L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
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L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
C'est une constatation que je fais sur laquelle je ne suis pas affirmatif mais qui me trotte dans le ciboulot.
J'ai toujours beaucoup écris. J'apprends que la zone du langage dans nos citrouilles est plutôt à gauche, du coté séquentiel alors que la partie intuitive et synthétique est plutôt à droite. Or le fait est là que si je diverge à tout bout de champs, j'ai appris à regarder les dérives de mon entendement comme celle d'un fou et je discrimine facilement ce qui est pertinent de ce qui l'est moins. Je mets ça sur le compte de l'écriture qui m'a permis de mettre de l'ordre dans cet univers oniroïde qui m'est propre (et cher) et qui m'a contraint à dérouler ma pensée avec le plus de logique possible, à l'intérieur de son délire s'entend.
Je me demande si cet exercice n'a pas domestiqué ce foutu servo-moteur, véritable génie de l'évasion !
En exerçant cette pensée par le fait de l'obliger à circuler à travers le filtre d'une (certaine) logique verbale, il me semble que j'en ai éliminé en partie les embardées sauvages.
Si vous avez quelque chose à en dire, faîtes-le, vous contriburez par là à faire de ce fil un échec moins remarquable que les quelques autres auxquels je me suis essayé avec le succès qu'on sait.
J'ai toujours beaucoup écris. J'apprends que la zone du langage dans nos citrouilles est plutôt à gauche, du coté séquentiel alors que la partie intuitive et synthétique est plutôt à droite. Or le fait est là que si je diverge à tout bout de champs, j'ai appris à regarder les dérives de mon entendement comme celle d'un fou et je discrimine facilement ce qui est pertinent de ce qui l'est moins. Je mets ça sur le compte de l'écriture qui m'a permis de mettre de l'ordre dans cet univers oniroïde qui m'est propre (et cher) et qui m'a contraint à dérouler ma pensée avec le plus de logique possible, à l'intérieur de son délire s'entend.
Je me demande si cet exercice n'a pas domestiqué ce foutu servo-moteur, véritable génie de l'évasion !
En exerçant cette pensée par le fait de l'obliger à circuler à travers le filtre d'une (certaine) logique verbale, il me semble que j'en ai éliminé en partie les embardées sauvages.
Si vous avez quelque chose à en dire, faîtes-le, vous contriburez par là à faire de ce fil un échec moins remarquable que les quelques autres auxquels je me suis essayé avec le succès qu'on sait.
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Oh un sujet sur l'écriture, la logique et l'intuition... parfait!
Ce sujet me parle aussi et en plus je n'avais jamais envisagé la chose de cette façon.
Personnellement, je ne crois pas que l'écriture domestique le zèbre de telle sorte à lui faire perdre son intuition, parce que j'ai réalisé il y a très peu de temps que l'écriture était un excellent moyen d'exprimer son intuition.
Je m'explique: mettons que j'écrive une fiction (ce qui n'arrive jamais mais je compte bien m'y mettre dans pas trop longtemps), alors ok je dois tout mettre en forme, suivre un raisonnement logique ne serait-ce que pour construire des phrases correctes. Mais la littérature c'est le dépassement de tout ça, je pense que c'est pareil pour les autres, écrire une fiction ou une expression écrite en langues, c'est laisser libre cours à son imagination, laisser son intuition se déverser sur la feuille. Pour moi l'écriture facilite énormément le lien avec l'intuition. Je ne la décrirais pas vraiment comme une discipline, hormis le fait qu'elle obéisse à un alphabet et à une mise en forme difficiles à contourner (mais pas impossibles hein) D'ailleurs, tous les arts par définition laissent une grande place à l'intuition, l'interprétation, le ressenti, l'immersion, et y ajouter la raison permet de décupler la portée créative de l'oeuvre au sens large.
Maintenant supposons que je décide d'écrire mes idées, sans soucis de la beauté de l'écriture, par exemple disons que j'écris un essai. Je trouve encore dans cet exemple une grande force dans l'écriture comparée à la pensée et le ressenti seuls; je me demande si c'est pareil pour tout le monde. La pensée (ou en tout cas la mienne) à tendance à vite partir en live quand on se consacre à réfléchir sur un sujet: on peut divaguer, etre distrait. L'écriture permet conjointement de s'ouvrir à l'écoute de l'intuition, et de fixer la raison de manière ordonnée, de façon à décupler la pertinence du texte. Quand j'écris une dissert de philo, j'ai tendance à ne pas m'éterniser sur une réflexion préalable dépassant le strict nécessaire, et à commencer à écrire directement. Et là, magie!: les idées viennent toutes seules d'on ne sait où; et à partir d'elle j'ordonne un raisonnement qui dispose de tellement de bases que son efficacité et originalité était impossible à prévoir avant l'écriture. Presque à chaque fois que j'écris un texte de ce genre, j'ai l'impression à la fin que l'ensemble de ce que j'ai écrit ne vient pas de moi. Plus précisément, j'ai l'impression d'apprendre quelque chose de nouveau, alors que c'est bien moi qui l'ai produit.
Donc à mon sens l'écriture c'est tout bénef: ça fait plaisir en général, ça permet parfois d'aller plus loin qu'aurait pu aller la pensée séparée de l'intuition. C'est d'ailleurs une des principales raisons pour lesquelles je participe à ce forum, qui m'a donné une envie d'écrire plus souvent et de finir ce que j'ai commencé à écrire dans le passé.
Pour répondre clairement à la question si tant est qu'il y en ait une, je crois que l'écriture est un +, et que la pratiquer n'est pas dangereux pour nos jolies "embardées sauvages". Ou alors si ça pose ce problème, peut etre qu'une pratique excessive de l'écriture en est à l'origine, ou que c'est un facteur distinct de l'écriture qui en est la cause. I don't know
Fata morgana quand tu dis que tu as appris à regarder les dérives de ton entendement, tu veux dire que tu saisis ce qui est biaisé dans ton flot de pensées ou que tu t'en dissocies et l'observes comme si tu méditais? Si c'est la seconde réponse, comment tu fais?
Ce sujet me parle aussi et en plus je n'avais jamais envisagé la chose de cette façon.
Personnellement, je ne crois pas que l'écriture domestique le zèbre de telle sorte à lui faire perdre son intuition, parce que j'ai réalisé il y a très peu de temps que l'écriture était un excellent moyen d'exprimer son intuition.
Je m'explique: mettons que j'écrive une fiction (ce qui n'arrive jamais mais je compte bien m'y mettre dans pas trop longtemps), alors ok je dois tout mettre en forme, suivre un raisonnement logique ne serait-ce que pour construire des phrases correctes. Mais la littérature c'est le dépassement de tout ça, je pense que c'est pareil pour les autres, écrire une fiction ou une expression écrite en langues, c'est laisser libre cours à son imagination, laisser son intuition se déverser sur la feuille. Pour moi l'écriture facilite énormément le lien avec l'intuition. Je ne la décrirais pas vraiment comme une discipline, hormis le fait qu'elle obéisse à un alphabet et à une mise en forme difficiles à contourner (mais pas impossibles hein) D'ailleurs, tous les arts par définition laissent une grande place à l'intuition, l'interprétation, le ressenti, l'immersion, et y ajouter la raison permet de décupler la portée créative de l'oeuvre au sens large.
