Rêves d'Ours
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Re: Rêves d'Ours
Publié à dessein.... d'aller avec le phare, bien sur
- Spoiler:
- Je me souviens du bord de mer avec ses filles au teint si clair
Elles avaient l'âme hospitalière c'était pas fait pour me déplaire
Naïves autant qu'elles étaient belles on pouvait lire dans leurs prunelles
Qu'elles voulaient pratiquer le sport pour garder une belle ligne de corps
Et encore, et encore, z'auraient pu danser la java
Z'étaient chouettes les filles du bord de mer
Z'étaient chouettes pour qui savait y faire
Y'en avait une qui s'appelait Eve c'était vraiment la fille d'mes rêves
Elle n'avait qu'un seul défaut elle se baignait plus qu'il ne faut
Plutôt qu'd'aller chez le masseur elle invitait le premier baigneur
A tâter du côté de son coeur, en douceur, en douceur
En douceur et profondeur
Z'étaient chouettes les filles du bord de mer
Z'étaient chouettes pour qui savait y faire
Lui pardonnant cette manie j'lui proposes de partager ma vie
Mais dès que revint l'été je commençe à m'inquiéter
Car sur les bords d'la Mer du Nord elle se remit à faire du sport
Je tolérais ce violon d'Ingres sinon elle devenait malingre
Puis un beau jour j'en ai eu marre c'était pis que la mer à boire
J'lai refilée à un gigolo et j'ai nagé vers d'autres eaux
En douceur, en douceur
Z'étaient chouettes les filles du bord de mer
Z'étaient bêtes pour qui savait leur plaire
La la la la la la La la la la la la ..............
Invité- Invité
Re: Rêves d'Ours
- Spoiler:
C'était une liaison singulière
Comme on en vit parfois.
Dans des légendes étrangères
Vous et moi.
C'était, de songe en éveil
Des monts et merveilles
Quand j'étais dans vos bras
Avec des mots à vivre et qui couraient par là,
Des forêts de désirs pour de grands lits de bois.
C'était une chanson familière
Comme on en joue parfois.
Au fond d'un pays désert,
Vous et moi.
C'était, de rouge en vermeil
Le cœur, le soleil
Quand j'étais dans vos bras
Et toutes les ombres longues à tous ces moments-là,
D'un premier jour du monde et qui n'en finit pas.
Si j'écris des mots comme ça,
C'est parce qu'il pleut sur la ville
Et j'ai mal de toi.
La chanson grise sur les toits
De l'eau qui coule sur les tuiles
Comme une obsession tranquille
Danse avec moi
Ce fût une liaison éphémère
Comme il en est parfois
Dans les hasards de la guerre
Vous et moi.
Ce fut la longue route au calvaire
On peut plus revenir en arrière
Accroché à vos bras
Avec le cœur qui cogne et l'autre qui s'en va
Et l'on est plus personne et l'on en reste là.
Ce fut une solution nécessaire
Alors que d'aller tout droit
Se dire qu'il y a tant à faire
Devant soi
Ce furent les adieux à Cythère
Et les eaux froides de la mer.
Dieu sait quand reviendra.
Avec des voiles blanches par-dessus tout ça,
Au matin d'un dimanche qui n'en finit pas.
Si j'écris des mots comme ça,
C'est parce qu'il pleut sur la ville
Et j'ai mal de toi.
La chanson grise sur les toits
De l'eau qui coule sur les tuiles
Comme une obsession tranquille
Danse avec moi
Si j'écris des mots comme ça,
C'est parce qu'il pleut sur la ville
Et j'ai mal de toi.
La chanson grise sur les toits
De l'eau qui coule sur les tuiles
Comme une obsession tranquille
Danse avec moi
Dernière édition par Ours le Ven 17 Mai 2013 - 10:47, édité 3 fois
Invité- Invité
Re: Rêves d'Ours
- Spoiler:
- Tant qu'on ne sait pas, qu'on ne sait rien
Tant qu'on est de gentils petits chiens
Tant que la petite santé va bien
On n'est pas la queue d'un être humain
Tant qu'on ne sait pas le coup de frein
Qui vous brule à vif un jour de juin
Tant qu'on ne sait pas que tout s'éteint
On ne donne quasi jamais rien
Tant qu'on ne sait pas que tout éreinte
Tant qu'on ne sait pas ce qu'est la vraie crainte
Tant qu'on n'a jamais subi la feinte
Ou regardé pousser le lierre qui grimpe
Tant qu'on n'a pas vu le ciel d'étain
Flotter le cadavre d'un humain
Sur un fleuve nu comme un dessin
Juste un ou deux traits au fusain
C'est une chanson, une chanson
Pour les vieux cons
Comme moi, petite conne d'autrefois
C'est une chanson, une chanson,
Qui vient du fond, de moi
Comme un puit sans ma foi
Tant qu'on ne sait pas qu'on est heureux
Que là haut ce n'est pas toujours si bleu
Tant qu'on est dans son nuage de beuh
Qu'on ne se dit pas je veux le mieux
Tant qu'on n'a pas brulé le décors
Tant qu'on n'a pas toisé un jour la mort
Tant qu'on a quelqu'un qui vous sert fort
On tombe toujours un peu d'accord
C'est une chanson, une chanson
Pour les vieux cons
Comme toi, petit con d'autrefois
C'est une chanson, une chanson,
Qui vient du fond, de moi
Comme un puit sans ma foi
Tant qu'on ne sait pas ce qu'est la fuite
Et la honte que l'on sait qu'on mérite
Tant qu'on danse au bal de hypocrites
Qu'on n'a jamais plongé par la vitre
Tant qu'on n'a pas vu brûler son nid
EN quelques minutes à peine fini
Tant qu'on croit en toutes ces conneries
Qui finissent toutes par "Pour la vie"
Invité- Invité
Re: Rêves d'Ours
Croire
Espérer
Décider
S'élancer
Hésiter
Revenir
Retenir
Douter
Dédaigner
Abandonner
Désabusé.
Combat
Sauveur
Semaine
Banale
Langueur
Extrême
Miroir
Torpeur
Secret
Médiocre
Oubli.
Mémoires
Désirs
Envies
Cœurs
Corps
Cuisses
Peaux
Draps
Caresses
Tendresses
Mélancolie.
Rien !
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Caresses
Tendresses
Mélancolie.
Rien !
Dernière édition par Ours le Sam 18 Mai 2013 - 1:48, édité 1 fois (Raison : 1 mot EMP dans le contexte)
Invité- Invité
Re: Rêves d'Ours
J'allais faire une blague pas drôle à propos de pilules bleues ou de Maca, mais je vais m'abstenir, en fait. Parce que cette succession de mots a beaucoup de sens, en tout cas elle en revêt beaucoup à mes yeux, et que je la trouve très poétique.
J'espère que tu vas bien, quand même. Et je te fais un câlin, toi qui vois mieux par les mains que par les yeux.
J'espère que tu vas bien, quand même. Et je te fais un câlin, toi qui vois mieux par les mains que par les yeux.
Saphodane- Messages : 3002
Date d'inscription : 24/01/2012
Age : 39
Localisation : Metz
Re: Rêves d'Ours
Merci vous deux.
Elle me plait bien ton image. Elle résonne et raisonne avec ce dont nous avons parlé lorsque j'étais en route. L'énergie, la force, l'âme, Bliss, ton livre récent, ... elle s'appuie sur ce qu'écrit la petite miss la plus miss de tout ZC et la plus garçon manquée aussi par moment !
Effectivement, je vais remplacer la mollesse par autre choses. Mélancolie, oui, mélancolie !
Oui, les mains, pour ce qu'elles servent ... bof.
Quoique, c'est vrai, ce soir j'étais ailleurs, parce qu'une amie avait besoin que j'y sois. Retrouver d'autres dont une qui revient de loin (géographiquement). C'est vrai, j'ai mis souvent mes mains sur elle, pour la "sentir".
Oui, cela va.
Le pire est quand je ne dis plus rien.
Dire, c'est déjà libérer.
Elle me plait bien ton image. Elle résonne et raisonne avec ce dont nous avons parlé lorsque j'étais en route. L'énergie, la force, l'âme, Bliss, ton livre récent, ... elle s'appuie sur ce qu'écrit la petite miss la plus miss de tout ZC et la plus garçon manquée aussi par moment !
Effectivement, je vais remplacer la mollesse par autre choses. Mélancolie, oui, mélancolie !
Oui, les mains, pour ce qu'elles servent ... bof.
Quoique, c'est vrai, ce soir j'étais ailleurs, parce qu'une amie avait besoin que j'y sois. Retrouver d'autres dont une qui revient de loin (géographiquement). C'est vrai, j'ai mis souvent mes mains sur elle, pour la "sentir".
Oui, cela va.
Le pire est quand je ne dis plus rien.
Dire, c'est déjà libérer.
Invité- Invité
Re: Rêves d'Ours
OhOurs a écrit:Elle me plait bien ton image. Elle résonne et raisonne avec ce dont nous avons parlé lorsque j'étais en route. L'énergie, la force, l'âme, Bliss, ton livre récent, ... elle s'appuie sur ce qu'écrit la petite miss la plus miss de tout ZC et la plus garçon manquée aussi par moment !
