transindividuelle ne commence que par-delà la solitude ; elle est constituée par l’individu qui s’est mis en question et non par la somme convergente des rapports interindividuels » (IPC, 154-155).
La relation transindividuelle apparaît lorsque la solitude a été traversée, lorsque le sujet revient de la solitude dans laquelle il était, dans laquelle la rencontre de la transindividualité l’a d’abord plongé ; retour dont la figure du Zarathoustra de Nietzsche fournit, dans les pages de l’Individuation psychique et collective, l’unique exemple. Or, pour cela, pour effectuer ce retour, il a besoin de ce que Simondon appelle le collectif ; il a besoin d’exister à l’intérieur d’un collectif dont les limites peuvent être mouvantes mais cependant pas indéterminées. Si le « collectif transindividuel » est le lieu où s’accomplit le dépassement de l’aliénation, c’est dans la mesure où il ne peut se confondre avec l’échange interindividuel, qui est exemplairement celui qui a lieu dans le rapport de travail. Il n’y a de transindividualité, on l’a vu, que depuis le partage de ce qui traverse chaque individu et par quoi il est débordé, depuis la mise en commun de ce qui, en chaque individu, l’excède comme individu, et dès lors ne lui appartient pas, ne le qualifie pas.
Le concept de transindividualité fait signe vers une attente qui dépasse les seuls effets de la pensée spéculative, vers autre chose que « l’individuation de la connaissance », qui ne concerne qu’un chacun, c’est-à-dire quiconque vient occuper la place que lui aménage l’énonciation de la pensée de l’individuation, où il devient l’espace de résonance de ses effets et le lieu où elle vérifie sa saisie. En d’autres termes, une pensée spéculative n’est pas à même d’instaurer un collectif transindividuel ; l’expérience qu’elle induit ne peut tenir lieu de ce collectif ; tout au plus en est-elle la préparation, l’appel. Non pas la « théorie », par opposition à une « pratique », mais une expérience de pensée où le sujet est laissé à l’épreuve singulière de ce qui excède son être-individu, par distinction avec une expérience de pensée qui suppose l’effectivité concrète, matérielle, d’un collectif. Cette effectivité, Simondon ne l’imagine que sous la forme d’une collectivité d’inventeurs, ou de scientifiques (IPC, 263).
Dans le passage conclusif de sa thèse, consacré à la recherche d’une définition de l’acte éthique, Simondon évoque ce qui en serait le revers, et qu’il nomme « l’acte fou ». L’acte fou est l’acte monadique, qui consiste en lui-même, incapable de réticuler, incapable d’étalement transductif. « L’acte en lequel il n’y a plus [un] indice de la totalité et de la possibilité des autres actes [...], l’acte qui ne reçoit pas cette mesure à la fois activante et inhibitrice venant du réseau des autres actes est l’acte fou, en un certain sens identique à l’acte parfait. [...] Cet acte fou n’a plus qu’une normativité interne ; il consiste en lui-même et s’entretient dans le vertige de son existence itérative » (IGPB, 247). L’acte éthique, à l’inverse, est celui qui, fondamentalement, inconsiste, c’est-à-dire est à même de faire réseau avec d’autres actes. « L’acte qui est plus qu’unité, qui ne peut résider et consister seulement en lui-même, mais qui réside aussi et s’accomplit en une infinité d’autres actes, est celui dont la relation aux autres est signification, possède valeur d’information » (IGPB, 246).
On dira : dès lors qu’une pensée spéculative porte l’exigence de faire exister ce que, par elle-même, elle ne peut constituer, si cette existence, cependant, continue de faire défaut, alors l’acte qui définit cette pensée menace d’être un acte fou.Pédagogie et politique
Comment la pensée va-t-elle se contraindre à ne pas pouvoir rester indemne à l’indifférence qu’elle risque de susciter ? [4] Et plus encore : comment va-t-elle se soucier de ceci que l’enthousiasme dont elle serait éventuellement l’occasion ne suffit pas ? Ce sont là des questions dont la pensée spéculative autorise l’élision, bien qu’elle ne l’implique pas nécessairement.
Simondon n’a pas méconnu ce problème. Ses remarques sur l’aliénation prennent place dans un ouvrage qui se veut une intervention militante en faveur de la « culture technique », ouvrage dès lors porteur d’une exigence qui ne peut être entièrement satisfaite par la démarche spéculative. Mais dans la mesure où le problème est énoncé en terme de « culture », le seul type d’acte non-spéculatif qui peut être envisagé est celui qui s’inscrit dans une perspective pédagogique. Nous laisserons à d’autres le soin d’évaluer la portée, la valeur et la réussite de la réforme pédagogique voulue par Simondon. L’important est que cette perspective culturelle ne permet pas à Simondon de déplier le problème que son œuvre pose pourtant. La culture, même réformée, ne peut tenir lieu d’espace pour la relation transindividuelle : « il faut distinguer entre la culture et la réalité transindividuelle ; la culture est neutre en quelque manière ; elle demande à être polarisée par le sujet se mettant en question lui-même » (IPC, 154). Cette mise en question, on l’a vu, vient d’ailleurs, et c’est dans une relation transindividuelle qu’elle trouve l’espace où elle peut s’exprimer et s’accomplir.
L’intérêt de poser le problème en terme de « culture » est que la philosophie, dans sa dimension d’acte spéculatif, peut comme telle y être opérante (MEOT, 148-152). Mais quoi qu’il en soit, même un renouvellement de la culture ne peut, par définition, offrir un espace suffisant pour prendre en compte la transindividualité comme tâche, comme réalité à faire exister.
Il serait tentant, pour prolonger la pensée de l’individuation, de substituer au projet d’une réforme pédagogique celui d’une expression des mutations sociales et politiques capable de renouveler la visée révolutionnaire : bien des éléments contenus dans l’œuvre de Simondon semblent aller dans ce sens [5]. Mais il importe alors de ne pas prolonger son impasse, qui est au fond d’être restée dans un espace indéterminé entre un acte spéculatif et un autre type d’acte, que le premier, pourtant, appelait. Nous pensons que le problème du défaut de transindividualité est au cœur de l’œuvre de Simondon, qu’il y est situé comme problème excédant le registre spéculatif qui l’énonce. Mais cet excès lui-même n’a pas été spéculativement conçu comme marquant la limite de la démarche spéculative, et appelant par conséquent un autre registre de discours. Nous pensons aussi que cet autre registre de discours est politique.
Il y a cependant une sorte d’avantage à s’installer dans l’indétermination à cet endroit, et à basculer sans crier gare du registre spéculatif au registre politique : vous pouvez alors faire passer une confusion centrale pour une avance, tant politique que philosophique ; assuré d’être placé au point depuis lequel même les objections des autres vous donnent raison, un point d’où il semble toujours possible de répondre spéculativement à une question politique, ou de parer politiquement à une objection philosophique, vous pourrez parler de General Intellect, de « production de subjectivité », de biopolitique des affects. Mais en ce point, ce qui se brouille, ce qui disparaît au regard, c’est le collectif en tant que ce dans quoi seulement de la transindividualité peut exister et persévérer dans l’existence. Prendre au sérieux la tâche de faire exister un mode transindividuel des relations, c’est ouvrir une série de questions qui concernent les moyens d’une ascèse matérielle, affective, intellectuelle, susceptible de produire un accroissement commun de puissance. Nous parvenons seulement, disant cela, à la lisière du champ où ces questions se pressent en foule. Nous ajouterons ceci seulement : ces questions ne se posent qu’à une certaine échelle ; elles requièrent, pour se poser, que l’on concentre l’attention à l’échelle de collectifs, c’est-à-dire de groupes d’extension déterminée quoique variable. Une telle attention n’existe que si on la cultive : parler de multitudes n’est le plus souvent qu’une façon de l’éteindre.
Abréviations des titres des ouvrages de Simondon :
MEOT Du mode d’existence des objets techniques, Aubier, 1958, 1969, 1989, 2000.
IGPB L’Individu et sa genèse physico-biologique, PUF, coll. « Épiméthée », 1964, republié aux Éd. Jérôme Millon, coll. « Krisis », 1995.
IPC L’Individuation psychique et collective, Aubier, 1989.
[1] Publié dans Simondon, sous la direction de Pascal Chabot, Vrin, 2002, p. 137 sq.
[2] Voir notamment Penser avec Whitehead, Seuil, 2002, p. 311 sq.
[3] Sur le concept de transindividuel, voir IPC, p. 104-111 ; 154-161 ; et toute la deuxième partie de l’ouvrage, en particulier p. 199 sq.
[4] Isabelle Stengers écrit : « Les risques de l’interprétation spéculative deviennent très différents lorsque Whitehead n’a plus affaire à des philosophes, c’est-à-dire à des interlocuteurs qui sont, de fait, assez habitués à hausser les épaules et à ce que leurs énoncés fassent hausser les épaules, mais à des interlocuteurs engagés par une conviction qui refuse la possibilité de l’indifférence. » (Penser avec Whitehead, p. 315). C’est sur ce point, c’est-à-dire sur la possibilité de prendre en compte de tels risquesà l’intérieur même de la pensée spéculative, qu’I. Stengers semble situer la différence décisive entre Whitehead et Simondon. Nous cherchons plutôt à voir ici, dans l’impasse simondonienne, un révélateur des limites de la pensée spéculative en tant que telle.