Maintenant supposons que je décide d'écrire mes idées, sans soucis de la beauté de l'écriture, par exemple disons que j'écris un essai. Je trouve encore dans cet exemple une grande force dans l'écriture comparée à la pensée et le ressenti seuls; je me demande si c'est pareil pour tout le monde. La pensée (ou en tout cas la mienne) à tendance à vite partir en live quand on se consacre à réfléchir sur un sujet: on peut divaguer, etre distrait. L'écriture permet conjointement de s'ouvrir à l'écoute de l'intuition, et de fixer la raison de manière ordonnée, de façon à décupler la pertinence du texte. Quand j'écris une dissert de philo, j'ai tendance à ne pas m'éterniser sur une réflexion préalable dépassant le strict nécessaire, et à commencer à écrire directement. Et là, magie!: les idées viennent toutes seules d'on ne sait où; et à partir d'elle j'ordonne un raisonnement qui dispose de tellement de bases que son efficacité et originalité était impossible à prévoir avant l'écriture. Presque à chaque fois que j'écris un texte de ce genre, j'ai l'impression à la fin que l'ensemble de ce que j'ai écrit ne vient pas de moi. Plus précisément, j'ai l'impression d'apprendre quelque chose de nouveau, alors que c'est bien moi qui l'ai produit.
Donc à mon sens l'écriture c'est tout bénef: ça fait plaisir en général, ça permet parfois d'aller plus loin qu'aurait pu aller la pensée séparée de l'intuition. C'est d'ailleurs une des principales raisons pour lesquelles je participe à ce forum, qui m'a donné une envie d'écrire plus souvent et de finir ce que j'ai commencé à écrire dans le passé.
Pour répondre clairement à la question si tant est qu'il y en ait une, je crois que l'écriture est un +, et que la pratiquer n'est pas dangereux pour nos jolies "embardées sauvages". Ou alors si ça pose ce problème, peut etre qu'une pratique excessive de l'écriture en est à l'origine, ou que c'est un facteur distinct de l'écriture qui en est la cause. I don't know
Fata morgana quand tu dis que tu as appris à regarder les dérives de ton entendement, tu veux dire que tu saisis ce qui est biaisé dans ton flot de pensées ou que tu t'en dissocies et l'observes comme si tu méditais? Si c'est la seconde réponse, comment tu fais?
paela- Messages : 2689
Date d'inscription : 30/05/2011
Age : 31
Localisation : Bordeaux
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Fata morgana quand tu dis que tu as appris à regarder les dérives de ton entendement, tu veux dire que tu saisis ce qui est biaisé dans ton flot de pensées ou que tu t'en dissocies et l'observes comme si tu méditais? Si c'est la seconde réponse, comment tu fais?
Tu as 18 ans, et moi 53. La vie fait son œuvre.
"Écrire le livre" sur le plan symbolique, c'est avoir été capable de dépasser l'arbitraire de l'imagination pour mettre en forme ce qui semblait chaotique. De rendre les choses intelligibles. Le rapport au langage (coté gauche) permet de formaliser ce qui se présente de manière parfois anarchique. On finit par "sentir venir" l'arborescence qui ne mène nulle part ou mal à propos.
Ma technique a consisté à apprendre plein de vocabulaire !
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Ah, je ne "possède" pas la pensée en arborescence donc je ne suis presque jamais confronté à un enchevetrement de pensées incontrolables. Ce que tu as écrit m'a fait penser à de la méditation classique pour non zèbres si j'ose dire; d'où ma question ^^
paela- Messages : 2689
Date d'inscription : 30/05/2011
Age : 31
Localisation : Bordeaux
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
En psychanalyse, on dirait que l'écriture permet, à l'instar du langage, de civiliser le Ça (siège des désirs, pulsions, etc.) et de le rendre "acceptable" par le Surmoi (siège des interdits sociaux et parentaux, des normes, etc.). Un équilibre psychique qui satisfait le Moi.Fata Morgana a écrit:Je me demande si cet exercice n'a pas domestiqué ce foutu servo-moteur, véritable génie de l'évasion !
En exerçant cette pensée par le fait de l'obliger à circuler à travers le filtre d'une (certaine) logique verbale, il me semble que j'en ai éliminé en partie les embardées sauvages.
De plus, la création littéraire, artistique et intellectuelle sont des modes de sublimation.
En effet, je pense que le fait d'écrire te permet de sublimer tes pulsions et tes désirs, autrement dit de les élever, les transcender, les "purifier", afin de les faire correspondre à tes idéaux...
Et il me semble que c'est aussi pour toi une sorte de catharsis.
Bliss- Messages : 12125
Date d'inscription : 11/11/2010
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
J'aime quand tu parles comme ça Bliss
j'exulte quand tu exaltes ta pensée pour exprimer l'exutoire.
J'ai cherché le verbe associé à "exutoire", je ne l'ai pas trouvé; mais j'ai cherché que 1s sur google et en plus, j'étais fatigué
j'exulte quand tu exaltes ta pensée pour exprimer l'exutoire.
J'ai cherché le verbe associé à "exutoire", je ne l'ai pas trouvé; mais j'ai cherché que 1s sur google et en plus, j'étais fatigué
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Bliss, ce n'est pas exactement la question que je me posais. J'étais sur un autre registre.
Je ne parlais pas de la littérature sous l'angle thérapeutique, mais en tant que moyen de communication efficient. Nous avons parfois du mal à mettre des mots sur nos intuitions, parce que notre pensée diverge et se montre fuyante. Le fait de s'astreindre à canaliser cette fuite en avant pour rendre intelligible ce "halo" ou ce brouhaha mental afin de déposer par écrit nos pensées peut opérer une modification de notre fonctionnement intellectuel. Rendre intelligible une intuition fulgurante c'est un effort mental de rationalisation, avec un quelque chose d'ascétique, qui peu à peu dompte ce flot d'images mentales pour en faire un objet aux contours clairs. L'aspect cathartique ou non de l'écriture se réfère à une autre approche. Personnellement, je n'écris pas pour évacuer un trop plein de ceci cela ou pour me soulager de ceci cela, mais pour communiquer avec les autres. Il s'agit de rendre intelligible une intuition diffuse.
Les sujets de sublimation plus ou moins alchimique et de catharsis mettent l'accent sur les mobiles psychologiques de l'écriture (ou de l'art en général). Je me plaçais au niveau de la clarté du propos, de la rigueur technique et de l'effort stylistique pour être entendu ou faire entendre, pour donner à voir, et des effets de cet effort sur le fonctionnement cérébral. Il s'agit en dernier ressort de devenir de plus en plus intelligent.
Rompre la solitude c'est pouvoir partager notre monde mental. Or c'est pour moi du moins la fonction clé de l'écriture. Ce partage exige de la clarté, et ce besoin de clarté exige la mise en œuvre de fonctions cérébrales linéaires qui viennent compléter le jeu facile pour nous des associations d'idées souvent automatiques. En un mot la rigueur du cerveau gauche étaye la fantaisie du droit. Du moins est-ce l'intuition que j'ai des avantages de cette discipline. Ne pas bafouiller en écrivant.
Je ne parlais pas de la littérature sous l'angle thérapeutique, mais en tant que moyen de communication efficient. Nous avons parfois du mal à mettre des mots sur nos intuitions, parce que notre pensée diverge et se montre fuyante. Le fait de s'astreindre à canaliser cette fuite en avant pour rendre intelligible ce "halo" ou ce brouhaha mental afin de déposer par écrit nos pensées peut opérer une modification de notre fonctionnement intellectuel. Rendre intelligible une intuition fulgurante c'est un effort mental de rationalisation, avec un quelque chose d'ascétique, qui peu à peu dompte ce flot d'images mentales pour en faire un objet aux contours clairs. L'aspect cathartique ou non de l'écriture se réfère à une autre approche. Personnellement, je n'écris pas pour évacuer un trop plein de ceci cela ou pour me soulager de ceci cela, mais pour communiquer avec les autres. Il s'agit de rendre intelligible une intuition diffuse.
