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Message par Invité Sam 22 Déc 2012 - 22:22

*


Dernière édition par vigne le Jeu 18 Avr 2013 - 11:23, édité 1 fois

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Message par Invité Sam 22 Déc 2012 - 22:27

..


Dernière édition par vigne le Jeu 18 Avr 2013 - 11:23, édité 1 fois

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Message par nails Sam 19 Jan 2013 - 20:05

De la prose, Clark A. Smith.

.: La Litanie des sept baisers :.

I

J'embrasse t'es mains... tes mains dont les doigts ont la délicatesse et la pâleur des pétales du lotus blanc.

II

J'embrasse ta chevelure, dont le lustre et l'éclat égalent ceux des joyaux noirs... Elle est plus sombre que le Léthé lorsqu'on le voit couler à minuit à travers les contrées du rêve qui fleurent le pavot, et que nulle lune n'éclaire.

III

J'embrasse ton front. Il est pour moi semblable au lever de la lune sur une vallée de cèdres.

IV

J'embrasse t'es joues sur lesquelles s'attarde une faible rougeur; on croirait le reflet d'une rose que l'on approche d'une urne d'albâtre.

V

J'embrasse t'es paupières et les compare aux fleurs veinées de pourpre qui se ferment, vaincues par le soir tropical, dans un pays où les couchers de soleil flamboient avec l'éclat de l'ambre incandescent.

VI

J'embrasse ta gorge dont la pâleur ardente est la pâleur du marbre qu'un soleil automnal est venu attiédir.

VII

J'embrasse ta bouche. Elle a la saveur et le parfum de ces fruits qu'embruine une fontaine magique, là-bas, dans le secret paradis que nous seuls trouverons; un paradis où ceux qui y parviennent demeurent à jamais, car de cette fontaine coulent les eaux du Léthé et les fruits dont je parle sont ceux de l'arbre de Vie.
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Message par Invité Mer 13 Mar 2013 - 13:13

+1 pour : Il pleure sur mon coeur comme il pleut sur ma ville
+1 pour l'albatros
+1 pour Rilke

Et mon poète préféré c'est Appollinaire, avec son recueil "poèmes à Lou", dont celui là que j'aime beaucoup :

Adieu !


L’amour est libre il n’est jamais soumis au sort
O Lou le mien est plus fort encor que la mort
Un cœur le mien te suit dans ton voyage au Nord

Lettres Envoie aussi des lettres ma chérie
On aime en recevoir dans notre artillerie
Une par jour au moins une au moins je t’en prie

Lentement la nuit noire est tombée à présent
On va rentrer après avoir acquis du zan
Une deux trois A toi ma vie A toi mon sang

La nuit mon coeur la nuit est très douce et très blonde
O Lou le ciel est pur aujourd’hui comme une onde
Un cœur le mien te suit jusques au bout du monde

L’heure est venue Adieu l’heure de ton départ
On va rentrer Il est neuf heures moins le quart
Une deux trois Adieu de Nîmes dans le Gard

4 fév. 1915

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Message par Invité Mer 13 Mar 2013 - 13:40

Mon poème préféré est celui-ci:


Fantaisie

Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.

Or, chaque fois que je viens à l’entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit:
C’est sous Louis treize; et je crois voir s’étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit,

Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre les fleurs ;

Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que, dans une autre existence peut-être,
J’ai déjà vue... - et dont je me souviens !



Gérard de Nerval

Un autre que j'aime bien, sans toutefois le connaître par coeur:


Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupître et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom.

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom.

Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom

Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom

Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunies
J'écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom

Sur l'absence sans désirs
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenirs
J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.




Paul ÉLUARD

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Message par ΣΦ Jeu 28 Mar 2013 - 21:51

Qu'il vive !


Dans mon pays, les tendres preuves du printemps et les oiseaux mal habillés
sont préférés aux buts lointains.

La vérité attend l'aurore à côté d'une bougie.

Le verre de fenêtre est négligé. Qu'importe à l'attentif.

Dans mon pays, on ne questionne pas un homme ému.

Il n'y a pas d'ombre maigre sur la barque chavirée.

Bonjour à peine est inconnu dans mon pays.

On n'emprunte que ce qui peut se rendre augmenté.

Il y a des feuilles, beaucoup de feuilles sur les arbres de mon pays.
Les branches sont libres de ne pas avoir de fruits.

On ne croit pas à la bonne foi du vainqueur.

Dans mon pays, on remercie.


René Char - Les matinaux

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Message par laDivine Sam 20 Avr 2013 - 9:09

Bonjour,

C'est difficile pour moi de trancher en ce qui concerne mes poèmes préférés.

Je pense à Rimbaud, Aragon ou Hugo par exemple.

Roman

I

On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
- On va sous les tilleuls verts de la promenade.

Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin -
A des parfums de vigne et des parfums de bière...

II

- Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon
D'azur sombre, encadré d'une petite branche,
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche...

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête...

III

Le coeur fou robinsonne à travers les romans,
- Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l'ombre du faux col effrayant de son père...

Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif...
- Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...

IV

Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.
Vous êtes amoureux. - Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût.
- Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !...

- Ce soir-là..., - vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade...
- On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.

ou alors Victor Hugo dans La Légende des siècles

Booz endormi

Booz s'était couché de fatigue accablé ;
Il avait tout le jour travaillé dans son aire ;
Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ;
Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé.

Ce vieillard possédait des champs de blés et d'orge ;
Il était, quoique riche, à la justice enclin ;
Il n'avait pas de fange en l'eau de son moulin ;
Il n'avait pas d'enfer dans le feu de sa forge.

Sa barbe était d'argent comme un ruisseau d'avril.
Sa gerbe n'était point avare ni haineuse ;
Quand il voyait passer quelque pauvre glaneuse :
- Laissez tomber exprès des épis, disait-il.

Cet homme marchait pur loin des sentiers obliques,
Vêtu de probité candide et de lin blanc ;
Et, toujours du côté des pauvres ruisselant,
Ses sacs de grains semblaient des fontaines publiques.

Booz était bon maître et fidèle parent ;
Il était généreux, quoiqu'il fût économe ;
Les femmes regardaient Booz plus qu'un jeune homme,
Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand.

Le vieillard, qui revient vers la source première,
Entre aux jours éternels et sort des jours changeants ;
Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens,
Mais dans l'oeil du vieillard on voit de la lumière.

Donc, Booz dans la nuit dormait parmi les siens ;
Près des meules, qu'on eût prises pour des décombres,
Les moissonneurs couchés faisaient des groupes sombres ;
Et ceci se passait dans des temps très anciens.

Les tribus d'Israël avaient pour chef un juge ;
La terre, où l'homme errait sous la tente, inquiet
Des empreintes de pieds de géants qu'il voyait,
Etait mouillée encore et molle du déluge.

Comme dormait Jacob, comme dormait Judith,
Booz, les yeux fermés, gisait sous la feuillée ;
Or, la porte du ciel s'étant entre-bâillée
Au-dessus de sa tête, un songe en descendit.

Et ce songe était tel, que Booz vit un chêne
Qui, sorti de son ventre, allait jusqu'au ciel bleu ;
Une race y montait comme une longue chaîne ;
Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu.

Et Booz murmurait avec la voix de l'âme :
" Comment se pourrait-il que de moi ceci vînt ?
Le chiffre de mes ans a passé quatre-vingt,
Et je n'ai pas de fils, et je n'ai plus de femme.

" Voilà longtemps que celle avec qui j'ai dormi,
O Seigneur ! a quitté ma couche pour la vôtre ;
Et nous sommes encor tout mêlés l'un à l'autre,
Elle à demi vivante et moi mort à demi.

" Une race naîtrait de moi ! Comment le croire ?
Comment se pourrait-il que j'eusse des enfants ?
Quand on est jeune, on a des matins triomphants ;
Le jour sort de la nuit comme d'une victoire ;

Mais vieux, on tremble ainsi qu'à l'hiver le bouleau ;
Je suis veuf, je suis seul, et sur moi le soir tombe,
Et je courbe, ô mon Dieu ! mon âme vers la tombe,
Comme un boeuf ayant soif penche son front vers l'eau. "

Ainsi parlait Booz dans le rêve et l'extase,
Tournant vers Dieu ses yeux par le sommeil noyés ;
Le cèdre ne sent pas une rose à sa base,
Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds.