Bliss- Messages : 12125
Date d'inscription : 11/11/2010
Re: Rêves d'Ours
Grizzly bear - photo Laurent Baheux - http://laurentbaheux.wordpress.com
Bear in Bath - photo Laurent Baheux
Re: Rêves d'Ours
Quoi ?
Concurrence sur Brahms ?
Bon, parce que c'est toi, je vais écouter "objectivement" et sans aucun parti pris....
Bon WE humide !
Concurrence sur Brahms ?
Bon, parce que c'est toi, je vais écouter "objectivement" et sans aucun parti pris....
Bon WE humide !
Invité- Invité
Re: Rêves d'Ours
renarde20 a écrit:
Grizzly bear - photo Laurent Baheux - http://laurentbaheux.wordpress.com
Il a une bonne tête celui-là.
Bises
Invité- Invité
Re: Rêves d'Ours
Saphodane a écrit:.../...Et je te fais un câlin, toi qui vois mieux par les mains que par les yeux.
C'est super gentil ce que tu as mis là.
Encore tout "émute" le lendemain...
Bises et bon WE
Invité- Invité
⚡ Foxy Charlie ⚡- Messages : 1143
Date d'inscription : 18/09/2012
Age : 42
Localisation : Sur son terril
Re: Rêves d'Ours
Vu passer quelque fois sur ZC.
Je ne m'étais pas arrété jusqu'alors.
Bonne impression, je vais aller plus loin, farfouiller.
Merci
Invité- Invité
Re: Rêves d'Ours
Urgence :
Brainstorming :
Vie publique, vie privée :
Images "empruntées" du site signalé par Renarde20 : Laurent Baheux - http://laurentbaheux.wordpress.com
Brainstorming :
Vie publique, vie privée :
Images "empruntées" du site signalé par Renarde20 : Laurent Baheux - http://laurentbaheux.wordpress.com
Invité- Invité
Re: Rêves d'Ours
- ....On leur montrait notre cul et nos bonnes manières....:
Jacques Brel
LES BOURGEOIS
1961
Le coeur bien au chaud
Les yeux dans la bière
Chez la grosse Adrienne de Montalant
Avec l'ami Jojo
Et avec l'ami Pierre
On allait boire nos vingt ans
Jojo se prenait pour Voltaire
Et Pierre pour Casanova
Et moi moi qui étais le plus fier
Moi moi je me prenais pour moi
Et quand vers minuit passaient les notaires
Qui sortaient de l'hôtel des "Trois Faisans"
On leur montrait notre cul et nos bonnes manières
En leur chantant
Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient bête
Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient...
Le coeur bien au chaud
Les yeux dans la bière
Chez la grosse Adrienne de Montalant
Avec l'ami Jojo
Et avec l'ami Pierre
On allait brûler nos vingt ans
Voltaire dansait comme un vicaire
Et Casanova n'osait pas
Et moi moi qui restait le plus fier
Moi j'étais presque aussi saoul que moi
Et quand vers minuit passaient les notaires
Qui sortaient de l'hôtel des "Trois Faisans"
On leur montrait notre cul et nos bonnes manières
En leur chantant
Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient bête
Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient...
Le coeur au repos
Les yeux bien sur terre
Au bar de l'hôtel des "Trois Faisans"
Avec maître Jojo
Et avec maître Pierre
Entre notaires on passe le temps
Jojo parle de Voltaire
Et Pierre de Casanova
Et moi moi qui suis resté le plus fier
Moi moi je parle encore de moi
Et c'est en sortant vers minuit Monsieur le Commissaire
Que tous les soirs de chez la Montalant
De jeunes "peigne-culs" nous montrent leur derrière
En nous chantant
Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux et plus ça devient bête
Disent-ils Monsieur le commissaire
Les bourgeois
Plus ça devient vieux et plus ça devient..
Invité- Invité
Re: Rêves d'Ours
"Long after you’ve forgotten someone’s voice, you can still remember the sound of their happiness or their sadness. You can feel it in your body."
— Anne Michaels
"I’ll understand your sadness because I live inside my own."
— Clementine von Radics
Invité- Invité
Re: Rêves d'Ours
- Spoiler:
- Tree don’t care what a little bird sings
We go down with the dew in the morning light
The tree don’t know what the little bird brings
We go down with the dew in the morning
And we breathe, in it
There is no need to forgive
Breathe, in it, there is no need to forgive
(again)
The trees will stand like ṗleading hands
We go down with the dew in the morning light
The trees all stand like ṗleading hands
We go down with the dew in the morning light
And we breathe it in
There is no need to forgive
Breathe it in, there is no need to forgive
(again)
The trees will burn with blackened hands
We return with the light of the evening
The trees will burn blackened hands
Nowhere to rest, with nowhere to land
And we know who you are
And we know where you live
And we know there’s no need to forgive
And we know who you are
And we know where you live
And we know there’s no need to forgive
And we know who you are
And we know where you live
And we know there’s no need to forgive
And we know who you are
And we know where you live
And we know there’s no need to forgive again
Invité- Invité
Re: Rêves d'Ours
Bonjour Ours,
Je ne ferai donc pas l’erreur de déduire quoi que ce soit de qui tu es réellement.
J’ai réagis à la lecture de tes mots et, de la même manière que j’ai développé un propos sur la confusion qui s’installe quand l’autre est fantasmé, je me permets de réagir sur le phantasme que peut devenir ce site quand il devient (fantasmé) non un lieu d’échange de propos mais un espace « d’intimité ». A mes yeux, il ne peut y avoir d’intimité ici que celle de quelques mots posés qui, ça me parait indéniable, ne peuvent porter plus que des sens qui, si le style n'y est pas, deviennent assez impersonnels.
Ce pourrait devenir un bon sujet de débat que cette confusion entre le réel, la relation humaine directe, la seule, et ces espace d’échanges que sont les forums, blogs et autres outils que propose la ‘toile’ ; l’apport précieux qu’est ce site dans la découverte du haut potentiel et pourtant, la rotation importante de ses membres.
Amicalement
P.S.: En même temps, facétieusement, je ne peux m’empêcher 'd'entendre' un lien entre ton réel et ces propos, que de fait, tu as fait...
Flatté !! Vraiment, (même si je n’oublie pas que le compliment n’engage que celui qui l’entend) pour autant… flattéOurs a écrit:J'aime bien tes post.
Figure de style, non. Direct !! Le ‘tu’ s’applique bien à toi. Enfin à toi…. Je voudrais faire une petite précision. Je ne connais de toi que ton avatar et l’âge que le système a calculé sur les renseignements que tu lui as donné, je ne sais pas où tu habites, comment tu t’appelles, quelle tête tu as, enfin, tout ça est bien impersonnel, tu en conviendras et qu’effectivement, nous ne nous connaissons pas, ou bien incomplètement. Je m’adresse donc à un toi bien virtuel et j’en déduis une sorte de confusion entre toi, moi, et cette représentation qui peut être faite à travers les écrits publiés sur ce site.Ours a écrit:Il y a cependant une chose qui me gêne : le "tu" quand tu l'appliques à des ressentis que tu me prêtes. Je pense qu'il s'agit là d'une figure de style. Après tout, après 2 post, on ne peut pas dire qu'on se connait et quand bien même, je trouve le "tu" très incisif.
Je reviens donc sur cette confusion que je sens là : Nous sommes sur un site dont la lecture est publique, sous la forme d’un forum. Il s’agit donc d’échanger des écrits, chacun chez soi derrière un ordinateur, pas d’intonation, de prosodie, juste quelques smileys, je n’y vois rien d’humain où en tout cas une pâle représentation de l’idée que je me fais de l’échange humain. Je ne réagis qu’aux écrits que tu veux bien exposés, encore une fois rien à voir avec toi, enfin je crois là que tu peux mettre des limites à cette exposition.Ours a écrit: J'en ressens comme une exposition de ce que tu penses que je suis et cette exposition est et doit rester de l'ordre de mon intimité.
Je ne ferai donc pas l’erreur de déduire quoi que ce soit de qui tu es réellement.
J’ai réagis à la lecture de tes mots et, de la même manière que j’ai développé un propos sur la confusion qui s’installe quand l’autre est fantasmé, je me permets de réagir sur le phantasme que peut devenir ce site quand il devient (fantasmé) non un lieu d’échange de propos mais un espace « d’intimité ». A mes yeux, il ne peut y avoir d’intimité ici que celle de quelques mots posés qui, ça me parait indéniable, ne peuvent porter plus que des sens qui, si le style n'y est pas, deviennent assez impersonnels.
Ce pourrait devenir un bon sujet de débat que cette confusion entre le réel, la relation humaine directe, la seule, et ces espace d’échanges que sont les forums, blogs et autres outils que propose la ‘toile’ ; l’apport précieux qu’est ce site dans la découverte du haut potentiel et pourtant, la rotation importante de ses membres.