[5] Voir Paolo Virno, Grammaire de la multitude, Conjonctures et L’Éclat, 2002 p. 84 sq. Les termes « préindividuel », « générique », « universel » y sont étrangement confondus.
Deep learning = deep diving :
Ohé, ohé matelot !...
>>> Akula Dream - Extrait video.Une voie esthétique : philosophie, sciences humaines et politique de soi.
>>> Magical Aesthetics: Subjectivity, Simondon, Animism, and the Aesthetic - un essai de Tim Dixon (76 pages).Pour les plus intellectuels et rationnels, une petite recension synthétique sur la/une problématique actuelle de pointe : la conception scientifique et raisonnée de la conscience :
>>> Consciousness Studies – An Overview
Bonne lecture...
soto²- Messages : 2760
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Re: ........
C'est la première fois que je lis le terme "individuation" en tant que terme philosophique. Mais je ne suis pas philosophe. Je l'avais rencontré chez Jung (argh, je tremble déjà du risque de prendre les coups des antipsychanalystes).
Très inspirant ce texte.
Très inspirant ce texte.
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ortolan- Messages : 13579
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Re: ........
La redécouverte relativement récente, grâce notamment à Bernard Stiegler et Jean-Hugues Barthélémy (qui en fait une exégèse), de l’œuvre de Simondon renouvelle de façon très originale et puissante ce concept de d'"individuation".
Je m'en sert pour tenter d'expliciter mon propre travail, malgré le fait que je sois culturellement plus proche du paradigme de l'enaction de Francisco Varela (cf. mon fil sur les sciences cognitives), mais ma perspective permet d'y voir un lieu de convergence, et ce sera surement le sujet d'un texte à venir. Sinon, j'aurais bientôt je pense le premier jet d'un article court de présentation que je publierai peut-être ici, sur Academia, et/ou sur un site dédié. Work in progress...
@ orto : Isabelle Stengers (cf. le premier texte à propos de Simondon) dit que la transmission est toujours et peut-être nécessairement un malentendu.
Donc "psychanalyste", je ne sait pas, mais psychotechnique, surement.
Et bises amicales à vous deux !
Je m'en sert pour tenter d'expliciter mon propre travail, malgré le fait que je sois culturellement plus proche du paradigme de l'enaction de Francisco Varela (cf. mon fil sur les sciences cognitives), mais ma perspective permet d'y voir un lieu de convergence, et ce sera surement le sujet d'un texte à venir. Sinon, j'aurais bientôt je pense le premier jet d'un article court de présentation que je publierai peut-être ici, sur Academia, et/ou sur un site dédié. Work in progress...
@ orto : Isabelle Stengers (cf. le premier texte à propos de Simondon) dit que la transmission est toujours et peut-être nécessairement un malentendu.
Donc "psychanalyste", je ne sait pas, mais psychotechnique, surement.
Et bises amicales à vous deux !
soto²- Messages : 2760
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Re: ........
Bon ben, on attends ta production alors... Je n'ai lu aucun des auteurs que tu cites. Curieuse d'en apprendre plus.
Bises et à la tienne !
Bises et à la tienne !
Invité- Invité
ortolan- Messages : 13579
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LES DÉMOCRATIES PEUVENT-ELLES TOLÉRER TOUTES LES IDÉOLOGIES ?
"LES DÉMOCRATIES PEUVENT-ELLES TOLÉRER TOUTES LES IDÉOLOGIES ?"
Jeudi dernier je suis allé à mon premier Café philo à Toulouse. Un premier texte contextualisé (ouf !) et travaillé, mais en afterbeat. C'est étonnant comme la connaissance de la connaissance et de soi mène aussi à la (vrai) politique. Il y a aussi à ce lag/dephasage qui inhibe la communication vivante. Peut-être est-ce "un défaut qu'il faut"...
Mon texte de debriefing / para-doxa" :
"La séance du café philosophique du 2/11/17 et ayant pour thématique "LES DÉMOCRATIES PEUVENT-ELLES TOLÉRER TOUTES LES IDÉOLOGIES ?" était pour moi une première et j'aimerais tout d'abord remercier les organisateurs et les autres participants pour ces échanges édifiants et stimulants. Malgré mon intérêt pour le débat, je ne suis pas intervenu : je suis quelqu'un d'un peu lent et solitaire dans ma réflexion, mais la nuit ("debout" ou couché) portant conseil et l'importance du sujet aidant, j'aimerais avoir l'occasion de m'exprimer par écrit.
Je pense profondément que notre projet démocratique occidental est aujourd'hui de nouveau en grand danger. Nous assistons actuellement à une réactivation de formes idéologiques intolérantes et à des phénomènes de grégarisation plus qu'inquiétants. Et je suis bien d'accord qu'il nous faut les contenir et tenter de les désarmer, tant bien que mal, par une critique laïque sans concession associée à une raison ouverte à la diversité et à la loi, et faire face courageusement à cette agression paradoxale. Mais ce n'est à mon avis que le haut de l'iceberg et je suis persuadé que nous n'avons pas encore tiré en toute lucidité, et c'est un devoir historique pour nous que de qualifier l'innommable, toutes les leçons des traumatismes et des l'horreurs totalitaires du siècle derniers (je pense aussi au Rwanda). Je veux parler des causes profondes et complexes qui ont historiquement conduit toute une société à laisser émerger ces totalitarismes morbides et à faire éclater cette violence contenue, à la recherche de boucs-émissaires expiatoires, transformant ainsi le noble projet d'une intelligence collective en la vésanie d'une bêtise systémique mortifère. Bref, ravivons la question contemporaine du mal sous un angle éthique.
Car si la question est plus généralement celle du risque, souvent fatal, de la subversion démocratique alors une dimension essentielle et fondamentale à mon avis manquait cruellement au débat : je veux parler de la question de la technique. J'évoque ici non pas tant sa dimension utilitaire, la chose technique comme outil, mais sa dimension normative et aliénante implicite, donc politique. Et c'est en ce deuxième sens que j'ai compris la célèbre phrase de McLuhan "le media est le message". Cela pourra peut-être paraître surprenant au premier abord, voir à la limite du hors-sujet, mais la technique est une dualité paradoxale : elle est mythologiquement le feu, ce feu qui éclaire et qui réchauffe mais aussi le même feu qui peut tout embraser, brûler et détruire. La technique est le pharmakon (Platon, Stengers, Stiegler), remède et poison, une chose à la fois curative et dangereuse qui appel un art (pharmakologique) du dosage.
Des personnes plus doctes que moi pourraient vous expliquer comment, malgré les mythes grecs (ex : Prométhée et Epiméthée, selon Platon), les études archéologiques et anthropologiques (Leroi-Gourhan), sociologique et politique (Marx, Ellul), ou encore la pensée philosophique contemporaine (Simondon, Stiegler), la pensée de la technique est restée comme un parent pauvre de notre réflexion commune ; et sans doute le premier nom que j'aurais dû évoquer à ce carrefour d'idée entre pensée philosophique de la technique et totalitarisme est celui d'Heidegger. Pour ma part, incapable de faire un tel exposé, je re-situe la question de façon plus "banale" (Arendt) : pouvons nous imaginer un équivalent politique - c'est à dire qui en une génération transformerait la société aussi profondément et aussi rapidement - à l'avènement des technologies numériques : informatique, Internet, téléphonie mobile, et aujourd'hui l"Internet des objets" (IoT), les "Big Data" et le "Deep Learning", et aussi plus récemment les technologies "blockchain" et leur pouvoir corrosif sur les institutions et sur notre lien social déjà tant fragilisé, prétendant mettre en algorithme la confiance et ainsi se passer d'un tiers médiateur lors d'une transaction ?! Est-il étonnant que de cette rhétorique marketing et techno-scientiste surgisse, a posteriori, une idéologie dite "transhumaniste" (Cf. Kurzweil, pape de cette nouvelle église et responsable de la R&D chez Google) qui prétend situer la "singularité" non plus dans le sujet individuel mais comme l'évènement prophétique d'une futurologie invertie, menant en cyberger sa "transhumance" des moutons (Cf. "Blade Runner : Do Androids Dream of Electric Sheep ?", le titre de la nouvelle de K. Dick ayant inspiré le film éponyme) et, soyons fous, télécharger nos esprits sur support numérique, accédant ainsi à l'immortalité ?! Il m'est avis que certains auraient bien besoin d'une défragmentation de leur disque dur ou même plutôt de carrément changer leur système d'exploitation intellectuel pour une version libre et open source...
Or comme nous le rappelait pertinemment Eric Lowen dans sa conclusion, le projet démocratique est peut-être avant tout un certaine conception de l'homme, c'est à dire de l'être non-inhumain. Comment alors ne pas mettre aussi et surtout en cause dans ce débat les excès des deux forces omniprésentes, donc presque invisibles, qui travaillent en synergie et implicitement nos subjectivités démocratiques au quotidien et au corps : le capitalisme néo-libéral (la société de la consommation et du spectacle (Debord)) et les technologies numériques ?! Les deux évoluant actuellement, et à cause de leurs excès, à un rythme asymptotique étant désormais rentrés dans un régime clairement disruptif (Cf. citation de Neumann dans la notice introductive sur la révolution permanente comme caractéristique principale du système totalitaire). Est-on en train de nous mécaniser le corps et l'esprit, de nous vendre à travers une OPA culturelle le projet - pourtant fort cartésien - de l'homme-machine ou bien cela révèle-t-il, par une sorte de ruse de la raison historique, la part inconsciente et processuelle de notre être et de notre conscience ?! Le néo-capitalisme techno-scientifique ne se révélerait-il pas comme fondamentalement cognitif et temporel, comme une pseudo-incarnation du "corps" social, nous mettant littéralement la tête et le corps à l'envers, nous expulsant de plus en plus violemment et de force "hors de nous", et nous rendant par là même de moins en moins capable d'assumer et d'intégrer sereinement la différence vivante de l'altérité, souvent initialement anxiogène et pourtant tellement enrichissante et vitale ?! Nous sommes socialement déchirés et saturés et pourtant... (cf. Ferré, la solitude).