Les sujets de sublimation plus ou moins alchimique et de catharsis mettent l'accent sur les mobiles psychologiques de l'écriture (ou de l'art en général). Je me plaçais au niveau de la clarté du propos, de la rigueur technique et de l'effort stylistique pour être entendu ou faire entendre, pour donner à voir, et des effets de cet effort sur le fonctionnement cérébral. Il s'agit en dernier ressort de devenir de plus en plus intelligent.
Rompre la solitude c'est pouvoir partager notre monde mental. Or c'est pour moi du moins la fonction clé de l'écriture. Ce partage exige de la clarté, et ce besoin de clarté exige la mise en œuvre de fonctions cérébrales linéaires qui viennent compléter le jeu facile pour nous des associations d'idées souvent automatiques. En un mot la rigueur du cerveau gauche étaye la fantaisie du droit. Du moins est-ce l'intuition que j'ai des avantages de cette discipline. Ne pas bafouiller en écrivant.
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Ok Fata, je comprends mieux ce que tu cherches à exprimer dans ce topic. D'autant mieux que j'ai vu le lien que tu faisais avec le topic ce Space Monkey : http://zebrascrossing.forumactif.org/t2749-richesse-du-langage-et-expression-de-la-pensee-nouveau-dictionnaire#133667
En fait, j'avais bien lu attentivement tout ton post (ne crois pas le contraire hein ), mais ces mots : "je me demande si cet exercice n'a pas domestiqué ce foutu servo-moteur" ; "En exerçant cette pensée par le fait de l'obliger à circuler à travers le filtre d'une (certaine) logique verbale, il me semble que j'en ai éliminé en partie les embardées sauvages" m'avaient aussitôt fait penser à des processus inconscients de sublimation et de catharsis.
Si cela peut t'aider, j'ai fait quelques recherches sur Internet, et il semblerait que l’écriture elle-même, acte de création, fait appel au cerveau droit, tandis que la correction, la mise en page, le fait de vérifier que tout soit logique et cohérent, fait appel au cerveau gauche, celui de la logique et de la cohérence.
Et voici ce qu'a écrit l'auteur d'un blog (http://bloghistoires.wordpress.com/2008/01/10/cerveau-gauche-cerveau-droit-et-ecriture/) suite à cette découverte :
"C’est pourtant simple mais à mon niveau c’est une vraie découverte d’avoir appris ça car je trouvais jusqu’à maintenant très pénible d’écrire et de me bloquer constamment pour regarder que ce que je mette soit cohérent logique et/ou bien écrit. Je perdais énormément de temps à me relire au fur et à mesure des phrase que j’écrivais. En fait, je réalise que cela bloquait complètement mon flot de créativité généré par mon cerveau droit.
Je me souviens pourtant d’avoir fait l’expérience parfois de laisser couler mon écriture sans me soucier de vérifier que ce que j’écrive soit cohérent, juste en laissant le flot sortir. Je me souviens que j’avais beaucoup apprécié ces moments où je n’opposais pas de résistance à ce qui sortait. Maintenant je peux tout le temps faire pareil et donc j’apprécie beaucoup plus l’écriture !! En quelque sorte, il faut laisser libre cours à sa créativité sans essayer de trop la diriger.
Après avoir rédigé le texte bien sûr, il faut le relire, le mettre en place, le corriger, enlever les répétitions etc. Mais en fait, c’est très facile de le faire une fois que l’on a un texte entièrement écrit.
Au final c’est presque comme si le texte était écrit par deux personnes différentes. L’une qui a la créativité facile, qui laisse le flot couler, et l’autre, carrée, droite, qui vient mettre tout ça en place. Seulement ces deux personnes n’agissent pas en même temps mais l’une après l’autre. Voilà un secret tout simple qui, une fois appliqué, devrait me permettre d’augmenter beaucoup ma productivité.
C’est génial, du coup j’ai beaucoup plus envie d’écrire ces temps ci… C’est devenu bien plus agréable."
Il me semble que ça rejoint ce que tu disais en fin de post :
En fait, j'avais bien lu attentivement tout ton post (ne crois pas le contraire hein ), mais ces mots : "je me demande si cet exercice n'a pas domestiqué ce foutu servo-moteur" ; "En exerçant cette pensée par le fait de l'obliger à circuler à travers le filtre d'une (certaine) logique verbale, il me semble que j'en ai éliminé en partie les embardées sauvages" m'avaient aussitôt fait penser à des processus inconscients de sublimation et de catharsis.
Si cela peut t'aider, j'ai fait quelques recherches sur Internet, et il semblerait que l’écriture elle-même, acte de création, fait appel au cerveau droit, tandis que la correction, la mise en page, le fait de vérifier que tout soit logique et cohérent, fait appel au cerveau gauche, celui de la logique et de la cohérence.
Et voici ce qu'a écrit l'auteur d'un blog (http://bloghistoires.wordpress.com/2008/01/10/cerveau-gauche-cerveau-droit-et-ecriture/) suite à cette découverte :
"C’est pourtant simple mais à mon niveau c’est une vraie découverte d’avoir appris ça car je trouvais jusqu’à maintenant très pénible d’écrire et de me bloquer constamment pour regarder que ce que je mette soit cohérent logique et/ou bien écrit. Je perdais énormément de temps à me relire au fur et à mesure des phrase que j’écrivais. En fait, je réalise que cela bloquait complètement mon flot de créativité généré par mon cerveau droit.
Je me souviens pourtant d’avoir fait l’expérience parfois de laisser couler mon écriture sans me soucier de vérifier que ce que j’écrive soit cohérent, juste en laissant le flot sortir. Je me souviens que j’avais beaucoup apprécié ces moments où je n’opposais pas de résistance à ce qui sortait. Maintenant je peux tout le temps faire pareil et donc j’apprécie beaucoup plus l’écriture !! En quelque sorte, il faut laisser libre cours à sa créativité sans essayer de trop la diriger.
Après avoir rédigé le texte bien sûr, il faut le relire, le mettre en place, le corriger, enlever les répétitions etc. Mais en fait, c’est très facile de le faire une fois que l’on a un texte entièrement écrit.
Au final c’est presque comme si le texte était écrit par deux personnes différentes. L’une qui a la créativité facile, qui laisse le flot couler, et l’autre, carrée, droite, qui vient mettre tout ça en place. Seulement ces deux personnes n’agissent pas en même temps mais l’une après l’autre. Voilà un secret tout simple qui, une fois appliqué, devrait me permettre d’augmenter beaucoup ma productivité.
C’est génial, du coup j’ai beaucoup plus envie d’écrire ces temps ci… C’est devenu bien plus agréable."
Il me semble que ça rejoint ce que tu disais en fin de post :
Rompre la solitude c'est pouvoir partager notre monde mental. Or c'est pour moi du moins la fonction clé de l'écriture. Ce partage exige de la clarté, et ce besoin de clarté exige la mise en œuvre de fonctions cérébrales linéaires qui viennent compléter le jeu facile pour nous des associations d'idées souvent automatiques. En un mot la rigueur du cerveau gauche étaye la fantaisie du droit. Du moins est-ce l'intuition que j'ai des avantages de cette discipline. Ne pas bafouiller en écrivant.
Bliss- Messages : 12125
Date d'inscription : 11/11/2010
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
paela a écrit:Oh un sujet sur l'écriture, la logique et l'intuition... parfait!
Ce sujet me parle aussi et en plus je n'avais jamais envisagé la chose de cette façon.
Personnellement, je ne crois pas que l'écriture domestique le zèbre de telle sorte à lui faire perdre son intuition, parce que j'ai réalisé il y a très peu de temps que l'écriture était un excellent moyen d'exprimer son intuition.
