Vos poèmes préférés
+113
So Sûre 2
Confiteor
pili
Archiloque
paຮލຮage
Kafka
Basilice
MoojiKadja
espérance
aveugle et sans âme
isadora
Enaid
St'ban
LhaleeTreize
SparklingLance
KarlShuge
Une fille bleue de l'été
Sarty
Mahé
Manawydan
Patate
Ombrinou
Sabrilanuit
Sapta
Tokamak
Suzanne Smith
Cérès
Clémence
bapt64
Thybo
Carquand
chaton-pitbull
Fluegel
mypseudo
Petite Perle Givrée
Clausule
Umbria
Néfertiti
Manubaliste
Cedrina
Mika2
Gianpao
poupée BB
Nochéry
IndianaJoan
Kodiak
Subrisio Saltat.
Tan
zebravalia
ou-est-la-question
CindyJo
Bacha Posh
Zwischending
Plume88
Chat Bleu
lyra22
Adikia
Princeton
Soren
iridium
Aristippe
Fata Morgana
une (gaufre)
SeaTurtle
Harpo
albatrosdore
Amelia Pond
Killian
Elther
david50
Icare
Super Sheldandy de l'ACS
Banquo
UK09
Cypher
Bouclette
Ainaelin
Kalimsha
j0hn
Olifaxe
dessein
laDivine
ΣΦ
nails
Bird
Pieyre
l'albatros
lilou1984
Thaïti Bob
kim meyrink
Pyrrhon
Belo-Horizonte
Laetitia
MaxenceL
AlsoSpratchAlmaMater
Benjamin
FunkyKyu
Melsophos
Elfelune
Christine
L.Lune
didimj
miwako
Lokidor
sabatchka
Maly
ahlala
Plaisance14
Lanza
WaterShed
lynka
Phedre
Cerra Top
117 participants
Page 2 sur 9
Page 2 sur 9 • 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Re: Vos poèmes préférés
J'apprécie beaucoup The Masque of Anarchy, de Percy Byshe Shelley.
- The Masque of Anarchy:
- "Stand ye calm and resolute,
Like a forest close and mute,
With folded arms and looks which are
Weapons of unvanquished war.
And if then the tyrants dare,
Let them ride among you there,
Slash, and stab, and maim and hew,
What they like, that let them do.
With folded arms and steady eyes,
And little fear, and less surprise
Look upon them as they slay
Till their rage has died away
Then they will return with shame
To the place from which they came,
And the blood thus shed will speak
In hot blushes on their cheek.
Rise like Lions after slumber
In unvanquishable number,
Shake your chains to earth like dew
Which in sleep had fallen on you-
Ye are many — they are few"
UK09- Messages : 958
Date d'inscription : 28/07/2013
Re: Vos poèmes préférés
Thou hast it now: King, Cawdor, Glamis, all,
As the weird women promised, and I fear
Thou play'dst most foully for't; yet it was said
It should not stand in thy posterity,
But that myself should be the root and father
Of many kings. If there come truth from them—
As upon thee, Macbeth, their speeches shine—
Why, by the verities on thee made good,
May they not be my oracles as well,
And set me up in hope? But hush, no more.
Shakespeare, Macbeth, 3, 1
As the weird women promised, and I fear
Thou play'dst most foully for't; yet it was said
It should not stand in thy posterity,
But that myself should be the root and father
Of many kings. If there come truth from them—
As upon thee, Macbeth, their speeches shine—
Why, by the verities on thee made good,
May they not be my oracles as well,
And set me up in hope? But hush, no more.
Shakespeare, Macbeth, 3, 1
Banquo- Messages : 4
Date d'inscription : 22/09/2013
Re: Vos poèmes préférés
CLAP !Dans Macbeth, Act. II Sc. 2, Shakespeare a écrit:"MACBETH :
Methought I heard a voice cry, “Sleep no more!
Macbeth does murder sleep”—the innocent sleep,
Sleep that knits up the raveled sleave of care,
The death of each day’s life, sore labor’s bath,
Balm of hurt minds, great nature’s second course,
Chief nourisher in life’s feast.
LADY MACBETH :
What do you mean?
MACBETH :
Still it cried, “Sleep no more!” to all the house.
“Glamis hath murdered sleep, and therefore Cawdor
Shall sleep no more. Macbeth shall sleep no more.”
(...)
MACBETH :
Whence is that knocking?
How is ’t with me when every noise appals me?
What hands are here? Ha! They pluck out mine eyes.
Will all great Neptune’s ocean wash this blood
Clean from my hand? No, this my hand will rather
The multitudinous seas incarnadine,
Making the green one red."
Super Sheldandy de l'ACS- Messages : 548
Date d'inscription : 30/11/2009
Age : 34
Localisation : Lyon
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Pour la zik en lisant : https://www.youtube.com/watch?v=s-S28rX_c24
Il fut un temps, il y a bien des années, où leurs regards se croisèrent, ce fut l’étincelle d'un feu ardent qui ne cessa de bruler leurs cœurs.
Mais le sort en avait décidé autrement, et sur le chemin de la vie, leurs routes ne purent se croiser et s'entremêler.
C'est ainsi que le destin scella leurs avenirs dans un parcours de peines et de douleurs, accompagné de faux amis et déguisé de bonheurs artificiels.
Le monde réel n'était plus que souffrance, un abîme que l'on descend sans même penser qu'un jour on pourrait y voir le fond, et dont la surface n'existe même plus.
Et ce que la vie fit d'eux les remplirent d'amertume, le bonheur n'exista alors que dans un autre monde empoisonné.
L'insouciance et le semblant de bonheur n'était que le bel appât de leurs futures déchéances...parce qu'à présent,ils sont devenus leurs propres bourreaux.
Maintenant, ils s'infligent leurs propres souffrances, pour pouvoir mieux jouir de leurs rêves "d'anges heureux".
Quand arriva le jour de leurs retrouvailles, son amour déborda pour elle, on aurait dit que le bonheur lui était enfin permis.
Enfin accessible, que plus rien ne pourrait les séparer, parce que rien n'est plus fort que l'amour.
Il trouva le souffle d'espoir d'une nouvelle vie en elle, la fin de la misère de son âme, de la souffrance d'une vie sans amour.
Il aurait pu lui donner l'univers entier, l'enlacer jusqu'à en mourir d'épuisement...tout pour qu'elle ressente enfin ces bonheur qui lui a tant fait défaut.
Mais ce fut sans compter sur la vie qui en avait encore décidé autrement, et comme une malédiction, elle ne pu se libérer des profondeurs de son gouffre.
Elle était devenue l'esclave de sa propre souffrance, celle qui, de son abîme, se condamne à ne s'apaiser que de ses rêves "d'anges heureux"...elle s'était perdue... et il l'avait perdu...
Nul ne sait ce qu'ils devinrent , et puisque la vie est un éternel recommencement, peut-être que les maux de leurs âmes finiront par faiblir, jusqu'à ce que l'amour ne soit plus que l'unique raison leurs vies.
...Mais ce que je sais ; c'est qu'ils souffrent encore...
Il fut un temps, il y a bien des années, où leurs regards se croisèrent, ce fut l’étincelle d'un feu ardent qui ne cessa de bruler leurs cœurs.
Mais le sort en avait décidé autrement, et sur le chemin de la vie, leurs routes ne purent se croiser et s'entremêler.
C'est ainsi que le destin scella leurs avenirs dans un parcours de peines et de douleurs, accompagné de faux amis et déguisé de bonheurs artificiels.
Le monde réel n'était plus que souffrance, un abîme que l'on descend sans même penser qu'un jour on pourrait y voir le fond, et dont la surface n'existe même plus.
Et ce que la vie fit d'eux les remplirent d'amertume, le bonheur n'exista alors que dans un autre monde empoisonné.
L'insouciance et le semblant de bonheur n'était que le bel appât de leurs futures déchéances...parce qu'à présent,ils sont devenus leurs propres bourreaux.
Maintenant, ils s'infligent leurs propres souffrances, pour pouvoir mieux jouir de leurs rêves "d'anges heureux".
Quand arriva le jour de leurs retrouvailles, son amour déborda pour elle, on aurait dit que le bonheur lui était enfin permis.
Enfin accessible, que plus rien ne pourrait les séparer, parce que rien n'est plus fort que l'amour.
Il trouva le souffle d'espoir d'une nouvelle vie en elle, la fin de la misère de son âme, de la souffrance d'une vie sans amour.
Il aurait pu lui donner l'univers entier, l'enlacer jusqu'à en mourir d'épuisement...tout pour qu'elle ressente enfin ces bonheur qui lui a tant fait défaut.
Mais ce fut sans compter sur la vie qui en avait encore décidé autrement, et comme une malédiction, elle ne pu se libérer des profondeurs de son gouffre.
Elle était devenue l'esclave de sa propre souffrance, celle qui, de son abîme, se condamne à ne s'apaiser que de ses rêves "d'anges heureux"...elle s'était perdue... et il l'avait perdu...
Nul ne sait ce qu'ils devinrent , et puisque la vie est un éternel recommencement, peut-être que les maux de leurs âmes finiront par faiblir, jusqu'à ce que l'amour ne soit plus que l'unique raison leurs vies.
...Mais ce que je sais ; c'est qu'ils souffrent encore...
Icare- Messages : 77
Date d'inscription : 18/05/2013
Localisation : Belgique
Re: Vos poèmes préférés
oups pas le bon endroit!
Icare- Messages : 77
Date d'inscription : 18/05/2013
Localisation : Belgique
Re: Vos poèmes préférés
Las de l'amer repos...
Las de l'amer repos où ma paresse offense
Une gloire pour qui jadis j'ai fui l'enfance
Adorable des bois de roses sous l'azur
Naturel, et plus las sept fois du pacte dur
De creuser par veillée une fosse nouvelle
Dans le terrain avare et froid de ma cervelle,
Fossoyeur sans pitié pour la stérilité,
- Que dire à cette Aurore, ô Rêves, visité
Par les roses, quand, peur de ses roses livides,
Le vaste cimetière unira les trous vides ? -
Je veux délaisser l'Art vorace d'un pays
Cruel, et, souriant aux reproches vieillis
Que me font mes amis, le passé, le génie,
Et ma lampe qui sait pourtant mon agonie,
Imiter le Chinois au coeur limpide et fin
De qui l'extase pure est de peindre la fin
Sur ses tasses de neige à la lune ravie
D'une bizarre fleur qui parfume sa vie
Transparente, la fleur qu'il a sentie, enfant,
Au filigrane bleu de l'âme se greffant.
Et, la mort telle avec le seul rêve du sage,
Serein, je vais choisir un jeune paysage
Que je peindrais encor sur les tasses, distrait.
Une ligne d'azur mince et pâle serait
Un lac, parmi le ciel de porcelaine nue,
Un clair croissant perdu par une blanche nue
Trempe sa corne calme en la glace des eaux,
Non loin de trois grands cils d'émeraude, roseaux.
Stéphane Mallarmé
Las de l'amer repos où ma paresse offense
Une gloire pour qui jadis j'ai fui l'enfance
Adorable des bois de roses sous l'azur
Naturel, et plus las sept fois du pacte dur
De creuser par veillée une fosse nouvelle
Dans le terrain avare et froid de ma cervelle,
Fossoyeur sans pitié pour la stérilité,
- Que dire à cette Aurore, ô Rêves, visité
Par les roses, quand, peur de ses roses livides,
Le vaste cimetière unira les trous vides ? -
Je veux délaisser l'Art vorace d'un pays
Cruel, et, souriant aux reproches vieillis
Que me font mes amis, le passé, le génie,
Et ma lampe qui sait pourtant mon agonie,
Imiter le Chinois au coeur limpide et fin
De qui l'extase pure est de peindre la fin
Sur ses tasses de neige à la lune ravie
D'une bizarre fleur qui parfume sa vie
Transparente, la fleur qu'il a sentie, enfant,
Au filigrane bleu de l'âme se greffant.
Et, la mort telle avec le seul rêve du sage,
Serein, je vais choisir un jeune paysage
Que je peindrais encor sur les tasses, distrait.
