Admettre à défaut de comprendre
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Re: Admettre à défaut de comprendre
Vous vous pensiez structurés ? Vous pensez être en mesure de trouver une logique entre toutes choses ?
Ce gars là nous bat tous !
Things Organized Neatly - Curated by Austin Radcliffe. ©
http://thingsorganizedneatly.tumblr.com/
"Canon digital ixus 65 taken apart"
Le plus savoureux est son commentaire : "From a blog called bad textures, but I think this is a good texture."
Enfin de l'ordre au sortir de la douche !
Celle-là c'est presque ma préférée, mon passe temps favori avec les bobinos de ma mère.
Ce gars là nous bat tous !
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Le plus savoureux est son commentaire : "From a blog called bad textures, but I think this is a good texture."
Enfin de l'ordre au sortir de la douche !
Celle-là c'est presque ma préférée, mon passe temps favori avec les bobinos de ma mère.
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Je pointe ma bobine... pour venir te saluer.....
biz
biz
Lemniscate le papillon- Messages : 6348
Date d'inscription : 29/06/2012
Age : 55
Localisation : Gard
Re: Admettre à défaut de comprendre
Ah, bien trouvé, salut à toi.
Les jours mois et années se suivent en se ressemblant tout en ne se ressemblant pas.
Il me semble qu'il s'est passé une dizaine de mois qui ont valu une dizaine d'années. Le cercle n'est pas encore refermé, même si je commence à y voir plus clair.
Je souhaite que pour toi aussi, le ciel peu à peu s'éclaircisse.
Les jours mois et années se suivent en se ressemblant tout en ne se ressemblant pas.
Il me semble qu'il s'est passé une dizaine de mois qui ont valu une dizaine d'années. Le cercle n'est pas encore refermé, même si je commence à y voir plus clair.
Je souhaite que pour toi aussi, le ciel peu à peu s'éclaircisse.
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Et oui, le temps passe...! vite trop vite ! et à la fois ne pourrons nous pas dire que le temps n'est qu'illusion ?
La vie file au gré temps, les flots du quotidien déferlent faisant avancer le bateau , agrémentés de nouveautés, par ci par là.... la navigation est à vue et bonne dans l'ensemble....
Au plaisir de te revoir un jour....
La vie file au gré temps, les flots du quotidien déferlent faisant avancer le bateau , agrémentés de nouveautés, par ci par là.... la navigation est à vue et bonne dans l'ensemble....
Au plaisir de te revoir un jour....
Lemniscate le papillon- Messages : 6348
Date d'inscription : 29/06/2012
Age : 55
Localisation : Gard
Re: Admettre à défaut de comprendre
Ours a écrit:même si je suis conscient de la grande imperfection de tout ce que je fais.
L'erreur n'est-elle pas de chercher une perfection inatteignable?
A force de voir nos manques, ne perd-on pas de vue nos essences?
Même dans la tranche 2%, nous restons bien en deçà de nos capacités. Je crois que nous ne pouvons que continuer à élargir notre conscience. Oublier la perfection comme objectif me semble tout aussi nécessaire pour avancer que de lâcher le frein d'une voiture pour rouler dans une montée.. Je dis ça mais hum... reste à acter.
@Mag, l'empathie est souvent effritée par l'émotion du récipiendaire.
C'est pourtant par l'empathie et elle seule, que nous pouvons accéder à l'altérité. Recevoir l'autre implique de prendre le temps de mettre en echo nos résonnances, pour ensuite faire taire ce brouhaha, et se mettre à la seule écoute de la musique de l'autre. Mais bien souvent la tâche est rendu impossible à qui n'arrive pas, ou plus, à faire le tri dans nos vibrations acoustiques intimes. La touche "pause" est alors nécessaire. Le temps d'arrêt du veilleur qui s'éveille.
so scellée- Messages : 71
Date d'inscription : 18/06/2014
Age : 61
Localisation : Montauban
Re: Admettre à défaut de comprendre
A mettre au féminin, au masculin, .... qui veut l'écoute, qui doit l'entend.
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
J'aurais aimé que quelqu'un vienne me parler comme ca quand j'etais petite et que je ne comprenais pas
Pourquoi Maman pleure ce matin, alors que hier soir tout le monde semblait si heureux ?
J'ai eu peur parfois que ca me rende folle. Est-ce que seulement ca m'a rendu plus philosophe ?
Pourquoi Maman pleure ce matin, alors que hier soir tout le monde semblait si heureux ?
J'ai eu peur parfois que ca me rende folle. Est-ce que seulement ca m'a rendu plus philosophe ?
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
x
Dernière édition par x le Mer 25 Juin 2014 - 10:13, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Écrire ; user la page, l'écran, les phrases, les mots, les lettres jusqu'à en sentir l'essence.
Écrire ; traverser les codes, la langue, la grammaire, la ponctuation jusqu'à s'en libérer.
Écrire ; se jouer de la culture, des idées, des comparaisons, des sentiments et atteindre la sensation.
Écrire le scintillement de la rencontre et saisir l'âme de l'être.
Écrire ; traverser les codes, la langue, la grammaire, la ponctuation jusqu'à s'en libérer.
Écrire ; se jouer de la culture, des idées, des comparaisons, des sentiments et atteindre la sensation.
Écrire le scintillement de la rencontre et saisir l'âme de l'être.
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Vous aimez la radio (comme moi), vous aimez France Culture ?
Alors voilà le lien de téléchargement du programme d'été. Plus de 50 pages d'émissions !
http://www.franceculture.fr/sites/default/files/2014/06/16/4868502/fichiers/DP%20ETE%202014%20pour%20le%20site.pdf
Pensez au podcast, à l'écoute en différé, ..., la radio, contrairement à la télé, ne mobilise que vos oreilles.
(message doublé, le fil dédié à la radio étant quasi mort...)
Alors voilà le lien de téléchargement du programme d'été. Plus de 50 pages d'émissions !
http://www.franceculture.fr/sites/default/files/2014/06/16/4868502/fichiers/DP%20ETE%202014%20pour%20le%20site.pdf
Pensez au podcast, à l'écoute en différé, ..., la radio, contrairement à la télé, ne mobilise que vos oreilles.
(message doublé, le fil dédié à la radio étant quasi mort...)
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Une série d'article pour se documenter sur le fascisme en tant que mouvement politique.
C'est rébarbatif, mais me parait utile !
C'est rébarbatif, mais me parait utile !
- Dossier :
Définition et actualisation, Alexandre Lacroix
Une comparaison flotte sur toutes les lèvres, sans que l'on sache bien si elle est éclairante ou trompeuse
Sommes-nous en train de revivre les années 1930 ? Autrement dit, la montée de l'extrême droite à laquelle nous assistons aujourd'hui en France et sur l'ensemble du continent européen, sur fond de crise économique, ne rappelle-t-elle pas la grande dépression de l'entre-deux-guerres, qui avait porté au pouvoir Benito Mussolini en Italie, Adolf Hitler en Allemagne, Francisco Franco en Espagne, le général Metaxâs en Grèce ou encore la Garde de fer en Roumanie?
Dans une interview accordée au Journal du Dimanche en février dernier, le ministre de l'Intérieur (et actuel Premier ministre) Manuel Valls a cautionné ce rapprochement : « Le point commun avec les années 1930, c'est cet anti républicanisme et la détestation violente dans les mots comme dans les actes de nos valeurs et de nos principes. » Une affirmation qui aurait de quoi provoquer l'inquiétude, si elle n'émanait d'un politicien qui prospère sur le thème de l'insécurité. Mais la question demeure : est-il légitime de faire le rapprochement entre les années 2010 et 1930 ?
À l'appui de cette thèse, on peut invoquer plusieurs similitudes troublantes. D'abord, la crise économique : entre 1929 et 1936, la France a connu une croissance économique négative de -2,10/0, et le chômage de masse a fait son apparition, pour se situer à 864 000 personnes sans travail en 1936 (pour environ 20 millions de Français). Le mercredi 26 mars ont été annoncées des statistiques catastrophiques : le nombre de demandeurs d'emploi sans aucune activité a connu un nouveau bond en février 2014, pour s'établir à 3 347 700 personnes (pour 65,7 millions de Français). La croissance sur l'année 2014 est annoncée poussive — entre 0 et 1 %. Autre point commun avec les années 1930, les groupuscules radicaux de droite — tel le mouvement Égalité et Réconciliation d'Alain Soral, le Printemps français de Béatrice Bourges, Civitas, Résistance républicaine, le Bloc identitaire, sans parler de la mouvance des apéros saucisson-pinard ou des sympathisants de Dieudonné — ont poussé comme des champignons... Certains de ces groupes sont descendus dans la rue le 26 janvier, et, lors de cette manifestation baptisée « Jour de colère », on pouvait lire sur les banderoles : « Hollande ou le Crif [Conseil de représentation des institutions juives de France], qui dirige ? » ou encore « Europe pédo criminelle sioniste satanique », tandis que les « dieudonnistes » multipliaient les quenelles ou brandissaient des effigies d'ananas, en rappel de la chanson douteuse de leur idole, « Shoananas ». Cette agitation ne va pas sans rappeler celle des ligues d'extrême droite de l'entre-deux-guerres — citons les Camelots du roi, émanation de l'Action française, le Faisceau de Georges Valois, mais aussi le Francisme de Marcel Bucard ou les Croix-de-Feu du colonel François de La Roque. Ces ligues ont défilé toutes ensemble le 6 février 1934 — soit presque quatre-vingts ans avant notre Jour de colère — et provoqué une émeute sanglante place de la Concorde (à cette époque-là, l'encadrement des foules par les forces de l'ordre était beaucoup moins au point qu'aujourd'hui). Comme dans les années 1930, les mécontents sont à la recherche d'un bouc émissaire et s'en prennent tantôt aux Juifs, tantôt aux musulmans ou encore aux Roms (lire l'enquête. p. 46). Enfin, nous assistons à la montée spectaculaire du Front national dans les urnes : au soir du premier tour des élections municipales, alors que son parti venait d'atteindre son record historique pour ce type de scrutin, Marine Le Pen a déclaré : « Les Français se sont libérés du faux choix droite-gauche. » Pour qui se souvient des travaux du grand historien du fascisme Zeev Stemhell, une telle déclaration n'a rien d'anodin : car, selon ce dernier, le propre du fascisme est précisément de refuser l'alternative traditionnelle droite-gauche et de proposer le nationalisme comme « troisième voie ».