Je m'explique: mettons que j'écrive une fiction (ce qui n'arrive jamais mais je compte bien m'y mettre dans pas trop longtemps), alors ok je dois tout mettre en forme, suivre un raisonnement logique ne serait-ce que pour construire des phrases correctes. Mais la littérature c'est le dépassement de tout ça, je pense que c'est pareil pour les autres, écrire une fiction ou une expression écrite en langues, c'est laisser libre cours à son imagination, laisser son intuition se déverser sur la feuille. Pour moi l'écriture facilite énormément le lien avec l'intuition. Je ne la décrirais pas vraiment comme une discipline, hormis le fait qu'elle obéisse à un alphabet et à une mise en forme difficiles à contourner (mais pas impossibles hein) D'ailleurs, tous les arts par définition laissent une grande place à l'intuition, l'interprétation, le ressenti, l'immersion, et y ajouter la raison permet de décupler la portée créative de l'oeuvre au sens large.
Maintenant supposons que je décide d'écrire mes idées, sans soucis de la beauté de l'écriture, par exemple disons que j'écris un essai. Je trouve encore dans cet exemple une grande force dans l'écriture comparée à la pensée et le ressenti seuls; je me demande si c'est pareil pour tout le monde. La pensée (ou en tout cas la mienne) à tendance à vite partir en live quand on se consacre à réfléchir sur un sujet: on peut divaguer, etre distrait. L'écriture permet conjointement de s'ouvrir à l'écoute de l'intuition, et de fixer la raison de manière ordonnée, de façon à décupler la pertinence du texte. Quand j'écris une dissert de philo, j'ai tendance à ne pas m'éterniser sur une réflexion préalable dépassant le strict nécessaire, et à commencer à écrire directement. Et là, magie!: les idées viennent toutes seules d'on ne sait où; et à partir d'elle j'ordonne un raisonnement qui dispose de tellement de bases que son efficacité et originalité était impossible à prévoir avant l'écriture. Presque à chaque fois que j'écris un texte de ce genre, j'ai l'impression à la fin que l'ensemble de ce que j'ai écrit ne vient pas de moi. Plus précisément, j'ai l'impression d'apprendre quelque chose de nouveau, alors que c'est bien moi qui l'ai produit.
Donc à mon sens l'écriture c'est tout bénef: ça fait plaisir en général, ça permet parfois d'aller plus loin qu'aurait pu aller la pensée séparée de l'intuition. C'est d'ailleurs une des principales raisons pour lesquelles je participe à ce forum, qui m'a donné une envie d'écrire plus souvent et de finir ce que j'ai commencé à écrire dans le passé.
Je fonctionne pareil. L'écriture m'aide à trouver des mots, à mieux comprendre ce qui se passe dans ma tête, à éclaircir des émotions, des sensations, des idées qui sont un peu là, flottantes, troubles.
Et de mettre des mots, d'ordonner tout ca, étrangement, ca fait germer d'autres associations d'idées fructueuses.
Weigela- Messages : 1011
Date d'inscription : 23/06/2011
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle, mais c'est vrai que l'écriture comme thérapie fonctionne bien pour moi. Mais pas spécialement pour me canaliser, ou alors j'ai tellement écrit que j'ai fini par me canaliser. C'est plus pour exprimer ce que je ressens et que je n'arrive pas à expliquer.
C'est aussi et surtout une façon d'être moi-même dans une société qui met une pression inhumaine pour rentrer dans un moule qui ne me convient pas (au départ, j'avais écrit "nous" mais peut-être que je suis la seule à ressentir cette pression du moule / à ne pas avoir l'énergie d'y résister ?). Ecrire, pour moi, c'est juste être libre d'être moi-même, seulement moi-même et absolument moi-même. C'est l'occasion d'exorciser toute cette imagination, tous ces sentiments mêlés et mélangés, pour que tout ça soit supportable. C'est aussi l'occasion de suivre le fil de mes pensées, puisqu'il en reste une trace.
Je reste donc convaincue, pour avoir écrit beaucoup de poésie et m'y être remise il n'y a pas si longtemps, que l'écriture a plus une fonction d'expression de tout ce qui bouillonne, qu'une fonction thérapeutique de tri.
C'est aussi et surtout une façon d'être moi-même dans une société qui met une pression inhumaine pour rentrer dans un moule qui ne me convient pas (au départ, j'avais écrit "nous" mais peut-être que je suis la seule à ressentir cette pression du moule / à ne pas avoir l'énergie d'y résister ?). Ecrire, pour moi, c'est juste être libre d'être moi-même, seulement moi-même et absolument moi-même. C'est l'occasion d'exorciser toute cette imagination, tous ces sentiments mêlés et mélangés, pour que tout ça soit supportable. C'est aussi l'occasion de suivre le fil de mes pensées, puisqu'il en reste une trace.
Je reste donc convaincue, pour avoir écrit beaucoup de poésie et m'y être remise il n'y a pas si longtemps, que l'écriture a plus une fonction d'expression de tout ce qui bouillonne, qu'une fonction thérapeutique de tri.
Invité- Invité
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Oui mais si tu y penses bien, le fait de pouvoir exprimer "tout ce qui bouillonne" en toi, est thérapeutique
C'est d'ailleurs ce qui ressort en filigrane tout au long de ton post...
C'est d'ailleurs ce qui ressort en filigrane tout au long de ton post...
Bliss- Messages : 12125
Date d'inscription : 11/11/2010
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Oui Bliss, c'est plutôt là qu'on se retrouve. J'ignorais que le travail d'écriture relevait du cerveau droit. Mais en gros les deux semblent pour ce faire travailler de conserve. Il s'agit de joindre jaillissement et rigueur. Personnellement, écrire consiste à décrire les images que j'ai dans la tête, images qui elles-mêmes symbolisent des humeurs (avec une tendance mystique, ou du moins transcendantale). Ce qui n'est pas dans mon esprit sous forme d'images n'existe tout simplement pas. Il y aurait pas mal à en dire, mais j'essaye d'éviter les longs pâtés !
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
J'ai un rapport a l'écriture assez étrange, justement parce que j'ai commencé à écrire pour tenter d'établir une forme de communication, ainsi que pour tenter de définir de l'intérieur le bouillonnement de la pensée et d'en écarter les accidents que je subissais alors de plein fouet (paranoïa, psychose, phobies, intrusions irrationnelles etc...)
Canaliser la pensée permet de la rendre plus efficace, non ? Dans la selection et dans le tri dont parlait fata, ce sont deux parties tres différentes du cerveau qui travaillent ensemble au lieu de s'entrechoquer, C'est faire abstraction
L'écriture m'a permis d'établir un dialogue et donc un travail de dialectique pour tenter face a la folie de rebondir et de recréer des bases de ma pensée avant de devenir fou, réapprendre a faire abstraction. ce qui est amusant, c'est que lors de la dépression qui a produit la necessité de ce travail, j'ai appris (redécouvert en fait) ma zébritude et essayé de confronter, la différence, l'inhibition, la solitude, les difficultés de communication a ce dialogue interne.
Ca donne pour le coup des résultats assez différents, de l'écriture automatique, ou la raison s'absente, des délires, des morceaux de poésie, des images décrites, des dialogues confondants entre plusieures composantes de moi même..
enfin c'est un peu compliqué a définir, et surement maladroit dans la forme finalement, mais le fait d'écrire ouvre des portes assez fabuleuses selon moi..
voila l'"essai" dans sa forme quasi finale, pour ceux qui seraient curieux
http://zebrascrossing.forumactif.org/t2878-carnet-de-route-a-lire-pour-les-curieux
Qui écrit lorsque l'on écrit ? comment définir cette personne a ce moment particulier ? Qu'est le lecteur ? cette question me fascine absolument
je voudrais, même si ca n'est pas tres élégant, mettre un petit bout de ce carnet
Je ne sais pas, ici, qui je suis. Je ne sais pas qui parle en ce moment dans ma tête. Est-ce encore moi, lecteur, ou bien ai-je basculé du coté du narrateur ? Ce que je viens de lire a-t-il un sens ? Ce qu’il vient d’écrire en a-t-il ? Si cela peut sembler anecdotique, ce n’en reste pas moins la principale angoisse qui habite, hante mes lignes. Quelle est cette matière de l’écriture ? Qu’en faire ? Jusqu’où peut-on aller, s’enfoncer dans ses propres orbites ?