Et ces forces là se jouent bien de la seule emprise critique démocratique car leurs représentations idéologiques, instrumentalisées et instrumentalisantes, ne sont qu'apparences secondaires, des masques ambigus en mutation perpétuelle, ce qui semble les rendre d'autant plus insaisissables et occultes, assimilables à une rhétorique néo-sophiste. Il nous faut les penser autrement. Je pense donc que c'est non seulement sous l'angle de la forme et des idées qu'il faut les engager, mais aussi et avant tout, sous le régime des processus. Elles n'ont atteint, selon moi, cet extraordinaire pouvoir opérationnel et déterministe que parce qu'elles ont pu proliférer au sein même des tâches aveugles de notre rationalité épistémique formelle, échappant ainsi à une régulation critique et démocratique, externalisant leur responsabilités civiques par diverses stratégies pour finir par s'arracher du monde social qu'elles formatent pourtant de l'intérieur. Elle ont un mode d'existence bien plus distribué que localisé, organisé en réseaux. Nous en sommes chacun les véhicules et les vecteurs. Au delà de leur représentation et de leur institutionnalisation apparente, elles sont en tant que cohérences actives et fonctionnelles des émergences systémiques de notre propre activité et de notre imaginaire collectif techno-scientifique. Bref, je pense que nous sommes face à ce que j'appellerai un néo-totalitarisme complexe, processuel et distribué, opérationnel bien plus qu'idéologique, d'autant plus difficile à penser que nous en sommes paradoxalement aussi, et en résonance avec le monde du travail, tout à la fois les acteurs et les victimes.
Mais je ne voudrais pas terminer cette intervention sur ce "diagnostique" personnel qui pourrait sembler pessimiste, tant le problème semble intégré et complexe. Car je vois aussi émerger une sortie pharmakologique engagée et civilisée de ces impasses qui passe, entre autre, à la fois par la politique industrielle (cf. l'association Ars Industrialis), les "communs" (Commons), le militantisme citoyen et l'éducation populaire, et de façon à la fois générale et intime, par la connaissance de la connaissance et de soi, redécouvrant et réactualisant ainsi l'esprit d'une sagesse philosophique immémoriale alliée à une rationalité compréhensive et bienveillante, attentive et attentionnée, présente et réellement "augmentée" par les sciences et les technologies.
Mais poursuivre ce fil cela nous amènerait, dans le cadre présent, trop loin. Je rends donc, virtuellement et symboliquement, le micro
soto² / Christophe R."
et https://www.zebrascrossing.net/t29089p275-y-a-des-zazous-dans-mon-quartier-voir-ps#1294388
Jeudi dernier je suis allé à mon premier Café philo à Toulouse. Un premier texte contextualisé (ouf !) et travaillé, mais en afterbeat. C'est étonnant comme la connaissance de la connaissance et de soi mène aussi à la (vrai) politique. Il y a aussi à ce lag/dephasage qui inhibe la communication vivante. Peut-être est-ce "un défaut qu'il faut"...
Mon texte de debriefing / para-doxa" :
"La séance du café philosophique du 2/11/17 et ayant pour thématique "LES DÉMOCRATIES PEUVENT-ELLES TOLÉRER TOUTES LES IDÉOLOGIES ?" était pour moi une première et j'aimerais tout d'abord remercier les organisateurs et les autres participants pour ces échanges édifiants et stimulants. Malgré mon intérêt pour le débat, je ne suis pas intervenu : je suis quelqu'un d'un peu lent et solitaire dans ma réflexion, mais la nuit ("debout" ou couché) portant conseil et l'importance du sujet aidant, j'aimerais avoir l'occasion de m'exprimer par écrit.
"La tolérance ? Il y a des maisons pour ça !" Paul Claudel.
"Connaître, c'est naître avec." Paul Claudel.
"Connaître, c'est naître avec." Paul Claudel.
Je pense profondément que notre projet démocratique occidental est aujourd'hui de nouveau en grand danger. Nous assistons actuellement à une réactivation de formes idéologiques intolérantes et à des phénomènes de grégarisation plus qu'inquiétants. Et je suis bien d'accord qu'il nous faut les contenir et tenter de les désarmer, tant bien que mal, par une critique laïque sans concession associée à une raison ouverte à la diversité et à la loi, et faire face courageusement à cette agression paradoxale. Mais ce n'est à mon avis que le haut de l'iceberg et je suis persuadé que nous n'avons pas encore tiré en toute lucidité, et c'est un devoir historique pour nous que de qualifier l'innommable, toutes les leçons des traumatismes et des l'horreurs totalitaires du siècle derniers (je pense aussi au Rwanda). Je veux parler des causes profondes et complexes qui ont historiquement conduit toute une société à laisser émerger ces totalitarismes morbides et à faire éclater cette violence contenue, à la recherche de boucs-émissaires expiatoires, transformant ainsi le noble projet d'une intelligence collective en la vésanie d'une bêtise systémique mortifère. Bref, ravivons la question contemporaine du mal sous un angle éthique.
Car si la question est plus généralement celle du risque, souvent fatal, de la subversion démocratique alors une dimension essentielle et fondamentale à mon avis manquait cruellement au débat : je veux parler de la question de la technique. J'évoque ici non pas tant sa dimension utilitaire, la chose technique comme outil, mais sa dimension normative et aliénante implicite, donc politique. Et c'est en ce deuxième sens que j'ai compris la célèbre phrase de McLuhan "le media est le message". Cela pourra peut-être paraître surprenant au premier abord, voir à la limite du hors-sujet, mais la technique est une dualité paradoxale : elle est mythologiquement le feu, ce feu qui éclaire et qui réchauffe mais aussi le même feu qui peut tout embraser, brûler et détruire. La technique est le pharmakon (Platon, Stengers, Stiegler), remède et poison, une chose à la fois curative et dangereuse qui appel un art (pharmakologique) du dosage.
Des personnes plus doctes que moi pourraient vous expliquer comment, malgré les mythes grecs (ex : Prométhée et Epiméthée, selon Platon), les études archéologiques et anthropologiques (Leroi-Gourhan), sociologique et politique (Marx, Ellul), ou encore la pensée philosophique contemporaine (Simondon, Stiegler), la pensée de la technique est restée comme un parent pauvre de notre réflexion commune ; et sans doute le premier nom que j'aurais dû évoquer à ce carrefour d'idée entre pensée philosophique de la technique et totalitarisme est celui d'Heidegger. Pour ma part, incapable de faire un tel exposé, je re-situe la question de façon plus "banale" (Arendt) : pouvons nous imaginer un équivalent politique - c'est à dire qui en une génération transformerait la société aussi profondément et aussi rapidement - à l'avènement des technologies numériques : informatique, Internet, téléphonie mobile, et aujourd'hui l"Internet des objets" (IoT), les "Big Data" et le "Deep Learning", et aussi plus récemment les technologies "blockchain" et leur pouvoir corrosif sur les institutions et sur notre lien social déjà tant fragilisé, prétendant mettre en algorithme la confiance et ainsi se passer d'un tiers médiateur lors d'une transaction ?! Est-il étonnant que de cette rhétorique marketing et techno-scientiste surgisse, a posteriori, une idéologie dite "transhumaniste" (Cf. Kurzweil, pape de cette nouvelle église et responsable de la R&D chez Google) qui prétend situer la "singularité" non plus dans le sujet individuel mais comme l'évènement prophétique d'une futurologie invertie, menant en cyberger sa "transhumance" des moutons (Cf. "Blade Runner : Do Androids Dream of Electric Sheep ?", le titre de la nouvelle de K. Dick ayant inspiré le film éponyme) et, soyons fous, télécharger nos esprits sur support numérique, accédant ainsi à l'immortalité ?! Il m'est avis que certains auraient bien besoin d'une défragmentation de leur disque dur ou même plutôt de carrément changer leur système d'exploitation intellectuel pour une version libre et open source...