Pendant qu'il sommeillait, Ruth, une moabite,
S'était couchée aux pieds de Booz, le sein nu,
Espérant on ne sait quel rayon inconnu,
Quand viendrait du réveil la lumière subite.

Booz ne savait point qu'une femme était là,
Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d'elle.
Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle ;
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.

L'ombre était nuptiale, auguste et solennelle ;
Les anges y volaient sans doute obscurément,
Car on voyait passer dans la nuit, par moment,
Quelque chose de bleu qui paraissait une aile.

La respiration de Booz qui dormait
Se mêlait au bruit sourd des ruisseaux sur la mousse.
On était dans le mois où la nature est douce,
Les collines ayant des lys sur leur sommet.

Ruth songeait et Booz dormait ; l'herbe était noire ;
Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement ;
Une immense bonté tombait du firmament ;
C'était l'heure tranquille où les lions vont boire.

Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;
Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l'ombre
Brillait à l'occident, et Ruth se demandait,

Immobile, ouvrant l'oeil à moitié sous ses voiles,
Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été,
Avait, en s'en allant, négligemment jeté
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles.



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Message par Pieyre Sam 25 Mai 2013 - 8:40

    Le ciel est par‑dessus le toit,
          Si bleu, si calme !
    Un arbre, par‑dessus le toit,
          Berce sa palme.

    La cloche, dans le ciel qu'on voit,
          Doucement tinte.
    Un oiseau sur l'arbre qu'on voit
          Chante sa plainte.

    Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,
          Simple et tranquille.
    Cette paisible rumeur‑là
          Vient de la ville.

    Qu'as‑tu fait, ô toi que voilà
          Pleurant sans cesse,
    Dis, qu'as‑tu fait, toi que voilà,
          De ta jeunesse ?

    — Verlaine, Sagesse, III, VI (écrit en prison)

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Message par dessein Sam 25 Mai 2013 - 11:42

"

J'ai mis mon képi dans la cage

Et je suis sorti avec l'oiseau sur la tête

Alors

On ne salue plus

A demandé le commandant

Non

On ne salue plus

A répondu l'oiseau

Ah bon

Excusez-moi je croyais qu'on saluait

A dit le commandant

Vous êtes tout excusé tout le monde peut se tromper

A dit l'oiseau

"


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Message par Olifaxe Sam 1 Juin 2013 - 21:39

Les passantes, d'Antoine Pol, mis en musique par Brassens.



L'éloge de la fatigue, de R. Lamoureux.



La Mort et le Mourant, de Jean de la Fontaine

La Mort ne surprend point le sage ;
Il est toujours prêt à partir,
S'étant su lui-même avertir
Du temps où l'on se doit résoudre à ce passage.
Ce temps, hélas ! embrasse tous les temps :
Qu'on le partage en jours, en heures, en moments,
Il n'en est point qu'il ne comprenne
Dans le fatal tribut ; tous sont de son domaine ;
Et le premier instant où les enfants des rois
Ouvrent les yeux à la lumière,
Est celui qui vient quelquefois
Fermer pour toujours leur paupière.
Défendez-vous par la grandeur,
Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse,
La mort ravit tout sans pudeur
Un jour le monde entier accroîtra sa richesse.
Il n'est rien de moins ignoré,
Et puisqu'il faut que je le die,
Rien où l'on soit moins préparé.
Un mourant qui comptait plus de cent ans de vie,
Se plaignait à la Mort que précipitamment
Elle le contraignait de partir tout à l'heure,
Sans qu'il eût fait son testament,
Sans l'avertir au moins. Est-il juste qu'on meure
Au pied levé ? dit-il : attendez quelque peu.
Ma femme ne veut pas que je parte sans elle ;
Il me reste à pourvoir un arrière-neveu ;
Souffrez qu'à mon logis j'ajoute encore une aile.
Que vous êtes pressante, ô Déesse cruelle !
- Vieillard, lui dit la mort, je ne t'ai point surpris ;
Tu te plains sans raison de mon impatience.
Eh n'as-tu pas cent ans ? trouve-moi dans Paris
Deux mortels aussi vieux, trouve-m'en dix en France.
Je devais, ce dis-tu, te donner quelque avis
Qui te disposât à la chose :
J'aurais trouvé ton testament tout fait,
Ton petit-fils pourvu, ton bâtiment parfait ;
Ne te donna-t-on pas des avis quand la cause
Du marcher et du mouvement,
Quand les esprits, le sentiment,
Quand tout faillit en toi ? Plus de goût, plus d'ouïe :
Toute chose pour toi semble être évanouie :
Pour toi l'astre du jour prend des soins superflus :
Tu regrettes des biens qui ne te touchent plus
Je t'ai fait voir tes camarades,
Ou morts, ou mourants, ou malades.
Qu'est-ce que tout cela, qu'un avertissement ?
Allons, vieillard, et sans réplique.
Il n'importe à la république
Que tu fasses ton testament.
La mort avait raison. Je voudrais qu'à cet âge
On sortît de la vie ainsi que d'un banquet,
Remerciant son hôte, et qu'on fit son paquet ;
Car de combien peut-on retarder le voyage ?
Tu murmures, vieillard ; vois ces jeunes mourir,
Vois-les marcher, vois-les courir
A des morts, il est vrai, glorieuses et belles,
Mais sûres cependant, et quelquefois cruelles.
J'ai beau te le crier ; mon zèle est indiscret :
Le plus semblable aux morts meurt le plus à regret.


Le Voyage de Baudelaire. Dit içi par Luchini

https://www.dailymotion.com/video/x489cw_par-coeur-luchini-part-1-5_news&start=164

Tant et tant d'autre, mais je commence déjà à vous saouler.
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Message par j0hn Sam 22 Juin 2013 - 18:48

Ceux qui….

Celui qui sourit garde son calme dans l'angoisse et dont la voix ne tremble pas pour que cet autre ne pleure pas et ne cède pas à la détresse.

Celui qui au tard de la nuit dangereuse laisse la clef sur la porte afin que celui qui s'est attardé trouve la maison ouverte.

Celui qui avec un soin extrême et beaucoup de temps peint de lapis et saupoudre de grains d'or l'intérieur d'un placard qu'on n'ouvrira jamais.

Pierre Bonnard qu'un gardien surprend dans un musée en train de retoucher la minuscule tache de vert d'une feuille d'arbre d'un tableau de sa jeunesse.

Celui qui triche aux cartes et s'applique à perdre à la perfection afin que le petit garçon croie qu'il a gagné seul et rie aux éclats.

Graham Greene qui donnait de l'argent à un producteur de cinéma en lui demandant de faire semblant d'acheter les droits du roman d'un écrivain pauvre et malade.

Celui qui ment si bien à l'homme qui va mourir que celui-ci reprend espoir et meurt sans s'en apercevoir.

Celui qui dit si bien la vérité à l'homme qui va mourir que celui-ci s'en va les yeux ouverts et réconcilié.

(Hôpital Marie Lannelongue, 7 juin 1983)

Claude Roy, A la lisière du temps, suivi de Le voyage d'automne, préface d'Octavio Paz, Poésie/Gallimard 1990 (n°239). p. 112
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Message par j0hn Sam 22 Juin 2013 - 18:52

Et puis cet autre de Claude Roy : 


A peine si le vent retrousse un peu la mer,
Fait mousser sur son bleu un coin de jupon blanc.
A peine si le sang à ton front quand tu dors
Compte tout doucement l’aller-retour du temps.