J’en tiens compte, j’en tiens compte… Et d’ailleurs je me suis permis cette précision sur qui tu es réellement et ce personnage, « Ours », qui s’est constitué à travers tes posts. Mes mots ne s’adressaient qu’à lui, profil sur un site d’échanges à propos du haut potentiel, si tu t’es senti ‘visé’ personnellement, je te fais mes excuses les plus plates.Ours a écrit:Je te remercie d'en tenir compte.
Amicalement
P.S.: En même temps, facétieusement, je ne peux m’empêcher 'd'entendre' un lien entre ton réel et ces propos, que de fait, tu as fait...
Dernière édition par Factotum le Lun 20 Mai 2013 - 15:53, édité 2 fois (Raison : un 'pas' en trop... et un 'as' manquant...)
Le Breton Furieux- Messages : 289
Date d'inscription : 10/06/2011
Age : 62
Localisation : J'sais pas trop, elle est bien là la question
Re: Rêves d'Ours
"Comme le dit très bien Jacques SALOME, le « tu » tue !
Nous faisons des efforts pour mieux communiquer avec autrui mais, souvent, hélas, nous ne sommes pas alors en connexion avec ce que nous ressentons réellement et/ou nous ne l’exprimons pas. Un mur se dresse par conséquent entre nous et l’autre.
Essayons de mieux formuler ce que nous ressentons en parlant à la première personne uniquement ; exemple : « Je ressens ceci quand tu dis ceci ou fais cela » …"
Nos pensées et nos ressentis nous appartiennent en propre.
Ils ne sont en cela pas discutables comme le seraient des idées ou des concepts.
Pour mieux nous connaitre échanger nos ressentis est essentiel, tout en respectant ceux de l'autre ...
Nous faisons des efforts pour mieux communiquer avec autrui mais, souvent, hélas, nous ne sommes pas alors en connexion avec ce que nous ressentons réellement et/ou nous ne l’exprimons pas. Un mur se dresse par conséquent entre nous et l’autre.
Essayons de mieux formuler ce que nous ressentons en parlant à la première personne uniquement ; exemple : « Je ressens ceci quand tu dis ceci ou fais cela » …"
Nos pensées et nos ressentis nous appartiennent en propre.
Ils ne sont en cela pas discutables comme le seraient des idées ou des concepts.
Pour mieux nous connaitre échanger nos ressentis est essentiel, tout en respectant ceux de l'autre ...
Re: Rêves d'Ours
Tristan Cabral – Emmuré parle…(1974)
ce sont des enfants seuls
attelés à leurs cris
qui avancent de face
sur des chemins possibles
ils nous jettent des mots
simples comme les pierres
leur royaume visible
est une route droite
ils entrent par effraction
dans nos yeux éboulés
et suivent des aurores
qui toujours se rassemblent
ils creusent leurs demeures
dans les charpentes mortes
pour apporter aux évidences
le démenti formel d’un battement de cœur …
Echos multiples :
Regard retrouvé hier (silencieuse, douce et profonde joie),
Regards découverts hier soir par de jeunes Z en première IRL ("regards cannibales" https://www.zebrascrossing.net/t10919p60-toulouse-un-pot-ou-un-resto-dans-les-prochains-jours#460691 ),
Regard perdu en quête d'acceptation et de ré-assurance qui se découvrent aux tournants des rues, au détours des bus, aux haltes des feux rouges,
Regards de ceux ou de celles emmurés en eux-mêmes ou emprisonné par leur règles sociales
Ou encore regard jaillissant sous le voile.
Regards de ceux qui n'ont pas les mots pas les gestes, regards témoins d'un autre monde et miroir de nous mêmes.
Apporter aux évidences le démenti formel d’un battement de cœur …
Je vais modifier ma signature en ce sens. Tant pis, Deleuze ne se comprend bien que dans la répétition des concepts. En mâchonnant patiemment chacun des mots ; cela ne marche pas trop en aphorismes.
ce sont des enfants seuls
attelés à leurs cris
qui avancent de face
sur des chemins possibles
ils nous jettent des mots
simples comme les pierres
leur royaume visible
est une route droite
ils entrent par effraction
dans nos yeux éboulés
et suivent des aurores
qui toujours se rassemblent
ils creusent leurs demeures
dans les charpentes mortes
pour apporter aux évidences
le démenti formel d’un battement de cœur …
Echos multiples :
Regard retrouvé hier (silencieuse, douce et profonde joie),
Regards découverts hier soir par de jeunes Z en première IRL ("regards cannibales" https://www.zebrascrossing.net/t10919p60-toulouse-un-pot-ou-un-resto-dans-les-prochains-jours#460691 ),
Regard perdu en quête d'acceptation et de ré-assurance qui se découvrent aux tournants des rues, au détours des bus, aux haltes des feux rouges,
Regards de ceux ou de celles emmurés en eux-mêmes ou emprisonné par leur règles sociales
Ou encore regard jaillissant sous le voile.
Regards de ceux qui n'ont pas les mots pas les gestes, regards témoins d'un autre monde et miroir de nous mêmes.
Apporter aux évidences le démenti formel d’un battement de cœur …
Je vais modifier ma signature en ce sens. Tant pis, Deleuze ne se comprend bien que dans la répétition des concepts. En mâchonnant patiemment chacun des mots ; cela ne marche pas trop en aphorismes.
Invité- Invité
Re: Rêves d'Ours
Pour aller plus loin avec ce poète :
http://maisondelapoesie.morlaix.pagesperso-orange.fr/Tristan%20CABRAL.html
http://www.lr2l.fr/acteur/houssin-yann--alias-cabral-tristan-montpellier.html
http://maisondelapoesie.morlaix.pagesperso-orange.fr/Tristan%20CABRAL.html
http://www.lr2l.fr/acteur/houssin-yann--alias-cabral-tristan-montpellier.html
Invité- Invité
Re: Rêves d'Ours
Texte remarquable sur le malaise des managers.
Bourreaux et victimes, nous sommes tour à tour dans l'une de ces positions.
Si l'on ajoute à cette enquête, le principe de la délégation de responsabilité, nous sommes non seulement dans l'acceptation du mal mais moyen de sa création. D'autant que nous nous sommes imposés cette délégation au nom d'une idéologie, à savoir la raison.... j'aurai pu dire la race et son amélioration.
Numérisé initialement pour quelqu'un, dans le cadre de ses études, je me dis que le sujet est suffisamment grave pour le soumettre à votre sagacité. Je ne suis pas doué pour le débat, mais n'hésitez pas à l'utiliser sur tel ou tel fil.
Si notre équipement intellectuel doit servir à quelque chose, autant que ce soit pour améliorer le monde ...
Le process de Kafka
Par Philippe Nassif in Philosophie Magazine Avril 2013 - Dossier
Sale temps pour les entreprises. D'un côté, on demande aux cadres de faire preuve d'autonomie. De l'autre, ils doivent respecter des procédures sophistiquées et verrouillées, avec plusieurs niveaux de contrôle pour la moindre décision. Bienvenue dans un monde qui a élevé l'absurdité au carré.
« Vous voulez savoir ce qui a changé?» Les détails essentiels se disent souvent une fois l'interview terminée. C'est ainsi qu'en me raccompagnant à la porte. Amie, coach bienveillante, me glisse : Depuis trois ans, j'ai toujours une boite de Kleenex dans mon bureau. Bienvenue dans les années 2010. Un temps où désormais les cadres pourtant supérieurs apprennent à éclater en sanglots dans le cabinet spacieux de leur coach. Fabriqués dans les meilleures écoles, faisant montre d'une capacité de raisonnement experte et d'un abattage consciencieux des taches, les soldats d'élite du capitalisme ne savent plus vraiment ce qui leur arrive. C'est une tension sourde, un goût d'inaccomplissement, un flux sans relâche, qui sténographie un bug dans la théorie de la lutte des classes : désormais, même les « dominants » se retrouvent « dominés » par un système sans tète mais armé de pseudopodes sophistiqués, puisqu'ils les ont mis eux-mêmes au point. Comment en est-on arrivé là ? Bref retour en arrière: Si les Trente Glorieuses laissent un souvenir heureux, c'est d'abord parce qu'elles furent synonymes d'une paresse managériale, décrypte le sociologue François Dupuy, régulièrement appelé au chevet des grandes entreprises et auteur d'un remarquable essai Lost in Management (Seuil, 2011). L'offre était alors rare. Il était donc possible de faire payer au client un certain laxisme dans la productivité.
