Au Mily-mètre près

Haitian troubadour.

Jamais mis les pieds en Haïti. Je n'irai probablement jamais. Au plus près, je me suis retrouvée dans un rade de République Domicaine à danser le meringue et à m'essayer à l'instrument de musique locale : fourchette frottée sur une rape à fromage.

Alors bon, Pour commencer, je m'étais dit que Toussaint Louverture, c'était pas mal. Autant lire directement le principal concerné. Mais le style de Louverture est un peu lourd, et l'oeuvre n'est pas chronologique. J'aurai dû m'en souvenir, "Mémoires" n'est pas synonyme de "biographie". Un peu difficile à suivre, le général Louverture présente des traits manifestes de pensée arborescente retranscrite dans un style pompeux un peu vieille école emblèmatique de la formation militaire du début du XIXème. Ouille, ma tête. Pause je me rabats sur Youtube pour la nuit. Recherche "Toussaint Louverture". Un reportage en français, puis un autre, et puis : Haitian immigrants for Trump : "Wake up! Hillary belongs to jail!".

Haitian Immigrants for Trump? Keuwah ?
Hillary belongs to jail : déjà plus plausible. Mais qu'a donc bien pu faire Ste Hillary pour pousser des immigrants haïtiens à soutenir Trump ?
J'écoute un peu les haïtiens crier leur colère contre les Clinton. Ils ne sont pas en colère que contre Hillary. Ils sont également particulièrement remontés contre Bill et ler fifille chérie, Chelsea.



J'avais cru comprendre que Haïti était la première nation noire à s'être détachée du système esclavagiste. En voyant cette photo, j'ai comme un doute. La campagne présidentielle des Zuessa ramène "le petit le plus pauvre de l'hémisphère nord" sur le devant de la scène.
Parce que oui, après la grosse vague d'émotion de janvier 2010, quand un séisme de magnitude > 7 avait fait 300 000 morts, autant de blessés graves et 1,2 millions de sans-abri, qui on a vu débarquer à Port-au-Prince, toute enveloppée d'impérialisme bienveillant ? Sainte Hillary, talonnée par Bill et Chelsea. "Nous allons aider le pays le plus pauvre des Amériques".

Le pays le plus pauvre ? Vraiiiiiment ? Bon, allez on va voir ça un peu. Parce que je fais pas d'évaluation au doigt mouillé, je vais chercher directement sur la page destinée aux actionnaires de eurasian minerals, un bon indicateur quand on veut savoir ce que recèle le sous-sol d'un pays. Tiens, ils ont une page sur Haiti, avec des cartes, c'est beau : http://www.eurasianminerals.com/s/haiti.asp



Des mines d'or et de cuivre dans le pays le plus pauvre de l'hémisphère nord ?
Et encore, en parcourant les différents sites, blogs, journaux locaux, j'ai lu plusieurs fois que les ressources pétrolières haïtiennes seraient comparables à celles du Venezuela  

Et qui qui s'en s'occupe de l'or haïtien hein ? Une compagnie Haïtienne ?
Ben non, comme le dit Hillary "open for business".


En d'autre mot "pose ton buste sur la table".
Le détenteur du contrat d'exploitation, le seul contrat d'exploitation accordé par le gouvernement haïtien depuis 50 ans, se nomme VCS Mining, dont le siège social se trouve dans le Delaware. Parmi les noms du conseil d'administration de VCS Mining, on trouve un nom plutôt connu : Tony Rohdam.
C'est évidemment totalement par hasard que Tony Rodham se trouve être le frère de Hillary Rodham Clinton.

Bon, là je vous vois venir : "nan mais aussi, y'a eu des milliards de dons pour Haïti en 2010, des concerts de solidarité, les Fugee's ont filé plein de tune". Voui, ils ont donné tous les sousous à Bill, pour la fondation Clinton. Pour reconstruire des routes, des maisons, des écoles. Enfin, les haïtiens, eux, c'est ce qu'ils voulaient, jusqu'à ce que Bill leur explique que l'urgence, c'était pas de reconstruire des maisons.
"Des maisons ? Mais pour quoi faire ? Mais nan les mecs, ce qu'il vous faut, ce sont ... des téléphones portables".

Parce qu'en Haiti, les gens vivent dans la rue MAIS, le territoire possède une couverture réseau sur 95% et même de la 4G :

A défaut de manger, ils peuvent jouer à Pokemon Go. Merci qui ?


Merci Denis O'Brien, PDG de Digicel, qui a accepté de s'occuper de ce chantier de première nécessité avec l'argent de la fondation Clinton.

Ils ont même pas honte. Sur le site des Nations Unies, au début de l'année 2016, 6 ans après les séismes, voici ce qu'on voit, et ce qu'on lit :

http://www.un.org/apps/news/story.asp?NewsID=53016#.V639WjVbhHU


Despite the progress achieved to date, there are still nearly 60,000 people living in IDP [internally displaced persons] camps in vulnerable situations and in need of humanitarian assistance and durable solutions
...
OCHA is alerting that since June 2015, it has noticed a deterioration of the humanitarian situation. There has been a resurgence in the number of cholera cases – over 33,000 in 2015 – challenging certain gains obtained in 2014. Also, due to the drought and the effects of El Niño, food insecurity has increased, affecting about 3 million Haitians.

Toujours dans des camps, sans bouffe, et avec le choléra. Mais avec des téléphones cellulaires et une super couverture réseau, grâce à Digicel et la fondation Clinton.

Mais Bill et Hillary, ils ont trouvé la solution : l'esclavage, donner du travail à la population du Nord du pays (celle qui n'a pas été touchée par les séismes, qui ont touché le sud), en faisant voter par le congrés américain une loi permettant d'installer des ateliers textiles.
http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/146125/Bonnes-nouvelles-pour-le-textile-haitien
En plus ils sont cools les haïtiens, ils travaillent jour et nuit, c'est George Sassine Directeur Général de la Société Nationale des Parcs Industriels (SONAPI) de Haïti qui le dit.

George Sassine croit qu'il faut tabler sur un éventuel amendement du code du travail qui prévoit le salaire des employés de nuit une fois et demi plus cher que le salaire d'un employé de jour : "Huit heures de travail dans notre mentalité, c'est huit heures, indépendamment du moment de la journée. Avec une telle journée, on peut employer deux fois plus de personne.

George Assasine a écrit:le Président Martelly et le Premier Ministre Lamothe ont dit qu'ils aimeraient voir un peu plus de Parcs Industriels dans le pays. Donc, nous avons déjà commencé

Le président Martelly a dit ... c'est qui ce Martelly ? Le président bien sûr. Surnommé "la seconde plus grande catastrophe qu'ait connu Haïti". Ancien chanteur populaire ("ça s'en va et ça revient"), il a réussi à se payer une campagne à six millions de dollars. Proche des Duvallier (je vous en parlerai une autre fois), avec son slogan de campagne largement repris par les Clinton : "Haiti is open for business", la petite marionnette se fait élire en 2011 après une campagne mouvementée, très largement encadrée par le gouvernement américain.

Avec les compliments de