Le début de tout le reste ... livre IV
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Re: Le début de tout le reste ... livre IV
http://www.deezer.com/fr/search/michelle%20marc%20lavoine
- Ballade pour Michelle:
- Ballade pour Michelle :
Michelle est morte
Au mois de février
Avec mes fleurs sauvages,
J'étais seul ...
Faisait-il froid ?
Je ne m'en souviens pas
Pour son dernier voyage
On est seul ...
Et j'ai pris par la main
Rendez-vous pour demain
J'ai continué ma vie
Même sans, même si
Tu me manques tous les jours ...
Michelle est morte
Au mois de je ne sais quoi
Je n'ai plus de bagage,
Plus d'enfance ...
Quelle heure est-il
Au jardin suspendu
Au pays des nuages ?
L'heure de France ?
Est-ce lui le chagrin
Qui vous mord comme un chien
Qui me crève le coeur
D'une infinie douleur
Que l'on garde pour toujours
Michelle est morte
Au mois de peu m'importe
Je suis en décalage
Aujourd'hui
Que se passe-t-il ?
Il faut fermer la porte
Il faut tourner les pages
C'est fini ...
Même le jour se relève
Il se relève de tout
On retrouve le goût
On reprend du printemps
Et on reparle d'amour ...
Michelle est morte
Au mois de février
Avec mes fleurs sauvages
J'étais seul ...
Re: Le début de tout le reste ... livre IV
Un passage par chez toi virtuel, pensées azuréennes à bientôt mais quand et z'où ?
Invité- Invité
Re: Le début de tout le reste ... livre IV
Pas une mauvaise idée, j'y ai pensé plusieurs fois ces derniers jours ...
Re: Le début de tout le reste ... livre IV
- Mon dernier soldat:
- C'est son dernier soldat,
Du plomb et un seul bras,
C'est sur ce bout de ferraille,
Que sa mémoire déraille,
Et quand il manque de temps
Quand il manque de place
Quand il manque les trains qui passent
Il rejoint le soldat
Et lui dit tout bas:
"Toi mon roi,
Sors de mon enfance,
Je veux que tu viennes toi en moi,
Que tout recommence
Je veux renaître en roi"
C'est son dernier parent,
Le dernier qui l'entend,
Lorsqu'il se sent perdu,
Son regard tombe dessus
Et quand il manque de courage
Qu'il manque de raison
Que les rêves de son âge, s'en vont,
Il rejoint le soldat,
Et lui dit tout bas:
"Toi mon roi,
Sors de mon enfance
Je veux que tu viennes toi en moi,
Comme une évidence,
Je veux renaître toi en moi,
Sors de mon enfance,
j'ai tant besoin de toi pour moi
Dans mon existence je cherche en vain...
En vain"
Il rejoint le soldat
Et lui dit tout bas:
"Toi mon roi,
Sors de mon enfance
Je veux que tu viennes toi en moi,
Comme une évidence, je veux renaître
Toi mon roi,
Sors de mon enfance
J'ai tant besoin de toi pour moi
Dans mon existence, je cherche en vain un roi
Toi pour moi"
Un roi.
Re: Le début de tout le reste ... livre IV
"Dentelle sur un fil de lin
Dentelle rien ne nous retient
Juste en équilibre
Comme les points fragiles de dentelle"
Dentelle rien ne nous retient
Juste en équilibre
Comme les points fragiles de dentelle"
Re: Le début de tout le reste ... livre IV
"La vie est un mystère qu'il faut vivre,
et non un problème à résoudre."
Gandhi
et non un problème à résoudre."