Une ligne d'azur mince et pâle serait
Un lac, parmi le ciel de porcelaine nue,
Un clair croissant perdu par une blanche nue
Trempe sa corne calme en la glace des eaux,
Non loin de trois grands cils d'émeraude, roseaux.
Stéphane Mallarmé
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: Vos poèmes préférés
Contradictions
Ils cohabitent en moi.
Se battent sans qu’on le voie :
Le passé le présent
Le futur et maintenant
L’illusion et le vrai
Le maussade et le gai
La bêtise la raison
Et les oui et les non
L’amour de ma personne
Les dégoûts qu’elle me donne
Les façades qu’on se fait
Et ce qui derrière est
Et les peurs qu’on avale
Les courages qu’on étale
Les envies de dire zut
Et les besoins de lutte
Et l’humain et la bête
Et le ventre et la tête
Les sens et la vertu
Le caché et le nu
L’aimable et le sévère
Le prude et le vulgaire
Le parleur le taiseux
Le brave et le peureux
Et le fier et le veule…
Pour tout ça je suis seul.
Esther Granek
Ils cohabitent en moi.
Se battent sans qu’on le voie :
Le passé le présent
Le futur et maintenant
L’illusion et le vrai
Le maussade et le gai
La bêtise la raison
Et les oui et les non
L’amour de ma personne
Les dégoûts qu’elle me donne
Les façades qu’on se fait
Et ce qui derrière est
Et les peurs qu’on avale
Les courages qu’on étale
Les envies de dire zut
Et les besoins de lutte
Et l’humain et la bête
Et le ventre et la tête
Les sens et la vertu
Le caché et le nu
L’aimable et le sévère
Le prude et le vulgaire
Le parleur le taiseux
Le brave et le peureux
Et le fier et le veule…
Pour tout ça je suis seul.
Esther Granek
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
LE POÈTE
Du temps que j’étais écolier,
Je restais un soir à veiller
Dans notre salle solitaire.
Devant ma table vint s’asseoir
Un pauvre enfant vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Son visage était triste et beau :
A la lueur de mon flambeau,
Dans mon livre ouvert il vint lire.
Il pencha son front sur sa main,
Et resta jusqu’au lendemain,
Pensif, avec un doux sourire.
Comme j’allais avoir quinze ans
Je marchais un jour, à pas lents,
Dans un bois, sur une bruyère.
Au pied d’un arbre vint s’asseoir
Un jeune homme vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Je lui demandai mon chemin ;
Il tenait un luth d’une main,
De l’autre un bouquet d’églantine.
Il me fit un salut d’ami,
Et, se détournant à demi,
Me montra du doigt la colline.
A l’âge où l’on croit à l’amour,
J’étais seul dans ma chambre un jour,
Pleurant ma première misère.
Au coin de mon feu vint s’asseoir
Un étranger vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Il était morne et soucieux ;
D’une main il montrait les cieux,
Et de l’autre il tenait un glaive.
De ma peine il semblait souffrir,
Mais il ne poussa qu’un soupir,
Et s’évanouit comme un rêve.
A l’âge où l’on est libertin,
Pour boire un toast en un festin,
Un jour je soulevais mon verre.
En face de moi vint s’asseoir
Un convive vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Il secouait sous son manteau
Un haillon de pourpre en lambeau,
Sur sa tête un myrte stérile.
Son bras maigre cherchait le mien,
Et mon verre, en touchant le sien,
Se brisa dans ma main débile.
Un an après, il était nuit ;
J’étais à genoux près du lit
Où venait de mourir mon père.
Au chevet du lit vint s’asseoir
Un orphelin vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Ses yeux étaient noyés de pleurs ;
Comme les anges de douleurs,
Il était couronné d’épine ;
Son luth à terre était gisant,
Sa pourpre de couleur de sang,
Et son glaive dans sa poitrine.
Je m’en suis si bien souvenu,
Que je l’ai toujours reconnu
A tous les instants de ma vie.
C’est une étrange vision,
Et cependant, ange ou démon,
J’ai vu partout cette ombre amie.
Lorsque plus tard, las de souffrir,
Pour renaître ou pour en finir,
J’ai voulu m’exiler de France ;
Lorsqu’impatient de marcher,
J’ai voulu partir, et chercher
Les vestiges d’une espérance ;
A Pise, au pied de l’Apennin ;
A Cologne, en face du Rhin ;
A Nice, au penchant des vallées ;
A Florence, au fond des palais ;
A Brigues, dans les vieux chalets ;
Au sein des Alpes désolées ;
A Gênes, sous les citronniers ;
A Vevey, sous les verts pommiers ;
Au Havre, devant l’Atlantique ;
A Venise, à l’affreux Lido,
Où vient sur l’herbe d’un tombeau
Mourir la pâle Adriatique ;
Partout où, sous ces vastes cieux,
J’ai lassé mon coeur et mes yeux,
Saignant d’une éternelle plaie ;
Partout où le boiteux Ennui,
Traînant ma fatigue après lui,
M’a promené sur une claie ;
Partout où, sans cesse altéré
De la soif d’un monde ignoré,
J’ai suivi l’ombre de mes songes ;
Partout où, sans avoir vécu,
J’ai revu ce que j’avais vu,
La face humaine et ses mensonges ;
Partout où, le long des chemins,
J’ai posé mon front dans mes mains,
Et sangloté comme une femme ;
Partout où j’ai, comme un mouton,
Qui laisse sa laine au buisson,
Senti se dénuder mon âme ;
Partout où j’ai voulu dormir,
Partout où j’ai voulu mourir,
Partout où j’ai touché la terre,
Sur ma route est venu s’asseoir
Un malheureux vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Qui donc es-tu, toi que dans cette vie
Je vois toujours sur mon chemin ?
Je ne puis croire, à ta mélancolie,
Que tu sois mon mauvais Destin.
Ton doux sourire a trop de patience,
Tes larmes ont trop de pitié.
En te voyant, j’aime la Providence.
Ta douleur même est soeur de ma souffrance ;
Elle ressemble à l’Amitié.
Qui donc es-tu ? - Tu n’es pas mon bon ange,
Jamais tu ne viens m’avertir.
Tu vois mes maux (c’est une chose étrange !)
Et tu me regardes souffrir.
Depuis vingt ans tu marches dans ma voie,
Et je ne saurais t’appeler.
Qui donc es-tu, si c’est Dieu qui t’envoie ?
Tu me souris sans partager ma joie,
Tu me plains sans me consoler !
Ce soir encor je t’ai vu m’apparaître.
C’était par une triste nuit.
L’aile des vents battait à ma fenêtre ;
J’étais seul, courbé sur mon lit.
J’y regardais une place chérie,
Tiède encor d’un baiser brûlant ;
Et je songeais comme la femme oublie,
Et je sentais un lambeau de ma vie
Qui se déchirait lentement.
Je rassemblais des lettres de la veille,
Des cheveux, des débris d’amour.
Tout ce passé me criait à l’oreille
Ses éternels serments d’un jour.
Je contemplais ces reliques sacrées,
Qui me faisaient trembler la main :
Larmes du coeur par le coeur dévorées,
Et que les yeux qui les avaient pleurées
Ne reconnaîtront plus demain !
J’enveloppais dans un morceau de bure
Ces ruines des jours heureux.
Je me disais qu’ici-bas ce qui dure,
C’est une mèche de cheveux.
Comme un plongeur dans une mer profonde,
Je me perdais dans tant d’oubli.
De tous côtés j’y retournais la sonde,
Et je pleurais, seul, loin des yeux du monde,
Mon pauvre amour enseveli.
J’allais poser le sceau de cire noire
Sur ce fragile et cher trésor.
J’allais le rendre, et, n’y pouvant pas croire,
En pleurant j’en doutais encor.
Ah ! faible femme, orgueilleuse insensée,
Malgré toi, tu t’en souviendras !
Pourquoi, grand Dieu ! mentir à sa pensée ?
Pourquoi ces pleurs, cette gorge oppressée,
Ces sanglots, si tu n’aimais pas ?
Oui, tu languis, tu souffres, et tu pleures ;
Mais ta chimère est entre nous.
Eh bien ! adieu ! Vous compterez les heures
Qui me sépareront de vous.
Partez, partez, et dans ce coeur de glace
Emportez l’orgueil satisfait.
Je sens encor le mien jeune et vivace,
Et bien des maux pourront y trouver place
Sur le mal que vous m’avez fait.
Partez, partez ! la Nature immortelle
N’a pas tout voulu vous donner.
Ah ! pauvre enfant, qui voulez être belle,
Et ne savez pas pardonner !
Allez, allez, suivez la destinée ;
Qui vous perd n’a pas tout perdu.
Jetez au vent notre amour consumée ; -
Eternel Dieu ! toi que j’ai tant aimée,
Si tu pars, pourquoi m’aimes-tu ?
Mais tout à coup j’ai vu dans la nuit sombre
Une forme glisser sans bruit.
Sur mon rideau j’ai vu passer une ombre ;
Elle vient s’asseoir sur mon lit.
Qui donc es-tu, morne et pâle visage,
Sombre portrait vêtu de noir ?
Que me veux-tu, triste oiseau de passage ?
Est-ce un vain rêve ? est-ce ma propre image
Que j’aperçois dans ce miroir ?
Qui donc es-tu, spectre de ma jeunesse,
Pèlerin que rien n’a lassé ?
Dis-moi pourquoi je te trouve sans cesse
Assis dans l’ombre où j’ai passé.
Qui donc es-tu, visiteur solitaire,
Hôte assidu de mes douleurs ?
Qu’as-tu donc fait pour me suivre sur terre ?
Qui donc es-tu, qui donc es-tu, mon frère,
Qui n’apparais qu’au jour des pleurs ?
LA VISION
- Ami, notre père est le tien.
Je ne suis ni l’ange gardien,
Ni le mauvais destin des hommes.
Ceux que j’aime, je ne sais pas
De quel côté s’en vont leurs pas
Sur ce peu de fange où nous sommes.
Je ne suis ni dieu ni démon,
Et tu m’as nommé par mon nom
Quand tu m’as appelé ton frère ;
Où tu vas, j’y serai toujours,
Jusques au dernier de tes jours,
Où j’irai m’asseoir sur ta pierre.
Le ciel m’a confié ton coeur.
Quand tu seras dans la douleur,
Viens à moi sans inquiétude.
Je te suivrai sur le chemin ;
Mais je ne puis toucher ta main,
Ami, je suis la Solitude.
Alfred de Musset, La nuit de décembre
Du temps que j’étais écolier,
Je restais un soir à veiller
Dans notre salle solitaire.
Devant ma table vint s’asseoir
Un pauvre enfant vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Son visage était triste et beau :
A la lueur de mon flambeau,
Dans mon livre ouvert il vint lire.
Il pencha son front sur sa main,
Et resta jusqu’au lendemain,
Pensif, avec un doux sourire.
Comme j’allais avoir quinze ans
Je marchais un jour, à pas lents,
Dans un bois, sur une bruyère.
Au pied d’un arbre vint s’asseoir
Un jeune homme vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Je lui demandai mon chemin ;
Il tenait un luth d’une main,
De l’autre un bouquet d’églantine.
Il me fit un salut d’ami,
Et, se détournant à demi,
Me montra du doigt la colline.
A l’âge où l’on croit à l’amour,
J’étais seul dans ma chambre un jour,
Pleurant ma première misère.
Au coin de mon feu vint s’asseoir
Un étranger vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Il était morne et soucieux ;
D’une main il montrait les cieux,
Et de l’autre il tenait un glaive.
De ma peine il semblait souffrir,
Mais il ne poussa qu’un soupir,
Et s’évanouit comme un rêve.
A l’âge où l’on est libertin,
Pour boire un toast en un festin,
Un jour je soulevais mon verre.
En face de moi vint s’asseoir
Un convive vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Il secouait sous son manteau
Un haillon de pourpre en lambeau,
Sur sa tête un myrte stérile.
Son bras maigre cherchait le mien,
Et mon verre, en touchant le sien,
Se brisa dans ma main débile.
Un an après, il était nuit ;
J’étais à genoux près du lit
Où venait de mourir mon père.