Mais avec l'ouverture des marchés à la concurrence vers la fin des années 1970, le consommateur a commencé à avoir le choix : il a donc fallu proposer des produits de meilleure qualité à moindre prix. Le travail a été réorganisé : à l'architecture en silo - où chaque service turbinait en totale autonomie -. un fonctionnement plus transversal s'est avéré nécessaire. Autrement dit, on a demandé aux cadres de coopérer entre eux. Contrairement aux idées reçues, continue Dupuy. la coopération est loin d'être un comportement natureI au quotidien. Elle vous rend dépendant des autres et remplace la neutralité des relations parla confrontation. Sartre le savait bien : les autres, c'est l’enfer! Ce qui n'allait pas de soi, il a donc fallu l'imposer. D'où le recours à la science du management enseignée dans les business schools américaines et qui n'est selon Dupuy, qu'un vaste ensemble de techniques de « coercition ». On multiplie les procédures - les process en novlangue managériale -, on impose aux cadres de laborieuses tâches de reporting - truffer de chiffres jusqu'à point d’heures des tableaux Excel à peine compréhensibles -, on ne jure plus que par les indicateurs des performances de chacun - dit KPI pour. Key Performance Indicators ». Non pas que le contrôle et l'évaluation soient en eux-mêmes mauvais. Le problème, insiste Dupuy, c'est l’emballement de la machine : les directions sont incapables d'arrêter le curseur. Elles signalent ainsi aux cadres qu'elles ne leur accordent aucune confiance. Mais surtout, elles les empêchent de travailler efficacement en les empêtrant dans un magma informe de chiffres, de procédures et de normes volontiers contradictoires. La souffrance du cadre est alors augmentée par un sentiment d'absurdité qui le laisse coi : après tout. il est victime d'un management dont il aura été l'un des plus fervents apôtres.
Au nom de la Raison
La complexification ubuesque qui plombe aujourd'hui les grandes entreprises n'est pas seulement le fruit des contingences historiques. L'idolâtrie du process s'élance depuis un terreau intellectuel fertile et qui n'est autre que le moderne idéal d'une émancipation par la Raison. Là est sans doute le point le plus troublant de la déraison contemporaine: La globalisation n'est pas d'about le résultat d'une hégémonie américaine comme on a trop souvent tendance à le penser. Elle trouve en effet son point de départ avec « le mouvement des lumières qui, à travers des figures comme Kant. visait à désenclaver les hommes des sociétés traditionnelles pour les mener vers une universalité abstraite. explique le sociologue Jean-Philippe Bouilloud, auteur d'un bel essai sur le mal-être des cadres, Entre l'enclume et le Marteau (Seuil. 2014) Et c'est bien cette idée d'un progrès rationnel qui anime les organisations complexes et leurs élites formées dans les grandes écoles d'ingénieurs ou de commerce. En somme, il s'agit d'un système de valeurs qui voit le présent et à fortiori le passé, dévalorisé en faveur du futur, et qui porte à imaginer qu'un modèle mathématique, objectivable, formalisable, sera toujours plus efficace qu'une habitude, un savoir-faire singulier ou une tradition. Concrètement, cela donne les dérives du « mode projet » Dans la banque, les groupes pharmaceutiques, les sociétés de sidérurgie, entre autres, une véritable mystique du projet s'est développée ces trente dernières années, constate Bouilloud. C'est toujours le prochain projet qui sera le bon. Chaque cadre voit ainsi sa tâche principale parasitée par nombre de projets dont il a la charge ou auxquels il doit contribuer —et dont la plupart n'aboutiront pas. Et que dire du syndrome de toute-puissance technologique? On est happé dans la course au système informatique qui, automatisant l'enregistrement des reportings, la mise en œuvre des process, la gestion des flux et l'évaluation des performances permettra de délivrer comme par enchantement, la solution optimale? « Je suis souvent amené à expliquer à la direction générale d'un grand groupe les limites de tout système », explique François Xavier, consultant désabusé pour une société de services informatiques. « Mais nous sommes en concurrence avec certains consultants qui parfois même de bonne foi leur font miroiter un genre de martingale. Après avoir mobilisé énormément d’énergie, le résultat est forcément décevant, il aggrave parfois les choses et nous devons ensuite défaire tout ce que nous avons fait ».
On le sait, les limites de la rationalité des Lumières ont été pointées depuis un moment déjà : Husserl dans les années 1930 dénonçait de simples sciences de faits, qui n'ont rien à nous dire sur le sens ou l'absence de sens de toute cette existence humaine et Adorno. à la tête de l'École de
Francfort, signalait les vices de la « Raison instrumentale au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Mais nourries d'une volonté de toute-puissance, la doxa économique, en général, et les théories du management en particulier, n'en ont toujours pas pris acte.
La folie management
La tragédie des cadres est ainsi le signal parmi d'autres que l'idéal de raison est arrivé à son point de saturation. Poussé à son paroxysme, c'est l'effet inverse à celui recherché qui est obtenu : une organisation devenue folle. Les grandes entreprises ressemblent fort à ces mères, décrites par le psychologue américain Gregory Bateson, capables de rendre leurs enfants schizophrènes en leur assénant des injonctions paradoxales, impossibles à satisfaire mais impératives. Par exemple: Je t'ordonne d'être autonome et qui dans l'univers « corporate » prend la forme d'un « agis librement mais obéis au process » ou bien « Atteins des objectifs supérieurs avec des moyens réduits. » ou encore: « Développe l'esprit d'équipe mais encourage les performances individuelles ». Et plus récemment : « Il nous faut un produit "premium" mais "grand public". » De fait, je suis en train de devenir schizo est un refrain triste que l'on aura souvent entendu durant notre enquête et lorsqu'il ne mène pas au bum-out, il suscite un désengagement silencieux des cadres qui finissent par jouer les procédures les unes contre les autres en abdiquant toute responsabilité personnelle. Résultat ? Désormais tout le monde se défausse sur le process, constate ainsi effarée Paola Habri, en charge des études dans une société de conseil. Parmi mes interlocuteurs je rencontre de moins en moins de personnes en mesure de prendre une décision, je dois tout le temps me battre pour résister aux demandes de tester la moindre idée de cinq façons différentes dans un flou et une indécision totale, pour, à la fin, copier la concurrence ou coller à la demande des consommateurs. Si l'innovation est en berne depuis trois ou quatre ans, la raison n'est pas à aller chercher bien loin. Si, au bout de trois mois, un produit n'a pas fait ses preuves, il est retiré des linéaires.
Le temps, voilà une autre ressource quantifiable et donc toujours mieux compressée. En témoigne Maud, responsable des ressources humaines dans une grande banque: « Le temps ne fait tout simplement plus partie des outils de gestion. Les cadres sont soumis à une urgence perpétuelle qui les empêche de mener leurs projets comme ils le mériteraient. Prendre six mois de plus est-ce vraiment prendre un risque opérationnel ? Apparemment. plus personne n'ose poser la question » Dans l'univers tendu et désincamé des grandes entreprises, les compétences premières des cadres — leur expertise — ont tendance à passer au second plan. « La qualité première d'un cadre, désormais, c'est la gestion de son stress », constate Anne, la coach. « Ils n'ont plus d'espace qui leur permettrait de respirer, d'élaborer, faire la part des choses, » Plus d’espace, excepté parfois le bureau du coach, jadis dédié â rendre ses clients plus performants et qui joue désormais d'abord le rôle de psy venu les aider à formuler une douleur inavouable, celle d’être désormais « sous l'emprise d'une domination sans dominateur » selon la formule de Bouilloud et d'avoir activement participé à leur aliénation.
Sans doute est-ce là une histoire typiquement française : c'est qu'au pays de Descartes et de Gavroche, la grande entreprise semble être le lieu de la contradiction létale entre le fier esprit théorique et l'individualisme anarchisant, repéré autrefois par le sociologue Michel
Comics. Reste qu'on reste stupéfié par un tel gâchis qui est d'abord humain mais qui s'avère désormais économique. L’excès de rationalité aboutit à la plus kafkaïenne irrationalité. L'obsession du changement en écrasant la culture des hommes et la mémoire des entreprises, débouche sur une incapacité â se renouveler. Les enquêtes attribuent à l'Hexagone un record de démotivation des cadres et ainsi que le remarque Paola Habri. « La génération Y a désormais une nette tendance à fuir les grandes entreprises.. «
Le goût du bel ouvrage
Un autre management est-il possible? Les coaches, sociologues, philosophes appelés à la rescousse du big business en sont convaincus et suggèrent finalement un retour au bon sens, voire une sortie hors du cercle mortifère de la pure rationalisation. Ainsi François Dupuy fait-il l’éloge de la confiance et de la simplicité ? « Arrêtons d’imaginer qu'il est possible de gérer la complexité à coup de procédures. La coopération est difficile mais elle est indispensable. Il est possible d'en appeler à la confiance, et donc à une liberté de décision des cadres, sans pour autant verser dans la naïveté ou le cynisme. Cela veut dire tout simplement de s'entendre sur des régies du jeu non écrites plutôt que d'imposer des procédures formelles. Google aux États-Unis ou L'Oréal et La Poste en France l'ont bien compris. Comme dans une famille, il s'agit d'avancer en s'entendant sur ce qui acceptable de la part des uns et des autres, et sur ce qu'il ne l'est pas. En philosophie, cela s'appelle l'éthique. Pour Jean-Philippe Bouilloud, cela peut être aussi l'enjeu d'une nouvelle esthétique. L'idée du bel ouvrage, du travail fait dans les règles de l'art si présente jusqu'au XVI siècle a été comme écrasée par les mœurs ingénieuses qui ont dominé le XX siècle. Ce sont elles qui amènent les cadres trop stressés par les comptes à rebours des rétro-plannings à se répéter que « c'est pas du boulot ». « Or je crois que c'est précisément la beauté de l’ouvrage qui donne sens à notre travail » continue Bouilloud. « À chacun alors de se demander : c'est quoi un beau travail pour moi ? » et de l’élargir à une conversation qui consisterait à tomber d'accord sur ce qui est beau pour nous. « Et sans doute en viendrait-on à concevoir que, pour que le bel ouvrage puisse advenir, il faut aussi lui donner le temps pour que ça travaille ». Mais Bouilloud va plus loin: « L'esthétique ne concerne pas seulement ce qui est produit mais aussi la qualité des relations. La préoccupation du beau geste est peu étudiée mais elle renvoie à la pensée de Levinas : se sentir responsable de l’autre, c'est s'autoriser des "beaux gestes, généreux, attentifs, gratuits, qui sont autant de critiques, en action, de la rationalité instrumentale. »
Vœux pieux? En un temps de crise où l'on ne travaille plus qu'à parer au plus pressé, cela en a tout l'air. Sauf si les cadres se décidaient à une parole partagée. Ce qui demanderait de rompre avec leur individualisme compétitif pour découvrir les charmes de l'action collective. Et d'oser avouer que loin d'être aux commandes, ils sont désormais assujettis à une organisation proliférante. Et qu'il est plus que temps de remettre du « je » dans les rouages — maintenant que même les élites sont à la ramasse.
