Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
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Manuel de l'inspecteur — appareils de mesure du volume
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Annexe II — Interpolation linéaire
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Annexe II — Interpolation linéaire
Il y a des occasions où un inspecteur doit interpoler des valeurs entre deux valeurs connues. Il s'agit d'une opération souvent utilisée lors de l'évaluation des tolérances en pourcent ou de l'application de divers facteurs de correction à une grandeur mesurée. Même si le calcul n'est pas difficile, il est important que la valeur obtenue par interpolation soit déterminée correctement et avec rigueur.
La formule d'interpolation linéaire s'énonce comme suit :
Où :
- Asup. = Valeur supérieure connue
- Ainf. = Valeur inférieure connue
- Bsup. = Valeur supérieure correspondante
- Binf. = Valeur inférieure correspondante
- Aint = Valeur intermédiaire connue
- Bint = Valeur intermédiaire correspondante inconnue
Le concept est mieux décrit par un exemple :
Exemple:
En supposant que vous mesurez la température à l'aide d'un thermomètre certifié.
Le thermomètre est accompagné d'un certificat d'étalonnage qui énumère les températures « indiquées » et les températures « vraies » . La température que vous observez (26,50 °C) se trouve entre deux valeurs indiquées adjacentes (20,00 °C et 30,00 °C) sur le certificat d'étalonnage. Comment trouvez-vous la température vraie correspondante?
Interpolation de la valeur de température observée
20,00 °C (A inf.) | 20,20 °C (B inf.) |
26,50 °C (A int.) | B int. |
30,00 °C (A sup.) | 30,25 °C (B sup.) |
Quelle est la température vraie pour une température indiquée de 26,5 °C?
Bint. = [(30,25 − 20,20) (26,50 − 20,0)] ÷ (30,00 − 20,00) + 20,20
Bint. = [(10,05)(6,50) ÷ 10,00] + 20,20
Bint. = [65,325 ÷ 10,00] + 20,20
Bint. = [6,5325] + 20,20
Bint. = 26,7325 Bint.. 26,73 °C
Cette formule est utile pour établir une feuille de calcul ou un petit programme sur un portable, un calculateur programmable ou un PDA. Si l'interpolation doit être faite à la main, l'explication simplifiée suivante est très claire.
En utilisant une approche simplifiée :
Figure 1
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Description de la figure 1
Extrapolation linéaire
L'une ou l'autre de ces deux approches peut être utilisée pour l'extrapolation linéaire (trouver une valeur inférieure ou supérieure à celles contenues dans un ensemble de données), mais il y a lieu de se rappeler qu'il faut absolument s'assurer que la valeur extrapolée est représentative et valide. L'extrapolation ne doit pas être utilisée pour des valeurs d'étalonnage à moins d'obtenir l'autorisation du spécialiste régional en gravimétrie.
Révision
Document original
https://www.ic.gc.ca/eic/site/mc-mc.nsf/fra/lm04436.html
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Prévoir les valeurs d'une série
Applicable à : Excel 2007
IMPORTANT : Cet article a été traduit automatiquement, voir l’avertissement. Vous pouvez consulter la version en anglais de cet article ici.
Si vous voulez prévoir les dépenses de l'année prochaine ou extrapoler les résultats attendus d'une expérience scientifique, vous pouvez utiliser Microsoft Office Excel pour créer automatiquement des valeurs d'après des données existantes ou d'après des calculs de tendance linéaire ou géométrique.
Vous pouvez remplir une série de valeurs correspondant à une tendance linéaire simple ou à une tendance géométrique exponentielle à l’aide de la poignée de recopie ou la commande série. Pour étendre des données complexes et non linéaires, vous pouvez utiliser les fonctions de feuille de calcul ou l’outil analyse de régression dans l’Analysis ToolPak Add-in.
Que voulez-vous faire ?
Remplir automatiquement une série pour une tendance linéaire la plus exacte possible
Remplir automatiquement une série pour une tendance géométrique
Remplir manuellement des valeurs à tendance linéaire ou géométrique
Calcul des tendances par l'ajout d'une courbe de tendance à un graphique
Prévoir des valeurs à l'aide d'une fonction de feuille de calcul
Exécution d'une analyse de régression à l'aide de la macro complémentaire Utilitaire d'analyse
Remplir automatiquement une série pour une tendance linéaire la plus exacte possible
Dans une série linéaire, la valeur du pas, ou la différence entre la première et la deuxième valeur de la série, est ajoutée à la valeur de départ, puis à chaque valeur successive.
Sélection initiale | Série linéaire étendue |
1, 2 | 3, 4, 5 |
1, 3 | 5, 7, 9 |
100, 95 | 90, 85 |
Pour une série pour une tendance linéaire la plus exacte possible, effectuez une des actions suivantes :
- Sélectionnez au moins deux cellules contenant les valeurs de départ pour la tendance.Si vous souhaitez augmenter la précision de la série de tendance, sélectionnez des valeurs de départ supplémentaires.
- Faites glisser la poignée de recopie dans la direction voulue pour remplir les cellules de valeurs croissantes ou décroissantes.Si, par exemple, les valeurs de départ sélectionnées dans les cellules C1:E1 sont 3, 5 et 8, faites glisser la poignée de recopie vers la droite pour remplir les cellules de valeurs croissantes ou vers la gauche pour les remplir de valeurs décroissantes.
CONSEIL : Pour contrôler manuellement la manière dont la série est créée ou pour la remplir à l'aide du clavier, utilisez la commande Série (ongletAccueil, groupe Edition, bouton Remplissage).
Remplir automatiquement une série pour une tendance géométrique
Dans une série géométrique, la valeur de départ est multipliée par la valeur du pas pour obtenir la valeur suivante de la série. Le produit résultant et chaque produit successif sont ensuite multipliés par la valeur du pas.
Sélection initiale | Série géométrique étendue |
1, 2 | 4, 8, 16 |
1, 3 | 9, 27, 81 |
2, 3 | 4.5, 6.75, 10.125 |
Pour remplir une série pour une tendance géométrique, effectuez une des actions suivantes :
- Sélectionnez au moins deux cellules contenant les valeurs de départ pour la tendance.Si vous souhaitez augmenter la précision de la série de tendance, sélectionnez des valeurs de départ supplémentaires.
- Maintenez le bouton droit de la souris enfoncé, faites glisser la poignée de recopie dans la direction voulue pour remplir les cellules de valeurs croissantes ou décroissantes, relâchez le bouton de la souris, puis cliquez sur Tendance géométrique dans le menu contextuel.
Si, par exemple, les valeurs de départ sélectionnées dans les cellules C1:E1 sont 3, 5 et 8, faites glisser la poignée de recopie vers la droite pour remplir les cellules de valeurs croissantes ou vers la gauche pour les remplir de valeurs décroissantes.
CONSEIL : Pour contrôler manuellement la manière dont la série est créée ou pour la remplir à l'aide du clavier, utilisez la commande Série (ongletAccueil, groupe Edition, bouton Remplissage).
Remplir manuellement des valeurs à tendance linéaire ou géométrique
Lorsque vous cliquez sur la commande Série, vous pouvez contrôler manuellement la création d'une tendance linéaire ou géométrique et utiliser ensuite le clavier pour entrer les valeurs.
- Dans une série linéaire, les valeurs de départ sont appliquées à l'algorithme des moindres carrés (y=mx+b) pour générer la série.
- Dans une série géométrique, les valeurs de départ sont appliquées à l'algorithme de courbe exponentielle (y=b*m^x) pour générer la série.
Dans les deux cas, la valeur du pas est ignorée. La série créée est équivalente aux valeurs renvoyées par la fonction TENDANCE ou la fonction GEOMETRIQUE.
Pour remplir les valeurs manuellement, effectuez une des actions suivantes :
- Sélectionnez la cellule à partir de laquelle vous souhaitez commencer la série. Cette cellule doit contenir la première valeur de la série.Lorsque vous cliquez sur la commande Série, la série qui en résulte remplace les valeurs d'origine sélectionnées. Pour enregistrer les valeurs d'origine, copiez-les dans une autre ligne ou colonne, puis créez les séries en sélectionnant les valeurs copiées.
- Dans l’onglet Accueil, dans le groupe Modification, cliquez sur Recopier, puis sur Série.
- Effectuez l’une des opérations suivantes :
- Pour recopier la série dans le bas de la feuille de calcul, cliquez sur Colonnes.
- Pour recopier la série sur la largeur de la feuille de calcul, cliquez sur Lignes.
Dans la zone Valeur du pas, entrez la valeur d'incrémentation de la série.
Type de série | Valeur du pas résultante |
Linéaire | La valeur du pas est ajoutée à la première valeur de départ, puis à chaque valeur suivante. |
Géométrique | La première valeur est multipliée par la valeur du pas pour obtenir la valeur suivante de la série. Le produit résultant et chaque produit successif sont ensuite multipliés par la valeur du pas |
- Sous Type, cliquez sur Linéaire ou Géométrique.
- Dans le champ Dernière valeur, entrez la valeur où vous voulez arrêter la série.
REMARQUE : Si la série contient plusieurs valeurs de départ et si vous souhaitez qu'Excel génère la tendance, activez la case à cocher Tendance.
Calcul des tendances par l'ajout d'une courbe de tendance à un graphique
Lorsque vous voulez effectuer une prévision sur des données existantes, vous pouvez créer une courbe de tendance dans un graphique. Par exemple, si un graphique Excel illustre les données des ventes des premiers mois de l’année, vous pouvez y ajouter une courbe de tendance qui montre la tendance générale des ventes (croissante, décroissante ou stationnaire) ou la tendance prévue pour les mois à venir.
Cette procédure suppose que vous avez déjà créé un graphique à partir de données existantes. Si ce n'est pas le cas, consultez la rubrique Créer un graphique.
- Cliquez sur le graphique.
- Cliquez sur la série de données à laquelle vous voulez ajouter une courbe de tendance ou une moyenne mobile.
- Sous l’onglet disposition, dans le groupe analyse, cliquez sur courbe de tendance, puis cliquez sur le type de courbe de tendance de régression ou de moyenne mobile que vous voulez.
- Pour définir des options et mettre en forme la courbe de tendance de régression ou de moyenne mobile, cliquez avec le bouton droit sur la tendance, puis sur Format de courbe de tendance dans le menu contextuel.
- Sélectionnez les options de courbe de tendance, les lignes et les effets voulus.
- Si vous avez sélectionné Polynomiale, tapez dans la zone Ordre la puissance la plus élevée pour la variable indépendante.
- Si vous avez sélectionné Moyenne mobile, tapez dans la zone Période le nombre de périodes à utiliser pour calculer la moyenne mobile.
REMARQUE :
- La zone Série de base répertorie toutes les séries de données du graphique qui prennent en charge les courbes de tendance. Pour ajouter une courbe de tendance à une autre série, cliquez dans la zone de liste sur le nom correspondant, puis sélectionnez les options souhaitées.
- Si vous ajoutez une moyenne mobile à un graphique en nuages de points, elle est basée sur l'ordre des valeurs X tracées dans le graphique. Pour obtenir le résultat souhaité, il peut être nécessaire de trier les valeurs X avant d'ajouter une moyenne mobile.
Prévoir des valeurs à l'aide d'une fonction de feuille de calcul
Utilisation de la fonction PREVISION La fonction PREVISION calcule ou prévoit une valeur capitalisée à partir de valeurs existantes. La valeur prévue est une valeur x pour une valeur y donnée. Les valeurs connues sont des valeurs x et y existantes, et la nouvelle valeur prévue est calculée par la méthode de régression linéaire. Vous pouvez utiliser cette fonction pour établir des prévisions de ventes, des besoins en stock et des tendances de consommation.
Utilisation de la fonction TENDANCE ou CROISSANCE Les fonctions TENDANCE et CROISSANCE permettent d’extrapoler les valeurs y futures en prolongeant une droite ou une courbe exponentielle qui décrit le plus précisément possible les données existantes. Ces fonctions permettent aussi d’obtenir uniquement les valeurs y à partir des valeurs x connues pour la ligne ou courbe ajustée. Pour tracer une ligne ou une courbe décrivant les données existantes, utilisez les valeurs x et y existantes renvoyées par la fonction TENDANCE ou CROISSANCE.
Utilisation de la fonction DROITEREG ou LOGREG Vous pouvez utiliser les fonctions DROITEREG ou LOGREG pour calculer une droite ou une courbe exponentielle à partir de données existantes. Les fonctions DROITEREG et LOGREG renvoient diverses statistiques de régression, y compris la pente et l’intersection de la droite ajustée.
Le tableau suivant contient des liens offrant plus d'informations sur ces fonctions des feuilles de calcul.
Fonction | Description |
PREVISION | Prévoir des valeurs |
TENDANCE | Prévoit les valeurs correspondant à une droite de tendance. |
CROISSANCE | Prévoit les valeurs correspondant à une courbe exponentielle. |
DROITEREG | Calcule une droite à partir de données existantes. |
LOGREG | Calcule une courbe exponentielle à partir de données existantes. |
Exécution d'une analyse de régression à l'aide de la macro complémentaire Utilitaire d'analyse
Lorsque vous avez besoin effectuer une analyse de régression plus complexe, y compris le calcul et le traçage de résidus, vous pouvez utiliser l’outil d’analyse de régression dans l’Analysis ToolPak Add-in.
- Dans le menu compléments, dans le groupe Commandes de Menu, cliquez sur Analyse de données.Si l'onglet Compléments ou la commande Analyse des données n'est pas disponible, chargez l'Utilitaire d'analyse.Pour charger l'Utilitaire d'analyse.
- Cliquez sur le bouton Microsoft Office , sur Options Excel, puis sur la catégorie Compléments.
- Dans la liste Gérer, sélectionnez Compléments Excel, puis cliquez sur OK.
- Dans la liste Macros complémentaires disponibles, activez la case à cocher Utilitaire d'analyse, puis cliquez sur OK.
- Si nécessaire, suivez les instructions du programme d'installation.
Dans la boîte de dialogue Analyse des données, sélectionnez le nom de l'outil d'analyse à utiliser, puis cliquez sur OK.
Dans la boîte de dialogue de l'outil sélectionné, sélectionnez les options d'analyse.
Vous pouvez cliquer sur le bouton Aide de la boîte de dialogue pour obtenir des informations supplémentaires sur les options.
https://support.office.com/fr-fr/article/Pr%C3%A9voir-les-valeurs-d-une-s%C3%A9rie-5311f5cf-149e-4d06-81dd-5aaad87e5400
Dernière édition par Iamsosure le Lun 19 Sep 2016 - 20:03, édité 1 fois
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
Rencontres sur internet : le degré 2.0 de l'amour ?
Anne-Claire Thérizols
Article modifié le 24/08/2016
Les sites de rencontres et autres réseaux sociaux démultiplient les possibilités de tester son pouvoir de séduction et promettent le grand amour sur-mesure. Un remède contre la violence de la solitude, ou une fenêtre ouverte sur de dangereux mirages ?
E n février dernier, paraissaient en Une du Parisien, les résultats d’un sondage BVA avec un titre ronflant : « Le triomphe de l’amour.com ». Selon ce sondage, réalisé par téléphone sur un échantillon de 1 007 personnes de 18 ans et plus, 57 % des Français pensent que les sites de rencontres et applis sont « des lieux de rencontres comme les autres ». Un témoin ayant trouvé l’amour par ce biais dès la première rencontre arborait en pleine page un sourire radieux près de son compagnon. Poids des mots, choc des photos, la légende disait : « Les applis n’enlèvent rien à la magie de la rencontre ». Concomitamment, l’INED, Institut national d’études démographiques, publiait les résultats de l’enquête EPIC (Étude des parcours individuels et conjugaux) (1) qui avait interrogé 7 825 Français âgés de 26 à 65 ans sur leurs relations amoureuses importantes. On y découvrait entre autres que, si les sites de rencontres attirent un public nombreux, moins de 9 % des personnes ayant rencontré leur partenaire actuel entre 2005 et 2013 l’avaient connu par ce biais, les sites ne venant qu’en 5e position dans le palmarès des contextes de rencontre. Parallèlement, moi-même, célibataire depuis quelques mois après une rupture douloureuse et réfractaire à l’idée de chercher l’amour comme on commanderait une pizza, avais cédé à la pression amicale que tous les célibataires de l’ère 2.0 connaissent : « Inscris-toi sur un site de rencontres, c’est un passage obligé. J’ai une collègue qui a rencontré son mari comme ça. De toute façon, tu n’as rien à perdre ». Soit. Je décidai donc de tenter le coup : après tout, c’est inoffensif, un écran. Deux mois et pas mal de rencontres virtuelles plus tard, je n’ai pas rencontré l’amour. J’ai, en revanche, pu goûter à la puissance de l’imaginaire. Oui, on peut avoir toute sa raison et se laisser séduire par quelqu’un que l’on n’a jamais rencontré, oui, on peut se sentir trahi, abandonné, éprouver du chagrin, de la colère et même, n’ayons pas peur des mots, une forme de désespoir quand cet autre idéalisé que l’on n’a jamais vu nous « quitte » pour aller chatter avec d’autres profils.
L’écran miroir aux alouettes
Plus jamais seul ou plus seul que jamais ? Les témoignages sont pléthoriques sur les ravages des amours virtuelles.
Saverio Tomasella, psychanalyste, chercheur en psychologie clinique et auteur de nombreux ouvrages sur les relations amoureuses (2), explique ce phénomène : « Derrière un écran, un jeu de miroir – aux alouettes – se met en place. Plus ou moins consciemment, on imagine ce que l’on veut et on prête à l’autre des émotions, intentions à notre égard qu’il n’a pas forcément parce que l’on attend d’exister pour quelqu’un, dans son regard, dans sa pensée et dans son désir. Le processus d’idéalisation inhérent à toute relation amoureuse est intensifié et surtout désincarné. Dans la vie réelle, l’idéalisation s’appuie sur des qualités tangibles de la personne. Elle consiste à se focaliser sur ce qui nous plaît, ce qui semble prometteur. Il y a un début de partage de réalité. En revanche, sur Internet, comme il n’y a pas d’élément réel pour confirmer ou infirmer nos attentes, l’idéalisation se nourrit uniquement de fantasmes. On peut facilement se mettre à croire en la réalité d’un amour et, d’un point de vue psychique, on est à un fil du même vécu. C’est en tout cas la même mobilisation affective derrière un écran que dans le réel. Ce qui fait que lorsque la relation s’arrête, on vit tous les affres et les effondrements de la rupture. » Il atteste que le virtuel touche au cœur de notre inconscient et que, comme nous sommes tous fragiles, il y a bien un moment où, suite à une rupture amoureuse difficile ou après un trop grand moment de solitude, l’illusion que l’autre est à un clic de souris de soi fait basculer beaucoup de gens, même des personnes équilibrées. Sont-elles si hypnotisées par un besoin d’amour ?
Le journaliste et auteur Stéphane Rose, auteur de Misere-sexuelle.com, le livre noir des sites de rencontres (éditions La Musardine, 2013), a mené l’enquête et lui aussi testé ces sites.
Il y voit une extension en réalité augmentée des bouleversements du rapport amoureux propres à notre époque : « Les relations virtuelles corroborent tout en les accélérant certaines mutations inquiétantes du couple contemporain, infidélité, parano, flicage, dépendance à l’amour ou au sexe, liberté individuelle placée avant l’intérêt du couple (…). Cette faune virtuelle nous dit plein de choses intéressantes sur notre époque. Certes, on peut rester un temps bref sur un site de rencontres, trouver son amoureux ou son amoureuse. Beaucoup n’ont justement pas l’envie (la capacité) de se désinscrire. Séduits par les possibilités infinies des sites de rencontres, ils finissent par se laisser happer par une nouvelle façon de considérer les relations amoureuses et/ou sexuelles, une façon plus impatiente, consumériste, addictive, hystérique et, osons le dire, névrotique, qui modifie en profondeur leur relation au sexe opposé ».
L’amour aux enchères
Quand on cherche l’amour sur internet, on trie, on sélectionne l’homme, la femme idéale qui devrait peser tel poids, avoir les yeux de telle couleur, exercer tel ou tel métier, les revenus qui vont avec bien sûr et surtout avoir les mêmes centres d’intérêt. Les sites font d’ailleurs de savants croisements de données pour proposer, exprimés en pourcentages, des profils en affinité avec le nôtre. En théorie, c’est merveilleux. En pratique, c’est très différent.
« On exclut l’inconscient, tout ce que l’on ne maîtrise pas mais aussi la dynamique évolutive de chaque être humain, commente Saverio Tomasella. De fait, c’est un appauvrissement de la personne et de la relation. Une rencontre amoureuse réelle prend du temps et se nourrit d’une très grande complexité de facteurs. Les sites de rencontres, qui ont une vraie puissance de frappe, font croire, dans une exploitation mercantile de la solitude, que grâce à des critères de plus en plus raffinés, vous allez rencontrer la personne idéale qui vous corresponde parfaitement. Ça n’a pas de sens. Le vrai problème, c’est l’atomisation de la société. En bref, les sites de rencontres s’engraissent sur le dos de la misère affective. C’est cynique et sinistre. ».
Mais alors, l’amour virtuel serait aussi sans issue alors qu’il reste le seul espoir des solitaires ? N’est-il pas tout de même une aide, une forme d’espoir pour ceux que la vie amoureuse laisse de côté ?
Cela dépend sans doute de ce qu’on vient y chercher. Celles et ceux qui y surnagent sont plutôt ceux qui cherchent des rencontres éphémères, pas LA rencontre… Et se laissent parfois surprendre par l’amour mais se comportent le plus souvent comme des prédateurs qui multiplient les conquêtes, soupèsent, comparent et passent à autre chose dès qu’une proie plus facile, plus attirante se présente ou dès que l’autre ose exprimer des penchants, des aspirations qui n’entrent pas dans leurs fameux critères. Derrière un écran, on n’est personne, ou l’on est qui l’on veut. Pas de regards, pas de postures, pas d’intonations, pas de mouvements du corps pour parler de nous ou nous trahir. On peut tour à tour séduire et quitter, flatter et insulter… et disparaître sans laisser d’adresse.
Saverio Tomasella insiste sur la dangerosité de cet autre qui avance masqué : « Les marchands d’amour sur internet ont aussi fait croire qu’il n’y avait plus de scrupules, de honte, de réserve à avoir. Il y a du coup une tendance au développement de la perversion, c’est-à-dire à la désinhibition et à l’exclusion de tout principe éthique qui fait que les personnes un peu fragiles, et il y en a beaucoup, se sentent autorisées à faire et à dire tout et n’importe quoi, à tenir des propos très dégradants, très choquants, alors qu’elles n’auraient jamais osé le faire dans la vraie vie. Ça flatte le moins beau de l’être humain. C’est la porte ouverte à toutes les lâchetés et à toutes les détresses pour celui qui en est victime, de l’autre côté de l’écran. »
Mais l’amour dans la vie réelle aussi, ne contient-il pas sa part de mensonge ? « Ça n’est pas comparable, réplique Saverio Tomasella. Dans la rencontre réelle, la valorisation de soi fait partie de l’idéalisation nécessaire et ce que Jung appelait les ‘‘projections positives’’ sont indispensables pour que la relation puisse se développer et que deux personnes puissent faire alliance, se lier autour d’une promesse pour avancer ensemble. Ceux qui mentent sur Internet sont les mêmes qui mentent dans la vie mais ces moyens virtuels leur permettent de décupler leur volonté de tromper et de jouir sans entraves et sans engagement, même moral. »
Une fenêtre d’espoir ?
Internet serait donc un outil potentiellement dangereux en matière amoureuse. À ce constat, le sociologue Jean-Paul Kauffman, auteur de Sex@mour (2012, Armand Colin) apporte une nuance, soulignant qu’Internet offre une ouverture extraordinaire sur un nouveau monde qui superpose à l’ancien, donnant à tout un chacun une grande facilité de prise de contact.
Jusque-là, c’est positif et c’est une bonne nouvelle pour les timides, les pas confiants, tous ceux qui n’oseraient pas aller vers l’autre dans la réalité. C’est ensuite que les choses se gâtent. Selon le sociologue, si l’on ne sait pas manier cet outil, on part dans un engrenage dont personne ne sort indemne. Les sites eux-mêmes, depuis quelques années, donnent des conseils de prudence et tentent de se dédouaner. Pourtant, leurs slogans, supposant que leurs clients sont« exigeants », « de qualité », « sérieux », « sûrs », sont là pour flatter l’ego de leurs futurs clients : vous êtes quelqu’un de bien, nous n’avons en rayon que des gens bien. Saverio Tomasella s’agace de ces notions qu’il estime vides de sens. Et il remarque à quel point la psychologie des foules et l’analyse du moi de Freud est vraie : du fait de ce qu’il nomme « la propagande du marketing », chacun relaie l’idée fausse que les sites de rencontres seraient désormais incontournables pour rencontrer l’amour. « C’est une forme d’emprise mentale et les faux messages sont relayés par des personnes qui n’ont aucune raison d’y croire ».
Il rappelle enfin, face à la fulgurance des sites qui placent la relation amoureuse dans un autre espace temps, qu’un deuil amoureux prend deux à trois ans et qu’il est non seulement faux mais surtout risqué de faire croire qu’il suffit de multiplier les rencontres pour oublier la personne aimée. « Cela exclut la possibilité de la tristesse, du repli sur soi nécessaire dans le deuil. ».
On l’aura compris : le cœur a ses raisons que la technologie ignore. •
Dernière édition par Iamsosure le Lun 19 Sep 2016 - 20:06, édité 1 fois
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
L'anticipation : les pensées anxieuses
Nous construisons nos pensées anxieuses
On doit se rappeler que notre peur ou nos états de tension sont construits bien avant que nous soyons dans la vraie situation.
Ainsi, si nous devons nous rendre à un endroit quelconque, nous commençons à vivre cette peur; à savoir s'il va y avoir un ascenseur, un tunnel, un pont, etc. Aussi, bien avant de partir, nous avons déjà les premières pensées, qui augmentent notre tension intérieure et plus nous approchons de notre destinée, plus la peur augmente. Donc, nos pensées nous rendent sujet à des réactions phobiques et augmentent par le fait même nos réactions de peur (les phobies deviennent plus fortes).
Nous répétons mentalement nos réactions de peur ou phobiques.