Au chevet du lit vint s’asseoir
Un orphelin vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Ses yeux étaient noyés de pleurs ;
Comme les anges de douleurs,
Il était couronné d’épine ;
Son luth à terre était gisant,
Sa pourpre de couleur de sang,
Et son glaive dans sa poitrine.
Je m’en suis si bien souvenu,
Que je l’ai toujours reconnu
A tous les instants de ma vie.
C’est une étrange vision,
Et cependant, ange ou démon,
J’ai vu partout cette ombre amie.
Lorsque plus tard, las de souffrir,
Pour renaître ou pour en finir,
J’ai voulu m’exiler de France ;
Lorsqu’impatient de marcher,
J’ai voulu partir, et chercher
Les vestiges d’une espérance ;
A Pise, au pied de l’Apennin ;
A Cologne, en face du Rhin ;
A Nice, au penchant des vallées ;
A Florence, au fond des palais ;
A Brigues, dans les vieux chalets ;
Au sein des Alpes désolées ;
A Gênes, sous les citronniers ;
A Vevey, sous les verts pommiers ;
Au Havre, devant l’Atlantique ;
A Venise, à l’affreux Lido,
Où vient sur l’herbe d’un tombeau
Mourir la pâle Adriatique ;
Partout où, sous ces vastes cieux,
J’ai lassé mon coeur et mes yeux,
Saignant d’une éternelle plaie ;
Partout où le boiteux Ennui,
Traînant ma fatigue après lui,
M’a promené sur une claie ;
Partout où, sans cesse altéré
De la soif d’un monde ignoré,
J’ai suivi l’ombre de mes songes ;
Partout où, sans avoir vécu,
J’ai revu ce que j’avais vu,
La face humaine et ses mensonges ;
Partout où, le long des chemins,
J’ai posé mon front dans mes mains,
Et sangloté comme une femme ;
Partout où j’ai, comme un mouton,
Qui laisse sa laine au buisson,
Senti se dénuder mon âme ;
Partout où j’ai voulu dormir,
Partout où j’ai voulu mourir,
Partout où j’ai touché la terre,
Sur ma route est venu s’asseoir
Un malheureux vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Qui donc es-tu, toi que dans cette vie
Je vois toujours sur mon chemin ?
Je ne puis croire, à ta mélancolie,
Que tu sois mon mauvais Destin.
Ton doux sourire a trop de patience,
Tes larmes ont trop de pitié.
En te voyant, j’aime la Providence.
Ta douleur même est soeur de ma souffrance ;
Elle ressemble à l’Amitié.
Qui donc es-tu ? - Tu n’es pas mon bon ange,
Jamais tu ne viens m’avertir.
Tu vois mes maux (c’est une chose étrange !)
Et tu me regardes souffrir.
Depuis vingt ans tu marches dans ma voie,
Et je ne saurais t’appeler.
Qui donc es-tu, si c’est Dieu qui t’envoie ?
Tu me souris sans partager ma joie,
Tu me plains sans me consoler !
Ce soir encor je t’ai vu m’apparaître.
C’était par une triste nuit.
L’aile des vents battait à ma fenêtre ;
J’étais seul, courbé sur mon lit.
J’y regardais une place chérie,
Tiède encor d’un baiser brûlant ;
Et je songeais comme la femme oublie,
Et je sentais un lambeau de ma vie
Qui se déchirait lentement.
Je rassemblais des lettres de la veille,
Des cheveux, des débris d’amour.
Tout ce passé me criait à l’oreille
Ses éternels serments d’un jour.
Je contemplais ces reliques sacrées,
Qui me faisaient trembler la main :
Larmes du coeur par le coeur dévorées,
Et que les yeux qui les avaient pleurées
Ne reconnaîtront plus demain !
J’enveloppais dans un morceau de bure
Ces ruines des jours heureux.
Je me disais qu’ici-bas ce qui dure,
C’est une mèche de cheveux.
Comme un plongeur dans une mer profonde,
Je me perdais dans tant d’oubli.
De tous côtés j’y retournais la sonde,
Et je pleurais, seul, loin des yeux du monde,
Mon pauvre amour enseveli.
J’allais poser le sceau de cire noire
Sur ce fragile et cher trésor.
J’allais le rendre, et, n’y pouvant pas croire,
En pleurant j’en doutais encor.
Ah ! faible femme, orgueilleuse insensée,
Malgré toi, tu t’en souviendras !
Pourquoi, grand Dieu ! mentir à sa pensée ?
Pourquoi ces pleurs, cette gorge oppressée,
Ces sanglots, si tu n’aimais pas ?
Oui, tu languis, tu souffres, et tu pleures ;
Mais ta chimère est entre nous.
Eh bien ! adieu ! Vous compterez les heures
Qui me sépareront de vous.
Partez, partez, et dans ce coeur de glace
Emportez l’orgueil satisfait.
Je sens encor le mien jeune et vivace,
Et bien des maux pourront y trouver place
Sur le mal que vous m’avez fait.
Partez, partez ! la Nature immortelle
N’a pas tout voulu vous donner.
Ah ! pauvre enfant, qui voulez être belle,
Et ne savez pas pardonner !
Allez, allez, suivez la destinée ;
Qui vous perd n’a pas tout perdu.
Jetez au vent notre amour consumée ; -
Eternel Dieu ! toi que j’ai tant aimée,
Si tu pars, pourquoi m’aimes-tu ?
Mais tout à coup j’ai vu dans la nuit sombre
Une forme glisser sans bruit.
Sur mon rideau j’ai vu passer une ombre ;
Elle vient s’asseoir sur mon lit.
Qui donc es-tu, morne et pâle visage,
Sombre portrait vêtu de noir ?
Que me veux-tu, triste oiseau de passage ?
Est-ce un vain rêve ? est-ce ma propre image
Que j’aperçois dans ce miroir ?
Qui donc es-tu, spectre de ma jeunesse,
Pèlerin que rien n’a lassé ?
Dis-moi pourquoi je te trouve sans cesse
Assis dans l’ombre où j’ai passé.
Qui donc es-tu, visiteur solitaire,
Hôte assidu de mes douleurs ?
Qu’as-tu donc fait pour me suivre sur terre ?
Qui donc es-tu, qui donc es-tu, mon frère,
Qui n’apparais qu’au jour des pleurs ?
LA VISION
- Ami, notre père est le tien.
Je ne suis ni l’ange gardien,
Ni le mauvais destin des hommes.
Ceux que j’aime, je ne sais pas
De quel côté s’en vont leurs pas
Sur ce peu de fange où nous sommes.
Je ne suis ni dieu ni démon,
Et tu m’as nommé par mon nom
Quand tu m’as appelé ton frère ;
Où tu vas, j’y serai toujours,
Jusques au dernier de tes jours,
Où j’irai m’asseoir sur ta pierre.
Le ciel m’a confié ton coeur.
Quand tu seras dans la douleur,
Viens à moi sans inquiétude.
Je te suivrai sur le chemin ;
Mais je ne puis toucher ta main,
Ami, je suis la Solitude.
Alfred de Musset, La nuit de décembre
Elther- Messages : 60
Date d'inscription : 30/03/2013
Re: Vos poèmes préférés
(Il est pas mal ce Musset.)
La vie antérieure
J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d'une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.
C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,
Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l'unique soin était d'approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.
Ch. Baudelaire
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Le risque et le pendule
Toi qui ameutes et qui passes entre l'épanouie et le voltigeur, sois celui pour qui le papillon touche les fleurs du chemin.
Reste avec la vague à la seconde où son cœur expire.
Tu verras.
Sensible aussi à la salive du rameau.
Sans plus choisir entre oublier et bien apprendre.
Puisses-tu garder au vent de ta branche tes amis essentiels.
Elle transporte le verbe, l'abeille frontalière qui, à travers haines ou embuscades, va pondre son miel sur la passade d'un nuage.
La nuit ne s'étonne plus du volet que l'homme tire.
Une poussière qui tombe sur la main occupée à tracer le poème, les foudroie, poème et main.
René Char
Toi qui ameutes et qui passes entre l'épanouie et le voltigeur, sois celui pour qui le papillon touche les fleurs du chemin.
Reste avec la vague à la seconde où son cœur expire.
Tu verras.
Sensible aussi à la salive du rameau.
Sans plus choisir entre oublier et bien apprendre.
Puisses-tu garder au vent de ta branche tes amis essentiels.
Elle transporte le verbe, l'abeille frontalière qui, à travers haines ou embuscades, va pondre son miel sur la passade d'un nuage.
La nuit ne s'étonne plus du volet que l'homme tire.
Une poussière qui tombe sur la main occupée à tracer le poème, les foudroie, poème et main.
René Char
Banquo- Messages : 4
Date d'inscription : 22/09/2013
Re: Vos poèmes préférés
Der Wahnsinn
Sie muß immer sinnen: Ich bin... ich bin...
Wer bist du denn, Marie?
Eine Königin, eine Königin!
In die Kniee vor mir, in die Knie!
Sie muß immer weinen: Ich war... ich war...
Wer warst du denn, Marie?
Ein Niemandskind, ganz arm und bar,
und ich kann dir nicht sagen wie.
Und wurdest aus einem solchen Kind
eine Fürstin, vor der man kniet?
Weil die Dinge alle anders sind,
als man sie beim Betteln sieht.
So haben die Dinge dich groß gemacht,
und kannst du noch sagen wann?
Eine Nacht, eine Nacht, über eine Nacht, -
und sie sprachen mich anders an.
Ich trat in die Gasse hinaus und sieh:
die ist wie mit Saiten bespannt;
da wurde Marie Melodie, Melodie...
und tanzte von Rand zu Rand.
Die Leute schlichen so ängstlich hin,
wie hart an die Häuser gepflanzt, -
denn das darf doch nur eine Königin,
daß sie tanzt in den Gassen: tanzt!...
Rainer Maria Rilke
Sie muß immer sinnen: Ich bin... ich bin...
Wer bist du denn, Marie?
Eine Königin, eine Königin!
In die Kniee vor mir, in die Knie!
Sie muß immer weinen: Ich war... ich war...
Wer warst du denn, Marie?
Ein Niemandskind, ganz arm und bar,
und ich kann dir nicht sagen wie.
Und wurdest aus einem solchen Kind
eine Fürstin, vor der man kniet?
Weil die Dinge alle anders sind,
als man sie beim Betteln sieht.
So haben die Dinge dich groß gemacht,
und kannst du noch sagen wann?
Eine Nacht, eine Nacht, über eine Nacht, -
und sie sprachen mich anders an.
Ich trat in die Gasse hinaus und sieh:
die ist wie mit Saiten bespannt;
da wurde Marie Melodie, Melodie...
und tanzte von Rand zu Rand.
Die Leute schlichen so ängstlich hin,
wie hart an die Häuser gepflanzt, -
denn das darf doch nur eine Königin,
daß sie tanzt in den Gassen: tanzt!...
Rainer Maria Rilke
Banquo- Messages : 4
Date d'inscription : 22/09/2013
Re: Vos poèmes préférés
Un poème d'une simplicité lumineuse :
Life
A crust of bread and a corner to sleep in,
A minute to smile and an hour to weep in,
A pint of joy to a peck of trouble,
And never a laugh but the moans come double;
And that is life!
A crust and a corner that love makes precious,
With a smile to warm and the tears to refresh us;
And joy seems sweeter when cares come after,
And a moan is the finest of foils for laughter;
And that is life!
Paul Laurence Dunbar
Life
A crust of bread and a corner to sleep in,
A minute to smile and an hour to weep in,
A pint of joy to a peck of trouble,
And never a laugh but the moans come double;
And that is life!
A crust and a corner that love makes precious,
With a smile to warm and the tears to refresh us;
And joy seems sweeter when cares come after,
And a moan is the finest of foils for laughter;
And that is life!
Paul Laurence Dunbar
Killian- Messages : 86
Date d'inscription : 27/02/2011
Age : 40
Localisation : Pays de la Loire
Re: Vos poèmes préférés
J'aime beaucoup ce dernier, Life, je ne connaissais pas son auteur.
Pour moi ce sera un poème ultra connu, mais qui me fait toujours un truc
Tu seras un homme mon fils
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.