Gandhi
Re: Le début de tout le reste ... livre IV
Cette phrase est superbe.
jmd- Messages : 830
Date d'inscription : 10/08/2011
Localisation : Bruxelles
Re: Le début de tout le reste ... livre IV
- Partir avant les miens:
- Petite foule danse
Autour d'un corps s'endormant
Douceur immense
Pour le départ d'un parent
Calmement
Peint aux couleurs de l'artifice
Des bleus lisses et roses et blancs
Et lentement
Visages tendres sur l'herbe glissent
Se sourient en chuchotant
Et sans le moindre tourment
Ils fêtent mon enterrement
Cendres folles et s'envolent
Sous les yeux pâles et contents
Et s'unissent aux lucioles
Pour vivre un dernier instant
Et à jamais
Restent en suspens
Et j'ai souvent souhaité
Partir avant les miens
Pour ne pas hériter
De leur flamme qui s'éteint
Et m'en aller
En gardant le sentiment
Qu'ils vivront éternellement
Et simplement
Qu'ils fassent que la nuit soit claire
Comme aux feux de la Saint-Jean
Que leurs yeux soient grands ouverts
Pour fêter mon enterrement
Père et mère, soeurs et frères
Je vous aime puissamment
N'adresser aucune prière
Où que j'aille je vous attends
La poussière
Vit hors du temps
Il faut rester à la lumière
Dansez, buvez en me berçant
Que je vous aime en m'endormant
Re: Le début de tout le reste ... livre IV
ou l'on voie les différentes couches necessaires pour un coucher de soleil
(je collectionne les meubles comme ca pour la meme raison dis moi si tu veux que je l'enleve de ce fil)
(je collectionne les meubles comme ca pour la meme raison dis moi si tu veux que je l'enleve de ce fil)
dessein- Messages : 3074
Date d'inscription : 24/02/2012
Age : 55
Re: Le début de tout le reste ... livre IV
"L'imaginaire et le réel sont deux lieux de la vie."
Jacques Lacan
Jacques Lacan
Re: Le début de tout le reste ... livre IV
- Nos mains:
- Nos Mains
Sur une arme les doigts noués
Pour agresser, serrer les poings
Mais nos paumes sont pour aimer
Y'a pas de caresse en fermant les mains
Longues, jointes en une prière
Bien ouvertes pour acclamer
Dans un poing les choses à soustraire
On ne peut rien tendre les doigts pliés
Quand on ouvre nos mains
Suffit de rien dix fois rien
Suffit d'une ou deux secondes
A peine un geste, un autre monde
Quand on ouvre nos mains
Mécanique simple et facile
Des veines et dix métacarpiens
Des phalanges aux tendons dociles
Et tu relâches ou bien tu retiens
Et des ongles faits pour griffer
Poussent au bout du mauvais côté
Celui qui menace ou désigne
De l'autre on livre nos vies dans des lignes
Quand on ouvre nos mains
Suffit de rien dix fois rien
Suffit d'une ou deux secondes
A peine un geste, un autre monde
Quand on ouvre nos mains
Un simple geste d'humain
Quand se desserrent ainsi nos poings
Quand s'écartent nos phalanges
Sans méfiance, une arme d'échange
Des champs de bataille en jardin
Le courage du signe indien
Un cadeau d'hier à demain
Rien qu'un instant d'innocence
Un geste de reconnaissance
Quand on ouvre comme un écrin
Quand on ouvre nos mains.
Re: Le début de tout le reste ... livre IV
"Nous avons plus de contrôle sur nos comportements
que sur nos pensées et nos émotions.
Alors, commencez par changer ce que vous faites et dites.
Commencez par de petites choses, de petits gestes.
La simplicité est puissante.
Un petit peu de quelque chose vaut mieux que beaucoup de rien du tout.
D'infimes gestes deviennent les semences qui germeront
pour laisser fleurir votre style de vie,
votre caractère et l'estime de vous-même ...
Pas besoin d'aller loin, il suffit de faire le prochain pas."
Dan MILLMAN ~ "Chaque jour l'illumination"
que sur nos pensées et nos émotions.
Alors, commencez par changer ce que vous faites et dites.
Commencez par de petites choses, de petits gestes.
La simplicité est puissante.
Un petit peu de quelque chose vaut mieux que beaucoup de rien du tout.
D'infimes gestes deviennent les semences qui germeront
pour laisser fleurir votre style de vie,
votre caractère et l'estime de vous-même ...
Pas besoin d'aller loin, il suffit de faire le prochain pas."