Or comme nous le rappelait pertinemment Eric Lowen dans sa conclusion, le projet démocratique est peut-être avant tout un certaine conception de l'homme, c'est à dire de l'être non-inhumain. Comment alors ne pas mettre aussi et surtout en cause dans ce débat les excès des deux forces omniprésentes, donc presque invisibles, qui travaillent en synergie et implicitement nos subjectivités démocratiques au quotidien et au corps : le capitalisme néo-libéral (la société de la consommation et du spectacle (Debord)) et les technologies numériques ?! Les deux évoluant actuellement, et à cause de leurs excès, à un rythme asymptotique étant désormais rentrés dans un régime clairement disruptif (Cf. citation de Neumann dans la notice introductive sur la révolution permanente comme caractéristique principale du système totalitaire). Est-on en train de nous mécaniser le corps et l'esprit, de nous vendre à travers une OPA culturelle le projet - pourtant fort cartésien - de l'homme-machine ou bien cela révèle-t-il, par une sorte de ruse de la raison historique, la part inconsciente et processuelle de notre être et de notre conscience ?! Le néo-capitalisme techno-scientifique ne se révélerait-il pas comme fondamentalement cognitif et temporel, comme une pseudo-incarnation du "corps" social, nous mettant littéralement la tête et le corps à l'envers, nous expulsant de plus en plus violemment et de force "hors de nous", et nous rendant par là même de moins en moins capable d'assumer et d'intégrer sereinement la différence vivante de l'altérité, souvent initialement anxiogène et pourtant tellement enrichissante et vitale ?! Nous sommes socialement déchirés et saturés et pourtant... (cf. Ferré, la solitude).
Et ces forces là se jouent bien de la seule emprise critique démocratique car leurs représentations idéologiques, instrumentalisées et instrumentalisantes, ne sont qu'apparences secondaires, des masques ambigus en mutation perpétuelle, ce qui semble les rendre d'autant plus insaisissables et occultes, assimilables à une rhétorique néo-sophiste. Il nous faut les penser autrement. Je pense donc que c'est non seulement sous l'angle de la forme et des idées qu'il faut les engager, mais aussi et avant tout, sous le régime des processus. Elles n'ont atteint, selon moi, cet extraordinaire pouvoir opérationnel et déterministe que parce qu'elles ont pu proliférer au sein même des tâches aveugles de notre rationalité épistémique formelle, échappant ainsi à une régulation critique et démocratique, externalisant leur responsabilités civiques par diverses stratégies pour finir par s'arracher du monde social qu'elles formatent pourtant de l'intérieur. Elle ont un mode d'existence bien plus distribué que localisé, organisé en réseaux. Nous en sommes chacun les véhicules et les vecteurs. Au delà de leur représentation et de leur institutionnalisation apparente, elles sont en tant que cohérences actives et fonctionnelles des émergences systémiques de notre propre activité et de notre imaginaire collectif techno-scientifique. Bref, je pense que nous sommes face à ce que j'appellerai un néo-totalitarisme complexe, processuel et distribué, opérationnel bien plus qu'idéologique, d'autant plus difficile à penser que nous en sommes paradoxalement aussi, et en résonance avec le monde du travail, tout à la fois les acteurs et les victimes.
Mais je ne voudrais pas terminer cette intervention sur ce "diagnostique" personnel qui pourrait sembler pessimiste, tant le problème semble intégré et complexe. Car je vois aussi émerger une sortie pharmakologique engagée et civilisée de ces impasses qui passe, entre autre, à la fois par la politique industrielle (cf. l'association Ars Industrialis), les "communs" (Commons), le militantisme citoyen et l'éducation populaire, et de façon à la fois générale et intime, par la connaissance de la connaissance et de soi, redécouvrant et réactualisant ainsi l'esprit d'une sagesse philosophique immémoriale alliée à une rationalité compréhensive et bienveillante, attentive et attentionnée, présente et réellement "augmentée" par les sciences et les technologies.
Mais poursuivre ce fil cela nous amènerait, dans le cadre présent, trop loin. Je rends donc, virtuellement et symboliquement, le micro
soto² / Christophe R."
et https://www.zebrascrossing.net/t29089p275-y-a-des-zazous-dans-mon-quartier-voir-ps#1294388
Dernière édition par soto² le Sam 18 Nov 2017 - 11:30, édité 5 fois
soto²- Messages : 2760
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ortolan- Messages : 13579
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Re: ........
Merci orto. D'ailleurs je compte bien y retourner. Il faudrait que je mette un message pour les sorties sur Midi-py.
Le site de l'asso organisatrice (ils ont un chouette programme, très diversifié) :
https://alderan-philo.org/content/nos-activit%C3%A9s-sur-la-r%C3%A9gion-toulousaine
Le site de l'asso organisatrice (ils ont un chouette programme, très diversifié) :
https://alderan-philo.org/content/nos-activit%C3%A9s-sur-la-r%C3%A9gion-toulousaine
soto²- Messages : 2760
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Re: ........
Gilbert Simondon : un philosophe-poéte-logicien de la technique
"La pensée de Simondon a influencé la pensée naissante de Gilles Deleuze, qui l'évoque dans Différence et répétition et Logique du sens. Mais l'œuvre de Simondon n'est véritablement découverte par les philosophes que depuis la fin des années 1990, et elle continue d'ailleurs de paraître de façon posthume. Les deux concepts qui dominent ses thèses principale et complémentaire pour le Doctorat d'État - c'est-à-dire ses deux ouvrages les plus connus - sont les concepts d'individuation et de transduction.
Simondon, critique de l'hylémorphisme de la tradition philosophique occidentale, opère dans sa thèse principale la synthèse, et donc pour certains le dépassement, des pensées de Gaston Bachelard et Henri Bergson : à l'épistémologie anti-substantialiste du premier, qu'il reprend et approfondit sous le nom de « réalisme des relations », il adjoint une ontologie génétique des « régimes d'individuation », qu'il décline en trois catégories : le physique, le vital et le transindividuel.
Dans sa thèse complémentaire, il réconcilie culture et technique en s'opposant au « facile humanisme » technophobe au profit de ce que l'on peut nommer un « humanisme difficile » (selon J.-H. Barthélémy). Il est par ailleurs l'héritier - involontaire - de Jacques Lafitte, qui, dès 1932, a préconisé le développement d'une science des machines, la « mécanologie ». Comme l'a montré Pascal Chabot (2003), une des oppositions centrales de l'œuvre de Simondon est celle de l'adaptation et de l'invention.
D'un point de vue plus général, sa pensée est un dialogue constant mais plus ou moins explicite avec Kant, comme avec Marx, mais aussi avec la cybernétique. L'œuvre de Simondon est par ailleurs l'une des principales sources, avec l'œuvre de Freud pour ce qui est de la compréhension de l'appareil psychique, de la pensée de Bernard Stiegler."
Source : WP > https://fr.wikipedia.org/wiki/Gilbert_Simondon
Pour aller plus loin : Revue en ligne "Appareil", consacrée à son exégèse (et dirigée par J-H Barthélémy).
Bonnes lectures... pharmakologiques
soto²- Messages : 2760
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Re: ........
Extrait de "RATIONALITE DE "SECOND ORDRE" / scybernéthique(s) de l'individuation et de l'énaction." - I
(...)
"6. A propos de l'énaction et du cognitivisme, de la représentation et du concept d'information : le rôle pivot et pharmakologique des re-présentations distribuées.
L'énaction, paradigme des STC [Sciences et Technologies de la Cognition], prêtant penser la cognition "sans représentation". C'est important et cela demande quelques explications. Historiquement, le paradigme de l'énaction s'oppose dans le champ des STC au "cognitivisme", une approche voulant réduire la cognition à la raison objectiviste et qui a constituée jusqu'à très récemment l'orthodoxie du domaine. Une traduction sophistiquée de "cognitivisme" est "fonctionnalisme computo-représentationnel". Il apparait donc, qu'outre le fonctionnalisme et la métaphore informatique de l'esprit, la représentation joue un rôle moteur dans ces styles d'explications. Elle est aussi accompagnée par une rhétorique informatique du "traitement de l'information" linéaire et d'une vision de l'intelligence comme "résolution de problème", réifiant implicitement la norme objective, plutôt que comme "capacité à pénétrer un monde partagé" (Varela, 1989), plus compréhensive. De façon simplifiée, le cognitivisme est utile pour communiquer, mais n'est pas fondamentalement le paradigme adapté pour comprendre la nature profonde de la cognition vivante. La cognition "sans représentation" signifie aussi, en préalable formel, une représentation énactée et émergente, résultant a posteriori d'une cognition non-localisée, distribuée, en réseau (paradigme "connectionniste" des STC, que je préfère pour ma part appeler "processus parallèles et distribués", McClelland & Rumelhart) et surtout incarnée. Je détaillerai cet aspect dans un prochain module où nous aborderons mon dispositif expérientiel et où j'aborderai ces modèles qui sont notamment des modèles de mémoire résilients.
Mais en réalité, et c'est la raison initiale qui m'a fait aller vers elle en tout premier lieu, l'énaction ne s'oppose qu'en apparence au cognitivisme (le connectionnisme jouant un rôle pivot): elle le conjugue et l'englobe. Elle produit une perspective plus vaste de la cognition que le cognitivisme veut réduire. Elle ouvre le champ du pensable et du possible. Elle a pour vocation, comme déjà dit précédemment, de ré-introduire une tension et une dignité de l'autonomie (toujours relative bien sur) du vivant dans le procès épistémique objectiste et scientifique qui voudrait réduire systématiquement le pensable à l'hétéronome, comme le néo-capitalisme-libéral voudrait réduire opérationnellement, par le calcul, le monde naturel et vivant (dont l'homme) à de simple objets, des "commodités".