Rudyard Kipling
Mon poème préféré reste Les Pâques à New-York de Cendrars, et mais il écrit en prose et ça dure des pages et des pages, difficile de le poster.
Amelia Pond- Messages : 108
Date d'inscription : 20/10/2013
Age : 35
Localisation : Paris
Re: Vos poèmes préférés
Peut-être pourrais-tu donner un lien à l'occasion, Amélia ? Cela permettrait aux curieux-mais-flemmards d'aller le lire sans que cela fasse gros pavé sur le forum.
Sinon, j'avais plusieurs poèmes en tête, à poster, et je me suis dit que pour mieux choisir celui que je posterai, rien de mieux que de faire une petite rétrospective de ce qui avait déjà été proposé. Vous trouverez donc ci-dessous un petit index de tous les poèmes postés dans ce fil jusqu'ici... On notera sinon un grand goût pour Baudelaire, Verlaine et Aragon de la part des membres... (mais aussi plein de textes moins connus, plus divers - le voyage dans ce topic s'est révélé riche en découvertes et je vous remercie !)
Et voici donc :
Algun Akova, La Couturière d'Aile
Apollinaire, Guillaume,Fiançailles
Apollinaire, Guillaume, Adieu !
Aragon, Louis, Strophes pour se souvenir
Aragon, Louis, Un homme passe sous la fenêtre et chante
Aragon, Louis, Nous dormirons ensemble
Aragon, Louis, Les Oiseaux déguisés
Aragon, Louis, Chagall VI
Aragon, Louis, L'Etrangère
Aragon, Louis, Elsa
Aragon, Louis, Je me tiens sur le seuil de la vie et de la mort (extrait)
Baïf, Jean Antoine de, Amour de Francine
Barros, Adémar de, J'ai fait un rêve, la nuit de Noël
Baudelaire, Charles, A une passante
Baudelaire, Charles, Ebauche d'un épilogue pour la deuxième édition
Baudelaire, Charles, L'Invitation au voyage
Baudelaire, Charles, L'Albatros
Baudelaire, Charles, Le Vampire
Baudelaire, Charles, Recueillement
Baudelaire, Charles, La Fontaine de sang
Baudelaire, Charles, Le Serpent qui danse
Baudelaire, Charles,Parfum exotique
Baudelaire, Charles, Spleen
Baudelaire, Charles, La Vie antérieure
Baudelaire, Charles, Tristesses de la lune
Baudelaire, Charles, L'Etranger
Baudelaire, Charles, Correspondances
Beaucarne, Julos, C'est une peinture ancienne
Bensé,Petite
Bianu, Zéno, Bleu Klein
Bobin, Christian, Extraits divers
Bonnefoy, Yves,L'Imperfection est la cime
Brassens, Georges ; Pol, Charles, Les Passantes
Brontë, Emily, To Imagination* (avec traduction)
Byron, She walks in beauty, like the night *
Byron, When we two parted *
Char, René, Les Matinaux
Char, René, Le Risque et la pendule
Corbière, Tristan, La Mâle-fleurette
Corbière, Tristan, Le Crapaud
Corneille, Pierre, Vos beaux yeux
Cros, Charles, À tuer
Cros, Charles, Sonnet
Cummings, E. E, May I feel he *
Darwich Mahmoud, J'ai la sagesse d'un condamné à mort
Desbordes-Valmore, Marceline, Les Roses de Saadi
Desnos, Robert, A la mystérieuse
Desnos, Robert, Le Dernier poème
Devos, Raymond, Se coucher tard
Dickinson, Emily, Une Âme en incandescence
Du Bellay, Joachim, Si notre vie est moins qu'une journée
Dunbar, Paul Laurence, Life *
Elliot, T. S., The Hollow Men (avec traduction)
Éluard, Paul, Liberté
Eluard, Paul, Et un sourire
Eluard, Paul, La Courbe de tes yeux
Eluard, Paul, Je t'aime
Gracq, Julien, Autour des sept collines
Granek Esther, Contradictions
Guillevic, Eugène, Ce qui n'est pas dans la pierre
Horace, Rectus vives, neque altum *, Odes, livre II
Hugo, Victor, Elle avait pris le pli dans son âge enfantin
Hugo, Victor, Ecrit après la visite d'un bagne
Hugo, Victor, Le Crapaud (extrait)
Hugo, Victor, Booz endormi
Hugo, Victor, Demain, dès l'aube
Hugo, Victor, La Source tombait du rocher
Hugo, Victor, Aimons toujours ! Aimons encores... !
Hugo, Victor, A ceux qui sont petits
Hugo, Victor, Un peu de musique
Hugo, Victor, Demain, dès l'aube
Hugo, Victor, Le Firmament
Hugo, Victor, Ne vous contentez pas, Madame, d'être belle
Keats, John, La Belle Dame sans merci *
Keats, John, Endymion (ouverture)*
Kipling, Rudyard, Tu seras un homme mon fils
Labé, Louise, Je vis, je meurs, je me brûle et je me noie
La Fontaine, Jean de, La Mort et le mourant
Laforgue, Jules, Pierrots, I
Lamartine, Alphonse de, Vers sur un album
Lamoureux, Robert, L'Eloge de la fatigue
Larkin Philip, Talking In Bed
Leconte de Lisle, Charles Marie René, Notice de Poèmes et poésies
Leconte de Lisle, Midi
Louÿs, Pierre, Psyché
Mallarmé Stéphane,Las de l'amer repos
Mingarelli, Hubert, J'attends la pluie
Musset, Alfred de, La Nuit de décembre
Musset, Alfred de, La Nuit d'août (extrait)
Musset, Alfred de, Lettre à M de Lamartine
Nerval, Gérard de, Une Allée du Luxembourg
Nerval, Gérard de, Pensée de Byron
Nerval, Gérard de, Fantaisie
Nerval, Gérard de, Mysticisme, I
Orléans, Charles d', D'espoir et que vous en dirais ?
Orléans, Charles d', Rondeau
Pavese, Cesare, La mort viendra et elle aura tes yeux
Pessoa, Fernando, L'enfant que je fus pleure sur la route.
Poe, Edgard Allan,Alone
Prévert, Jacques, Quartier libre
Prévert, Jacques, Le Chat et l'oiseau
Prévert, Jacques, Le Cancre
Prévert, Jacques, Cet amour
Prévert, Jacques,Chanson
Rilke, Rainer Maria, Le Livre de la pauvreté et de la mort (extrait)
Rilke, Rainer Maria, Der Panther *
Rilke, Rainer Maria,Der Wahnsinn *
Rimbaud, Arthur, Les Chercheuses de poux
Rimbaud, Arthur, L'Etoile a pleuré rose
Rimbaud, Arthur,Roman
Rimbaud Arthur, Le Dormeur du val
Rollinat, Maurice, La Biche
Ronsard, Pierre de, Quand je te voy discourant à par-toy
Ronsard, Pierre de, Stances
Roy Claude, Ceux qui...
Roy Claude,A peine
Rutebeuf, Charles, La Grièche d'hiver
Samain, Albert, Musique
Sénèque, Phèdre, acte II
Shakespeare, William, Macbeth, III, 1 (extrait) *
Shakespeare, William, Macbeth, II, 2 (extrait) *
Shelley, Percy Bysshe, Ozymandias
Shelley, Percy Bysshe, The Masque Of Anarchy *
Smith, Carl A., La Litanie des sept baisers
Sosek Natsune, Haïku
Sully Prudhomme, Le Vase brisé
Supervielle, Jules, Ce sont d'autres lèvres
Supervielle, Jules, Les Amis inconnus
Swinburne, Algernon, Poets Grave *
Toulet, Paul-Jean, Soir de Montmartre et Quelque-fois
Trackl, Georg, Grodek
Tranströmer, Thomas, Las de tous ceux qui viennent avec des mots
Valéry, Paul, Le Bois amical
Valéry, Paul, La Jeune Parque
Val Lerberghe, Charles, [/url]La Chanson d'Eve
Verhaeren, Emile, Clarté froide
Verlaine, Paul, Il pleure dans mon cœur
Verlaine, Paul, Mon rêve familier
Verlaine, Paul, Chanson d'automne
Verlaine, Paul, L'Heure exquise (+ mise en musique
Verlaine, Paul, Colloque sentimental
Verlaine, Paul, Sagesse, III, VI
Verlaine, Paul, Art poétique
Verlaine, Paul, La Nuit de Walpurgis classique
Verlaine, Paul, L'Heure exquise (Mis en musique par R. Hahn)
Vigny, Alfred de, La Mort du loup
Vigny, Alfred de, Sitôt que votre souffle a rempli le berger
Whitman, Walt, Chanson des joies
Yeats, William Butler, A mermaid found a swimming lad
Et sur ces entrefaites, je vous propose un poème d'un auteur que j'aime beaucoup et qui n'a pas encore été cité : Jules Laforgue.
C'est, sur un cou qui, raide, émerge
D'une fraise empesée idem,
Une face imberbe au cold-cream,
Un air d'hydrocéphale asperge.
Les yeux sont noyés de l'opium
De l'indulgence universelle,
La bouche clownesque ensorcèle
Comme un singulier géranium.
Bouche qui va du trou sans bonde
Glacialement désopilé,
Au transcendental en-allé
Du souris vain de la Joconde.
Campant leur cône enfariné
Sur le noir serre-tête en soie,
Ils font rire leur patte d'oie
Et froncent en trèfle leur nez.
Ils ont comme chaton de bague
Le scarabée égyptien,
À leur boutonnière fait bien
Le pissenlit des terrains vagues.
Ils vont, se sustentant d'azur !
Et parfois aussi de légumes,
De riz plus blanc que leur costume,
De mandarines et d’œufs durs.
Ils sont de la secte du Blême,
Ils n'ont rien à voir avec Dieu,
Et sifflent : " Tout est pour le mieux,"
Dans la meilleur' des mi-carême ! "
Sinon, j'avais plusieurs poèmes en tête, à poster, et je me suis dit que pour mieux choisir celui que je posterai, rien de mieux que de faire une petite rétrospective de ce qui avait déjà été proposé. Vous trouverez donc ci-dessous un petit index de tous les poèmes postés dans ce fil jusqu'ici... On notera sinon un grand goût pour Baudelaire, Verlaine et Aragon de la part des membres... (mais aussi plein de textes moins connus, plus divers - le voyage dans ce topic s'est révélé riche en découvertes et je vous remercie !)
- Spoiler:
- Au fil de mes pérégrinations, j'ai rencontré un petit souci avec les poèmes très personnels, concernant de près certains membres, et que j'hésitais donc à indexer. Je les ai signalés à part, car ils ont tout autant leur place ici que le reste, mais si les intéressés souhaitent les voir retirés du récapitulatif, qu'ils me fassent signe ! Les poèmes écrits dans une langue étrangère et non traduits sont signalés par un astérisque. N'hésitez pas à me signaler d'éventuelles erreurs - oublis, etc.
D'ailleurs, si cela vous intéresse et/ou vous semble utile, je peux tenir le récapitulatif à jour au fur et à mesure que d'autres poèmes seront proposés. Et si vous estimez que ça ne sert à rien, ça aura occupé une matinée d'oisiveté au boulot, donc rien n'est perdu !
Et voici donc :
Poèmes
Algun Akova, La Couturière d'Aile
Apollinaire, Guillaume,Fiançailles
Apollinaire, Guillaume, Adieu !