Dan MILLMAN ~ "Chaque jour l'illumination"
Re: Le début de tout le reste ... livre IV
- Ton autre chemin:
- D'aussi loin que je me souvienneVois-tu le blanc, le bleu-ciel et le rose
Bribes d'enfances, bouts de scène
Tes yeux, ton visage et ta main dans ma main
Et nos pas sur le même chemin
Oh, nous n'étions pas très bavards
Un peu bizarre, un peu à part
J'aimais tes silences et tu aimais les miens
Muets, nous nous entendions bien
Tu étais un peu différent
Et moi, je n'étais pas comme eux
Un peu méprisant pour tous leurs jeux d'enfants
Nous pleurions les yeux dans les yeux
J'ai reçu tes premiers poèmes
Comme on berce de quelques mots
Nos rires étaient rires et nos peines étaient peines
Chacun touchant l'autre en écho
Je t'ai joué mes premières notes
Tu écoutais les yeux mi-clos
Simples et malhabiles, un peu fausses, un peu sottes
Je n'entendais que tes bravos
En saluant devant le piano
On a commencé à se perdre de vue à l'adolescence
Je te trouvais un peu trop austère
Un peu trop sérieux, un peu trop secret
Moi, j'avais besoin de musique, de lumière
Et de futilité
Et aussi des autres
Ton amitié était exigeante, entière, exclusive
Et puis, tu as commencé à être absent
Souvent, puis, plus longtemps
Ta mère nous disait que tu partais en vacances
Elle ne mentait pas quand j'y repense
En vacances de vie, en vacances d'envie
Et puis la vérité, celle qu'on suppose
Celle qu'on cache, celle qu'on chuchote
Celle qui dérange, celle qu'on élude
Ton autre chemin {2x}
Dis-moi les voix, les envies qui te mènent
Dis-moi les vents, les courants qui t'entraînent
Les idées fixes et les clous qui te rivent
En quelles errances, immobiles dérives
Dis-moi les songes qui frappent à ta porte
Les illusions, les diables qui t'emportent
Vers quel ailleurs, mirage sans angoisse
Sans temps perdu, sans seconde qui passe
A quoi tu penses quand revient le soir ?
Tes quatre murs renferment quelques espoirs ?
Que doit-on lire dans ton sourire idiot ?
D'autres désirs, sans paroles et sans mots ?
Montre-moi ton autre chemin {3x}
Décris-moi ton autre chemin
Dis-moi tes signes et dis-moi ton langage
Les horizons des barreaux de ta cage
Que vois-tu quand tes paupières se closent ?
Et puis me voilà, te parlant de ma vie
De son niveau, ses ennuis, ses envies
Sa course vaine et mon manque d'amis
A tes yeux vides, ton absence ahurie
Montre-moi ton autre chemin {3x}
Décris-moi ton autre chemin
Dernière édition par renarde20 le Dim 28 Juil 2013 - 15:39, édité 1 fois
Re: Le début de tout le reste ... livre IV
Celle-là, elle n'a jamais du passer à la radio.
Elle pré-suppose une possible communication entre des mondes psychiques différents. J'en suis à croire que superficiellement, elle est possible, mais en profondeur, je suis tombé dans cette illusion.
Comme souvent tu as pu me dire qu'il fallait que je fasse pour moi. Pour moi, je ne comprend pas. J'ai le sentiment d'être "réglé" pour ramener la pitance à la nichée. Et au moment où le concept de nichée va formellement disparaitre, il me faut une autre nichée.
Tu évoques aussi cette solitude communicative qui te recentre et te permet d'accéder au réel. Une sorte de mouvement oscillatoire centripète-centrifuge à forte fréquence. Je comprend et pratique quelque chose de similaire à toi mais d'intensité différente.
"Vois-tu le blanc, le bleu-ciel et le rose
Que vois-tu quand tes paupières se closent ?"
Oui, c'est un feu d'artifice vis à vis duquel je me rends aveugle pour dormir vite, vite oublier, vite sombrer, vite disparaitre à la vie ; parce que de toutes les façons, cela sert à quoi de le savoir ?
Au final, les uns avec les autres, que pouvons-nous partager ?
Alors, c'est vraiment vrai, la communauté n'existe pas ?