Et pour en revenir à la cognition "sans représentation", ou "représentation énactée", cela signifie que dans le cadre scientifique naturaliste il est légitime aussi d'interpréter tout le biologique, et non simplement le cerveau, comme "traitant de l'information" et que cette information ne doit pas tant être comprise comme "entrant et sortant" (input/output) mais plutôt, et du point de vue de l'autonomie (relative), que l'information est un signal dont la signification est apportée par l'individu vivant auto-nome et ayant sa propre cohérence, son propre "monde", sa propre perspective. C'est aussi dans cette perspective signal/sens qu'il faut comprendre mon geste initial de définition forme/processus, comprenant la forme comme a posteriori d'un processus énactif. Mais en réalité, et c'est la raison initiale qui m'a fait aller vers elle en tout premier lieu, l'énaction ne s'oppose qu'en apparence au cognitivisme (le connectionnisme jouant un rôle pivot): elle le conjugue et l'englobe. Elle produit une perspective plus vaste de la cognition que le cognitivisme veut réduire. Elle ouvre le champ du pensable et du possible. Elle a pour vocation, comme déjà dit précédemment, de ré-introduire une tension et une dignité de l'autonomie (toujours relative bien sur) du vivant dans le procès épistémique objectiste et scientifique qui voudrait réduire systématiquement le pensable à l'hétéronome, comme le néo-capitalisme-libéral voudrait réduire opérationnellement, par le calcul, le monde naturel et vivant (dont l'homme) à de simple objets, des "commodités".
Et c'est aussi pourquoi, suite à nos limites cognitives de conception de la complexité (conjecture sur la complexité, Von Neumann, Hixon 1948) et à la nature distribuée et complexe du cognitif biologique, nous avons besoin de passer par les modélisations et les simulations informatiques pour approcher la façon dont des systèmes dynamique distribués stabilisent, plus que de simples formes, des comportement émergents (voir la notion d'eigenform et d'eigenbehavior, Kauffman)."
(...)
>>> Voir en complément : Comment se repérer dans le domaine complexe des Sciences Cognitives
Dernière édition par soto² le Mar 5 Déc 2017 - 7:18, édité 2 fois
soto²- Messages : 2760
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Re: ........
par une critique laïque sans concession
Il faut être bien sûr avant de se donner cette exigence que c'est celui là même qui la formule qui est en position de force.
Les religieux pourraient répondre que ce sont eux qui ont fait une concession à la laïcité, mais que le cadeau pourrait être repris.
D'abord, comme je le voyais, il y a tout un monde au carrefour de la foi, de la superstition, de la théorie du complot qui se cultive de manière clandestine à des sources très éloignées des propositions d'une démocratie laïque. Certains ouvrages analysent, ou prétendent analyser les relations entre F. Hollande et l'occultisme par exemple. Voient dans l'installation des compteurs linky l'avancée de big brother et n'ont renoncé à rien au sujet des tensions créees par le mariage pour tous.
Les gens qui "se taisent " ne sont pas aussi inoffensifs qu'on le croit. J'ai voyagé dans le milieu "interlope" d'une sorte de christianisme des catacombes, et le nombre de foyers qui préfèrent les évangiles à la constitution est beaucoup plus élevé que ce que les pouvoirs en place pourraient penser. Il ne faudrait pas que cette critique - que tu présentes comme univoque - et qui semble elle-même affranchie de toute critique sur ce point même de la laïcité - qui est un agnosticisme d'état bien éloigné de la neutralité, ne finisse par faire sortir du bois des pans entiers de la société pour remettre en question le concept de laïcité lui-même.
Expérience faite, je ne pense pas que la laïcité soit en position de force, et il ne faudrait pas réveiller le monstre d'une religion à son tour sans concession, parce qu'une fois enclanché le processus je ne vois guère ce qui pourrait le circonscrire.
L'acceptation des croyants de la laïcité repose essentiellement sur l'acceptation de la liberté de conscience. Mais si cette liberté de conscience devenait un prétexte à des bouleversements incessant menés à flux tendus, je parierais que ses initiateurs finiraient par obtenir l'effet inverse de celui escompté.
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Re: ........
Salutations !soto² a écrit:Extrait de "RATIONALITE DE "SECOND ORDRE" / scybernéthique(s) de l'individuation et de l'énaction."
(...)
"6. A propos de l'énaction et du cognitivisme, de la représentation et du concept d'information : le rôle pivot et pharmakologique des re-présentations distribuées.
L'énaction, paradigme des STC, prêtant penser la cognition "sans représentation". C'est important et cela demande quelques explications. Historiquement, le paradigme de l'énaction s'oppose dans le champ des STC au "cognitivisme", une approche voulant réduire la cognition à la raison objectiviste et qui a constituée jusqu'à très récemment l'orthodoxie du domaine. Une traduction sophistiquée de "cognitivisme" est "fonctionnalisme computo-représentationnel". Il apparait donc, qu'outre le fonctionnalisme et la métaphore informatique de l'esprit, la représentation joue un rôle moteur dans ces styles d'explications. Elle est aussi accompagnée par une rhétorique informatique du "traitement de l'information" linéaire et d'une vision de l'intelligence comme "résolution de problème", réifiant implicitement la norme objective, plutôt que comme "capacité à pénétrer un monde partagé" (Varela, 1989), plus compréhensive. De façon simplifiée, le cognitivisme est utile pour communiquer, mais n'est pas fondamentalement le paradigme adapté pour comprendre la nature profonde de la cognition vivante. La cognition "sans représentation" signifie aussi, en préalable formel, une représentation énactée et émergente, résultant a posteriori d'une cognition non-localisée, distribuée, en réseau (paradigme "connectionniste" des STC, que je préfère pour ma part appeler "processus parallèles et distribués", McClelland & Rumelhart) et surtout incarnée. Je détaillerai cet aspect dans un prochain module où nous aborderons mon dispositif expérientiel et où j'aborderai ces modèles qui sont notamment des modèles de mémoire résilients.
La lecture de tout ceci est très intéressante...
Dernière édition par Airgetlám le Lun 18 Déc 2017 - 19:21, édité 1 fois
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Re: ........
Extrait de "RATIONALITE DE "SECOND ORDRE" / scybernéthique(s) de l'individuation et de l'énaction." - II
"Pour les lecteurs venant d'une culture plus "orientée SHS" et/ou plus familiers de la pensée de Simondon que de celle de Varela, je vais donner une première approximation intuitive du sens du mot "énaction", sachant que la pensée énactive est un paradigme scientifique conçut à l'origine pour penser les STC (Sciences et Technologies de la Cognition) avec une tension biologique et incarnée. J'en assume donc l'interprétation. Il est bon de noter qu'il y a à la fois une résonance très intéressante mais aussi un déphasage significatif avec le dipôle "individuation / milieu associé" de Simondon. Pour les lecteurs qui voudraient se familiariser avec trois grandes tendances paradigmatiques qui innervent le vaste et complexe champ des sciences cognitives (cognitivisme / connectionnisme / énaction), je recommande fortement la lecture d'un opus synthétique écrit par Varela lui-même : "Invitation aux sciences cognitives". Ces précautions d'usage faites, je me commet : l'énaction est le processus d'émergence historique de l'acte cognitif. Ou dans ses propre termes : "l'action productive : l'historique du couplage structurel qui énacte (fait-émerger) un monde." (Varela, 1989). Dans la pensée de Varela, la connaissance (knowledge) et l'existence (being), sont les deux faces d'une même pièce, mais son intention explicite est scientifique avant d'être philosophique, là où Simondon est, en technicien-philosophe, transversal. Cette conception varélienne de la cognition est bien sur à mettre en relation avec la qualification d'"ontologie génétique" (Barthélémy, au sens philosophique et non biologique) attribuée à Simondon. Dans mon cas, c'est l'énaction qui a structurée mon parcours et je n'ai découvert Simondon que sur le tard, en 2005, en découvrant la pensée de Bernard Stiegler ; auteurs que je n'ai quasiment pas lu en détail dans le texte, et j'en utilise certains concepts clef pour expliciter ma propre démarche qui peine, de part son idiosyncrasie, à trouver son "milieu associé" expressif. Etranges échos."
(...)
"4. Contexte historique : cybernétique et "second ordre""
La cybernétique (Wiener, Macy conferences, 1947), mouvement précurseur des sciences et technologies cognitives, est un style de modélisation ou paradigme visant à exprimer une herméneutique mécaniste de l'esprit. La notion de "second ordre" provient du deuxième temps de l'évolution de la cybernétique, au milieu des années 50, où il s'est produit une bifurcation culturelle : il y a eu d'une coté la naissance de ce qui allait devenir "l'intelligence artificielle" (McCarthy, Dartmouth College, 1956) et de l'autre le mouvement moins connu de la "seconde" cybernétique, menée notamment par Heinz Von Foerster au Biological Computer Laboratory (BCL) de 1958 à 1975.
"L'intelligence artificielle", et qui s'appelait initialement "Procéduralisation d'information complexe" (Complex information processing, Simon & Newell, 1956) est originellement un projet de naturalisation de l'esprit (Dupuy, 1999, 2000) mais aussi un outil de développement stratégique des services de renseignement américains (voir le double sens du mot "intelligence" en anglais, comme dans "intelligence services"). Ce mouvement, par le biais d'une sélection financière du lobby militaro-industriel (Newell, comme Von Neumann avant lui, fréquentent la RAND Corporation), est devenu culturellement et économiquement dominant, occultant l'importance de la seconde cybernétique, qui du fait de son approche plus anthropo-centrée trouvera plutôt des résonances dans les sciences humaines et sociales. Aujourd'hui, la stratégie de contrôle des USA est basée notamment sur l'"ontopower" (pouvoir ontologique, Massumi, 2017), un "pouvoir doux" (soft power) technologique...