Aragon, Louis, Strophes pour se souvenir
Aragon, Louis, Un homme passe sous la fenêtre et chante
Aragon, Louis, Nous dormirons ensemble
Aragon, Louis, Les Oiseaux déguisés
Aragon, Louis, Chagall VI
Aragon, Louis, L'Etrangère
Aragon, Louis, Elsa
Aragon, Louis, Je me tiens sur le seuil de la vie et de la mort (extrait)
Baïf, Jean Antoine de, Amour de Francine
Barros, Adémar de, J'ai fait un rêve, la nuit de Noël
Baudelaire, Charles, A une passante
Baudelaire, Charles, Ebauche d'un épilogue pour la deuxième édition
Baudelaire, Charles, L'Invitation au voyage
Baudelaire, Charles, L'Albatros
Baudelaire, Charles, Le Vampire
Baudelaire, Charles, Recueillement
Baudelaire, Charles, La Fontaine de sang
Baudelaire, Charles, Le Serpent qui danse
Baudelaire, Charles,Parfum exotique
Baudelaire, Charles, Spleen
Baudelaire, Charles, La Vie antérieure
Baudelaire, Charles, Tristesses de la lune
Baudelaire, Charles, L'Etranger
Baudelaire, Charles, Correspondances
Beaucarne, Julos, C'est une peinture ancienne
Bensé,Petite
Bianu, Zéno, Bleu Klein
Bobin, Christian, Extraits divers
Bonnefoy, Yves,L'Imperfection est la cime
Brassens, Georges ; Pol, Charles, Les Passantes
Brontë, Emily, To Imagination* (avec traduction)
Byron, She walks in beauty, like the night *
Byron, When we two parted *
Char, René, Les Matinaux
Char, René, Le Risque et la pendule
Corbière, Tristan, La Mâle-fleurette
Corbière, Tristan, Le Crapaud
Corneille, Pierre, Vos beaux yeux
Cros, Charles, À tuer
Cros, Charles, Sonnet
Cummings, E. E, May I feel he *
Darwich Mahmoud, J'ai la sagesse d'un condamné à mort
Desbordes-Valmore, Marceline, Les Roses de Saadi
Desnos, Robert, A la mystérieuse
Desnos, Robert, Le Dernier poème
Devos, Raymond, Se coucher tard
Dickinson, Emily, Une Âme en incandescence
Du Bellay, Joachim, Si notre vie est moins qu'une journée
Dunbar, Paul Laurence, Life *
Elliot, T. S., The Hollow Men (avec traduction)
Éluard, Paul, Liberté
Eluard, Paul, Et un sourire
Eluard, Paul, La Courbe de tes yeux
Eluard, Paul, Je t'aime
Gracq, Julien, Autour des sept collines
Granek Esther, Contradictions
Guillevic, Eugène, Ce qui n'est pas dans la pierre
Horace, Rectus vives, neque altum *, Odes, livre II
Hugo, Victor, Elle avait pris le pli dans son âge enfantin
Hugo, Victor, Ecrit après la visite d'un bagne
Hugo, Victor, Le Crapaud (extrait)
Hugo, Victor, Booz endormi
Hugo, Victor, Demain, dès l'aube
Hugo, Victor, La Source tombait du rocher
Hugo, Victor, Aimons toujours ! Aimons encores... !
Hugo, Victor, A ceux qui sont petits
Hugo, Victor, Un peu de musique
Hugo, Victor, Demain, dès l'aube
Hugo, Victor, Le Firmament
Hugo, Victor, Ne vous contentez pas, Madame, d'être belle
Keats, John, La Belle Dame sans merci *
Keats, John, Endymion (ouverture)*
Kipling, Rudyard, Tu seras un homme mon fils
Labé, Louise, Je vis, je meurs, je me brûle et je me noie
La Fontaine, Jean de, La Mort et le mourant
Laforgue, Jules, Pierrots, I
Lamartine, Alphonse de, Vers sur un album
Lamoureux, Robert, L'Eloge de la fatigue
Larkin Philip, Talking In Bed
Leconte de Lisle, Charles Marie René, Notice de Poèmes et poésies
Leconte de Lisle, Midi
Louÿs, Pierre, Psyché
Mallarmé Stéphane,Las de l'amer repos
Mingarelli, Hubert, J'attends la pluie
Musset, Alfred de, La Nuit de décembre
Musset, Alfred de, La Nuit d'août (extrait)
Musset, Alfred de, Lettre à M de Lamartine
Nerval, Gérard de, Une Allée du Luxembourg
Nerval, Gérard de, Pensée de Byron
Nerval, Gérard de, Fantaisie
Nerval, Gérard de, Mysticisme, I
Orléans, Charles d', D'espoir et que vous en dirais ?
Orléans, Charles d', Rondeau
Pavese, Cesare, La mort viendra et elle aura tes yeux
Pessoa, Fernando, L'enfant que je fus pleure sur la route.
Poe, Edgard Allan,Alone
Prévert, Jacques, Quartier libre
Prévert, Jacques, Le Chat et l'oiseau
Prévert, Jacques, Le Cancre
Prévert, Jacques, Cet amour
Prévert, Jacques,Chanson
Rilke, Rainer Maria, Le Livre de la pauvreté et de la mort (extrait)
Rilke, Rainer Maria, Der Panther *
Rilke, Rainer Maria,Der Wahnsinn *
Rimbaud, Arthur, Les Chercheuses de poux
Rimbaud, Arthur, L'Etoile a pleuré rose
Rimbaud, Arthur,Roman
Rimbaud Arthur, Le Dormeur du val
Rollinat, Maurice, La Biche
Ronsard, Pierre de, Quand je te voy discourant à par-toy
Ronsard, Pierre de, Stances
Roy Claude, Ceux qui...
Roy Claude,A peine
Rutebeuf, Charles, La Grièche d'hiver
Samain, Albert, Musique
Sénèque, Phèdre, acte II
Shakespeare, William, Macbeth, III, 1 (extrait) *
Shakespeare, William, Macbeth, II, 2 (extrait) *
Shelley, Percy Bysshe, Ozymandias
Shelley, Percy Bysshe, The Masque Of Anarchy *
Smith, Carl A., La Litanie des sept baisers
Sosek Natsune, Haïku
Sully Prudhomme, Le Vase brisé
Supervielle, Jules, Ce sont d'autres lèvres
Supervielle, Jules, Les Amis inconnus
Swinburne, Algernon, Poets Grave *
Toulet, Paul-Jean, Soir de Montmartre et Quelque-fois
Trackl, Georg, Grodek
Tranströmer, Thomas, Las de tous ceux qui viennent avec des mots
Valéry, Paul, Le Bois amical
Valéry, Paul, La Jeune Parque
Val Lerberghe, Charles, [/url]La Chanson d'Eve
Verhaeren, Emile, Clarté froide
Verlaine, Paul, Il pleure dans mon cœur
Verlaine, Paul, Mon rêve familier
Verlaine, Paul, Chanson d'automne
Verlaine, Paul, L'Heure exquise (+ mise en musique
Verlaine, Paul, Colloque sentimental
Verlaine, Paul, Sagesse, III, VI
Verlaine, Paul, Art poétique
Verlaine, Paul, La Nuit de Walpurgis classique
Verlaine, Paul, L'Heure exquise (Mis en musique par R. Hahn)
Vigny, Alfred de, La Mort du loup
Vigny, Alfred de, Sitôt que votre souffle a rempli le berger
Whitman, Walt, Chanson des joies
Yeats, William Butler, A mermaid found a swimming lad
Inclassables
(parce que le nom de l'auteur est inconnu, parce qu'ils ont eu une résonance toute personnelle)
(parce que le nom de l'auteur est inconnu, parce qu'ils ont eu une résonance toute personnelle)
- Spoiler:
- Auteur inconnu, posté par Plaisance, Sur le dos d'une coccinelle
Poésie du petit frère de Miwako, Cheyenne
Poésie d'une amie de Kim Merink, Je sais que pour toi la vie n'est pas drôle
~ * ~
Et sur ces entrefaites, je vous propose un poème d'un auteur que j'aime beaucoup et qui n'a pas encore été cité : Jules Laforgue.
Pierrots, I
C'est, sur un cou qui, raide, émerge
D'une fraise empesée idem,
Une face imberbe au cold-cream,
Un air d'hydrocéphale asperge.
Les yeux sont noyés de l'opium
De l'indulgence universelle,
La bouche clownesque ensorcèle
Comme un singulier géranium.
Bouche qui va du trou sans bonde
Glacialement désopilé,
Au transcendental en-allé
Du souris vain de la Joconde.
Campant leur cône enfariné
Sur le noir serre-tête en soie,
Ils font rire leur patte d'oie
Et froncent en trèfle leur nez.
Ils ont comme chaton de bague
Le scarabée égyptien,
À leur boutonnière fait bien
Le pissenlit des terrains vagues.
Ils vont, se sustentant d'azur !
Et parfois aussi de légumes,
De riz plus blanc que leur costume,
De mandarines et d’œufs durs.
Ils sont de la secte du Blême,
Ils n'ont rien à voir avec Dieu,
Et sifflent : " Tout est pour le mieux,"
Dans la meilleur' des mi-carême ! "
Dans L'Imitation de Notre-Dame la lune (1886)
Dernière édition par Alphonsine le Mar 07 Oct 2014, 17:00, édité 20 fois
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
C'est une sacrée liste que nous donnes là ! C'est drôle d'y retrouver Yves Bonnefoy, je l'avais étudié en terminale, et c'était mon sujet de bac ^^^J'avais vraiment pas aimé au début, et plus on l'étudiait, et plus je comprennais, et plus j'aimais. Des fois la poésie c'est comme la musique, il faut lui laisser du temps.
J'ai essayé de mettre un lien, mais on me l'a interdit parce que ça fait pas une semaine que je suis sur le site De toute façon il suffit de le taper dans Google et on le trouve, pour ceux qui le veulent c'est pas dur à trouver.
J'ai essayé de mettre un lien, mais on me l'a interdit parce que ça fait pas une semaine que je suis sur le site De toute façon il suffit de le taper dans Google et on le trouve, pour ceux qui le veulent c'est pas dur à trouver.
Amelia Pond- Messages : 108
Date d'inscription : 20/10/2013
Age : 35
Localisation : Paris
Re: Vos poèmes préférés
C'est drôle que tu dises ça car j'ai exactement la même expérience d'Yves Bonnefoy - sans surprise, nous avons sans doute passé le bac à peu près en même temps. Ca m'avait laissé tout à fait indifférente au début puis, avec le temps, au fil de l'analyse, j'ai vraiment appris à apprécier certains de ses poèmes (notamment Les Planches courbes ou Jeter des pierres).C'est une sacrée liste que nous donnes là ! C'est drôle d'y retrouver Yves Bonnefoy, je l'avais étudié en terminale, et c'était mon sujet de bac ^^^J'avais vraiment pas aimé au début, et plus on l'étudiait, et plus je comprenais, et plus j'aimais. Des fois la poésie c'est comme la musique, il faut lui laisser du temps.
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Merci Alphonsine pour cet index excellemment composé. J'en place la référence dans le premier message du sujet.
Pieyre- Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin
Re: Vos poèmes préférés
Merci Alphonsine !
Killian- Messages : 86
Date d'inscription : 27/02/2011
Age : 40
Localisation : Pays de la Loire
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
CET AMOUR - Jacques Prevert
Cet amour
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré
Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux
Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
Cet amour qui faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blêmir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l’avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C’est le tien
C’est le mien
Celui qui a été
Cette chose toujours nouvelle
Et qui n’a pas changé
Aussi vrai qu’une plante
Aussi tremblante qu’un oiseau
Aussi chaude aussi vivant que l’été
Nous pouvons tous les deux
Aller et revenir
Nous pouvons oublier
Et puis nous rendormir
Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore
Rêver à la mort,
Nous éveiller sourire et rire
Et rajeunir
Notre amour reste là
Têtu comme une bourrique
Vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire
Bête comme les regrets
Tendre comme le souvenir
Froid comme le marbre
Beau comme le jour
Fragile comme un enfant
Il nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
Et moi je l’écoute en tremblant
Et je crie
Je crie pour toi
Je crie pour moi
Je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s’aiment
Et qui se sont aimés
Oui je lui crie
Pour toi pour moi et pour tous les autres
Que je ne connais pas
Reste là
Là où tu es
Là où tu étais autrefois
Reste là
Ne bouge pas
Ne t’en va pas
Nous qui sommes aimés
Nous t’avons oublié
Toi ne nous oublie pas
Nous n’avions que toi sur la terre
Ne nous laisse pas devenir froids
Beaucoup plus loin toujours
Et n’importe où
Donne-nous signe de vie
Beaucoup plus tard au coin d’un bois
Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain
Tends-nous la main
Et sauve-nous.