Bourreaux et victimes, nous sommes tour à tour dans l'une de ces positions.
Si l'on ajoute à cette enquête, le principe de la délégation de responsabilité, nous sommes non seulement dans l'acceptation du mal mais moyen de sa création. D'autant que nous nous sommes imposés cette délégation au nom d'une idéologie, à savoir la raison.... j'aurai pu dire la race et son amélioration.
Numérisé initialement pour quelqu'un, dans le cadre de ses études, je me dis que le sujet est suffisamment grave pour le soumettre à votre sagacité. Je ne suis pas doué pour le débat, mais n'hésitez pas à l'utiliser sur tel ou tel fil.
Si notre équipement intellectuel doit servir à quelque chose, autant que ce soit pour améliorer le monde ...
Le process de Kafka
Par Philippe Nassif in Philosophie Magazine Avril 2013 - Dossier
Sale temps pour les entreprises. D'un côté, on demande aux cadres de faire preuve d'autonomie. De l'autre, ils doivent respecter des procédures sophistiquées et verrouillées, avec plusieurs niveaux de contrôle pour la moindre décision. Bienvenue dans un monde qui a élevé l'absurdité au carré.
« Vous voulez savoir ce qui a changé?» Les détails essentiels se disent souvent une fois l'interview terminée. C'est ainsi qu'en me raccompagnant à la porte. Amie, coach bienveillante, me glisse : Depuis trois ans, j'ai toujours une boite de Kleenex dans mon bureau. Bienvenue dans les années 2010. Un temps où désormais les cadres pourtant supérieurs apprennent à éclater en sanglots dans le cabinet spacieux de leur coach. Fabriqués dans les meilleures écoles, faisant montre d'une capacité de raisonnement experte et d'un abattage consciencieux des taches, les soldats d'élite du capitalisme ne savent plus vraiment ce qui leur arrive. C'est une tension sourde, un goût d'inaccomplissement, un flux sans relâche, qui sténographie un bug dans la théorie de la lutte des classes : désormais, même les « dominants » se retrouvent « dominés » par un système sans tète mais armé de pseudopodes sophistiqués, puisqu'ils les ont mis eux-mêmes au point. Comment en est-on arrivé là ? Bref retour en arrière: Si les Trente Glorieuses laissent un souvenir heureux, c'est d'abord parce qu'elles furent synonymes d'une paresse managériale, décrypte le sociologue François Dupuy, régulièrement appelé au chevet des grandes entreprises et auteur d'un remarquable essai Lost in Management (Seuil, 2011). L'offre était alors rare. Il était donc possible de faire payer au client un certain laxisme dans la productivité.
Mais avec l'ouverture des marchés à la concurrence vers la fin des années 1970, le consommateur a commencé à avoir le choix : il a donc fallu proposer des produits de meilleure qualité à moindre prix. Le travail a été réorganisé : à l'architecture en silo - où chaque service turbinait en totale autonomie -. un fonctionnement plus transversal s'est avéré nécessaire. Autrement dit, on a demandé aux cadres de coopérer entre eux. Contrairement aux idées reçues, continue Dupuy. la coopération est loin d'être un comportement natureI au quotidien. Elle vous rend dépendant des autres et remplace la neutralité des relations parla confrontation. Sartre le savait bien : les autres, c'est l’enfer! Ce qui n'allait pas de soi, il a donc fallu l'imposer. D'où le recours à la science du management enseignée dans les business schools américaines et qui n'est selon Dupuy, qu'un vaste ensemble de techniques de « coercition ». On multiplie les procédures - les process en novlangue managériale -, on impose aux cadres de laborieuses tâches de reporting - truffer de chiffres jusqu'à point d’heures des tableaux Excel à peine compréhensibles -, on ne jure plus que par les indicateurs des performances de chacun - dit KPI pour. Key Performance Indicators ». Non pas que le contrôle et l'évaluation soient en eux-mêmes mauvais. Le problème, insiste Dupuy, c'est l’emballement de la machine : les directions sont incapables d'arrêter le curseur. Elles signalent ainsi aux cadres qu'elles ne leur accordent aucune confiance. Mais surtout, elles les empêchent de travailler efficacement en les empêtrant dans un magma informe de chiffres, de procédures et de normes volontiers contradictoires. La souffrance du cadre est alors augmentée par un sentiment d'absurdité qui le laisse coi : après tout. il est victime d'un management dont il aura été l'un des plus fervents apôtres.
Au nom de la Raison
La complexification ubuesque qui plombe aujourd'hui les grandes entreprises n'est pas seulement le fruit des contingences historiques. L'idolâtrie du process s'élance depuis un terreau intellectuel fertile et qui n'est autre que le moderne idéal d'une émancipation par la Raison. Là est sans doute le point le plus troublant de la déraison contemporaine: La globalisation n'est pas d'about le résultat d'une hégémonie américaine comme on a trop souvent tendance à le penser. Elle trouve en effet son point de départ avec « le mouvement des lumières qui, à travers des figures comme Kant. visait à désenclaver les hommes des sociétés traditionnelles pour les mener vers une universalité abstraite. explique le sociologue Jean-Philippe Bouilloud, auteur d'un bel essai sur le mal-être des cadres, Entre l'enclume et le Marteau (Seuil. 2014) Et c'est bien cette idée d'un progrès rationnel qui anime les organisations complexes et leurs élites formées dans les grandes écoles d'ingénieurs ou de commerce. En somme, il s'agit d'un système de valeurs qui voit le présent et à fortiori le passé, dévalorisé en faveur du futur, et qui porte à imaginer qu'un modèle mathématique, objectivable, formalisable, sera toujours plus efficace qu'une habitude, un savoir-faire singulier ou une tradition. Concrètement, cela donne les dérives du « mode projet » Dans la banque, les groupes pharmaceutiques, les sociétés de sidérurgie, entre autres, une véritable mystique du projet s'est développée ces trente dernières années, constate Bouilloud. C'est toujours le prochain projet qui sera le bon. Chaque cadre voit ainsi sa tâche principale parasitée par nombre de projets dont il a la charge ou auxquels il doit contribuer —et dont la plupart n'aboutiront pas. Et que dire du syndrome de toute-puissance technologique? On est happé dans la course au système informatique qui, automatisant l'enregistrement des reportings, la mise en œuvre des process, la gestion des flux et l'évaluation des performances permettra de délivrer comme par enchantement, la solution optimale? « Je suis souvent amené à expliquer à la direction générale d'un grand groupe les limites de tout système », explique François Xavier, consultant désabusé pour une société de services informatiques. « Mais nous sommes en concurrence avec certains consultants qui parfois même de bonne foi leur font miroiter un genre de martingale. Après avoir mobilisé énormément d’énergie, le résultat est forcément décevant, il aggrave parfois les choses et nous devons ensuite défaire tout ce que nous avons fait ».
On le sait, les limites de la rationalité des Lumières ont été pointées depuis un moment déjà : Husserl dans les années 1930 dénonçait de simples sciences de faits, qui n'ont rien à nous dire sur le sens ou l'absence de sens de toute cette existence humaine et Adorno. à la tête de l'École de
Francfort, signalait les vices de la « Raison instrumentale au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Mais nourries d'une volonté de toute-puissance, la doxa économique, en général, et les théories du management en particulier, n'en ont toujours pas pris acte.