Par exemple, si j'ai à passer une entrevue ou aller en groupe la semaine prochaine, on commence déjà à être tendu et avoir peur bien avant d'être rendu dans la situation réelle. On commence à s'imaginer que nous serons tendus et anxieux durant l'entrevue ou en groupe, que nous allons dire des mauvaises choses ou que l'on va avoir des blancs de mémoire et que nous n'aurons plus rien à dire. Parce qu'en imagination nous répétons ces scènes continuellement (scènes où je vais être tendu, mal à l'aise, stupide), nous devenons alors plus propice à avoir peur. Lorsqu'on se présente à l'entrevue, on fait exactement ce que nous avons répété; on reste assis et l'on devient de plus en plus perturbé et apeuré.
L'anticipation (pensées anxieuses) semble avoir une vie propre, indépendante de la peur elle-même.
Aussi, même lorsque la peur est éliminée de la réaction, il peut y avoir des pensées anxieuses anticipées, qui peuvent continuer et nous amener à éviter la situation. Si nous apprenons à maîtriser nos pensées et nos images mentales, nos réactions anxieuses anticipées diminueront et nous serons dans une meilleure position pour faire face à la situation qui nous effraie. Il y deux (2) façons de faire cela :
L'arrêt des pensées
On s'abstient d'avoir des pensées négatives, désastreuses, néfastes, affreuses.
Changer la pensée
On pratique les pensées de " je vais réussir" plutôt que " je vais avoir un échec", cela jusqu'à ce que les premières deviennent très puissantes et remplacent les pensées anxieuses.
L'arrêt des pensées
Lorsque nous anticipons des situations anxieuses, nos pensées peuvent devenir très persistantes, créatrices. Elles peuvent même produire un effet du genre prédestiné, " je le savais donc. " Bref, à se dire que nous serons anxieux, on le devient une fois dans la situation.
Le but de cette approche est de briser notre habitude d'augmenter notre peur avec des pensées anticipées.
Étape 1
Assoyez-vous confortablement. Amenez à votre champs de conscience une des pensées que vous voulez maîtriser. La plupart des gens ont plusieurs pensées anticipées. Faites surgir cette pensée; le fait de faire surgir cette pensée est une forme de contrôle.
Étape 2
Du moment que cette pensée est présente, brisez-là en vous donnant le commandement suivant : ARRÊT ou STOP . Par la suite, dites " CALME ", relaxez délibérément vos muscles et vos pensées avec des scènes agréables ou des sujets neutres.
Pour que le commandement STOP ou ARRÊT soit effectif, il doit se produire au moins un léger répit (rupture, " break ") de la pensée anxieuse. Si votre commandement ARRÊT-STOP n'est pas effectif, augmentez la diversion. Par exemple, en donnant une tape sur la table ou sur votre cuisse, faites-le assez fort pour ressentir un pincement ou faire un bruit sec. Si cela n'est pas assez fort, placez un élastique autour de votre poignet et tirez-le au moment où vous dites ARRÊT. Vous pouvez aussi imaginer le mot ARRÊT en grosses lettres, où un policier qui lève sa main (en guise d'arrêt) en avant de votre figure.
C'est une bonne idée d'avoir des sujets neutres ou agréables (paysages) avant de faire cet exercice.
Étape 3
Durant chaque auto-entraînement, répétez la procédure : pensée - arrêt - calme - muscles détendus - relaxation - diversion de la pensée - refaites le cinq fois. Ce processus prend environ de trente secondes à une minute. Assurez-vous qu'à chaque fois, vous avez un moment de rupture (break) de la pensée anticipée. Le nombre de sessions (auto-entraînement) dépend de l'intensité anticipée. Il y a des fois où vous pourrez amener ces pensées sous contrôle après une session et à d'autres occasions il faudra s'entraîner pendant plusieurs semaines.
Étape 4
Vous devez utiliser cette méthode dans toutes les situations de vie où apparaissaient des pensées anxieuses anticipées. En utilisant l'arrêt des pensées, il y a deux règles à suivre, soit du moment que et à chaque fois.
Du moment que ...
une pensée anxieuse anticipée surgit, passer à la routine : arrêt, dites " calme ", relaxez et pensez à quelque chose de plaisant. Si vous laissez la chance à la pensée anticipée de prendre son envol, ceci devient plus difficile de la contrôler. Si la pensée revient à chaque deux seconde, deux minutes ou deux heures du moment que, répétez la procédure.
À chaque fois ...
que vous êtes conscient que vous avez ces pensées, arrêtez-les. De cette façon, vous pratiquez l'habitude de cesser ces pensées et de relaxer, plutôt que de pratiquer l'habitude d'augmenter vos tentions et votre anxiété. Avec de la pratique, votre contrôle va augmenter.
Changer la pensée
Une autre façon de briser notre habitude d'entretenir nos réactions phobiques est de créer d'autres habitudes plus fortes et plus positives, qui vont remplacer les premières. L'habitude que nous tenterons d'atteindre c'est de nous apprendre à ne pas avoir peur. Avec la technique de changer nos pensées, on n'essaie pas d'arrêter nos pensées anxieuses anticipées comme dans l'arrêt de la pensée. De fait, nous déterminons une série de contre-pensées et délibérément nous renforçons ces pensées pour qu'elles deviennent plus fortes et remplacent les pensées anxieuses.
Le but de cette technique est de remplacer notre auto-apprentissage de la peur pas l'auto-apprentissage de la compétence, "d'être capable de".
Étape 1
Amenez à votre conscience les pensées anxieuses reliées à votre peur, sur lesquelles vous travaillez présentement. Faites une liste de toutes les instructions que vous voulez vous donner dans votre contrôle de votre peur.
Par exemple : Si en prenant l'ascenseur, je me dis :
- qu'il va m'arriver quelque chose de terrible
- je dois monter avec quelqu'un ou je cherche quelqu'un pour monter avec moi
- je vais surveiller s'il n'y aurais pas un escalier au cas où je reste pris en haut
- je vais faire attention à tous les bruits étrangers ou vibrations et penser que quelque chose de mauvais va se produire
- etc.
Étape 2
Pour chacune des pensées (ci-haut) que je me donne, je les remplace par une liste où je peux y faire face. Mon but est de changer ces habitudes de pensées par d'autres que je vais pouvoir assumer ou surmonter lorsqu'elles se présenteront.
Aussi, je les remplace par:
- Si je pense aux choses terribles qui peuvent m'arriver dans l'ascenseur, je vais me dire qu'il existe très peu de chance que quelque chose de terrible puisse m'arriver.
- Ceci ne fait rien si il y a quelqu'un ou non avec moi dans l'ascenseur.
- Si je regarde pour un escalier, je vais me dire que même si je suis nerveux pour redescendre en ascenseur, je vais être capable de le faire.
- Si j'entends des bruits étranges, je vais me dire que même s'il y a quelque chose qui va mal, ceci ne sera, au pire, que de légers inconvénients.
Étape 3
Placez ces nouvelles pensées que vous avez travaillées, sur des cartes séparées. L'ordre importe peu. Gardez ces cartes avec vous ou placez-les dans un endroit accessible; près du téléphone, table de nuit, dans votre sac à main, etc.
Étape 4
Identifiez une série de gestes (agréables) que vous faites fréquemment: boire un café, liqueur, changer la télévision de poste, laver les mains, se peigner, faire un téléphone, etc. À chaque fois, juste avant que de faire ce geste, prenez une carte, lisez-la attentivement et répétez-vous les nouvelles instructions (pensées positives). Après, prenez votre première gorgée de café, changez la télé de poste, etc. Une autre façon, c'est de lire les nouvelles instructions avant de faire quelque chose qui va être plaisant ou vous faire plaisir - lire une lettre, manger du gâteau, etc.
Étape 5
Lorsque vous êtes dans la vraie situation, répétez délibérément les nouvelles instructions (pensées) et essayez de les suivre. Il peut s'écouler plusieurs semaines avant que vos pensées anxieuses anticipées changent, mais elles devraient changer et votre anxiété diminuer.
Étape 6
Après avoir utilisé ces auto-instructions pendant quelques temps, vous pouvez penser à de meilleures phrases. N'hésitez pas à les remplacer, mais ne les changez pas trop souvent.
http://www.deploie-tes-ailes.org/doc/anticipation.php
Dernière édition par Iamsosure le Lun 19 Sep 2016 - 20:08, édité 1 fois
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
LE SOUCI, SYMPTÔME CENTRAL DU TAG "État de l'esprit qui est absorbé par un objet et que cette préoccupation inquiète ou trouble jusqu'à la souffrance morale." (Le Robert)
http://christopheandre.com/trouble_anxieux_2009.pdf
http://christopheandre.com/trouble_anxieux_2009.pdf
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
Par delà la douleur et la souffrance : le paradoxe créatif
Communication aux troisièmes Transversales de Vaison-la-Romaine
Douleur, souffrance et hypnose. Empreintes et chemins. 25-27 mai 2006
Docteur Irène Bouaziz
Douleur, souffrance et hypnose. Empreintes et chemins. 25-27 mai 2006
Docteur Irène Bouaziz
«S’il est un domaine où l’on n’ose rarement s’aventurer avec le paradoxe, c’est bien celui de la souffrance et de la douleur. Plus qu’ailleurs, la crainte de faire du mal tend à pousser le thérapeute dans la voie du réconfort, de la réassurance. Pourtant, aussi difficile cela puisse-t-il être, le paradoxe est un moyen précieux pour rejoindre le patient dans sa souffrance et lui offrir des opportunités de soulagement inédites.»
Ce jour là, la souffrance incarnée est entrée dans mon bureau : faciès tragique, corps ratatiné et tremblant, parole difficile.
Immédiatement le diagnostic de mélancolie me vient à l’esprit.
Un diagnostic…à moi qui depuis des années ne les utilise plus que pour remplir des certificats.
Immédiatement le diagnostic de mélancolie me vient à l’esprit.
Un diagnostic…à moi qui depuis des années ne les utilise plus que pour remplir des certificats.
Faire face à tant de souffrance est insupportable et le formatage de mes études reprend le dessus : prendre du recul en posant un diagnostic d’une part et en raisonnant en termes de « conduite à tenir » d’autre part.
En l’occurrence : une hospitalisation en urgence
En l’occurrence : une hospitalisation en urgence
Voir les choses autrement me demande un effort : me souvenir que je ne fonctionne plus comme ça, regarder l’être humain, même terriblement souffrant, qui se trouve devant moi et non pas le cas clinique…
Cette femme est bien venue jusqu’à moi toute seule, sur ses deux jambes, elle survit bien à la terrible souffrance de la mort de sa fille, survenue il y a 5 ans, me dit la lettre du confrère qui me l’adresse, elle travaille même.
Bien la regarder, même s’il est difficile de regarder la souffrance de l’autre en face, plus encore, me rendre disponible à tout ce qui émane d’elle, même si cela peut être douloureux, afin de me représenter ce qu’elle vit.
Cette femme est bien venue jusqu’à moi toute seule, sur ses deux jambes, elle survit bien à la terrible souffrance de la mort de sa fille, survenue il y a 5 ans, me dit la lettre du confrère qui me l’adresse, elle travaille même.
Bien la regarder, même s’il est difficile de regarder la souffrance de l’autre en face, plus encore, me rendre disponible à tout ce qui émane d’elle, même si cela peut être douloureux, afin de me représenter ce qu’elle vit.
Ce n’est que de cette position là que peut venir une aide juste.
Et voilà : une partie de moi s’installe dans cette souffrance avec elle, pendant qu’une autre la regarde avec une certaine admiration : une femme extraordinaire, je ne sais pas encore pourquoi, mais je le pressens…
Me voilà apaisée, je suis dans la bonne posture pour l’écouter.
Me voilà apaisée, je suis dans la bonne posture pour l’écouter.
Michèle a consacré beaucoup de temps et d’énergie, pendant plusieurs années, à son enfant leucémique. Les hospitalisations, les traitements, la peur au quotidien, les rémissions, les rechutes…et puis sa fille a guéri, est devenue une pré adolescente désireuse de vivre comme les autres enfants. Toujours terriblement inquiète pour elle, Michèle la protégeait, la surprotégeait disaient les médecins, les amis…
Le jour où elle s’est rendue à leurs arguments et l’a laissée aller se promener avec sa sœur aînée, un accident bête, comme il en arrive parfois, une mauvaise chute et l’enfant meurt.
Le jour où elle s’est rendue à leurs arguments et l’a laissée aller se promener avec sa sœur aînée, un accident bête, comme il en arrive parfois, une mauvaise chute et l’enfant meurt.
Michèle travaille avec des enfants, elle n’a pas voulu se montrer égoïste, elle ne s’est autorisée qu’un mois d’absence et elle a repris son travail à mi-temps ; elle a poursuivi, plus intensivement quatre ans durant, le travail analytique entrepris au début de la maladie de sa fille…
Elle a fait le tour de la question, comme elle dit, elle a compris que la perte de sa fille réactivait sa culpabilité d’exister.
Elle n’a pas supporté les antidépresseurs qui lui ont été prescrits.
Cinq ans après, elle n’a pas retrouvé le goût de vivre. Et ses amis, ses médecins, s’étonnent, s’inquiètent… Tout le monde lui dit que le temps du deuil devrait être terminé…elle se rend trop souvent au cimetière, sa vie sociale est réduite à l’extrême et elle parle sans cesse de son sentiment de culpabilité…si seulement elle n’avait pas laissé sa fille sortir sans elle…
C’est l’un des anciens médecins de sa fille qui, comptant sur l’efficacité d’une nouvelle méthode, la thérapie brève, lui conseille de consulter de nouveau.
Elle a fait le tour de la question, comme elle dit, elle a compris que la perte de sa fille réactivait sa culpabilité d’exister.
Elle n’a pas supporté les antidépresseurs qui lui ont été prescrits.
Cinq ans après, elle n’a pas retrouvé le goût de vivre. Et ses amis, ses médecins, s’étonnent, s’inquiètent… Tout le monde lui dit que le temps du deuil devrait être terminé…elle se rend trop souvent au cimetière, sa vie sociale est réduite à l’extrême et elle parle sans cesse de son sentiment de culpabilité…si seulement elle n’avait pas laissé sa fille sortir sans elle…
C’est l’un des anciens médecins de sa fille qui, comptant sur l’efficacité d’une nouvelle méthode, la thérapie brève, lui conseille de consulter de nouveau.
Michèle n’y croit pas trop ; en fait, elle n’imagine pas sortir de la dépression, la seule chose qui l’ennuie, c’est de manquer d’énergie au travail et d’avoir des problèmes de mémoire. Elle doit vraiment se forcer pour faire son mi-temps et elle ne trouve pas cela juste pour les enfants dont elle s’occupe ni pour ses collègues.
Oui, si une nouvelle méthode pouvait lui redonner un peu de forces… mais elle a déjà fait tant d’années de thérapie…
Oui, si une nouvelle méthode pouvait lui redonner un peu de forces… mais elle a déjà fait tant d’années de thérapie…
Quelle histoire tragique…je me demande si j’aurais pu survivre à ça.
Mais je suis une professionnelle, et qui plus est, une thérapeute qui travaille avec une nouvelle méthode, remarquablement efficace… n’est-ce pas ainsi que le confrère bienveillant m’a présentée à cette patiente ?
Encore un petit effort…pour reprendre la bonne posture : ni psychiatre dégainant son certificat d’hospitalisation, ni femme effondrée comme elle…
Mais je suis une professionnelle, et qui plus est, une thérapeute qui travaille avec une nouvelle méthode, remarquablement efficace… n’est-ce pas ainsi que le confrère bienveillant m’a présentée à cette patiente ?
Encore un petit effort…pour reprendre la bonne posture : ni psychiatre dégainant son certificat d’hospitalisation, ni femme effondrée comme elle…
Première étape : comprendre.
Questionner méticuleusement Michèle sur ce qui est difficile pour elle aujourd’hui, sans me laisser envahir par tout ce que j’ai appris sur la dépression, ni tout ce que j’imagine de ce qu’elle doit vivre.
Pour elle, en dehors de ses problèmes de mémoire et de son manque d’énergie au travail, ce qui est difficile est son inquiétude permanente pour son autre fille, elle craint de se montrer sur protectrice à son égard et de ne pas la laisser vivre sa vie ; elle a déjà fait un énorme effort en la laissant quitter la maison pour faire ses études et doit se retenir de l’appeler sans cesse et de lui reprocher de ne pas venir la voir plus souvent. Quand sa fille part en vacances, elle ne vit plus.
Elle souffre aussi beaucoup de l’attitude de ses amis et de sa famille, qui, après une période de compassion réconfortante, trouvent maintenant que son deuil se prolonge excessivement et ne cessent de la pousser à se soigner plus efficacement et à reprendre une vie normale : ne plus aller aussi souvent au cimetière, sortir, voyager…
Seul son mari, qui ne parle pourtant pas beaucoup de sa propre souffrance, comprend sa façon de réagir et ne lui fait aucun reproche…
Questionner méticuleusement Michèle sur ce qui est difficile pour elle aujourd’hui, sans me laisser envahir par tout ce que j’ai appris sur la dépression, ni tout ce que j’imagine de ce qu’elle doit vivre.
Pour elle, en dehors de ses problèmes de mémoire et de son manque d’énergie au travail, ce qui est difficile est son inquiétude permanente pour son autre fille, elle craint de se montrer sur protectrice à son égard et de ne pas la laisser vivre sa vie ; elle a déjà fait un énorme effort en la laissant quitter la maison pour faire ses études et doit se retenir de l’appeler sans cesse et de lui reprocher de ne pas venir la voir plus souvent. Quand sa fille part en vacances, elle ne vit plus.
Elle souffre aussi beaucoup de l’attitude de ses amis et de sa famille, qui, après une période de compassion réconfortante, trouvent maintenant que son deuil se prolonge excessivement et ne cessent de la pousser à se soigner plus efficacement et à reprendre une vie normale : ne plus aller aussi souvent au cimetière, sortir, voyager…
Seul son mari, qui ne parle pourtant pas beaucoup de sa propre souffrance, comprend sa façon de réagir et ne lui fait aucun reproche…
Deuxième étape : compatir.
Le deuil, voilà une notion qui a des significations bien différentes selon les cultures, mais aussi selon les personnes. Si faire le deuil signifie ne plus être malheureuse d’avoir perdu sa fille, alors il est probable qu’elle ne le fera jamais ; une mère ne peut pas se consoler d’avoir perdu son enfant. Je comprends bien qu’elle ne puisse plus vraiment concevoir de prendre plaisir à la vie…
Et je comprends encore mieux qu’il lui soit coûteux de travailler dans ces conditions.
Le deuil, voilà une notion qui a des significations bien différentes selon les cultures, mais aussi selon les personnes. Si faire le deuil signifie ne plus être malheureuse d’avoir perdu sa fille, alors il est probable qu’elle ne le fera jamais ; une mère ne peut pas se consoler d’avoir perdu son enfant. Je comprends bien qu’elle ne puisse plus vraiment concevoir de prendre plaisir à la vie…
Et je comprends encore mieux qu’il lui soit coûteux de travailler dans ces conditions.
Michèle reste figée, peut-être se détend-elle un tout petit peu face à quelqu’un qui ne cherche pas à la convaincre d’aller mieux.
Michèle est vraiment très mal, tellement noyée dans sa douleur que je ne suis pas certaine qu’elle perçoive réellement mes propos.
Mais, malgré mes doutes, je sens que je dois continuer, même si j’en arrive à la phase difficile du paradoxe.
Michèle est vraiment très mal, tellement noyée dans sa douleur que je ne suis pas certaine qu’elle perçoive réellement mes propos.
Mais, malgré mes doutes, je sens que je dois continuer, même si j’en arrive à la phase difficile du paradoxe.
Troisième étape : douter.
Lui dire que oui, j’entends bien qu’elle n’imagine pas sortir de la dépression et que, quand on vit ce qu’elle vit, tout acte, aussi anodin soit-il, ne peut être que source de fatigue.
Lui dire que, même si je travaille avec une technique très différente de celle à laquelle elle a eu recours jusqu’à présent, avec ce qu’elle a vécu, peut-être ne peut-elle pas espérer être mieux.
« Pensez-vous vraiment que cela pourrait être autrement pour vous ? »
Lui dire que oui, j’entends bien qu’elle n’imagine pas sortir de la dépression et que, quand on vit ce qu’elle vit, tout acte, aussi anodin soit-il, ne peut être que source de fatigue.
Lui dire que, même si je travaille avec une technique très différente de celle à laquelle elle a eu recours jusqu’à présent, avec ce qu’elle a vécu, peut-être ne peut-elle pas espérer être mieux.
« Pensez-vous vraiment que cela pourrait être autrement pour vous ? »
A ma grande surprise, alors que j’étais si mal à l’aise de tenir un discours aussi pessimiste, Michèle semble se montrer un peu plus présente.
« Non, répond-elle, je n’imagine pas que cela pourrait être autrement. »
Mais, d’un autre côté, explique-t-elle, elle a très peur que la dégradation de son état ne lui permette plus de travailler. Et puis il y a toute cette pression autour d’elle des gens qui lui disent : « la vie est devant toi ». Et puis il y sa fille aînée qui souffre de la voir ainsi.
« Non, répond-elle, je n’imagine pas que cela pourrait être autrement. »
Mais, d’un autre côté, explique-t-elle, elle a très peur que la dégradation de son état ne lui permette plus de travailler. Et puis il y a toute cette pression autour d’elle des gens qui lui disent : « la vie est devant toi ». Et puis il y sa fille aînée qui souffre de la voir ainsi.
Un psychiatre classique trouverait Michèle ambivalente, mais cette appréciation n’aide pas à avancer. Encore un petit effort pour rester dans le paradoxe :
« Mais pourquoi tenez-vous tant à travailler ? »
Michèle explique que c’est la seule chose qu’elle ait à peu près réussi dans sa vie, si elle arrêtait, elle ne serait vraiment plus capable de rien.
Cette petite pointe d’optimisme ne doit pas me faire lâcher le paradoxe :
« Mais en dehors du travail, vous n’êtes plus capable de rien. Dans ce genre de situation, soit on se consume de chagrin, soit on décide de vivre autrement avec sa douleur. Là, il me semble que vous faites un peu des deux. Vous n’êtes plus capable de rien et, en même temps, vous vous épuisez à faire bonne figure.»
« Mais pourquoi tenez-vous tant à travailler ? »
Michèle explique que c’est la seule chose qu’elle ait à peu près réussi dans sa vie, si elle arrêtait, elle ne serait vraiment plus capable de rien.
Cette petite pointe d’optimisme ne doit pas me faire lâcher le paradoxe :
« Mais en dehors du travail, vous n’êtes plus capable de rien. Dans ce genre de situation, soit on se consume de chagrin, soit on décide de vivre autrement avec sa douleur. Là, il me semble que vous faites un peu des deux. Vous n’êtes plus capable de rien et, en même temps, vous vous épuisez à faire bonne figure.»
Je suis un peu ébranlée par ma tirade, comment puis-je dire des choses aussi dures à une femme aussi malheureuse ? Mais que dire d’autre sans tomber dans la réassurance illusoire ? Cela m’a coûté.
Et de nouveau, Michèle, du fond de son désespoir, me surprend en répondant un peu plus fermement encore: « oui, je dois faire un choix. »
Voilà le résumé des deux premières séances, celles qui ont été les plus difficiles pour moi.
La suite s’est déroulée plus tranquillement, je veux dire que je n’ai plus eu de mal à paradoxer.
Il était acquis entre nous que la thérapie n’allait pas sortir Michèle de son chagrin, ni lui faire retrouver une vie normale.
La suite s’est déroulée plus tranquillement, je veux dire que je n’ai plus eu de mal à paradoxer.
Il était acquis entre nous que la thérapie n’allait pas sortir Michèle de son chagrin, ni lui faire retrouver une vie normale.
Il s’agissait simplement de l’aider à vivre ce qu’elle avait choisi de vivre : poursuivre son activité professionnelle dans les meilleures conditions possibles, être une mère disponible et confiante pour sa fille ainée et une épouse capable de soutenir son mari dans les épreuves professionnelles qu’il traversait.
Mon rôle a consisté à adopter une posture témoignant de mon acceptation de sa façon de vivre avec sa douleur et de ma confiance en ses compétences.
Au fil des séances, lorsque l’opportunité s’en présentait, je glissais de petites touches paradoxales.
Un recadrage des cauchemars récurrents sur l’accident de sa fille : « Pour certaines personnes, retrouver les êtes chers disparus dans des rêves, même tragiques, vaut mieux que de ne plus les voir du tout », et Michèle d’approuver : « c’est exactement ça, ça me fait du bien de la revoir, j’avais peur d’oublier sa voix. »
Ou encore, lui proposer, à la quatrième séance, de penser à sa fille et à sa culpabilité toutes les heures en évaluant l’effet que ces pensées avaient sur sa fatigue.
Mon rôle a consisté à adopter une posture témoignant de mon acceptation de sa façon de vivre avec sa douleur et de ma confiance en ses compétences.
Au fil des séances, lorsque l’opportunité s’en présentait, je glissais de petites touches paradoxales.
Un recadrage des cauchemars récurrents sur l’accident de sa fille : « Pour certaines personnes, retrouver les êtes chers disparus dans des rêves, même tragiques, vaut mieux que de ne plus les voir du tout », et Michèle d’approuver : « c’est exactement ça, ça me fait du bien de la revoir, j’avais peur d’oublier sa voix. »
Ou encore, lui proposer, à la quatrième séance, de penser à sa fille et à sa culpabilité toutes les heures en évaluant l’effet que ces pensées avaient sur sa fatigue.
Michèle a été progressivement mieux, c’est à dire que sa présentation s’est faite moins tragique, elle s’est apaisée en acceptant de vivre sa douleur comme elle l’entendait, elle s’est sentie moins fatiguée. La partie de la thérapie concernant cette demande initiale, la fatigue, a duré quatre mois.
Elle s’est organisée, avec son mari, une vie dans laquelle la fille qu’ils ont perdue a sa place tout en laissant de la place pour le reste. Elle va toujours beaucoup au cimetière, passe des journées entières, à certaines périodes, à penser à sa fille, à écrire à son sujet. Elle fait attention à ce qu’elle dit à son entourage pour ne pas s’attirer des remarques d’incompréhension.
Les entretiens ont de plus en plus souvent porté, en dehors de quelques dates anniversaires particulièrement douloureuses, sur les relations avec son aînée et avec les autres membres de sa famille.
Nos rencontres se sont espacées pour cesser au bout de deux ans et demi.
Elle s’est organisée, avec son mari, une vie dans laquelle la fille qu’ils ont perdue a sa place tout en laissant de la place pour le reste. Elle va toujours beaucoup au cimetière, passe des journées entières, à certaines périodes, à penser à sa fille, à écrire à son sujet. Elle fait attention à ce qu’elle dit à son entourage pour ne pas s’attirer des remarques d’incompréhension.