Ce n'était qu'une utopie ?
Le "nous", à quoi cela sert de l'avoir inventer ? Le "vous" et le "ils" suffisent en vérité, au pire il y a le "on", pratique et in-engageant indéfini.
A quoi elle peut servir "la maison bleue" ?
A poursuivre une illusion ?
Trop de question, je vais dormir, ce sera mieux.
Après je vais compter mes sous, essayer d'estimer si dans la rage, la colère, la peur, la peine, la tristesse, l'espoir quand même, essayer d'estimer si je peux aller au bout de mes rêves, qu'importe si la raison s'achève.
Elle pré-suppose une possible communication entre des mondes psychiques différents. J'en suis à croire que superficiellement, elle est possible, mais en profondeur, je suis tombé dans cette illusion.
Comme souvent tu as pu me dire qu'il fallait que je fasse pour moi. Pour moi, je ne comprend pas. J'ai le sentiment d'être "réglé" pour ramener la pitance à la nichée. Et au moment où le concept de nichée va formellement disparaitre, il me faut une autre nichée.
Tu évoques aussi cette solitude communicative qui te recentre et te permet d'accéder au réel. Une sorte de mouvement oscillatoire centripète-centrifuge à forte fréquence. Je comprend et pratique quelque chose de similaire à toi mais d'intensité différente.
"Vois-tu le blanc, le bleu-ciel et le rose
Que vois-tu quand tes paupières se closent ?"
Oui, c'est un feu d'artifice vis à vis duquel je me rends aveugle pour dormir vite, vite oublier, vite sombrer, vite disparaitre à la vie ; parce que de toutes les façons, cela sert à quoi de le savoir ?
Au final, les uns avec les autres, que pouvons-nous partager ?
Alors, c'est vraiment vrai, la communauté n'existe pas ?
Ce n'était qu'une utopie ?
Le "nous", à quoi cela sert de l'avoir inventer ? Le "vous" et le "ils" suffisent en vérité, au pire il y a le "on", pratique et in-engageant indéfini.
A quoi elle peut servir "la maison bleue" ?
A poursuivre une illusion ?
Trop de question, je vais dormir, ce sera mieux.
Après je vais compter mes sous, essayer d'estimer si dans la rage, la colère, la peur, la peine, la tristesse, l'espoir quand même, essayer d'estimer si je peux aller au bout de mes rêves, qu'importe si la raison s'achève.
Invité- Invité
Re: Le début de tout le reste ... livre IV
"Quelqu'un, quelque part"
Donna Williams
Donna Williams
"Les larmes donnent des forces. En écrivant Si on me touche, je n'existe plus, j'avais pleuré sur les années perdues de Donna et sur son errance. Je devais maintenant pleurer sur Carol pour que ses yeux s'animent et que son sourire soit vrai. La victime en moi puiserait les forces dans son indépendance de la fragile protection d'autrui, dans la maîtrise de sa propre protection."
"La faculté de demander et d'expliquer compte parmi les plus puissantes munitions dont les gens disposent pour se protéger."
"Mon aptitude à m'exprimer clairement s'enrichit de mes écrits et de mon travail. Le principe d'un "langage stratégique de fortification pour maintenir les gens à distance" s'opposa à son antithèse : celui des mots pour inviter les gens à entrer."
"Il me "touchait" des yeux. J'avais peur. D'après les lois de "mon monde", autrui n'en était pas capable. Il transgressait mes règles et je me sentait blessée tout en sachant qu'il les ignorait. Ma perception naissante "du monde" m'indiquait qu'il ne s'agissait que de sentiments parce que j'étais touchée. Un lien émotionnel se tissait parce qu'un sens suffisant transperçait. Je participais à une danse appelé contact du regard, à laquelle j'étais venue de mon gré sans affecter mon moi. Je devais autoriser le partage de la maîtrise. Je me dirigeais vers l'issue de secours."