La folie management
La tragédie des cadres est ainsi le signal parmi d'autres que l'idéal de raison est arrivé à son point de saturation. Poussé à son paroxysme, c'est l'effet inverse à celui recherché qui est obtenu : une organisation devenue folle. Les grandes entreprises ressemblent fort à ces mères, décrites par le psychologue américain Gregory Bateson, capables de rendre leurs enfants schizophrènes en leur assénant des injonctions paradoxales, impossibles à satisfaire mais impératives. Par exemple: Je t'ordonne d'être autonome et qui dans l'univers « corporate » prend la forme d'un « agis librement mais obéis au process » ou bien « Atteins des objectifs supérieurs avec des moyens réduits. » ou encore: « Développe l'esprit d'équipe mais encourage les performances individuelles ». Et plus récemment : « Il nous faut un produit "premium" mais "grand public". » De fait, je suis en train de devenir schizo est un refrain triste que l'on aura souvent entendu durant notre enquête et lorsqu'il ne mène pas au bum-out, il suscite un désengagement silencieux des cadres qui finissent par jouer les procédures les unes contre les autres en abdiquant toute responsabilité personnelle. Résultat ? Désormais tout le monde se défausse sur le process, constate ainsi effarée Paola Habri, en charge des études dans une société de conseil. Parmi mes interlocuteurs je rencontre de moins en moins de personnes en mesure de prendre une décision, je dois tout le temps me battre pour résister aux demandes de tester la moindre idée de cinq façons différentes dans un flou et une indécision totale, pour, à la fin, copier la concurrence ou coller à la demande des consommateurs. Si l'innovation est en berne depuis trois ou quatre ans, la raison n'est pas à aller chercher bien loin. Si, au bout de trois mois, un produit n'a pas fait ses preuves, il est retiré des linéaires.
Le temps, voilà une autre ressource quantifiable et donc toujours mieux compressée. En témoigne Maud, responsable des ressources humaines dans une grande banque: « Le temps ne fait tout simplement plus partie des outils de gestion. Les cadres sont soumis à une urgence perpétuelle qui les empêche de mener leurs projets comme ils le mériteraient. Prendre six mois de plus est-ce vraiment prendre un risque opérationnel ? Apparemment. plus personne n'ose poser la question » Dans l'univers tendu et désincamé des grandes entreprises, les compétences premières des cadres — leur expertise — ont tendance à passer au second plan. « La qualité première d'un cadre, désormais, c'est la gestion de son stress », constate Anne, la coach. « Ils n'ont plus d'espace qui leur permettrait de respirer, d'élaborer, faire la part des choses, » Plus d’espace, excepté parfois le bureau du coach, jadis dédié â rendre ses clients plus performants et qui joue désormais d'abord le rôle de psy venu les aider à formuler une douleur inavouable, celle d’être désormais « sous l'emprise d'une domination sans dominateur » selon la formule de Bouilloud et d'avoir activement participé à leur aliénation.
Sans doute est-ce là une histoire typiquement française : c'est qu'au pays de Descartes et de Gavroche, la grande entreprise semble être le lieu de la contradiction létale entre le fier esprit théorique et l'individualisme anarchisant, repéré autrefois par le sociologue Michel
Comics. Reste qu'on reste stupéfié par un tel gâchis qui est d'abord humain mais qui s'avère désormais économique. L’excès de rationalité aboutit à la plus kafkaïenne irrationalité. L'obsession du changement en écrasant la culture des hommes et la mémoire des entreprises, débouche sur une incapacité â se renouveler. Les enquêtes attribuent à l'Hexagone un record de démotivation des cadres et ainsi que le remarque Paola Habri. « La génération Y a désormais une nette tendance à fuir les grandes entreprises.. «
Le goût du bel ouvrage
Un autre management est-il possible? Les coaches, sociologues, philosophes appelés à la rescousse du big business en sont convaincus et suggèrent finalement un retour au bon sens, voire une sortie hors du cercle mortifère de la pure rationalisation. Ainsi François Dupuy fait-il l’éloge de la confiance et de la simplicité ? « Arrêtons d’imaginer qu'il est possible de gérer la complexité à coup de procédures. La coopération est difficile mais elle est indispensable. Il est possible d'en appeler à la confiance, et donc à une liberté de décision des cadres, sans pour autant verser dans la naïveté ou le cynisme. Cela veut dire tout simplement de s'entendre sur des régies du jeu non écrites plutôt que d'imposer des procédures formelles. Google aux États-Unis ou L'Oréal et La Poste en France l'ont bien compris. Comme dans une famille, il s'agit d'avancer en s'entendant sur ce qui acceptable de la part des uns et des autres, et sur ce qu'il ne l'est pas. En philosophie, cela s'appelle l'éthique. Pour Jean-Philippe Bouilloud, cela peut être aussi l'enjeu d'une nouvelle esthétique. L'idée du bel ouvrage, du travail fait dans les règles de l'art si présente jusqu'au XVI siècle a été comme écrasée par les mœurs ingénieuses qui ont dominé le XX siècle. Ce sont elles qui amènent les cadres trop stressés par les comptes à rebours des rétro-plannings à se répéter que « c'est pas du boulot ». « Or je crois que c'est précisément la beauté de l’ouvrage qui donne sens à notre travail » continue Bouilloud. « À chacun alors de se demander : c'est quoi un beau travail pour moi ? » et de l’élargir à une conversation qui consisterait à tomber d'accord sur ce qui est beau pour nous. « Et sans doute en viendrait-on à concevoir que, pour que le bel ouvrage puisse advenir, il faut aussi lui donner le temps pour que ça travaille ». Mais Bouilloud va plus loin: « L'esthétique ne concerne pas seulement ce qui est produit mais aussi la qualité des relations. La préoccupation du beau geste est peu étudiée mais elle renvoie à la pensée de Levinas : se sentir responsable de l’autre, c'est s'autoriser des "beaux gestes, généreux, attentifs, gratuits, qui sont autant de critiques, en action, de la rationalité instrumentale. »
Vœux pieux? En un temps de crise où l'on ne travaille plus qu'à parer au plus pressé, cela en a tout l'air. Sauf si les cadres se décidaient à une parole partagée. Ce qui demanderait de rompre avec leur individualisme compétitif pour découvrir les charmes de l'action collective. Et d'oser avouer que loin d'être aux commandes, ils sont désormais assujettis à une organisation proliférante. Et qu'il est plus que temps de remettre du « je » dans les rouages — maintenant que même les élites sont à la ramasse.
Invité- Invité
Re: Rêves d'Ours
Autre texte:
La critique d'un essai écrit par un philosophe que j'ai déjà cité ici que je trouve d'une rigueur pleine d’exigence mais pleine de consolation. Il me semble à ce qu'en dit cet article que son nouvel ouvrage est d'une force encore plus adaptée aux besoins des zèbres : être.
Je voudrais mettre en exergue une phrase : "nul ne s'éprouve jamais si séparé de soi qu'en étant séparé des autres". J'y vois comme une synonymie avec la réflexion d'une musicienne (chérie.... ) et reprise par l'une d'entre nous : « Ma tristesse ? Mon horrible tristesse d’hier ? Je m’étais tout simplement désaccordée du monde en oubliant mon devoir de bonheur. Et de partage. » Hélène GRIMAUD
Hymne à l'ego flottant
Nul ne sera jamais qui il est, affirme Nicolas Grimaldi. Ni en se cherchant dans le regard des autres, ni en se suffisant à lui-même. Contre la fatigue d'être soi, voici un ouvrage revigorant et lumineux.
Par Catherine Portevin
Les Théorèmes du moi - Nicolas Grimaldi / Grasset / 200 p / 16,90 €
Etre ou ne pas être, c'est toute la question du Moi. Nicolas Grimaldi en révèle, non tant les théorèmes que les ambiguïtés. Prenant à revers, comme c'est son bénéfique travers, les fausses évidences de l'époque avec ses injonctions à « être soi-même », il annonce d'emblée « l'inconsistance du moi » : aussi unique suis-je à être moi, me voilà incapable seul de définir ce que je suis sans le secours du regard des autres.
En même temps, aucun être vivant « n'est objectivement réductible à ce qui s'en observe ». Voilà pourquoi « ce que je parais n'est que le résidu de ce que je voudrais être, quoique ce que je voudrais être me fasse être ce que je parais ». L'on pourrait citer comme autant de Maximes de La Rochefoucauld, les vertigineux aphorismes de Nicolas Grimaldi.
Cruauté en moins et générosité en plus, il y a du Grand Siècle dans le style et la pensée de ce philosophe de l'insatisfaction humaine. « Rien ne nous est plus obscur que ce qui nous est le plus intime », constate-t-il. Sur cette perplexité première, Nicolas Grimaldi prend d'abord le sujet par ses limites, en analysant des « moi » aussi spectaculaires qu'incertains d'exister : le snob et le dandy, tous deux saisis par une pathologie de la représentation, deux figures hantées par leur image, par les autres, que ce soit pour se conformer à eux ou pour s'en distinguer à tout prix. Le snob serait plutôt ridicule quand le dandy serait tragique; l'un frelaté, l'autre futile et impuissant. Au snobisme, les Précieuses et les Monsieur Jourdain de Molière, ou les salons de Madame Verdurin ; au dandysme, l'élégance du désespoir de Baudelaire, le « stoïcisme de boudoir » de Barbey d'Aurevilly. L'analyse philosophique de Grimaldi, pétrie de littérature, ouvre larges les horizons que tout homme contemple. Car dans ce genre de fatigue d'être soi d'où sont issus le snobisme et le dandysme, nous reconnaissons, certes grossi, ce sentiment ordinaire— parfois le malaise — que nous éprouvons « d'être ce que nous sommes vus » tant nous avons besoin de nous prendre pour le centre du monde. Si les snobs s'épuisent « à paraître ce qu'ils savent pourtant n'être pas », les dandys à « vivre et dormir devant un miroir » (Baudelaire), ils ont tous abdiqué de leur subjectivité et, conjurant la solitude inhérente à celle-ci, ne rêvent au fond que d'un statut d'objet. Le personnage d'Ivan Illitch (dans La Mort d'Ivan Illitch de Tolstoï, que Grimaldi commente longuement), en étant ce qu'on attendait qu'il fût, en se conformant au jeu social, a sacrifié sa vie, la vie même. Faut-il alors plaider vertueusement pour la réalité de la vie contre les fantasmes de la représentation, pour un moi qui se suffit à lui-même (Rousseau) contre l'illusoire ou corruptrice relation aux autres? Certainement pas, car « nul ne s'éprouve jamais si séparé de soi qu'en étant séparé des autres », conclut Nicolas Grimaldi.
Se déploie alors sa grande philosophie de la vie, la vie comme tendance, la vie comme mouvement qui m'excède et me traverse et se diffuse à travers moi, l'individu, tout soucieux de lui-même et de ses intérêts qu'il fût, n'existant que relié à son espèce. Dès lors, il n'y a pas à choisir entre la connaissance de soi et le souci des autres. Qui nous sommes, nous ne le saurons jamais. Mais la vie continuera, avec la perception du temps, du délai, de la durée, de l'attente, formant notre conscience d'être vivant. Le temps suit la vie comme son ombre, il la déforme parfois mais lui donne tout son relief et nous fait exister.
La critique d'un essai écrit par un philosophe que j'ai déjà cité ici que je trouve d'une rigueur pleine d’exigence mais pleine de consolation. Il me semble à ce qu'en dit cet article que son nouvel ouvrage est d'une force encore plus adaptée aux besoins des zèbres : être.
Je voudrais mettre en exergue une phrase : "nul ne s'éprouve jamais si séparé de soi qu'en étant séparé des autres". J'y vois comme une synonymie avec la réflexion d'une musicienne (chérie.... ) et reprise par l'une d'entre nous : « Ma tristesse ? Mon horrible tristesse d’hier ? Je m’étais tout simplement désaccordée du monde en oubliant mon devoir de bonheur. Et de partage. » Hélène GRIMAUD
Hymne à l'ego flottant
Nul ne sera jamais qui il est, affirme Nicolas Grimaldi. Ni en se cherchant dans le regard des autres, ni en se suffisant à lui-même. Contre la fatigue d'être soi, voici un ouvrage revigorant et lumineux.
Par Catherine Portevin
Les Théorèmes du moi - Nicolas Grimaldi / Grasset / 200 p / 16,90 €
Etre ou ne pas être, c'est toute la question du Moi. Nicolas Grimaldi en révèle, non tant les théorèmes que les ambiguïtés. Prenant à revers, comme c'est son bénéfique travers, les fausses évidences de l'époque avec ses injonctions à « être soi-même », il annonce d'emblée « l'inconsistance du moi » : aussi unique suis-je à être moi, me voilà incapable seul de définir ce que je suis sans le secours du regard des autres.
En même temps, aucun être vivant « n'est objectivement réductible à ce qui s'en observe ». Voilà pourquoi « ce que je parais n'est que le résidu de ce que je voudrais être, quoique ce que je voudrais être me fasse être ce que je parais ». L'on pourrait citer comme autant de Maximes de La Rochefoucauld, les vertigineux aphorismes de Nicolas Grimaldi.
Cruauté en moins et générosité en plus, il y a du Grand Siècle dans le style et la pensée de ce philosophe de l'insatisfaction humaine. « Rien ne nous est plus obscur que ce qui nous est le plus intime », constate-t-il. Sur cette perplexité première, Nicolas Grimaldi prend d'abord le sujet par ses limites, en analysant des « moi » aussi spectaculaires qu'incertains d'exister : le snob et le dandy, tous deux saisis par une pathologie de la représentation, deux figures hantées par leur image, par les autres, que ce soit pour se conformer à eux ou pour s'en distinguer à tout prix. Le snob serait plutôt ridicule quand le dandy serait tragique; l'un frelaté, l'autre futile et impuissant. Au snobisme, les Précieuses et les Monsieur Jourdain de Molière, ou les salons de Madame Verdurin ; au dandysme, l'élégance du désespoir de Baudelaire, le « stoïcisme de boudoir » de Barbey d'Aurevilly. L'analyse philosophique de Grimaldi, pétrie de littérature, ouvre larges les horizons que tout homme contemple. Car dans ce genre de fatigue d'être soi d'où sont issus le snobisme et le dandysme, nous reconnaissons, certes grossi, ce sentiment ordinaire— parfois le malaise — que nous éprouvons « d'être ce que nous sommes vus » tant nous avons besoin de nous prendre pour le centre du monde. Si les snobs s'épuisent « à paraître ce qu'ils savent pourtant n'être pas », les dandys à « vivre et dormir devant un miroir » (Baudelaire), ils ont tous abdiqué de leur subjectivité et, conjurant la solitude inhérente à celle-ci, ne rêvent au fond que d'un statut d'objet. Le personnage d'Ivan Illitch (dans La Mort d'Ivan Illitch de Tolstoï, que Grimaldi commente longuement), en étant ce qu'on attendait qu'il fût, en se conformant au jeu social, a sacrifié sa vie, la vie même. Faut-il alors plaider vertueusement pour la réalité de la vie contre les fantasmes de la représentation, pour un moi qui se suffit à lui-même (Rousseau) contre l'illusoire ou corruptrice relation aux autres? Certainement pas, car « nul ne s'éprouve jamais si séparé de soi qu'en étant séparé des autres », conclut Nicolas Grimaldi.
Se déploie alors sa grande philosophie de la vie, la vie comme tendance, la vie comme mouvement qui m'excède et me traverse et se diffuse à travers moi, l'individu, tout soucieux de lui-même et de ses intérêts qu'il fût, n'existant que relié à son espèce. Dès lors, il n'y a pas à choisir entre la connaissance de soi et le souci des autres. Qui nous sommes, nous ne le saurons jamais. Mais la vie continuera, avec la perception du temps, du délai, de la durée, de l'attente, formant notre conscience d'être vivant. Le temps suit la vie comme son ombre, il la déforme parfois mais lui donne tout son relief et nous fait exister.
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Re: Rêves d'Ours
Coucou...
Un petit bonjour au passage... marin et ensoleillé...
Lemniscate le papillon- Messages : 6348
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Re: Rêves d'Ours
Non... malheureusement
C'est juste un souvenir.... d'un moment très chaleureux...
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Lemniscate le papillon- Messages : 6348
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Re: Rêves d'Ours
Tu m'excuseras... mais j'ai déjà commencé... c'était trop tentant
Lemniscate le papillon- Messages : 6348
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Re: Rêves d'Ours
Michel Baglin - Extrait : Un sang d’encre. Roman. N & B éditeur
La banlieue, même black ou basanée, ce n'est pas l'autre, mais une part de nous-mêmes entrée en dissidence. La part mal logée, mal nourrie, si mal irriguée qu'elle se gangrène. Et peut-être la plus intime, parce que la plus désenchantée. Qu'on l'oublie le jour, on la retrouve le soir, à son chevet, pour entrer dans le sommeil.
Qu'est-ce donc qui leur manque, qui nous manque, en secret, dans ces parages du cœur ? Le pain ? Ils en ont assez, quoi qu’on en dise, pour ne pas crever. Du travail ? Sans doute, mais encore, mais après ? L'espoir ? La belle affaire ! Qu'apportons-nous dans la corbeille ? Travail-famille-patrie. Métro-Boulot-Dodo. Des trinités qui ont fait leur temps.
Acceptons que les choses soient à la fois plus simples et moins terre-à-terre et risquons une hypothèse : ce sont peut-être les mots, bêtement, qui leur manquent. Oui, les mots. Sans eux, on marche sur les mains. Ou à quatre pattes. On parle avec les poings, avec les pieds et les barres de fer. Ou avec les seringues. Sans mots, on est bête, on devient fou parfois. Or les leurs, ceux qu'on leur lègue, sont usés, vidés, rabougris. Embourbés dans les fossés du consommable, vérolés par les slogans. Dévalués, contaminés, inutilisables pour se connaître, se reconnaître, s'appeler. Les mots – j'entends ceux qui nourrissent, éclairent le regard – aident à se poser, à marcher, à soutenir sa respiration et à trouver de petits passages dans le réel. Vers les autres.