Cet amour
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré
Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux
Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
Cet amour qui faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blêmir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l’avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C’est le tien
C’est le mien
Celui qui a été
Cette chose toujours nouvelle
Et qui n’a pas changé
Aussi vrai qu’une plante
Aussi tremblante qu’un oiseau
Aussi chaude aussi vivant que l’été
Nous pouvons tous les deux
Aller et revenir
Nous pouvons oublier
Et puis nous rendormir
Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore
Rêver à la mort,
Nous éveiller sourire et rire
Et rajeunir
Notre amour reste là
Têtu comme une bourrique
Vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire
Bête comme les regrets
Tendre comme le souvenir
Froid comme le marbre
Beau comme le jour
Fragile comme un enfant
Il nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
Et moi je l’écoute en tremblant
Et je crie
Je crie pour toi
Je crie pour moi
Je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s’aiment
Et qui se sont aimés
Oui je lui crie
Pour toi pour moi et pour tous les autres
Que je ne connais pas
Reste là
Là où tu es
Là où tu étais autrefois
Reste là
Ne bouge pas
Ne t’en va pas
Nous qui sommes aimés
Nous t’avons oublié
Toi ne nous oublie pas
Nous n’avions que toi sur la terre
Ne nous laisse pas devenir froids
Beaucoup plus loin toujours
Et n’importe où
Donne-nous signe de vie
Beaucoup plus tard au coin d’un bois
Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain
Tends-nous la main
Et sauve-nous.
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Prévert encore
CHANSON
Quel jour sommes-nous
Nous sommes tous les jours
Mon amie
Nous sommes toute la vie
Mon amour
Nous nous aimons et nous vivons
Nous vivons et nous nous aimons
Et nous ne savons pas ce que c'est que la vie
Et nous ne savons pas ce que c'est que le jour
Et nous ne savons pas ce que c'est que l'amour.
CHANSON
Quel jour sommes-nous
Nous sommes tous les jours
Mon amie
Nous sommes toute la vie
Mon amour
Nous nous aimons et nous vivons
Nous vivons et nous nous aimons
Et nous ne savons pas ce que c'est que la vie
Et nous ne savons pas ce que c'est que le jour
Et nous ne savons pas ce que c'est que l'amour.
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
- Art poétique
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.
Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise :
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.
C'est des beaux yeux derrière des voiles,
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est, par un ciel d'automne attiédi,
Le bleu fouillis des claires étoiles !
Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance !
Oh ! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !
Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L'Esprit cruel et le Rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l'Azur,
Et tout cet ail de basse cuisine !
Prends l'éloquence et tords‑lui son cou !
Tu feras bien, en train d'énergie,
De rendre un peu la Rime assagie,
Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?
Ô qui dira les torts de la Rime ?
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?
De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.
Que ton vers soit la bonne aventure
Eparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe ou le thym...
Et tout le reste est littérature.
— Verlaine, Jadis et naguère, 1884
Pieyre- Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin
Re: Vos poèmes préférés
Le poème qui m'a fait découvrir et aimer la poésie anglaise :
La Belle Dame Sans Merci, 1820
Ah, what can ail thee, wretched wight,
Alone and palely loitering;
The sedge is wither'd from the lake,
And no birds sing.
Ah, what can ail thee, wretched wight,
So haggard and so woe-begone?
The squirrel's granary is full,
And the harvest's done.
I see a lily on thy brow,
With anguish moist and fever dew;
And on thy cheek a fading rose
Fast withereth too.
I met a lady in the meads
Full beautiful, a faery's child;
Her hair was long, her foot was light,
And her eyes were wild.
I set her on my pacing steed,
And nothing else saw all day long;
For sideways would she lean, and sing
A faery's song.
I made a garland for her head,
And bracelets too, and fragrant zone;
She look'd at me as she did love,
And made sweet moan.
She found me roots of relish sweet,
And honey wild, and manna dew;
And sure in language strange she said,
I love thee true.
She took me to her elfin grot,
And there she gaz'd and sighed deep,
And there I shut her wild sad eyes--
So kiss'd to sleep.
And there we slumber'd on the moss,
And there I dream'd, ah woe betide,
The latest dream I ever dream'd
On the cold hill side.
I saw pale kings, and princes too,
Pale warriors, death-pale were they all;
Who cry'd--"La belle Dame sans merci
Hath thee in thrall!"
I saw their starv'd lips in the gloam
With horrid warning gaped wide,
And I awoke, and found me here
On the cold hill side.
And this is why I sojourn here
Alone and palely loitering,
Though the sedge is wither'd from the lake,
And no birds sing.
John Keats
PS : merci pour les derniers posts, je découvre beaucoup !
La Belle Dame Sans Merci, 1820
Ah, what can ail thee, wretched wight,
Alone and palely loitering;
The sedge is wither'd from the lake,
And no birds sing.
Ah, what can ail thee, wretched wight,
So haggard and so woe-begone?
The squirrel's granary is full,
And the harvest's done.
I see a lily on thy brow,
With anguish moist and fever dew;
And on thy cheek a fading rose
Fast withereth too.
I met a lady in the meads
Full beautiful, a faery's child;
Her hair was long, her foot was light,
And her eyes were wild.
I set her on my pacing steed,
And nothing else saw all day long;
For sideways would she lean, and sing
A faery's song.
I made a garland for her head,
And bracelets too, and fragrant zone;
She look'd at me as she did love,
And made sweet moan.
She found me roots of relish sweet,
And honey wild, and manna dew;
And sure in language strange she said,
I love thee true.
She took me to her elfin grot,
And there she gaz'd and sighed deep,
And there I shut her wild sad eyes--
So kiss'd to sleep.
And there we slumber'd on the moss,
And there I dream'd, ah woe betide,
The latest dream I ever dream'd
On the cold hill side.
I saw pale kings, and princes too,
Pale warriors, death-pale were they all;
Who cry'd--"La belle Dame sans merci
Hath thee in thrall!"
I saw their starv'd lips in the gloam
With horrid warning gaped wide,
And I awoke, and found me here
On the cold hill side.
And this is why I sojourn here
Alone and palely loitering,
Though the sedge is wither'd from the lake,
And no birds sing.
John Keats
PS : merci pour les derniers posts, je découvre beaucoup !
Killian- Messages : 86
Date d'inscription : 27/02/2011
Age : 40
Localisation : Pays de la Loire
Re: Vos poèmes préférés
Emily Brontë, To Imagination
When weary with the long day's care,
And earthly change from pain to pain,
And lost, and ready to despair,
Thy kind voice calls me back again:
Oh, my true friend! I am not lone,
While then canst speak with such a tone!
So hopeless is the world without;
The world within I doubly prize;
Thy world, where guile, and hate, and doubt,
And cold suspicion never rise;
Where thou, and I, and Liberty,
Have undisputed sovereignty.
What matters it, that all around
Danger, and guilt, and darkness lie,
If but within our bosom's bound
We hold a bright, untroubled sky,
Warm with ten thousand mingled rays
Of suns that know no winter days?
Reason, indeed, may oft complain
For Nature's sad reality,
And tell the suffering heart how vain
Its cherished dreams must always be;
And Truth may rudely trample down
The flowers of Fancy, newly-blown:
But thou art ever there, to bring
The hovering vision back, and breathe
New glories o'er the blighted spring,
And call a lovelier Life from Death.
And whisper, with a voice divine,
Of real worlds, as bright as thine.
I trust not to thy phantom bliss,
Yet, still, in evening's quiet hour,
With never-failing thankfulness,
I welcome thee, Benignant Power;
Sure solacer of human cares,
And sweeter hope, when hope despairs!
When weary with the long day's care,
And earthly change from pain to pain,
And lost, and ready to despair,
Thy kind voice calls me back again:
Oh, my true friend! I am not lone,
While then canst speak with such a tone!
So hopeless is the world without;
The world within I doubly prize;
Thy world, where guile, and hate, and doubt,
And cold suspicion never rise;
Where thou, and I, and Liberty,
Have undisputed sovereignty.
What matters it, that all around
Danger, and guilt, and darkness lie,
If but within our bosom's bound
We hold a bright, untroubled sky,
Warm with ten thousand mingled rays
Of suns that know no winter days?
Reason, indeed, may oft complain
For Nature's sad reality,
And tell the suffering heart how vain
Its cherished dreams must always be;
And Truth may rudely trample down
The flowers of Fancy, newly-blown:
But thou art ever there, to bring
The hovering vision back, and breathe
New glories o'er the blighted spring,
And call a lovelier Life from Death.
And whisper, with a voice divine,
Of real worlds, as bright as thine.
I trust not to thy phantom bliss,
Yet, still, in evening's quiet hour,
With never-failing thankfulness,
I welcome thee, Benignant Power;
Sure solacer of human cares,
And sweeter hope, when hope despairs!
- Traduction:
- À l'imagination
Lorsque, lassée du long souci du jour
Et ballottée de peine en peine
Je suis perdue, prête à désespérer,
Ta bonne voix de nouveau me rappelle.
Ô ma fidèle amie, comment serais-je seule
Tant que tu peux parler sur pareil ton ?
Le monde du dehors est si vide d’espoir
Que m’est deux fois précieux le monde du dedans,
Ce tien monde où jamais ne règnent ruse et haine
Non plus que doute et froid soupçon ;
Où toi et moi et la Liberté,
Exerçons souveraineté indiscutée.
Qu’importe que, de toutes parts,
Le Péril, le Péché, la Ténèbre nous pressent
Si nous gardons ancré au fond de notre cœur
Un brillant ciel immaculé,
Chaud des mille rayons mêlés
De soleils qui jamais ne connaissent l’hiver ?
La Raison peut souvent se plaindre en vérité
Du triste train de la Nature,
Et révéler au cœur souffrant combien ses rêves
Sont voués à demeurer vains ;
Et la Réalité peut piétiner, brutale,
Les fleurs de l’Imagination à peine écloses.
Mais tu es toujours là pour ramener
Les visions latentes, pour parer
Le printemps dépouillé de nouvelles splendeurs
Et tirer de la mort une vie plus exquise,
Évoquant d’un souffle divin
De vrais mondes aussi lumineux que le tien.
Je ne crois guère en ta félicité fantôme,
Mais à l’heure apaisée du soir,
C’est toujours, oui, toujours avec reconnaissance
Que je te vois venir, ô bienfaisant pouvoir,
Infaillible consolatrice
Et quand l’espoir se meurt, plus radieux espoir.
Elther- Messages : 60
Date d'inscription : 30/03/2013
Re: Vos poèmes préférés
Merci, et contente que ça puisse servir ! D'ailleurs, j'ai mis l'index à jour en ajoutant les nouveaux poèmes proposés - beaucoup de découvertes pour moi aussi, alors un grand merci à vous pour le partage.
Je continue, de mon côté, sur ma lancée, et vous propose une autre oeuvre d'un autre poète qui m'est très cher, Tristan Corbière. Subjectivement, je le trouve d'ailleurs très adapté, en cet automne naissant :
Je continue, de mon côté, sur ma lancée, et vous propose une autre oeuvre d'un autre poète qui m'est très cher, Tristan Corbière. Subjectivement, je le trouve d'ailleurs très adapté, en cet automne naissant :
Mâle-fleurette
Ici reviendra la fleurette blême
Dont les renouveaux sont toujours passés...
Dans les cœurs ouverts, sur les os tassés,
Une folle brise, un beau jour, la sème...
On crache dessus ; on l'imite même,
Pour en effrayer les gens très-sensés...
Ici reviendra la fleurette blême.
- Oh ! ne craignez pas son humble anathème
Pour vos ventres mûrs, Cucurbitacés !
Elle connaît bien tous ses trépassés !
Et, quand elle tue, elle sait qu'on l'aime...
- C'est la mâle-fleur, la fleur de bohème. -
Ici reviendra la fleurette blême.
Les Amours jaunes, 1873
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
- Quand je te voy discourant à par-toy,
Toute amuzée avecques ta pensée,
Un peu la teste encontre bas baissée,
Te retirant du vulgaire & de moy,
Je veux souvent pour rompre ton esmoy,
Te saluer, mais ma voix offensée,
De trop de peur se retient amassée
Dedans la bouche & me laisse tout coy.
Mon œil confus ne peut souffrir ta veue,
De ses rayons mon ame tremble esmeue;
Langue ne voix ne font leur action.