"Mon visage montrait une fragile authenticité. L'indifférence cédait la place à une pénible timidité. C'était un progrès. Je trouvais qu'elle faisait trop preuve d'un manque de maîtrise ; je l'avais donc toujours canalisée en quelque chose de plus profond : défensivité, ambiguïté et indifférence. Je m'ouvrais comme une rose en été et remarquais et choyais les émotions qui venaient à m'appartenir."
"En partant je m'arrêtai sur le seuil et le regardai dans les yeux. Je souriais intérieurement de mon contrôle secret. J'exerçais un contrôle en lâchant prise."
"Pourquoi souhaiter toucher quelqu'un ?
Je guerroyais avec moi-même sur les anciennes stratégies de "mon monde" et sur les nouvelles règles "du monde". Peu importe qui me touche. Ce corps est juste collé à moi de toute façon. NON ! criait l'autre camp. Je suis là, à l'intérieur.
S'il essaie de te toucher, ce ne sera pas si épouvantable. Souris et accepte de sombrer dans l'oubli. Ris de sa collaboration involontaire à ton don de disparition. Réjouis toi de savoir que tu avais raison de te méfier. Il devait connaitre ma guerre. Il n'était pas un intrus. Il tendit sa main et attendit que je le touche."
"J'avais peur. Je posai mon visage sur la glace et pleurai.
Ma main se tendit et mon reflet et moi nous touchâmes. Je regardai cette personne prévisible que j'avais connue toute ma vie et avec laquelle j'avais grandi. Je souhaitai désespérément qu'elle sorte du miroir et qu'elle soit avec moi ou devienne moi afin que je puisse partir. Mon image inversée était la seule personne avec laquelle j'avais amorcé le touché, de mon gré et non par obéissance. Elle me regardait avec la même intensité et le même regret face à l'impossible. Elle ne pouvait pas sortir de là, pas maintenant, jamais. Je posai ma main sur la sienne et quittai ses yeux pour regarder nos mains. Mains inversées lui dis-je et je souris à travers nos larmes. Elle me renvoya mon sourire, preuve brillante que l'optimisme peut réchapper de l'incarcération."
"Je songeai à la correspondance entre les fondations d'une construction et celle de mon comportement. J'avais été comme un château de cartes, sans poutres ni bases solides. Mon toit n'avait cessé de s'écrouler sur ma tête et, à défaut de support, les murs devaient toujours être reconstruits. Je pensai à tout ce que je ne pouvais pas installer dans ma maison puisque les fondations ne pouvaient les soutenir. Je pensai à l'absence de fenêtres dans mon château de cartes, et à ma porte toujours ouverte ou fermée mais sans charnières pour admettre les allées et venues libres et arbitraires qu'une maison normale autorise. Je n'avais pas de cheminée ; ma maison était enfumée et obscurcissait mon aptitude à comprendre et établir des associations. Je songeai enfin à l'infiltration "du monde" dans les fissures entre les cartes.
C'était comme si j'avais été privée d'oxygène et que je retrouvais soudain mon souffle. Ma tête explosait sous cette prise de conscience et dévoilait sans cesse des couloirs inconnus tandis que des années de connaissances accumulées s'adaptaient dans les structures."
"J'avais eu assez de "ce sera bientôt terminé" pour me durer une vie entière. "Réveillez-moi, alors" pensais-je alors que mes jambes de bois mort sautillaient en rond, attachées aléatoirement à ce corps qu'elle supportaient. Mes mains d'argile gisaient vides dans deux petites mains en coupe riches d'humanité qui serraient constamment les miennes comme pour leur inculquer un peu de vie. Je me sentais enterrée vivante."
"Je me retrouvais chez moi en état de surcharge. Une émotion m'avait envahie et livrée à un désarroi incompréhensible. Tout sens avait disparu de ce qui se présentait à moi et j'étais cernée de couleurs, de motifs et de formes ; mon ouïe était affinée, ma sensibilité à la lumière accrue et j'étais inondée de mes propres émotions anonymes.
Je me vis dans la glace et posai mes mains sur les siennes. Je tournai une joue contre la sienne et pleurai. "Froid", me dis-je en observant mes mains sur la surface plane du miroir.
Cette parole me sidéra, pleine de sens dans cet état insensé. Je reculai, mes mains toujours sur les siennes sur l'autre face du miroir, silencieuse un instant. Toute ma vie, elle avait été ma sécurité et ces mains froides, plates, vitrées avaient été mon réconfort personnel. C'était le seul touché réel que j'assimilais à l'intimité, le seul qui demeurait intègre.
Je dégageai mes mains et les plaçai devant mes yeux. Puis je la regardai joindre ses 2 mains. "Mains chaudes !" ayant enfin trouvé la réponse à notre différence.
Mon visage s'éclairant à cette élucidation, comme une archéologue découvrant une ancienne sépulture disparue.
Je m'adossai au miroir. Dos à dos contre elle, je regardai, seule, mes mains jointes et chaudes. J'avais la réponse. Je savais où j'allais."
"Au fond de moi je savais que si on me touchait, toute éventualité d'intimité s'annulait et se détruisait. Le toucher "du monde" était la mort mais il m'apportait également la sécurité perverse de savoir que je ne serais plus atteinte. On ne vous tue qu'une fois ; ensuite, c'est la mort béate.
C'était le retour à la vie qui blessait. La vulnérabilité propre à la sensation de vivre devait être repoussée. La maîtrise m'avait importé plus que tout. En me touchant, vous deveniez caduc et mon contrôle était total. Vous pouviez me tuer mais à l'intérieur je vous assassinais secrètement. Dans "mon monde" vous étiez mort et son entrée vous était interdite."
"Alors que les autres avaient observé ma victimisation spontanée, je les avais vus abandonner, par ignorance et volontairement, une arme plus puissante encore que le toucher : la possibilité de m'atteindre par l'intimité. Ils pouvaient être physiquement proches de mon corps ; cela ne signifiait rien puisque je ne ressentais pas, n'admettais pas ou refusais de posséder cette chose. Plus ils me touchaient, plus je m'en distanciais. D'une façon perverse de "mon monde", je gagnais. Ils m'aidaient à "disparaître"."
"J'avais souvent touché mes mains. Elles n'étaient que de la chair, du sang et des os délimités par type, emplacement, fonction et image, des choses appelées mains. Avec elles, il n'y avait pas de lien émotionnel, d'appartenance personnelle ni de rapport avec l'acte du toucher. C'était purement une collision de 2 objets dans l'espace.
Elles appartenaient peut être à cet horrible corps qui me piégeait mais, tant qu'elles étaient tracées et agencées en paire, leur vue me donnait un plaisir esthétique. J'aimais leur symétrie et les ligne de vie que la génétique y avait dessinées.
Elles frappaient bien le corps quand j'avais peur de trop "disparaitre". En me tapant, je savais que, malgré la coupure, j'étais toujours là. Les mains modelaient des ombres curieuses sur le mur et tournaient devant les yeux pour former des motifs intéressants. Mais elles n'avaient aucun rapport avec l'intime."
Dernière édition par renarde20 le Lun 29 Juil 2013 - 8:43, édité 2 fois
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Lemniscate le papillon- Messages : 6348
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Localisation : Gard
Re: Le début de tout le reste ... livre IV
Dernière édition par renarde20 le Lun 29 Juil 2013 - 14:53, édité 1 fois
Re: Le début de tout le reste ... livre IV
"J'avais peur. Je posai mon visage sur la glace et pleurai.
Ma main se tendit et mon reflet et moi nous touchâmes. Je regardai cette personne prévisible que j'avais connue toute ma vie et avec laquelle j'avais grandi. Je souhaitai désespérément qu'elle sorte du miroir et qu'elle soit avec moi ou devienne moi afin que je puisse partir. Mon image inversée était la seule personne avec laquelle j'avais amorcé le touché, de mon gré et non par obéissance. Elle me regardait avec la même intensité et le même regret face à l'impossible. Elle ne pouvait pas sortir de là, pas maintenant, jamais. Je posai ma main sur la sienne et quittai ses yeux pour regarder nos mains. Mains inversées lui dis-je et je souris à travers nos larmes. Elle me renvoya mon sourire, preuve brillante que l'optimisme peut réchapper de l'incarcération."
Donna Williams
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