Les entretiens ont de plus en plus souvent porté, en dehors de quelques dates anniversaires particulièrement douloureuses, sur les relations avec son aînée et avec les autres membres de sa famille.
Nos rencontres se sont espacées pour cesser au bout de deux ans et demi.
J’ai revu Michèle trois ans plus tard pour un problème professionnel.
Elle vit aussi bien que possible avec son chagrin et considère qu’elle a retrouvé toutes ses capacités intellectuelles et toute son énergie.
Dans les moments difficiles, il lui arrive de rêver de nouveau à l’accident de sa fille et elle l’accepte bien.
Elle peut même parler avec ironie de la réaction de son nouveau médecin traitant qui lui a suggéré de faire une psychothérapie pour terminer son travail de deuil.
Elle vit aussi bien que possible avec son chagrin et considère qu’elle a retrouvé toutes ses capacités intellectuelles et toute son énergie.
Dans les moments difficiles, il lui arrive de rêver de nouveau à l’accident de sa fille et elle l’accepte bien.
Elle peut même parler avec ironie de la réaction de son nouveau médecin traitant qui lui a suggéré de faire une psychothérapie pour terminer son travail de deuil.
Cette histoire un peu longue campe le décor de mon propos.
Le paradoxe est un outil délicat à manier. Adopter une stratégie thérapeutique paradoxale dans son ensemble est encore plus difficile.
Point n’est besoin de rappeler que pour qu’une intervention soit paradoxale, elle doit prendre place au sein d’une relation thérapeutique de bonne qualité dans laquelle le cadre de la démarche d’aide a été explicitement posé.
C’est à dire qu’il faut être passé par les étapes décrites précédemment : comprendre la souffrance du patient et lui faire savoir qu’on la comprend, compatir à cette souffrance en montrant qu’on considère qu’il est légitime de souffrir de ce dont il souffre. Ce n’est que dans un troisième temps que l’on peut se risquer à introduire le paradoxe.
Qui plus est, le paradoxe nécessite de croire à ce que l’on dit, c’est à dire, par exemple, d’accepter l’idée que les choses pourraient bien ne pas aller mieux.
Il faut donc aussi se départir de la tentation, fréquente quand on se sent démuni, d’utiliser le paradoxe comme un scalpel affûté pour extirper rapidement et radicalement le mal.
Point n’est besoin de rappeler que pour qu’une intervention soit paradoxale, elle doit prendre place au sein d’une relation thérapeutique de bonne qualité dans laquelle le cadre de la démarche d’aide a été explicitement posé.
C’est à dire qu’il faut être passé par les étapes décrites précédemment : comprendre la souffrance du patient et lui faire savoir qu’on la comprend, compatir à cette souffrance en montrant qu’on considère qu’il est légitime de souffrir de ce dont il souffre. Ce n’est que dans un troisième temps que l’on peut se risquer à introduire le paradoxe.
Qui plus est, le paradoxe nécessite de croire à ce que l’on dit, c’est à dire, par exemple, d’accepter l’idée que les choses pourraient bien ne pas aller mieux.
Il faut donc aussi se départir de la tentation, fréquente quand on se sent démuni, d’utiliser le paradoxe comme un scalpel affûté pour extirper rapidement et radicalement le mal.
Et quand il s’agit d’utiliser le paradoxe dans des situations d’extrême souffrance, il peut arriver qu’on se trouve confronté à ses propres limites.
J’ai beaucoup appris de ces situations où le paradoxe m’a été difficile à utiliser.
Parce que cette difficulté, et sans doute le sentiment d’impuissance qu’elle a généré, ont été pour moi l’occasion de découvrir à quel point, lorsqu’on ne se focalise pas sur l’idée que le patient doit aller bien, celui-ci peut faire preuve d’une étonnante créativité pour se construire une autre vie avec sa douleur.
Parce que cette difficulté, et sans doute le sentiment d’impuissance qu’elle a généré, ont été pour moi l’occasion de découvrir à quel point, lorsqu’on ne se focalise pas sur l’idée que le patient doit aller bien, celui-ci peut faire preuve d’une étonnante créativité pour se construire une autre vie avec sa douleur.
Bien sûr, souffrance, douleur, inspirent à tout être doué de compassion, et particulièrement au soignant, un besoin quasi irrépressible de réconforter, rassurer, apaiser.
Heureusement que ce premier mouvement existe, il est à la base de la démarche thérapeutique, il ne se discute pas face à une douleur physique aigue.
Mais dans certains cas de douleurs chroniques ou morales, s’y laisser aller risque d’augmenter la souffrance plus que de la soulager.
Tout d’abord parce que les paroles de réconfort qui viennent spontanément à l’esprit peuvent être perçues par celui qui souffre comme une incompréhension de ce qu’il vit.
Ensuite, parce que face à certaines souffrances, l’idée même de soulagement est tout à fait inconcevable.
Heureusement que ce premier mouvement existe, il est à la base de la démarche thérapeutique, il ne se discute pas face à une douleur physique aigue.
Mais dans certains cas de douleurs chroniques ou morales, s’y laisser aller risque d’augmenter la souffrance plus que de la soulager.
Tout d’abord parce que les paroles de réconfort qui viennent spontanément à l’esprit peuvent être perçues par celui qui souffre comme une incompréhension de ce qu’il vit.
Ensuite, parce que face à certaines souffrances, l’idée même de soulagement est tout à fait inconcevable.
Qu’il s’agisse d’un parent qui vient de perdre un enfant, d’un malade atteint d’une maladie mortelle ou définitivement invalidante ou encore d’un amoureux quitté, certaines grandes souffrances apparaissent comme une perte irrémédiable. Dans ces cas là, pour celui qui souffre, toute parole de réconfort devient, au mieux, dérisoire, et bien souvent, une insupportable sous-estimation de ce qui lui arrive.
Ainsi le thérapeute devrait se sentir alerté lorsqu’une trop vive envie de soulager lui fait prendre la souffrance du patient à bras le corps en proposant telle ou telle technique : antidépresseur, suggestion hypnotique, métaphore, EMDR…
L’histoire qui va suivre, mêlant souffrance physique et morale, a été pour moi un précieux apprentissage de la modestie.
Contrairement à Michèle, Isabelle n’arrive pas seule, ni sur ses deux jambes, dans mon bureau.
Ce sont deux ambulanciers qui l’accompagnent dans son fauteuil roulant, et portent l’encombrante machine à respirer qui lui est indispensable.
Isabelle était une jeune femme joyeuse et sportive lorsque se sont manifestées, à l’âge de 20 ans, les premières dystonies au niveau des pieds. A l’époque, cette maladie était mal connue et ses troubles ont longtemps été qualifiés de psychologiques.
A partir de là, sa vie n’a plus été que souffrance : horribles douleurs de ces crampes qui lui déformaient le corps, incompréhension du corps médical, érysipèles et lymphoedèmes récidivants, handicap physique aggravé au fil des années. Après de multiples arrêts de travail, Isabelle a été mise en invalidité à l’âge de 25 ans et le mal a continué de progresser, touchant les muscles respiratoires, ceux des bras et des jambes. Les articulations de ses chevilles soudées par des arthrodèses, elle bénéficie depuis 6 ans d’injections régulières de toxine botulique dans ses muscles les plus touchés, ce qui la fait vivre entre contracture et paralysie.
Aujourd’hui, à 57 ans, elle réussit tout de même à vivre seule, avec des soins infirmiers et kinésithérapiques quotidiens et une aide ménagère. Elle devrait passer 15 heures par jour sous assistance respiratoire, ce qu’elle ne fait pas afin de rester aussi active que possible. Un fauteuil roulant électrique lui procure une certaine autonomie.
Parce qu’Isabelle est une femme incroyablement volontaire, animée d’une foi à déplacer des montagnes, elle aide autant qu’elle le peut sa mère et sa tante, toutes deux très âgées, ainsi qu’une de ses sœurs, handicapée mentale. Elle rend visite, deux fois par semaine, aux pensionnaires d’une maison de retraite.
Ce sont deux ambulanciers qui l’accompagnent dans son fauteuil roulant, et portent l’encombrante machine à respirer qui lui est indispensable.
Isabelle était une jeune femme joyeuse et sportive lorsque se sont manifestées, à l’âge de 20 ans, les premières dystonies au niveau des pieds. A l’époque, cette maladie était mal connue et ses troubles ont longtemps été qualifiés de psychologiques.
A partir de là, sa vie n’a plus été que souffrance : horribles douleurs de ces crampes qui lui déformaient le corps, incompréhension du corps médical, érysipèles et lymphoedèmes récidivants, handicap physique aggravé au fil des années. Après de multiples arrêts de travail, Isabelle a été mise en invalidité à l’âge de 25 ans et le mal a continué de progresser, touchant les muscles respiratoires, ceux des bras et des jambes. Les articulations de ses chevilles soudées par des arthrodèses, elle bénéficie depuis 6 ans d’injections régulières de toxine botulique dans ses muscles les plus touchés, ce qui la fait vivre entre contracture et paralysie.
Aujourd’hui, à 57 ans, elle réussit tout de même à vivre seule, avec des soins infirmiers et kinésithérapiques quotidiens et une aide ménagère. Elle devrait passer 15 heures par jour sous assistance respiratoire, ce qu’elle ne fait pas afin de rester aussi active que possible. Un fauteuil roulant électrique lui procure une certaine autonomie.
Parce qu’Isabelle est une femme incroyablement volontaire, animée d’une foi à déplacer des montagnes, elle aide autant qu’elle le peut sa mère et sa tante, toutes deux très âgées, ainsi qu’une de ses sœurs, handicapée mentale. Elle rend visite, deux fois par semaine, aux pensionnaires d’une maison de retraite.
Venue me consulter après une hospitalisation particulièrement pénible en service de neurologie pendant 5 mois, Isabelle avait déjà été grandement aidée par l’hypnose pratiquée par une consoeur, quelques années auparavant. Elle avait appris à se réfugier dans une grotte pour échapper à sa réalité trop douloureuse.
Nous avons donc repris le travail entamé.
Isabelle s’installe sur l’un des fauteuils de mon bureau, le corps plus ou moins déformé selon les jours. Sa jambe gauche, la plus tordue, repose en partie sur un autre fauteuil, sa main droite, à distance de l’injection de botuline, est crispée dans une flexion impressionnante. Pendant la séance, elle enlève le masque à oxygène pour pouvoir parler, ce qui provoque rapidement une hypoxie qui accentue sa pâleur et lui donne de sévères maux de tête.
Regarder Isabelle est douloureux. Point n’est besoin de gros efforts d’imagination pour se représenter ce qu’elle endure. Le premier mouvement, naturel quand on dispose d’un outil comme l’hypnose, serait de la soulager en l’accompagnant dans un souvenir agréable.
Et pourtant, comme j’en avais déjà fait l’expérience avec d’autres patients douloureux chroniques, c’est bien de la douleur qu’il faut partir.
C’est bien de la concentration sur cette douleur, de l’absorption dans cette douleur, que viendra peut-être un léger soulagement, même si l’envie est grande de lui suggérer immédiatement de se plonger dans un bain de bien être.
Ainsi, les séances débutent-elles toujours par une phase d’exploration de la douleur, avant de proposer d’attendre que quelque chose de nouveau se passe.
Isabelle considère que l’hypnose a transformé sa vie et tient une sorte de journal de ses expériences hypnotiques. Elle aimerait que son témoignage puisse aider d’autres patients.
Le mieux est de lui laisser la parole :
Nous avons donc repris le travail entamé.
Isabelle s’installe sur l’un des fauteuils de mon bureau, le corps plus ou moins déformé selon les jours. Sa jambe gauche, la plus tordue, repose en partie sur un autre fauteuil, sa main droite, à distance de l’injection de botuline, est crispée dans une flexion impressionnante. Pendant la séance, elle enlève le masque à oxygène pour pouvoir parler, ce qui provoque rapidement une hypoxie qui accentue sa pâleur et lui donne de sévères maux de tête.
Regarder Isabelle est douloureux. Point n’est besoin de gros efforts d’imagination pour se représenter ce qu’elle endure. Le premier mouvement, naturel quand on dispose d’un outil comme l’hypnose, serait de la soulager en l’accompagnant dans un souvenir agréable.
Et pourtant, comme j’en avais déjà fait l’expérience avec d’autres patients douloureux chroniques, c’est bien de la douleur qu’il faut partir.
C’est bien de la concentration sur cette douleur, de l’absorption dans cette douleur, que viendra peut-être un léger soulagement, même si l’envie est grande de lui suggérer immédiatement de se plonger dans un bain de bien être.
Ainsi, les séances débutent-elles toujours par une phase d’exploration de la douleur, avant de proposer d’attendre que quelque chose de nouveau se passe.
Isabelle considère que l’hypnose a transformé sa vie et tient une sorte de journal de ses expériences hypnotiques. Elle aimerait que son témoignage puisse aider d’autres patients.
Le mieux est de lui laisser la parole :
Tout d’abord je cherche la position dans laquelle mon corps est le mieux pour le travail que j’ai à faire sur la douleur. Douleur de la main gauche qui remonte dans l’avant bras, douleur des deux membres inférieurs, de la colonne vertébrale, de la tête à cause du gaz carbonique.
Pour le moment je n’ai rien d’autre à faire que d’être là, dans ce fauteuil, attentive à ce que je ressens, à la lumière qui passe à travers mes paupières closes, à la couleur rouge et à l’odeur acide dans la bouche représentée par la douleur acide de mon pouce gauche. Les images courent dans ma tête : le stress de la semaine, la douleur encore plus ressentie par l’arrêt de l’activité et par le fait que je suis à l’écoute de ce mal qui me ronge et me gâche la vie. Mais la douleur est soulagée par l’apparition d’un papillon jaune source de légèreté et de liberté. Cela me permet le survol des choses, me permet le recul et dédramatise la douleur.
Ma position est bien physiquement mais quelques ajustements sont à faire à l’intérieur de mes cellules. Une fois la position définitive agréable, je recherche à l’intérieur une des parties de mon corps intéressante. Comme l’autre fois il s’agit de mes mains, complémentaires et de connivence.
La force positive de la main droite encore contracturée par les dystonies et la main gauche souffrante mais plus solide que la main droite. L’une apaisant l’autre et réciproquement. Rien que le fait de leur contact l’une avec l’autre constitue un soulagement certain. La douleur de la main gauche s’apaise. Ce qui est très intéressant, c’est que des forces négatives comme les contractures de ma main droite créées par les dystonies se transforment en forces positives pour venir en aide à cette autre main, mise en position de négativité. Sitôt le contact établi entre les deux mains, une impression de chaleur s’élève de cette main droite et une couleur rouge, orange, jaune s’élève de cette partie du corps et va au secours de l’autre. Cette chaleur si agréable porte des ondes qui se propagent sur tout le corps, partout où la douleur est présente et partout où il faut venir au secours des membres atteints, en état de souffrance et de manque de chaleur. Car c’est cette complémentarité qui permet l’union du corps même si la souffrance n’est pas accessible ou même visible. La pensée est le véhicule pour atteindre les parties non visibles et le toucher pour les parties visibles de l’iceberg. Tout concourt à la recherche d’une unité parfaite retrouvée, un apaisement certain, un refuge, une échappatoire à ce qui fait que la vie est dure et que le corps souffre de tout cela.
Pour le moment je n’ai rien d’autre à faire que d’être là, dans ce fauteuil, attentive à ce que je ressens, à la lumière qui passe à travers mes paupières closes, à la couleur rouge et à l’odeur acide dans la bouche représentée par la douleur acide de mon pouce gauche. Les images courent dans ma tête : le stress de la semaine, la douleur encore plus ressentie par l’arrêt de l’activité et par le fait que je suis à l’écoute de ce mal qui me ronge et me gâche la vie. Mais la douleur est soulagée par l’apparition d’un papillon jaune source de légèreté et de liberté. Cela me permet le survol des choses, me permet le recul et dédramatise la douleur.
Ma position est bien physiquement mais quelques ajustements sont à faire à l’intérieur de mes cellules. Une fois la position définitive agréable, je recherche à l’intérieur une des parties de mon corps intéressante. Comme l’autre fois il s’agit de mes mains, complémentaires et de connivence.
La force positive de la main droite encore contracturée par les dystonies et la main gauche souffrante mais plus solide que la main droite. L’une apaisant l’autre et réciproquement. Rien que le fait de leur contact l’une avec l’autre constitue un soulagement certain. La douleur de la main gauche s’apaise. Ce qui est très intéressant, c’est que des forces négatives comme les contractures de ma main droite créées par les dystonies se transforment en forces positives pour venir en aide à cette autre main, mise en position de négativité. Sitôt le contact établi entre les deux mains, une impression de chaleur s’élève de cette main droite et une couleur rouge, orange, jaune s’élève de cette partie du corps et va au secours de l’autre. Cette chaleur si agréable porte des ondes qui se propagent sur tout le corps, partout où la douleur est présente et partout où il faut venir au secours des membres atteints, en état de souffrance et de manque de chaleur. Car c’est cette complémentarité qui permet l’union du corps même si la souffrance n’est pas accessible ou même visible. La pensée est le véhicule pour atteindre les parties non visibles et le toucher pour les parties visibles de l’iceberg. Tout concourt à la recherche d’une unité parfaite retrouvée, un apaisement certain, un refuge, une échappatoire à ce qui fait que la vie est dure et que le corps souffre de tout cela.
A la fin de chaque séance, lorsqu’Isabelle me fait partager son expérience, je suis émerveillée de son courage pour regarder la douleur en face et de la créativité dont elle a fait preuve.
Je n’aurais jamais eu l’idée d’utiliser l’énergie de l’horrible contracture de sa main droite pour réchauffer et soulager le reste de son corps souffrant.
Illustration on ne peut plus parlante de la très belle phrase de François Roustang : « La souffrance (…) est passée dans toutes nos fibres comme un onguent précieux qui assouplit nos mouvements ».
Je n’aurais jamais eu l’idée d’utiliser l’énergie de l’horrible contracture de sa main droite pour réchauffer et soulager le reste de son corps souffrant.
Illustration on ne peut plus parlante de la très belle phrase de François Roustang : « La souffrance (…) est passée dans toutes nos fibres comme un onguent précieux qui assouplit nos mouvements ».
Isabelle m’a expliqué que pendant des années, avant de commencer l’hypnose, elle évitait de penser à son corps qui la faisait tant souffrir.
Il n’a pas été facile pour elle d’accepter les suggestions de concentration sur ses sensations corporelles, mais maintenant qu’elle débute toutes les séances ainsi, elle découvre de nouveaux horizons totalement insoupçonnés : elle devient arbre, bulles d’air, papillon, fleur…ou alors son corps se confond avec l’univers infini et elle puise dans les étoiles l’énergie pour faire tourner son moteur.
Il n’a pas été facile pour elle d’accepter les suggestions de concentration sur ses sensations corporelles, mais maintenant qu’elle débute toutes les séances ainsi, elle découvre de nouveaux horizons totalement insoupçonnés : elle devient arbre, bulles d’air, papillon, fleur…ou alors son corps se confond avec l’univers infini et elle puise dans les étoiles l’énergie pour faire tourner son moteur.
Ecoutons Isabelle après une autre séance :
Je ressens aussi bien la douleur, la lourdeur de mon bras droit que crée le lymphoedème, que la jambe gauche sur l’autre fauteuil qui, elle aussi, est très douloureuse. Ma colonne vertébrale depuis les vertèbres cervicales jusqu’aux sacrées et bien d’autres points encore restent du domaine de la souffrance plus ou moins grande. Ces douleurs accumulées agissent, certains jours, sur le moral, mais aussi sur le caractère.
Tout mon corps n’est pas qu’une douleur (heureusement), quelques parties de moi-même restent calmes. Ce n’est pas la majorité, c’est pour cela qu’elles ne se manifestent guère.
C’est en étant passive, à l’écoute de mon corps que j’ai trouvé la solution à mon problème : comment faire pour l’aider à enrayer l’inflammation et la douleur du bras droit.
Mon membre supérieur gauche est celui qui se porte le mieux. Je me suis laissé faire. Aussitôt une attirance, comme un aimant, s’est produite tout d’abord par l’index qui est entré en contact avec la main droite, puis le reste s’est déroulé de la même manière.
Le sang, régénéré du côté gauche, est allé rejoindre le circuit du bras droit. Cela formait un circuit fermé, autonome, pouvant se régénérer automatiquement par le coeur et tout ce qui l’entoure.
Un bien être s’est tout de suite fait sentir. Le membre droit est devenu plus léger. Cette brève sensation m’a soulagée, reposée un court et bon instant. Cela n’a pas duré longtemps, mais, mon Dieu, que cela était bon !
Tout mon corps n’est pas qu’une douleur (heureusement), quelques parties de moi-même restent calmes. Ce n’est pas la majorité, c’est pour cela qu’elles ne se manifestent guère.
C’est en étant passive, à l’écoute de mon corps que j’ai trouvé la solution à mon problème : comment faire pour l’aider à enrayer l’inflammation et la douleur du bras droit.
Mon membre supérieur gauche est celui qui se porte le mieux. Je me suis laissé faire. Aussitôt une attirance, comme un aimant, s’est produite tout d’abord par l’index qui est entré en contact avec la main droite, puis le reste s’est déroulé de la même manière.
Le sang, régénéré du côté gauche, est allé rejoindre le circuit du bras droit. Cela formait un circuit fermé, autonome, pouvant se régénérer automatiquement par le coeur et tout ce qui l’entoure.
Un bien être s’est tout de suite fait sentir. Le membre droit est devenu plus léger. Cette brève sensation m’a soulagée, reposée un court et bon instant. Cela n’a pas duré longtemps, mais, mon Dieu, que cela était bon !
Isabelle a aussi son lot de souffrances morales.
Lors des attentats du 11 septembre 2001 son frère se trouvait à New York et elle est restée plusieurs jours sans nouvelle de lui, dans les pires appréhensions. Tout le monde a le souvenir des images impressionnantes de ces avions percutant les tours ; Isabelle a vu ces scènes à la télévision dans l’angoisse pour son frère et en est restée fortement marquée. La semaine qui a suivi, bien qu’elle ait reçu des nouvelles rassurantes, elle était encore en larmes en m’en parlant. Nous avons donc fait une séance d’hypnose en partant de ces émotions et Isabelle a, comme elle dit, « revécu la scène comme si les avions la percutaient directement » avant de s’apaiser progressivement pour arriver à un sentiment de bien être et de plénitude dans des paysages qu’elle aimait.
Lors des attentats du 11 septembre 2001 son frère se trouvait à New York et elle est restée plusieurs jours sans nouvelle de lui, dans les pires appréhensions. Tout le monde a le souvenir des images impressionnantes de ces avions percutant les tours ; Isabelle a vu ces scènes à la télévision dans l’angoisse pour son frère et en est restée fortement marquée. La semaine qui a suivi, bien qu’elle ait reçu des nouvelles rassurantes, elle était encore en larmes en m’en parlant. Nous avons donc fait une séance d’hypnose en partant de ces émotions et Isabelle a, comme elle dit, « revécu la scène comme si les avions la percutaient directement » avant de s’apaiser progressivement pour arriver à un sentiment de bien être et de plénitude dans des paysages qu’elle aimait.
Isabelle souffre depuis 37 ans, 37 années d’horreur, mais aussi 37 années riches d’expériences humaines et spirituelles. C’est dans cette richesse qu’elle puise l’inspiration de ses multiples voyages intérieurs.
On imagine bien qu’avec Isabelle, il n’est pas question de thérapie brève, nous nous voyons depuis presque 5 ans et avons fait, à ce jour, 96 séances d’hypnose qu’elle enregistre et réécoute chez elle, prenant des notes sur ses expériences dont la créativité ne se dément pas.
En quoi le paradoxe permet-il d’être créatif ?
Le paradoxe peut être compris comme une incitation au « non agir », au lâcher prise, dans une situation dans laquelle les efforts déployés se sont révélés vains.
Après les philosophes taoïstes, voilà longtemps que les hypnothérapeutes en connaissent les vertus.
Après les philosophes taoïstes, voilà longtemps que les hypnothérapeutes en connaissent les vertus.
L’approche paradoxale de la douleur a comme première vertu d’être respectueuse. Elle rejoint le patient là où il se trouve dans sa souffrance sans chercher à l’attirer, à partir d’une position distanciée de bien portant, vers un bien être, certainement désiré, mais qui lui apparaît inatteignable.
Pratiquée dans une posture d’acceptation sereine d’un état de fait : « oui, ce que vous vivez est très douloureux, prenez le temps de vous installer dans cette douleur et voyons ce qui se passe », elle ouvre des portes sans chercher à pousser le patient vers une sortie prédéterminée.
Face à une douleur persistante, le paradoxe arrête le mouvement inefficace vers le soulagement, interrompt cette tension qui, dans le refus, les tentatives d’y échapper, paralyse dans la souffrance.
Le paradoxe remet, en quelque sorte, au point mort.
Etre juste là, avec sa douleur.
Le thérapeute qui utilise le paradoxe accepte la situation telle quelle. Il ne veut rien pour le patient. Il ne veut pas le sortir de son deuil, il ne veut pas l’anesthésier, il ne veut pas lui rendre la joie ou le désir de vivre, il ne veut pas le remettre dans une « vie normale ».
Parce qu’il sait que ce n’est pas de son ressort et que tout cela semble totalement inaccessible au patient souffrant.
Et là, à partir de ce point mort dans lequel on ne fait que constater que la douleur est là, terrible, à partir de cette page blanche, au bout de quelques temps, quelques minutes, quelques jours, quelques mois, d’autres possibles apparaissent. Parce que chaque être humain est riche des milliers d’expériences qu’il a vécues, une richesse oubliée sous l’effet des habitudes, des redondances rigidifiantes, et plus encore sous l’effet de la lutte vaine contre la douleur.
Le paradoxe remet, en quelque sorte, au point mort.
Etre juste là, avec sa douleur.
Le thérapeute qui utilise le paradoxe accepte la situation telle quelle. Il ne veut rien pour le patient. Il ne veut pas le sortir de son deuil, il ne veut pas l’anesthésier, il ne veut pas lui rendre la joie ou le désir de vivre, il ne veut pas le remettre dans une « vie normale ».
Parce qu’il sait que ce n’est pas de son ressort et que tout cela semble totalement inaccessible au patient souffrant.