Seuls mes soupirs, seul mon triste visage
Parlent pour moy, & telle passion
De mon amour donne assez tesmoignage.
— Ronsard, Premier livre des Amours
Pieyre- Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin
Re: Vos poèmes préférés
Sans savoir pourquoi
J'aime ce monde
Où nous venons pour mourir.
J'aime ce monde
Où nous venons pour mourir.
Haïku
Natsume Sôsek
Natsume Sôsek
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: Vos poèmes préférés
Et un sourire
La nuit n'est jamais complète
Il y a toujours, puisque je le dis
Puisque je l'affirme
Au bout du chagrin
Une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler, faim à satisfaire
Un coeur généreux
Une main tendue, une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie, la vie à se partager.
Paul Eluard
Le Phénix, 1951
La nuit n'est jamais complète
Il y a toujours, puisque je le dis
Puisque je l'affirme
Au bout du chagrin
Une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler, faim à satisfaire
Un coeur généreux
Une main tendue, une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie, la vie à se partager.
Paul Eluard
Le Phénix, 1951
albatrosdore- Messages : 264
Date d'inscription : 18/11/2013
Localisation : Par çi par là
Re: Vos poèmes préférés
L’enfant que je fus pleure sur la route.
Je l’y laissais quand je vins être qui je suis;
Mais aujourd’hui, voyant que ce que je suis n’est rien,
Je veux aller chercher qui je fus là où il est resté.
Ah, comment faire pour le rencontrer? Qui s’est
Trompé en venant, au retour se trompera.
Et je ne sais plus d’où je suis venu ni où
Je me trouve. Ignorance où mon âme est en panne.
Que ne m’est-il donné d’atteindre en ces parages
Une élévation, d’où je puisse enfin voir
De mes yeux mes oublis, pour les remémorer!
Car, dans l’absence au moins, j’aurai de moi nouvelle:
Oui me voyant tel que je fus dans le lointain,
Trouver en moi un peu de quand j’étais ainsi!
Fernando Pessoa
Je l’y laissais quand je vins être qui je suis;
Mais aujourd’hui, voyant que ce que je suis n’est rien,
Je veux aller chercher qui je fus là où il est resté.
Ah, comment faire pour le rencontrer? Qui s’est
Trompé en venant, au retour se trompera.
Et je ne sais plus d’où je suis venu ni où
Je me trouve. Ignorance où mon âme est en panne.
Que ne m’est-il donné d’atteindre en ces parages
Une élévation, d’où je puisse enfin voir
De mes yeux mes oublis, pour les remémorer!
Car, dans l’absence au moins, j’aurai de moi nouvelle:
Oui me voyant tel que je fus dans le lointain,
Trouver en moi un peu de quand j’étais ainsi!
Fernando Pessoa
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: Vos poèmes préférés
- De mon mystérieux voyage
Je ne t'ai gardé qu'une image,
Et qu'une chanson, les voici :
Je ne t'apporte pas de roses,
Car je n'ai pas touché aux choses,
Elles aiment à vivre aussi.
Mais pour toi, de mes yeux ardents,
J'ai regardé dans l'air et l'onde,
Dans le feu clair et dans le vent,
Dans toutes les splendeurs du monde,
Afin d'apprendre à mieux te voir
Dans toutes les ombres du soir.
Afin d'apprendre à mieux t'entendre
J'ai mis l'oreille à tous les sons,
Écouté toutes les chansons,
Tous les murmures, et la danse
De la clarté dans le silence.
Afin d'apprendre comme on touche
Ton sein qui frissonne ou ta bouche,
Comme en un rêve, j'ai posé
Sur l'eau qui brille, et la lumière,
Ma main légère, et mon baiser.
— Charles van Lerberghe, La chanson d'Ève
Pieyre- Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin
Re: Vos poèmes préférés
La courbe de tes yeux
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu
C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,
Parfums éclos d’une couvée d’aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l’innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
Paul Eluard, Capitale de la douleur, 1926
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
'réflète ma phase romantico-love du moment..
Je t'aime
Je t'aime pour toutes les femmes
Que je n'ai pas connues
Je t'aime pour tout le temps
Où je n'ai pas vécu
Pour l'odeur du grand large
Et l'odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond
Pour les premières fleurs
Pour les animaux purs
Que l'homme n’effraie pas
Je t'aime pour aimer
Je t'aime pour toutes les femmes
Que je n'aime pas
Qui me reflète sinon toi-même
Je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien
Qu'une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Il y a eu toutes ces morts
Que j'ai franchies
Sur de la paille
Je n'ai pas pu percer
Le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre
Mot par mot la vie
Comme on oublie
Je t'aime pour ta sagesse
Qui n'est pas la mienne
Pour la santé je t'aime
Contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce cœur immortel
Que je ne détiens pas
Que tu crois être le doute
Et tu n'es que raison
Tu es le grand soleil
Qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi
Quand je suis sûr de moi
Tu es le grand soleil
Qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi
Quand je suis sûr de moi
Paul Eluard
Je t'aime
Je t'aime pour toutes les femmes
Que je n'ai pas connues
Je t'aime pour tout le temps
Où je n'ai pas vécu
Pour l'odeur du grand large
Et l'odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond
Pour les premières fleurs
Pour les animaux purs
Que l'homme n’effraie pas
Je t'aime pour aimer
Je t'aime pour toutes les femmes
Que je n'aime pas
Qui me reflète sinon toi-même
Je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien
Qu'une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Il y a eu toutes ces morts
Que j'ai franchies
Sur de la paille
Je n'ai pas pu percer
Le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre
Mot par mot la vie
Comme on oublie
Je t'aime pour ta sagesse
Qui n'est pas la mienne
Pour la santé je t'aime
Contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce cœur immortel
Que je ne détiens pas
Que tu crois être le doute
Et tu n'es que raison
Tu es le grand soleil
Qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi
Quand je suis sûr de moi
Tu es le grand soleil
Qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi
Quand je suis sûr de moi
Paul Eluard
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Pour que l'amour transcende l'amour...
- Psyché
Psyché, ma sœur, écoute immobile, et frissonne...
Le bonheur vient, nous touche et nous parle à genoux.
Pressons nos mains. Sois grave. Ecoute encor... Personne
N'est plus heureux ce soir, n'est plus divin que nous.
Une immense tendresse attire à travers l'ombre
Nos yeux presque fermés. Que reste-t-il encor
Du baiser qui s'apaise et du soupir qui sombre ?
La vie a retourné notre sablier d'or.
C'est notre heure éternelle, éternellement grande,
L'heure qui va survivre à l'éphémère amour
Comme un voile embaumé de rose et de lavande
Conserve après cent ans la jeunesse d'un jour.
Plus tard, ô ma beauté, quand des nuits étrangères
Auront passé sur vous qui ne m'attendrez plus,
Quand d'autres s'il se peut, amie aux mains légères,
Jaloux de mon prénom, toucheront vos pieds nus,
Rappelez-vous qu'un soir nous vécûmes ensemble
L'heure unique où les dieux accordent, un instant,
A la tête qui penche, à l'épaule qui tremble,
L'esprit pur de la vie en fuite avec le temps.
Rappelez-vous qu'un soir couchés sur notre couche,
En caressant nos doigts frémissants de s'unir,
Nous avons échangé de la bouche à la bouche
La perle impérissable où dort le souvenir.
— Pierre Loüys
Pieyre- Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin
Re: Vos poèmes préférés
https://www.youtube.com/watch?v=deFSC741coQ
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: Vos poèmes préférés
- Afin que pour jamais une marque demeure,
A l'age qui viendra, comme vostre je suis,
Je vous fay vœu du peu, mais du tout que je puis,
De peur que la mémoire avec nous ne s'en meure.
Je vous donne de moy la part qui est meilleure :
C'est l'esprit et la voix, qui, menez et conduis
Sous le flambeau d'Amour, des eternelles nuits
Sauveront vostre nom paravant que je meure.
Et, si assez à temps je n'ay pas commencé
De m'employer pour vous, puis que la destinée,
Qui vous cachoit à moy, m'en a desavancé :
Je feray, comme fait le devôt Pelerin,
Qui s'estant levé tard, pour faire sa journée,
Regagne à se haster le temps et le chemin.
— Jean Antoine de Baïf, Amour de Francine
Pieyre- Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin
Re: Vos poèmes préférés
- @ david50:
- merci pour le partage du poème de Peter Handke ! pour moi tout le film de Wenders est un poème.
- @ Mazarine:
- Connais-tu Je t'aime d'Eluard chanté par Montand ? un petit lien https://www.youtube.com/watch?v=-b1mEu25pHM
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Ça parle beaucoup d'amour, j'espère ne pas plomber l'ambiance .
Cesare PAVESE
La mort viendra et elle aura tes yeux -
cette mort qui est notre compagne
du matin jusqu'au soir, sans sommeil,
sourde, comme un vieux remords
ou un vice absurde. Tes yeux
seront une vaine parole,
un cri réprimé, un silence.
Ainsi les vois-tu le matin
quand sur toi seule tu te penches
au miroir. O chère espérance,
ce jour-là nous saurons nous aussi
que tu es la vie et que tu es le néant.
La mort a pour tous un regard.
La mort viendra et elle aura tes yeux.
Ce sera comme cesser un vice,
comme voir resurgir
au miroir un visage défunt,
comme écouter des lèvres closes.
Nous descendrons dans le gouffre muets.
Cesare PAVESE
La mort viendra et elle aura tes yeux -
cette mort qui est notre compagne
du matin jusqu'au soir, sans sommeil,
sourde, comme un vieux remords
ou un vice absurde. Tes yeux
seront une vaine parole,
un cri réprimé, un silence.
Ainsi les vois-tu le matin
quand sur toi seule tu te penches
au miroir. O chère espérance,
ce jour-là nous saurons nous aussi
que tu es la vie et que tu es le néant.
La mort a pour tous un regard.
La mort viendra et elle aura tes yeux.
Ce sera comme cesser un vice,
comme voir resurgir
au miroir un visage défunt,
comme écouter des lèvres closes.
Nous descendrons dans le gouffre muets.
Re: Vos poèmes préférés
On peut aussi associer l'amour et la mort.
- Quand au temple nous serons
Agenouillez, nous ferons
Les devots selon la guise
De ceux qui pour loüer Dieu
Humbles se courbent au lieu
Le plus secret de l'Eglise.
Mais quand au lict nous serons
Entrelassez, nous ferons
Les lascifs selon les guises
Des Amans qui librement
Pratiquent folastrement
Dans les draps cent mignardises.
Pourquoy doncque, quand je veux
Ou mordre tes beaux cheveux,
Ou baiser ta bouche aimée,
Ou toucher à ton beau sein,
Contrefais‑tu la nonnain
Dedans un cloistre enfermée ?
Pour qui gardes‑tu tes yeux
Et ton sein délicieux,
Ton front, ta lèvre jumelle ?
En veux‑tu baiser Pluton
Là bas, après que Charon
T'auras mise en sa nacelle ?
Apres ton dernier trespas,
Gresle, tu n'auras là bas
Qu'une bouchette blesmie;
Et quand mort je te verrois
Aux Ombres je n'avou'rois
Que jadis tu fus m'amie.
Ton test n'aura plus de peau,
Ny ton visage si beau
N'aura veines ny arteres :
Tu n'auras plus que les dents
Telles qu'on les voit dedans
Les testes de cimeteres.
Donque tandis que tu vis,
Change, Maistresse, d'avis,
Et ne m'espargne ta bouche.
Incontinent tu mourras,
Lors tu te repentiras
De m'avoir esté farouche.
Ah, je meurs! ah, baise moy !
Ah, Maistresse, approche toy !
Tu fuis comme un fan qui tremble.
Au‑moins souffre que ma main
S'esbate un peu dans ton sein,
Ou plus bas, si bon te semble.
— Ronsard, Stances
Pieyre- Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin
Re: Vos poèmes préférés
(Notons que j'actualiserais bien l'index avec plaisir, mais quand j'essaie d'éditer mon post, les liens ont disparu... je ne sais pas ce qui ne marche pas, mais ça ne marche pas...)