Vous entendez ? En lisant ces phrases, vous m’entendez, n’est ce pas ? Quelle est cette voix ? Celle de quelqu’un que vous connaissez ? Est elle fluette ? Grave ? Éraillée ou doucereuse ? Quel visage se forme, quelle bouche articule précisément les mots qui défilent ?
Quelle est la couleur de ma peau ? Celle de mes yeux ? Des cheveux viennent ils s’ajouter au portrait lorsque j’en fais la mention ? Un environnement se créé-t-il autour de moi? Quelle heure est il ? Sentez cette lumière, vous saurez l’heure qu’il est ! Que pourrait il se passer ? Que s’est il déjà passé ? Que suis-je en train de regarder ? Vous peut-être ? Mais pourquoi ? Comment cette image peut-elle être perçue alors que vous lisez ces pages ?
Bref, j’existe peut être un peu plus précisément maintenant. C’est plus aisé de parler a quelqu’un qui peut me voir, me transpercer de ses yeux !
Lire, c’est sauter dans le vide, abandonner ce qu’on s’attend à trouver, abandonner sa santé mentale, accepter d’entendre une voix parler dans sa tête et lui raconter n’importe quoi. Accepter de voir des images tout en lisant des mots ; en un mot : halluciner. Tout le monde devrait lire.
Canaliser la pensée permet de la rendre plus efficace, non ? Dans la selection et dans le tri dont parlait fata, ce sont deux parties tres différentes du cerveau qui travaillent ensemble au lieu de s'entrechoquer, C'est faire abstraction
L'écriture m'a permis d'établir un dialogue et donc un travail de dialectique pour tenter face a la folie de rebondir et de recréer des bases de ma pensée avant de devenir fou, réapprendre a faire abstraction. ce qui est amusant, c'est que lors de la dépression qui a produit la necessité de ce travail, j'ai appris (redécouvert en fait) ma zébritude et essayé de confronter, la différence, l'inhibition, la solitude, les difficultés de communication a ce dialogue interne.
Ca donne pour le coup des résultats assez différents, de l'écriture automatique, ou la raison s'absente, des délires, des morceaux de poésie, des images décrites, des dialogues confondants entre plusieures composantes de moi même..
enfin c'est un peu compliqué a définir, et surement maladroit dans la forme finalement, mais le fait d'écrire ouvre des portes assez fabuleuses selon moi..
voila l'"essai" dans sa forme quasi finale, pour ceux qui seraient curieux
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Qui écrit lorsque l'on écrit ? comment définir cette personne a ce moment particulier ? Qu'est le lecteur ? cette question me fascine absolument
je voudrais, même si ca n'est pas tres élégant, mettre un petit bout de ce carnet
Je ne sais pas, ici, qui je suis. Je ne sais pas qui parle en ce moment dans ma tête. Est-ce encore moi, lecteur, ou bien ai-je basculé du coté du narrateur ? Ce que je viens de lire a-t-il un sens ? Ce qu’il vient d’écrire en a-t-il ? Si cela peut sembler anecdotique, ce n’en reste pas moins la principale angoisse qui habite, hante mes lignes. Quelle est cette matière de l’écriture ? Qu’en faire ? Jusqu’où peut-on aller, s’enfoncer dans ses propres orbites ?
Vous entendez ? En lisant ces phrases, vous m’entendez, n’est ce pas ? Quelle est cette voix ? Celle de quelqu’un que vous connaissez ? Est elle fluette ? Grave ? Éraillée ou doucereuse ? Quel visage se forme, quelle bouche articule précisément les mots qui défilent ?
Quelle est la couleur de ma peau ? Celle de mes yeux ? Des cheveux viennent ils s’ajouter au portrait lorsque j’en fais la mention ? Un environnement se créé-t-il autour de moi? Quelle heure est il ? Sentez cette lumière, vous saurez l’heure qu’il est ! Que pourrait il se passer ? Que s’est il déjà passé ? Que suis-je en train de regarder ? Vous peut-être ? Mais pourquoi ? Comment cette image peut-elle être perçue alors que vous lisez ces pages ?
Bref, j’existe peut être un peu plus précisément maintenant. C’est plus aisé de parler a quelqu’un qui peut me voir, me transpercer de ses yeux !
Lire, c’est sauter dans le vide, abandonner ce qu’on s’attend à trouver, abandonner sa santé mentale, accepter d’entendre une voix parler dans sa tête et lui raconter n’importe quoi. Accepter de voir des images tout en lisant des mots ; en un mot : halluciner. Tout le monde devrait lire.
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Intéressant ! (je fonctionne moi aussi beaucoup à l'image, au visuel, etc.)Fata Morgana a écrit:Personnellement, écrire consiste à décrire les images que j'ai dans la tête, images qui elles-mêmes symbolisent des humeurs (avec une tendance mystique, ou du moins transcendantale). Ce qui n'est pas dans mon esprit sous forme d'images n'existe tout simplement pas.
C'est donc pour ça que tu aimes poster régulièrement sur ton topic de présentation des mots hyper colorés, presque animés, parfois scintillants, etc. Ces mots ont quelque chose de magique et sont des images à eux tous seuls !
Bliss- Messages : 12125
Date d'inscription : 11/11/2010
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Bliss a écrit:
Intéressant ! (je fonctionne moi aussi beaucoup à l'image, au visuel, etc.)
C'est donc pour ça que tu aimes poster régulièrement sur ton topic de présentation des mots hyper colorés, presque animés, parfois scintillants, etc. Ces mots ont quelque chose de magique et sont des images à eux tous seuls !
Les images que je porte semble être des types, des symboles. Je suis du coté de la poésie parce qu'elle est l'art de faire communiquer des symboles. Et justement, si je me contentais de rester dans une pure abstraction, ce serait surréaliste et en tant que tel serait plutôt un obstacle à la communication. Au contraire je m'efforce de représenter des scènes, des tableaux qui parce qu'ils sont composés d'objets symboliques universels peuvent parler au lecteur, lui parler de lui-même, en son fond. Mais il m'a fallu beaucoup de temps pour trouver ce "style", et c'est cet effort je suppose qui m'a obligé à épurer ces fameuses arborescences. Sans quoi tout serait resté dans un état confus et anarchique.
Notre inconscient, mais aussi notre surconscient, s'adressent à nous en images, en symboles.
Notre inconscient, mais aussi notre surconscient, s'adressent à nous en images, en symboles.
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Oui, et je suis toujours très attentive à ces images et ces symboles. Ils peuvent nous en apprendre beaucoup, et sur nous-même, et sur l'humanité...
PS: au fait, en parlant d'images, j'adore ton nouvel avatar !
PS: au fait, en parlant d'images, j'adore ton nouvel avatar !
Bliss- Messages : 12125
Date d'inscription : 11/11/2010
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Bliss a écrit:
PS: au fait, en parlant d'images, j'adore ton nouvel avatar !
Oui, moi aussi.
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Ce qui me trouble dans l'écriture c'est le fait que c'est à la fois un domaine très restrictif dans sa forme, mais qui ne devient qu'art qu'une fois que l'on transgresse les conventions.
Transgressions qui finissent par devenir conventions.
Transgressions qui finissent par devenir conventions.