Et là, à partir de ce point mort dans lequel on ne fait que constater que la douleur est là, terrible, à partir de cette page blanche, au bout de quelques temps, quelques minutes, quelques jours, quelques mois, d’autres possibles apparaissent. Parce que chaque être humain est riche des milliers d’expériences qu’il a vécues, une richesse oubliée sous l’effet des habitudes, des redondances rigidifiantes, et plus encore sous l’effet de la lutte vaine contre la douleur.
Aujourd’hui, je ne suis qu’au début d’un long chemin d’apprentissage de cette posture de non savoir, non vouloir et de confiance dans les ressources des patients. De cette posture dont il me semble qu’elle contribue à favoriser l’émergence de leur créativité.
Il m’a d’abord fallu désapprendre les certitudes médicales qu’on m’avait enseignées, puis remiser les outils thérapeutiques que j’avais été chercher ici et là pour me « perfectionner », pour enfin commencer à être capable d’apprendre de la souffrance de ceux qui venaient chercher chez moi un soulagement.
Merci à Michèle et à Isabelle dont je viens de vous parler.
Merci encore à Frank qui, écrasé par l’annonce d’une séropositivité lui faisant entrevoir une terrible déchéance physique, m’a appris à ne pas tenter de le rassurer, comme le fait vainement son médecin traitant, sur les progrès de la médecine…
Merci encore à Florence qui, face à une récidive de cancer du sein, m’a appris à accepter l’idée qu’elle ne fasse pas une thérapie pour mieux combattre sa maladie, mais pour lui donner un sens…
Merci encore à Anne-Marie qui, en s’énervant contre les amis qui lui demandaient comment elle allait après la mort de son fils, m’a appris à quel point les meilleurs intentions peuvent apparaître comme une absence totale de compassion.
Merci à tous les autres patients, aux collègues, aux étudiants, qui m’apprennent à affiner cette posture.
Il m’a d’abord fallu désapprendre les certitudes médicales qu’on m’avait enseignées, puis remiser les outils thérapeutiques que j’avais été chercher ici et là pour me « perfectionner », pour enfin commencer à être capable d’apprendre de la souffrance de ceux qui venaient chercher chez moi un soulagement.
Merci à Michèle et à Isabelle dont je viens de vous parler.
Merci encore à Frank qui, écrasé par l’annonce d’une séropositivité lui faisant entrevoir une terrible déchéance physique, m’a appris à ne pas tenter de le rassurer, comme le fait vainement son médecin traitant, sur les progrès de la médecine…
Merci encore à Florence qui, face à une récidive de cancer du sein, m’a appris à accepter l’idée qu’elle ne fasse pas une thérapie pour mieux combattre sa maladie, mais pour lui donner un sens…
Merci encore à Anne-Marie qui, en s’énervant contre les amis qui lui demandaient comment elle allait après la mort de son fils, m’a appris à quel point les meilleurs intentions peuvent apparaître comme une absence totale de compassion.
Merci à tous les autres patients, aux collègues, aux étudiants, qui m’apprennent à affiner cette posture.
http://www.paradoxes.asso.fr/2006/06/par-dela-la-douleur-et-la-souffrance-le-paradoxe-creatif/
Dernière édition par Iamsosure le Lun 19 Sep 2016 - 20:09, édité 1 fois
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
Peut-on être un génie créatif sans être drogué ?
Publié le 08-09-2011 à 19h22 - Modifié à 14h08
37 réactions | 8706 lu
Temps de lecture : 2 minutes
Par Laurent Muldworf
Psychiatre et psychanalyste
DROGUE. John Galliano a été condamné ce jeudi à 6000 euros avec sursis pour des propos antisémites tenus alors qu'il était ivre et sous l'emprise de médicaments. Bien avant lui, de nombreux artistes se sont illustrés par leurs frasques liées à la drogue et l'alcool. Une fatalité ? Explications du psychiatre Laurent Muldworf, auteur de "Succès damné" (avec Eric Corbobesse) qui a travaillé sur le lien entre création et substances toxiques.
Édité par Hélène Decommer
Publié le 08-09-2011 à 19h22 - Modifié à 14h08
37 réactions | 8706 lu
Temps de lecture : 2 minutes
Par Laurent Muldworf
Psychiatre et psychanalyste
DROGUE. John Galliano a été condamné ce jeudi à 6000 euros avec sursis pour des propos antisémites tenus alors qu'il était ivre et sous l'emprise de médicaments. Bien avant lui, de nombreux artistes se sont illustrés par leurs frasques liées à la drogue et l'alcool. Une fatalité ? Explications du psychiatre Laurent Muldworf, auteur de "Succès damné" (avec Eric Corbobesse) qui a travaillé sur le lien entre création et substances toxiques.
Édité par Hélène Decommer
John Galliano le 27/02/07 à Paris (ALFRED/SIPA)
Les psychiatres se sont beaucoup penchés sur la notion de création. Elle repose sur l'idée que pour créer, il faut un ébranlement identitaire. Elle suppose donc un dépassement de ses limites internes, un débordement, pour atteindre une zone de flou.
Les personnes ayant une souffrance identitaire vont chercher dans la création une expression de cette souffrance et une quête visant à réparer leur narcissisme. Ou plus exactement, cette pulsion créatrice s’impose souvent d’elle-même, comme un surgissement qui coule tout seul.
Même si ce jaillissement émane d'une souffrance, il peut être jubilatoire, c'est là tout le paradoxe. L'artiste ressent une exaltation, une jouissance lors de la création.
Drogue et création, une liaison qui ne date pas d'hier
Il est évident que de tous temps, les substances toxiques ont accompagné la création. L'homme s'est toujours enivré, depuis son origine.
Le vin, les drogues, les plantes et tout le reste estompent les limites internes ; ça permet un court-circuit intellectuel. Ces substances permettent de déborder du cadre, de prendre des chemins de traverse et finalement, d'arriver à un état proche de la transe - bien que ce dernier puisse aussi être atteint sans prise de drogue.
Ce mélange "souffrance et drogues" peut-être explosif et dangereux. Car même avec ces éléments, on n'est pas forcément bon. Or l'artiste qui prend des risques, qui s'expose complètement narcissiquement, attend quelque chose en retour, une reconnaissance. Si elle advient, tant mieux. Mais si elle ne vient pas, c'est terrible car cela cause une blessure narcissique supplémentaire et la souffrance redouble, nourrissant un cercle vicieux.
C'est pour cela que la vie d'artiste est très difficile et que nous parlons dans notre livre d’"une vie bipolaire" les concernant.
Transgression et dérapages
Donc l'idée de base de la création, c'est la transgression de ses propres limites. On comprend mieux alors les dérapages comportementaux ou verbaux des uns et des autres.
Le cinéaste Lars Von Trier a récemment parlé d'Hitler de manière très légère, sans avoir conscience des conséquences sur le coup. Mais le lendemain, à jeun, il s'est certainement rendu compte du caractère insupportable de ses propos.
La création implique un lien fort entre le corps et l'esprit. L'énergie du corps est engagée. A un petit niveau - le nôtre par exemple - on se stimule avec du café ou une cigarette. Le musicien qui jouera le soir va boire un verre pour se sentir bien physiquement, libéré de ses barrières, avant de jouer.
C'est cette volonté de lâcher-prise qui peut engendrer des dérapages.
Dernière édition par Iamsosure le Lun 19 Sep 2016 - 20:13, édité 1 fois
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
La créativité rend-elle heureux ?
En 1943, le psychologue Maslow a élaboré une pyramide des besoins humains, qui postule que les besoins primaires doivent d’abord être satisfaits avant les besoins moins importants. Dans l’ordre, ce sont le besoin de survie, puis celui de sécurité, puis le sentiment d’appartenance, puis le besoin de reconnaissance/estime, et enfin la réalisation de soi.
Trois manières de vivre de façon créative
Dans son livre Découvrir un sens à sa vie : avec la logothérapie, le Dr Frankl décrit comment, à partir de la souffrance, on peut donner un sens à sa vie.
– de façon active : en réalisant une oeuvre, en exerçant un métier, une passion…
– de façon plus contemplative : en aimant et en se consacrant à une autre personne, en admirant la beauté de la nature…
– par un changement de regard sur sa propre existence, lorsqu’on doit supporter une souffrance inévitable
Il serait intéressant de regarder sur quel plan les grands penseurs, écrivains, artistes etc vivent leur créativité. Bien sûr, ils ont tous accompli une oeuvre, ou découvert de nouvelles choses, et changé le monde à leur manière. Mais il n’est pas rare d’observer que la créativité de ces personnes est accompagnée ou est générée par une souffrance intérieure.
– Einstein : beaucoup d’indices laissent penser qu’il était atteint du syndrome d’Asperger : l’inventeur de la relativité n’a pas parlé avant l’âge de quatre ans, sa pensée procédait non pas par mots, mais par images et symboles mathématiques originaux. D’autres artistes sont suspectés d’avoir des traits autistiques (Glenn Gould, Mozart…voir ici).
– Alexandre Jollien : atteint d’infirmité motrice cérébrale suite à une anoxie survenue à sa naissance, il s’exprime oralement avec beaucoup de lenteur et ses gestes sont imprécis. On avait déjà décidé pour lui qu’il travaillerait dans un milieu protégé. Pourtant, il est aujourd’hui écrivain, philosophe et père de famille.
Vivre de façon créative, c’est pour Alexandre Jollien assumer sa faiblesse et en faire un atout pour « apprécier la présence de l’autre ». Une autre caractéristique des gens créatifs serait qu’ils se montreraient plus angoissés que les autres, parce qu’ils percevraient le monde avec plus d’acuité. Des chercheurs ont supposé que cette plus grande sensibilité reposerait sur un « déficit d’inhibition latente » : en clair, c’est une difficulté à inhiber les informations non pertinentes et secondaires de l’environnement qui serait à l’origine de la créativité.
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La créativité, ce besoin fondamental[/size]
La créativité, ce besoin fondamental[/size]
En 1943, le psychologue Maslow a élaboré une pyramide des besoins humains, qui postule que les besoins primaires doivent d’abord être satisfaits avant les besoins moins importants. Dans l’ordre, ce sont le besoin de survie, puis celui de sécurité, puis le sentiment d’appartenance, puis le besoin de reconnaissance/estime, et enfin la réalisation de soi.
Si la plupart des gens parviennent relativement à satisfaire les trois premiers besoins, en revanche, les autres seraient plus rarement satisfaits, a fortiori la réalisation de soi (la vie vécue de manière créative). Or, cette vision hiérarchique des besoins humains est loin de faire l’unanimité.
Merleau-Ponty ne dit-il pas que la vie humaine est définie par sa « transcendance », ce besoin de sortir de soi-même, d’aller à la rencontre d’autrui? Si on considère que la réalisation de soi est au contraire le premier des besoins humains, la créativité est-elle pour autant la clé du bonheur ?
Trois manières de vivre de façon créative
Dans son livre Découvrir un sens à sa vie : avec la logothérapie, le Dr Frankl décrit comment, à partir de la souffrance, on peut donner un sens à sa vie.
Il s’agit du témoignage d’un médecin, psychiatre et neurologue, qui a été enfermé dans un camp de concentration à Auschwitz pendant 3 ans (toute sa famille a été gazée). Alors qu’il avait statistiquement moins de 3% de chances de survivre, le Dr Frankl s’en est sorti vivant.
Ce qui l’a fait tenir malgré les multiples souffrances qu’il a endurées ? Donner un sens à son malheur, croire en lui et à son avenir : il a observé que ses compagnons d’infortune ont tous, avant de mourir, renoncé s’accrocher à la vie.
Une fois délivré, le Dr Frankl a élaboré sa propre école de psychanalyse, la logothérapie. Contrairement à l’école freudienne qui s’intéresse à l’enfance de l’individu et à ses pulsions, le Dr Frankl cherche avant tout à redonner à ses patients des raisons de vivre.
Pour le Dr Frankl, il y a trois façons de se réaliser dans la vie:
– de façon active : en réalisant une oeuvre, en exerçant un métier, une passion…
– de façon plus contemplative : en aimant et en se consacrant à une autre personne, en admirant la beauté de la nature…
– par un changement de regard sur sa propre existence, lorsqu’on doit supporter une souffrance inévitable
Ces trois manières de vivre sont toutes créatives, mais elles ne passent pas par les mêmes voies.
Les deux premières consistent à porter son regard et son énergie sur le monde extérieur (son travail, la nature, la personne aimée…),
alors que la dernière appelle à retourner le regard vers soi-même. En effet, dans le cas où une personne doit vivre un état de souffrance qu’elle ne peut pas changer, la seule possibilité qu’il lui reste est de modifier la manière dont elle supporte cette souffrance, en choisissant de l’assumer, de lui donner un sens.
Le Dr Frankl va plus loin en disant que le besoin fondamental de l’homme n’est pas le bonheur, mais avant toute chose le besoin de donner un sens à sa vie et d’assumer pleinement son existence, fût-elle une existence où les circonstances extérieures ne laissent aucune liberté d’action. Le sens de la vie, selon Frankl réside dans la manière dont nous investissons et nous choisissons de vivre dans le monde.
Cette conception du sens de la vie rejoint celle de Merleau-Ponty, pour qui le rôle de la conscience est de prendre position sur le monde, de choisir d’orienter notre regard vers quelque chose, faculté qu’il nomme l’intentionnalité. Vivre de façon créative, c’est donc faire des choix, que ce soit dans la manière de transformer le monde ou dans la manière de l’assumer.
Les personnes créatives sont-elles des superhéros ?
Il serait intéressant de regarder sur quel plan les grands penseurs, écrivains, artistes etc vivent leur créativité. Bien sûr, ils ont tous accompli une oeuvre, ou découvert de nouvelles choses, et changé le monde à leur manière. Mais il n’est pas rare d’observer que la créativité de ces personnes est accompagnée ou est générée par une souffrance intérieure.
Quelques exemples :
– Einstein : beaucoup d’indices laissent penser qu’il était atteint du syndrome d’Asperger : l’inventeur de la relativité n’a pas parlé avant l’âge de quatre ans, sa pensée procédait non pas par mots, mais par images et symboles mathématiques originaux. D’autres artistes sont suspectés d’avoir des traits autistiques (Glenn Gould, Mozart…voir ici).
– Alexandre Jollien : atteint d’infirmité motrice cérébrale suite à une anoxie survenue à sa naissance, il s’exprime oralement avec beaucoup de lenteur et ses gestes sont imprécis. On avait déjà décidé pour lui qu’il travaillerait dans un milieu protégé. Pourtant, il est aujourd’hui écrivain, philosophe et père de famille.
Dans son livre Eloge de la faiblesse, il explique comment il a décidé d’assumer pleinement son handicap, en ne cherchant pas à le cacher. Il a même choisi de vivre sa « faiblesse » et sa dépendance physique comme une richesse : « Mon incapacité à atteindre une parfaite autonomie me montre quotidiennement la grandeur de l’homme. Au coeur de ma faiblesse, je peux donc apprécier le cadeau de la présence de l’autre et à mon tour, j’essaie avec mes moyens de leur offrir mon humble et fragile présence. »
Angoisse et créativité
Vivre de façon créative, c’est pour Alexandre Jollien assumer sa faiblesse et en faire un atout pour « apprécier la présence de l’autre ». Une autre caractéristique des gens créatifs serait qu’ils se montreraient plus angoissés que les autres, parce qu’ils percevraient le monde avec plus d’acuité. Des chercheurs ont supposé que cette plus grande sensibilité reposerait sur un « déficit d’inhibition latente » : en clair, c’est une difficulté à inhiber les informations non pertinentes et secondaires de l’environnement qui serait à l’origine de la créativité.
Du côté de la psychanalyse, Françoise Dolto a parlé du désir comme de la force qui nous anime et qui nous pousse à aller toujours plus loin, ce terme de « désir » pouvant à mon avis être mis en parallèle avec la notion d’intentionnalité chez Merleau-Ponty. Pour Dolto, le désir humain est toujours angoissant car nouveau, car il nous pousse constamment à aller vers l’inconnu. Ce que recherche l’être humain avant tout, c’est que son désir soit reconnu par autrui comme étant légitime. Ce qui angoisse le plus les artistes, n’est-ce pas la crainte d’être rejeté, la crainte que les autres n’adhèrent pas à leur oeuvre? Mais l’artiste ne peut pas ne pas vouloir partager son oeuvre. Sans public, celle-ci ne servirait à rien, elle serait comme morte. Et l’être humain ne peut pas s’empêcher de ne pas désirer. Etre créatif, c’est donc braver sa peur, et oser s’exprimer pour aller à la rencontre de l’autre. Et rencontrer l’autre, c’est assumer pleinement ses actes et ses paroles, c’est se sentir responsable de ce que l’on fait.
Alors si vous vous sentez angoissé, vous pouvez vous consoler en vous disant que vous êtes en train de vivre votre désir ou votre intentionnalité, comme cette force unique qui vous met en mouvement vers le monde et qui vous demande constamment de trouver un sens dans votre vie, de vous risquer vers l’inconnu. Etre créatif, c’est aller à la rencontre de soi-même pour espérer rencontrer autrui.
En conclusion, vivre de façon créative pourrait se définir non seulement comme vivre son rêve ou sa passion, mais comme le fait d’assumer pleinement son existence, qu’elle soit gaie ou triste, qu’on soit en bonne santé ou très malade. Etre créatif, c’est parfois prendre soin de sa faiblesse, comme Alexandre Jollien, pour faire place à des relations humaines plus authentiques. C’est aussi, souvent, vivre dans l’angoisse et ressentir pleinement la dynamique de ce désir intentionnel qui ne cessera jamais de nous porter vers l’ailleurs. Le désir est une volonté irrépressible de communication authentique, mais c’est aussi le risque d’être rejeté par autrui.
Une question : sans l’existence d’autrui, serions-nous créatifs ?
http://www.labortho.fr/la-creativite-rend-elle-heureux/Dernière édition par Iamsosure le Lun 19 Sep 2016 - 20:16, édité 1 fois
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
Que peuvent dire les neurosciences sur les mécanismes de la création artistique?
Comment expliquer le processus créatif? Qu’est-ce qui fait que soudain, l’écrivain imagine telle histoire, que le poète choisit tel mot, que le physicien pense à tel modèle? Dans l’imaginaire commun, l’art est assimilé à un don. Il s’agit à présent de se demander quels sont les mécanismes mis en oeuvre par le cerveau lorsque l’artiste crée. Mais peut-on véritablement expliquer les processus de création par les neurosciences?
Auteurs[url=https://mediaserver.unige.ch/Auteurs/3159/Eliez Stephan]Eliez Stephan[/url], [url=https://mediaserver.unige.ch/Auteurs/4763/Metin Arditi]Metin Arditi[/url], [url=https://mediaserver.unige.ch/Auteurs/5540/Segev Idan]Segev Idan[/url]Comment expliquer le processus créatif? Qu’est-ce qui fait que soudain, l’écrivain imagine telle histoire, que le poète choisit tel mot, que le physicien pense à tel modèle? Dans l’imaginaire commun, l’art est assimilé à un don. Il s’agit à présent de se demander quels sont les mécanismes mis en oeuvre par le cerveau lorsque l’artiste crée. Mais peut-on véritablement expliquer les processus de création par les neurosciences?
Date et lieu de l'enregistrementmercredi 20 avr 2016Structure académiqueRectorat
Directement rattaché au rectorat
https://mediaserver.unige.ch/play/94568/,%20Les%20myst%C3%A8res%20de%20la%20cr%C3%A9ation%20artistique
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Comment vivre au quotidien avec un enfant différent, porteur d'un handicap? Le Prof. Stephan Eliez (Faculté de médecine UNIGE et Office médico-pédagogique-DIP), Sarah Moon Howe (réalisatrice) et Florence Farion (journaliste RTS) ouvriront des pistes de discussion et de réflexion sur cette parentalité différente, difficile mais aussi si enrichissante autour d'extrait d'un documentaire retraçant le parcours de 4 mères d'enfants handicapés.
Auteurs[url=https://mediaserver.unige.ch/Auteurs/3159/Eliez Stephan]Eliez Stephan[/url], [url=https://mediaserver.unige.ch/Auteurs/5064/Farion Florence]Farion Florence[/url], [url=https://mediaserver.unige.ch/Auteurs/5066/Howe Sara Moon]Howe Sara Moon[/url]Date et lieu de l'enregistrementmardi 28 avr 2015Structure académiqueFaculté de médecine
Conférences et débats d'actualité
https://mediaserver.unige.ch/play/89194
Dernière édition par Iamsosure le Lun 19 Sep 2016 - 20:19, édité 1 fois
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
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Boris Cyrulnik : La musique participe-t-elle au développement des bébés ?
DP 10 juillet 2014 Boris Cyrulnik : La musique participe-t-elle au développement des bébés ?2016-04-10T20:20:04+00:00 INTERVIEWS AUDIOS 1 Comment
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La musique participe-t-elle à la constitution d’un monde humain ?
Peut-on faire une approche scientifique de la musique ? Comment agit la musique sur le développement du bébé ? Comment se développe un bébé dans un environnement musical ? C’est à ces questions que le Professeur Boris Cyrulnik va apporter des éléments de réponses.
Audio Player
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La musique, élément qui participe de façon intuitive à l’ensemble de nos vies, musique qui élève, musique qui booste, musique qui apaise… Dans tous les cas musique qui participe à l’épanouissement. Les bébés sont sensibles aux basses fréquences, et ne sont donc pas sensibles à tous les instruments dés lors que ceux-ci sont plutôt dans le registre des aigus. La musique participe à l’apaisement des craintes de l’enfant depuis toujours et constitue pour lui un moyen de réassurance naturel.
Le Professeur Boris Cyrulnik (Wikipédia) , neurologue de formation, a écrit et coécrit plus d’une vingtaine d’ouvrages majeurs. Il enseigne et dirige des recherches cliniques en éthologie. En 2007 – 2008 il siégea à la commission pour la libération de la croissance Française dirigée par Jacques Attali.
Audio Player podcast
sur :
http://www.planete-douance.com/?powerpress_pinw=845-podcast
Dernière édition par Iamsosure le Lun 19 Sep 2016 - 20:37, édité 2 fois
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
Principes généraux d'enseignement aux jeunes surdoués
Beaucoup d'écoles ont maintenant choisi de s'occuper des jeunes surdoués en permettant aux professeurs de leur fournir des alternatives éducatives dans le cadre du curriculum normal et dans une classe normale. Les professeurs peuvent utiliser un grand nombre de stratégies pour donner aux jeunes surdoués le challenge et la motivation dont ils ont besoin sans surcharge de travail.
Créer un environnement d'apprentissage.
Un des premiers points à considérer pour répondre au besoin des jeunes surdoués est l'environnement de la classe. Celle-ci a besoin d'être un endroit ou tous les enfants peuvent facilement s'engager dans des activités et des projets qui correspondent à leur niveau. Voici quelques suggestions pour construire une classe adaptée :
[list="box-sizing: border-box; margin-bottom: 10px; color: rgb(77, 77, 75); font-family:"]
[*]·Créer une pièce qui pousse à l'investigation (images, livres, aires pour la musique, art et beaucoup d'objets)
[*]·Utiliser les instructions thématiques pour faire un lien entre les différentes places
[*]·Mettre à disposition une large gamme de matériels
[*]·Organiser des centres d'activité pour les projets personnels des enfants
[*]·Avoir une organisation spatiale flexible
[*]·Offrir des activités attractives et correspondant aux leçons pour les enfants qui ont finit plus rapidement leur travail
[*]·Varier l'atmosphère de la pièce par des changements de musique ou par les danses, chansons, mimes, etc.
[/list]
Le développement de centres d'apprentissages permet un enseignement créatif dans l'environnement de la classe. Un centre linguistique, par exemple, peut contenir une grande variété de livres, dictionnaires, magazines, livres d'histoires animés, lettres magnétiques, mots croisés, jeux d'alphabets et des logiciels informatiques pour l'écriture et l'apprentissage des mots.
Autoriser les groupes flexibles
Le travail en groupe est courant chez les préscolaires et tout au long des niveaux primaires. Pour les enfants surdoués, les petits groupes (cluster), où 4 ou 5 enfants travaillent ensemble, fournissent la situation la plus productive pour l'apprentissage. Regrouper les jeunes enfants devrait toujours augmenter les forces des élèves, et le type de groupes formés (structurés, ouverts, créatifs, divergents, basés sur le contenus, etc.) devraient correspondre aux buts d'apprentissage pour chaque type d'activité. Voici quelques recommandations pour l'organisation des petits groupes :
[list="box-sizing: border-box; margin-bottom: 10px; color: rgb(77, 77, 75); font-family:"][*]·Favorisez la variété. Offrez aux enfants des opportunités de travailler avec une variété d'élèves regroupés différemment (selon les intérêts, la complexité des tâches, la motivation).
[*]·Offrez le choix. Dès que possible, autorisez les enfants à choisir leurs groupes et leurs sujets, et assistez les dans la définition des projets et leur organisation.
[*]·Créez des règles de base. Discutez en avec les enfants. Les règles de discussion peuvent comprendre : si vous ne vous entendez pas sur quoi faire, essayez plus d'une idée, prenez la parole chacun votre tour pour partager vos idées, écoutez les autres de votre groupe, faites au mieux, aidez-vous les uns les autres, si vous ne comprenez pas ou n'êtes pas d'accord, parlez en à votre groupe, n'hésitez pas à demander de l'aide au professeur.
[*]·Evaluez les élèves individuellement. A la fin du travail en groupe, il est important de les juger individuellement. Les évaluations (tests, portfolios, checklists, interrogations orales, dessins, compositions écrites, etc.) doivent porter sur l'apprentissage individuel plutôt que sur la façon dont chacun a contribué au groupe.
[*]·Concentrez le curriculum. Une stratégie prouvée pour les jeunes surdoués dans les classes normales est de concentrer, c'est-à-dire de compresser l'essentiel de sorte qu'ils puissent aller au delà de ce qu'ils maîtrisent déjà. Compact the curriculum. La plupart des enseignants crée un système de test et d'observation pour déterminer le niveau de maîtrise de chaque enfant. Il existe deux façons de concentrer un cours : une est d'autoriser les enfants à choisir leurs activités (non liées à ce qui est couvert en classe), l'autre est d'organiser une activité liée au cours, mais qui est un défi pour leurs talents. Pour que cette pratique fonctionne longtemps, les enseignants devront définir des sortes de contrats d'apprentissage (signés par l'enfant et par le professeur) qui stipulent les activités et les produits choisis, leurs conditions d'accomplissement, et leurs résultats. Le professeur peut les aider à localiser les ressources dont ils auront besoin, tant à l'intérieur de l'école qu'en librairie.