A peine si les cris des enfants sur la plage
Se mélangent au flot qui chuchote ses plis.
A peine si le blanc d’un tout petit nuage
Eclabousse le bleu du ciel ourlé de gris.
A peine si j’écris, à peine si tu dors,
A peine s’il fait chaud, à peine si je vis.
Et je ferme les yeux croyant laisser dehors
Tout ce qui n’est pas toi, mon amour, endormi.
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Message par Kalimsha Sam 22 Juin 2013 - 19:49

Dans la catégorie grands classiques, merveilleux:

LE DORMEUR DU VAL

C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud
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Message par Ainaelin Dim 23 Juin 2013 - 17:53

Ca fait longtemps que je ne lis plus de poésie. Mes poèmes favoris datent donc de mon adolescence.
Le truc marrant est qu'à une exception près, ils ne parlent que de dépression ou de suicide, alors que, sans être quelqu'un de très joyeux, je n'étais pas, à l'époque, extrêmement triste non plus. La seule fois où j'ai pensé sérieusement au suicide dans ma vie, j'avais 35 ans, et la pensée n'a duré que deux secondes, je l'ai écartée immédiatement comme stupide et dramatisante au possible. Elle ne répondait pas à un besoin même si j'étais mal à l'époque.
Ceci dit, les poèmes qui m'ont touché sont des poèmes aux pensées sombres :

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.


Baudelaire - Les Fleurs du mal - LXXVIII - Spleen

*****************

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.


Verlaine - Poèmes saturniens - Mon rêve familier

*****************
From too much hope of living,
From hope and fear set free,
We thank with brief thanksgiving
Whatever gods may be,
That no life lives forever
That dead men rise up never;
That even the weariest river
Winds somewhere safe to sea.

(De trop de foi dans la vie,
De trop d'espoir et de trop de crainte,
Nous rendons grâce en une brève prière
Aux dieux qui nous en délivrent, et grâce leur en soit rendue,
Que nulle vie ne soit éternelle,
Que nul mort ne renaisse jamais;
Que même la plus lasse rivière
Trouve un jour son repos en mer.)

Swinburne - cité par Jack London dans le roman Martin Eden - traduction par Claude Cendrée

*************

The sea is still and deep
All things within its bosom sleep ;
A single step and all is o'er,
a plunge, a bubble, and no more.


(La mer est muette et profonde
Toute chose dort en son sein;
Un seul pas et tout est fini,
Un plongeon, une bulle, et plus rien.)


Longfellow - cité par Jack London dans le roman Martin Eden - traduction par Claude Cendrée
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Message par Bird Dim 23 Juin 2013 - 22:20

La vie aura passé comme un grand château triste que tous les vents traversent
Les courants d'air claquent les portes et pourtant aucune chambre n'est fermée
Il s'y assied des inconnus pauvres et las qui sait pourquoi certains armés
Les herbes ont poussé dans les fossés si bien qu'on n'en peut plus baisser la herse

Quand j'étais jeune on me racontait que bientôt viendrait la victoire des anges
Ah comme j'y ai cru comme j'y ai cru puis voilà que je suis devenu vieux
Le temps des jeunes gens leur est une mèche toujours retombant dans les yeux
Et ce qu'il en reste aux vieillards est trop lourd et trop court que pour eux le vent change

{Refrain}
J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon coeur quatre fois y battre
Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ
Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre

Je vois tout ce que vous avez devant vous de malheur de sang de lassitude
Vous n'aurez rien appris de nos illusions rien de nos faux pas compris
Nous ne vous aurons à rien servi vous devrez à votre tour payer le prix
Je vois se plier votre épaule A votre front je vois le pli des habitudes

Bien sûr bien sûr vous me direz que c'est toujours comme cela mais justement
Songez à tous ceux qui mirent leurs doigts vivants leurs mains de chair dans l'engrenage
Pour que cela change et songez à ceux qui ne discutaient même pas leur cage
Est-ce qu'on peut avoir le droit au désespoir le droit de s'arrêter un moment

{Refrain}

Songez qu'on n'arrête jamais de se battre et qu'avoir vaincu n'est trois fois rien
Et que tout est remis en cause du moment que l'homme de l'homme est comptable
Nous avons vu faire de grandes choses mais il y en eut d'épouvantables
Car il n'est pas toujours facile de savoir où est le mal où est le bien

Et vienne un jour quand vous aurez sur vous le soleil insensé de la victoire
Rappelez-vous que nous avons aussi connu cela que d'autres sont montés
Arracher le drapeau de la servitude à l'Acropole et qu'on les a jetés
Eux et leur gloire encore haletants dans la fosse commune de l'histoire

{Refrain}

Je ne dis pas cela pour démoraliser Il faut regarder le néant
En face pour savoir en triompher Le chant n'est pas moins beau quand il décline
Il faut savoir ailleurs l'entendre qui renaît comme l'écho dans les collines
Nous ne sommes pas seuls au monde à chanter et le drame est l'ensemble des chants

Le drame il faut savoir y tenir sa place et même qu'une voix se taise
Sachez-le toujours le choeur profond reprend la phrase interrompue
Du moment que jusqu'au bout de lui même Le chanteur a fait ce qu'il a pu
Qu'importe si chemin faisant vous allez m'abandonner comme une hypothèse


Extrait du poème d'Aragon: "Je me tiens sur le seuil de la vie et de la mort", chanté par J. Ferrat


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Message par Bouclette Sam 3 Aoû 2013 - 22:05

Le Cancre

Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le coeur
il dit oui à ce qu'il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec les craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur.

Jacques Prévert.
C'est un classique, mais je trouve cette poésie tellement magnifique. On peut l'interpréter de mile et une façons... Ange
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Message par Bird Sam 3 Aoû 2013 - 22:20

Se coucher tard
Nuit
(R. Devos)
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Message par Cypher Sam 3 Aoû 2013 - 23:57

Ozymandias

Un jour un voyageur d'un pays antique
Me dit : « Deux énormes jambes en pierre, dépourvues de tronc,
Se dressent dans le désert... Auprès d'elles, dans le sable,
À moitié enterré gît un visage fracassé, dont le front renfrogné

La lèvre retroussée, le sourire d'une froide autorité,
Proclament que le sculpteur savait lire les passions
Qui, imprimées sur ses choses sans vie, survivent encore
À la main qui les imita comme au cœur qui les nourrit;

Et sur le piédestal on pouvait lire ces mots:
Je suis Ozymandias, Roi des rois,
Contemplez mon œuvre Ô puissants, et désespérez !

Rien à part cela ne reste. Autour des décombres
De ce colossal naufrage, s'étendent dans le lointain
Les sables solitaires et plats, vides jusqu'à l'horizon.

(Percy Bysshe Shelley)

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Message par Invité Dim 4 Aoû 2013 - 0:40

Il y avait qu'il fallait détruire et détruire et détruire,
Il y avait que le salut n'est qu'à ce prix.

Ruiner la face nue qui monte dans le marbre,
Marteler toute forme de beauté.

Aimer la perfection parce qu'elle est le seuil,
Mais la nier sitôt connue, l'oublier morte,

L'imperfection est la cime.

L'imperfection est la cime
Yves Bonnefoy


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Message par dessein Dim 4 Aoû 2013 - 0:52

et

«Une des tristesses de Rome, il faut le redire, est dans ces gestes grandioses, mais figés, suspendus à mi-chemin, que la liturgie et l'architecture ébauchent partout comme en rêve ou en souvenir sans jamais les achever.»

Julien Gracq
Autour des sept collines
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Message par UK09 Mer 7 Aoû 2013 - 12:29

J'apprécie beaucoup The Masque of Anarchy, de Percy Byshe Shelley.

The Masque of Anarchy:

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Message par dessein Mer 7 Aoû 2013 - 12:34

merci
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Message par Banquo Mer 25 Sep 2013 - 10:50

Thou hast it now: King, Cawdor, Glamis, all,
As the weird women promised, and I fear
Thou play'dst most foully for't; yet it was said
It should not stand in thy posterity,
But that myself should be the root and father
Of many kings. If there come truth from them—
As upon thee, Macbeth, their speeches shine—
Why, by the verities on thee made good,
May they not be my oracles as well,
And set me up in hope? But hush, no more.