La seconde cybernétique ou cybernétique de second ordre (Von Foerster) se donne pour motif d'être à la fois "la cybernétique de la cybernétique" ET "la cybernétique du cybernéticien". Elle a donc pour ambition de ré-introduire l'observateur-acteur dans le procès de la représentation formelle des sciences de la nature et de la vie. Francisco Varela dans sa jeunesse participera a cette mouvance. On retrouve d'ailleurs aujourd'hui l'écho de ce geste émancipateur dans divers disciplines : par exemple, dans le mouvement du "constructivisme radical" (Radical Constructivism, Glasersfeld) psychologique, l'école Palo Alto (Bateson), etc. Et de façon généraliste et compréhensive en SHS dans les approches d'Edgar Morin (Voir La Méthode), où dans les sciences de la nature et de la vie, dans les approches issuent de l'énaction de Francisco Varela qui tentent de conjuguer la démarche phénoménologique avec les STC (Cf. par exemple Depraz, Petitmengin), visant ainsi à élaborer une neuro-phénoménologie, voir une "science de la conscience", ou même encore dans le domaine de l'épistémologie de la physique quantique (Cf. le travail de Michel Bitbol), ou encore dans une optique plus technique, les travaux de l'école de Compiègne (Stewart, Havelange, Gapenne, Lenay). Ma propre démarche épistémologique, la scybernéthique(s) conjugue ainsi une approche "en première personne" couplée à la culture scientifique "en troisième personne" et une circulation herméneutique/heuristique des modèles et simulation informatiques "cognitives".
(...)
"4. Contexte historique : cybernétique et "second ordre""
La cybernétique (Wiener, Macy conferences, 1947), mouvement précurseur des sciences et technologies cognitives, est un style de modélisation ou paradigme visant à exprimer une herméneutique mécaniste de l'esprit. La notion de "second ordre" provient du deuxième temps de l'évolution de la cybernétique, au milieu des années 50, où il s'est produit une bifurcation culturelle : il y a eu d'une coté la naissance de ce qui allait devenir "l'intelligence artificielle" (McCarthy, Dartmouth College, 1956) et de l'autre le mouvement moins connu de la "seconde" cybernétique, menée notamment par Heinz Von Foerster au Biological Computer Laboratory (BCL) de 1958 à 1975.
"L'intelligence artificielle", et qui s'appelait initialement "Procéduralisation d'information complexe" (Complex information processing, Simon & Newell, 1956) est originellement un projet de naturalisation de l'esprit (Dupuy, 1999, 2000) mais aussi un outil de développement stratégique des services de renseignement américains (voir le double sens du mot "intelligence" en anglais, comme dans "intelligence services"). Ce mouvement, par le biais d'une sélection financière du lobby militaro-industriel (Newell, comme Von Neumann avant lui, fréquentent la RAND Corporation), est devenu culturellement et économiquement dominant, occultant l'importance de la seconde cybernétique, qui du fait de son approche plus anthropo-centrée trouvera plutôt des résonances dans les sciences humaines et sociales. Aujourd'hui, la stratégie de contrôle des USA est basée notamment sur l'"ontopower" (pouvoir ontologique, Massumi, 2017), un "pouvoir doux" (soft power) technologique...
La seconde cybernétique ou cybernétique de second ordre (Von Foerster) se donne pour motif d'être à la fois "la cybernétique de la cybernétique" ET "la cybernétique du cybernéticien". Elle a donc pour ambition de ré-introduire l'observateur-acteur dans le procès de la représentation formelle des sciences de la nature et de la vie. Francisco Varela dans sa jeunesse participera a cette mouvance. On retrouve d'ailleurs aujourd'hui l'écho de ce geste émancipateur dans divers disciplines : par exemple, dans le mouvement du "constructivisme radical" (Radical Constructivism, Glasersfeld) psychologique, l'école Palo Alto (Bateson), etc. Et de façon généraliste et compréhensive en SHS dans les approches d'Edgar Morin (Voir La Méthode), où dans les sciences de la nature et de la vie, dans les approches issuent de l'énaction de Francisco Varela qui tentent de conjuguer la démarche phénoménologique avec les STC (Cf. par exemple Depraz, Petitmengin), visant ainsi à élaborer une neuro-phénoménologie, voir une "science de la conscience", ou même encore dans le domaine de l'épistémologie de la physique quantique (Cf. le travail de Michel Bitbol), ou encore dans une optique plus technique, les travaux de l'école de Compiègne (Stewart, Havelange, Gapenne, Lenay). Ma propre démarche épistémologique, la scybernéthique(s) conjugue ainsi une approche "en première personne" couplée à la culture scientifique "en troisième personne" et une circulation herméneutique/heuristique des modèles et simulation informatiques "cognitives".
°°°°~x§x-<@>
>>> Sur ZC : Comment se repérer dans le domaine complexe des Sciences Cognitives
>>> Constructivist Fondations, revue du Constructivisme Radical, en ligne : http://constructivistfoundations.info
Dernière édition par soto² le Mar 5 Déc 2017 - 7:29, édité 2 fois
soto²- Messages : 2760
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Il est difficile pour moi de ne pas penser au conatus de Spinozasoto² a écrit:Dans la pensée de Varela, la connaissance (knowledge) et l'existence (being), sont les deux faces d'une même pièce, mais son intention explicite est scientifique avant d'être philosophique, là où Simondon est, en technicien-philosophe, transversal.
Mais c'est très bon, ils passent par d'autres biais pour s'attaquer à des problèmes très subtils,
je ne suis pas encore familiarisé avec leur vocabulaire, mais je suis admiratif !
Je me suis renseigné là-dessus, et j'ai vu qu'il avait développé la notion d'autopoïèse... Cela renvoie donc à des systèmes à la fois immanents et tautologiques (ils sont autosuffisants et ils s'auto-engendrent), mais je serais assez curieux de voir comment Varela conçoit le déterminisme (la causalité s'oppose à l'immanence).soto² a écrit:Cette conception varélienne de la cognition est bien sur à mettre en relation avec la qualification d'"ontologie génétique" (Barthélémy, au sens philosophique et non biologique) attribuée à Simondon.
Alors il est malin, car il se réfère à la thermodynamique, donc à des systèmes aléatoires, soumis au principe d'entropie, ce qui n'est pas le cas de notre génome. Sauf cas particuliers, notre génétique ne se dégrade pas, notre organisme ne se déforme pas, l'information génétique se conserve tant que nous sommes vivants. Sa notion d'autopoïèse justifie assez facilement pourquoi il n'y a pas de perte d'information, et je comprends du coup qu'il parle d'ontologie génétique. Je soupçonne toutefois un raisonnement circulaire, mais vu comment il se "blinde" conceptuellement, cela ne m'étonnerait pas qu'il développe tout cela dans ses ouvrages. J'ai hâte de le lire, tu m'as titillé la curiosité
soto² a écrit:Dans mon cas, c'est l'énaction qui a structurée mon parcours et je n'ai découvert Simondon que sur le tard, en 2005, en découvrant la pensée de Bernard Stiegler ; auteurs que je n'ai quasiment pas lu en détail dans le texte, et j'en utilise certains concepts clef pour expliciter ma propre démarche qui peine, de part son idiosyncrasie, à trouver son "milieu associé" expressif. Etranges échos."
Merci infiniment pour toutes les références que tu cites, c'est une vraie mine d'or !
Je découvre Michel Bitbol, injustement méconnu, l'ontopower n'est pas sans rappeler des réflexions de Hakim Bey...
La pensée de Bernard Stiegler m'était également inconnue
Bref, je te remercie pour tout ça, c'est vraiment chouette
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Plaisir d'offrir, joie de recevoir.
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- Mort d'un jauni:
Je parie que je suis capable de vous faire bouger sur votre siège : serrez les fesses, çà passe...
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"L'individu est déchiré par l'incomplétude : polarisé par l'envie - le désir du désir d'autrui -, il bute sur l'altérité irréductible - autrui est inaccessible parce que différent - et s'expose ainsi à la déception."
Source : Doctrines libérales et justice sociale, un commentaire de "Le sacrifice et l'envie" de J-P Dupuy.
Je pense, et je suis aussi biologiste, que nous partageons en tant qu'êtres humains bien plus de 99% d'identité biologique, donc cognitive, commune et que la culture s'évertue à mettre en valeur la cohérence perceptible extérieurement de nos singularités. Autrui n'est à mon avis pas tant inaccessible parce que différent, ce qui est corporellement trivial, mais plutôt qu'en tant qu'il n'accède pas consciemment à ces 99% de commun qui sont la condition même de toute communication et donc sa tâche aveugle. Il existe pourtant une voie du milieu entre le sacrifice et l'envie, menant à un narcissisme civilisé et équilibré, et c'est le désir².
Source : Doctrines libérales et justice sociale, un commentaire de "Le sacrifice et l'envie" de J-P Dupuy.
Je pense, et je suis aussi biologiste, que nous partageons en tant qu'êtres humains bien plus de 99% d'identité biologique, donc cognitive, commune et que la culture s'évertue à mettre en valeur la cohérence perceptible extérieurement de nos singularités. Autrui n'est à mon avis pas tant inaccessible parce que différent, ce qui est corporellement trivial, mais plutôt qu'en tant qu'il n'accède pas consciemment à ces 99% de commun qui sont la condition même de toute communication et donc sa tâche aveugle. Il existe pourtant une voie du milieu entre le sacrifice et l'envie, menant à un narcissisme civilisé et équilibré, et c'est le désir².