[*]·Incorporez la pensée créative. Un autre moyen d'aider les enfants surdoués dans une classe normale est d'ajouter de la pensée créative et des activités au sein des leçons quotidienne (une stratégie qui bénéficie aussi aux autres étudiants). Les jeunes enfants aiment particulièrement les questions du type "qu'arriverait-il si …" qui stimulent de nouveaux moyens d'explorer un thème. Une étude de la forêt humide, par exemple, peut autoriser un enfant intéressé par les lézards de devenir un lézard pour une journée. "Qu'arriverait-il si vous étiez un caméléon vivant en forêt humide ? Qu'apprécieriez-vous le plus ? Pourquoi ?". Les activités pourrait comprendre la recherche de nouvelles informations sur ces animaux dans le but de créer une histoire mimée, un auto-portrait (que l'enfant expliquera après) ou une histoire écrite ou orale. Les enseignants peuvent aider ces activités en posant des questions et en suggérant différents média et ressources pour leur exploration imaginative.
[/list]
Les brainstorming avec les enfants surdoués sur quels types de projets ils pourraient faire peuvent aussi engendrer des idées auxquelles l'enseignant n'aurait pu penser de lui-même. L'objet du brainstorming est d'apprendre aux enfants de tout âge à penser aux différents façon d'utiliser les informations dont ils disposent. Qu'aimeraient-ils faire avec ? Que pourraient-ils faire d'autres ? Comment aimeraient-ils exprimer ce qu'ils savent ? Les activités peuvent aller (selon l'âge et les capacités des enfants) de la création de cartes jusqu'aux études naturalistes de la vie des animaux, à la création dramatique, aux mouvements créatifs, projets artistiques et expériences scientifiques. C'est ici que la compréhension des forces particulières de chaque enfant par les enseignants sont nécessaires pour fournir des activités d'apprentissage appropriées. Une maternelle commençant juste à explorer les nombres peut sembler stupide à un surdoué artistique sachant déjà compter jusqu'à 50 et reconnaissant les nombres visuellement. Un enseignant qui comprend le talent de cet enfant pourrait l'encourager à entreprendre un projet sur le thème des nombres (par exemple, dessiner des animaux ou des objets en de multiples exemplaires, ensuite les compter, dessiner de nouveaux chiffres, explorer les relations entre les nombres à travers l'art, etc.). Cette intégration de plusieurs sujets rend possible l'apprentissage dans de multiples directions et permet aux jeunes enfants de développer leurs talents dans des domaines différents.
Evaluer et documenter le développement
Comme l'identification, l'évaluation devrait être permanente. Les professeurs peuvent utiliser les tests, les évaluations de groupe, les observations, les discussions informelles, les rencontres avec les parents, et les portfolios pour estimer l'avancement des enfants. Quoiqu'il en soit, elles ne sont significatives que si elles sont répétées régulièrement et à travers des activités et projets variés. Par cela, les enseignants obtiennent une compréhension plus complète des talents de leurs élèves et peuvent inventer de nouvelles opportunités de développement.
.../...
http://www.douance.org/education/e595vf.html.../...
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
Une hypersensibilité qui peut toucher différents domaines : l'olfaction, l'audition, le toucher, plus rarement le goût et la vue, presque toujours les émotions. L'hypersensibilité peut être envahissante, douloureuse, handicapante. Par exemple, une jeune femme me disait qu'elle ressent des douleurs physiques insupportables lorsqu'elle entend certains sons, l'obligeant à sortir en écoutant de la musique dans un casque, pour atténuer un peu cette souffrance. On imagine difficilement jusqu'où peut aller cette hypersensibilité et à quel point elle peut être insoutenable. Sans compter que ces personnes trop sensibles ne sont pas comprises, mais plutôt considérées comme excessives, anormales ou même folles.
Read more at http://surdoues.e-monsite.com/pages/l-adulte-surdoue.html#mKB1DkCqx1LVLGFR.99
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Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
On ne devient pas normal impun�ment
Toutes ces descriptions, souvent �nonc�es sous forme de reproche � amical �, ne correspondent pas � ce que ressent l'individu solitaire, quand il se voit parmi les autres, � la fois semblable et diff�rent, mais d'une diff�rence impalpable, impossible � d�crire : elle le renvoie � sa solitude, qui semble bien �tre le refuge et le recours �ternels et in�vitables.Les tentatives pour sortir de ce refuge-l�, finalement peu hospitalier, m�me s'il est s�r, se soldent souvent par des �checs : on risque au mieux l'incompr�hension, au pire les moqueries, et surtout on risque gros, parce que l'image de soi va �tre encore un peu plus entam�e, et cette image int�rioris�e, c'est tout ce qui reste apr�s ces plong�es angoissantes dans un univers qui ne comprend pas.
Cet univers est totalement impr�gn� par la notion de norme, cette norme dont on parle avec tant de plaisir — � Moi, je suis normal ! � entend-on, alors que ce n'est peut-�tre pas toujours si gai d'�tre dans la norme. On ignore les �tincelles de la pens�e, les id�es folles, mais sources de cr�ations, plut�t rares quand on se tient dans la stricte norme. On peut toujours penser que ceux qui s'affirment avec tant de v�h�mence dans la norme tiennent plus que d'autres � cacher le sentiment obscur qui les tourmente et qui leur sugg�re qu'ils ne sont justement pas tout � fait dans la norme, mais la vie est plus facile ainsi ; ce serait un d�guisement risquant de finir par faire partie de la personne elle-m�me, qui ne pourrait plus s'en d�faire, parce que ce v�tement d'emprunt lui sert non seulement d'armure, mais aussi d'armature : on le lui enl�ve et elle s'effondre, comme les gracieuses femmes girafes quand on les prive de leurs colliers. La rigidit� ainsi acquise est aussi une sauvegarde.
Il y a peu, j'ai entendu dans une �mission de radio Boris Cyrulnik citer avec jubilation Cioran : � On ne devient pas normal impun�ment. �
D'ailleurs, � bien y r�fl�chir, cette norme reste une id�e abstraite, comme la � moyenne �, qui ne veut rien dire et ne correspond � aucune r�alit�. L'ennui de cette notion, c'est qu'elle entra�ne � sa suite celle d'anormal, et on a t�t fait de mettre dans cette cat�gorie tout ce qui semble un peu curieux, �tonnant, singulier dans le sens d'opposition � � pluriel � : soit on est seul de sa cat�gorie, soit il y a beaucoup de monde.
https://gappesm.net/Ressources/Articles/Arielle-Adda/Adulte-Doue/
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
Un texte d’Eugène Michel
Dans un article précédent intitulé Les neurones et la créativité(1), nous avons proposé l’expression inventus neuronal en complément de l’habitus neuronal imaginé par le biologiste Jean-Pierre Changeux(2). Notre idée était de relier la plasticité neuronale à la créativité.
Le plus souvent, la créativité, qu’elle soit technique ou artistique, est interprétée comme une activité de spécialistes qui conçoivent des œuvres originales ou des produits nouveaux. Elle n’est appréhendée que dans ses extrêmes : on la craint ou on la vénère.
Cette idée est audacieuse : on ne considère pas aujourd’hui la créativité comme un besoin corporel de l’individu. Son développement pour l’ensemble de la population n’est pas un objectif de notre société.
Nous postulerons que le corps humain ne peut pas fonctionner harmonieusement sans une démarche créative assumée. Privés de celle-ci, l’enfant, l’adolescent et l’adulte oscillent entre deux violences par lesquelles ils tentent d’échapper à leur souffrance :
agresser l’environnement ou s’enfermer dans un repli auto-destructeur(3).
Le fonctionnement des neurones
Comme tout organe, le neurone n’est pas passif, il existe par son fonctionnement. Celui-ci consiste en deux grands moments : la transmission d’influx nerveux et la libération de molécules dans les connexions appelées synapses. Il ne peut y avoir de dormance de ce système sans qu’il ne se dégrade. Ainsi les cellules nerveuses sont constamment activées par les messages sensoriels, par la mémoire, ou encore spontanément.
Les conséquences délétères des privations sensorielles chez le jeune ou chez l’adulte ont été largement démontrées. Quant à la mémoire, son fonctionnement est encore méconnu. On peut supposer qu’il s’agit de la mise en route de circuits neuronaux répétitifs. Avec nos milliards de neurones multiplement connectés les uns aux autres, le nombre de combinaisons est infini. Chez les rotifères, petits organismes aquatiques, le faible nombre de neurones empêche toute mémorisation.
Au fil des millénaires, la construction neuronale ne s’est pas effectuée sans causes. L’accroissement neuronal a été sélectionné par l’évolution car il augmente les compétences pour résoudre des problématiques vitales.
L’histoire neuronale des mammifères s’avère dramatique. Pour l’être humain, le contexte est celui de la violence, du froid, des famines, des épidémies, des mortalités pathétiques. De sorte que notre développement neuronal phylogénétique reste inséparable de la nécessité de résoudre des problématiques majeures d’une façon originale, c’est-à-dire par la créativité. Il en résulte aujourd’hui deux conséquences : d’une part, l’enfant a impérativement besoin de rencontrer des questions à résoudre pour que son système neuronal se construise efficacement – à condition bien sûr que les tentatives soient encadrées par les adultes pour qu’une confiance en soi s’instaure ; d’autre part, il n’y a pas d’épanouissement physique possible de l’adulte sans une implication personnelle originale dans la résolution de problématiques majeures. Cette implication, c’est la créativité.
L’enfant explorateur
Au cours de son éducation, l’enfant acquiert les gestes des aînés et leurs modes de pensées. Mais, si l’apprentissage est une imitation, il est aussi une exploration. Il s’agit pour les enfants de recevoir des adultes un savoir et une implication, et, en même temps, les méthodes qui ont permis d’atteindre ce savoir et de formuler cette implication.
À chaque étape éducative, l’adulte confronte l’enfant à des situations de plus en plus complexes en lui laissant un espace d’exploration, tout en l’accompagnant dans la trouvaille de solutions. C’est souvent en observant les actions de l’adulte que l’enfant cherche à imiter celui-ci et qu’il réclame, après quelques essais plus ou moins fructueux, des explications. Si le jeu a un rôle capital chez l’enfant, l’enseignement doit créer lui aussi un dialogue entre imitation et exploration.
Or, l’enfance est le temps où se construit le système nerveux de l’individu. Les neurones se développent spontanément, mais leurs connexions se stabilisent en fonction des messages reçus. Tout laisse donc supposer que l’exploration de l’enfant, c’est-à-dire la stimulation de sa créativité, joue un rôle aussi important que ses capacités d’imitation. C’est dans l’équilibre entre ces deux attitudes que l’édifice neuronal aura des chances de fonctionner harmonieusement. Trop d’imitation provoquera l’angoisse du manque d’autonomie face à toute confrontation inattendue, trop d’exploration l’angoisse du manque de repères. La stabilisation des connexions neuronales ne peut être réalisée ni dans une certitude extérieure absolue ni dans un complet tâtonnement, mais dans l’association entre habitus et inventus(4).
Trop vaut mieux que rien
Il faut bien reconnaître que la créativité n’est pas la priorité quotidienne consciente des citoyens. S’il est certain que tout être rencontre des problématiques majeures, l’idée d’une indispensable originalité pour les résoudre lui échappe la plupart du temps. Le système éducatif peine à transmettre la nécessité de l’exploration.
Le plus souvent, les jeunes gens gardent mémoire d’une scolarité coercitive et dépréciative. La reproduction – irréalisable dans son absolu, et cela d’autant qu’il existe une pluralité d’origines culturelles – est imposée au détriment de l’exploration. Il en résulte la fabrication en série d’habitants plus ou moins dociles, plaintifs et sans grande imagination, ou bien exagérément rebelles, qui ne voient pas à quel point il leur appartient de s’inventer eux-mêmes de façon positive. Les vies familiales et professionnelles deviennent des lieux de domination et de victimisation. L’insatisfaction est la règle, avec le report sur autrui de toute responsabilité, et l’absence d’implication créative.
La souffrance est réelle : les neurones ne reçoivent pas quotidiennement leur indispensable nourriture, ils dépérissent et se voient dépérir ! Par réflexe de survie, l’être adopte alors des comportements souffrants qui, de fait, lui apportent une possibilité d’implication créative, mais en négatif ! Par sa souffrance imposée à son entourage ou sa société, l’être finit par trouver le moyen d’alimenter ses neurones.
À l’autre extrémité de l’échelle, l’excès de créativité provoque aussi des souffrances. Mais, on reconnaîtra qu’en matière de vie le trop vaut mieux que le rien !
Le pari de la créativité
La difficulté rencontrée aujourd’hui, c’est de devoir parier sur un fonctionnement supposé de notre système nerveux sans aucune possibilité de démonstration véritable. On est très loin d’avoir pu déterminer les conséquences néfastes des carences créatives sur nos connexions synaptiques, si tant est que l’on ait fait des recherches en ce sens. Une révolution se produira lorsque l’on comprendra la nécessité vitale d’implication originale individuelle dans la résolution de problématiques majeures, ce qui revient à exercer la faculté créative.
Mais cette découverte ne pourra se produire qu’accompagnée d’une analyse précise de ce que peut être la créativité au quotidien dans chacune de nos activités et de la façon dont elle s’acquiert : par encouragement dans l’alternance imitation-exploration.
Il semble indispensable que les adultes fassent le point régulièrement sur leur démarche créative, et qu’ils évaluent en quoi un courage attentif et un apprentissage continuel portés par l’admiration de quelques aînés et par la curiosité, les prémunissent d’une servilité délétère, d’une régression angoissée, les éloignent d’une souffrance synaptique.
Plus précisément, il importera que chacun réfléchisse au partage de sa démarche créative avec son entourage. Enfants ou adultes, la relation à autrui doit s’inscrire, pour les mêmes raisons neuronales, dans un équilibre entre répétition et exploration, imitation et créativité, modestie et aventure. Mais, étant donné le poids éducatif de notre société vers la passivation des êtres, on gagnera toujours à mettre l’accent sur l’originalité, et à développer visiblement une ambition neuronale.
Si l’origine de la bipédie date de plusieurs millions d’années, il est important de reconnaître que notre vraie spécificité est récente, issue de l’invention de l’écriture il y a quelques cinq mille années seulement. Plus proche encore, l’imprimerie date de 550 ans et la généralisation de l’enseignement de 120 ans. On doit alors bien considérer que, même si nous ne sommes que des esquisses par rapport aux humains de demain, il est indispensable que nous continuions à accorder à nos synapses la démarche créative qui les a fait exister.
Eugène Michel
Texte publié initialement dans la revue Lieux d’Etre, n° 43, hiver 2006/2007
Texte publié initialement dans la revue Lieux d’Etre, n° 43, hiver 2006/2007
Notes
(1) Revue Lieux d’Etre, n°36, automne 2003 .
(2) Cf. L’homme de vérité, Editions Odile Jacob, 2002, 446 pages.
(3) C’est ainsi que le travail dit « à la chaîne » fut une invention absolument aliénante.
(4) Le conflit actuel de l’enseignement de l’orthographe est un bon exemple. Tout se passe comme si la rigidité exagérée où s’est enfermée la langue française entre en contradiction avec le fonctionnement neuronal de l’enfant.
http://dcalin.fr/publications/eugene_michel5.htmlDernière édition par Iamsosure le Lun 19 Sep 2016 - 20:32, édité 1 fois
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
Le génie, une affaire de créativité
Par Elena Sender
Einstein, Mozart ou Marie Curie sont reconnus comme des génies. Ils ont développé un don, la créativité. Un critère bien plus déterminant que le fameux QI, jadis célébré. Quels sont les mécanismes du génie créatif ? Les gènes jouent-ils un rôle ?
Le physicien Albert Einstein, père de la théorie de la relativité, est décédé en 1955. © kyodowc123192.JPG k/NEWSCOM/SIPA
- Qu'est-ce que le génie ?
- EN IMAGES. La petite histoire du cerveau d'Einstein
- Que se passe-t-il dans le cerveau quand vous avez une idée ?
Devant un feu de cheminée, un verre de bordeaux à la main, le réalisateur américain George Lucas (Star Wars, Indiana Jones) plonge dans ses souvenirs d’enfance. En face de lui, Nancy Andreasen, neuroscientifique et psychiatre de l’université de l’Iowa (États-Unis), lauréate de la National Medal of Science — la plus haute distinction scientifique du pays —prend des notes.
Dans ce même fauteuil, se sont déjà succédé la romancière Jane Smiley, prix Pulitzer 1992, l’astrophysicien John Mather, prix Nobel de physique 2006, le mathématicien Bill Thurston, médaille Fields 1982 et les biologistes moléculaires Carol Greider et Liz Blackburn, prix Nobel de médecine en 2009...
"J’ai sélectionné des personnalités exceptionnelles qui ont réalisé des œuvres majeures dans leur domaine et ont reçu des prix prestigieux", explique la psychiatre qui les accueille dans sa propriété. Déjà quinze personnes d’exception ont ainsi été mises sur la sellette et Nancy Andreasen entend en recevoir une vingtaine d’ici à fin 2015.
L’objectif ? "Comprendre quels sont les facteurs familiaux et environnementaux qui ont permis à leur haut potentiel créatif d’émerger", explique la chercheuse. Toutes acceptent de se prêter à des tests cognitifs et à un examen d’imagerie cérébrale en IRM fonctionnelle "pour permettre de comparer leurs structures et fonctions cérébrales à celles d’un groupe témoin", poursuit l’experte qui a déjà "passé au crible" 30 écrivains talentueux américains dans les années 1990. Pour tenter de percer... le secret des génies.
Une capacité à ne pas confondre avec le QI
"Le génie est une capacité à produire quelque chose de hautement original", affirme Nancy Andreasen. "Les génies sont ceux qui “ font l’histoire” par leur contribution dans un domaine de créativité ou de leadership", complète Dean Keith Simonton, chercheur en psychologie à l’université de Californie (États-Unis). Le tout selon ce que le scientifique appelle une "définition historiométrique" ou "d’accomplissement". À ne — surtout ! — pas confondre avec l’autre définition du génie dite psychométrique caractérisant "un individu ayant un QI [quotient intellectuel] exceptionnel de 140 et plus" qui se mesure par un test mis au point selon l’échelle de mesure de l’intelligence créée par Alfred Binet et Théodore Simon en 1905. Car, toujours selon Dean Keith Simonton qui a étudié le QI de 282 personnalités, "on peut avoir un QI extrêmement haut et ne rien accomplir et, à l’inverse, réaliser des productions majeures avec un QI de 120-130".
Faire la liste des génies "historiométriques" n’est pas aisé puisque l’évaluation se fait sur des critères de production d’œuvres ou d’idées nouvelles. Si Einstein, Picasso, Victor Hugo, Mozart ou Léonard de Vinci font l’unanimité d’autres — comme Chagall, Ravel, Malraux, Marie Curie, Camille Claudel ou Napoléon — suscitent des débats aussi bien dans les discussions de comptoir que dans les colloques de spécialistes. Sans parler des contemporains comme l’astrophysicien Stephen Hawking, le réalisateur Steven Spielberg (E.T., Jurassic Park...), Steve Jobs (fondateur d’Apple), le prix Nobel de la paix Nelson Mandela ou le mathématicien Alexandre Grothendieck... entre autres. Gagnent-ils leur place au panthéon des génies ? "L’une des façons d’éviter les erreurs de jugement est certainement d’établir ce statut de manière posthume, une fois toutes les données réunies, estime prudemment Dean Keith Simonton. Notre évaluation historiométrique de Steve Jobs aurait été bien différente si elle était survenue en 1985, au moment où il s’est fait renvoyer d’Apple, avant qu’il ne revienne à la tête de l’entreprise en 1997 avec le succès que l’on sait !"Un critère met cependant tout le monde d’accord : toutes ces personnalités ont en commun d’avoir surdéveloppé une capacité, la créativité.
Pour comprendre ce qu’est un "haut potentiel créatif", direction le Laboratoire adaptations travail-individu (Lati) de la faculté de psychologie Paris-Descartes, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), au cinquième étage du bâtiment principal. C’est le repaire de Todd Lubart, son directeur, psychologue américain débarqué de New York en 1994 et spécialiste de la créativité depuis les années 1980. Son credo : la créativité existe en chacun de nous. "Il y a quatre niveaux de créativité — ou de “c” — que l’on évalue selon la portée de l’œuvre", explique-t-il.
Dix composantes associant cinq qualités cognitives
Le premier correspond à la capacité de reproduire quelque chose qui a déjà été inventé, comme cet élève qui applique un théorème de mathématique au cours d’un exercice par exemple.
Le deuxième correspond à une créativité limitée au cercle personnel ou familial, comme cet oncle qui imagine sans relâche des recettes de cuisine ou cette grand-mère qui invente comme personne des histoires pour ses petits-enfants.
Le troisième niveau concerne la créativité reconnue dans le milieu professionnel et dont on tire parti dans son travail comme le font les écrivains, les publicitaires, les ingénieurs, les chefs cuisiniers, etc.
Enfin, au sommet, trône le quatrième niveau ou "big C", la super-créativité rayonnant au niveau international, engendrant une réorientation de la pensée dans un champ thématique donné et dont l’histoire se souviendra.
Les Big C — comme les appellent les spécialistes — partagent des traits psychologiques selon Nancy Andreasen : audace, esprit de révolte, individualisme, absence de présupposés, persévérance, concentration, simplicité, aptitude au jeu, curiosité intense, humilité et désintéressement.
Todd Lubart a poussé plus loin l’analyse et en a déduit son modèle"multivarié".
"Dix composantes sont nécessaires à la créativité, assure-t-il, associant ainsi
cinq qualités cognitives — au premier rang desquelles la flexibilité mentale —
et cinq traits de personnalité comme une grande ouverture d’esprit, et une tolérance à l’ambiguïté."
Un test, intitulé EPoC, mis au point par le Lati permet d’ailleurs de mesurerle potentiel créatif chez l’enfant et l’adolescent. Durant quatre ans, des psychologues du laboratoire ont travaillé aussi sur Creative Profiler, un programme informatique d’évaluation du potentiel de l’adulte à partir de la mesure des dix dimensions par des épreuves en ligne.
Depuis un an, le programme tourne déjà dans quelques entreprises. Au final on obtient un profil en décagone (polygone à dix côtés) plus ou moins large et régulier."Un pur génie atteindra des maximums dans toutes les dimensions, assure Benjamin Frantz, ingénieur en psychologie responsable du projet. Cela peut arriver statistiquement, mais c’est très rare."
Pourtant, réunir toutes ces composantes, à un niveau aussi élevé ne garantit pas le passage à la postérité ! "Ces compétences sont nécessaires mais non suffisantes ! poursuit Todd Lubart. Elles doivent rencontrer une époque, un environnement, un besoin de la société.
Il faut la bonne personne au bon endroit au bon moment pour que le génie émerge."
Et le psychologue de citer le philosophe Friedrich Nietzsche "hissé au rang de génie bien après sa mort, lorsque son œuvre est entrée en résonance avec les préoccupations d’une époque". José de Valverde, conseiller d’orientation-psychologue, travaille avec le chercheur sur des études de cas, comme ceux de Vincent Van Gogh ou Frédéric Chopin afin de tenter de répondre à ces questions :
"Pourquoi le génie éclot-il à un moment donné ? Pourquoi existe-t-il des périodes plus fécondes que d’autres ?"
Françoys Gagné, professeur de psychologie canadien, a esquissé des éléments de réponse en établissant en 2003 une théorie qui fait aujourd’hui référence : un potentiel créatif deviendrait un talent lorsqu’il rencontre des catalyseurs internes (personnalité, motivation) et/ou externes (entourage, éducation, moyens).
Ainsi, si Van Gogh a été si créatif durant sa période dite arlésienne, c’est, selon José de Valverde, grâce, entre autres, à la luminosité du Midi, l’espoir d’une meilleure santé et une relation renoué avec son frère Théo. De même, Chopin a été particulièrement prolifique lorsqu’il séjournait à Nohant avec sa compagne, la romancière George Sand. À en croire ces modeles, les graines d’un potentiel créatif existeraient donc en chacun de nous, n’attendant qu’un "coup de pouce" pour croître au grand jour. Encourageant ! "Il faut encore étudier ce processus, pour mieux comprendre comment intervenir au niveau éducatif afin de favoriser l’éclosion des talents", martèle José de Valverde.
Que se passe-t-il au juste sous le crâne de ces esprits hautement créatifs ? Pour le savoir, il faut revenir à Georges Lucas — passionné d’anthropologie, d’histoire, de sociologie, de neurosciences, de technologie numérique, d’architecture, de design et de littérature — dont le cerveau a été observé à l’IRM tandis qu’il réalisait des tests cognitifs.
Un sujet créatif (en haut) active davantage ses aires associatives (en rouge) qu'un sujet témoin (en bas), qu'il soit scientifique ou artiste. © Nancy C. Andreasen
Une habileté à réaliser des connexions cérébrales
De quoi permettre à Nancy Andreasen d’établir un constat : "Tout comme les autres personnalités créatives, il montre des activations plus fortes des cortex associatifs, ces aires cérébrales qui permettent les associations d’idées." Outre-Atlantique, à l’université Drexel près de Philadelphie, JohnKounios, directeur du Creativity Research lab et son confrère Marc Beeman, coauteurs de l’ouvrage Eurêka Factor (2014), étudient de près ce phénomène. "La créativité peut être pensée comme l’habileté à faire des connexions non évidentes", estime John Kounios.
Ainsi, l’écrivain Daniel Tammet, atteint du syndrome d’Asperger (une forme d’autisme) mais aussi génie des nombres et des langues, décrit "de l’intérieur" ce phénomène dans son ouvrage "Embrasser le ciel immense". Le nombre 23, par exemple, lui évoque aussitôt 529 (soit 23 au carre?) et il reconnaît immédiatement 989 comme le dernier nombre divisible par 23 avant 1000. "Les nombres ne sont pas isolés, ils sont en interaction", écrit-il.
Et d’avancer cette hypothèse : "Chez la plupart des individus, les tâches cognitives majeures (faire des calculs, comprendre le langage, analyser des informations sensorielles...) sont effectuées distinctement dans des régions cérébrales séparées. Une inhibition empêcherait les différentes parties du cerveau de se mêler du travail des autres."
Or, dans certains cas, cette inhibition serait moins forte, permettant des dialogues entre parties du cerveau peu habituées à communiquer entre elles. "Je pense que c’est dans cette communication désordonnée entre des régions cérébrales habituellement distinctes que l’on peut trouver un début d’explication aux capacités numériques savantes, dont je fais moi-même l’expérience", note-t-il. John Kounios penche aussi pour cette théorie de la désinhibition cognitive. "La créativité viendrait d’une diminution du contrôle exercé par le lobe frontal sur le reste du cerveau. Les pensées des personnes créatives seraient donc un peu moins disciplinées."