Shakespeare, Macbeth, 3, 1
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Message par Super Sheldandy de l'ACS Mer 25 Sep 2013 - 11:02

Dans Macbeth, Act. II Sc. 2, Shakespeare a écrit:"MACBETH :
Methought I heard a voice cry, “Sleep no more!
Macbeth does murder sleep”—the innocent sleep,
Sleep that knits up the raveled sleave of care,
The death of each day’s life, sore labor’s bath,
Balm of hurt minds, great nature’s second course,
Chief nourisher in life’s feast.

LADY MACBETH :
     What do you mean?

MACBETH :
Still it cried, “Sleep no more!” to all the house.
“Glamis hath murdered sleep, and therefore Cawdor
Shall sleep no more. Macbeth shall sleep no more.”

(...)

MACBETH :
     Whence is that knocking?
How is ’t with me when every noise appals me?
What hands are here? Ha! They pluck out mine eyes.
Will all great Neptune’s ocean wash this blood
Clean from my hand? No, this my hand will rather
The multitudinous seas incarnadine,
Making the green one red."
CLAP !
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Message par Invité Mer 25 Sep 2013 - 11:13

.


Dernière édition par cancre zébré le Sam 28 Déc 2013 - 10:50, édité 1 fois

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Message par Icare Jeu 26 Sep 2013 - 0:42

Pour la zik en lisant : https://www.youtube.com/watch?v=s-S28rX_c24


Il fut un temps, il y a bien des années, où leurs regards se croisèrent, ce fut l’étincelle d'un feu ardent qui ne cessa de bruler leurs cœurs.

Mais le sort en avait décidé autrement, et sur le chemin de la vie, leurs routes ne purent se croiser et s'entremêler.

C'est ainsi que le destin scella leurs avenirs dans un parcours de peines et de douleurs, accompagné de faux amis et déguisé de bonheurs artificiels.

Le monde réel n'était plus que souffrance, un abîme que l'on descend sans même penser qu'un jour on pourrait y voir le fond, et dont la surface n'existe même plus.

Et ce que la vie fit d'eux les remplirent d'amertume, le bonheur n'exista alors que dans un autre monde empoisonné.

L'insouciance et le semblant de bonheur n'était que le bel appât de leurs futures déchéances...parce qu'à présent,ils sont devenus leurs propres bourreaux.

Maintenant, ils s'infligent leurs propres souffrances, pour pouvoir mieux jouir de leurs rêves "d'anges heureux".

Quand arriva le jour de leurs retrouvailles, son amour déborda pour elle, on aurait dit que le bonheur lui était enfin permis.

Enfin accessible, que plus rien ne pourrait les séparer, parce que rien n'est plus fort que l'amour.

Il trouva le souffle d'espoir d'une nouvelle vie en elle, la fin de la misère de son âme, de la souffrance d'une vie sans amour.

Il aurait pu lui donner l'univers entier, l'enlacer jusqu'à en mourir d'épuisement...tout pour qu'elle ressente enfin ces bonheur qui lui a tant fait défaut.

Mais ce fut sans compter sur la vie qui en avait encore décidé autrement, et comme une malédiction, elle ne pu se libérer des profondeurs de son gouffre.

Elle était devenue l'esclave de sa propre souffrance, celle qui, de son abîme, se condamne à ne s'apaiser que de ses rêves "d'anges heureux"...elle s'était perdue... et il l'avait perdu...

Nul ne sait ce qu'ils devinrent , et puisque la vie est un éternel recommencement, peut-être que les maux de leurs âmes finiront par faiblir, jusqu'à ce que l'amour ne soit plus que l'unique raison leurs vies.

...Mais ce que je sais ; c'est qu'ils souffrent encore...
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Message par Icare Jeu 26 Sep 2013 - 1:28

oups pas le bon endroit!
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Message par david50 Jeu 26 Sep 2013 - 10:22

Las de l'amer repos...

Las de l'amer repos où ma paresse offense
Une gloire pour qui jadis j'ai fui l'enfance
Adorable des bois de roses sous l'azur
Naturel, et plus las sept fois du pacte dur
De creuser par veillée une fosse nouvelle
Dans le terrain avare et froid de ma cervelle,
Fossoyeur sans pitié pour la stérilité,
- Que dire à cette Aurore, ô Rêves, visité
Par les roses, quand, peur de ses roses livides,
Le vaste cimetière unira les trous vides ? -
Je veux délaisser l'Art vorace d'un pays
Cruel, et, souriant aux reproches vieillis
Que me font mes amis, le passé, le génie,
Et ma lampe qui sait pourtant mon agonie,
Imiter le Chinois au coeur limpide et fin
De qui l'extase pure est de peindre la fin
Sur ses tasses de neige à la lune ravie
D'une bizarre fleur qui parfume sa vie
Transparente, la fleur qu'il a sentie, enfant,
Au filigrane bleu de l'âme se greffant.
Et, la mort telle avec le seul rêve du sage,
Serein, je vais choisir un jeune paysage
Que je peindrais encor sur les tasses, distrait.
Une ligne d'azur mince et pâle serait
Un lac, parmi le ciel de porcelaine nue,
Un clair croissant perdu par une blanche nue
Trempe sa corne calme en la glace des eaux,
Non loin de trois grands cils d'émeraude, roseaux.

Stéphane Mallarmé
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Message par Invité Jeu 26 Sep 2013 - 12:51

Contradictions


Ils cohabitent en moi.
Se battent sans qu’on le voie :

Le passé le présent
Le futur et maintenant
L’illusion et le vrai
Le maussade et le gai
La bêtise la raison
Et les oui et les non
L’amour de ma personne
Les dégoûts qu’elle me donne
Les façades qu’on se fait
Et ce qui derrière est
Et les peurs qu’on avale
Les courages qu’on étale
Les envies de dire zut
Et les besoins de lutte
Et l’humain et la bête
Et le ventre et la tête
Les sens et la vertu
Le caché et le nu
L’aimable et le sévère
Le prude et le vulgaire
Le parleur le taiseux
Le brave et le peureux
Et le fier et le veule…

Pour tout ça je suis seul.

Esther Granek

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Message par Elther Ven 27 Sep 2013 - 18:53

LE POÈTE

Du temps que j’étais écolier,
Je restais un soir à veiller
Dans notre salle solitaire.
Devant ma table vint s’asseoir
Un pauvre enfant vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Son visage était triste et beau :
A la lueur de mon flambeau,
Dans mon livre ouvert il vint lire.
Il pencha son front sur sa main,
Et resta jusqu’au lendemain,
Pensif, avec un doux sourire.

Comme j’allais avoir quinze ans
Je marchais un jour, à pas lents,
Dans un bois, sur une bruyère.
Au pied d’un arbre vint s’asseoir
Un jeune homme vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Je lui demandai mon chemin ;
Il tenait un luth d’une main,
De l’autre un bouquet d’églantine.
Il me fit un salut d’ami,
Et, se détournant à demi,
Me montra du doigt la colline.

A l’âge où l’on croit à l’amour,
J’étais seul dans ma chambre un jour,
Pleurant ma première misère.
Au coin de mon feu vint s’asseoir
Un étranger vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Il était morne et soucieux ;
D’une main il montrait les cieux,
Et de l’autre il tenait un glaive.
De ma peine il semblait souffrir,
Mais il ne poussa qu’un soupir,
Et s’évanouit comme un rêve.

A l’âge où l’on est libertin,
Pour boire un toast en un festin,
Un jour je soulevais mon verre.
En face de moi vint s’asseoir
Un convive vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Il secouait sous son manteau
Un haillon de pourpre en lambeau,
Sur sa tête un myrte stérile.
Son bras maigre cherchait le mien,
Et mon verre, en touchant le sien,
Se brisa dans ma main débile.

Un an après, il était nuit ;
J’étais à genoux près du lit
Où venait de mourir mon père.
Au chevet du lit vint s’asseoir
Un orphelin vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Ses yeux étaient noyés de pleurs ;
Comme les anges de douleurs,
Il était couronné d’épine ;
Son luth à terre était gisant,
Sa pourpre de couleur de sang,
Et son glaive dans sa poitrine.

Je m’en suis si bien souvenu,
Que je l’ai toujours reconnu
A tous les instants de ma vie.
C’est une étrange vision,
Et cependant, ange ou démon,
J’ai vu partout cette ombre amie.

Lorsque plus tard, las de souffrir,
Pour renaître ou pour en finir,
J’ai voulu m’exiler de France ;
Lorsqu’impatient de marcher,
J’ai voulu partir, et chercher
Les vestiges d’une espérance ;

A Pise, au pied de l’Apennin ;
A Cologne, en face du Rhin ;
A Nice, au penchant des vallées ;
A Florence, au fond des palais ;
A Brigues, dans les vieux chalets ;
Au sein des Alpes désolées ;

A Gênes, sous les citronniers ;
A Vevey, sous les verts pommiers ;
Au Havre, devant l’Atlantique ;
A Venise, à l’affreux Lido,
Où vient sur l’herbe d’un tombeau
Mourir la pâle Adriatique ;

Partout où, sous ces vastes cieux,
J’ai lassé mon coeur et mes yeux,
Saignant d’une éternelle plaie ;
Partout où le boiteux Ennui,
Traînant ma fatigue après lui,
M’a promené sur une claie ;

Partout où, sans cesse altéré
De la soif d’un monde ignoré,
J’ai suivi l’ombre de mes songes ;
Partout où, sans avoir vécu,
J’ai revu ce que j’avais vu,
La face humaine et ses mensonges ;

Partout où, le long des chemins,
J’ai posé mon front dans mes mains,
Et sangloté comme une femme ;
Partout où j’ai, comme un mouton,
Qui laisse sa laine au buisson,
Senti se dénuder mon âme ;

Partout où j’ai voulu dormir,
Partout où j’ai voulu mourir,
Partout où j’ai touché la terre,
Sur ma route est venu s’asseoir
Un malheureux vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Qui donc es-tu, toi que dans cette vie
Je vois toujours sur mon chemin ?
Je ne puis croire, à ta mélancolie,
Que tu sois mon mauvais Destin.
Ton doux sourire a trop de patience,
Tes larmes ont trop de pitié.
En te voyant, j’aime la Providence.
Ta douleur même est soeur de ma souffrance ;
Elle ressemble à l’Amitié.

Qui donc es-tu ? - Tu n’es pas mon bon ange,
Jamais tu ne viens m’avertir.
Tu vois mes maux (c’est une chose étrange !)
Et tu me regardes souffrir.
Depuis vingt ans tu marches dans ma voie,
Et je ne saurais t’appeler.
Qui donc es-tu, si c’est Dieu qui t’envoie ?
Tu me souris sans partager ma joie,
Tu me plains sans me consoler !

Ce soir encor je t’ai vu m’apparaître.
C’était par une triste nuit.
L’aile des vents battait à ma fenêtre ;
J’étais seul, courbé sur mon lit.
J’y regardais une place chérie,
Tiède encor d’un baiser brûlant ;
Et je songeais comme la femme oublie,
Et je sentais un lambeau de ma vie
Qui se déchirait lentement.

Je rassemblais des lettres de la veille,
Des cheveux, des débris d’amour.
Tout ce passé me criait à l’oreille
Ses éternels serments d’un jour.
Je contemplais ces reliques sacrées,
Qui me faisaient trembler la main :
Larmes du coeur par le coeur dévorées,
Et que les yeux qui les avaient pleurées
Ne reconnaîtront plus demain !

J’enveloppais dans un morceau de bure
Ces ruines des jours heureux.
Je me disais qu’ici-bas ce qui dure,
C’est une mèche de cheveux.
Comme un plongeur dans une mer profonde,
Je me perdais dans tant d’oubli.
De tous côtés j’y retournais la sonde,
Et je pleurais, seul, loin des yeux du monde,
Mon pauvre amour enseveli.

J’allais poser le sceau de cire noire
Sur ce fragile et cher trésor.
J’allais le rendre, et, n’y pouvant pas croire,
En pleurant j’en doutais encor.
Ah ! faible femme, orgueilleuse insensée,
Malgré toi, tu t’en souviendras !
Pourquoi, grand Dieu ! mentir à sa pensée ?
Pourquoi ces pleurs, cette gorge oppressée,
Ces sanglots, si tu n’aimais pas ?

Oui, tu languis, tu souffres, et tu pleures ;
Mais ta chimère est entre nous.
Eh bien ! adieu ! Vous compterez les heures
Qui me sépareront de vous.
Partez, partez, et dans ce coeur de glace
Emportez l’orgueil satisfait.
Je sens encor le mien jeune et vivace,
Et bien des maux pourront y trouver place
Sur le mal que vous m’avez fait.

Partez, partez ! la Nature immortelle
N’a pas tout voulu vous donner.
Ah ! pauvre enfant, qui voulez être belle,
Et ne savez pas pardonner !
Allez, allez, suivez la destinée ;
Qui vous perd n’a pas tout perdu.
Jetez au vent notre amour consumée ; -
Eternel Dieu ! toi que j’ai tant aimée,
Si tu pars, pourquoi m’aimes-tu ?

Mais tout à coup j’ai vu dans la nuit sombre
Une forme glisser sans bruit.
Sur mon rideau j’ai vu passer une ombre ;
Elle vient s’asseoir sur mon lit.
Qui donc es-tu, morne et pâle visage,
Sombre portrait vêtu de noir ?
Que me veux-tu, triste oiseau de passage ?
Est-ce un vain rêve ? est-ce ma propre image
Que j’aperçois dans ce miroir ?

Qui donc es-tu, spectre de ma jeunesse,
Pèlerin que rien n’a lassé ?
Dis-moi pourquoi je te trouve sans cesse
Assis dans l’ombre où j’ai passé.
Qui donc es-tu, visiteur solitaire,
Hôte assidu de mes douleurs ?
Qu’as-tu donc fait pour me suivre sur terre ?
Qui donc es-tu, qui donc es-tu, mon frère,
Qui n’apparais qu’au jour des pleurs ?

LA VISION

- Ami, notre père est le tien.
Je ne suis ni l’ange gardien,
Ni le mauvais destin des hommes.
Ceux que j’aime, je ne sais pas
De quel côté s’en vont leurs pas
Sur ce peu de fange où nous sommes.

Je ne suis ni dieu ni démon,
Et tu m’as nommé par mon nom
Quand tu m’as appelé ton frère ;
Où tu vas, j’y serai toujours,
Jusques au dernier de tes jours,
Où j’irai m’asseoir sur ta pierre.

Le ciel m’a confié ton coeur.
Quand tu seras dans la douleur,
Viens à moi sans inquiétude.
Je te suivrai sur le chemin ;
Mais je ne puis toucher ta main,
Ami, je suis la Solitude.

Alfred de Musset, La nuit de décembre
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Message par Invité Ven 27 Sep 2013 - 19:09


(Il est pas mal ce Musset.)


La vie antérieure

J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.

Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d'une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.

C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,

Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l'unique soin était d'approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.


Ch. Baudelaire


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Message par Banquo Dim 6 Oct 2013 - 13:17

Le risque et le pendule

Toi qui ameutes et qui passes entre l'épanouie et le voltigeur, sois celui pour qui le papillon touche les fleurs du chemin.

Reste avec la vague à la seconde où son cœur expire.
Tu verras.

Sensible aussi à la salive du rameau.

Sans plus choisir entre oublier et bien apprendre.

Puisses-tu garder au vent de ta branche tes amis essentiels.

Elle transporte le verbe, l'abeille frontalière qui, à travers haines ou embuscades, va pondre son miel sur la passade d'un nuage.

La nuit ne s'étonne plus du volet que l'homme tire.

Une poussière qui tombe sur la main occupée à tracer le poème, les foudroie, poème et main.

René Char
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Message par Banquo Mar 8 Oct 2013 - 19:00

Der Wahnsinn

Sie muß immer sinnen: Ich bin... ich bin...
Wer bist du denn, Marie?
Eine Königin, eine Königin!
In die Kniee vor mir, in die Knie!

Sie muß immer weinen: Ich war... ich war...
Wer warst du denn, Marie?
Ein Niemandskind, ganz arm und bar,
und ich kann dir nicht sagen wie.