Oui, ils ont besoin des mots, les jeunes et les moins jeunes des banlieues. Ceux qu'on n'a pas su leur apprendre. Ceux qu'ils ne savent pas s'inventer. Ceux qui les laissent dehors, parce qu'ils n'ont pas les moyens de les amadouer. Et un mot qui vous refuse, c'est comme une porte qu'on vous claque au nez.
Il leur faut, il nous faut plus de mots, plus de langage, pour plus d'espace et de justesse. Pour chercher, pour définir, pour contester. Pour construire. Des phrases et puis des ponts. Des chansons. Des paroles. Des vraies : pas marchandes, mais données. Pas annexées, vitrifiées par la publicité, mais vivantes. Des mots à habiter. Comme des maisons. A lancer. Comme des bateaux, ou des jurons. A faire frémir. A échanger. A mettre au bout des mains, comme des outils, des caresses ou des lanternes. Pour faire un peu de lumière dans sa propre obscurité. Un peu de paix. Rassembler les morceaux du puzzle et dessiner enfin quelque chose qui ressemble à une vie, à une ville. Ou bien encore : à une jeunesse qu'on aimerait, plus tard, pouvoir raconter.
La banlieue, même black ou basanée, ce n'est pas l'autre, mais une part de nous-mêmes entrée en dissidence. La part mal logée, mal nourrie, si mal irriguée qu'elle se gangrène. Et peut-être la plus intime, parce que la plus désenchantée. Qu'on l'oublie le jour, on la retrouve le soir, à son chevet, pour entrer dans le sommeil.
Qu'est-ce donc qui leur manque, qui nous manque, en secret, dans ces parages du cœur ? Le pain ? Ils en ont assez, quoi qu’on en dise, pour ne pas crever. Du travail ? Sans doute, mais encore, mais après ? L'espoir ? La belle affaire ! Qu'apportons-nous dans la corbeille ? Travail-famille-patrie. Métro-Boulot-Dodo. Des trinités qui ont fait leur temps.
Acceptons que les choses soient à la fois plus simples et moins terre-à-terre et risquons une hypothèse : ce sont peut-être les mots, bêtement, qui leur manquent. Oui, les mots. Sans eux, on marche sur les mains. Ou à quatre pattes. On parle avec les poings, avec les pieds et les barres de fer. Ou avec les seringues. Sans mots, on est bête, on devient fou parfois. Or les leurs, ceux qu'on leur lègue, sont usés, vidés, rabougris. Embourbés dans les fossés du consommable, vérolés par les slogans. Dévalués, contaminés, inutilisables pour se connaître, se reconnaître, s'appeler. Les mots – j'entends ceux qui nourrissent, éclairent le regard – aident à se poser, à marcher, à soutenir sa respiration et à trouver de petits passages dans le réel. Vers les autres.
Oui, ils ont besoin des mots, les jeunes et les moins jeunes des banlieues. Ceux qu'on n'a pas su leur apprendre. Ceux qu'ils ne savent pas s'inventer. Ceux qui les laissent dehors, parce qu'ils n'ont pas les moyens de les amadouer. Et un mot qui vous refuse, c'est comme une porte qu'on vous claque au nez.
Il leur faut, il nous faut plus de mots, plus de langage, pour plus d'espace et de justesse. Pour chercher, pour définir, pour contester. Pour construire. Des phrases et puis des ponts. Des chansons. Des paroles. Des vraies : pas marchandes, mais données. Pas annexées, vitrifiées par la publicité, mais vivantes. Des mots à habiter. Comme des maisons. A lancer. Comme des bateaux, ou des jurons. A faire frémir. A échanger. A mettre au bout des mains, comme des outils, des caresses ou des lanternes. Pour faire un peu de lumière dans sa propre obscurité. Un peu de paix. Rassembler les morceaux du puzzle et dessiner enfin quelque chose qui ressemble à une vie, à une ville. Ou bien encore : à une jeunesse qu'on aimerait, plus tard, pouvoir raconter.
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Re: Rêves d'Ours
Lemniscate a écrit:
Tu m'excuseras... mais j'ai déjà commencé... c'était trop tentant
En matière de gourmandises, soyons précis :
http://www.nicepanbagnat.com/histoire.php
_________ HISTOIRE & RECETTE _________
Plat de pauvre par excellence, le "Pan Bagnat" doit son nom à son origine. En effet, pour pouvoir utiliser le pain rassi (voir même dur) les ménagères niçoises le “ramollissait” en le passant sous un filet d’eau ( par ailleurs, c’était aussi un moyen efficace de “rafraîchir” le pain et la salade), d’où son nom de "Pan Bagnat" pain mouillé ( ou, plus littéralement : pain baigné).
Ce "Pan Bagnat" était ensuite ajouté, pour lui donner plus de consistance, à la salade niçoise ou, pour les plus pauvres, à une simple tomate coupée en quartiers et salée afin de lui faire “rendre” le plus de «jus» possible.
Ainsi, si le "Pan Bagnat" tient son nom du fait d’être "Bagnat" c’est avant tout, et surtout, de l’eau ramolissant le pain rassi et du «jus des tomates» plus que de l’huile d’olives (par ailleurs toujours trop chère).
Outre la tomate, et au gré des saisons, on ajoutait des cébettes ( petits oignons frais), des petits poivrons verts, des févettes ( petites fèves fraîches), des olives noires, du basilic, de l’huile d’olives ( en petite quantité à cause de son prix), du sel, du poivre et des filets d’anchois. En tout état de cause, uniquement des produits du “pays”.
Cette "salade niçoise avec du pain mouillé" était placée dans un saladier préalablement frotté avec une gousse d’ail.
Certains ingrédients ne figuraient jamais ensemble dans un même "Pan Bagnat" ( par ex : Thon et filets d’anchois, Radis ou cébettes, avec selon les goûts, et au gré du marché ou du porte-monnaie, un peu de vinaigre, des petits artichauts, ...
Le thon et les oeufs étant réservés aux familles “aisées”.
Avec une évidente volonté pratique, le "Pan Bagnat" a été transféré directement dans le pain ( d’où l’intérêt de le frotter avec de l’ail comme le saladier puisqu’il devient le «Contenant»).
Bien sûr l’on peut préparer chaque "Pan Bagnat" individuellement en déposant les ingrédients en couches successives, toutefois nombreux sont ceux qui préfèrent encore préparer une salade niçoise puis remplir leurs "Pan Bagnat".
Aujourd’hui l’abondance des produits et la facilité de se les procurer a pu changer quelques habitudes et il n’est pas rare de trouver ensemble thon et anchois , radis et cébettes , ...
Pour réussir un bon "Pan Bagnat", il faut le préparer avec des ingrédients de qualité et avec un avant goût du plaisir que l’on aura à le déguster, au soleil (certes), en mangeant avec les mains (aussi) ... mais surtout à le partager entre amis.
Dans "Pan Bagnat" il y a "Pan" et nos traditions, nos origines, notre culture voient dans son partage une marque d’amour ... chrétien, comme un complément naturel à sa recette.
Et l’authentique "Pan Bagnat" ne peut être que Niçois !!
A propos de la salade verte :
Celle-ci n’a sa place ni dans la salade niçoise ni dans le "Pan Bagnat", son intérêt réel étant de "remplir" à moindre coût le "Pan Bagnat" donnant ainsi toute sa valeur à la dénomination de “sandwich aux légumes”, chère à nos touristes, qui prète à sourire, mais qui n’a rien de commun ou de comparable avec notre "Pan Bagnat".
Invité- Invité
Re: Rêves d'Ours
c'est bon, retour vers notre jeun naisse
- Spoiler:
- je pense à toi avec un zest de ce qu'il faut
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Re: Rêves d'Ours
N'est-ce pas !
Et ce matin, inattendu, d'un site FB Falaise Chris, spécial dédicace à toi mais aussi à Harpo et Doinel, s'ils passent par ici et d'autres auxquel(le)s je pense quotidiennement.
Musique "du soir" écoutée le matin, dys-synchronie... mais doit-on être normal !
Et comme il se peut que certain mettent ceci en accompagnement du matin, alors, ne reculons devant aucun sacrifice: l'album complet !
Et ce matin, inattendu, d'un site FB Falaise Chris, spécial dédicace à toi mais aussi à Harpo et Doinel, s'ils passent par ici et d'autres auxquel(le)s je pense quotidiennement.
Musique "du soir" écoutée le matin, dys-synchronie... mais doit-on être normal !
Et comme il se peut que certain mettent ceci en accompagnement du matin, alors, ne reculons devant aucun sacrifice: l'album complet !
Invité- Invité
Re: Rêves d'Ours
majorette a écrit:
et son nom est ...
Après avoir revu, je pencherai pour une campanule, mais .....
Invité- Invité
Re: Rêves d'Ours
Ah, si je savais danser ou devrai-je dire si j'avais osé apprendre...
Merci pour la musique de bienvenue au retour de l'ours.
Merci pour la musique de bienvenue au retour de l'ours.
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Re: Rêves d'Ours
Prochaine rencontre, je te fais danser, foi de Renard!
⚡ Foxy Charlie ⚡- Messages : 1143
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