Même sous l’IRM, "l’éclair de génie" — comme on appelle cet instant où l’idée géniale fuse — reste mystérieux.
Ainsi, que s’est-il réellement passé dans le cerveau de Descartes au cours de la nuit du 10 novembre 1619 où lui vint l’intuition d’une nouvelle méthode ? Et dans celui de Camille Saint-Saëns cette nuit du 21 avril 1915 où il rêva du final de sa symphonie en ut mineur avant de le retranscrire à son réveil ? "L’illumination est cette soudaine conscience d’une nouvelle idée ou perspective", explique John Kounios.
L’aboutissement d’un long processus inconscient
Certes, il est toujours possible de parvenir à produire de telles idées délibérément et méthodiquement, mais les cas sont rares. "La révélation est souvent l’aboutissement d’un long processus inconscient qui émerge soudainement alors que la pensée analytique est délibérée et consciente, caractérisée par une réflexion par étape", détaille John Kounios.
Cette illumination (insight) est un moment de grande exaltation "accompagnée d’une flambée d’émotions positives, qui se différencie de la satisfaction calme qu’apporte la pensée analytique".
Et l’acteur majeur en serait plutôt l’hémisphère cérébral droit, impliqué dans les associations d’idées, alors que le gauche jouerait davantage un rôle dans la pensée analytique comme l’ont montré des études menées ces quinze dernières années. De plus, des chercheurs ont pu déterminer par électroencéphalographie qu’une inhibition fugace des sens se produit juste avant que "l’ampoule ne s’allume","comme un phénomène inconscient de retrait en soi pour faciliter l’émergence de la solution", conclut John Kounios.
Bonne nouvelle : ces fulgurances pourraient être favorisées, à en croire le chercheur américain.
À commencer par toutes les activités qui élargissent le champ de l’attention et évite la concentration.
"Une émotion positive, qui élargit l’attention, est bénéfique pour la créativité alors que les pensées anxieuses, en rétrécissant le champ attentionnel, sont délétères", note John Kounios. Selon une étude (Jarosz, 2012) une — petite ! — quantité d’alcool pourrait aussi favoriser l’émergence des idées par la désinhibition qu’elle entraîne. En revanche, contrairement à une idée reçue, "il est peu probable que des drogues comme la cocaïne rendent quelqu’un créatif, poursuit le chercheur. Les psychostimulants forts concentrent en effet le mental sur les paramètres les plus évidents d’une situation, or c’est une attention étendue qui mène à la créativité".
D’autres scientifiques ont tenté d’intervenir de manière plus directe. Deux études récentes ont ainsi été menées (Chi&Snyder 2011, 2012) en stimulation transcranienne à courant continu : le cortex fronto-temporal droit de plusieurs sujets a été stimulé alors que leur cortex fronto-temporal gauche était inhibé. Et ça a marché. L’expérience a augmenté de manière significative le score de résolution de deux problèmes nécessitant une solution créative. "Mais cela soulève autant de questions que cela en résout,commente John Kounios. Est-ce l’activation à droite ou l’inhibition à gauche, ou les deux, qui produit l’effet ? A-t-on augmenté la créativité ou la perspicacité ?" Le spécialiste préfère s’en tenir à des conseils simples : "Lorsqu’on se sent près de l’“eurêka“,
il faut induire une humeur positive et élargir son attention par de multiples moyens pour ne pas rester centré sur le problème. C’est le meilleur moyen de favoriser l’éclair."
Dans le laboratoire Lati, les moyens à mettre en œuvre pour augmenter la créativité agitent les méninges. C’est d’ailleurs l’objet du projet Creativeness mené par les psychologues Julie Collange et Jérôme Guegan, avec deux groupes d’étudiants de l’université Paris-Descartes et des Arts et Métiers. Leur idée ? Abolir la traditionnelle réunion de brainstorming (agitation d’idées) autour d’une table pratiquée dans toutes les entreprises. Pour ce faire, chaque étudiant participant est donc prié de se faire remplacer par son avatar informatique — anonyme — lors de réunions virtuelles.
Les psychologues réalisent alors un test de "pensée divergente" avant de comptabiliser le nombre et l’originalité des propositions faites par chacun."Le nombre d’idées augmente légèrement par rapport à une réunion classique car l’anonymat contrecarre l’autocensure et la peur du jugement", révèle Julie Collange. La suite de l’expérience est encore plus intéressante. Lors d’une autre réunion virtuelle, les étudiants sont priés cette fois de se choisir un avatar qui, selon eux, symbolise le mieux "le génie".
Le savant fou, mythe ou réalité ?
Les avatars choisis par les "gadzarts" (étudiants des Arts et Métiers) portent presque tous blouse blanche et crinière d’Einstein tandis que ceux des étudiants en psychologie s’affublent de plumes et d’habits colorés. Et la magie opère ! "Le nombre d’idées obtenues par personne double quasiment ! Se mettre dans la peau d’un génie débride la créativité", relate Jérôme Guegan.
L’équipe cherche à présent à savoir si les caractéristiques du lieu virtuel ont une incidence. Une île paradisiaque ou les flammes de l’enfer stimuleraient-elles davantage notre potentiel créatif qu’une salle sans âme ?
Reste que la créativité débridée a son revers. "Virgina Woolf s’est suicidée, de même que Vincent Van Gogh, Newton souffrait de paranoïa et Galilée, dépressif, était souvent cloué au lit", expose Dean Keith Simonton, qui a analysé le lien entre folie et génie.
"Mon étude, portant sur 15 génies créatifs comparés à 15 témoins, montre un lien entre créativité et trouble mental, rapporte Nancy Andreasen qui avait déjà établi ce rapprochement dans son étude précédente sur les écrivains.
Les sujets créatifs et leurs proches ont un taux plus élevé de troubles mentaux incluant les dépressions, l’anxiété, les troubles paniques, les troubles bipolaires et l’alcoolisme. Ils ont également une probabilité plus forte que les autres d’avoir dans leur entourage un ou plusieurs proches atteints de schizophrénie."
Dean Keith Simonton évoque un paradoxe : dans la population générale, les créatifs semblent en meilleure santé mentale que les non-créatifs.
Mais parmi les créatifs, les plus inventifs semblent mentalement plus fragiles. Sur cette question, deux camps s’affrontent. Le savant fou est-il un mythe ? Nancy Andreasen compte bien apporter une réponse à cette polémique. Le fauteuil de son salon n’a pas fini de livrer ses secrets.
NUMÉRIQUE. Cet article est extrait de Sciences et Avenir 810, en vente en décembre 2014 / janvier 2015. Le magazine est disponible en version digitale via l'encadré ci-dessous.
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Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
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"A. Architecture physique
1. Architecture du mouvement
On ne peut pas vraiment dire que je visite les villes, il serait plus juste de penser que ce sont l’ensemble de leurs formes qui me guident à travers elles. Lorsque j’arrive dans une ville inconnue, si le temps me le permet, je commence par acheter un plan que je laisse dans mon sac. Il me servira le soir pour retrouver mon logement. Ensuite je me mets à marcher, je suis les rues sans en connaître la destination.
D’ailleurs la destination m’importe peu, je me laisse guider par le flux des formes architecturales. Quand j’en ai marre de marcher, j’attrape le premier bus qui passe, m’assois sur un siège côté vitre et je me laisse charmer par le défilement de ces images. Traverser une ville de cette façon, c’est comme traverser une image, un immense collage réalisé par de nombreux architectes. C’est la parcourir avec le même regard que lorsque l’on sillonne un paysage naturel, c’est l’explorer comme un ensemble de formes sans fonction. Vous pourriez y voir une mairie, j’y verrai sûrement un assemblage de formes abstraites, comme un énorme rocher artificiel que je devrais contourner ou gravir pour apercevoir le reste du paysage alentour.
L’urbanisme m’apparaît comme un paysage artificiel et plus précisément comme une composition d’images mentales et d’images-concrètes. Il est peut-être bon de préciser que j’ai une tendance à classer les images en deux groupes, les « images-mentales » et les « images-concrètes ». J’utilise ces désignations non pas pour exprimer un certain type d’image, mais plutôt le rapport qui opère entre l’image et le regardeur/visiteur. Je définis l’ « image-mentale » comme le rapport entre l’image et le regardeur qui œuvre par le biais de l’esprit, par une projection mentale effectuée par le visiteur. En activant cette projection mentale, le visiteur devient un corps fantôme et donc regardeur (mais regard incarné) , car il en oublie sa propre présence physique, celle du lieu et du temps, depuis lequel il regarde l’œuvre.
À la différence, l’ « image-concrète » opère par une confrontation physique entre l’image et le corps du visiteur. En utilisant le terme d’ « image concrète », je fais en partie référence à la conception de l’image dans l’Art Concret. Ces artistes prônaient une production d’images qui ne serait pas 5 une interprétation du monde mais le réel1 lui-même. Malheureusement, je ne peux pas seulement m’appuyer sur cette conception pour définir entièrement ce que j’appelle « image-concrète ».
Pour cela, je me réfère à l’étymologie latine de « concret », concretus qui signifie « épais, dru »2 , mais qui surtout à partir du dix-huitième siècle s’accouple d’une appartenance au réel. Jusque là, la différence avec le manifeste de l’Art Concret reste assez mince, mais il ne faut pas oublier que j’utilise cette terminologie comme le rapport à un type d’image et non à l’image en elle-même. Pour faire simple, ce qui différencie la conception de l’Art Concret de l’ « image-concrète », c’est le cadre de l’image et la relation faite avec le spectateur.
Van Doesburg déclara : « Peinture concrète et non abstraite parce que rien n’est plus concret, plus réel qu’une ligne, qu’une couleur, qu’une surface3 ». Hans Arp ajoutera, qu’il trouve un tableau ou une sculpture n’ayant pas eu d’objet pour modèle, tout aussi concrets qu’une feuille ou une pierre 4 . L’Œuvre Concrète appartient donc au réel par son refus d’une représentation quelconque, mais ne prend pas en compte l’espace où elle opère.
À l’inverse, l’ « image-concrète » peut tout à fait être une interprétation du monde, du moment qu’elle se matérialise, s’épaississe dans le réel et s’y ancre par rapport à son contexte, son lieu. Pour en revenir à l’architecture, je la définis comme en une combinaison d’ « images-mentales » et d’ « images-concrètes », car lorsqu’on se déplace dans une ville nous sommes à la fois proches de certains bâtiments et éloignés des autres. Je m’explique : vu de loin un bâtiment fonctionne comme une « image-mentale » car il est trop distant pour qu’on en saisisse la présence matérielle, le contour, le volume, la présence. Le rapport que nous instituons avec lui est donc de l’ordre de la projection mentale. À l’inverse, avec les bâtisses proches nous avons un rapport directement physique que j’assimile aux « images-concrètes ». Cela deviendra plus clair par la suite, mais j’essaie ici d’établir un constat.../...
Dans un rapport à l’espace relativement différent, les frères Chapuisat ont réalisés une série de pièces nommées Intra Muros se présentant sous la forme de cimaises blanches, reflétant l’esthétique vide du white cube. Pourtant, sur l’un de ses bords, se trouve une petite trappe par laquelle le spectateur peut s’introduire et ainsi découvrir un espace totalement opposé à celui qu’il vient de quitter. «Un monde compact et plein dans lequel on avance qu’à grand peine, à la manière d’un spéléologue, c’est- à-dire en devant faire appel à toute la capacité physique, et à la présence, de son corps; ce dernier devient l’ “organe” de perception de l’œuvre. Pour retrouver son corps, le Spectateur désincarné d’O’Doherty doit donc littéralement entrer dans le mur qui délimite l’espace vide et pur de la galerie. […] Il se fond dans la seule matière persistante dans l’espace de la galerie pour faire littéralement corps avec cette matière et se voir lui même ainsi rematérialisé
14. »
15 À travers Intra Muros les Chapuisat ne reconcrétisent pas le white cube mais offrent une porte de sortie pour que le corps du spectateur puisse interagir avec l’œuvre. De cette manière ils ne nous placent pas devant une représentation mentale d’un espace étouffant, mais nous font rentrer physiquement dans cette image confinée. Mais c’est plus particulièrement avec des pièces comme Métamorphose d’impact, qu’ils transforment le lieu en image. À la différence de Turbo de Baptiste Debombourg où celui-ci va littéralement modifier le white cube, les frères Chapuisat vont ici l’utiliser comme le peintre ferait usage de sa toile. Le white cube est une toile vierge sur laquelle ils vont « peindre » leur « image-concrète ». Même si le procédé est différent de celui de Debombourg , l’impression ressentie par le spectateur qui vient de rentrer dans la pièce est du même ordre, il se retrouve immergé dans l’espace image. Contrairement à un white cube où l’artiste serait venu poser son œuvre, le travail des Chapuisat opère physiquement sur le spectateur par le rapport qu’il instaure à l’espace. Leurs travaux ne sont pas des sculptures dans lesquelles on se projette mentalement car elles sont à l’échelle 1:1, elles ne sont pas flottantes dans l’espace : elle sont là. Leur travail s’ancre d’autant plus dans le réel qu’ il porte sur les thématiques de l’enfance, de la cabane, de l’exploration. Il nous propose de l’expérimenter non seulement en tant qu’ « images-mentales », mais aussi en tant qu’ « images-concrètes ». La matérialisation de l’espace et du corps est donc de première importance dans leur pratique artistique..../.....
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1. Architecture technologique Le chapitre précédant traitait d’une pratique de l’espace, celui-ci portera sur une pratique du regroupement social. Un nouveau mode d’être ensemble et d’être au monde, une pratique engendrant d’autres types et d’autres rapports à l’espace. « […] les transhumances des jeunes vers des lieux de notre société postindustrielle, usines désaffectées, hangars, caves, contre le désenchantement de la société industrielle et la perte de l’espace public15». Avec la disparition de certains espaces communautaires, de nouvelles pratiques du social se sont développées consistant à ré-enchanter les espaces, à produire des itinéraires différents à travers la culture, des récits alternatifs. Je me focaliserai essentiellement sur des pratiques éphémères car ce sont les seules capable de mettre en place de brèves utopies concrètes. La modernité avait tenté de mettre en place ce concept d’ « utopie concrète », en basant celle-ci sur la raison comme norme transcendantale, ce qui n’a abouti qu’à produire un désenchantement de la société. Pour moi, il y a deux causes expliquant l’échec de la modernité en tant qu’ « utopie concrète ». La première est d’avoir fait table-rase sur l’imaginaire, pensant que seule la raison pouvait apporter un monde idéal. Les avancées scientifiques prenant le pas sur ce que fut jadis la religion pour la société, la technologie devint le fer-de-lance sur lequel on plaçait une confiance absolue. Ce rapport à la technique a fini par aboutir à une perte du savoir-faire, et donc à assujettir l’ouvrier à une forme de dépendance vis-à-vis d’elle. La modernité a produit un écrasement de l’individu par la technologie car celui-ci la subissait. Aujourd’hui notre rapport quant à l’utilisation des technologies change, nous avons de plus en plus tendance à la déconstruire pour la reconstruire ________________________________________________________________ _ _ _ 15 Béatrice DURUPT, « Digraphe », Techno-Logie, n°68, France : Mercure De France, 1994. 19 dans un autre sens, le notre. À travers elle, nous commençons à projeter notre propre imaginaire, notre propre culture. On suit de moins en moins les usages préposés, le mode d’emploi fini souvent dans la poubelle, puis l’on se jette à corps perdu sur la machine en y projetant ce que l’on voudrait vraiment d’elle. Un exemple simple est ce qu’il s’est passé à la DNA16, où l’application Minitel devait être utilisée pour faire remonter les articles plus rapidement à la direction. Cette application avait été conçue pour une communication à sens unique, des employés à la direction. Les concepteurs n’avaient pas prévu que les employés allaient aussi l’utiliser pour communiquer entre eux : c’était l’ancêtre du SMS17. Cette appropriation de la technologie, s’est énormément développée avec sa démocratisation et l’arrivée de l’idéologie open source18. Depuis le début des années 80, de petits îlots de créativité autour des technologies récentes se sont développés. Sur cet archipel se trouve notamment les Hacklab19 et les Fab lab20 qui sont des lieux physique de rassemblement. Des laboratoires de création ouverts à qui veut y participer, peu importe notre domaine de spécialisation, chacun vient y injecter un peu de lui, de son savoir, de sa culture. Ces regroupements ont pour but de tisser des rapports entre divers domaines par le biais de la technologie, entre informatique, électronique, art, design et bricolage. Les Hacklab et Fab lab sont des architectures sociales essentiellement événementielles, où l’on invente dans le partage des compétences et des connaissances, où l’on crée de nouvelles façons de produire, ce sont comme des abris à « utopies concrètes ». Ce type de rassemblement témoigne non seulement d’une pratique du social, mais également d’une pratique de l’espace. Ces laboratoires produisent d’autres rapports à la technique mais qui eux-mêmes, engendrent de nouvelles formes-concrètes. Un exemple qui parlera peut-être davantage ________________________________________________________________ _ _ _ 16 Les Dernières Nouvelles d’Alsace est une presse quotidienne régionale. 17 Stephane HUGON, « Internet et l’imaginaire du voyage », interview par Xavier de la Porte, France Culture : Place de la toile, 2010. Disponible sur Internet : 18 La désignation open source s’applique au logiciel dont la licence est libre de redistribution ainsi qu’un accès libre au code source. Cette désignation s’est aujourd’hui un peu élargie, et peu aussi s’appliquer par exemple, aux plans de construction d’une machine. 19 Le Hacklab vient de la fusion entre hacker et laboratoire. Contrairement à l’image qui a été créée par les dérives médiatiques, le hacker n’est pas un pirate informatique mais juste une personne qui utilise la technologie de manière créative. 20 est celui de l’Open Source Ecology , qui est un réseau d’agriculteurs et d’ingénieurs qui ont mis en place le Global Village Construction Set. Sur le mode de l’open source, ils ont créé et mis en ligne un « set » permettant de bâtir et de rendre autonome un petit village, le tout avec notre niveau actuel de confort . Ce « set » comprend les explications et les plans de construction nécessaires afin que n’importe quel groupe de personnes un tant soit peu manuel, puisse construire les machines dont il aura besoin pour réaliser ce projet21. Toujours dans le soucis de pouvoir réaliser les choses de façon concrète, toutes ces réalisations ont été pensées pour être construites très simplement et à des coûts minimum. Ceci est un exemple parmi d’autres, de ce à quoi peuvent aboutir les interactions produites durant un Hacklab. Celui-ci étant particulièrement axé sur une forme d’autonomie utopique, ce qui n’est pas le cas de tous, mais ils s’accordent sur une liberté de création vis-à-vis de la technologie. .../...
2. Architecture éphémère La deuxième raison, selon moi, de l’échec d’une « utopie concrète » par le modernisme, vient du fait qu’elle ne peut fonctionner que sur une temporalité brève. L’humanité est un cercle sans fin sur lequel vient se concrétiser en un point l’utopie. « révolution, réaction, trahison, l’état s’érige avec plus de puissance, et encore plus répressif – la roue tourne, l’histoire recommence encore et toujours22 ». L’utopie se trouvant sur cette roue, cela n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne finisse en une plus ou moins forte dystopie. La seule façon de briser le cycle et de pouvoir conserver l’« utopie concrète», est de la faire disparaître pour qu’elle puisse réapparaître en un autre lieu et en un autre temps. C’est l’un des constats fait par Hakim Bey autour des systèmes utopiques. Après de nombreuses recherches sur les utopies pirates, Hakim Bey rédige son essai TAZ23 (Zone Autonome Temporairement). Il démontre qu’aujourd’hui, on ne peut plus générer d’ « enclaves libres » à partir d’emplacement physique sur le monde, car celui-ci n’en possède plus aucun de libre. « La dernière parcelle de Terre n’appartenant à aucun État-nation fut absorbée en 1899. Notre siècle est le premier sans terra incognita24 ». Désormais, ces zones de libertés se créent par le biais de rassemblements éphémères. Le momentané est l’unique méthode à adopter pour s’approprier un territoire physique, de temps et d’imagination, à travers un monde entièrement « écrit » et « contrôlé ». C’est dans le spontané, dans le présent que l’utopie est concrète et peut se superposer au monde, avant que celui-ci la repère et actionne la roue de l’Histoire. Avec ce chapitre, je ne cherche pas à mettre en avant les moyens de créer des utopies concrètes, mais ce qui m’intéresse c’est de constater que la pratique du social peut produire des architectures mentales de manière très concrètes. Nous vivons un temps où la Terre entière est cartographiée, il n’y a plus de zones vierges, mais comme pour le Parkour nous pouvons faire abstraction de l’usage de l’urbain25 et de ses lois pour en faire sa propre ..../...
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Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
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Par ce refus d’appartenance à un débat politique, contrairement à d’autres formes musicales comme le rock, le punk ou le rap, elle permet d’effacer un sol qui jusque là, était fragmenté par des identités séparées ou opposées. Transformant le territoire qu’elle occupe en feuille blanche, où nous n’avons plus besoin de « vérité » ou d’autorité pour s’entendre, et construire ensemble nos propres formes. Je ne sais pas comment vous ressentez la musique, pour moi c’est une expérience étonnement très visuelle, d’où l’intérêt de la coupler à une feuille blanche, à une abstraction de l’espace. ________________________________________________________________ _ _ _ 26 Si vous n’êtes pas familier avec le terme de TAZ, il serait bien que je vous apporte quelques compléments d’information. N’importe quel concert de musique rentre dans la catégorie de Zone Temporaire mais pour être défini en tant que TAZ, il faut également que celui-ci soit Autonome. Hakim Bey entend par Autonome les Zones libérées de tout contrôle politique, des Zones régies par aucunes lois. Donc seuls les concerts organisés de manière « sauvages », sans l’accord de l’État, peuvent être libérés de tout contrôle et ainsi être des Zones Autonomes Temporaires.
27 Michel GAILLOT, Sens Multiple ; La techno ; un laboratoire artistique et politique du présent ; avec les entretiens de Michel Maffesoli et Jean-Luc Nancy, Paris : Éditions Dis Voir, 1998, p. 18. 24
Imaginez la musique, visualisez-la comme un flux matériel, un liquide épais qui recouvre peu à peu l’espace où vous êtes. Cette substance pâteuse est comme la peau d’un caméléon, directement reliée à votre imaginaire, il vous suffit d’entrer dans l’univers que génère la musique pour y appliquer la texture que vous souhaitez. De la même manière qu’un livre vous projette dans un autre monde, vous êtes désormais ailleurs, du moins votre esprit l’est.
Dans le cadre du livre, votre « transport » est d’ordre purement mental, concrètement vous êtes toujours assis dans votre fauteuil, même s’ il vous arrive de ressentir réellement l’émerveillement, le rire, la peur, la tristesse, etc. Le « transport » du livre est comme une fuite, une projection à travers une porte temporelle par laquelle seul votre esprit « voyage ».
La musique et spécialement les TAZ musicales fonctionnent également sur ce principe, mais l’univers mental ainsi créé ne se trouve pas ailleurs, il est ici mais autrement.
Cet autre espace-temps est de l’ordre d’un écrasement, il vient se superposer au réel. Ici le corps et l’imaginaire, le concret et le mental, communiquent. C’est le rapport que j’exprime par « image-concrète », un imaginaire qui communique avec le réel et pas seulement un « jeu d’esprit ». Ils communiquent d’un point de vue individuel, c’est-à-dire entre le corps et l’imaginaire de chaque individu, mais aussi de manière collective, car même si l’imaginaire engendré par la musique est propre à chacun, les corps eux génèrent un espace commun entre les individus.
C’est en ces aspects que ces pratiques sociales sont importantes, car elles permettent d’ouvrir sur des espaces d’expérimentation, de création collectives, afin de trouver des nouveaux instruments du partage, d’un accès commun au sensible. C’est également un moyen d’exercer un rapport à l’espace, en y insérant des bulles-images, un imaginaire conjoint dans lequel nous pouvons nous immerger ensemble, et ainsi retrouver des espaces collectifs. .../...
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Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
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Comme vous l’aurez surement constaté, j’accorde une grande importance à l’imaginaire, au rêve, qui pour moi joue un rôle déterminant dans l’évolution de notre société, dans notre rapport au monde. Cette part d’imaginaire qui a été mise à rude épreuve par le modernisme, au profit d’une vision désenchantée. Ce lot qui s’est également perdu dans le processus de prolétarisation ; dans la perte du savoir-vivre, dans une désindividualisation et donc dans l’oubli de produire nos propres modes d’existence42. Pour ce qui est de ma part, la rêverie commune n’a de sens que dans son application, dans son point de jonction au monde, et pour lequel le corps est nécessaire. Que se soit par le corps du traceur qui concrétise son rapport à l’espace, par les corps rassemblés de l’architecture sociale qui s’emparent du réel par l’imaginaire, ou de l’architecture numérique qui simule le corps dans l’image, le corps fait toujours office de passerelle. Il en est le passage reliant le monde mental du monde physique, et donc ce qui fait notre rapport à l’espace. L’art est l’un de ces producteurs de mondes mentaux, qui parfois comme nous l’avons vu fait appel au corps ou au contexte, pour en créer une jonction reliant « mental » et « physique/concret ». Pour ma part lorsque ces « mondes » sont connectés, il y a un échange, une communication, supplémentaire qui s’exerce entre l’œuvre et le visiteur. Bernard Stiegler explique que l’art exerce une mystagogie sur ces pratiquants, et qu’en conséquence pour que celle-ci œuvre, il lui faut une croyance de la part des adeptes43. Je ne veux nullement remettre en question l’art effectué jusqu’ici, mais je souhaite juste effectuer un constat entre une pratique de l’espace et un type d’art dont le rapport serait du même ordre. En s’exprimant sur le procédé de cette mystagogie, Stiegler démontre que l’œuvre d’art fonctionne comme une initiation aux mystères du monde. Si cela est le cas, alors je serais particulièrement tenté par une forme d’art développant une initiation proche de mon rapport à l’espace. N’étant pas non plus d’une nature radicale, il me serais difficile de concevoir l’art dans un rapport purement d’ « image-concrète », la diversité étant l’un de ses attraits. Mais j’avoue avoir du mal à appréhender l’art, dans un rapport uniquement frontal, dans le non-espace qu’est le white cube, effaçant toute trace du corps et donc ce qui fait notre rapport au monde. Ceci ne me dérange guère lorsqu’il est question d’art muséal, d’un art « mort » qui survit grâce à un espace hors-temps, et plus exactement dans une hétérotopie ; un espace sans temps. Quant à l’art « vivant », il serait logique qu’il œuvre dans son contexte, qu’il soit connecté à une certaine « réalité » pour qu’il puisse exercer un impact sur ces pratiquants. Cette réflexion n’est évidement pas à prendre comme un art Idéal à appliquer, mais plutôt comme une observation d’une pratique possible de l’image, en résonance à des pratiques de l’espace..../...
http://lianzamickael.ch/images/text/Parousie%20de%20l'imaginaire_Lianza%20mickael.pdfDernière édition par Iamsosure le Lun 19 Sep 2016 - 20:25, édité 1 fois
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
http://www.linecoaching.com/content/la-douance
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9. Créativité. Savez-vous détourner un trombone ?
http://www.adulte-surdoue.org/2016/bibliotheque-2/generalites/les-surdoues-ordinaires-nicolas-gauvrit/
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9. Créativité. Savez-vous détourner un trombone ?
Dans ce chapitre, l’auteur s’interroge sur le lien entre intelligence et créativité, selon le postulat que « résoudre un problème nouveau qu’on n’a jamais rencontré auparavant, c’est typiquement à cela que sert l’intelligence. C’est sa définition même. »
Il précise la définition posée par les psychologues de l’intelligence cristallisée (capacité à apprendre et à utiliser des procédures efficaces) et intelligence fluide (capacité à imaginer du neuf, à explorer des pistes originales) qui est aussi le domaine de la créativité.
« Le fait est que l’intelligence cristallisée peut compenser un défaut d’intelligence fluide. Il est possible d’être un surdoué sans être créatif : une mémoire colossale, une rapidité d’exécution des procédures standards, et l’on rejoint le haut du pavé en termes de QI. »
L’auteur passe en revue les quatre facteurs généralement retenus statistiquement pour étudier la créativité :
– la fluence, capacité à développer de nombreuses idées en peu de temps ;
– l’originalité ;
– la flexibilité, capacité à changer de thème ;
– l’élaboration, le degré de précision des idées proposées.
A partir de là, des tests de créativité ont été développés, comme celui de J.P. Guilford, le Test des utilisations alternatives, où on dispose de deux minutes pour trouver le plus d’usages d’un objet de la vie courante, ou celui de Torrance, où il faut compléter un dessin pour faire une image complexe, détaillée et narrative.
Ces tests permettent d’évaluer la pensée divergente. On utilise également des tests à base de devinettes comme celle-ci :
– Un homme a-t-il le droit de se marier avec la sœur de sa veuve ?
pour évaluer la pensée convergente, qui est aussi liée à une forme de créativité.
On a observé que la créativité a augmenté continuellement tout comme le QI en Occident, selon l' "effet Flynn", mais que depuis le début du 21ème siècle, la créativité décroît :
« Cela suggère que la créativité, tout comme d’ailleurs l’intelligence, dépend en partie de notre environnement et de notre culture, même si des preuves irréfutables nous montrent aussi que la génétique explique une bonne partie de ces deux caractéristiques, comme le rappellent Baptiste Barbot de l’université de Yale et ses collègues dans un livre paru en 2013 ».
Mais quelles sont la nature et la force du lien entre créativité et QI ? Il existe une abondante littérature scientifique sur la pensée créative, à partir de laquelle Gauvrit propose une synthèse :
QI et créativité sont corrélés, les personnes à QI élevé ont tendance à avoir des scores de créativité élevés, c’est un lien statistique, vérifié à de multiples reprises. La part de variance attribuable à la créativité dans le QI avoisinerait les 13%, avec cette nuance, appelée « modèle de seuil » qui semble confirmée largement par les données expérimentales et les neurosciences:
« Une intelligence largement supérieure à la moyenne ne change pas grand-chose par rapport à un QI correct : il est seulement nécessaire d’avoir une intelligence au moins moyenne pour pouvoir développer sa créativité, qui est alors à peu près indépendante du QI. »
Les liens entre douance et créativité « ont été résumés dans un article de synthèse publié en 2012 par James Kaufman, Jonathan Plucker et Christina Russel. Bien qu’assez critiques sur la qualité de la majorité des recherches dans le domaine, les auteurs concluent qu’il reste peu de doute sur le fait que les petits surdoués brillent également par l’imagination, la fluence et la créativité en général.
En réalité, ils vont même plus loin et préconisent de prendre en compte la créativité dans la définition même de la douance, afin de ne pas écarter des programmes éducatifs spécialisés des enfants à l’intelligence élevée quoique non exceptionnelle, mais à la créativité exacerbée.
La créativité exceptionnelle semble en effet poser le même genre de défi à l’instruction scolaire que la douance. Maud Besançon, Todd Lubbard et Baptiste Barbot de l’université Paris-Descartes se joignent d’ailleurs à cet avis dans un article récent en préconisant la reconnaissance des » surdoués créatifs ». »
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Dernière édition par Iamsosure le Lun 19 Sep 2016 - 20:24, édité 1 fois
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
Je savais qu'il avait été fait chevalier des Arts et des Lettres ; je sais maintenant pourquoi.
ortolan- Messages : 13579
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Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
Ca me sulfure... je ne connais pas l'impact d'une voix pareille sur un homme, mais sur ma personne...et les arrangements pas du tout dérangeants, le pouvoir de la musique et du chant c'est quand même quelque chose, certains morceaux, certains interprètes et hop je dégage, transportée ailleurs immédiatement, plein de choses perdent immédiatement tout leur sens ou leur non sens, et un autre univers prend vie, simple, beau, doux. La capacité de polyvalence dévoile toute sa substance. C'est la base. La magie de la musique, elle peut tout faire "disparaître" en un dixième de seconde, changement de tableau immédiat. Toujours là, mais ailleurs, autrement.
Réussir à créer un tout autre univers n'est pas donné à tout le monde et pas simple et pouvoir se sentir "transportée" avec du "terre à terre" très simple et très basique, au fond, j'adore. (En ce cas précis, je trouve tout et tous les gens très cons et des modes de vie et de réflexion d'un "fatasse").
Comme une "touche" de peinture au milieu d'une palette de couleurs
Ambidouance.... bidou bidou bida....
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
Pour celle-là, j'aime bien la reprise qu'en a fait Grace Jones :
ortolan- Messages : 13579
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Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
Dernière édition par Iamsosure le Lun 19 Sep 2016 - 19:38, édité 1 fois
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
3.000 cerveaux pour mieux étudier les maladies psychiatriques
Par Sciences et Avenir avec AFP
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Publié le 15-09-2016 à 17h30
http://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/20160913.OBS7927/1-francais-sur-5-a-deja-envisage-serieusement-le-suicide.html
Par Sciences et Avenir avec AFP
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Publié le 15-09-2016 à 17h30
La Belgique est en passe de constituer la plus importante collection de cerveaux à l'hôpital psychiatrique de Duffel. Un trésor pour la recherche en biopsychiatrie.
Un cerveau humain présenté lors d'une exposition qui lui était consacré à Sao Paulo, au Brésil, le 21 août 2009. ©MAURICIO LIMA / AFP
CERVEAUX. C'est une collection bien particulière qui a atterri cet été sur les étagères de l'hôpital psychiatrique de Duffel, dans le nord de la Belgique : environ 3.000 cerveaux, fruit de la sélection assidue d'un médecin anglais sur plus de quarante ans. Baignants dans le formol ou figés dans de la paraffine, lobes frontaux, hippocampes et autres zones clés de cet organe majeur de notre système nerveux, parfois un cerveau entièrement conservé : voilà le trésor acquis par le Dr Manuel Morrens, directeur de recherche de l'hôpital, et que son équipe partage avec l'école de médecinede l'Université d'Anvers (nord). "A notre connaissance, c'est la plus grande collection de ce genre au monde", sourit-il.
Des cerveaux exploités pour la recherche
Constituée à l'origine de quelque 8.500 cerveaux, la collection rassemblée par le neuropathologiste britannique John Corsellis à partir de 1951 et poursuivie jusqu'au milieu des années 1990 a bien failli disparaître pour cause de... pression foncière à Londres. Continuer d'héberger cette vaste collection dans la capitale devenait trop coûteux. L'hôpital de Duffel a ainsi pu récupérer 3.000 cerveaux, tandis qu'une partie du reste a été donnée à d'autres équipes de recherche à l'étranger.
En Belgique, les cerveaux seront exploités à des fins de recherche principalement sur la dépression et la schizophrénie, dans ce coin tranquille de Flandre. Chacun d'eux est accompagné d'un dossier médical tenu à jour jusqu'au décès du patient. La collection, rare, est très précieuse pour les chercheurs. "Il est très dur d'obtenir des tissus de nos jours. D'habitude, on étudie le fonctionnement du cerveau plutôt grâce à des échantillons de sang. Là, on peut y accéder directement", explique Manuel Morrens à l'AFP.
La recherche contemporaine est gênée par le fait que les cerveaux, en général, ont été prélevés sur des patients qui ont subi des traitements - Dr Morrens
En effet, à l'époque du Dr Corsellis (décédé en 1994), des considérations éthiques plus souples rendaient probablement plus aisée la constitution de ce type de collection, les autorisations nécessaires étant alors plus facilement obtenues. L'un des principaux avantages de travailler sur des cerveaux de cette époque est que pour beaucoup d'entre eux, ils n'ont pas été affectés par des traitements médicaux, inexistants à l'époque. "La recherche contemporaine est gênée par le fait que les cerveaux, en général, ont été prélevés sur des patients qui ont subi des traitements (médicamenteux), relève le Dr Morrens. Au contraire, avec cette collection,nous allons pouvoir étudier la maladie dans sa forme la plus pure", s'enthousiasme-t-il.
"L'enquête post-mortem sur ces cerveaux pourrait permettre de révéler certains secrets qui échappent encore aux scientifiques, selon Violette Coppens, chercheuse post-doctorale à Duffel. La psychiatrie est un champ de recherche relativement nouveau en terme d'investigations scientifiques", se réjouit-elle.
La biopsychiatrie, qui se spécialise dans la compréhension des troubles mentaux en termes de fonction biologique du système nerveux, n'a en effet commencé à croître en importance que dans les années 1980-1990. Et le cerveau, organe le mieux protégé - et donc le moins accessible du corps humain - est plus difficile à étudier. De ces milliers de cerveaux, Violette Coppens et ses collègues prélèveront des coupes, qu'ils étudieront au microscope à la recherche d'inflammations. Sur l'écran de la chercheuse ce jour-là apparaît une partie de cervelet dont la matière blanche a été teintée afin de mieux observer les cellules qui la composent.
La recherche actuelle sur les vivants reste limitée par la technologie, souligne Mme Coppens. Les scanners et IRM ne peuvent pas, par exemple, repérer quels types de protéines ou d'enzymes sont activés par les maladies. "Est-ce que l'inflammation du cerveau peut provoquer ou aggraver ou influencer, d'une façon ou d'une autre, le cours médical des désordres mentaux ?", s'interroge Violette Coppens, les yeux rivés sur les méandres pourpres créés par la teinture. C'est la question à laquelle l'équipe belge du Dr Morrens tentera de répondre après l'observation et la comparaison de milliers de prélèvements.
http://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/20160915.OBS8093/3-000-cerveaux-pour-mieux-etudier-les-maladies-psychiatriques.html
--------------------------------------http://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/20160913.OBS7927/1-francais-sur-5-a-deja-envisage-serieusement-le-suicide.html
Dernière édition par Iamsosure le Lun 19 Sep 2016 - 19:52, édité 1 fois
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
La technique du neurofeedback, un placebo ?
Par Sylvie Riou-Milliot
Une personne équipée d'un casque EEG (électroencéphalographe). © Inserm, E. Maby
Par Sylvie Riou-Milliot
Un traitement de neurofeedback simulé permettrait d’obtenir des résultats similaires à ceux enregistrés par électroencéphalographie pour faire face à certains troubles neurologiques.
Une personne équipée d'un casque EEG (électroencéphalographe). © Inserm, E. Maby
CERVEAU. Très tendance depuis quelques années, le neurofeedback, cette technique qui consiste à moduler son activité cérébrale (voir encadré), pourrait bien relever… uniquement de l’effet placebo ! Selon une étude récente parue dans le Lancet Psychiatry, un faux traitement de neurofeedback - c’est-à-dire simulé - permet en effet d’obtenir des résultats similaires à ceux enregistrés par électroencéphalographie (méthode d'exploration cérébrale qui mesure l'activité électrique du cerveau par des électrodes) lors d’un exercice véritable. Une pierre dans le jardin des tenants de cette technique largement utilisée aujourd’hui pour faire face à de très nombreux troubles (hyperactivité, épilepsie, dépression, anxiété, insomnie, autisme, alcoolisme… ).
Pour parvenir à cette conclusion sans appel, Robert Thibault et Amir Raz, deux chercheurs de l’université McGill de Montréal (Canada), ont analysé la littérature scientifique. « Certains patients dépensent des milliers de dollars et consacrent jusqu’à six mois de leur vie à l’entraînement de leur cerveau par neurofeedback, écrit Robert Thibault. Or, ils tentent de maîtriser des processus cérébraux difficiles à appréhender. » Les chercheurs doivent désormais examiner les facteurs psychologiques et sociaux à l’origine de la réelle et indéniable amélioration des symptômes rapportée par les patients qui pratiquent cette technique. Leur objectif n’étant pas de décrédibiliser le neurofeedback mais d’établir comment en tirer parti « d’une façon judicieuse sur le plan scientifique et acceptable sur le plan de l’éthique », selon leurs propos.
Une absence de protocole standardisé
Difficile de définir le neurofeedback. Ce terme regroupe en effet des pratiques très différentes, nées dans les années 1970 et utilisant ou non l’électroencéphalographie (la pose d’électrodes sur le crâne pour mesurer l’activité électrique du cerveau) et le recours à l’imagerie cérébrale (IRM fonctionnelle ou non, en temps réel, dynamique... ). Le principe étant toujours de permettre à un individu d’apprendre à moduler son activité cérébrale. Au départ, les praticiens enregistrent l’activité neuronale du patient puis lui transmettent ces informations par voie visuelle ou auditive. La perception de sa propre activité cérébrale, en feedback (retour) étant censée permettre au sujet d’apprendre ensuite à la moduler en cas de trouble. Les applications sont très variées (hyperactivité, épilepsie, dépression, anxiété, insomnie, autisme, alcoolisme… ) mais l’absence de protocole standardisé rend la technique très difficile à évaluer. D’autant que des offres non médicales et à but marchand se développent sur le web et sont désormais directement accessibles par le public.
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6 règles d'or pour que votre cerveau continue à fabriquer de nouveaux neurones
Par Stéphane Desmichelle
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Publié le 12-09-2016 à 13h00
Saviez-vous que, à n'importe quel âge, votre cerveau a le pouvoir de fabriquer en permanence de nouveaux neurones ? A condition de respecter quelques principes.
Représentation d'un neurone sur fond noir. © SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA
La production de nouveaux neurones ne s'arrête jamais. Des chercheurs ont observé que dans une région du cerveau impliquée dans la formation des souvenirs et la gestion des émotions - l'hippocampe -, les anciens neurones étaient remplacés par d'autres, fraîchement produits à partir de cellules souches. Et chacun de nous aurait ce potentiel, quel que soit notre âge. Rassurant. Sauf que, d'après le Pr Pierre-Marie Lledo, qui s'est exprimé lors de la deuxième édition du colloque S3 Odéon, les expériences chez les souris ont montré que cette capacité pouvait diminuer, voire même disparaître (en cas de stress) selon l'environnement. Au contraire, dans un environnement adapté, la neurogenèse chez les rongeurs a été multipliée par trois en quelques semaines. Le directeur du département de neurosciences à l'institut Pasteur nous livre six principes à respecter pour conserver un cerveau jeune jusqu'à la fin de ses jours.
1. Fuir la routine
Le cerveau se nourrit du changement. En effet, la stimulation provoquée par le changement entraîne les cellules souches à produire de nouveaux neurones. Il faut, selon Pierre-Marie Lledo, fuir la routine, "respecter la libido sciendi, c'est-à-dire la soif de comprendre et d'apprendre".
2.Lutter contre l'infobésité
Le cerveau est malléable et l'information invite directement les circuits à se régénérer. En revanche, la question à se poser est : quelle information ? L'écosystème numérique dans lequel nous vivons entraîne une avalanche d'informations certes... Trop selon le médecin. "L'information qui nous fait juste savoir est absolument délétère, et n'incite pas le cerveau à produire de nouveaux neurones. Bien au contraire, ce dernier, bombardé d'informations, est alors condamné à l'anxiété". Concrètement, il est indispensable de trier cette information : choisir l'utile, celle qui nous fait comprendre, et se débarrasser de la futile, celle qui nous fait juste savoir.
3. Bannir anxiolytiques et somnifères
L'objectif des anxiolytiques et des somnifères est d'empêcher le cerveau, celui qui cherche à comprendre, de fonctionner. Leur consommation permet de mettre le cerveau en "marche automatique". Leur utilisation chronique est donc une entrave à la production de nouveaux neurones.
4. Bouger !
"Il nous faut lutter contre la sédentarité car la science nous dit que, en cas d'activité physique, les muscles produisent des susbtances chimiques (nommés facteurs trophiques) qui, par voie sanguine, viendront agir sur le cerveau et particulièrement sur la niche de cellules souches", explique le Pr Lledo. Il existe donc une corrélation directe entre activité musculaire et production de nouveaux neurones.
5. Cultiver l'altérité
Certaines parties de notre cerveau, que nous ne pouvons pas contrôler, ne sont engagées que lorsque ne nous sommes exposé à autrui. "C'est ce qu'on appelle globalement le cerveau social, ajoute le médecin. Plus vous allez cultiver votre altérité, et plus vous allez soigner votre cerveau car il sera enclin à produire plus de nouveaux neurones".
6. Soigner le microbiote
Très récemment, les neurosciences, associées avec la microbiologie, ont montré qu'il y a une flore intestinale qui communique en permanence avec notre cerveau. Notre régime alimentaire a donc un rôle important : la consommation de fibres, un régime varié, incitent à la prolifération de certaines espèces bactériennes concourant justement à la prolifération de neurones. A l'inverse, une nourriture peu variée, riche en sucres, en graisses, favorise la prolifération d'espèces bactériennes qui ne permettront plus aux cellules de produire de nouveaux neurones, quel que soit l'âge.
Et le Pr Lledo de conclure sur une maxime de Goethe : "Traiter les gens comme s'ils étaient ce qu'ils devraient être et vous les aiderez à devenir ce qu'ils peuvent être". A méditer...
http://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/20160909.OBS7789/6-regles-d-or-pour-que-votre-cerveau-continue-de-fabriquer-de-nouveaux-neurones.html?xtor=RSS-16
Dernière édition par Iamsosure le Lun 19 Sep 2016 - 19:59, édité 1 fois
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
Sclérose en plaques : comment les jeux vidéo peuvent réorganiser le cerveau
Le célèbre jeu de Nintendo « Dr Kawashima Brain Training » a été utilisé par des chercheurs américains pour tenter d’atténuer les effets de la sclérose en plaques. Et ça marche ! (par Hugu Jalinière)
Décriés pour leur aspect addictif et parfois violent, les jeux vidéo ont pourtant quelques vertus pour le cerveau. Dernière preuve en date, les résultats concluants d’une petite étude menée auprès de patients atteints de sclérose en plaques, une maladie caractérisée par un dérèglement du système immunitaire qui s’attaque à la myéline, l’enveloppe protectrice des fibres nerveuses (cf. encadré). Des chercheurs de la Harvard Medical School à Boston (Etats-Unis) sont parvenus à améliorer la connectivité neuronale chez une douzaine de patients grâce à un programme de réadaptation cognitive fondée sur l’utilisation du célèbre jeu vidéo Dr Kawashima Brain Training de Nintendo. Des travaux parus dans la revue Radiology.
La myéline est une membrane biologiquequi enveloppe les axones des neurones et permet d’assurer la transmission efficace d’information d’un neurone à l’autre. Lorsqu’elle est détériorée, les informations transitent moins vite, mal, voire pas du tout. Troubles de la sensibilité, de la mobilité, de l’équilibre, de la cognition… un vaste panel de symptômes peuvent ainsi survenir par poussée en fonction de la gravité et de la localisation de la démyélinisation caractéristique de la sclérose en plaques.
Pour aller plus loin, voir notre fiche « Sclérose en plaques : définitions, symptômes,
24 patients atteints de sclérose en plaques ont été inclus dans l’étude. Mais seuls 12 ont bénéficié de l’entraînement cérébral (les 12 autres constituant un groupe témoin). Et il valait mieux pour eux qu’ils apprécient le jeu : en 8 semaines, ils ont eu le droit à pas moins de 40 séances de 30 minutes d’exercices chacun ! Ils ont passé une série de tests cognitifs avant et après les 8 semaines. Surtout, leur connectivité neuronale a été observée avant et après par IRM fonctionnelle. Ce qui a permis aux chercheurs de constater une réorganisation des circuits neuronaux impliqués dans l’accomplissement des exercices proposés par le jeu, évidemment non observée dans le groupe témoin.
UNE RÉORGANISATION DU CERVEAU
« L’IRM fonctionnelle nous permet d’étudier quelles zones du cerveau s’activent simultanément et donne une information sur la participation de certaines régions à des circuits spécifiques », explique le Dr De Giglio. « Quand nous disons avoir amélioré la connectivité, il faut comprendre que ces circuits ont été modifiés de façon à accroître l’extension des zones qui travaillent simultanément ». Autrement dit, le fait de jouer a permis de solliciter de nouveaux circuits neuronaux pour pallier la déficience de ceux touchés par la démyélinisation.
S’il n’est évidemment pas question pour l’heure de prescrire à tous les malades des séances de jeu d’entraînement cérébral, les chercheurs apporte la preuve de concept qu’un entraînement cérébral permet bel et bien de rééduquer – au moins temporairement – le cerveau de façon à atténuer les signes de la maladie. « Cette connectivité accrue reflète le fait que les jeux vidéo peuvent modifier le mode opératoire de certaines structures cérébrales, explique le Dr De Giglio. Cela signifie que même un jeu vidéo très connu peu influencer la plasticité du cerveau et aider à la rééducation cognitive de personnes souffrant de maladies neurologiques comme la sclérose en plaques », conclut le chercheur.
Démonstration du type d’exercices proposés par le jeu Dr Kawashima Brain Training :
- https://neurofeedbackrepublique.wordpress.com/2016/05/28/sclerose-en-plaques-comment-les-jeux-video-peuvent-reorganiser-le-cerveau/
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
Le cerveau des enfants intellectuellement précoces : quelques nouveautés de la recherche récente
Tous ceux qui ont eu à élever, enseigner ou traiter des enfants précoces savent à quel point il y a quelque chose de singulier, de différent dans la manière de penser, de réfléchir et d’apprendre des enfants à haut potentiel intellectuel. Rappelons qu’il existe une définition très claire et incontestée de la précocité, qui est une définition psychométrique (quotient intellectuel supérieur à 130), mais soulignons également que cette définition est loin de caractériser toutes les facettes de leur intelligence, celle-ci présentant des caractéristiques qualitatives (et non plus seulement quantitatives) également singulières, caractéristiques qui sont, par essence, non mesurables.
Très naturellement, les chercheurs en neurosciences se sont penchés sur la question des particularités du cerveau de ces enfants, surtout depuis l’avènement de l’imagerie cérébrale, avec comme principal objectif de tenter de spécifier un mode de fonctionnement différent du cerveau qui sous-tendrait cette intelligence différente. Les premiers de ces travaux ont utilisé les méthodes électrophysiologiques, c’est-à-dire l’enregistrement par l’électroencéphalogramme de l’activité électrique du cerveau, soit spontanée, soit évoquée par des stimuli divers.
Les résultats de ces études initiales sont restés assez vagues, ne permettant que des observations très générales comme la constatation d’une meilleure « cohérence » entre les différentes parties du cerveau (se traduisant par un synchronisme plus fin entre les signaux recueillis par chacune des électrodes).
Ces résultats ont en général été interprétés comme témoignant d’un mode général de fonctionnement singulier du cerveau de l’enfant précoce : pensée en arborescence, par opposition à une pensée linéaire chez un sujet standard, raisonnement par analogie et de manière holistique, simultanée, et non analytique et séquentiel, comme chez tout un chacun, autant de concepts dont on sent bien les limites explicatives.
Ce type d’analyse a cependant permis quelques avancées utiles, comme la démonstration par nos collègues du CHU de Nice [1]. d’une différence de traitement des stimuli verbaux ou non verbaux par les hémisphères droit et gauche chez les enfants précoces. Plus précisément, alors qu’une tâche de décision sémantique provoque une onde 400 millisecondes après la présentation de deux images, cette onde est plus ample chez les enfants précoces, et son amplitude est proportionnelle au QI. Les enfants précoces feraient intervenir plus souvent leur hémisphère droit dans la résolution de ce type de tâches.
Sans aucun doute, les informations à la fois les plus précises et les plus cohérentes sont fournies par les techniques d’imagerie cérébrale modernes, dont l’IRM fonctionnelle, qui consiste à visualiser les zones cérébrales qui sont en activité lors d’une tâche. Par exemple, lorsqu’on demande à des sujets d’intelligence standard de résoudre une tâche d’intelligence pure, telle que celle illustrée sur la figure ci-contre, les zones cérébrales qui se mettent en fonction, relativement à une tâche similaire mais de moindre exigence du point de vue stratégique, sont essentiellement réparties dans deux zones de la surface cérébrale : le cortex frontal et pariétal. De la même manière, si l’on compare dans ce type de tâches des sujets à intelligence standard, et des sujets à QI élevé, ces derniers vont activer de manière plus prononcées ces deux mêmes zones dans leurs deux hémisphères cérébraux.
Dès lors, on peut s’interroger sur la signification de ce lien entre l’intelligence et le fonctionnement de ces deux régions cérébrales. Le lobe frontal est connu pour être le siège des fonctions dites exécutives, les plus élaborées parmi les fonctions cognitives, comportant tout à la fois l’attention, la mémoire de travail et le contrôle des stratégies et de l’organisation des réponses ; le lobe pariétal est un centre de triage des informations reçues par le cerveau via les systèmes de la perception, qu’il recode dans l’espace tri-dimensionnel. Comme nous le verrons plus loin, c’est précisément sans doute la combinaison de ces deux types de fonctions cognitives, permettant à la fois de se représenter les objets en trois dimensions et de programmer l’action sur ces objets qui caractérise l’intelligence, bien plus que la rapidité ou l’efficacité des connexions cérébrales au sens large.