Und wurdest aus einem solchen Kind
eine Fürstin, vor der man kniet?
Weil die Dinge alle anders sind,
als man sie beim Betteln sieht.

So haben die Dinge dich groß gemacht,
und kannst du noch sagen wann?
Eine Nacht, eine Nacht, über eine Nacht, -
und sie sprachen mich anders an.
Ich trat in die Gasse hinaus und sieh:
die ist wie mit Saiten bespannt;
da wurde Marie Melodie, Melodie...
und tanzte von Rand zu Rand.
Die Leute schlichen so ängstlich hin,
wie hart an die Häuser gepflanzt, -
denn das darf doch nur eine Königin,
daß sie tanzt in den Gassen: tanzt!...

Rainer Maria Rilke
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Message par Killian Jeu 24 Oct 2013 - 20:51

Un poème d'une simplicité lumineuse :

Life

A crust of bread and a corner to sleep in,
A minute to smile and an hour to weep in,
A pint of joy to a peck of trouble,
And never a laugh but the moans come double;
       And that is life!

A crust and a corner that love makes precious,
With a smile to warm and the tears to refresh us;
And joy seems sweeter when cares come after,
And a moan is the finest of foils for laughter;
       And that is life!

Paul Laurence Dunbar
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Message par Amelia Pond Ven 25 Oct 2013 - 4:30


J'aime beaucoup ce dernier, Life, je ne connaissais pas son auteur.

Pour moi ce sera un poème ultra connu, mais qui me fait toujours un truc

Tu seras un homme mon fils


Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.

Rudyard Kipling

Mon poème préféré reste Les Pâques à New-York de Cendrars, et mais il écrit en prose et ça dure des pages et des pages, difficile de le poster.
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Message par Invité Ven 25 Oct 2013 - 11:56

Peut-être pourrais-tu donner un lien à l'occasion, Amélia ? Cela permettrait aux curieux-mais-flemmards d'aller le lire sans que cela fasse gros pavé sur le forum. Wink

Sinon, j'avais plusieurs poèmes en tête, à poster, et je me suis dit que pour mieux choisir celui que je posterai, rien de mieux que de faire une petite rétrospective de ce qui avait déjà été proposé. Vous trouverez donc ci-dessous un petit index de tous les poèmes postés dans ce fil jusqu'ici... On notera sinon un grand goût pour Baudelaire, Verlaine et Aragon de la part des membres... (mais aussi plein de textes moins connus, plus divers - le voyage dans ce topic s'est révélé riche en découvertes et je vous remercie !) Very Happy

Spoiler:

Et voici donc :

Poèmes


Algun Akova, La Couturière d'Aile
Apollinaire, Guillaume,Fiançailles
Apollinaire, Guillaume, Adieu !
Aragon, Louis, Strophes pour se souvenir
Aragon, Louis, Un homme passe sous la fenêtre et chante
Aragon, Louis, Nous dormirons ensemble
Aragon, Louis, Les Oiseaux déguisés
Aragon, Louis, Chagall VI
Aragon, Louis, L'Etrangère
Aragon, Louis, Elsa
Aragon, Louis, Je me tiens sur le seuil de la vie et de la mort (extrait)
Baïf, Jean Antoine de, Amour de Francine
Barros, Adémar de, J'ai fait un rêve, la nuit de Noël
Baudelaire, Charles, A une passante
Baudelaire, Charles, Ebauche d'un épilogue pour la deuxième édition
Baudelaire, Charles, L'Invitation au voyage
Baudelaire, Charles, L'Albatros
Baudelaire, Charles, Le Vampire
Baudelaire, Charles, Recueillement
Baudelaire, Charles, La Fontaine de sang
Baudelaire, Charles, Le Serpent qui danse
Baudelaire, Charles,Parfum exotique
Baudelaire, Charles, Spleen
Baudelaire, Charles, La Vie antérieure
Baudelaire, Charles, Tristesses de la lune
Baudelaire, Charles, L'Etranger
Baudelaire, Charles, Correspondances
Beaucarne, Julos, C'est une peinture ancienne
Bensé,Petite
Bianu, Zéno, Bleu Klein
Bobin, Christian, Extraits divers
Bonnefoy, Yves,L'Imperfection est la cime
Brassens, Georges ; Pol, Charles, Les Passantes
Brontë, Emily, To Imagination* (avec traduction)
Byron, She walks in beauty, like the night *
Byron, When we two parted *
Char, René, Les Matinaux
Char, René, Le Risque et la pendule
Corbière, Tristan, La Mâle-fleurette
Corbière, Tristan, Le Crapaud
Corneille, Pierre, Vos beaux yeux
Cros, Charles, À tuer
Cros, Charles, Sonnet
Cummings, E. E, May I feel he *
Darwich Mahmoud, J'ai la sagesse d'un condamné à mort
Desbordes-Valmore, Marceline, Les Roses de Saadi
Desnos, Robert, A la mystérieuse
Desnos, Robert, Le Dernier poème
Devos, Raymond, Se coucher tard
Dickinson, Emily, Une Âme en incandescence
Du Bellay, Joachim, Si notre vie est moins qu'une journée
Dunbar, Paul Laurence, Life *
Elliot, T. S., The Hollow Men (avec traduction)
Éluard, Paul, Liberté
Eluard, Paul, Et un sourire
Eluard, Paul, La Courbe de tes yeux
Eluard, Paul, Je t'aime
Gracq, Julien, Autour des sept collines
Granek Esther, Contradictions
Guillevic, Eugène, Ce qui n'est pas dans la pierre
Horace, Rectus vives, neque altum *, Odes, livre II
Hugo, Victor, Elle avait pris le pli dans son âge enfantin
Hugo, Victor, Ecrit après la visite d'un bagne
Hugo, Victor, Le Crapaud (extrait)
Hugo, Victor, Booz endormi
Hugo, Victor, Demain, dès l'aube
Hugo, Victor, La Source tombait du rocher
Hugo, Victor, Aimons toujours ! Aimons encores... !
Hugo, Victor, A ceux qui sont petits
Hugo, Victor, Un peu de musique
Hugo, Victor, Demain, dès l'aube
Hugo, Victor, Le Firmament
Hugo, Victor, Ne vous contentez pas, Madame, d'être belle
Keats, John, La Belle Dame sans merci *
Keats, John, Endymion (ouverture)*
Kipling, Rudyard, Tu seras un homme mon fils
Labé, Louise, Je vis, je meurs, je me brûle et je me noie
La Fontaine, Jean de, La Mort et le mourant
Laforgue, Jules, Pierrots, I
Lamartine, Alphonse de, Vers sur un album
Lamoureux, Robert, L'Eloge de la fatigue
Larkin Philip, Talking In Bed
Leconte de Lisle, Charles Marie René, Notice de Poèmes et poésies
Leconte de Lisle, Midi
Louÿs, Pierre, Psyché
Mallarmé Stéphane,Las de l'amer repos
Mingarelli, Hubert, J'attends la pluie
Musset, Alfred de, La Nuit de décembre
Musset, Alfred de, La Nuit d'août (extrait)
Musset, Alfred de, Lettre à M de Lamartine
Nerval, Gérard de, Une Allée du Luxembourg
Nerval, Gérard de, Pensée de Byron
Nerval, Gérard de, Fantaisie
Nerval, Gérard de, Mysticisme, I
Orléans, Charles d', D'espoir et que vous en dirais ?
Orléans, Charles d', Rondeau
Pavese, Cesare, La mort viendra et elle aura tes yeux
Pessoa, Fernando, L'enfant que je fus pleure sur la route.
Poe, Edgard Allan,Alone
Prévert, Jacques, Quartier libre
Prévert, Jacques, Le Chat et l'oiseau
Prévert, Jacques, Le Cancre
Prévert, Jacques, Cet amour
Prévert, Jacques,Chanson
Rilke, Rainer Maria, Le Livre de la pauvreté et de la mort (extrait)
Rilke, Rainer Maria, Der Panther *
Rilke, Rainer Maria,Der Wahnsinn *
Rimbaud, Arthur, Les Chercheuses de poux
Rimbaud, Arthur, L'Etoile a pleuré rose
Rimbaud, Arthur,Roman
Rimbaud Arthur, Le Dormeur du val
Rollinat, Maurice, La Biche
Ronsard, Pierre de, Quand je te voy discourant à par-toy
Ronsard, Pierre de, Stances
Roy Claude, Ceux qui...
Roy Claude,A peine
Rutebeuf, Charles, La Grièche d'hiver
Samain, Albert, Musique
Sénèque, Phèdre, acte II
Shakespeare, William, Macbeth, III, 1 (extrait) *
Shakespeare, William, Macbeth, II, 2 (extrait) *
Shelley, Percy Bysshe, Ozymandias
Shelley, Percy Bysshe, The Masque Of Anarchy *
Smith, Carl A., La Litanie des sept baisers
Sosek Natsune, Haïku
Sully Prudhomme, Le Vase brisé
Supervielle, Jules, Ce sont d'autres lèvres
Supervielle, Jules, Les Amis inconnus
Swinburne, Algernon, Poets Grave *
Toulet, Paul-Jean, Soir de Montmartre et Quelque-fois
Trackl, Georg, Grodek
Tranströmer, Thomas, Las de tous ceux qui viennent avec des mots
Valéry, Paul, Le Bois amical
Valéry, Paul, La Jeune Parque
Val Lerberghe, Charles, [/url]La Chanson d'Eve
Verhaeren, Emile, Clarté froide
Verlaine, Paul, Il pleure dans mon cœur
Verlaine, Paul, Mon rêve familier
Verlaine, Paul, Chanson d'automne
Verlaine, Paul, L'Heure exquise (+ mise en musique
Verlaine, Paul, Colloque sentimental
Verlaine, Paul, Sagesse, III, VI
Verlaine, Paul, Art poétique
Verlaine, Paul, La Nuit de Walpurgis classique
Verlaine, Paul, L'Heure exquise (Mis en musique par R. Hahn)
Vigny, Alfred de, La Mort du loup
Vigny, Alfred de, Sitôt que votre souffle a rempli le berger
Whitman, Walt, Chanson des joies
Yeats, William Butler, A mermaid found a swimming lad