La passion de la différence
Cependant, la comparaison avec les années 1930 admet aussi des limites et risque de nous masquer la nouveauté des phénomènes actuels, qu'il convient de replacer dans la perspective de la philosophie de l'Histoire. À cet égard, il est un chapitre tout à fait éclairant dans les dernières pages de La Fin de l'Histoire et le dernier homme, de Francis Fukuyama (Flammarion, 1992). La plupart des lecteurs de cet essai se sont focalisés sur la célèbre thèse de l'intellectuel américain : au lendemain de la chute du mur de Berlin, ce philosophe hégélien affirmait qu'avec l'effondrement du bloc soviétique, il n'y avait plus vraiment d'alternative crédible au modèle de la démocratie libérale, qui allait s'installer inexorablement sur toute la planète, porté par la globalisation économique, déclenchant ici et là des prurits, des sursauts identitaires comme l'islamisme, mais sans adversaire à long terme.
Pourtant, ce livre plus profond que ne le laisse accroire cette thèse a un chapitre intriguant, intitulé
« Libres et inégaux »: Fukuyama y prophétise que le plus grand danger qui menacera la démocratie libérale dans l'avenir ne viendra pas de Karl Marx mais de Friedrich Nietzsche, pas des idées de gauche mais des idées de droite.
En effet, toute tendance fait naître une contre-tendance qui lui correspond, et la tendance de fond de la démocratie libérale, c'est l'isothymia (du grec iso-, « égal », et thumos, « passion »), soit la passion de l'égalité. Façonnant une société toujours plus homogène, la démocratie libérale fond les individus dans la classe moyenne et réduit la politique à une affaire de gestion, sans aventure ni promesse. « Les êtres humains se révolteront à cette pensée, à l'idée d'être les membres indifférenciés d'un État universel et homogène, chacun étant le même que l'autre, quel que soit l'endroit du monde où l'on aille... Ils voudront avoir des idéaux au nom de quoi vivre et mourir. » Ainsi, c'est la tendance opposée à l'isothymia, la mégalothymia, soit la passion inégalitaire de la grandeur, qui risque d'en sortir renforcée.
Ce point touche au « politiquement correct » du gouvernement de François Hollande, à sa neutralité gestionnaire, à sa décevante normalité : « Si les passions isothymiques de demain, prévient Fukuyama, essayent de mettre hors la loi les différences entre le laid et le beau, ou de prétendre qu'un cul-de-jatte est spirituellement mais aussi physiquement l'égal d'une personne pourvue de tous ses membres, la thèse se réfutera d'elle-même avec le temps, à l'instar du communisme. »
Et c'est ici qu'on touche au cœur de notre problème : les plus virulents adversaires du gouvernement socialiste actuel veulent passionnément, contre les penchants isothymiques de ce dernier, réaffirmer les différences, entre les hommes et les femmes, entre les couples hétérosexuels et homosexuels, entre les laïcs et les musulmans, entre les Français de souche et les immigrés, entre la citoyenneté française et l'identité juive, etc.
Cependant, le climat de la France actuelle ne s'explique pas entièrement par un sursaut contre l'égalitarisme, et nous devons aussi compter avec un autre phénomène que Fukuyama n'avait pu prévoir : nous sommes aux prises avec une projection historique auto-réalisatrice de vaste ampleur. En effet, la Seconde Guerre mondiale est dans tous les esprits : du succès de romans comme Les Bienveillantes de Jonathan Littell ou Jan Karski de Yannick Haenel aux records d'audience de programmes de télévision comme Apocalypse ou Un village français, en passant par l'essai de Pierre Bayard Aurais-je été résistant ou bourreau ?, nos contemporains sont incessamment invités à se projeter dans la situation des années 1930 et de l'Occupation, à choisir le rôle qu'ils voudraient y tenir. C'est ici qu'on touche à un aspect proprement postmoderne du problème : nous n'avons pas tant affaire à une aspiration au fascisme, c'est-à-dire au désir d'être gouverné par un chef autoritaire, qu'à un réinvestissement fantasmatique du passé, qui se traduit par des mots et par des actes (par exemple, par des manifestations où l'on scande comme autrefois des slogans antisémites). C'est pourquoi la comparaison entre les années 2010 et les années 1930 n'est pas seulement un diagnostic : elle est en partie la cause de nos maux actuels.
Historique – Zeev Sternhell, historien
Dans les manuels d'histoire, il est généralement expliqué que le fascisme est né après la Première Guerre mondiale, en Italie. Dans votre ouvrage Ni droite, ni gauche, vous soutenez au contraire que le fascisme est apparu en France dans la dernière décennie du XIX' siècle. Pourquoi ?
Zeev Stemhell : À la fin du XIX' siècle, la France est la démocratie libérale la plus avancée du continent européen. Avec le suffrage universel masculin (1848), l'instruction publique obligatoire (1881), la loi interdisant le travail des enfants de moins de 13 ans (1892), elle est en pointe dans le domaine de la protection des citoyens et des libertés. Il n'est donc pas étonnant qu'elle soit aussi le pays où la démocratie libérale va connaître ses premières crises majeures, qui ont donné naissance à l'idéologie fasciste. Parmi les phénomènes annonciateurs de celle-ci, le boulangisme. Sous l'égide de Georges Boulanger, général et ancien ministre de la Guerre, un puissant mouvement politique s'est structuré à la fin des années 1880, au point d'ébranler les institutions de la III' République; s'il n'est pas parvenu au pouvoir, il a fédéré dans ses rangs, fait nouveau, les bonapartistes, la droite nationaliste, mais aussi des éléments importants des classes populaires. Boulanger se suicide en 1891, mais avec l'affaire Dreyfus, lors des dernières années du siècle, on voit du côté des antidreyfusards la même alliance s'affirmer entre des éléments de la droite traditionnelle et des hommes venus de la gauche blanquiste, communarde, et des exclus, déjà appuyée par les faubourgs populaires. Cette union est soudée par des campagnes violemment antisémites. Ces alliances droite-gauche, dépassant les clivages habituels de la vie politique, ont posé les prémices du fascisme et constituent une nouveauté: c'est la première fois, depuis la Révolution française, qu'un appel est lancé au nom du peuple et de la nation tout entière contre la démocratie et contre les droits de l'homme.
Le fascisme serait donc une réaction tardive à l'esprit des Lumières ?
En effet! Diderot et d'Alembert, dans leur Encyclopédie, au milieu du XVIII' siècle, donnent cette définition plutôt sèche du concept de « nation »: « une quantité considérable de peuple, qui habite une certaine étendue de pays, renfermée dans de certaines limites, et qui obéit au même gouvernement ». C'est tout! Pas un mot sur l'histoire, la culture, la langue, la religion, l'ethnie. Avec cette conception purement politique et juridique de la nation, vous voyez naître le personnage du citoyen, et c'est sur cette base que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen fut proclamée, que furent libérés en France les esclaves noirs, que les Juifs furent émancipés. Et c'est précisément cette figure abstraite du citoyen, déliée de tout héritage historique, que combattent les anti-Lumières, qui veulent au contraire fonder la nation sur l'histoire, la culture, la religion, l'ethnie, etc.
Mais il ne faut pas attendre la fin du XIX' siècle pour que certains s'élèvent contre les Lumières! Les contre-révolutionnaires, les romantiques en sont déjà des adversaires...
Certes, mais le combat contre les Lumières françaises, qui se poursuit tout au long du XIX' siècle, va descendre peu à peu des sommets de la haute culture dans la rue. Vous devez comprendre que, sous la IIIe République, nous avons affaire pour la première fois dans toute l'Histoire humaine à une population qui sait lire et écrire, qui a un certain accès à la connaissance. Auparavant, quand Ernest Renan regardait du côté de l'Allemagne et considérait Johann Gottfried von Herder comme le plus grand philosophe depuis Platon, ou bien quand Hippolyte Taine décrivait la Révolution française comme le plus grand désastre culturel depuis la chute de Rome, cela se situait à un certain niveau, qui n'était pas accessible à la masse. Mais le tournant du XX' siècle voit croître l'influence de romanciers à succès, comme Paul Bourget ou Maurice Barrès, et d'une presse à grand tirage qui vont vulgariser cette attaque contre les Lumières.