Memento- Messages : 223
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Age : 36
Localisation : Ile de France
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Les jeux d'écriture peuvent devenir conventionnels, mais le style survit à toutes les torsions.Memento a écrit:Ce qui me trouble dans l'écriture c'est le fait que c'est à la fois un domaine très restrictif dans sa forme, mais qui ne devient qu'art qu'une fois que l'on transgresse les conventions.
Transgressions qui finissent par devenir conventions.
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Orange a écrit:J'ai un rapport a l'écriture assez étrange, justement parce que j'ai commencé à écrire pour tenter d'établir une forme de communication, ainsi que pour tenter de définir de l'intérieur le bouillonnement de la pensée et d'en écarter les accidents que je subissais alors de plein fouet (paranoïa, psychose, phobies, intrusions irrationnelles etc...)
Je suis un peu pareil : j'ai commencé à écrire parce que je n'avais rien d'autre à faire, et j'ai trouvé dans l'exercice un moyen d'expression parfait et un exutoire pour mon imagination (j'ai commencé vers 11/12 ans). J'avais relativement du mal à m'exprimer longuement à l'oral, j'avais l'impression que mes pensées allaient mille fois plus vite que ma capacité à parler, et tout se bloquait dans ma gorge. Du coup, quand je parlais, j'avais un air très pédant (longs espaces entre mes phrases...)
Fata a écrit:Je mets ça sur le compte de l'écriture qui m'a permis de mettre de l'ordre dans cet univers oniroïde qui m'est propre (et cher) et qui m'a contraint à dérouler ma pensée avec le plus de logique possible, à l'intérieur de son délire s'entend. [...]
Bliss a écrit:De plus, la création littéraire, artistique et intellectuelle sont des modes de sublimation.[...]
Et il me semble que c'est aussi pour toi une sorte de catharsis.
L'écriture a carrément une fonction catharsissique (c'est l'une des raisons d'être de l'autobiographie, je crois), mais pour ce qui est de la sublimation... À défaut de magnifier nos désirs, je suis parfaitement d'accord avec Fata : l'écriture permet de mettre des mots sur les concepts qui foisonnent dans nos esprits, de ranger et clarifier tout ça. Pas le rendre "meilleur" ou "plus beau", mais tout simplement pouvoir le définir pour savoir qu'en faire après.
Givre- Messages : 16
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Localisation : Le Mans
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
.
Dernière édition par Mjöllnir le Sam 7 Avr 2012 - 18:12, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
pas mauvais Jai !
Il y a là au creux du cœur une pressante rumeur
un cri, un souffle et parfois un enfant qui a peur.
Tout un mouvement intime et tellurique qui laisse comme d'un geyser s'échapper des vocables.
Toute une âme qui balbutie et souventes fois se tord de joie, d'effroi, d'un désir considérable,
et qui plaide qu'on l'entende, la suive dans ses méandres, chaperonne sa solitude
et qui soulage sa ferveur, partage son ardeur, dilue sa douleur par l'écrit et l'étude.
Il y a là au creux du cœur une pressante rumeur
un cri, un souffle et parfois un enfant qui a peur.
Tout un mouvement intime et tellurique qui laisse comme d'un geyser s'échapper des vocables.
Toute une âme qui balbutie et souventes fois se tord de joie, d'effroi, d'un désir considérable,
et qui plaide qu'on l'entende, la suive dans ses méandres, chaperonne sa solitude
et qui soulage sa ferveur, partage son ardeur, dilue sa douleur par l'écrit et l'étude.
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Très intéressant sujet !
Je ne comprends toutefois pas pourquoi tu lies communication à discipline. Pour moi, l'écriture n'exige absolument pas de discipline. Parles-tu peut-être en particulier de la forme poétique en vers, plus métrée ?
Pour moi il s'agit d'une mélodie, d'un chant transcendantal de l'âme. Au travers de l'écriture, c'est une sorte de vox profundi à mille voix qui s'exprime. Un champs qui vient du choeur, un vrai espace mit en dimension. La poétique y prend tout son sens, toute sa verve éclairante. On peut à dessein voire briller de toute couleur toute chose. Et on peut s'observer prendre forme soi-même, au travers de cet autre qui écrit depuis l'unité paradoxale du moi. S'il y avait une vérité, elle serait bien là à mon sens !
Et c'est par cette caractéristique même que la frustration se manifeste et vient contrecarrer toute promesse de rémission aux tourments de l'âme. En effet, par quelle façon faire advenir la quintessence de ce mouvement au travers d'une unité externe à son moi matérialisée par l'écriture ? Il doit bien y avoir une mythologie qui traite de ce fantasme d'engendrer son double non ? Mais rien n'explique comment saisir dans une unité ce qui vient de la fulgurance même. En d'autres termes, l'infinité des possibles nuit à l'unité, à la réalisation d'une oeuvre qui vivrait par elle-même et permettrait de faire ce foutu lien entre le moi et l'existence au monde. J'imagine que la procrastination fonctionne un peu sur le même thème. On se retrouve dans l'incapacité de l'action du fait de l'infinité des possibles.
Si l'écriture permet une certaine réalisation de soi, je ne vois pas en quoi elle apporte une discipline, bien au contraire.
Merci de m'avoir lu. J'espère ne pas être parti trop loin dans mon délire. Au plaisir de vous lire.
Je ne comprends toutefois pas pourquoi tu lies communication à discipline. Pour moi, l'écriture n'exige absolument pas de discipline. Parles-tu peut-être en particulier de la forme poétique en vers, plus métrée ?
Pour moi il s'agit d'une mélodie, d'un chant transcendantal de l'âme. Au travers de l'écriture, c'est une sorte de vox profundi à mille voix qui s'exprime. Un champs qui vient du choeur, un vrai espace mit en dimension. La poétique y prend tout son sens, toute sa verve éclairante. On peut à dessein voire briller de toute couleur toute chose. Et on peut s'observer prendre forme soi-même, au travers de cet autre qui écrit depuis l'unité paradoxale du moi. S'il y avait une vérité, elle serait bien là à mon sens !
Et c'est par cette caractéristique même que la frustration se manifeste et vient contrecarrer toute promesse de rémission aux tourments de l'âme. En effet, par quelle façon faire advenir la quintessence de ce mouvement au travers d'une unité externe à son moi matérialisée par l'écriture ? Il doit bien y avoir une mythologie qui traite de ce fantasme d'engendrer son double non ? Mais rien n'explique comment saisir dans une unité ce qui vient de la fulgurance même. En d'autres termes, l'infinité des possibles nuit à l'unité, à la réalisation d'une oeuvre qui vivrait par elle-même et permettrait de faire ce foutu lien entre le moi et l'existence au monde. J'imagine que la procrastination fonctionne un peu sur le même thème. On se retrouve dans l'incapacité de l'action du fait de l'infinité des possibles.
Si l'écriture permet une certaine réalisation de soi, je ne vois pas en quoi elle apporte une discipline, bien au contraire.
Merci de m'avoir lu. J'espère ne pas être parti trop loin dans mon délire. Au plaisir de vous lire.
siddhartha- Messages : 378
Date d'inscription : 25/01/2012
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Localisation : Sur le chemin après ma rencontre avec Alice Miller
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Si l'écriture vient du cerveau droit et la rigueur du cerveau gauche, ce qui est à peu près certains vu la qualité d'écriture de ce forum, il faut quand même une certaine discipline pour domestiquer ladite écriture. Je veux dire par là, la rendre compréhensible pour tous, ce qui est loin d'être le cas sur ce même forum. Pourquoi se rendre compréhensible me demanderez-vous ?
Eh bien je dirais que puisque l'écriture de votre cerveau droit vient combler une certaine incompétence de votre cerveau gauche dans le but de communiquer avec autrui il est primordial d'être compris non ?