Inclassables
(parce que le nom de l'auteur est inconnu, parce qu'ils ont eu une résonance toute personnelle)

Spoiler:


~ * ~

Et sur ces entrefaites, je vous propose un poème d'un auteur que j'aime beaucoup et qui n'a pas encore été cité : Jules Laforgue.


Pierrots, I

C'est, sur un cou qui, raide, émerge
D'une fraise empesée idem,
Une face imberbe au cold-cream,
Un air d'hydrocéphale asperge.

Les yeux sont noyés de l'opium
De l'indulgence universelle,
La bouche clownesque ensorcèle
Comme un singulier géranium.

Bouche qui va du trou sans bonde
Glacialement désopilé,
Au transcendental en-allé
Du souris vain de la Joconde.

Campant leur cône enfariné
Sur le noir serre-tête en soie,
Ils font rire leur patte d'oie
Et froncent en trèfle leur nez.

Ils ont comme chaton de bague
Le scarabée égyptien,
À leur boutonnière fait bien
Le pissenlit des terrains vagues.

Ils vont, se sustentant d'azur !
Et parfois aussi de légumes,
De riz plus blanc que leur costume,
De mandarines et d’œufs durs.

Ils sont de la secte du Blême,
Ils n'ont rien à voir avec Dieu,
Et sifflent : " Tout est pour le mieux,"
Dans la meilleur' des mi-carême ! "


Dans L'Imitation de Notre-Dame la lune (1886)


Dernière édition par Alphonsine le Mar 7 Oct 2014 - 17:00, édité 20 fois

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Message par Amelia Pond Ven 25 Oct 2013 - 14:41

C'est une sacrée liste que nous donnes là ! C'est drôle d'y retrouver Yves Bonnefoy, je l'avais étudié en terminale, et c'était mon sujet de bac ^^^J'avais vraiment pas aimé au début, et plus on l'étudiait, et plus je comprennais, et plus j'aimais. Des fois la poésie c'est comme la musique, il faut lui laisser du temps.

J'ai essayé de mettre un lien, mais on me l'a interdit parce que ça fait pas une semaine que je suis sur le site Sad De toute façon il suffit de le taper dans Google et on le trouve, pour ceux qui le veulent c'est pas dur à trouver.
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Message par Invité Ven 25 Oct 2013 - 14:54

C'est une sacrée liste que nous donnes là ! C'est drôle d'y retrouver Yves Bonnefoy, je l'avais étudié en terminale, et c'était mon sujet de bac ^^^J'avais vraiment pas aimé au début, et plus on l'étudiait, et plus je comprenais, et plus j'aimais. Des fois la poésie c'est comme la musique, il faut lui laisser du temps.
C'est drôle que tu dises ça car j'ai exactement la même expérience d'Yves Bonnefoy - sans surprise, nous avons sans doute passé le bac à peu près en même temps. Ca m'avait laissé tout à fait indifférente au début puis, avec le temps, au fil de l'analyse, j'ai vraiment appris à apprécier certains de ses poèmes (notamment Les Planches courbes ou Jeter des pierres).

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Message par Pieyre Ven 25 Oct 2013 - 23:32

Merci Alphonsine pour cet index excellemment composé. J'en place la référence dans le premier message du sujet.

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Message par Killian Sam 26 Oct 2013 - 0:01

Merci Alphonsine !
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Message par Invité Sam 26 Oct 2013 - 20:27

.


Dernière édition par cancre zébré le Sam 28 Déc 2013 - 10:51, édité 1 fois

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Message par Invité Sam 26 Oct 2013 - 21:32

CET AMOUR - Jacques Prevert

Cet amour
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré
Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux
Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
Cet amour qui faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blêmir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l’avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C’est le tien
C’est le mien
Celui qui a été
Cette chose toujours nouvelle
Et qui n’a pas changé
Aussi vrai qu’une plante
Aussi tremblante qu’un oiseau
Aussi chaude aussi vivant que l’été
Nous pouvons tous les deux
Aller et revenir
Nous pouvons oublier
Et puis nous rendormir
Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore
Rêver à la mort,
Nous éveiller sourire et rire
Et rajeunir
Notre amour reste là
Têtu comme une bourrique
Vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire
Bête comme les regrets
Tendre comme le souvenir
Froid comme le marbre
Beau comme le jour
Fragile comme un enfant
Il nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
Et moi je l’écoute en tremblant
Et je crie
Je crie pour toi
Je crie pour moi
Je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s’aiment
Et qui se sont aimés
Oui je lui crie
Pour toi pour moi et pour tous les autres
Que je ne connais pas
Reste là
Là où tu es
Là où tu étais autrefois
Reste là
Ne bouge pas
Ne t’en va pas
Nous qui sommes aimés
Nous t’avons oublié
Toi ne nous oublie pas
Nous n’avions que toi sur la terre
Ne nous laisse pas devenir froids
Beaucoup plus loin toujours
Et n’importe où
Donne-nous signe de vie
Beaucoup plus tard au coin d’un bois
Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain
Tends-nous la main
Et sauve-nous.

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Message par Invité Sam 26 Oct 2013 - 21:32

Prévert encore

CHANSON

Quel jour sommes-nous  
Nous sommes tous les jours  
Mon amie  
Nous sommes toute la vie  
Mon amour  
Nous nous aimons et nous vivons  
Nous vivons et nous nous aimons  
Et nous ne savons pas ce que c'est que la vie  
Et nous ne savons pas ce que c'est que le jour  
Et nous ne savons pas ce que c'est que l'amour.

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Message par Pieyre Dim 27 Oct 2013 - 3:30

              Art poétique

    De la musique avant toute chose,
    Et pour cela préfère l'Impair
    Plus vague et plus soluble dans l'air,
    Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

    Il faut aussi que tu n'ailles point
    Choisir tes mots sans quelque méprise :
    Rien de plus cher que la chanson grise
    Où l'Indécis au Précis se joint.