À la même époque, il existe aussi une critique marxiste et socialiste de la démocratie bourgeoise.
Bien sûr! Cependant, il faut savoir que les années 1890 ont été marquées par une forte croissance économique, qui va installer l'idée, chez les contemporains, que le capitalisme n'est pas du tout sur le point de s'effondrer, contrairement à ce qu'avait prédit Marx. Pour le dire crûment, au tournant du XX' siècle, la modernisation joue non pas en faveur de la paupérisation et de l'aliénation du prolétariat, en faveur d'un développement de la conscience de classe qui permettrait d'espérer une chute prochaine du capitalisme, mais plutôt d'une acceptation de l'ordre établi. L'évolution capitaliste semble donc, dans ces années-là, plutôt favorables aux ouvriers. Les conditions de travail sont moins dures, les assurances sociales se mettent en place, l'école publique et le service militaire obligatoire créent une adhésion des classes populaires à la culture, à l'histoire nationales et aux valeurs de la République. Dans une telle situation, il reste trois possibilités. Première option, accompagner le prolétariat dans sa retraite, militer pour un changement progressif, c'est la voie de la social-démocratie—que choisiront Eduard Bernstein en Allemagne et Jean Jaurès en France, en lançant la classe ouvrière, non pas dans une aventure révolutionnaire, mais dans la défense de leurs intérêts, qui est aussi celle de la démocratie et des valeurs républicaines. Deuxième option, faire la révolution au nom du prolétariat, pour le prolétariat, mais sans lui: c'est la doctrine de Lénine. Troisième option, imaginer une révolution d'un type nouveau, c'est-à-dire une révolution morale et intellectuelle, dans laquelle la nation sera amenée à prendre la place du prolétariat comme acteur historique essentiel.
C'est un philosophe français un peu tombé dans l'oubli, Georges Sorel, qui va poser les bases théoriques de cette révolution d'un type nouveau. Vous avez beaucoup contribué à le faire redécouvrir. Quel a été son apport ?
Georges Sorel pose, ni plus ni moins, la matrice théorique du fascisme. Lecteur de Marx, dont il ne tarde pas à découvrir les points faibles, il opère une révision antirationaliste du marxisme et se lance en même temps dans une violente critique de la tradition des Lumières. L'une de ses premières œuvres s'intitule le Procès de Socrate [1889/ : Sorel y livre un vibrant plaidoyer en faveur des juges qui ont condamné Socrate à mort. Dès le début de sa trajectoire intellectuelle, il part en guerre contre ce qu'il appelle les « Lumières athéniennes », mélange de rationalisme, d'optimisme et de démocratie, qui lui apparaît comme une morale d'intellectuels et de marchands. À ses yeux, la grande faute des Lumières athéniennes est d'avoir détruit les valeurs homériques, celles de l'héroïsme et de l'épopée, rabaissées par des «sophistes raisonneurs et dialecticiens ». Dès cet essai, Sorel formule l'une des idées dont il ne se départira jamais : les civilisations fondées sur des mythes sont supérieures aux civilisations rationalistes et matérialistes. Si une renaissance est possible, ce sera par une victoire du mythe sur la raison. Sorel a lu Giambattista Vico, Friedrich Nietzsche et Henri Bergson, et il pense qu'aucun système philosophique ne doit jamais son succès à la seule valeur logique de ses arguments. Il faut que l'auteur trouve le moyen de provoquer des émotions chez le lecteur. Ce sont donc les mythes et les sentiments qui doivent remettre l'Histoire en marche.
On est très loin de Marx, pour qui les idées ne font pas l'Histoire...
Bien sûr ! Car vous devez comprendre que cette entreprise théorique développée par Sorel dans ses livres ultérieurs, Les Illusions du progrès, et surtout les Réflexions sur la violence, qui paraissent tous deux en 1908, ne vise pas à remettre réellement en cause les structures économiques du capitalisme mais à liquider les valeurs morales et intellectuelles de la bourgeoisie et du libéralisme.
Ce que vous appelez la troisième voie.
Oui. Le fascisme n'est ni de gauche ni de droite. Pour comprendre un système ou un mouvement, il faut chercher ce qu'Alexis de Tocqueville appelait les « idées mères » (Max Weber parlait des « idéaux-types »). L'idée mère de la gauche, c'est que le monde doit être changé parce qu'il est injuste. L'idée mère de la droite, c'est que le monde représente tout ce qu'on peut avoir, qu'il n'y a rien de mieux à espérer que ce qui existe et qu'on ne peut procéder qu'à quelques aménagements de détails. Mais le fascisme est une troisième voie, qui entend changer le monde, opérer une révolution morale et spirituelle, mettre en marche la nation au moyen des mythes, tout en laissant intactes les structures économiques. Il ne s'agit plus d'abattre la bourgeoisie mais de la mettre au service de la nation.
Quel a été l'impact concret des idées de Georges Sorel ?
En France, elles sont restées marginales, elles ont notamment été beaucoup discutées à l'intérieur du Cercle Proudhon, fondé par des disciples de Sorel et de Charles Maurras, théoricien de l'Action française. Le Cercle Proudhon a tenté de diffuser les idées soréliennes dans le monde syndical, mais cela n'a pas réellement pris. Par contre, Sorel était très connu et apprécié en Italie. Ses Réflexions sur la violence ont été traduites en italien avec une introduction de Benedetto Croce, et les grands leaders du syndicalisme révolutionnaire, intellectuels et militants comme Michèle Bianchi, s'en sont emparés. Ces idées vont surtout avoir de l'influence sur la personnalité dominante du Parti socialiste italien, le rédacteur en chef d'Avanti!, Benito Mussolini en personne. Cette diffusion du sorélisme en Italie a lieu avant la Première Guerre mondiale. C'est alors que se fait en Italie la rencontre des soréliens et des nationalistes. Certains historiens, tels François Furet en France ou Ernst Nolte en Allemagne, soutiennent que Mussolini était un disciple de Lénine, auquel il aurait repris sa stratégie révolutionnaire. Mais c'est faux: Mussolini considérait Lénine comme un fou.
Selon vous, le fascisme est radicalement distinct du nazisme. Qu'est-ce qui les oppose ?
Le déterminisme biologique. Le fascisme s'est levé contre les Lumières, le nazisme contre le genre humain. Évidemment, le biologique joue un rôle dans le fascisme ; le fascisme est d'abord un nationalisme, et ce nationalisme a aussi le plus souvent un noyau ethnique. Les fascistes voient donc la nation comme un corps, dont ils exaltent la force et qu'ils veulent défendre contre toutes les influences extérieures. Il y a eu, du reste, un fascisme allemand, représenté par Oswald Spengler, l'historien du Déclin de l'Occident, par Ernst Jünger, qui fait l'éloge de la guerre dans ses Orages d'acier, ou encore par Arthur Moeller van den Bruck, partisan d'une révolution conservatrice. Aucun de ces fascistes allemands n'avait une vision purement raciale de la communauté nationale. Mais l'explication de l'Histoire par le racisme constituait l'essentiel du nazisme, ce dernier exaltait la supériorité de la race aryenne sur les autres, et la race juive était vouée à l'extermination. Il s'agit donc d'une conception entièrement déterministe et héréditaire de la valeur des êtres humains.
Cela explique que le national-socialisme a été détruit, comme courant de pensée, en 1945, tandis que le fascisme n'est pas une parenthèse refermée...
Le fascisme continue de faire partie intégrante de la culture européenne. C'est une proposition politique intégrale, tout aussi structurée et cohérente dans son genre que la démocratie libérale ou le marxisme, et il n'y a aucune raison de penser qu'elle aurait été enterrée sous les décombres de Berlin. Cette proposition politique, qui parie sur l'identité nationale, est, en outre, particulièrement séduisante pour les classes populaires et les exclus : si vous êtes pauvre, que vous n'avez ni moyens matériels ni reconnaissance sociale, il vous reste encore une richesse, votre appartenance à une communauté culturelle. L'idée mère du fascisme est la défense de la nation contre tout ce qui la menace de l'extérieur: vous retrouvez cette idée dans une ligne assez continue chez les soréliens alliés aux nationalistes, chez des intellectuels qui vomissent à la fois la démocratie, le libé-ralisme et le marxisme dans les années 1930, chez le régime de Vichy, chez l'OAS pendant la guerre d'Algérie, et jusqu'à nos jours, où elle est portée par le Front natio-nal. L'extrême droite française a donc une histoire cohérente.
En France, certains observateurs pensent que le Front national s'est normalisé et s'est rapproché de la droite républicaine, après l'aggiornamento réalisé par Marine Le Pen. Partagez-vous cet avis ?
Non, je crois que l'élément nationaliste dur est toujours là. Marine Le Pen est assez fine tacticienne pour comprendre qu'il lui faut mettre les Juifs dans le coup, les intégrer à sa définition de la nation. L'anti-moi, désormais, ce n'est plus le Juif, ce sera plutôt le musulman. Les Juifs, d'ailleurs, s'ils n'avaient pas fait l'objet de discriminations, d'abord en Allemagne, puis en Italie et en France, n'auraient sans doute eu aucune difficulté à rejoindre les mouvements nationalistes ou fascistes de l'entre-deux-guerres. Du côté du Front national, aujourd'hui, il y a toujours cette idée que la nation doit s'affirmer contre l'Autre, l'étranger, contre les multinationales, contre Bruxelles, contre le fric vagabond. Par ailleurs, le Front national a hérité du rôle de défense des petits et des exclus, qui était la fonction tribunicienne du parti communiste. Le parti communiste n'étant plus là, les banlieues sont de plus en plus pénétrées par le Front national, lequel agrège donc bien des thématiques de droite et de gauche, mais aussi des électorats de droite et de gauche. Il se situe toujours dans cette troisième voie dont je vous ai parlé.
Il y a une nette différence entre les fascistes, qui veulent changer le monde, et les réactionnaires, qui sont attachés aux traditions. Les débordements de la droite traditionaliste contre le mariage homosexuel ou de la manifestation « Jour de colère » du 26 janvier dernier - qui fut l'occasion pour certains de scander « Juif, barre-toi, la France n'est pas à toi » - ne sont-ils pas plus réactionnaires que fascisants ?
Les réactionnaires veulent revenir en arrière. C'étaient le cas d'Edmund Burke au XVIII' siècle en Angleterre, parti en guerre contre la Révolution française, ou de Joseph de Maistre, fameux contre-révolutionnaire français: ces auteurs voulaient revenir à l'âge d'or d'avant 1789 et retrouver l'Ancien Régime. Il me semble que cette attitude a, en réalité, quasiment disparu par la suite. Qui a jamais sérieusement voulu un retour en arrière depuis 1914 7 Le régime de Vichy n'était nullement réactionnaire, il était fasciste, et très actif, puisqu'il a réussi en quelques mois à balayer tout l'héritage de la Révolution française et des droits de l'homme. En instaurant dès juillet 1940 une dictature, il se lance dans une véritable révolution : toute allusion à la République est supprimée, des lois raciales et le statut des Juifs sont proclamés en octobre 1940 (sans pour autant avoir une théorie de la pureté de la race française comparable à celle du nazisme). Je ne saurais me prononcer sur tous les courants d'extrême droite qui secouent aujourd'hui la société française, mais il me semble qu'ils ont un dénominateur commun et aussi un projet de société. Ils n'acceptent pas l'ordre établi, mais ne désirent pas revenir à l'époque du gaullisme ou de la IIP République; ils ont un autre modèle à proposer, foncièrement protectionniste sur le plan économique, nationaliste sur le plan politique. C'est pourquoi il convient de les prendre au sérieux.
Eléments de pensée
TERRE
Notions associées
Enracinement / paysage / patrie / maison / identité / appartenance charnelle / espace vital / cosmopolitisme
Éléments de langage
«La terre, elle, ne ment pas » / fidélité à la terre des ancêtres / pays réel / « Sang, terre, honneur et fidélité » (devise nazie)
À quoi cela s'oppose ?
Durant le siècle des Lumières, on rêvait de cosmopolitisme et d'un « droit de com-mune possession de la surface de la terre ». La Révolution française a superposé aux anciennes régions les entités abstraites que sont les départements. Puis est apparu l'idéal linguistique, historique et politique de la nation, avec notamment Renan. Mais un nouveau concept a émergé, vers la fin du XIX' siècle, pour en brouiller les contours : celui de la Terre, ancrage archaïque au monde.
Penseurs clés :
Après Nietzsche, qui chante la « fidélité à la terre », libérée des aliénations religieuses, contre les «espoirs supraterrestres », le thème de la terre comme sol fondamental de notre existence prend une ampleur inédite. En France, c'est Maurice Barrès qui déploie le plus radicalement cette notion. Dans un discours de 1899 sur « La Terre et les Morts », le romancier antidreyfusard affirme que le fondement de la vie politique ne doit plus consister à proclamer des idéaux abstraits, mais à ressentir une familiarité « de chair et d'os » avec un terroir. L'enracinement dans un paysage et une région détermine d'après lui une façon spécifique de sentir le monde. Telle est « la leçon de la terre » qui entraîne la condamnation des « déracinés » (cosmopolites, étrangers, Juifs). En Allemagne, d'autres penseurs développent la notion, mais dans un sens beaucoup plus ontologique. Parallèlement à sa réflexion sur la patrie conçue comme foyer essentiel (Heimat), Martin Heidegger, inspiré par la lecture du poète Hölderlin, fait de la Terre l'un des fondements d'une structure fondamentale de l'être qu'il nomme le « Quadriparti » et qui comprend donc la Terre, le Ciel, les Mortels et les Dieux. D'après lui, la Terre résiste à l'exploitation agricole sur le mode industriel et demeure « impénétrable». Elle est presque sacralisée comme ce qu'on ne peut jamais violer. Quelques années plus tard, Carl Schmitt bien plus profondément engagé dans le nazisme, fait de la Terre, entre temps devenu une notion phare du nazisme, le principe d'un combat de civilisation. Selon lui, « l'histoire mondiale est l'histoire de la lutte des puissances maritimes contre les puissances continentales ». Dans un texte intitulé Terre et Mer publié en 1942, il plaide pour une politique de la terre « L'homme est un être terrestre, un être terrien. La terre forme le lieu où il vit, si meut, se déplace. Elle est son sol et son milieu. C'est elle qui fonde ses perspectives, détermine ses impressions, façonne le regard qu'il porte sur le monde. » La mer au contraire devient symbole de perte de limites, de retenue, de prin.cipes : nulles frontières sur l'océan. Ce n'est pas un hasard si la mer est aux yeux du penseur l'élément fondamental des Anglo-Saxons atlantistes... et des Juifs, prétendus disciples du monstre marin Léviathan.
Et aujourd'hui?
La défense de la totale souveraineté sur sa « terre » est l'un des fondements de l'extrême droite contemporaine. Jean-Marie Le Pen aimait citer le proverbe: « charbonnier est maître chez lui ». Sa fille, mêlant subtilement les thématiques de la mondialisation, de l'Europe, de l'agriculture industrielle et de la maîtrise de son territoire, critique, elle, une politique «hors sol ». L'idée « d'appartenance charnelle » à sa région d'origine constitue un élément essentiel du discours des identitaires : l'un des groupes qui anime ce courant se nomme d'ailleurs Terre et Peuple. Par ailleurs, l'un des penseurs les plus influents des droites radicales, le RUSSE Alexandre Douguine, promeut une doctrine qui s'appuie sur les puissances de l'espace eurasiatique. Fidèle à ce qui est devenu un lieu commun de la nébuleuse fascisante, il exalte «l'esprit de la terre» selon lequel l'espace « ne constitue pas une catégorie abstraite mais une couche importante du monde vivant» (La Quatrième Théorie politique, 2012), une réserve de sens. Cela lu: permet de critiquer une conception qu'il juge trop artificielle des fron fières. À l'opposé, l'atlantisme est considéré comme « le mal absolu ».
PEUPLE
Notions associées
Race / sang / antisémitisme / famille / socialisme national
Éléments de langage
« Vrai peuple » contre élites / révolution nationale / gauche du travail, droite des valeurs / politiquement correct médiatique / «Ein Volk, ein Reich, ein Führer»
À quoi cela s'oppose ?
La notion de peuple élaborée par Rousseau, Marat, Michelet ou Jaurès se situe au coeur de notre modernité. Elle s'inscrit dans les cadres de la nation, du progrès, des liens fraternels et solidaires. C'est un sens tout différent, identitaire, exclusif et mythique, que lui donne la pensée fasciste.
Penseurs clés
Les théoriciens de la race défont à la fois l'unité du genre humain et les distinctions traditionnelles entre les peuples. Arthur de Gobineau, dans son Essai sur l'inégalité des races humaines, distingue les races noire, jaune et blanche, et affirme la supériorité de la dernière. Mais il dissout aussi la cohésion interne des peuples lorsqu'il affirme qu'un peuple entre en dégénérescence « parce qu'il n'a plus dans ses veines le même sang, dont des alliages successifs ont graduellement modifié la valeur ». Le métissage et la dégradation intérieure en sont la cause. La notion de race fait donc exploser le sens traditionnel que l'on accolait au mot peuple. Avec l'étranger, le Juif devient le bouc émissaire idéal. Pour Édouard Drumont, il existe un complot visant à soumettre le « vrai » peuple, notamment par la mainmise sur le capital. Ce thème forme la base de la pensée nazie: Alfred Rosenberg fonde la race sur le « mythe du sang nordique ». D'après lui, une «contrerace juive» combat l'âme du peuple aryen: « Le parasitisme juif, comme force concentrée, dérive [.. I du mythe juif de la domination mondiale promise aux justes par Yahvé» (Le Mythe du XX' siècle). Autre particularité de la pensée fasciste, considérer le peuple, au-delà de ses limites politiques, comme une horde. Hannah Arendt appelle, dans L'Impérialisme, « nationalisme tribal » ce mouvement qui transforme les peuples « en espèces animales » et fait céder le cadre de l'État-nation sous le fantasme de l'expansion vitale d'un peuple supérieur. Nkolas Danilevsid rêve d'assembler, sous la bannière russe, tous les peuples slaves d'Europe, brisant les frontières nationales. Houstoun Chamberialn mêle, lui, idéologie de la race supérieure et pangermanisme, qui vise à réunir tous les aryens. Ceci mènera à l'annexion des Sudètes et à l'Anschluss. Une autre interprétation oppose le peuple et les élites. À la suite d'un penseur comme Georges Sorel, qui inspire la gauche révolutionnaire tout en étant admiré par Mussolini, divers modèles d'un socialisme fascisant sont élaborés entre les deux guerres. En Allemagne, Gott-fried Feder conçoit le programme économique du parti nazi et lie le socialisme à l'antisémitisme et à la haine des étrangers. Il réclame l'interdiction de la citoyenneté aux Juifs, l'expulsion des immigrés non Allemands, la nationalisation des grandes entreprises, l'arrêt de la spéculation foncière, la mise à mort des usuriers... Dans d'autres pays européens, comme en Belgique, un soildarisme d'extrême droite apparaît dans les années 1930, ainsi qu'une volonté de faire renaître les corporations, associations de métiers prémodernes. On critique l'individualisme égoïste issu des Lumières au nom de la fusion en un grand tout collectif L'assimilation des finances au « complot juif» distingue ce socialisme fasciste des mouvements d'émancipation de gauche. Contre ces élites «étrangères au corps du peuple et à sa terre », on fait l'apologie des vertus du petit peuple: enracinement dans son milieu, solidarité, décence.
Et aujourd'hui ?
Pour l'extrême droite contemporaine, la défense de la pureté biologique du peuple a été remplacée par la préservation de son intégrité culturelle. Sur le terrain social, des penseurs de gauche — George Orwell (avec sa notion de « décence ordinaire » du petit peuple) ou Michel Clouscard, qui pourfend les libéraux-libertaires —, sont récupérés par ceux qui, tel Alain Soral, veulent allier, dans la détestation des « sionistes », « la gauche du travail et la droite des valeurs ». Son comparse Dieudonné prétend pouvoir rire de tout. Aujourd'hui, la critique des élites passe plus que jamais par celle des médias. Contre cette nouvelle « police de la pensée » et le « politiquement correct », les droites radicales font l'apologie de la « dissidence ». Enfin les rouges-bruns russes, notamment les membres du Parti national bolchevique emmené par Édouard Limonov, ont des disciples dans plusieurs pays d'Europe.
VIE
Notions associées
Corps / physiologie / énergie / santé / futurisme / virilité / héroïsme / guerre / sacrifice / hiérarchie / ordre / État
Éléments de langage
La vie des peuples /« Croire, obéir, combattre» (slogan fasciste) / la vie est hiérarchique / « Vous cristallisez sur votre personnage un certain nombre de répulsions patriotiques, presque physiques» (Jean-Marie Le Pen à Pierre Mendès France,1956) À quoi cela s'oppose? Face à une modernité marquée par le progrès des sciences et des techniques, une spécialisation et une abstraction croissante, des penseurs, à partir du XIX' siècle, opposent la vie organique et ses lois naturelles.
Penseurs clés
Nietzsche avait critiqué, dans son Zarathoustra, les « contempteurs du corps ». En effet, dès la fm du XIXe siècle, à travers le sport ou le tourisme, le corps est à l'honneur. L'œuvre de Darwin donne naissance au darwinisme social puis aux rêves d'amélioration de l'humanité par l'eugénisme. Parallèlement, contre le spiritualisme conservateur et fatigué de leurs aînés, les futuristes italiens promeuvent la jeunesse, l'énergie, la volonté de puissance et même la violence. Dans son Manifeste du futurisme, Marinetti exalte le « mouvement agressif », la « gifle » et le « coup de poing ». Autre jeune Turc de la littérature, Drieu la Rochelle voit dans le fascisme «le mouvement politique qui va le plus franchement le plus radicalement dans le sens de la restauration du corps — santé, dignité, plénitude, héroïsme ». Ce qu'ajoute le fascisme au renouveau de la pensée de la vie, très puissant entre les deux guerres chez Bergson et à travers le mouvement de la philosophie de la vie (Lebens philosophie) en Allemagne, c'est l'apologie de la guerre purificatrice, apothéose de la vie par son affrontement avec la mort. Celle-ci est très présente chez le romancier et essayiste Ernst Jünger, pour qui l'époque de la « mobilisation totale », de la « démocratisation de la mort », fait de chaque individu un guerrier potentiel. Dans une éthique et une esthétique du courage, de la camaraderie guerrière, de l'héroïsme, le soldat volontaire, souvent engagé contre l'ennui de la vie bourgeoise, se confronte à sa vérité. Le militarisme, avec sa discipline, son décorum, ses viriles parades, ses phalanges et ses armées parallèles, se greffe sur cette vision de la vie. La virilité est de bon ton — et 1'homophobie, malgré les fantasmes du romancier japonais Yukio Mishkna, la norme. Autre manifestation de cette vie belliqueuse, l'espoir du « coup de force » contre des institutions vermoulues : « Crève la gueuse » dit le slogan antiparlementaire de l'entre-deux-guerres. Dans la logique fasciste révolutionnaire, l'appel au putsch est considéré comme le mouvement même de la nature vitale des choses. Et la démocratie représentative, équilibrée, juridique, une abstraction mortifère. Le culte du chef naturel accompagne ce mouvement. la hiérarchie fait partie de la vie de la nature, comme dans la pensée de Platon ou dans la structure des castes dans l'hindouisme. C'est également ainsi qu'il faut comprendre la compréhension fasciste de l'État. Loin d'être une institution abstraite censée représenter la somme des volontés individuelles, il constitue une apothéose de la vie. Écoutons Giovanni Gentile dans un discours de 1925: «L'État, non pas quelque chose de matériellement existant mais une idée vivante qui s'actualise et constitue notre devoir, dont nous ne pouvons faire abstraction — auquel nous ne pouvons nous soustraire: la Patrie immortelle, qui est notre vie et notre mort. » Cet État modèle en retour, dans son projet volontairement totalitaire, la société entière comme un grand corps dont il formerait la tête. Et si la société est conçue sur le modèle organique, elle est étudiée sur le modèle de la maladie. Elle sera dite en bonne santé ou en décrépitude, contaminée par des corps étrangers, ou bien elle produira des anticorps. Le vocabulaire de la réaction vitale et corporelle est également privilégié dans la pensée fasciste. Le lexique du dégoût est ainsi fréquemment utilisé, par exemple par l'essayiste viennois Otto Neininger contre le « caractère juif» dans Sexe et Caractère (1903). La vie politique est transformée en mouvement naturel, au cours duquel la violence a donc toute sa place.
Et aujourd'hui ?
Le vocabulaire de la vie affective et concrète est très présent dans contre le mariage pour tous. En revanche, plusieurs dirigeants d'extrême M. la littérature d'extrême droite. L'agressivité, ou même l'insulte, droite en Europe sont ouvertement homosexuels. Il y a de plus en plus sont généralement considérées comme de légitimes expressions vitales. de leaders de sexe féminin. Enfin, l'apologie de la guerre et l'appel au L'homophobie, elle, a connu une renaissance durant les manifestations putsch ne s'expriment que chez les militants les plus radicaux.
MYTHE
Notions associées
Déclin / nihilisme / tion / tradition / archaïsme / paganisme / complot négationnisme / Homme nouveau
Éléments de langage
Reich millénaire ou Rome impériale/ gloire des ancêtres / révolte contre le monde moderne / croisade contre l'envahisseur / dénoncer le Système / combattre l'Empire
À quoi cela s'oppose ? Une approche scientifique de la nature puis de l'histoire a émergé au XVII° siècle. En réaction, à la suite de Nietzsche et de son Surhomme, certains penseurs ont résolu de réhabiliter le mythe. Il ne faut pas les confondre, cependant, avec des conservateurs ou des réactionnaires. Ils se veulent, eux, révolutionnaires en réinventant une mythologie plus archaïque que le passé réel.
Penseurs clés
Une vision de l'histoire très éloignée de l'objectivité scientifique a donné naissance au début du XXe siècle au mythe du déclin. Certains ont cessé de croire en un progrès ininterrompu et se sont tournés vers une conception cyclique du devenir des civilisations. Onvald Spengler, auteur du Déclin de l'Occident (1918-1922), a inspiré ceux qui, à l'issue de la Première Guerre mondiale, ont cru à la fin d'un monde. L'idée d'une catastrophe purificatrice, donc d'un mythe de la renaissance, hante les esprits. Plusieurs écrivains, Louis-Ferdinand Céline ou Emil Cioran, manifestent un nihilisme qui considère l'histoire comme un champ investi par les forces du déclin et de la violence. Cette désillusion pousse de nombreux penseurs vers des pans de culture ancienne, magique et religieuse. René Gudnon, orientaliste et ésotériste, lutte contre la modernité au nom des rites, des symboles et des initiations. Son hermétisme intéresse le philosophe italien Julian Evola, auteur de L'Impérialisme païen (1928). Ce dernier promeut une révolte contre l'esprit démocratique au nom du paganisme. Le christianisme de la pitié et de l'évangélisme (sémitique) doit être supplanté par la virile glorification des cruelles divinités antiques. Lorsqu'ils demeurent fidèles au christianisme, comme les disciples de Charles Maurras, ces théoriciens en choisissent la version la plus traditionnelle, antiréformatrice, impériale et latinisante.
Ces retours au mythe se mêlent à une fascination pour les sociétés secrètes. Tout en faisant parfois partie de groupes occultes (Ordre de Thulé, etc.), ces penseurs sont obsédés par de prétendus complots: complot juif avec le pseudo-Protocole des Sages de Sion, domination maçonnique, aujourd'hui clubs privés internationaux ou lobbys. La puissance du mode de pensée mythique conduit certains à nier des faits historiques, comme Maurice Bardèche ou Robert Faurisson qui pourfendent le « mythe des chambres à gaz ». Enfin, le goût du mythe a donné naissance au fantasme d'un Homme nouveau. Les penseurs du fascisme italien, à la suite de Nietzsche, en appellent à un dépassement de l'humanité ordinaire par un nouveau type modelé par l'État, « amélioré » par les techniques modernes, rendu invincible par le mélange de puissance héroïque et de projection vers l'avenir qui le caractérise. Comme l'écrivent Mussolini et le philosophe officiel du fascisme Giovanni Gentile, l'État « pénètre la volonté aussi bien que l'intelligence. Son principe, inspiration directrice de la personnalité humaine vivant dans la société civile, pénètre dans l'âme et dans le coeur de l'homme d'action aussi bien que l'artiste, du penseur ou du savant ». À cet homme, il faut un cadre grandiose, architecture mussolinienne ou rassemblements spectaculaires. La dimension esthétique du fascisme participe de cette renaissance du mythe.
Et aujourd'hui ?
En évoquant « une société où la beauté se meurt, société de fin de l'histoire, société du dernier homme où tout s'effondre au Couchant— à l'Ouest absolu, transatlantique, d'une histoire qui fut grande » (Comment peut-on être païen?, 1981). Pour l'écrivain Renaud Camus, nous vivons à une époque « d'industrie de l'hébétude» qui détruit sciemment la culture. En revanche, l'espoir d'un homme nouveau—sauf chez un écrivain cyberpunk comme Maurice G.Dantec—a pratiquement disparu du champ de l'extrême droite.
Source Philosophie Magazine - Mai 2014 - Dossier "Y-a-t-il une pensée fasciste ?"
Dernière édition par Ours le Ven 20 Juin 2014 - 5:59, édité 1 fois (Raison : Sous spoiler, c'est mieux pour les "parcoureurs de fils.....)
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Je me giflerai !
Je me giflerai volontiers, parce que j'ai vu cette vidéo sur Internet.
Et mon cœur tout mou de Bisounours, à moins que ce soit de Bisonours tout mou, ou encore, bon , bref.... s'est dit je vais l'envoyer à unetelle et unetelle, à untel aussi, mince j'allais oublier unetelle et lui aussi et elle encore et puis évidemment.... Bref à un certain nombre de gens que je connais et fréquente en live ou en numérique.
Mais il y a des différences, différences entre ceux que et ceux que... Et puis il y a de ceux qu'on aime bien, ceux qu'on aime beaucoup, et ceux qu'on aime tout court, genre de l'amour NT, non ? Aimer plus ce qui se dit moins, faire et éprouver le contraire de ce que l'on dit ?
Donc, fier comme si j'avais un Bar-Tabac (google :"Coluche Bar Tabac "pour les plus jeunes...), j'ai la solution : Le MP, FB et ZC compatible, au pire le mail....
Mais alors, pour le coup, cela engage. Et si c'était bien reçu ou mal reçu... Un vrai pataquès !
Vous rendez-vous compte, un ours qui serait aimé de plein de gens... je ne résisterai pas.
Et puis, dans les messages, il y en aurait des très divers, des j'te connais même pas IRL mais..., des j'te connais - je sais que non mais ..., des je suis ton père et je ne sais pas vraiment l'dire alors j'te le dis, des j'te l'dit mais tu n'énerve mais quand même j'te le dit..., des j'te le dit mais j'aime vraiment beaucoup les femmes..., , des j'te l'écris parce que j'ai envie d'imaginer comment ce serait bien si..., des reviens vite et souvent parce que j'ai même plus envie de maintenir ma MAZ, des qu'est-ce que je serai content que tu profites de la MAZ cet été avec ton compagnon/ta compagne avec ou sans des enfants, des...,
Trop plein de trucs passés, présents et futurs,
Juste pour savoir, juste pour toucher, juste pour être certain..., juste pour croire...
Qu'il y aura un demain commun à partager.
Alors, oui, je mérite des baffes, parce que je suis lâche, je n'ai pas pris mon carnet d'adresses, de peur de déclencher des choses que je ne comprendrai jamais. Je mérite des baffes, parce que je vais poster cette vidéo, en n'assumant pas du tout ceux qui vont lire, qui vont comprendre, lire de travers ou ne pas comprendre du tout.
Hum, mon chemin n'est pas terminé.
Ah, une dernière chose, à quelques heures de la fête de la musique, encablures de l'été et si on s'embrassait fortement ?
Je me giflerai volontiers, parce que j'ai vu cette vidéo sur Internet.
Et mon cœur tout mou de Bisounours, à moins que ce soit de Bisonours tout mou, ou encore, bon , bref.... s'est dit je vais l'envoyer à unetelle et unetelle, à untel aussi, mince j'allais oublier unetelle et lui aussi et elle encore et puis évidemment.... Bref à un certain nombre de gens que je connais et fréquente en live ou en numérique.
Mais il y a des différences, différences entre ceux que et ceux que... Et puis il y a de ceux qu'on aime bien, ceux qu'on aime beaucoup, et ceux qu'on aime tout court, genre de l'amour NT, non ? Aimer plus ce qui se dit moins, faire et éprouver le contraire de ce que l'on dit ?
Donc, fier comme si j'avais un Bar-Tabac (google :"Coluche Bar Tabac "pour les plus jeunes...), j'ai la solution : Le MP, FB et ZC compatible, au pire le mail....
Mais alors, pour le coup, cela engage. Et si c'était bien reçu ou mal reçu... Un vrai pataquès !
Vous rendez-vous compte, un ours qui serait aimé de plein de gens... je ne résisterai pas.
Et puis, dans les messages, il y en aurait des très divers, des j'te connais même pas IRL mais..., des j'te connais - je sais que non mais ..., des je suis ton père et je ne sais pas vraiment l'dire alors j'te le dis, des j'te l'dit mais tu n'énerve mais quand même j'te le dit..., des j'te le dit mais j'aime vraiment beaucoup les femmes..., , des j'te l'écris parce que j'ai envie d'imaginer comment ce serait bien si..., des reviens vite et souvent parce que j'ai même plus envie de maintenir ma MAZ, des qu'est-ce que je serai content que tu profites de la MAZ cet été avec ton compagnon/ta compagne avec ou sans des enfants, des...,
Trop plein de trucs passés, présents et futurs,
Juste pour savoir, juste pour toucher, juste pour être certain..., juste pour croire...
Qu'il y aura un demain commun à partager.
Alors, oui, je mérite des baffes, parce que je suis lâche, je n'ai pas pris mon carnet d'adresses, de peur de déclencher des choses que je ne comprendrai jamais. Je mérite des baffes, parce que je vais poster cette vidéo, en n'assumant pas du tout ceux qui vont lire, qui vont comprendre, lire de travers ou ne pas comprendre du tout.
Hum, mon chemin n'est pas terminé.
Ah, une dernière chose, à quelques heures de la fête de la musique, encablures de l'été et si on s'embrassait fortement ?
Invité- Invité
Carla de Miltraize VI- Messages : 5789
Date d'inscription : 10/07/2012
Age : 104
Localisation : Toulouse *** Se guérir de nos malaises de l’âme implique souvent une bonne dose d’humilité, d’accueil de la nature humaine et de sympathie envers autrui et surtout envers nous-mêmes. Daniel Desbiens
Re: Admettre à défaut de comprendre
Si t'as pas posté partout partout cette vidéo, c'est que t'as pas compris le message donc t'as bien fait Ours !!
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
D’une pierre on peut faire un poème,
le rire s’y mêle aux larmes et rien ne dure
que la durée qu’il faut pour changer
et pour rester pareil à soi-même.
La musique des fanfares ne m’émeut plus,
mais la foule des passants me touche toujours,
j’aime les voix perdues au fond des cascades du jour,
et le flot sans nombre des pas qui martèlent les rues
dans le dédale des solitudes.
D’une larme, d’un rire on peut faire un poème,
et la pierre s’y mêle au long des sanglots.
Le bûcheron qui fait des trous dans la forêt,
avec sa hache étincelante dans les arbres
fait retentir comme une cloche dans ma vie,
et la plainte infinie qui s’échappe de l’aurore
mêle à mon sang le parfum des sèves fraîches.
D’une pierre on peut faire un poème,
d’une pierre de larme, de rire, de lune,
d’une simple pierre au bord du chemin,
et tout ce que j’aime y est pour toujours vivant
comme un poème.
Werner Renfer – D’une pierre on peut faire un poème (1933)
Source : Beauty will save the World
le rire s’y mêle aux larmes et rien ne dure
que la durée qu’il faut pour changer
et pour rester pareil à soi-même.