C'est bien beau de laisser libre court à sa créativité, à sa fameuse pensée en arborescence. Ca fait drolement du bien même. Mais si à la fin personne ne comprend ce que vous avez voulu dire, il n'y a point de communication. Le Z retombe dans ses travers, dans son enfermement.
Mais tout dépend encore du but de son écriture. Désire-t-on vraiment communiquer ? Ou plutôt se guérir ? Il n'y a pas d'écriture inutile, une écriture qui vaudrait plus qu'une autre à mon sens, mais il est important de définir son écriture.
En ça l'écriture demande une infinie rigueur et une infinie discipline. PArdonnez-moi l'expression, mais avec toutes les merdes qui sont publiées de nos jours on a un peu tendance à vite l'oublier. La plupart des grandes oeuvres me semble être le travail de véritables maniaques de la rigueur et de la discipline. Que l'on revisite les biographies des grands écrivains. C'est le feu sacré qui les animait. Rien d'autres. 12 ou 18h de travail à la plume et à la chandelle. Beaucoup était probablement Z d'ailleurs.
Ecrire c'est facile pour nous, visuliser la production dans sa finalité, dans sa globalité, il n'y a rien de plus simple. ET même lorsque l'on ne sait pas où l'on va, l'on sait d'où l'on part. Il n'y a ensuite qu'à suivre les branches de l'arbre.
Corriger un texte, sa syntaxe, sa construction, sa linéarité, son orthographe etc voila qui demande rigueur et discipline, force et courage, et un cerveau gauche en bon état de fonctionnement. Un défi pour certains Z
Partir dans ses circonvolutions métaphysiques comme c'est courant ici et là, c'est assez facile. Se faire comprendre un peu moins. Et si nous ne sommes pas compris... Ou de si peu...
PArdon Fata si je réponds à côté, à vrai dire j'ai déja oublié ton premier post. Je me suis focalisé sur le mot "discipline" et le lien entre les deux cerveaux. Ca m'a parlé...
Eh bien je dirais que puisque l'écriture de votre cerveau droit vient combler une certaine incompétence de votre cerveau gauche dans le but de communiquer avec autrui il est primordial d'être compris non ?
C'est bien beau de laisser libre court à sa créativité, à sa fameuse pensée en arborescence. Ca fait drolement du bien même. Mais si à la fin personne ne comprend ce que vous avez voulu dire, il n'y a point de communication. Le Z retombe dans ses travers, dans son enfermement.
Mais tout dépend encore du but de son écriture. Désire-t-on vraiment communiquer ? Ou plutôt se guérir ? Il n'y a pas d'écriture inutile, une écriture qui vaudrait plus qu'une autre à mon sens, mais il est important de définir son écriture.
En ça l'écriture demande une infinie rigueur et une infinie discipline. PArdonnez-moi l'expression, mais avec toutes les merdes qui sont publiées de nos jours on a un peu tendance à vite l'oublier. La plupart des grandes oeuvres me semble être le travail de véritables maniaques de la rigueur et de la discipline. Que l'on revisite les biographies des grands écrivains. C'est le feu sacré qui les animait. Rien d'autres. 12 ou 18h de travail à la plume et à la chandelle. Beaucoup était probablement Z d'ailleurs.
Ecrire c'est facile pour nous, visuliser la production dans sa finalité, dans sa globalité, il n'y a rien de plus simple. ET même lorsque l'on ne sait pas où l'on va, l'on sait d'où l'on part. Il n'y a ensuite qu'à suivre les branches de l'arbre.
Corriger un texte, sa syntaxe, sa construction, sa linéarité, son orthographe etc voila qui demande rigueur et discipline, force et courage, et un cerveau gauche en bon état de fonctionnement. Un défi pour certains Z
Partir dans ses circonvolutions métaphysiques comme c'est courant ici et là, c'est assez facile. Se faire comprendre un peu moins. Et si nous ne sommes pas compris... Ou de si peu...
PArdon Fata si je réponds à côté, à vrai dire j'ai déja oublié ton premier post. Je me suis focalisé sur le mot "discipline" et le lien entre les deux cerveaux. Ca m'a parlé...
Invité- Invité
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Pour répondre à ta question Fata, je dirais que c'est envisageable.
Si l'on imagine que tu as travaillé ce que tu as écris dans les buts que j'ai trop longuement étalé à mon goût, on pourrait envisager qu'à force ton cerveau gauche aurait repris une certaine dextérité, que le droit aurait reconnu qu'il était quand même un peu utile l'autre, et que les deux se soient enfin mis à coopérer. Ce qui serait une belle réussite sur le chemin de ton développement personnel, en passant.
Dans ce cas, il y aurait bien domestication de tes envolées sauvages. (uniquement peut-être en cas d'écriture ? non ? )
Si l'on imagine que tu as travaillé ce que tu as écris dans les buts que j'ai trop longuement étalé à mon goût, on pourrait envisager qu'à force ton cerveau gauche aurait repris une certaine dextérité, que le droit aurait reconnu qu'il était quand même un peu utile l'autre, et que les deux se soient enfin mis à coopérer. Ce qui serait une belle réussite sur le chemin de ton développement personnel, en passant.
Dans ce cas, il y aurait bien domestication de tes envolées sauvages. (uniquement peut-être en cas d'écriture ? non ? )
Invité- Invité
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Merci beaucoup de ta réponse Le shunt', elle m'a plutôt rabattu le moulin à idées. Du moins dans un premier temps et j'aimerais beaucoup développer quelques éléments pour mieux comprendre.
J'entends tout à fait tes explications au regard de beaucoup des oeuvres magistrales que l'on peut trouver en littérature. Et j'y souscris. Loin de moi l'idée de sanctuariser l'écriture et de considérer que toute production vaille l'intérêt d'être considérée. Cependant, tes remarques m'amènent plusieurs questions.
1. Si l'on considère comme tu le soulignes très bien qu'il y a toute sortes d'écritures, j'aimerais faire une analogie avec toute forme d'art. Comment considérer de façon générale la production artistique, et non seulement l'écriture ? La démarche en tant que telle n'est-elle pas déjà un aboutissement du travail d'interrogation du monde ? En fait, je ne comprends pas bien ce que tu signifies par la définition de son écriture, puisque c'est de là que tu développes la nécessité d'une rigueur et d'une discipline. Peux-tu m'éclairer STP ?
2. J'ai toujours du mal avec ces idées de cerveau droit et gauche. Mais quoi qu'il en soit, n'est-ce pas un amalgame que de considérer la correction comme le cadre d'un processus qui lui précèderait ? L'écriture n'existerait-elle que par une forme de contrôle ? A quel niveau se fait la correction ? N'est-on pas déjà dans une forme de correction dans le déroulement même de la production de l'écrit ? Si l'on considère que ce n'est pas le cas, je comprends l'idée de domestication. Mais dans le cas contraire, il s'agit plutôt d'identifier où commence l'unité de la production écrite. En d'autres termes, à quel moment de l'écriture peut-on considérer que l'on a écrit ?
Je suis tout à fait en accord avec les éléments que tu donnes, je ne voudrais pas de malentendu. Vue comme la seule expression libératrice, on atteint rapidement des limites. Pour autant, il me semble y avoir un espace important entre cette idée de discipline et la simple excavation de soi avant la rencontre avec le récepteur.
J'ai peut-être moi-même glissé en considérant de façon quasi synonyme domestication et discipline. Navré si c'est le cas, c'est que cette discussion m'a interpellé sur le rôle de l'écriture et que j'y trouvais ainsi un ancrage fort intéressant autour duquel j'apprécie vos avis.
Merci beaucoup pour tous ces échanges passionnants dans ce forum. Je trouve cet endroit incroyable.