Sans aucun doute, les informations à la fois les plus précises et les plus cohérentes sont fournies par les techniques d’imagerie cérébrale modernes, dont l’IRM fonctionnelle, qui consiste à visualiser les zones cérébrales qui sont en activité lors d’une tâche. Par exemple, lorsqu’on demande à des sujets d’intelligence standard de résoudre une tâche d’intelligence pure, telle que celle illustrée sur la figure ci-contre, les zones cérébrales qui se mettent en fonction, relativement à une tâche similaire mais de moindre exigence du point de vue stratégique, sont essentiellement réparties dans deux zones de la surface cérébrale : le cortex frontal et pariétal. De la même manière, si l’on compare dans ce type de tâches des sujets à intelligence standard, et des sujets à QI élevé, ces derniers vont activer de manière plus prononcées ces deux mêmes zones dans leurs deux hémisphères cérébraux.
Dès lors, on peut s’interroger sur la signification de ce lien entre l’intelligence et le fonctionnement de ces deux régions cérébrales. Le lobe frontal est connu pour être le siège des fonctions dites exécutives, les plus élaborées parmi les fonctions cognitives, comportant tout à la fois l’attention, la mémoire de travail et le contrôle des stratégies et de l’organisation des réponses ; le lobe pariétal est un centre de triage des informations reçues par le cerveau via les systèmes de la perception, qu’il recode dans l’espace tri-dimensionnel. Comme nous le verrons plus loin, c’est précisément sans doute la combinaison de ces deux types de fonctions cognitives, permettant à la fois de se représenter les objets en trois dimensions et de programmer l’action sur ces objets qui caractérise l’intelligence, bien plus que la rapidité ou l’efficacité des connexions cérébrales au sens large.
En effet, au moins deux types d’approches plaident en faveur d’une particularité des connexions entre cortex frontal et pariétal chez les précoces. En premier lieu, il existe une technique d’imagerie fonctionnelle qui étudie spécifiquement les zones se mettant en activité de manière conjointe les unes avec les autres. Ces études dites de connectivité fonctionnelle ont permis à leurs auteurs d’affirmer que ce sont les connexions entre les régions postérieures (précunéus) et antérieures (cortex frontal moyens) qui sont les mieux corrélées à la valeur du QI [2] La démonstration [3]d’une forte corrélation entre le QI et la connectivité entre plusieurs aires cérébrales, même au repos est un argument supplémentaire pour attribuer à ces circuits une valeur fonctionnelle et non pas seulement considérer leur activation plus forte comme un simple épiphénomène. Du reste, il semble bien que le niveau d’activité cérébrale, en soi, ne soit pas un bon reflet de l’efficience intellectuelle, puisqu’on a pu trouver que le QI entretient une corrélation positive avec certaines zones et négative avec d’autres. [4] . L’autre technique, la DTI ou tractographie est une technique d’imagerie morphologique capable de détecter d’infimes variations de la direction des fibres de substance blanche et permet ainsi de visualiser directement des anomalies de connectivité entre deux zones corticales. Plusieurs études de ce type ont été réalisées sur de vastes populations d’enfants et d’adultes et ont montré une corrélation étroite entre le QI et l’organisation des fibres blanches unissant les régions postérieures et antérieures des hémisphères [5]
Une étude particulièrement élégante a mesuré par cette même technique de tractographie les différents faisceaux de substance blanches en relation avec le degré de créativité [6]. . Cet ensemble de données a amené deux auteurs américains, Rex Jung et Richard Haier à proposer, à l’issue d’une analyse de 37 articles de la littérature publiés jusqu’alors, une hypothèse selon laquelle l’intelligence serait directement reliée à l’efficience d’un circuit parieto-frontal, une hypothèse connue sous le terme de « parieto-frontal integration theory (P-FIT) [7] . Selon cette théorie, seule une portion restreinte du cerveau serait directement en relation avec le QI, et ce serait l’intégration des informations traitées par chacune des deux partie du circuit qui serait le substrat biologique de l’intelligence.
Comme cela a été par la suite suggéré, cette théorie est quelque peu réductrice et n’est évidemment qu’une hypothèse de travail pour élaborer des théories plus complètes, faisant en particulier intervenir l’environnement. Mais tout cela ne nous dit pas pourquoi ces zones seraient plus efficientes chez les enfants précoces. Les pistes principales sont de nature génétique et impliqueraient un développement particulier, génétiquement déterminé, de ces zones. Des arguments allant dans ce sens ont été apportés par des études d’une équipe du NIH américain [8] , utilisant une méthodologie spécifique d’analyse longitudinale de l’épaisseur du cortex région par région. Sur plus de 300 IRM d’enfants de 7 à 18 ans, ces auteurs ont pu démontrer que le cerveau des enfants à haut QI (121-145) était structurellement différent de ceux à QI supra-moyen (109-120) et moyen (83-108). L’épaisseur cortex cérébral des enfants à QI supérieur était bien moindre à 7 ans (comparé aux deux autres groupes) et atteignant l’épaisseur normale beaucoup plus tard (12 ans contre 8-9 ans chez les témoins). Comme le montre la figure ci-dessous, le cortex des précoces possède une double caractéristique : un accroissement bien plus rapide que la normale entre 7 et 12 ans, et un amincissement ultérieur, également plus rapide.
Ainsi, la particularité génétique possiblement à l’origine de la singularité du cerveau des enfants précoces serait en lien avec la dynamique développementale régionale du cortex, et particulièrement le développement des régions frontales et pariétales. Une étude récente sur plus de 150 paires de jumeaux [9] a en effet montré que l’épaisseur corticale était très fortement génétiquement déterminée, tout particulièrement dans ces deux régions, précisément celles dont on a vu qu’elles étaient liées au QI.
Ainsi, la particularité génétique possiblement à l’origine de la singularité du cerveau des enfants précoces serait en lien avec la dynamique développementale régionale du cortex, et particulièrement le développement des régions frontales et pariétales. Une étude récente sur plus de 150 paires de jumeaux [9] a en effet montré que l’épaisseur corticale était très fortement génétiquement déterminée, tout particulièrement dans ces deux régions, précisément celles dont on a vu qu’elles étaient liées au QI.
Pour terminer, il convient de citer des travaux qui se sont penchés sur la configuration anatomique même du cerveau, à savoir l’organisation spatiale des sillons et des circonvolutions de la surface cérébrale. Quelques études (encore rares) ont étudié les patrons de gyrification de familles dans lesquelles il existe des individus précoces et non précoces. La comparaison entre les deux montrerait des différences attribuables à la précocité. Ces différences, situées principalement sur les sillons de la jonction entre les lobes pariétal et temporal, inciteraient à penser que, dans certains cas au moins ,les caractéristiques génétiques en relation avec le haut potentiel intellectuel seraient présentes dès les premiers moments du développement cérébral, soit bien avant la naissance. Il n’est pas exclu, du reste, qu’il existe plusieurs mécanismes neurobiologiques, voire plusieurs origines génétiques distinctes pouvant générer un profil intellectuel exceptionnel. Une distinction classique, à cet égard, serait la distinction entre précocité homogène et inhomogène, selon que le QI est intégralement élevé, ou qu’il existe un écart significatif entre différentes mesures internes au QI (en particulier un QI verbal nettement plus haut que l’intelligence non verbale). Ces deux types de précocité, bien qu’ayant toutes deux des caractéristiques similaires en termes de rapport de l’individu à son environnement, diffèrent souvent par l’importance de difficultés scolaires chez les inhomogènes, alors que la scolarité est à l’inverse d’une grande facilité pour les homogènes.
L’association de troubles dys au premier et non au second des deux types plaide en outre en faveur de mécanismes distincts à leur origine. Citons enfin une étude toute récente qui a été largement répercutée dans la presse grand public, étude émanant de l’équipe londonienne de Cathy Price, spécialiste de neuro-imagerie et de pathologie du langage et de la lecture [10] Cette étude montrerait, pour la première fois, que le QI n’est pas une donnée fixe dans le temps, et qu’un même individu peut voir son QI baisser ou monter de plusieurs points en quelques années (jusqu’à 20 points dans un sens comme dans l’autre).
Les auteurs ont examiné 33 adolescents en bonne santé, une première fois en 2004 lorsqu’ils étaient âgés de 12 à 16 ans (14 ans en moyenne) puis une seconde fois en 2007-2008 lorsqu’ils avaient entre 15 et 20 ans (18 ans en moyenne). Leur QI verbal et non verbal a été mesuré grâce à différents tests (WISC-III à T1 et WAIS-III à T2) et ces jeunes ont subi un scanner cérébral structurel et fonctionnel par IRM lors de chaque examen. Les différents QI des participants allaient de 77 à 135 points au premier test et de 87 à 143 points au second, ce qui a confirmé le large éventail des aptitudes intellectuelles chez ces personnes. Le QI verbal et non verbal avait considérablement varié chez les participants entre 2004 et 2008. Certains individus avaient amélioré leur performance par rapport aux jeunes de leur âge, avec une augmentation pouvant aller jusqu’à 20 points de leur QI global.
Pour d’autres, en revanche, leur performance avait chuté, avec une baisse du QI pouvant atteindre également 20 points. Ces changements ne seraient pas dus à une variation de la performance liée à l’humeur ou à la concentration ce jour-là, ils sont bien réels puisqu’ils sont corrélés à des changements observables sur la structure même de certaines régions cérébrales, durant la même période de temps. En particulier, il existerait une forte corrélation entre une zone motrice de l’hémisphère gauche (zone de la motricité de la main droite) et la variabilité du Q.I. verbal, et entre une zone de la partie supérieure du cervelet (vermis cérébelleux) et le Q.I. non verbal.
La grande faiblesse de toutes ces études c’est qu’elles sont basées sur une conception unique de l’intelligence, directement dépendante de la notion de QI. Or, nous l’avons dit en introduction, l’intelligence d’un enfant précoce, c’est bien plus qu’un Q.I. élevé, c’est plutôt un mode de fonctionnement mental, incluant les aspects cognitifs, mais aussi affectifs. Or, aucun de ces travaux n’est apte à rendre compte de cette diversité du concept d’intelligence, et, son corollaire, la complexité du fonctionnement mental de l’enfant précoce. Il reste donc une longue route avant de prétendre pouvoir élucider le mystère du cerveau surdoué.
Pour d’autres, en revanche, leur performance avait chuté, avec une baisse du QI pouvant atteindre également 20 points. Ces changements ne seraient pas dus à une variation de la performance liée à l’humeur ou à la concentration ce jour-là, ils sont bien réels puisqu’ils sont corrélés à des changements observables sur la structure même de certaines régions cérébrales, durant la même période de temps. En particulier, il existerait une forte corrélation entre une zone motrice de l’hémisphère gauche (zone de la motricité de la main droite) et la variabilité du Q.I. verbal, et entre une zone de la partie supérieure du cervelet (vermis cérébelleux) et le Q.I. non verbal.
La grande faiblesse de toutes ces études c’est qu’elles sont basées sur une conception unique de l’intelligence, directement dépendante de la notion de QI. Or, nous l’avons dit en introduction, l’intelligence d’un enfant précoce, c’est bien plus qu’un Q.I. élevé, c’est plutôt un mode de fonctionnement mental, incluant les aspects cognitifs, mais aussi affectifs. Or, aucun de ces travaux n’est apte à rendre compte de cette diversité du concept d’intelligence, et, son corollaire, la complexité du fonctionnement mental de l’enfant précoce. Il reste donc une longue route avant de prétendre pouvoir élucider le mystère du cerveau surdoué.
[1] Magnié (M.-N.), Kahlaoui (K.), Bailet (B.), Richelme (C.) : Cognitive maturation : An electrophysiological investigation in gifted children. Int. J. Psychophysiol., 45, 2002,102. Eleventh World Congress of Psychophysiology, Montréal, Canada, July 29th-August 3rd 2002
[2] Schmithorst, V. J. & Holland, S. K. (2006) Functional MRI evidence for disparate developmental processes underlying intelligence in boys and girls. Neuro-Image 31(3):1366–79.
[3] Song M, Zhou Y, Li J, Liu Y, Tian L, Yu C, Jiang T. Brain spontaneous functional connectivity and intelligence. Neuroimage. 2008 Jul 1 ;41(3):1168-76.
[4] Graham S, Jiang J, Manning V, Nejad AB, Zhisheng K, Salleh SR, Golay X, Berne YI, McKenna PJ.IQ-related fMRI differences during cognitive set shifting Cereb Cortex. 2010 Mar ;20(3):641-9.
[5] Voir par exemple : Schmithorst VJ, Wilke M, Dardzinski BJ, Holland SK. Cognitive functions correlate with white matter architecture in a normal pediatric population : a diffusion tensor MRI study. Hum Brain Mapp. 2005 Oct ;26(2):139-47.
[6] Takeuchi H, Taki Y, Sassa Y, Hashizume H, Sekiguchi A, Fukushima A, Kawashima R. White matter structures associated with creativity : evidence from diffusion tensor imaging. Neuroimage. 2010 May 15 ;51(1):11-8.
[7] Jung RE, Haier RJ. 2007. The Parieto-Frontal Integration Theory (P-FIT) of intelligence : converging neuroimaging evidence. Behav Brain Sci. 30:135—154
[8] Shaw, P., Greenstein, D., Lerch, J., Clasen, L., Lenroot, R., Gogtay, N., Evans, A., Rapoport, J. & Giedd, J. (2006) Intellectual ability and cortical development in children and adolescents. Nature 440(7084):676–79.
[9] Joshi AA, Leporé N, Joshi SH, Lee AD, Barysheva M, Stein JL, McMahon KL, Johnson K, de Zubicaray GI, Martin NG, Wright MJ, Toga AW, Thompson PM. The contribution of genes to cortical thickness and volume. Neuroreport. 2011 Feb 16 ;22(3):101-5.
[10] Ramsden S, Richardson FM, Josse G, Thomas MS, Ellis C, Shakeshaft C, Seghier ML, Price CJ. Verbal and non-verbal intelligence changes in the teenage brain. Nature. 2011 Oct 19. doi : 10.1038/nature10514.
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Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
Être surdoué et vivre avec des acouphènes et de l’hyperacousie
26 juillet 2013
J’ai récemment eu quelques échanges par mails avec un praticien français spécialisé dans le domaine des acouphènes. Alors que depuis dix ans il m’a toujours été dit et redit que tout le monde fonctionne de la même façon face aux acouphènes et à l’hyperacousie, voilà que j’apprends que ce n’est pas tout à fait vrai ! En fait, les règles sont même en quelque sorte « inversées » pour une petite partie de la population : les surdoués.
J’ai pensé que cela pourrait intéresser certains d’entre vous. Statistiquement, on estime que la population totale compte environ 2,2 % de surdoués. Sachant que nous venons de passer le cap des 1000 membres inscrits sur Oreille malade, cela veut dire qu’il y a environ 22 surdoués au sein de la communauté. En tout cas une vingtaine. C’est déjà pas mal !
Pour ceux-ci, la fameuse habituation qui, selon les ORL, est un phénomène qui se met en place pour tout le monde, est bien plus difficile – voire illusoire.
Pourquoi vivre avec des acouphènes et de l’hyperacousie est plus difficile pour un surdoué
Etre surdoué c’est, semble-t-il, devoir faire avec deux particularités essentielles : une inhibition cognitive latente peu active et un mode de pensée en arborescences continues.
- L’inhibition cognitive latente très active supprime des informations sensorielles pour, au maximum, faciliter la prise de conscience d’une seule d’entre elles. Le surdoué est confronté à une multitude d’informations sensorielles conscientes simultanées. Le processus en cause est neurologique. Inévitable. Si les perceptions d’un mode sont exacerbées, comme en cas d’hyperacousie, à la multitude d’informations qui sont conscientes s’ajoute une information envahissante : c’est du sur-surbooking sensoriel. Pour en sortir il nous faut trouver des moyens pour optimiser cette aptitude plurisensorielle dans un sens qui, d’une part laisse moins de place à la perception auditive déformée, et d’autre part pourrait être utile en soi.
Pour ce premier point, développer un savoir-faire méditatif a du sens concernant la substitution d’un mécanisme volontaire à un mécanisme automatique peu opérant.
- Un mode de pensée en arborescences continues échappe au sens de la cohérence commune. Elle va poser un problème de communication, de transmission, d’échanges. Par contre, c’est un mode de pensée hypercréatif. Ca veut dire que les objectifs de vie doivent tenir compte de l’avantage et de l’inconvénient de cet état d’être. Il nous faut inventer une manière d’être créatif, inventif, créer des trucs et les montrer sans se perdre dans des explications improbables.
Là aussi l’apprentissage d’une posture d’observation avec une attention flottante à partir d’une conscience de soi exacerbée peut améliorer la capacité à exploiter les potentialités des productions mentales.
Qu’est-ce que ça vous inspire ?
Article de Laurent Matignon, consultant SEO / webmarketing.
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
http://newsoftomorrow.org/vie/nutrition/nora-gedgaudas-le-corps-cest-linconscient-resume/attachment/image22-10
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L'IRM, nouvelle méthode pour détecter les difficultés d'apprentissage chez les enfants
Selon une étude suédoise menée par une équipe de l'Institut Karolinska de Stockholm, publiée en janvier 2014 dans leJournal of Neuroscience, les examens d'imagerie par résonance magnétique (IRM) peuvent aider à détecter chez les enfants les difficultés d'apprentissage. Une IRM permet de mesurer les futures capacités de mémorisation à court terme.
Entre 10 et 15% des enfants ont des problèmes d'apprentissage ou d'attention, qui peuvent être liés à des déficiences de la mémoire courte, et donc à un manque de capacités à conserver les informations pour résoudre un problème.
L'étude, menée sur 62 sujets âgés de 6 à 20 ans, a consisté à mesurer la performance dans des tests cognitifs pendant une IRM. Après de nouveaux tests deux ans plus tard, les chercheurs ont conclu que l'IRM aidait à prédire le développement des capacités d'apprentissage chez ces individus.
L'étude montre que l'IRM peut être utile pour représenter le développement de la mémoire. Il serait possible en principe d'utiliser le scanner IRM pour prédire une part du développement futur qui ne peut l'être par des tests psychologiques seuls. Le bénéfice pourrait être une détection précoce des enfants risquant un mauvais développement de sorte à pouvoir leur apporter une aide à temps.
Cette technique d'imagerie médicale peut permettre d'anticiper des problèmes de développement de la mémoire courte, indispensable pour apprendre.
Les IRM seules ne permettraient pas de prédire des difficultés futures, mais seraient un complément utile aux tests psychologiques.
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http://newsoftomorrow.org/vie/medecine-traditionnelle/pourquoi-placer-tous-les-schizophrenes-sous-traitement-nest-pas-la-solution
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Le développement cérébral des nouveaux-nés prématurés serait-il plus rapide que celui des fœtus d’âge équivalent ?
C’est ce que laisse entrevoir une étude coordonnée par Julien Lefèvre, du Laboratoire des sciences de l’information et des systèmes (LSIS - CNRS/université Aix-Marseille, université de Toulon), et dont les résultats ont été publiés en juin dans la revue Cerebral Cortex.
Prématurés, mais avec un cortex plus plissé
L’étude s’intéresse au processus de plissement cortical, aussi appelé gyrification, qui commence au deuxième trimestre de grossesse. Au cours de la vie fœtale, le cortex passe d’un état lisse à un état fortement plissé. Ce processus – dont les mécanismes sont encore mal connus – correspond à la formation des sillons corticaux, caractéristiques du cerveau humain.
Pour la première fois, les chercheurs ont mené un travail de comparaison systématique entre des IRM de cortex de fœtus et d’autres de cortex de nouveaux-nés prématurés. Cela leur a permis de constater que les nouveaux-nés prématurés avaient un cerveau nettement plus plissé que celui des fœtus d’âge de conception équivalent.
Ce résultat paraît surprenant au regard d’autres études, qui avaient mis en avant une réduction du plissement chez les prématurés lors de leur développement ex utero, par rapport aux enfants nés à terme. Ainsi que l’indique Julien Lefèvre :
« L’étude suggère des modifications de plissement entre la vie in utero et ex utero. Il resterait à voir si cela est spécifique aux prématurés. »
Il est possible que le milieu ait une incidence sur le développement du cerveau de ces fœtus. Plusieurs hypothèses sont envisagées pour expliquer qu’il soit plus plissé. Parmi elles :
- l’impact du stress de la mère sur le fœtus, via les hormones du stress ;
- l’administration prénatale, chez les femmes présentant un risque d’accouchement prématuré, de corticostéroïdes, afin d’accélérer le développement pulmonaire du fœtus.
Si les modifications de plissement constatées se révèlent propres aux nouveaux-nés prématurés, les conclusions de cette étude devraient surtout permettre une meilleure prise en charge de ces enfants.
IRM et reconstruction du modèle 3D de cerveaux pour des fœtus et des prématurés d »âge équivalent -CNRS
Les avancées permises par la 3D
Pour étudier le développement du cortex humain, les chercheurs ne peuvent pas se contenter de recourir à la neuro-imagerie – qui leur permet depuis les années 70 d’étudier la structure du cerveau et facilite la détection d’anomalies morphologiques – ils ont besoin de modèles.
Car si l’imagerie par résonance magnétique (IRM) surpasse l’échographie cérébrale dans l’appréciation de la maturation du cortex et fournit un outil particulièrement adapté à leurs investigations, il est difficile, à cause des mouvements du bébé et de la respiration de la mère, d’obtenir chez le fœtus des données de bonne qualité. C’est pourquoi l’étude coordonnée par Julien Lefèvre se révèle particulièrement précieuse.
Les chercheurs ont utilisé le logiciel BrainVISA qui, à partir d’IRM, permet, entre autres, de proposer des « modèles computationnels du processus de plissement ». C’est à partir de ces modèles que des mesures plus sûres ont pu être réalisées.
Avec le recours aux modèles 3D, les chercheurs disposent donc de nouveaux outils de cartographie cérébrale qui pourraient avoir prochainement des applications très pratiques. Par exemple, la détection précoce de pathologies liées à un développement anormal du cortex, comme l’autisme.
En effet, selon une étude réalisée par des chercheurs du King’s College de Londres et parue en mai [PDF] dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, les différences structurelles observables entre le cerveau des prématurés et celui des enfants nés à terme pourraient expliquer le taux plus élevé de sujets atteints d’autisme parmi les prématurés (5% contre 1% dans la population générale).
http://rue89.nouvelobs.com/2015/08/05/decouverte-cerveau-prematures-260596
Dernière édition par Iamsosure le Dim 18 Sep 2016 - 22:10, édité 1 fois
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
Dans le cerveau des surdoués ... pourquoi certains sont-ils en échec scolaire ?
Pourquoi certains enfants précoces ou surdoués rencontrent-ils des problèmes en milieu scolaire ? Des scientifiques sont sur une piste. Trois chercheurs lyonnais viennent d'achever une étude sur 80 enfants dont les conclusions pourraient éclairer les raisons de l'échec scolaire de certains surdoués.
- dm (avec francetvinfo)
- Publié le 15 mai 2015 à 17:16, mis à jour le 15 mai 2015 à 18:58
© France 3 RA
Rencontre avec Rayan, 12 ans, et Timéo, 10 ans (ci-contre). Ces deux enfants ont un QI bien supérieur à celui de leurs camarades. Pourtant, l'un est en difficulté scolaire alors que l'autre affiche des résultats brillants. Pourquoi Rayan s'adapte-t-il moins bien ? Des images IRM permettent aujourd'hui de mieux comprendre ce qui se passe dans leurs cerveaux....
Pendant l'examen, des milliards de connexions apparaissent dans le cerveau de Rayan, un enfant dit "complexe". Contrairement à lui, les surdoués qui réussissent mieux à l'école, dits "homogènes", ont une activité plus intense dans la zone du cerveau qui permet de mieux contrôler ses réactions et de mieux planifier son travail.
© France tv info
http://france3-regions.francetvinfo.fr/rhone-alpes/2015/05/15/dans-le-cerveau-des-surdoues-pourquoi-certains-sont-ils-en-echec-scolaire-725255.html
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[list=BreadcrumbList]
[*]Rhône-Alpes
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Surdoués, précoces : La science fait la lumière sur les enfants à Haut Potentiel
Les chercheurs ont pu, pour la première fois, observer le cerveau d'enfants à Haut Potentiel : ces enfants que l'on dit surdoués ou précoces
- Par Daniel Pajonk
- Publié le 13 avril 2015 à 17:31, mis à jour le 13 avril 2015 à 17:30
© FRANK PERRY / AFP (Archives) 30 % des enfants à haut potentiel ne réussissent pas à décrocher leur bachot, faute d'organisation et de méthode
Pour mieux comprendre le fonctionnement cérébral de ces enfants, une étude par IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) sur l'anatomie, le fonctionnement et les connexions du cerveau a été menée par une équipe de recherche du CERMEP -Imagerie du Vivant , du CHU de Lyon et de l'Université Lyon 2, grâce au soutien de la Fondation APICIL.
De fait, le Haut Potentiel (HP) revêt chez l’enfant différentes représentations à travers le temps. Du petit savant à l’enfant instable, leur entourage se voit souvent démuni pour les comprendre, les nourrir intellectuellement selon leurs besoins et les aider à s’intégrer, tout en assumant leur différence. Le Haut Potentiel est souvent associé à d’autres troubles, comme la dyslexie ou le Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité. Les chercheurs ont pu, pour la première fois, observer le cerveau d'enfants à Haut Potentiel.
Les enfants à haut potentiel représentent 3 % de la population. En dépit de leurs capacités à comprendre des choses très complexes, un tiers d'entre eux ne parvient pas à passer le baccalauréat
Cette Étude par IRM sur les connexions du cerveau des enfants HP confirme l'existence des deux profils d'enfants HP proposés par Fanny Nusbaum : un profil laminaire sans difficulté scolaire, et un profil complexe.
Le premier correspond à une distribution plutôt homogène des capacités cognitives de l’enfant, avec un comportement adapté à l’environnement.
Le second profil (complexe) montre une hétérogénéité des capacités cognitives que l’on nomme « dyssynchronie cognitive » et souvent, un décalage entre la sphère intellectuelle très mature sur certains points et la sphère émotionnelle et relationnelle plus fragile.
http://france3-regions.francetvinfo.fr/rhone-alpes/2015/04/13/surdoues-precoces-la-science-fait-la-lumiere-sur-les-enfants-haut-potentiel-703949.html
Re: Les rocks et aussi les slows (mode radio radieuse)
http://methodo-projet.fr/projets-d-innovation/methodologie/
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