Du coup, je me fais pardonner avec un poème de Jules Supervielle, parce que je suis comme ça :
Ce sont d'autres lèvres,
C'est un autre sourire
Si j'approche de vous.
Ah mon regard vous change
Vous rend méconnaissable
Même à vos familiers.
L'on s'étonne de vous
Au milieu de la pièce
Et prise alors de peur
Vous baissez les paupières
Sur des yeux inconnus.
De tremblants centimètres
Nous séparent à peine
Et je me sens aussi devenir étranger.
Il vous faut consentir
À me perdre à mon tour
Moi dont vous étiez sûre
Plus encor que de vous.
Et plus l'on se regarde
Plus vite l'on s'égare
Dans les sables de l'âme
Qui nous brûlent les yeux.
Dans Les Amis inconnus.
Du coup, je me fais pardonner avec un poème de Jules Supervielle, parce que je suis comme ça :
Ce sont d'autres lèvres,
C'est un autre sourire
Si j'approche de vous.
Ah mon regard vous change
Vous rend méconnaissable
Même à vos familiers.
L'on s'étonne de vous
Au milieu de la pièce
Et prise alors de peur
Vous baissez les paupières
Sur des yeux inconnus.
De tremblants centimètres
Nous séparent à peine
Et je me sens aussi devenir étranger.
Il vous faut consentir
À me perdre à mon tour
Moi dont vous étiez sûre
Plus encor que de vous.
Et plus l'on se regarde
Plus vite l'on s'égare
Dans les sables de l'âme
Qui nous brûlent les yeux.
Dans Les Amis inconnus.
Dernière édition par Alphonsine le Mar 17 Déc 2013, 12:16, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
En effet, il y a des problèmes depuis quelques jours avec les formats. Je t'aurais bien proposé de modifier moi-même ton index mais tout est mêlé quand j'ouvre la fenêtre d'édition. C'est sans doute temporaire. Il suffit de garder l'espoir, malgré la leçon de Charles d'Orléans.
- D'espoir et que vous en dirais ?
C'est un beau bailleur de paroles;
Il ne parle qu'en parabole
Dont un grand livre j'écrirais.
En le lisant je me rirais,
Tant aurait de choses frivoles.
D'espoir, et que vous en dirais ?
C'est un beau bailleur de paroles !
Par tout un an ne le lirais.
Ce ne sont que promesses folles
Dont il tient chacun jour écoles.
Telles études n'élirais
D'espoir, et que vous en dirais ?
Pieyre- Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin
Re: Vos poèmes préférés
En primaire j'adorais Baudelaire! (ce qui est toujours le cas!) surtout L'Albatros, A une Passante, La Mort des Amants et Remord Posthume.
Maintenant, je suis plutôt Tristan Corbière avec :
Le Crapaud
Un chant dans une nuit sans air…
– La lune plaque en métal clair
Les découpures du vert sombre.
… Un chant ; comme un écho, tout vif
Enterré, là, sous le massif…
– Ça se tait : Viens, c’est là, dans l’ombre…
– Un crapaud ! – Pourquoi cette peur,
Près de moi, ton soldat fidèle !
Vois-le, poète tondu, sans aile,
Rossignol de la boue… – Horreur ! –
… Il chante. – Horreur !! – Horreur pourquoi ?
Vois-tu pas son œil de lumière…
Non : il s’en va, froid, sous sa pierre.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Bonsoir – ce crapaud-là c’est moi.
Ce soir, 20 Juillet.
Et de Lord Byron (désolé pour les non anglophones mais il est hors de question de vous donner la traduction!)
She walks in beauty, like the night
Of cloudless climes and starry skies;
And all that's best of dark and bright
Meet in her aspect and her eyes:
Thus mellowed to that tender light
Which heaven to gaudy day denies.
One shade the more, one ray the less,
Had half impaired the nameless grace
Which waves in every raven tress,
Or softly lightens o'er her face;
Where thoughts serenely sweet express
How pure, how dear their dwelling place.
And on that cheek, and o'er that brow,
So soft, so calm, yet eloquent,
The smiles that win, the tints that glow,
But tell of days in goodness spent,
A mind at peace with all below,
A heart whose love is innocent!
Maintenant, je suis plutôt Tristan Corbière avec :
Le Crapaud
Un chant dans une nuit sans air…
– La lune plaque en métal clair
Les découpures du vert sombre.
… Un chant ; comme un écho, tout vif
Enterré, là, sous le massif…
– Ça se tait : Viens, c’est là, dans l’ombre…
– Un crapaud ! – Pourquoi cette peur,
Près de moi, ton soldat fidèle !
Vois-le, poète tondu, sans aile,
Rossignol de la boue… – Horreur ! –
… Il chante. – Horreur !! – Horreur pourquoi ?
Vois-tu pas son œil de lumière…
Non : il s’en va, froid, sous sa pierre.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Bonsoir – ce crapaud-là c’est moi.
Ce soir, 20 Juillet.
Et de Lord Byron (désolé pour les non anglophones mais il est hors de question de vous donner la traduction!)
She walks in beauty, like the night
Of cloudless climes and starry skies;
And all that's best of dark and bright
Meet in her aspect and her eyes:
Thus mellowed to that tender light
Which heaven to gaudy day denies.
One shade the more, one ray the less,
Had half impaired the nameless grace
Which waves in every raven tress,
Or softly lightens o'er her face;
Where thoughts serenely sweet express
How pure, how dear their dwelling place.
And on that cheek, and o'er that brow,
So soft, so calm, yet eloquent,
The smiles that win, the tints that glow,
But tell of days in goodness spent,
A mind at peace with all below,
A heart whose love is innocent!
SeaTurtle- Messages : 8
Date d'inscription : 18/12/2013
Age : 28
Localisation : Paris
Re: Vos poèmes préférés
- Le livre de la vie est le livre suprême
Qu'on ne peut ni fermer, ni rouvrir à son choix;
Le passage attachant ne s'y lit pas deux fois,
Mais le feuillet fatal se tourne de lui-même;
On voudrait revenir à la page où l'on aime
Et la page où l'on meurt est déjà sous vos doigts.
— Lamartine, Vers sur un album
Pieyre- Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin
Re: Vos poèmes préférés
- Créature d'un jour qui t'agites une heure,
De quoi viens-tu te plaindre, et qui te fait gémir ?
Ton âme t'inquiète, et tu crois qu'elle pleure :
Ton âme est immortelle, et tes pleurs vont tarir.
Tu te sens le cœur pris d'un caprice de femme,
Et tu dis qu'il se brise à force de souffrir.
Tu demandes à Dieu de soulager ton âme :
Ton âme est immortelle, et ton cœur va guérir.
Le regret d'un instant te trouble et te dévore;
Tu dis que le passé te voile l'avenir.
Ne te plains pas d'hier; laisse venir l'aurore :
Ton âme est immortelle, et le temps va s'enfuir.
Ton corps est abattu du mal de ta pensée;
Tu sens ton front peser et tes genoux fléchir.
Tombe, agenouille-toi, créature insensée :
Ton âme est immortelle, et la mort va venir.
Tes os dans le cercueil vont tomber en poussière,
Ta mémoire, ton nom, ta gloire vont périr,
Mais non pas ton amour, si ton amour t'est chère :
Ton âme est immortelle et va s'en souvenir.
— Musset, dans Lettre à M. de Lamartine
Pieyre- Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin
Re: Vos poèmes préférés
WHEN we two parted
In silence and tears,
Half broken-hearted
To sever for years,
Pale grew thy cheek and cold,
Colder thy kiss ;
Truly that hour foretold
Sorrow to this.
The dew of the morning
Sunk chill on my brow —
It felt like the warning
Of what I feel now.
Thy vows are all broken,
And light is thy fame :
I hear thy name spoken,
And share in its shame.
They name thee before me,
A knell to mine ear ;
A shudder comes o'er me —
Why wert thou so dear ?
They know not I knew thee,
Who knew thee too well :
Long, long shall I rue thee,
Too deeply to tell.
In secret we met —
In silence I grieve,
That thy heart could forget,
Thy spirit deceive.
If I should meet thee
After long years,
How should I greet thee ?
With silence and tears.
Lord Byron
Invité- Invité
Re: Vos poèmes préférés
Le Vampire
Toi qui, comme un coup de couteau,
Dans mon coeur plaintif es entrée;
Toi qui, forte comme un troupeau
De démons, vins, folle et parée,
De mon esprit humilié
Faire ton lit et ton domaine;
— Infâme à qui je suis lié
Comme le forçat à la chaîne,
Comme au jeu le joueur têtu,
Comme à la bouteille l'ivrogne,
Comme aux vermines la charogne
— Maudite, maudite sois-tu!
J'ai prié le glaive rapide
De conquérir ma liberté,
Et j'ai dit au poison perfide
De secourir ma lâcheté.
Hélas! le poison et le glaive
M'ont pris en dédain et m'ont dit:
«Tu n'es pas digne qu'on t'enlève
À ton esclavage maudit,
Imbécile! — de son empire
Si nos efforts te délivraient,
Tes baisers ressusciteraient
Le cadavre de ton vampire!»
— Charles Baudelaire
Toi qui, comme un coup de couteau,
Dans mon coeur plaintif es entrée;
Toi qui, forte comme un troupeau
De démons, vins, folle et parée,
De mon esprit humilié
Faire ton lit et ton domaine;
— Infâme à qui je suis lié
Comme le forçat à la chaîne,
Comme au jeu le joueur têtu,
Comme à la bouteille l'ivrogne,
Comme aux vermines la charogne
— Maudite, maudite sois-tu!
J'ai prié le glaive rapide
De conquérir ma liberté,
Et j'ai dit au poison perfide
De secourir ma lâcheté.
Hélas! le poison et le glaive
M'ont pris en dédain et m'ont dit:
«Tu n'es pas digne qu'on t'enlève
À ton esclavage maudit,
Imbécile! — de son empire
Si nos efforts te délivraient,
Tes baisers ressusciteraient
Le cadavre de ton vampire!»
— Charles Baudelaire
une (gaufre)- Messages : 707
Date d'inscription : 02/06/2012
Age : 32
Localisation : La cité aux cent clochers
Re: Vos poèmes préférés
"Un sol schisté de soleil par suc d'or m'enrose, m'abeille dans le jardin blanc"...
Jean claude Renard
Jean claude Renard
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: Vos poèmes préférés
"Rectus vives, Licini, neque altum
Semper urgendo neque, dum procellas
Cautus horrescis, nimium premendo
Litus iniquum."
Horace, Livre second des Odes.
Semper urgendo neque, dum procellas
Cautus horrescis, nimium premendo
Litus iniquum."
Horace, Livre second des Odes.
Aristippe- Messages : 105
Date d'inscription : 30/12/2013
Age : 31
Localisation : Bordeaux
Re: Vos poèmes préférés
Talking In Bed
Talking in bed ought to be easiest,
Lying together there goes back so far,
An emblem of two people being honest.
Yet more and more time passes silently.
Outside, the wind's incomplete unrest
Builds and disperses clouds in the sky,
And dark towns heap up on the horizon.
None of this cares for us. Nothing shows why
At this unique distance from isolation
It becomes still more difficult to find
Words at once true and kind,
Or not untrue and not unkind.
Philip Larkin
Talking in bed ought to be easiest,
Lying together there goes back so far,
An emblem of two people being honest.
Yet more and more time passes silently.
Outside, the wind's incomplete unrest
Builds and disperses clouds in the sky,
And dark towns heap up on the horizon.
None of this cares for us. Nothing shows why
At this unique distance from isolation
It becomes still more difficult to find
Words at once true and kind,
Or not untrue and not unkind.
Philip Larkin
Killian- Messages : 86
Date d'inscription : 27/02/2011
Age : 40
Localisation : Pays de la Loire
Page 2 sur 9 • 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Sujets similaires
» Vos passages préférés de poèmes
» Partageons nos blogs préférés
» Vos passages de livre préférés
» Vos poètes contemporains préférés
» mes bestioles préférés :)
» Partageons nos blogs préférés
» Vos passages de livre préférés
» Vos poètes contemporains préférés
» mes bestioles préférés :)
Page 2 sur 9
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum