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Message par Invité Jeu 10 Juil 2014 - 8:50

Tranquille matin de vacances, hésitant entre l'ananas et l'abricot, ou l'abricot de la nana (euh, je m'égare, je m'égare... ce doit être le thé...), je passe en revue mails, FB, ZC, Tumbl'R, bref, le monde moderne.

et je suis tombé sur :

Une vidéo sur FB, non You Tube, où dans un club de vacances genre american way of life, un gros monsieur (mais pas énorme non plus) danse  et s’agite au milieu d’un groupe, genre fitness.
Je n’ai pas su l’extraire, désolé, cela aurait été parlant.

Commentaires :

Légende de la photo : MDR ! L'a la pêche Bidochon... et le palpitant en forme, car c'est du "cardio"

3 personnes aiment ça.

E.A. :  Oui mais le gros bide est mal assorti au string...

E.L. :  On peut raisonnablement dire qu'il se porte bien, dans tous les sens du terme.
 
Zebr Ours (donc moi) : C'est toujours bon de se moquer des gros, cela rassure et ça ne coute rien.

A.F.B.V. : Je plussoie (ancienne grosse)

Zebr Ours : Eh oui, les gros, les blacks, les juifs, les femmes, les... simples d'esprits, ceux qui tombent dans les escaliers, ceux qui s'effondrent alcoolisés à l'encoignure de nos portes... ah les autistes aussi, j'oubliais les autistes.


Verbatim

J'ai pété un câble. Je l'ai déconnecté immédiatement.

(Ah, un détail, Ours : Caucasien, un peu chauve, binoclard, 1,84m et 138kg et tout fonctionne)
(Et un autre détail : Obélix pourrait être mon jumeau, en tout cas c'est mon copain d'enfance, finalement le seul)


Dernière édition par Ours le Jeu 10 Juil 2014 - 12:16, édité 1 fois

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Message par ou-est-la-question Jeu 10 Juil 2014 - 10:30

Bonjour à tous et re-bienvenue avec retard Ours

je ne posterai encore pas de vidéo par crainte de faire doublon (j'ai lu 8 premières pages et 2 dernières)

suis là car je pense avoir besoin d'ancrage.
Me disperse ,j'écris n'importe quoi , je blablate , je m'énerve toute seule...dois être ressourçophage sans me l'avouer.

qu'est-ce qui m'a fait entrer ici ? la couverture du Petit Larousse Illustré (page huit Cool

suis aussi fana de monologue intérieur ...
voilà ce qui  me vient


LG : bon alors tu tu vas le dire ? le prononcer ??oui ou non ??.tu m'aimes ?
LG : non pas des masses ,je m'occupe de toi,  je tire ta carcasse c'est tout
LG : si tu ne m'aimes pas , dis donc c'est un exploit que tu as fait ;c'est ton coté Mère Thérésa qui fait que tu te trimballes un boulet comme moi ?
LG: non c'est disons une habitude , une routine ,c'est plutôt un adage  " je sais encaisser " point barre
LG: mais ne m'as-tu pas dit la semaine dernière que de nouveau tu sentais que j'allais piétiner toutes tes valeurs et tout remettre en question ? et tu vas encore encaisser ça ? ma nème crise ??
LG: oui car c'est un coté de toi qui me plait (attention je n'ai pas dit que je t"aimais pour autant ..)
LG :pourquoi cela te plait-il ?
LG: parce que j'en connais l'issue, à chaque fois tu t'épures tu te délestes tu te désencombres tu deviens plus vraie mais plus dérangeante aussi et bien plus difficile à vivre
LG: Mais ...tu n'aspires pas à la paix à ce que l'on fasse la paix ? à ce que l'on avance de concert , main dans la main ?
LG: Mais nous le faisons déjà sauf que moi je suis la main droite et toi la sinistra
LG: oh ce que tu peux être binaire , tu sais comme ce style de remarque m'agace m'énerve et me fait m'emporter .ça y est je vois rouge je sens que c'est l'affluence là ,ça se bouscule de façon colérique dans ma tête je vais exploser !!!!!
LG : laisse passer la tempête pour une fois et recentre toi sur ton objectif car tu te re-disperses là
LG:oui....bon ok ok alors voilà je vais t'expliquer (peut-être qu'en t'expliquant tu vas comprendre , et qu'en comprenant tu vas m'aimer...)
LG:rhoo là là là là , tu es d'un lourdingue ,mais d'un lourdingue
c'est du chantage et du chantage affectif primaire de chez primaire là
LG : c'était fait exprès pour que ,toi aussi ,tu réagisses
LG : bon c'est fait alors tes explications elles viennent ou quoi ?
LG: oui oui oui...depuis 30 ans c'est un modèle ancré : il faudrait que je t'aime . et que tu m'aimes .30 ans au moins que je culpabilise de ne pas t'aimer.
et bien ,depuis la semaine dernière c'est terminé je ne culpabilise plus
et ne vois pas pourquoi je devrais t'aimer bon sang ! ni toi m'aimer!
LG: bon voilà un problème de réglé. Mais n'y a-t-il pas d'inconvénients à cela , des trucs qui t'embêtent un peu dans ta vie à cause de ce malaimé ?
LG: tu veux parler de mes conduites d'auto-destruction ? elles ne me dérangent pas car je ne suis pas que cela et ne fais pas que cela
LG: si cela ne te dérange pas (même au fond de toi ? tu es sure?) ta réponse me va
LG: elle me dérange pour les éventuels impacts sur autrui ,mais pas pour moi au fond de mon moi-même ,donc depuis peu je deviens un tout petit peu vigilante aux dommages collatéraux. Mais je me dis aussi qu'il faut me prendre comme je suis comme je me présente avec mon authenticité , celle qui est mienne qui m'est propre (pas dans un sens d'appartenance) car c'est pour moi la seule façon de me sociabiliser .
LG: mouais....quoi d'autre ?
LG: il y a une autre mode quasi un dictat :faut maitriser ses émotions !
50 ans que je maîtrise tant bien que mal . plutôt mal d'ailleurs.Mais c'est au prix de quelles souffrances intérieures. 50 ans de masochisme en somme . et bien cette erre est révolue. je hurle quand j'ai envie d'hurler (parce que bien évidemment il n'est conseillé de ne maitriser que ses émotions "dérangeantes") et je tape du poing sur la table quand j'ai envie de le faire ! et je dis à ma façon lorsque j'ai envie de dire !!
LG : ouh là là , un peu égotique tout ça non ?
LG: cela peut paraître très perso au premier abord oui , mais bon j’étouffe sous les masques les étiquettes sous l'incompréhension moi qui comprend la plupart des gens qui comprend leurs émois qui comprend leurs peines et qui trouve bien souvent le petit mot de réconfort ou l'agir pour le faire
LG : Tu se sens incomprise ?
LG : longtemps oui, mais il y a aussi très longtemps que je m'en fous
même si j'entends encore et toujours aujourd'hui " tu es confuse on ne comprend rien à ce que tu veux exprimer" et bien je m'en fiche
pendant des années j'ai du épurer mon langage, limiter mon vocable à quelques centaines de mots , ceux les plus usités, ceux les plus compréhensibles-par-tous afin d'accéder aux dialogues  . bof servi à rien . je faisais soft . maintenant je hausse le ton je tape du poing je m'emporte je veux être EN TEN DUE  !
LG: mais une fois que c'est fait tu passes à autre chose...pourquoi dépenser tant d'énergie à cela ? qu'est ce qui te motive ???


................etc etc etc
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Message par zebravalia Jeu 10 Juil 2014 - 12:15

what autism feels like : je n'ai pas supporté la vidéo. ça me bloque le plexus solaire dès le début, au moment du ventilateur.
mais faut dire que j'en suis au stade où je marche dans la rue avec des boules quiès dès que je suis dans une grande ville. j'en ai marre de subir.
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Message par Invité Jeu 10 Juil 2014 - 12:36

@zébravalia.

C'est en pensant à une personne à la fête de la musique à Nice en 2013 que je l'ai posté, à un enfant dont j'entends souvent parlé en ce moment, à une amie qui aime tant la musique qu'elle la vit et risque à chaque fois de s'y noyer, et aussi en pensant à moi, qui m'y noie.

Des petits morceaux croisés, ici et là, qui enfin rassemblés font ce que nous sommes.
Le modèle est féminin, mais ce doit être juste pour les hommes aussi :

Admettre à défaut de comprendre - Page 15 Tumblr_n6qb90ugJJ1rr4nhlo1_1280

D'aucuns disent qu'il ne faut compter que sur nous pour recoller les morceaux et je suis de ceux-là. Mais un coup de main et une sérieuse motivation sont nécessaires.

@ où-est-la-question

Je crois bien que l'on s'est déjà croisé. Où et quand, j'ai un doute. En tout cas bienvenue ici. J'aime bien le dialogue intérieur. C'est comme essayer de progresser dans la brousse ou moins exotique (quoique) dans le maquis du massif des Maures. Cette idée la, tu vas là quant à toi, par ici. Il n'en ressort pas grand chose de bien productif directement, mais cela donne de bonnes bases.

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Message par Invité Jeu 10 Juil 2014 - 13:05


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Message par ou-est-la-question Jeu 10 Juil 2014 - 13:35

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Message par Fata Morgana Jeu 10 Juil 2014 - 13:42

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Désolé de t'agacer Ours.
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Message par Invité Jeu 10 Juil 2014 - 17:33

@où-est-la-question
Des paroles que pour une fois j'ai pris le temps de lire et une musique que j'aime beaucoup depuis que ce film est sorti. Ma mémoire étant ce qu'elle est, depuis 30 ans des éléments me manquaient. Je viens de lire sur Wikipedia le synopsis.
Signes de renaissances

@Mepub
Avoir les yeux grands ouverts, c'est aussi accepter de voir les effondrements des anciennes constructions (et en ce qui me concerne projections) et repérer l'espoir d'avenir.
L'ancien temps est terminé, nous vivons les "invasions barbares" et ces barbares portent nos noms. Pour autant, nous croyons-nous si puissants qu'un geste ou qu'un autre suffise à faire basculer ce que ma grand-mère, cartomancienne de son état, appelait le fatum.
Je crois à la vie, à sa force et à sa capacité. Par delà le néant, arrivent encore des signes, comme les lumières d'étoiles désormais disparues dont nous voyons enfin la lumière.

Bien à vous tous. J'ai bien fait de passer par ici, vraiment.


Dernière édition par Ours le Jeu 10 Juil 2014 - 18:08, édité 1 fois

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Message par Fata Morgana Jeu 10 Juil 2014 - 17:45

En général je fais assez (trop) confiance à la compréhension des implicites chez mes interlocuteurs. Or effectivement cette citation va très loin.
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Message par Invité Jeu 10 Juil 2014 - 18:14

Oh mince..., le commentaire que je te faisais a sauté... Que je suis con !
L'essentiel est que tu l'aies lu, ainsi que la citation de ta signature...

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Message par ou-est-la-question Jeu 10 Juil 2014 - 20:55

(je n'ai pas capté, du loupé un épisode..)

pssst au fait ? je voulais vous dire : je ne suis pas z (voilà c'est dit)

hommage à une grande voix ....qui s'en est partie en 2012

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Message par Invité Ven 11 Juil 2014 - 8:50

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Comme deux notes échappées de son âme,
Hélène Grimaud, pianiste.

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Message par Invité Ven 11 Juil 2014 - 9:13

Il y a ce spectacle de disponible en replay : Eliane Eliass au festival Jazz à Vienne

Admettre à défaut de comprendre - Page 15 Eliane10

http://culturebox.francetvinfo.fr/live/musique/jazz-blues/eliane-elias-au-festival-jazz-a-vienne-158625

C'est beau, en ce matin d'été.

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Message par Fata Morgana Ven 11 Juil 2014 - 10:04

Tiens, essaye ça !


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Message par ou-est-la-question Ven 11 Juil 2014 - 14:20

je ne connaissais pas the Mummers
quelle pureté de voix , très apaisant


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Message par Invité Jeu 17 Juil 2014 - 9:51

Je suis intimement persuadé de cela.

Admettre à défaut de comprendre - Page 15 Sans_t12
https://www.ted.com/talks/juan_enriquez_will_our_kids_be_a_different_species


Extrait :

Hé bien, il n'est pas complètement inconcevable qu'un jour on puisse télécharger ses propres souvenirs, peut-être dans un nouveau corps. Et peut-être qu'on pourra télécharger les souvenirs d'autres personnes aussi. Et cela pourrait avoir une ou deux petites répercussions éthiques, politiques et morales. (Rires) Juste une pensée.

12:28 Voici le genre de questions qui deviennent des questions intéressantes pour les philosophes, pour les gens qui nous gouvernent pour les économistes, pour les scientifiques. Parce que ces technologies évoluent très rapidement.

12:40 Et quand on y pense, permettez-moi de terminer avec un exemple du cerveau. Le premier endroit où vous pouvez vous attendre à voir aujourd'hui d'énormes pressions évolutives à la fois en raison des données qui deviennent massives, et à cause de la plasticité de l'organe, c'est le cerveau.

12:58 Y a-t-il une preuve que c'est ce qui se passe ? Hé bien regardons quelque chose comme l'incidence de l'autisme sur mille. Voici à quoi ça ressemble en 2000. Voici à quoi ça ressemble en 2002, 2006, 2008. Voici l'augmentation en moins de dix ans.

Admettre à défaut de comprendre - Page 15 Sans_t11

Et nous ne savons toujours pas pourquoi cela arrive.
Ce que nous savons est que, potentiellement, le cerveau réagit d'une façon hyperactive, hyper-plastique, et il crée des individus qui sont comme ça. Et ce n'est qu'une des conditions qu'on trouve. Vous avez aussi des gens qui sont extraordinairement intelligents, des gens qui peuvent se souvenir de tout ce qu'ils ont vu dans leur vie, des gens qui ont la synesthésie, personnes qui ont la schizophrénie.
Vous avez toutes sortes de choses qui se passent, et nous ne comprenons toujours pas comment et pourquoi ça se passe.

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Message par Invité Jeu 17 Juil 2014 - 18:46

Intéressant Ours... merci de ce partage Very Happy

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Message par Invité Ven 18 Juil 2014 - 10:08

Autre réflexion, qui rejoint une de mes préoccupations fondamentales.

Comment assumer le contrat de subordination que représente le travail salarié. Cela fait 13 ans qu'officiellement je ne suis plus dans ce cas. En réalité, on est d'autant plus sub-ordonné qu'on a peu de clients.

Avec l'expérience, la sensation s'installe d'une "servitude volontaire" ou tout au moins résignée, plus qu'une adhésion à un objectif commun. Et pourtant, nous sommes un certain nombre à refuser cette servitude, à vouloir adhérer, à vouloir co-opérer. Mais que devenons nous quand les objectifs deviennent irréalistes, quand les décisions sont perçues comme injustes, quand s'allongent les durées au travail (et justement pas le temps de travail personnel), quand le retour chez soi devient plus un abandon de la lutte qu'un repos "du guerrier" ou "de l'amazone" bien entendu ?

Il ne s'agit pas d'entrer dans un débat politique nourri d’invectives plus incisives que constructives. Nous pourrions réfléchir aux axes d'un monde du travail plus adapté à nos sociétés et leurs employés. Et n'est-ce pas à nous d'être force de proposition ?
Les affaires médiatisées de dérives managériales type France Telecom/Orange, La Poste, Renault, Police et de Gendarmerie (liste non exhaustive) ont suscité de l'émotion, des "plans de lutte", bref au moins un semblant de réaction. Mais l'article cité ci dessous à propos de M6, semble baisser les bras. Comme un goût de "qu'ils s'éreintent, se léguminisent, s'isolent, se suicident, ..., on n'y peut rien, c'est la Crise"

http://www.novethic.fr/empreinte-sociale/sante-au-travail/isr-rse/laffaire-m6-nest-que-la-face-emergee-du-malaise-dans-les-entreprises-142661.html

La RSE, ah oui, la RSE... et les normes ISO : réduire la vie en équation...

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Message par Invité Ven 18 Juil 2014 - 12:02

Faire des "copier-coller", ce n'est pas très "créatif".
Cependant, quand un article est bien, qu'il me concerne (au moins au titre de cousinage) et que je pense qu'il concerne beaucoup de gens ici, alors...



Antoine Ouellette
L'auteur est autiste. Il a écrit Musique autiste (Éditions Triptyque), ouvrage finaliste pour le prix Hubert-Reeves 2012.


Des articles récents parus dans La Presse et plusieurs médias soulignaient, en s'en désolant, l'augmentation de 78% des cas d'autisme aux États-Unis entre 2002 et 2008. À titre de personne autiste moi-même, permettez-moi de présenter mon point de vue, moi qui suis «frappé» par cette «maladie» dont je «souffre».

Si une certaine dimension handicapante fait consensus, il n'en va pas de même avec l'idée selon laquelle l'autisme serait une maladie. Les différentes visions de la nature réelle de l'autisme se déclinent depuis celle qui en fait une psychose jusqu'à celle qui la considère comme une autre forme d'intelligence.

Selon moi, être autiste est un peu comme être gaucher plutôt que droitier, ou homosexuel plutôt qu'hétéro: c'est quelque chose de minoritaire qui est là dès la naissance et qui appartient à la personne. Je n'ai pas été frappé par l'autisme: je suis autiste, c'est une dimension de ma personne (et qui, soit dit en passant, ne limite pas ma personne).

Comment croyez-vous que nous nous sentons d'être ainsi? Pour ma part, assez bien. Certaines journées, je me sens très bien et très heureux. Je ne suis ni un malade ni une maladie. Je relis les critères de diagnostic du syndrome d'Asperger (ma forme d'autisme): je m'y retrouve. Pourtant, je n'associe aucun sentiment ou aucun souvenir de souffrance à ces critères. Il m'arrive de moins bien «filer», mais rien d'anormal, et je suis certain que cela vous arrive à vous aussi.

À quoi ressemble la vie d'une personne autiste? Voici des réponses que l'on m'a données.

- «C'est avoir une déficience intellectuelle». Il n'y a pas plus de déficience intellectuelle chez nous que chez les gens non autistes (et ne vous en faites pas trop: mes petites cellules grises sont assez performantes).

- «C'est ne pas pouvoir parler». La grande majorité des autistes parlent. Mais c'est vrai que peu d'entre nous sont verbomoteurs. Cela dit, j'enseigne, je donne des conférences (non, pas que sur l'autisme!), je passe en entrevue. Avec plaisir, toujours, sans grand trac ni stress démesuré.

- «C'est être violent, quasi schizo». Nous ne sommes pas des anges (et vous donc?), mais pas des démons non plus. Il m'arrive de me fâcher, bien que je ne me rappelle pas de la dernière fois et que, personne discrète, il m'a souvent été dit que je devrais me fâcher davantage!

- «C'est voir partout des formules mathématiques, des chiffres ou des codes». Oui, bon... Mais je ne peux pas dire adorer particulièrement les maths, ni être un crack en informatique - je connais même un «Asperger» qui déteste les ordinateurs. En tout cas, je ne suis pas gadgetophile: imaginez, je n'ai pas de cellulaire. Par contre, c'est vrai que j'aime les «harmonies cachées», dans la nature, dans la musique, etc.


Petite vérité: il y a autant de diversité entre les personnes chez les autistes que chez vous. Les stéréotypes et les préjugés ne peuvent vous aider à nous comprendre. Pas plus qu'hier encore, ils ne pouvaient aider à comprendre les femmes, ou les Noirs, etc.


Faut-il se désoler de l'augmentation des cas d'autisme? Moi, je m'en réjouis et j'applaudis! Notre grand problème est de constituer une toute petite minorité: les estimations les plus optimistes que j'ai lues parlent de 3% de la population. Plus nous serons, mieux les choses pourront aller pour nous. Parce que, comme pour d'autres groupes minoritaires qui l'ont déjà fait, nous oserons prendre davantage la parole (plutôt que d'entendre des tas de gens parler à notre place), nous affirmer, oser faire des suggestions pour la marche du monde, voire même revendiquer.

Et ce ne sont pas les sujets de revendication qui nous manqueraient. Savez-vous que 80% des «Asperger» vivent de l'intimidation dans les écoles (moi, j'en ai fait un sévère syndrome de stress post-traumatique)? Que 90% des autistes n'arrivent pas à trouver et à garder un emploi pour lequel ils possèdent pourtant toutes les compétences? Que dans certains pays encore aujourd'hui, des enfants autistes subissent des «traitements» relevant carrément de la maltraitance qui visent à les «guérir» ?

À nous guérir de quoi du reste? D'une différence qui est encore mal connue et donc insuffisamment acceptée socialement.


Source : Paru sur un site canadien, signalé sur FB via l'étoile d'Asperger - http://www.lapresse.ca/debats/votre-opinion/201204/20/01-4517373-autiste-oui-et-alors.php

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Message par Invité Sam 19 Juil 2014 - 10:25

Christophe Miossec, ce matin. Il m'a assaillit. Je crois aux signes, comme l'image synesthésique de sensations perçues mais non identifiées.

J'ai déjà posté cette chanson.

Selon les moments elle se colore de manière différente ; chaude et un peu âcre comme le thé d'une fin de journée d'automne au moment où il est temps de regarder l'horizon et le ciel pour désirer un lendemain, glacée comme les avenues d'une grande ville en février quand on sait qu'on a encore perdu une bataille, caressante et sensuelle comme le soleil encore vert du printemps file à l'été et qu'on s'aperçoit que l'imparfait de l'éloignement se mêle au présent de la proximité.



Elle était de ces femmes qu'on embrasse sur les yeux
dont on tombe sous le charme comme on tombe sous le feu.

Elle était de ces femmes qui ne laissent pas les hommes silencieux
dont on tombe sous la mitraille rien qu'en croisant ses yeux.

Elle était de ces femmes qui ne semblent pas craindre le feu
ni le bûcher ni les flammes, tout en elle vous rendait heureux.

Elle était de ces femmes qu'on prie pour qu'elle vous remarque un peu
on plongerait dans ses flammes pour seulement effleurer ses yeux.

Elle était de ces femmes dont un sourire vous rend heureux
pour elle j'aurais maudit mon âme, pour elle j'aurais maudit le Bon Dieu.

Elle était de ces femmes dont on aimerait laver les cheveux
dont on aimerait embrasser l'âme, c'est le plus grand de mes vœux.

J'ai rien dit devant cette femme, même pas "au fait, est-ce qu'il pleut ?"
et l'enfant que vous êtes encore Madame me met les larmes aux yeux.

Elle était de ces femmes qui n'ont pas le regard bleu
dont les yeux ont versé trop de larmes pour croire encore aux cieux.

J'ai rien dit devant cette femme, même pas "au fait, est-ce qu'il pleut ?"
et l'enfant que vous êtes encore Madame me met les larmes aux yeux

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Message par Invité Sam 19 Juil 2014 - 10:51



C'est pas fini, on vient à peine de commencer
C'est pas fini, on peut encore se raccrocher
A la poésie

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Message par Invité Dim 20 Juil 2014 - 8:35

Voilà un article de Blog à propos de l'empathie des Aspies.
Un de plus ?
Peut-être...

Néanmoins l'absence d'expression sociale de l'empathie y est évoquée, expliquée (peut-être) selon une séquence en 2 phases.
Une phase liée à notre capacité à croire à tord que tout le monde pense, sait, expérimente comme nous (à moins qu'en tant que minoritaire il faille le dire d'une autre manière , ce que je refuse ici). Comment agir alors en "miroir" des autres si au départ de tout, la relation au monde est différente ?
Une seconde phase plus connue mais explicitement liée à la première. La notion de retrait du monde (physique ou social) pour limiter l'envahissement émotionnel. Envahissement causé par l'absence de "sous-titres", d'outils de compréhensions face au déluge émotionnel. (déluge explicable par un déficit d'inhibition latente émotionnel à mettre en rapport avec la même difficulté sensorielle, mais cela, ce n'est pas dit).


http://seventhvoice.wordpress.com/
http://seventhvoice.wordpress.com/2013/11/16/new-study-finds-that-individuals-with-aspergers-syndrome-dont-lack-empathy-in-fact-if-anything-they-empathize-too-much/

Admettre à défaut de comprendre - Page 15 935993_608980619148219_148305698_n

Extraits

1/  Of course, if you don’t realize others are seeing and feeling different things, you might well act less caring toward them.
It takes autistic children far longer than children without autism to realize other people have different experiences and perspectives – and the timing of this development varies greatly. But that doesn’t mean, once people with autism spectrum disorder do become aware of other people’s experience, that they don’t care or want to connect.

2/Said another, “I am clueless when it comes to reading subtle cues but I am very empathic. I can walk into a room and feel what everyone is feeling and I think this is actually quite common in AS/autism. The problem is that it all comes in faster than I can process it.”
Studies have found that when people are overwhelmed by empathetic feelings, they tend to pull back. When someone else’s pain affects you deeply, it can be hard to reach out rather than turn away.
For people with autism spectrum disorder, these empathetic feelings might be so intense that they withdraw in a way that appears cold or uncaring.

Source : Marie Josée Cordeau (auteure de l'excellent "52 semaines avec une autiste Asperger..." ( www.52semaspie.blogspot.com/ ) via Lyne Laporte sur FB

Le schéma suggéré ici me proposerait une explication logique et fonctionnelle aux faits suivants que je subis, d'autant plus que j'ai laissé tombé mes masques, faux-self et autres armures :
- Retrait accru du monde des neurotypiques d'où un isolement factuel plus important, parce que, pour le moment, je considère (très orgueilleusement et tout en sachant qu'on est toujours le con d'un(e) autre) que je n'ai plus à faire l'effort de comprendre une vie au rabais.
- Forte capacité de dissociation et d'isolation des faits et parasites émotionnels qui m'entourent quand je suis en moments sociaux, au point que j'ai pour habitude de me faire expliquer les situations par de rares personnes de confiance qui me opèrent ainsi une triple médiation de moi à moi, de moi au monde et du monde à moi. Cette interface n'est pas une influence (parce que je croise toujours plusieurs fois les informations)
- Étonnante sensation de facilité de communication avec certaines personnes, homme ou femme (et plutôt femme d'ailleurs, sans pour autant qu'il y ait toujours une dimension sexuelle) qui bien souvent s'avèrent "équipées" d'un syndrome d'Asperger, ce qui pour l'anecdote m'a valu un temps le surnom de détecteur d'Aspie (et en plus, cela marche à distance...). Simplicité, fulgurance et bonheur qui rendent le temps de vie élastique, en quelque sorte non euclidien (si tant est que je ne dise pas une sottise).
- Hyper-émotivité quand je suis en confiance, c'est à dire sans barrière de sécurité, qui fait que les larmes ne sont jamais très loin des yeux, quand la vie m'offre un partage. Hyper-sensibilité quand je peux être en mode Aspie, qui m'ouvre alors un univers "normal". Exprimer son émotion et ressentir celle de l'autre étant 2 choses distinctes.

Finalement, cet article m'aura emmené loin encore une fois.

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Message par Invité Lun 21 Juil 2014 - 7:54

Amoureux de la chose écrite et des belles lettres, virtuose de l'orthographe et de la ponctuation ?

Ouais, c'est cela, c'est cela ....

Spoiler:


Dernière édition par Ours le Lun 21 Juil 2014 - 13:23, édité 1 fois

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Message par Invité Lun 21 Juil 2014 - 13:23

Dans 2 jours, les vacances sont finies.
Drôle de temps ces premières vacances en solo. Peut-être était-il nécessaire de faire les réglages et les ré-apprentissages nécessaires. Probablement, rien n'arrive vraiment par hasard.

Depuis quand je suis sensible aux textes et à la voix de Mano Solo ? Je ne sais plus. Je pensais il y a peu que ce n'étais pas pour moi, un peu comme la poésie il y a quelques mois. Puis une pichenette, je me suis procuré certains CD. Sans prétendre comparer quoique ce soit, il y a .... je ne sais pas. Quelque chose de commun, une part de moi aurait pu plonger, aussi. Quelque chose de l'ordre de l'indistinct. Quelque chose de l'ordre de l'indicible, peut-être la sensation de la proximité de la mort, l'anxiété du "quand" mais pas du "quoi". Je deviens amer.

http://www.deezer.com/track/5612109

Spoiler:

NB : si quelqu'un trouve une vidéo publiable de ce morceau, signalez-le moi, merci. J'ai pas su trouver.

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Message par Invité Lun 21 Juil 2014 - 18:45

Si par une nuit d'hiver un voyageur,
S'éloignant de Malbork,
Penché au bord de la côte escarpée,
Sans craindre le vertige et le vent,
Regarde en bas dans l'épaisseur des ombres,
Dans un réseau de lignes entrelacées,
Dans un réseau de lignes entrecroisés
Sur le tapis de feuilles éclairées par la lune autour d'une fosse vide.

Quelle histoire attend là-bas sa fin ?

Italo Calvino - Si par une nuit d'hiver un voyageur

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Message par Invité Mer 23 Juil 2014 - 17:26

La simplicité c'est se mettre à nu devant les autres
Et nous avons tant de difficulté à être vrais avec les autres.
Nous avons peur d'être mal compris, de paraître fragiles,
de se retrouver à la merci de ce qui nous fait face.
Nous ne nous exposons jamais.
Parce qu’il nous manque la force d’être des hommes,
celle qui nous fait accepter nos limites,
celle qui nous les fait comprendre, en leur donnant du sens et en les transformant en énergie,
en force précisément.

J'aime la simplicité qui s’accompagne d'humilité.
J'aime les clochards.
J'aime les gens qui savent écouter le vent sur leur propre peau,
sentir l'odeur des choses,
en capturer l’âme.
Ceux dont la chair est en contact avec la chair du monde.
Parce que là est la vérité, là est la douceur, là est la sensibilité, là est encore l’amour.


Alda Merini – La simplicité (La semplicità)



Source : Beauty will save the world

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Message par Invité Mer 23 Juil 2014 - 17:39

Une autre version de la "nudité" :



Et quitte à y être, celle-là, je crois bien que chacun de nous a, dans le fond de son armoire au moins une raison de la com-prendre (au sens de prendre avec soi, en soi)


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Message par Invité Jeu 24 Juil 2014 - 6:09

Jordi Savall

Hommage à la Syrie : dialogue des musiques arabes, chrétiennes et séfarades, de la Méditerranée médiévale à nos jours

Acteur majeur du renouveau du baroque, le gambiste et spécialiste de la renaissance Jordi Savall brille une fois de plus avec Orient et Occident, un concert mêlant diverses influences.  

Admettre à défaut de comprendre - Page 15 Savall10

http://culturebox.francetvinfo.fr/festivals/festival-musique-et-histoire-de-fontfroide/festival-fontfroide-2014-orient-et-occident-jordi-savall-160097?ibv

Admettre à défaut de comprendre - Page 15 Savall11

Jetez-y une oreille, c'est d'une beauté à couper le souffle.
La musique n'a pas de frontière...

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Message par Invité Ven 25 Juil 2014 - 10:39

Une série d'extraits, c'est un peu long, peut-être mais élégant et sensible, certainement.
J'y retrouve une atmosphère particulière, inventive, florale, bruissante d'oiseaux et de vagues de vents qu'il me semble trouver aussi dans une certaine mesure chez Christian Bobin.

Pour le moment ce n’est qu’une bouffée. À peine,
gorge noire, lèvres noires, les ai-je articulées,
les premières syllabes, qu’elles désirent davantage.
Jamais un poème n’a su d’où vient la force qui l’ébranle,
du tréfonds, du dehors, aussi véhéments l’un et l’autre,
au moins sait-il qu’il ne doit pas douter,
que vibre en lui, que s’ouvre leur parole.
p.15



Il n’ira pas plus loin, mais pour lui déjà
c’est le bout du monde, à bout de souffle,
il a couru pieds nus parmi les flaques
en dispersant l’écume, en fixant l’horizon,
alors il s’agenouille, et d’un doigt qui effleure
le sable humide, il cherche à reproduire
ces mots des livres que l’on ouvre avant la nuit
pour que la nuit ne tombe pas, d’où s’évadent
ses amis à dos d’oiseau, à la proue d’un vaisseau,
qui feront ainsi le tour de la terre,
en un instant toute une vie : il a leur âge,
jamais il ne s’effraie, à l’écoute infinie des légendes
il est fidèle. Une à une, longuement,
les lettres qu’il dessine, puisqu’il ne sait
ni lire ni écrire, prennent la forme d’ailes, de voiles,
de nuages dont l’ombre en tressaillant
vole au ras des flots, de la plaine, de l’herbe ardente
après l’hiver, elles s’enchevêtrent, elles se délient,
en réinventent d’autres. Pourtant il ne l’ignore pas,
les vents l’affirment, les embruns vigoureux, la vague
reviendra se répandre en ses empreintes,
aucune n’y résiste, il continuera néanmoins
sans se soucier d’attendre. S’il ébauche un geste,
ce n’est pas à lui de l’achever, à la houle
qui redouble il en confie la charge, puis à l’air qui abonde
dans son tumulte : auprès de la mer un enfant
est toujours disponible, il n’appartient qu’à ce qui vient,
qui s’en va, qui demeure, le front vaste, ruisselant,
les yeux éblouis par le sel, les mains complices,
vulnérables, téméraires, il n’y a plus que des rivages,
pourquoi serait-il seul dans l’arche ?
p.23



Devant nous s’allongent les ombres, quel sera leur rôle
sinon de prouver que nous en sommes responsables,
nous seulement ? Si les mots avaient eu quelque pouvoir,
le fleuve, en bas, où ne remuent que des reflets de murs,
ils en auraient interrompu le cours,
cette fois, la nuit tombe, et dans la chambre
une fenêtre est restée entrouverte,
l’air qui frôle les doigts n’arrive pas
à les détendre, les corps ne savent plus que faire obstacle,
nous ne nous voyons plus partir à la rencontre.
Quant aux poèmes, ils se remémorent par bribes
ce dont ils ont rêvé : tous disaient l’autre rive,
tous disaient aussi l’enfance éternelle.
p.27



Et nous fermons les yeux, aurions-nous peur à ce point
de la nuit que nous en refusons le face à face
comme si, chaque fois, ce devait être la dernière ?
Nous ressemblons à ces enfants qui craignent le sommeil,
mais eux ne s’en vont pas sans l’assistance
d’une comptine, d’un conte offerts par une voix aimée,
une caresse aussi a déployé leur front,
les mots alors disent vrai, que réchauffe
la paume affectueuse, ils ne font qu’un rêve avec les rêves,
ils grandissent, ils agrandissent les rivages.
p.31



A propos de la poésie :

À l’origine, une urgence, celle de dire, par exemple, en quoi nous a enchantés la contemplation d’un arbre ou bouleversés la mort d’un ami, et le poème, pensons-nous, sera le moyen le plus efficace. Mais une intention de ce genre n’a qu’une valeur transitoire, puisque les mots sont encore inertes. Notre intention, nous serions assez habiles pour la développer, nous reproduirions l’ordre du discours, qui ne dit rien, qui ne change rien. Le poème n’est pas un moyen, il est un intermédiaire, efficace, il ne le sera qu’en étant fidèle à lui-même, en allant autre part.
p.61



Qu’un mot, un mot pourtant que nous avons entendu ou prononcé bien des fois, retentisse, nous alerte, et c’est comme s’il nous prenait la main pour nous aider, nous réorienter. Nous voudrions en savoir plus, il se retirerait.
p.64



Comme l’amour qui n’est plus l’amour s’il s’estime comblé, la poésie ne se borne pas aux poèmes. Risquons-nous à nommer poésie le désir qui a voulu s’incarner dans une forme, il ne s’incarne que le temps de se recréer. Mais il n’existe pas plus d’art d’aimer que d’écrire. La poésie pourtant, aimons-la dans les poèmes, nous paraîtraient-ils approximatifs si nous leur opposons l’exigence qui est la sienne, ils ressemblent à ces mains que le feu attire, qui ne font que le frôler, mais tremblantes, la nuit ne les obscurcit pas.
p.72



N’y aurait-il rien après... la poésie se refuse à le dire. Elle est le bien commun.
Nous ne mourons que de ne pas aimer



Pierre Dhainaut in L’autre nom du vent © L’herbe qui tremble 2014


Source : La pierre et le sel

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Message par Invité Ven 25 Juil 2014 - 14:45

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Message par Invité Ven 25 Juil 2014 - 16:04

Vendredi 16h00


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Message par Invité Sam 26 Juil 2014 - 19:52

Francis Giauque, si noir, si dur, si désespéré mais si beau et si juste qaund il  écrit les affres de celui ou celle qui se sent abandonné.


un jour
une année
des siècles
sans toi
le courage se défait
l'agonie prend forme d'éternité

sans toi
sans eux
les autres qu'il faudrait rejoindre
qui sont trop loin déjà
ailleurs
insaisissables

entre nous
une paroi de roches si lisse
que les mains n'y trouvent pas d'appui

on se lève le matin
hébété
on se regarde dans la glace
ces yeux
ce visage
ce rictus
pas moi
un autre
un étranger
un malade bien sûr

ils l'ont tant répété
les lâches
pour qu'il ne reste vraiment plus rien
à accrocher au gibet de l'amour avorté


La vraie vie est absente
Francis Giauque (Prêles, Suisse 1934-1965)


Source : Beauty will save the world

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Message par Invité Dim 27 Juil 2014 - 11:53


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Message par Invité Mer 30 Juil 2014 - 16:56

Phiolosophie Magazine via Facebook : Gilles Deleuze. Extrait de l'Abécédaire, interview de Claire Parnet.
Comment faire pour résister à Deleuze. A droite, il y a de nombreuses autres séquences vidéo.

Je ne savais pas que cela avait fait l'objet d'un téléfilm.

Proche de son suicide, on le sent malade et affaibli. Pourtant, comme le dit l'article des Inrocks : "Reste qu’à entendre le philosophe, il semble que sa parole aurait pu être autre : selon le temps, son humeur, voire la chevelure de son interlocutrice. Posthume, mais ni systématique ni définitive, d’après la mort mais surtout pas d’outre-tombe"

Y a que les cons qui ne changent pas d'avis !



Ce qu'en ont dit les Inrocks de l'ensemble :



Le philosophe est mort, ses livres sont écrits. Avec l’Abécédaire en vidéo, il s’agit de faire face à un homme, Gilles Deleuze, qui contient toute sa pensée ramassée, vivante et prête à bondir.

C’est en 1988, rue de Bizerte, à Paris. La scène se passe sans doute dans le salon, devant un buffet sur lequel des livres sont posés, un chapeau par-dessus, un miroir où l’on peut voir, du moins selon le cadre du début, le visage de Claire Parnet. Cette jeune femme, philosophe elle aussi, élève de Deleuze, est à l’origine du projet, et ses questions, ses relances, son esprit sont délicieux, comme le parfum qui semble s’exhaler de sa soyeuse chevelure noire. Lui est assis, vêtu d’un pantalon clair, avec tantôt un pull mauve, tantôt un gilet bleu, il porte des lunettes, et durant l’entretien, ses mains dansent, soutenant le menton, parfois accrochées à une branche des lunettes, parfois levées au ciel ou frottant son nez. Dès le premier plan, Gilles Deleuze annonce très simplement les règles de l’entretien : d’abord les thèmes et le rythme de L’Abécédaire (Animal, Maladie, Résistance…), auxquels il a pu penser avant car il n’envisage pas de parler d’une question sans avoir pensé celle-ci. Ensuite, la parution posthume, c’est-à-dire rien de plus que la conscience de devenir une archive de Pierre-André Boutang, le réalisateur. Enfin, la conscience de parler d’après sa mort, comme “pur esprit” : pour savoir qu’un pur esprit propose une parole non intellectuelle, peu profonde, sommaire, “il suffit d’avoir fait tourner les tables”, dit-il. Ce lieu et ce dispositif extrêmement modestes appellent l’expression “sans artifice” ­ elle décrit aussi bien la tonalité de ces sept heures avec un philosophe humble. Mais cet appartement loué, ce lieu privé devenu provisoirement public, est aussi le territoire de la mort du philosophe. Il s’y suicidera…

Sept heures donc pour faire le pont entre, disons, les deux pointes, l’homme et la honte, de cette interrogation du philosophe : “La honte d’être un homme, y a-t-il une meilleure raison d’écrire ?” Question qui passe par une interrogation esthétique (Style, Littérature mais aussi Tennis), éthique (Idée, Joie, Kant) et politique (Gauche, Professeur, Culture). Dans chacune des entrées de cet Abécédaire, il est question de la limite : limite qui sépare la pensée de la non-pensée, limite entre le langage et l’animalité, limite qu’il s’agit de ne jamais franchir tout en restant au plus près d’elle. Borg invente le style du tennis de masse (fond de cour, liftage, hauteur de balle) tandis que McEnroe continue l’aristocratie du jeu (service égyptien, volée renouvelée, pose de balle). L’un est créateur, l’autre pas. L’homme de droite regarde le monde en commençant par soi (moi, la rue, la capitale, le pays, les autres au-delà des frontières) ; au contraire, un homme de gauche commence par l’horizon et s’engage dans un devenir minoritaire. De là, l’affirmation selon laquelle il ne peut y avoir, par définition, de gouvernement de gauche (c’est la veille du second septennat de François Mitterrand). Parole de circonstance qui se continue ainsi : “Créer, c’est résister.” Scientifiques, philosophes et artistes résistent d’abord en imposant leur rythme (de travail). Ainsi, ils résistent contre la bêtise, la vulgarité, la non-pensée. Mieux, ils résistent contre la honte : “Créer, c’est résister parce que… je crois que l’un des motifs de l’homme et de la pensée, c’est une certaine honte d’être un homme.” Si le philosophe lit alors Primo Levi, la résistance à cette honte a peu de chose en commun avec la culpabilité (les camps, la responsabilité, le survivant), ni avec les droits de l’homme (il n’y a que des procédures). Elle a à faire plutôt avec une certaine manière de “libérer la vie que l’homme a emprisonnée, une vie puissante et plus que personnelle”. Ainsi de suite, mot après mot, le philosophe en Zig-zag (dernier mot) déplie, déploie, classe, sépare et, finalement, propose des définitions et crée des concepts. La lettre X, comme une inconnue, et Y, comme indicible, sont nommées mais éludées : par définition aussi. Les derniers mots seront : “Posthume ! Posthume ! (puis, hors champ) Merci de toute votre gentillesse.“

Il existe un rapport très spécifique de Deleuze à la parole : rien ne lui fait plus horreur que la conversation, il adore les cours et ne déteste pas les réunions mondaines. Quasi le seul parmi ses amis, il ne fut jamais communiste, il n’aurait jamais osé aborder quelqu’un dans la rue pour lui faire signer une pétition ; en vérité, il préférait travailler à ses concepts. Dans les cours, il est professeur, il peut développer musicalement des ritournelles qui font et fondent sa philosophie. Lors des rencontres mondaines, on ne fait qu’effleurer, on ne nomme pas, on parle à demi-mot : c’est agréable. Sans doute l’entretien se situe-t-il entre ces deux manières de dire, là où il est possible de produire des ritournelles légères et de se soustraire à la bêtise. Là même, il faut se demander un instant : ce partage un peu trop visible entre les imbéciles (les faux philosophes, les non-créateurs, les chats et les chiens) et les autres (les vrais philosophes, les créateurs, la taupe ou le rat) n’est-il pas dangereux ? Ces définitions, ces déclarations même, bientôt ces sommations ne sont-elles pas profondément autoritaires ? Que reste-t-il ici de la possibilité pour chacun du devenir minoritaire, révolutionnaire ou animal ? A un moment de l’entretien, Claire Parnet déclare qu’à le voir, il est clair que le philosophe n’aime pas le jugement. A entendre Deleuze, il ne faut pas la croire. Si le philosophe est une polarité à lui tout seul, alors il faut prendre le jugement pour ce qu’il est : un moment de la pensée du philosophe qui danse à la limite, ici celle qui sépare le jugement de son contraire ­ disons le discernement ou le désir.

A partir de là, à la campagne, dans sa chambre ou ailleurs, il y a un vrai plaisir à pouvoir choisir le temps et le lieu, les amis ou non, la vitesse d’écoute (en continu, au ralenti, avec arrêt sur image), l’interruption quand ça nous chante de la parole du philosophe ­ vertus du magnétoscope qui n’a que très peu à voir avec la télévision. A cet égard, L’Abécédaire apparaît même comme un antidote ­ à la télévision, à la philosophie et à la honte. Honte de la télévision, honte de la philosophie à la télévision, honte de la pensée qui dispose avec l’image d’un moyen de devenir autoritaire plutôt que minoritaire. Si au sujet de la télévision Deleuze reste bref, on ne peut négliger le travail du dispositif, du montage et du son, d’ailleurs apparent lors de tel passage au blanc, d’un changement de bobine, ou d’un arrêt volontaire du discours ; la tactique et la technique méritent aussi l’attention, la vigilance et donc, aussi, une certaine position par rapport à l’autorité de la parole filmée. Reste qu’à entendre le philosophe, il semble que sa parole aurait pu être autre : selon le temps, son humeur, voire la chevelure de son interlocutrice. Posthume, mais ni systématique ni définitive, d’après la mort mais surtout pas d’outre-tombe. En somme, quoique “suicidé personnellement” (spectre de l’image, après coup de l’enregistrement, défenestration), Deleuze apparaît ici vivant, vieux puis ému.

H. Laroche

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Message par Mag Mer 30 Juil 2014 - 17:39

Qui se sent abandonné ?
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Message par Invité Mer 30 Juil 2014 - 17:53

Je parlais de l'auteur en général.
De toutes façon, je suis abandonnique de type I, donc si tu sais pas tu dis que c'est moi. C'est comme en Bretagne, soit il pleut, soit il va pleuvoir...  Razz

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Message par Mag Mer 30 Juil 2014 - 18:12

Pourquoi accoler "je suis" à des catégorisations ?
et  What a Face ne me parle pas du climat !!!! (j'ai senti ce matin à l'aube un froid glacial monter du sol...et j'ai eu peur...)
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Message par Invité Ven 1 Aoû 2014 - 12:05

Réponse par MP impossible, alors je publie sur mon fil, un message qui peut concerner plusieurs d'entre nous, dont moi au premier chef...

xxxxx a écrit:....
"Pourquoi zc fait-il si mal?"
....

Parce que c'est probablement l'un des seuls endroit où il est possible de façon permanente ou épisodique de s'exprimer tel qu'on le souhaite.
Cette sur-exposition entraine des questions et remarques non conventionnelles de la part des lecteurs sur le fond et la forme de ce que nous sommes.
Elle est douloureuse en tant qu'elle est révélatrice des mensonges dont nous nous sommes drapés pour justifier nos renoncements.

De plus, ZC génère un sentiment de libération qui fait écho à celui de l'esclavage recherché ou subit dans la vie sociale courante.

Entre être appelé à vivre sa pleine vérité qui conduit à la confrontation avec la solitude ontologique de l'homme et la servitude volontaire sociale qui consiste à mentir au quotidien, c'est donc la double peine. La seule solution serait de présenter un visage travesti sur ZC. Certains le font et s'en sortent bien, mais tôt ou tard, ce qu'ils sont les rattrapent ou les dépassent, selon qu'ils sont clairvoyants ou bas de plafond.

Reste à savoir si 2 solitudes peuvent s'assembler pour créer une unité de vie. Cela, je ne le sais pas. Et c'est peut-être au fond l'espoir que j'ai et qui motive ma présence en ces lieux.

Bien à toi,

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Message par Invité Lun 4 Aoû 2014 - 14:40


Chercher une chose
c'est toujours en trouver une autre.
Ainsi, pour trouver certaine chose,
il faut chercher ce qu'elle n'est pas.

Chercher l'oiseau pour trouver la rose,
chercher l'amour pour trouver l'exil,
chercher le rien pour découvrir un homme,
aller vers l'arrière pour aller vers l'avant.

La clef du chemin,
plus qu'en ses bifurcations,
son hypothétique commencement
ou sa douteuse arrivée,
est dans l'humeur corrosive
de son double sens.

On arrive toujours,
mais ailleurs.

Tout arrive.
Mais à l'envers.

Roberto Juarroz – Chercher une chose (1991)

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Message par Invité Mar 5 Aoû 2014 - 21:53

"Quelle fatigue que d’être aimé, d’être véritablement aimé ! Quelle fatigue de devenir le fardeau des émotions d’autrui ! Changer quelqu’un qui s’est voulu libre, toujours libre, en garçon de course des responsabilités : répondre à certains sentiments, avoir la décence de ne pas prendre ses distances, simplement pour que les autres n’imaginent pas que l’on se prend pour un prince des émotions, et qu’on refuse le maximum que peut donner une âme humaine. Quelle fatigue de voir notre existence dépendre complètement de son rapport avec les sentiments de quelqu’un d’autre ! Quelle fatigue de devoir, d’une façon ou d’une autre, éprouver forcément quelque chose, de devoir forcément, même sans réelle réciprocité, aimer un peu aussi !"

Fernando Pessoa - Le livre de l'Intranquillité


Après un pénible chemin vers moi même, me voilà face aux immensités incompréhensibles du chemin vers l'autre, non pas l'ami(e) mais l'aimée. Je ne délivre pas de scoop sur ma vie en disant cela. Ma vie ne regarde que moi. J'ai l'impression depuis quelques mois d'être la boule du flipper bondissant de bumper en bumper sans pour autant avancer ou reculer.
Ce que je ne comprends pas, c'est que j'ai su faire... mes 3 filles ne m'ont pas été livrées et j'ai réellement eu l'impression d'aimer et d'être aimé. Enfin, celui qui l'a été n'était pas moi. Un passage lu dans Donna Williams - Si on me touche, je n'existe plus est assez explicite à ce propos, dans un passage à propos d'apprentissage de danse et d'un personnage réel qu'elle a construit et qu'elle a hébergé en elle comme intermédiaire social (en fait, j'ai fait pareil) :
"Je savais désormais bien suivre les conseils qu'on me donnait, puisque les gens aimaient cela et qu'ils aimaient Carol. .../... S'ils riaient, je riais, exactement comme Carol l'aurait fait. Ils devaient croire que je m'amusais comme une folle. Non seulement ils avaient une poupée dansante, mais une acrobate, une contorsionniste. Et avec quel don, quel talent, une vraie bête de scène !"

Autant, j'ai bien compris, que ce que je suis, je devais l'assumer seul et ne pas chercher un quelconque secours dans l'autre, notion de solitude ontologique. Je l'applique et mise à part une solitude intense et une tristesse profonde, je le comprend et fait avec.
Autant, dans le domaine de l'amour, je croyais encore sottement qu'une rédemption de soi était possible en l'autre et inversement. Or, c'est très incertain. Il y a quelques jours, je ne sais plus où, je pérorais sur la fusion (1+1=1) et sur l'union (1+1=3). En fait, je n'avais pas compris que cette équation sous entendait que une solitude plus une solitude en créait une troisième, celle du couple. Je n'avais pas compris que se remettre à l'autre et accepter en retour cette remise de l'autre était également un acte social et que l'intimité qui s'en déduisait était également sociale : un peu plus mais pas trop.

Alors, face à cette perception devenue une soudaine évidence, je reste perplexe. J'ai espéré depuis des années retrouver une relation, un foyer, des projets en espérant aussi une simplicité de vie, une relation à basse énergie, de celles qui peuvent durer. Je suis en train de me rendre compte que la relation amoureuse semble maximiser les complexités plutôt que les minimiser. J'ai eu la chance d'être accompagné sur mon chemin de "zébritude" par quelqu'un dont j'étais plus que proche, mais que plus que proche. J'espérais rencontrer une compagne dans ce même type de proximité. Je crois bien que cela n'existe pas. Si j'accepte un jour la rencontre, il faudra que je garde ma solitude et ne partage que ce que je suis socialement sans lâcher les vannes de ce que je suis réellement, car c'est insupportable pour l'autre : Fernado Pessoa le dit très bien.

Décidément, je suis bien naïf.
Les enthousiasmes des premiers temps valent-ils la solitude et la platitude des suivants ?
Au bout du bout, à quoi bon risquer l'ordinaire.
Voila une montagne qui s'effondre, je dois avouer que j'ai un peu mal sur le coup.

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Message par Invité Mer 6 Aoû 2014 - 2:17

Ben oui, soupirs...

« Le mariage, c'est résoudre à deux les problèmes que l'on n'aurait pas eus tout seul. »
Guitry , Pensées, Maximes et Anecdotes, Le Cherche midi, 2011

Si, sur le chemin du "je" nous découvrons un autre "je" , notre multiple et propre "je"...
Pourquoi n'y aurait-il pas d'autres "nous" , d'autres "ensemble"...aussi riches et différents ... ?

Ben oui, espoirs....

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Message par Invité Mer 6 Aoû 2014 - 16:34

Admettre à défaut de comprendre - Page 15 Tumblr_mut13nfXMt1qcs59qo1_500

Je dois sortir de ce brouillard nerveux, sortir, voir la lumière et le ciel.
Je n'aime pas l'été, j'ai l'esprit vide, la volonté qui fond, les colères qui montent comme le thermomètre.
Tout me parait disloqué.
L'impression de ne pouvoir suivre une idées cohérente sans y rajouter des mots et des affects qui s’écroulent comme une chantilly au soleil.

Déjà l'an dernier, cela avait été une période d'agacement et de rupture.
Avant, je ne me souviens plus. J'avais vacances, derrière le masque paternel assumé et comblé : "Souris, c'est pour les souvenirs"


Si cette image de nuées n'est pas complète, il lui manque quelques éclairs, elle a par contre le rythme.
Après cette image, j'ai croisé celle-ci sur Tumbl'r :

Admettre à défaut de comprendre - Page 15 Tumblr_n9vhdxNhFu1tcarlro1_500

Depuis quand n'ai-je pas fait quelque chose pour la première fois ?
Pas longtemps...

Un réflex avec objectif macro, cela marche ?

En fait, je sais au fond de moi.
Après avoir éclaté mon histoire et reconstruit ma vie, rassuré par un QI certifié, quitté la cohabitation ex-conjugale, approché le syndrome d'Asperger qui au final structure ce que je suis, je me suis retrouvé en vrac. Il m'a fallu de la patience et de la prévenance pour reconstruire sur des éléments plus vrais. A chaque étape, j'ai cru avoir avancé, atteint un palier d'équilibre.

Mais tapi au fond de ma tête, il y avait un monstre. La relation ou plus exactement la non relation entre mon corps, ma tête et mes sentiments. Orchidée, il y a deux ans m'avait mis sur la piste historique de cette cassure. Alors, j'ai essayé et très souvent réussi à entrer en contact corporellement avec mes proches. Entrer en contact pour savoir si ce que je voyais, ressentait était bien en cohérence avec ce que je touchais. J'ai senti et compris l'existence d'une "circulation d'énergie" entre ces pôles. J'ai repris mes tarots divinatoires, laissé advenir mes perceptions pour savoir si ce que j'y voyais était cohérent avec l'ensemble. En fait j'ai tourné autour du monstre, sans oser l'approcher.

Et puis quatre personnes m'ont aidées dont une tout particulièrement, chacune à leurs manière, sans se concerter et sans savoir ce qu'elles faisaient en réalité et le tout dans des circonstances et des formes très diverses. Je ne laisserai pas d'indice permettant de les identifier, cela n'aurait pas de sens de les exposer et pas d'intérêt non plus. Je voudrais pourtant dire que ce soutien sincère et polymorphe, il n'y a que sur ZC que je l'ai croisé. Il m'a été dit que je laissait beaucoup de moi ici. Peut-être, mais j'en reçois beaucoup.
Toujours est-il que probablement pour la première fois, tout au moins consciemment, mes trois pôles ont fonctionné en même temps dans le même sens, chacun s'enrichissant des 2 autres et rendant pour une fois la relation aux autres "facile" et "souple". Mais ce monstre est une hydre : à chaque victoire apparait une nouvelle tête mordant et exhalant ses humeurs fétides, dont je fais "profiter" les plus proches.

Là est le sens de ce brouillard, de cette brume électrique comme le polar de Bertrand Tavernier tiré du livre de James Lee Burke.
Spoiler:

Alors effectivement il n'y a pas longtemps que j'ai fait quelque chose pour la première fois....

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Message par Invité Jeu 7 Aoû 2014 - 8:45

Admettre à défaut de comprendre - Page 15 Anonym10

Il y avait cela en entête du site pourlascience.fr, ce matin : copie d'écran de la vidéo qui y était diffusée.



Joli coup de pub, piratage, ....

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Message par Fata Morgana Jeu 7 Aoû 2014 - 9:04

Ah la vache, cette vidéo est phénoménale !!!

J'achête ! Ah, que toujours j'ai aimé la révolte et le refus...
(Même si l'évangile de Luc ne dit pas vraiment cela...)
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Message par Invité Dim 10 Aoû 2014 - 19:55

Admettre à défaut de comprendre - Page 15 DaltonPortella7

Pleurer fatigue face à la mer
on a l’air bête à cause du ressac
on ne s’entend ni jurer ni gémir
hurler revient dans la figure
une respiration brute à haute voix
cogne la rage et la disperse
infime sur l’énorme instant
où tu restes planté sans regard
seul vivant debout sur la plage
oublié là par l’infini

Ludovic Janvier – Bête à ressac




Je l'avais je l'avais vissée dans l'âme
L'existence possible d'une vie rêvée
D'avoir trop regardé peut être
Autour du phare du four
Monter les vagues et les lames
Qui menacent qui entourent qui embrassent
Sans jamais l'engloutir
Le phare fétu de pierre
Et qui mystérieusement l'épargnent
Par pure bonne volonté et un rien de mépris

Dans l'écume en furie moi je voyais des femmes
Des éclats frais de rires pour ma nuque en brasier
Des bonheurs fugitifs comme il passe dans la rue
La nuit l'été volets fermés
Presque des cris d'enfants tellement inoffensifs
Ou ceux des hirondelles du soir
Le gazouillis des grands espoirs
Le bruit de l'intense
Le dérisoire volé au vif de l'existence
Juste avant le prochain déboire

Je l'avais je l'avais
L'apparition possible d'une femme adorée
Dans la magie des jupes
Elles ondulaient moi j'adulais
Les signes qui me prenaient pour cible
Eternel coeur crevé volontaire de flèches empoisonnées
Et d'autres plaies encore plus profondes et plus larges
Qui laissent voir les tripes et des mondes parallèles
Où les choses ont une voix même parfois des ailes
Où tout va sans effort vers cette étrange osmose
Qui en a fait plus d'un sombrer dans la cirrhose

Moi je veux l'insolence sereine des revenus de tout
Du marin à l'oeil pâle au regard d'horizon
La peau couleur de roc
Les rides de sourire en rigoles pour les larmes
Il sait que par grand vent
La verticale n'est pas l'équilibre
Le sobre n'est pas le lucide
Et le visible est toujours incertain
D'ici l'indicible n'est jamais très loin

Pierre-Yves Lebert / Daran  - Phare du four



Tout ce que nous savons et tout ce que nous croyons savoir.
Toutes les choses que nous avons faites
et celles que nous ferons et celles
que nous ne ferons pas.

Combien de tiroirs faudrait-il ? Combien de livres, de budgets,
de bilans, de projets, de rêves possibles et impossibles ?

Mais les mêmes dix doigts suffisent  pour écrire et pour compter,
pour montrer la route qui se divise et le chemin qu'il faut emprunter.
Les mêmes dix doigts suffisent pour serrer une main,
entourer votre épaule,
caresser ton visage.

Francis Dannemark – Knowledge

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Message par Invité Lun 11 Aoû 2014 - 12:06

"Poussières d'étoiles"


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Message par Invité Lun 11 Aoû 2014 - 13:05

Demain, à peine au delà de minuit, sur Arte :

http://www.arte.tv/guide/fr/047950-000/les-lois-de-matthieu#details-description

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Message par Invité Mar 12 Aoû 2014 - 8:19

Admettre à défaut de comprendre - Page 15 PHOd7c859b2-21dd-11e4-977f-573ac4de2f46-805x453






J'aimais tellement cet homme. Il m'a si souvent réconcilié avec la vie et ma vie. Good Morning Vietnam, Will Hunting, Le cercle des poètes disparus et même ce conte pour jeune public : Flubber. Il ne s'agit pas de faire sa filmographie... je savais depuis quelques mois qu'il était de notre grande "famille". C'est un être cher que je perds et c'est très étrange d'écrire cela. Selon le Figaro, sa femme aurait déclaré : "Sa femme Susan Schneider, épousée en troisièmes noces en 2011, a dit dans un communiqué distinct avoir «perdu ce matin son mari et meilleur ami, pendant que le monde a perdu l'un de ses artistes les plus aimés et l'un des plus beaux êtres humains»".

Je suis très touché par son départ.
Je voulais partager cela avec vous.
J'ai aussi perdu un ami.

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Message par Invité Mer 13 Aoû 2014 - 8:34

   Donne-moi tes mains pour l’inquiétude
   Donne-moi tes mains dont j’ai tant rêvées
   Dont j’ai tant rêvées dans ma solitude
   Donne-moi te mains que je sois sauvé

   Lorsque je les prends à mon pauvre piège
   De paume et de peur de hâte et d’émoi
   Lorsque je les prends comme une eau de neige
   Qui fond de partout dans mes mains à moi

   Sauras-tu jamais ce qui me traverse
   Ce qui me bouleverse et qui m’envahit
   Sauras-tu jamais ce qui me transperce
   Ce que j’ai trahi quand j’ai tressailli

   Ce que dit ainsi le profond langage
   Ce parler muet de sens animaux
   Sans bouche et sans yeux miroir sans image
   Ce frémir d’aimer qui n’a pas de mots

   Sauras-tu jamais ce que les doigts pensent
   D’une proie entre eux un instant tenue
   Sauras-tu jamais ce que leur silence
   Un éclair aura connu d’inconnu

   Donne-moi tes mains que mon cœur s’y forme
   S’y taise le monde au moins un moment
   Donne-moi tes mains que mon âme y dorme
   Que mon âme y dorme éternellement.

Louis ARAGON - Les mains d’Elsa in "Le Fou d'Elsa"


Dernière édition par Ours le Sam 16 Aoû 2014 - 9:56, édité 1 fois (Raison : Merci # Zwi'schen'ding #... effectivement il y avait des fautes. Honte à moi !)

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Message par Invité Mer 13 Aoû 2014 - 9:02


   Avec mes vieilles mains de ton front rapprochées
   J’écarte tes cheveux et je baise, ce soir,
   Pendant ton bref sommeil au bord de l’âtre noir
   La ferveur de tes yeux, sous tes longs cils cachée.

   Oh ! la bonne tendresse en cette fin de jour !
   Mes yeux suivent les ans dont l’existence est faite
   Et tout à coup ta vie y parait si parfaite
   Qu’un émouvant respect attendrit mon amour.

   Et comme au temps où tu m’étais la fiancée
   L’ardeur me vient encor de tomber à genoux
   Et de toucher la place où bat ton coeur si doux
   Avec des doigts aussi chastes que mes pensées.

Émile VERHAEREN - Avec mes vieilles mains… in "Les Heures du Soir"


Orchidée lirait cela, elle me dirait que je suis encore entrain de transformer mes amours en madones et les rendre ainsi inaccessibles... Mais elle sont si belles

PS : ces deux poèmes sont issus du site http://www.unjourunpoeme.fr

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Message par Invité Mer 13 Aoû 2014 - 9:28

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