    C'est des beaux yeux derrière des voiles,
    C'est le grand jour tremblant de midi,
    C'est, par un ciel d'automne attiédi,
    Le bleu fouillis des claires étoiles !

    Car nous voulons la Nuance encor,
    Pas la Couleur, rien que la nuance !
    Oh ! la nuance seule fiance
    Le rêve au rêve et la flûte au cor !

    Fuis du plus loin la Pointe assassine,
    L'Esprit cruel et le Rire impur,
    Qui font pleurer les yeux de l'Azur,
    Et tout cet ail de basse cuisine !

    Prends l'éloquence et tords‑lui son cou !
    Tu feras bien, en train d'énergie,
    De rendre un peu la Rime assagie,
    Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?

    Ô qui dira les torts de la Rime ?
    Quel enfant sourd ou quel nègre fou
    Nous a forgé ce bijou d'un sou
    Qui sonne creux et faux sous la lime ?

    De la musique encore et toujours !
    Que ton vers soit la chose envolée
    Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
    Vers d'autres cieux à d'autres amours.

    Que ton vers soit la bonne aventure
    Eparse au vent crispé du matin
    Qui va fleurant la menthe ou le thym...
    Et tout le reste est littérature.

    — Verlaine, Jadis et naguère, 1884

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Message par Killian Dim 27 Oct 2013 - 10:42

Le poème qui m'a fait découvrir et aimer la poésie anglaise :

La Belle Dame Sans Merci, 1820

Ah, what can ail thee, wretched wight,
   Alone and palely loitering;
The sedge is wither'd from the lake,
   And no birds sing.

Ah, what can ail thee, wretched wight,
   So haggard and so woe-begone?
The squirrel's granary is full,
   And the harvest's done.

I see a lily on thy brow,
   With anguish moist and fever dew;
And on thy cheek a fading rose
   Fast withereth too.

I met a lady in the meads
   Full beautiful, a faery's child;
Her hair was long, her foot was light,
   And her eyes were wild.

I set her on my pacing steed,
   And nothing else saw all day long;
For sideways would she lean, and sing
   A faery's song.

I made a garland for her head,
   And bracelets too, and fragrant zone;
She look'd at me as she did love,
   And made sweet moan.

She found me roots of relish sweet,
   And honey wild, and manna dew;
And sure in language strange she said,
   I love thee true.

She took me to her elfin grot,
   And there she gaz'd and sighed deep,
And there I shut her wild sad eyes--
   So kiss'd to sleep.

And there we slumber'd on the moss,
   And there I dream'd, ah woe betide,
The latest dream I ever dream'd
   On the cold hill side.

I saw pale kings, and princes too,
   Pale warriors, death-pale were they all;
Who cry'd--"La belle Dame sans merci
   Hath thee in thrall!"

I saw their starv'd lips in the gloam
   With horrid warning gaped wide,
And I awoke, and found me here
   On the cold hill side.

And this is why I sojourn here
   Alone and palely loitering,
Though the sedge is wither'd from the lake,
   And no birds sing.

John Keats

PS : merci pour les derniers posts, je découvre beaucoup !
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Vos poèmes préférés - Page 2 Empty Re: Vos poèmes préférés

Message par Elther Dim 27 Oct 2013 - 18:36

Emily Brontë, To Imagination

When weary with the long day's care,
And earthly change from pain to pain,
And lost, and ready to despair,
Thy kind voice calls me back again:
Oh, my true friend! I am not lone,
While then canst speak with such a tone!

So hopeless is the world without;
The world within I doubly prize;
Thy world, where guile, and hate, and doubt,
And cold suspicion never rise;
Where thou, and I, and Liberty,
Have undisputed sovereignty.

What matters it, that all around
Danger, and guilt, and darkness lie,
If but within our bosom's bound
We hold a bright, untroubled sky,
Warm with ten thousand mingled rays
Of suns that know no winter days?

Reason, indeed, may oft complain
For Nature's sad reality,
And tell the suffering heart how vain
Its cherished dreams must always be;
And Truth may rudely trample down
The flowers of Fancy, newly-blown:

But thou art ever there, to bring
The hovering vision back, and breathe
New glories o'er the blighted spring,
And call a lovelier Life from Death.
And whisper, with a voice divine,
Of real worlds, as bright as thine.

I trust not to thy phantom bliss,
Yet, still, in evening's quiet hour,
With never-failing thankfulness,
I welcome thee, Benignant Power;
Sure solacer of human cares,
And sweeter hope, when hope despairs!

Traduction:
Elther
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Message par Invité Lun 28 Oct 2013 - 21:17

Merci, et contente que ça puisse servir ! D'ailleurs, j'ai mis l'index à jour en ajoutant les nouveaux poèmes proposés - beaucoup de découvertes pour moi aussi, alors un grand merci à vous pour le partage.

Je continue, de mon côté, sur ma lancée, et vous propose une autre oeuvre d'un autre poète qui m'est très cher, Tristan Corbière. Subjectivement, je le trouve d'ailleurs très adapté, en cet automne naissant :

Mâle-fleurette

Ici reviendra la fleurette blême
Dont les renouveaux sont toujours passés...
Dans les cœurs ouverts, sur les os tassés,
Une folle brise, un beau jour, la sème...

On crache dessus ; on l'imite même,
Pour en effrayer les gens très-sensés...
Ici reviendra la fleurette blême.

- Oh ! ne craignez pas son humble anathème
Pour vos ventres mûrs, Cucurbitacés !
Elle connaît bien tous ses trépassés !
Et, quand elle tue, elle sait qu'on l'aime...
- C'est la mâle-fleur, la fleur de bohème. -

Ici reviendra la fleurette blême.

Les Amours jaunes
, 1873

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Message par Pieyre Lun 18 Nov 2013 - 22:24

    Quand je te voy discourant à par-toy,
    Toute amuzée avecques ta pensée,
    Un peu la teste encontre bas baissée,
    Te retirant du vulgaire & de moy,

    Je veux souvent pour rompre ton esmoy,
    Te saluer, mais ma voix offensée,
    De trop de peur se retient amassée
    Dedans la bouche & me laisse tout coy.

    Mon œil confus ne peut souffrir ta veue,
    De ses rayons mon ame tremble esmeue;
    Langue ne voix ne font leur action.

    Seuls mes soupirs, seul mon triste visage
    Parlent pour moy, & telle passion
    De mon amour donne assez tesmoignage.

    — Ronsard, Premier livre des Amours

Pieyre

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Message par david50 Lun 2 Déc 2013 - 20:07

Sans savoir pourquoi
J'aime ce monde
Où nous venons pour mourir.

Haïku
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Message par albatrosdore Lun 2 Déc 2013 - 21:19

Et un sourire





La nuit n'est jamais complète

Il y a toujours, puisque je le dis

Puisque je l'affirme

Au bout du chagrin

Une fenêtre ouverte

Une fenêtre éclairée

Il y a toujours un rêve qui veille

Désir à combler, faim à satisfaire

Un coeur généreux

Une main tendue, une main ouverte

Des yeux attentifs

Une vie, la vie à se partager.







Paul Eluard

Le Phénix, 1951
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Message par david50 Mar 10 Déc 2013 - 21:49

L’enfant que je fus pleure sur la route.
Je l’y laissais quand je vins être qui je suis;
Mais aujourd’hui, voyant que ce que je suis n’est rien,
Je veux aller chercher qui je fus là où il est resté.

Ah, comment faire pour le rencontrer? Qui s’est
Trompé en venant, au retour se trompera.
Et je ne sais plus d’où je suis venu ni où
Je me trouve. Ignorance où mon âme est en panne.

Que ne m’est-il donné d’atteindre en ces parages
Une élévation, d’où je puisse enfin voir
De mes yeux mes oublis, pour les remémorer!

Car, dans l’absence au moins, j’aurai de moi nouvelle:
Oui me voyant tel que je fus dans le lointain,
Trouver en moi un peu de quand j’étais ainsi!

Fernando Pessoa
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