J'entends tout à fait tes explications au regard de beaucoup des oeuvres magistrales que l'on peut trouver en littérature. Et j'y souscris. Loin de moi l'idée de sanctuariser l'écriture et de considérer que toute production vaille l'intérêt d'être considérée. Cependant, tes remarques m'amènent plusieurs questions.
1. Si l'on considère comme tu le soulignes très bien qu'il y a toute sortes d'écritures, j'aimerais faire une analogie avec toute forme d'art. Comment considérer de façon générale la production artistique, et non seulement l'écriture ? La démarche en tant que telle n'est-elle pas déjà un aboutissement du travail d'interrogation du monde ? En fait, je ne comprends pas bien ce que tu signifies par la définition de son écriture, puisque c'est de là que tu développes la nécessité d'une rigueur et d'une discipline. Peux-tu m'éclairer STP ?
2. J'ai toujours du mal avec ces idées de cerveau droit et gauche. Mais quoi qu'il en soit, n'est-ce pas un amalgame que de considérer la correction comme le cadre d'un processus qui lui précèderait ? L'écriture n'existerait-elle que par une forme de contrôle ? A quel niveau se fait la correction ? N'est-on pas déjà dans une forme de correction dans le déroulement même de la production de l'écrit ? Si l'on considère que ce n'est pas le cas, je comprends l'idée de domestication. Mais dans le cas contraire, il s'agit plutôt d'identifier où commence l'unité de la production écrite. En d'autres termes, à quel moment de l'écriture peut-on considérer que l'on a écrit ?
Je suis tout à fait en accord avec les éléments que tu donnes, je ne voudrais pas de malentendu. Vue comme la seule expression libératrice, on atteint rapidement des limites. Pour autant, il me semble y avoir un espace important entre cette idée de discipline et la simple excavation de soi avant la rencontre avec le récepteur.
J'ai peut-être moi-même glissé en considérant de façon quasi synonyme domestication et discipline. Navré si c'est le cas, c'est que cette discussion m'a interpellé sur le rôle de l'écriture et que j'y trouvais ainsi un ancrage fort intéressant autour duquel j'apprécie vos avis.
Merci beaucoup pour tous ces échanges passionnants dans ce forum. Je trouve cet endroit incroyable.
siddhartha- Messages : 378
Date d'inscription : 25/01/2012
Age : 39
Localisation : Sur le chemin après ma rencontre avec Alice Miller
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Pour ma part, de la part de ma part (hémisphère droit je crois) qui vient de vous lire, pour capturer au plus juste au plus frais les "murmures", sans les distorsions en effet possibles dues à la retranscription sur le papier, dans l'idée comme Bliss de limiter celles-ci habilement par "la répartition des taches", je me suis acheté un Dictaphone !
Et . . . ce n'est en fait pas tellement plus pratique qu'une feuille de papier. Il faudrait un kit main-libre en attendant la version qui permettra grâce à un petit implant judicieusement placé là où il faut et au Bluetooth, de copier directement vos pensées sur le support de votre choix sous forme de textes et d'images en qualité Blueray que vous n'aurez plus qu'à lire, voir ou entendre à loisir afin de les clarifier.
Je m'égare ? Pardon, il fallait que je l'écrive, au risque d'oublier.
Et . . . ce n'est en fait pas tellement plus pratique qu'une feuille de papier. Il faudrait un kit main-libre en attendant la version qui permettra grâce à un petit implant judicieusement placé là où il faut et au Bluetooth, de copier directement vos pensées sur le support de votre choix sous forme de textes et d'images en qualité Blueray que vous n'aurez plus qu'à lire, voir ou entendre à loisir afin de les clarifier.
Je m'égare ? Pardon, il fallait que je l'écrive, au risque d'oublier.
Akash- Messages : 7
Date d'inscription : 21/01/2012
Age : 57
Localisation : St Etienne
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
La distinction entre les mots et les nombres c'est que les mots sont polysémiques. Dire "un lac" devant un pécheur et dire "un lac" devant un moine zen n'a pas les mêmes échos dans les cœurs. Pour moi les noms des objets de la nature sont utilisés comme un réservoir d'images qui me permettent d'exprimer mon monde intérieur. Dans mon langage LE jardin n'est pas un potager, ni même un parterre fleuri, mais bel et bien un état d'être lié à l'innocence et à la fraîcheur d'âme. Il paraît qu'en Inde on appelle cet état un état sattvique. Soit, la Bible elle parlerait d'eden. C'est pourquoi pour moi (mais pas seulement) dire une chose, c'est toujours dire autre chose...
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Je crois qu'il ne faut pas confondre les automatismes de la pensée avec... de la pensée.
Et justement, ordonner par l'écriture, soumettre même, ces automatismes à une discipline rigoureuse nous permet d'échapper au manège de la roue-libre mentale. La plupart du temps cette gène tient au fait que nous ne pensons à rien de précis, la machine moult son grain et tout ce que les évènements lui apportent, indifféremment. Alors que quand on lui trace des sentiers bien délimités, elle finit par rentrer dans le rang et se muer en efficacité.
Mais bien plus important encore est l'acquisition d'un centre, d'un pôle, d'un nord. Que de ce phylum ne fasse pas naître anarchiquement tout une foison de surjets qui partent dans toutes les directions, mais UNE plante achevée portant et fleur et fruit. Et pour cela, il faut trouver l'axe de sa vie...
Et justement, ordonner par l'écriture, soumettre même, ces automatismes à une discipline rigoureuse nous permet d'échapper au manège de la roue-libre mentale. La plupart du temps cette gène tient au fait que nous ne pensons à rien de précis, la machine moult son grain et tout ce que les évènements lui apportent, indifféremment. Alors que quand on lui trace des sentiers bien délimités, elle finit par rentrer dans le rang et se muer en efficacité.
Mais bien plus important encore est l'acquisition d'un centre, d'un pôle, d'un nord. Que de ce phylum ne fasse pas naître anarchiquement tout une foison de surjets qui partent dans toutes les directions, mais UNE plante achevée portant et fleur et fruit. Et pour cela, il faut trouver l'axe de sa vie...
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Il y à le soulagement, la catharsis, et puis il y à la mise en ordre. C'est là qu'intervient la discipline... Quand je faisais des travaux universitaires, ça foisonnait longtemps, mais tant qu'il n'y avait pas l'aperçu d'une globalité, il ne pouvait pas y avoir de produit fini. L'écriture me permet à la fois de communiquer sur moi, sur la façon dont j'envisage ce monde (en gros ma sensibilité) mais également de structurer ma pensée. Sans cette structuration il n'y a que des mots jetés à l'emporte pièce. C'est peut être pour ça que j'ai tant de mal à "achever"...
Je suis d'accord avec Le Shung, le mythe du premier jet n'est qu'un mythe. Il faut plusieurs couches pour peindre un tableau.
Je suis hors sujet? Peut être...
Je suis d'accord avec Le Shung, le mythe du premier jet n'est qu'un mythe. Il faut plusieurs couches pour peindre un tableau.
Je suis hors sujet? Peut être...
bandini- Messages : 22
Date d'inscription : 05/08/2012
Age : 45
Localisation : dakar
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
Désolé pour les accents sur les "a" qui n'ont rien à faire là...
bandini- Messages : 22
Date d'inscription : 05/08/2012
Age : 45
Localisation : dakar
Re: L'écriture: une discipline qui domestique le zèbre ?
the orange a écrit:
Lire, c’est sauter dans le vide, abandonner ce qu’on s’attend à trouver, abandonner sa santé mentale, accepter d’entendre une voix parler dans sa tête et lui raconter n’importe quoi. Accepter de voir des images tout en lisant des mots ; en un mot : halluciner. Tout le monde devrait lire.
*clap clap*
Invité- Invité
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