La musique des fanfares ne m’émeut plus,
mais la foule des passants me touche toujours,
j’aime les voix perdues au fond des cascades du jour,
et le flot sans nombre des pas qui martèlent les rues
dans le dédale des solitudes.
D’une larme, d’un rire on peut faire un poème,
et la pierre s’y mêle au long des sanglots.
Le bûcheron qui fait des trous dans la forêt,
avec sa hache étincelante dans les arbres
fait retentir comme une cloche dans ma vie,
et la plainte infinie qui s’échappe de l’aurore
mêle à mon sang le parfum des sèves fraîches.
D’une pierre on peut faire un poème,
d’une pierre de larme, de rire, de lune,
d’une simple pierre au bord du chemin,
et tout ce que j’aime y est pour toujours vivant
comme un poème.
Werner Renfer – D’une pierre on peut faire un poème (1933)
Source : Beauty will save the World
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Calanques de Cassis - Mai 2014
Il y a 3 ans bientôt, mon père décéda, d’oublier de respirer, après une lente descente.
De ce décès, ma sœur et moi nous nous sommes appris. N’ayant jamais vécu ensemble, nous avons été obligé par les évènements de nous fréquenter. Nous avons eu la surprise de nous ressembler et même d’avoir vécu avec nos parents des choses très similaires.
Par son départ, mon père avait ouvert un chemin de découverte. Mais nul ne pouvait imaginer la destination et les étapes de ce chemin. Lors d’un retour du domicile de sa mère, ma sœur avit pris le volant de ma voiture. Elle peine à dépasser le 110, pas ma voiture, ma sœur. Alors, pour tromper l’inquiétude et oublier l’allure « carte vermeil » avant l’heure, nous parlions. Nous en sommes venus à parler de son fils ainé, en difficultés psychologiques. Il venait d’être testé positif. Je me fendais d’un stupide « pas étonnant avec sa tête d’ampoule » dont ma sœur eut l’intelligence de ne pas se vexer. De paroles en paroles, il apparut peu à peu que cette conformation concernait aussi ma descendance et … moi.
10 jours après, 4 heures de TGV, je partais looser j’arrivais surdoué à Paris, grâce à Siaud Fachin ou devrai-je dire à cause… Très rapidement en IRL, j’ai croisé mon âme sœur. Vivre à 50 ans une telle sidération, une telle communion intime, une communication tactile se passant des mots…. Ce fut une épreuve, pour moi et la pauvre, pour elle aussi. Mais on ne fait pas sa vie avec son âme sœur, pas plus que trivialement on ne couche avec.
Dans le même semestre, je rencontrai une femme, sensible et perceptive. Elle me dévoila moult évènements de mon enfance et me suggéra un certain nombre de choses à surveiller. Devant sa clairvoyance, je me suis révolté, l’ai traité de sorcière mais j’ai réussi à ne pas me fâcher et à ne pas la fâcher.
Dans le même semestre enfin, mon PDG décéda, de longue maladie, comme on dit. C’était mon père adoptif, en quelque sorte ; j’avais eu le temps de lui dire et ma photo figurait sur son bureau à son domicile, je l’appris par la suite. En 6 mois, j’étais doublement orphelin, n'était plus ce que je croayais être depuis 50 ans et savait enfin ce qu’il s’était probablement passé dans ma prime enfance avant le décès de ma mère.
Et l’effeuillage de ma vie a continué. Affectivement et psychologiquement nu comme un ver, 18 mois après, j’ai réussi à prendre mon autonomie par rapport à mon épouse sans générer de conflit et à m’installer dans une maison, la MAZ, que j’ai dédié à une femme, l’une de mes anges qui initia ma reconstruction réelle. Isolé affectivement (mais pas amicalement heureusement), j’ai dû affronter la solitude pleine. L’ange de la MAZ avait décidé de s’envoler vers un autre monde, mon âme sœur s’est enfuit, il me restait ZC, quelques amis zèbre et un travail placardisé.
Après une longue rocaille de 18 mois, se profila alors un désert de quasi 6 mois, ponctué par de quelques WE bien arrosés.
Au final, 2 an et demi d’errance, une dépression assez forte, la compréhension des mécanismes de dépendance qui s’était installés, une infinie tristesse (oui, encore moins rigolo que maintenant, si si si , c’est possible) et soudain, le soleil se montre. Juin 2014 arrive.
2+0+1+4 = 7 : le Chariot du tarot, réussite complète. Je crois que les choses se mettent en place, cette fois. Les indicateurs des plans amoureux, amicaux, professionnels, intellectuels semblent passer au vert et y passer en douceur.
Cependant, j’avance en terrain inconnu. J’ai plus l’habitude de prendre que de recevoir. Là, les choses se font sans heurts, peu à peu. Je suis debout sur le frein, je sais que je dois tenir la cavalerie, je dois les forcer aux labours alors qu'ils piaffent d'impatience. J’ai la certitude que je ne retrouverai jamais cette conjonction poly-positive.
Je ne dois pas me griller, je dois accepter les effets quantiques de la somme des incertitudes des plans de vie dont je suis conscient et des autres et dont je ne peux prouver à propos de la totalité de ceux-ci que l’absence de signaux négatifs.
J’agis sans charge, je mets en place sans espoir, de peur d’avoir encore une fois très mal, sans espoir mais sans abandon ni défaite.
« Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve
que le ciel azuré ne vire au mauve… »
Non, pas cette fois-ci. A chacune des semaines de juin, correspond une avancée que je sens comme majeure. Demain matin, 10h30, un autre plan se met en place.
J’ai envie de dire « Regarde, je vais là, j’y vais ainsi en ne niant ni ce que je suis, ni ce que tu es. Viens, faisons route et ensemble donnons la pleine mesure de ce que nous pouvons et savons faire. Il n’y aura rien de simple, nous n’oublierons personne et surtout pas nous, surtout pas toi, surtout pas moi »
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Bonjour ours
Merci pour tous tes posts et le beau final qui se profile:cela donne de l'espoir à ceux qui sont encore (un peu) à la tâche.Je vous souhaite (et je pense que nous vous souhaitons tous) une vie légère,légère...et planer à tous vents.
Merci d'avoir exprimé et dit tout du long,le long travail qu'est la paix avec soi-même.
Beuacoup de bonheur à vous deux
Merci pour tous tes posts et le beau final qui se profile:cela donne de l'espoir à ceux qui sont encore (un peu) à la tâche.Je vous souhaite (et je pense que nous vous souhaitons tous) une vie légère,légère...et planer à tous vents.
Merci d'avoir exprimé et dit tout du long,le long travail qu'est la paix avec soi-même.
Beuacoup de bonheur à vous deux
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Quel beau solstice pour ce parcours,
quelle joie pour moi de te lire là maintenant
Dans les temps anciens j'allumais un feu à cette date et ainsi faisait chaque lieu, de loin on pouvait voir le feu des voisins, merci pour ce feu que tu allume de chez toi : je t'ai vu
quelle joie pour moi de te lire là maintenant
Dans les temps anciens j'allumais un feu à cette date et ainsi faisait chaque lieu, de loin on pouvait voir le feu des voisins, merci pour ce feu que tu allume de chez toi : je t'ai vu
Re: Admettre à défaut de comprendre
Bon, tout cela vaut 2 post séparés.
Tout d'abord, un petit Daran !
En réponse à Mag, spécifiquement et à "toi" dont le sens et la réalité reste incertain.
Allez, ce n'est pas pire que l'huile de foie de morue...
"Au sommet d'une colline, j'allume une flamme
Pour qu'on sache qu'un homme et une femme
Fêteront sous la lune la nuit de l'origine
Un sacrifice au bonheur de leurs âmes
Au futur de leurs fils
Ici les dieux s'adorent sans aucun artifice"
Belle convergence, n'est-ce pas ?
Tout d'abord, un petit Daran !
En réponse à Mag, spécifiquement et à "toi" dont le sens et la réalité reste incertain.
Allez, ce n'est pas pire que l'huile de foie de morue...
"Au sommet d'une colline, j'allume une flamme
Pour qu'on sache qu'un homme et une femme
Fêteront sous la lune la nuit de l'origine
Un sacrifice au bonheur de leurs âmes
Au futur de leurs fils
Ici les dieux s'adorent sans aucun artifice"
- Spoiler:
- Je voulais pour nous deux bien mieux qu'une croyance
Alors je t'ai trouvé une sorte d'église
Dont les murs ne sont pas couverts de faïence, ni de marbre
Les vitraux je les brise, les piliers sont des arbres
L'autel est un rocher tapissé de lichen
On n'y parle ni pardon ni péché
On n'y fait pas commerce de douleur et de peine
On n'y adore ni Dieu ni Diable
Mais la beauté des corps
Et le sort qui a mis ton amour dans mes veines
Je nous veux sans frontière sans limite et sans loi
Je veux te respirer te vivre et vivre en toi
Et croire qu'avant nous tout ça n'existait pas
Nous deux nous méritons bien plus haut qu'une voûte
Alors je t'ai trouvé une plaine sans routes
Sans autres limites que les points cardinaux
Et sans traces que celles de nos chevaux qui absorbent l'espace
Au sommet d'une colline, j'allume une flamme
Pour qu'on sache qu'un homme et une femme
Fêteront sous la lune la nuit de l'origine
Un sacrifice au bonheur de leurs âmes
Au futur de leurs fils
Ici les dieux s'adorent sans aucun artifice
Je nous veux sans frontière sans limite et sans loi
Je veux te respirer te vivre et vivre en toi
Et croire qu'avant nous tout ça n'existait pas
Belle convergence, n'est-ce pas ?