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Qui aime bien...
Hier soir, j'ai suivi pendant plus de deux heures la réunion publique d’Ars Industrialis diffusée en direct en podcast. Depuis le début, je suis dérangé par le mode de fonctionnement de l'association qui est profondément ambigüe : on se demande si le "nous" de l'association n'est pas là uniquement pour justifier l'identité marxiste de Mr Stiegler (qu'il oppose avec force à l'individualisme méthodologique libéral) et lui servir de tribune pour diffuser "son" message et "sa" vision, parce que dans les faits, c'est plutôt du "top-down", avec une communication qui est toujours a posteriori et à sens unique. En même temps, j'en comprends les raisons sous-jacentes (manque de financements, difficulté du message, urgence de la situation, etc), bref, c'est compliqué et frustrant. Et puis il se présente comme un "paria institutionnel", alors même qu'il y a fait toute sa carrière... J'ai un peu l'impression à certains moments, malgré la justesse de son analyse et l'importance de son discours, que cela manque de cohérence. C'est difficile. Mais surement j'en demande trop et je suis injuste : c'est le défaut qu'il faut, le pharmakon est ambigüe, et je suis pour ma part bien heureux et reconnaissant qu'une personne ai pu porter ce message à un tel moment et dans un tel environnement. Mais puisqu'il est l'heure de la paresia, la communication d'hier, qui visaient notamment à expliciter le projet de concrétisation du "territoire contributif" de Plaine Commune, à commencer par la demande de financement étatique dans le cadre d'un PIA (Programme d'Investissement d'Avenir), m'a fait penser un peu à çà :
Voir à 2:20
Une nouvelle version du syndrome de Stockholm ?!... (il faut bien tuer papa)
Voir à 2:20
Une nouvelle version du syndrome de Stockholm ?!... (il faut bien tuer papa)
Dernière édition par soto² le Jeu 14 Déc 2017 - 12:25, édité 3 fois
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Transe et esthétique du contrôle mental
"Toute une section est consacrée dans l’Arsenale aux « artistes chamanes », qui nous permettent de contacter les forces qui nous dépassent, souvent grâce à la transe. Mais les mouvements religieux sont bien sûr aussi des hauts lieux du contrôle social. De ce côté sombre, les notices ne nous parlent pas et font plutôt dans la mièvrerie bienveillante (célébration de l’éveil, l’ouverture, la nouveauté, etc.), mais il est partout sous-entendu. Comme dans ces photos d’expériences réelles sur des cobayes humains dans les universités américaines durant les années 50."
Source : Contre-culture, blasphème et boyscoutisme (compte rendu subjectif de la Biennale de Venise2017)
Source : Contre-culture, blasphème et boyscoutisme (compte rendu subjectif de la Biennale de Venise2017)
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S'informer politiquement, parce qu'aujourd'hui, c'est vital.
Une excellente chaîne YT d'interview en galeries de portrait, de fond, intelligent, en format long (1h), complémentaire de Data Gueule, que je viens de découvrir et que je vous recommande chaudement :
"ThinkerView est un groupe indépendant issu d'internet, très diffèrent de la plupart des think-tanks qui sont inféodés à des partis politiques ou des intérêts privés." Marc Ullmann. Thinkerview a pour objectifs : - Mettre à l’épreuve les idées/discours en décelant leurs failles, leurs limites. - Écouter les points de vue peu médiatisés afin d’élargir nos prismes de lecture. - Appréhender toute la complexité des enjeux actuels et futurs de notre monde."
Un bon exemple : Juan Branco, avocat de Wikileaks, jeune, politique et très intelligent, impressionnant de lucidité et engagé, brillant : çà fait du bien.
>>> Chaine ThinkerView
"ThinkerView est un groupe indépendant issu d'internet, très diffèrent de la plupart des think-tanks qui sont inféodés à des partis politiques ou des intérêts privés." Marc Ullmann. Thinkerview a pour objectifs : - Mettre à l’épreuve les idées/discours en décelant leurs failles, leurs limites. - Écouter les points de vue peu médiatisés afin d’élargir nos prismes de lecture. - Appréhender toute la complexité des enjeux actuels et futurs de notre monde."
Un bon exemple : Juan Branco, avocat de Wikileaks, jeune, politique et très intelligent, impressionnant de lucidité et engagé, brillant : çà fait du bien.
>>> Chaine ThinkerView
soto²- Messages : 2760
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Ecriture de soi
Technique de soi (Foucault) > L'Ecriture de soi
RATIONALITE DE "SECOND ORDRE" / scybernéthique(s) de l'individuation et de l'énaction.
Résumé : L'objet de cet exposé est de préciser le qualificatif de "de second ordre" et noté par le signe mathématique quadratique "²" (ex : connaissance² c'est à dire connaissance de la connaissance ET connaissance de soi). Cette présentation fait partie d'un ensemble cohérent et consistant à venir dont la thématique principale est le témoignage de ma propre individuation (psychique et collective, Simondon) à travers un parcours méta-réflexif, utilisant les sciences et les technologies cognitives (STC). L'originalité de cette démarche est que la méthode, que j'expose partiellement ici, est littéralement une auto-biographie issue de mon activité de recherche sur la cognition et de mon expérience des modélisations et des simulations informatiques. Elle peut être comprise comme une énaction (Varela) de cette pratique expériencielle épistémologique et technique dont l'aboutissement est l'élaboration d'une rationalité de second ordre (rationalité²) que j'appel la démarche "scybernéthique(s)", une autre "double pensée du mileu". Elle peut aussi être comprise comme une description élaborée, une trace mémorielle et hypomnésique (Foucault, Stiegler), de mon propre processus transductif (au sens de Simondon).
Culturellement et stratégiquement, ma pensée participe à tendre et à catalyser la tension entre deux polarités culturelles essentielles, et aujourd'hui relativement stabilisées, à savoir la pensée de l'énaction de Francisco Varela et celle de l'individuation de Gilbert Simondon, en les situant dans une meta et infra-perspective de second ordre (perspective²) personnelle. Vertige et horizons.
Culturellement et stratégiquement, ma pensée participe à tendre et à catalyser la tension entre deux polarités culturelles essentielles, et aujourd'hui relativement stabilisées, à savoir la pensée de l'énaction de Francisco Varela et celle de l'individuation de Gilbert Simondon, en les situant dans une meta et infra-perspective de second ordre (perspective²) personnelle. Vertige et horizons.
"Le monde que nous avons créé est le résultat de notre niveau de réflexion, mais les problèmes qu'il engendre ne sauraient être résolus à ce même niveau." [Einstein]
"Si nous voulons connaître la présente situation de l’humanité en général, et la crise de notre culture en particulier, nous devons nous rendre compte du fait que nous avons réussi, et nous avons failli, pour exactement la même raison, à savoir notre mode de rationalité." [J. A. Wojciechowski]
"Il faut aller du côté (...) où la raison aime être en danger." [Bachelard]
"Là où est le danger, croît aussi ce qui sauve." [Hölderlin]
"Ce qui est bien connu, justement parce que bien connu, n'est pas connu." [Hegel]
"Si nous voulons connaître la présente situation de l’humanité en général, et la crise de notre culture en particulier, nous devons nous rendre compte du fait que nous avons réussi, et nous avons failli, pour exactement la même raison, à savoir notre mode de rationalité." [J. A. Wojciechowski]
"Il faut aller du côté (...) où la raison aime être en danger." [Bachelard]
"Là où est le danger, croît aussi ce qui sauve." [Hölderlin]
"Ce qui est bien connu, justement parce que bien connu, n'est pas connu." [Hegel]
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soto²- Messages : 2760
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Re: ........
Je déteste la politique, mais comment faire autrement aujourd'hui...
soto²- Messages : 2760
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Re: ........
Merci Airgetlám pour la ref.
soto²- Messages : 2760
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Re: ........
Pour ceux qui seraient passé à coté de la très bonne série "Black Mirror" (saison 1 et 2 surtout), un épisode special Noël, à voir ou à revoir :
Si c'est pas de la fixette techno çà... Noyeux Joël, MOUAHAHA !
- Spoiler:
Si c'est pas de la fixette techno çà... Noyeux Joël, MOUAHAHA !
soto²- Messages : 2760
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Re: ........
Un peu de savoir vivre ou "si jeûne et déjà poney" :
soto²- Messages : 2760
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Re: ........
Plutôt que d'utiliser des services centralisés devenus hégémoniques, dont notamment ceux de Gogol, soutenez et surtout utilisez leurs équivalents dans le domaine des logiciels et des services libres :
>>> Logiciels et services gratuits et libres sur FramaSoft
>>> Logiciels et services gratuits et libres sur FramaSoft
soto²- Messages : 2760
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Re: ........
Penser la stabilité comme dynamique
Daisyworld, un exemple de modèle de régulation écologique par rétro-actions (feed-back) positives et négatives, concepts élémentaires de la cybernétique :
"A look at how the historic DaisyWorld model illustrates earth science concepts, such as albedo and feedback loops." (cf. hypothèse Gaïa de Lovelock ou encore Solaris, le roman de SF de Lem)
(comparable aux dynamiques plus classique des simulations de type proies/prédateurs).
soto²- Messages : 2760
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Re: ........
Je viens de regarder Upstream Color (2013) de Shane Carruth, le réalisateur de "Primer". On y retrouve une certaine patte virtuose jonglant entre ordre et chaos, sens/non-sens/meta-sens. Superbe. Quelque part entre Malik et Lynch, pour le situer grossièrement, mais surtout une œuvre originale et esthétique, poétique, symbolique et transcendante. Intellectuels incapables de suspension du jugement s'abstenir : laissez la saisie au placard et immergez vous dans un flow émotionnel, sonore, visuel et cyclique envoutant et vital. J'adore.
Extrait de "critique" :
"Si vous aimez les vers de terre, les petits cochons, les orchidées et les romances teintées de SF bizarroïde alors vous avez vraiment frappé à la bonne porte en choisissant de visionner Upstream Color" (...) lol.
Trailer :
Extrait de la bande son :
Extrait de "critique" :
"Si vous aimez les vers de terre, les petits cochons, les orchidées et les romances teintées de SF bizarroïde alors vous avez vraiment frappé à la bonne porte en choisissant de visionner Upstream Color" (...) lol.
Trailer :
Extrait de la bande son :
soto²- Messages : 2760
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Technologies blockchain vs Communs
- Prospective techno-politique > Technologies blockchain vs Communs (publié il y a un an dans une autre section):
- par soto² le Jeu 12 Jan 2017, 11:59Alors que nous rentrons dans une "séquence" politico-politicienne, et que l'on entend de plus en plus souvent parler de "désUbérisation", j'aimerai attirer votre attention vers ce que je pense être deux tendances techno-politique profondes, qui pourraient bien jouer un rôle structurant absolument essentiel, c'est une intuition prospective forte, dans notre futur :
Technologies blockchain vs Communs
Les technologies numériques "blockchain" : la numérisation et l'automatisation de la confiance
La première est une famille de technologies d'informatique de réseaux, impactant non seulement le milieu de la finance (on parle de "fintech"), mais aussi potentiellement tout domaine social impliquant le recours à un tiers de confiance, que ce soit au niveau public-étatique, à celui des personne "morale" (...), corporate ou pas, ou encore dans la sphère (bien érodée) de la vie privée. Bef, des technologies ubiquitaires et disruptives, et je veux parler ici des technologies dites "blockchain", dont le bitcoin n'est qu'un des avatars. Il ne s'agit pas, comme on pourrait trop vite le penser, d'une "monnaie de l'internet" pour geek siliconé, mais bien de l'émergence de "l'internet de la monnaie", sous une forme apparente, complètement distribuée et anarchique. Pensez, pour ceux qui l'on connu, aux débuts de l'internet et à son impact sur la communication. Ces protocoles sont d'une même nature distribuée, mais virtualisent, sécurisent (en rendant le processus irréversible), et "anonymisent" le besoin de confiance réciproque lors des transactions à distance; et ce, grâce à des artifices numériques (cryptographie asymétrique et hashage) couplé à une organisation particulière du réseau et à une très grosse puissance de calcul. Le troisième mot clef est donc "désintermédiation", comme cela l'a été pour l'internet, et donc "décentralisation", conférant aussi à ces réseaux des propriétés anti-censures et des possibilités de passage à l'échelle quasi-illimités. Une nouvel âge cyber-punk, avec sa décharge idéologique ultra-libertaire mais aussi ultra-libérale, la guerre de Troieaura-t-elle lieufait rage ?! Mr Hayek bande comme un pendu, sous la paluche d'Hakim Bey (TAZ), comme quoi, on ne sait plus à quel saint se (tu(mé))fier.
Enfin, de part sa nature informatique, nous avons surtout affaire à une nouvelle extension des possibilités de la numérisation, et donc de l'automatisation, au domaine de la (soit disant) "confiance", "in cryptography we trust"... préalable aussi à l'internet des objets (voir à ce sujet la crypto-monnaie programmable Ethereum et les applications associées). C'est génial : dans le monde de la défiance généralisée, vous pourrez encore faire des transactions !
J'ai ainsi pu participer très modestement, l'année dernière et à titre expérimental, à la première DAO (DistributedDecentralized Autonomous Organization), première organisation complètement virtuelle et distribuée de l'histoire de l'humanité (oui madame!), appellée "TheDAO"... et qui s'est crashée quelques jours après son lancement , avec ses 150 millions de capital levé (! cela donne une idée des enjeux), suite à un piratage informatique (encore un coup des ruskov), le casse du siècle. Comme quoi, la sécurité informatique, c'est toujours très relatif...
Wild, wild West, mais pas encore WestWorld. IiiiiiiiA !!
Ce qui est aussi très intéressant dans cette thématique, c'est qu'elle nous amène à réfléchir, fondamentalement, à ce qu'est une "monnaie", et ce n'est pas si évident.
La plupart des sites qui exploitent le "crowdsourcing" (externalisation ouverte ou production participative), ont déjà été clonés sous forme complètement distribuée grâce à cette technologie : eBay cloné en OpenBazaar, plusieurs projet substitutifs a FaceBook ont démarrés ou sont sur le point de l'être, comme par exemple Synereo. Nous sommes dans une économie de l'attention.
Vous l'aurez compris, le sujet est vaste, bien plus que ce que j'en ai tenter de rendre compte ici, passionnant, complexe, et en accélération exponentielle et chaque jour apporte son lot de nouveauté : je vous laisse vous documenter, il y a énormément de ressources sur le sujet (attention, sujet très chronophage).- Pour démarrer sur les technos blockchain:
- Je vous conseil fortement les vidéos des confs d'Andreas Antonopoulos, guru libéral de ces technologies, mais bon conférencier avec une vision globale très intéressante et pertinente :
https://www.youtube.com/user/aantonop/videos
Ex : Introduction to Bitcoin
Commons, P2P, Open source et Plateformes coopératives : l'économie numérique sociale et solidaire et la recherche de sens
La deuxième tendance, plus évidente, c'est le mouvement autour des Communs ("Commons", voir https://www.youtube.com/watch?v=7bQiBcd7mBc) et de l'économie solidaire, collaborative et sociale. Particulièrement son extension dans le développement des nouvelles formes d'organisations et de décisions en réseaux (professionnelle ou pas), comme par exemple le mouvement des plateformes Open Co-Op ( https://open.coop/ ).
Très grossièrement, leur caractéristique est de mettre l'accent sur les "communs" (avec ses implications écologiques mais pas que, hein), une éthique relationnelle non-violente et équitable, la recherche de sens, ainsi que la répartition distribuée du capital aux acteurs même de l'entreprise. Une recherche de stratégies "post-capitaliste" viables. Ce n'est pas un ersatz de communisme (politique) traditionnel, à la "mode internet". Par contre, cela n'est pas sans rapport avec le mouvement historique coopératif ( http://www.entreprises.coop/ ), il y a bien des tentatives de convergences, mais ce mouvement développe une originalité propre à la modernité et aux fonctionnements en réseaux numériques (P2P, Logiciels Libres, Copyleft, etc).
On peut y voir la mise en œuvre, car c'est bien plus pragmatique qu'idéologique, des formes d'intelligences collectives qui ne devraient pas, à mon avis, laisser indifférents "notre" communauté virtuelle. Son principal représentant francophone est Michel Bauwens, fondateur de la P2P Fondation ( http://p2pfoundation.net/ ), et de Commons Transition ( http://commonstransition.org ), des sites ressource sur le sujet (très nombreux articles, un wiki, etc).
L'exemple emblématique souvent cité est celui de The Enspiral Network ( http://www.enspiral.com/ ) qui à non seulement a innové dans son mode de fonctionnement original et créatif (du genre où l'on vous demande combien vous voulez gagner pour un travail et ce que vous voulez y faire pour vous sentir bien, où la stratégie est collaborative, etc), tout en étant tout à fait opérationnel et efficace, mais a de surcroit mis à la disposition du réseau les outils qu'ils ont mis au point pour y parvenir, et çà c'est la classe (ouvrière, bien sur) !
Ex :
Loomio pour la prise de décision collaborative : https://www.loomio.org/marketing
CoBudget, pour gérer la rétribution de chacun sur un projet collectif : http://cobudget.org/
Dans la même veine, on peut encore citer Trello, pour l'organisation de projets : https://trello.com/
Confs de Michel Bauwens :
https://www.youtube.com/results?search_query=michel+bauwens- Ex :
Là encore, une tendance émergente qui se concrétise autour de la gouvernementalité décentralisée et distribuée, avec de fortes implications sociales, et qui méritent à mon avis qu'on les pense de façon critique. "L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce que l'on fait de nous." Sartre.Pour une politique industrielle publique et critique du numérique : l'exemple d'Ars Industrialis
Plus généralement, a quand une vrai politique industrielle publique pour penser collectivement les technologies, particulièrement numériques, et ne plus les laisser nous façonner, socialement et cognitivement, passivement et a posteriori ?
Pour un point de vue critique dans ce sens, je renvoi notamment à l'association Ars Industrialis http://www.arsindustrialis.org/ et au discours de Bernard Stiegler : https://www.youtube.com/results?search_query=bernard+stiegler.
Hasta siempre !
bon, c'est pas toussa, faut que j'aille au charbon, chercher la houille...
soto²- Messages : 2760
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