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
fine a écrit:.../...
Beuacoup de bonheur à vous deux
.../...
Merci de ton passage.
J'ai voulu témoigner parce que j'ai le sentiment d'un dénouement de beaucoup de choses. Et que s'il s'agit d'un dénouement, je voudrais dire qu'on en sort. Mon chemin n'est pas fini et sur cette longue montée, il n'y a pas de pause, pas de palier.
Le "tu" cité est un "tu" d'altérité. C'est à la fois quelqu'un, mais personne ne peut savoir qui c'est à mon propos et à la fois le "tu " de chacun. Ce que j'ai voulu exprimer, c'est "je ne suis pas responsable de ton bonheur pas plus que tu n'es responsable du mien".
Cependant, en italien on parle d'auguri équivalents aux souhaits en français. Alors, j'accepte tes vœux et t'en remercie beaucoup, comme augures de moments à venir.
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Je préparais un post sur Heidegger et le dasein, la définition du soi (personalité intime ou sociale - Loin de Moi de Christian Rousset) en rapport avec le fascisme mais aussi l'émission autour de l'état de l'Etat et la position vis à vis de l'émigration ce matin chez Alian Finkelkraut.
Euh, j'ai peut-être eu l'idée plus grosse que le cerveau...
Alors, en attendant, j'ai lu quelque chose. Alors pour se coucher les neurones pleins d'idées et de rêves, les yeux pleins d'étoiles et le visage apaisé sur le sable doré (un peu ce que Mag dit faire) :
Roule les étoiles dans ta main,
jette-les au loin, au fond
de ton esprit, où elles brûlent
et se dissipent en poussière d’or
colorant les galaxies.
D’où vient l’odeur d’une rose jaune,
et quel est le lien entre
cette senteur frêle, orangée,
qui s’épuise, voluptueusement,
quand elle expire,
et l’alchimie des astres.
.../...
Jean Mambrino – Poème (2006)
Euh, j'ai peut-être eu l'idée plus grosse que le cerveau...
Alors, en attendant, j'ai lu quelque chose. Alors pour se coucher les neurones pleins d'idées et de rêves, les yeux pleins d'étoiles et le visage apaisé sur le sable doré (un peu ce que Mag dit faire) :
Roule les étoiles dans ta main,
jette-les au loin, au fond
de ton esprit, où elles brûlent
et se dissipent en poussière d’or
colorant les galaxies.
D’où vient l’odeur d’une rose jaune,
et quel est le lien entre
cette senteur frêle, orangée,
qui s’épuise, voluptueusement,
quand elle expire,
et l’alchimie des astres.
.../...
Jean Mambrino – Poème (2006)
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
comme je le "disais" là :
https://www.zebrascrossing.net/t16871p260-j-ai-croise-votre-route#736940
je crois qu'on a peut être un peu trop chargé le feu de la St Jean : ça s'est réveillé jusqu'à la Réunion !!
http://volcan.reunion.fr/actualites/voir-larticle/detail/eruption-piton-de-la-fournaise-21-juin-2014-a-1-heure-35.html?cHash=ed11c5016668e406f1e2e384be455aa5
https://www.zebrascrossing.net/t16871p260-j-ai-croise-votre-route#736940
je crois qu'on a peut être un peu trop chargé le feu de la St Jean : ça s'est réveillé jusqu'à la Réunion !!
http://volcan.reunion.fr/actualites/voir-larticle/detail/eruption-piton-de-la-fournaise-21-juin-2014-a-1-heure-35.html?cHash=ed11c5016668e406f1e2e384be455aa5
Re: Admettre à défaut de comprendre
Quand tu sais qu'un simple battement d'ailes de papillon peut declencher une tornade à l'autre bout du monde...après plus rien ne t'étonne
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Serait-ce la victoire du papillon de la conscience avec la planète comme partenaire ?
Avatar story...
J'aime toujours à m'étonner et ne manque pas d'air pour ça
Avatar story...
J'aime toujours à m'étonner et ne manque pas d'air pour ça
Re: Admettre à défaut de comprendre
« Ne jamais perdre de vue le graphique d'une vie humaine, qui ne se compose pas, quoi qu'on dise, d'une horizontale et de deux perpendiculaires, mais bien plutôt de trois lignes sinueuses, étirées à l'infini, sans cesse rapprochées et divergeant sans cesse : ce qu'un homme a cru être, ce qu'il a voulu être, et ce qu'il fut. »
Marguerite Yourcenar
Marguerite Yourcenar
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
En période de troubles, revenir aux sources, la musique malienne par sa lancinante répétition rythmique est apaisante pour moi.
Je vous laisse découvrir des morceaux inspirés de la tradition et une femme sublime, moderne sans oublier ses sources.
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
- Spoiler:
- J’ai tant escamoté, l’angle des parapets
De mes incontournables et de mes indomptables
Dédicacé mes nuits, et levé les poignets
Sur les comptoirs luisants de flaques innombrables
De chagrins sans marée, de mensonges enjambés.
Des marais de promesses, non moi je n’en veux plus
Juste que disparaisse, le goût du survécu
Et que des alibis, je me déshabitue.
Et pour qu’on intoxique mes veines assoiffées,
Je vous tends ma chemise, baisse mon pantalon,
Je suis nue comme un vers, et je remplis d’hiver,
Cette folle tentation, qui gèle mes frissons.
Aux phares sans lumière, je me suis accrochée
Et gravée sur ma chair au cuir désespéré,
L’encre de mes chimères, celle de vos baisers
Tarie dans les ornières de mon identité,
Les fugues sans frontière, les refuges obtus
L’alphabet du bréviaire, non, moi je n’en veux plus
Je confesse à ma bière tous ces malentendus,
J’avoue à la kermesse mon paradis perdu.
Et pour qu’on intoxique mes veines assoiffées,
Je vous tends ma chemise, baisse mon pantalon,
Je suis nue comme un vers, et je remplis d’hiver,
Cette folle tentation, qui gèle mes frissons.
J’ai tant escamoté l’ange de ma liberté
De mes incontournables et de mes indomptables
Que les angles du ciel, ceux de la charité
Ont lu dans mon regard l’aurore insurmontable.
De mes lambeaux de larmes, de mon coeur ébréché
Du souffle et de sa panne, non, moi je n’en veux plus
Je dissous mon absence, je renais en silence
Je serre tout contre moi, les saints du porte-clé.
Et pour qu’on intoxique mes veines assoiffées,
Je vous tends ma chemise, baisse mon pantalon,
Je suis nue comme un vers, et je remplis d’hiver,
Cette folle tentation, qui gèle mes frissons.
Et pour qu’on intoxique mes veines assoiffées
Je vous rends ma chemise ivre de liberté
Je délaisse l’hiver, je laisse à l’abandon
Cette folle tentation qui gèle mes frissons.
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Certes c'est une chanson triste, c'est peut-être ce qui rend touchante cette artiste.
Sa voix, me fait penser à Irma, qui d'ailleurs vient de sortir son second disque.
Mais le temps n'est pas à la tristesse, plutôt aux villes du Sud de l'Italie.
Comme Alberobello, trop touristique, bien sur, mais si lumineuse, saluer Castel del Monte et son château fort isolé et énigmatique avant de plonger vers l'Adriatique, hésiter entre la noix de coco rafraichie ou une autre douceur, se poser sur la plage et se demander pourquoi, ce n'est pas que cela la vie.
Et encore, je vous réserve le menu du repas du soir.
En attendant il est un peu tôt pour un Vermentino rafraichi, je le mets au frais pour tout à l'heure (je vous laisse google-iser Vermentino, c'est toujours mieux quand on en a envie)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Castel_del_Monte
Sa voix, me fait penser à Irma, qui d'ailleurs vient de sortir son second disque.
Mais le temps n'est pas à la tristesse, plutôt aux villes du Sud de l'Italie.
Comme Alberobello, trop touristique, bien sur, mais si lumineuse, saluer Castel del Monte et son château fort isolé et énigmatique avant de plonger vers l'Adriatique, hésiter entre la noix de coco rafraichie ou une autre douceur, se poser sur la plage et se demander pourquoi, ce n'est pas que cela la vie.
Et encore, je vous réserve le menu du repas du soir.
En attendant il est un peu tôt pour un Vermentino rafraichi, je le mets au frais pour tout à l'heure (je vous laisse google-iser Vermentino, c'est toujours mieux quand on en a envie)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Castel_del_Monte
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Et si tout recommençait
malgré le silence du vent
et la honte des étoiles ?
Des pas dans la poussière
pour témoigner d'une vie respirante
Des regards dans la maison
pour aimer le corps des survivants
Le rideau des larmes
pour cacher les déroutes
pour faire éclater l'absence
et le regard équivoque
d'une nuit hors d'haleine
sous le masque réconcilié
des aubes
Jean-Luc Wauthier – Poème (1999)
Source : Beauty will save the world
malgré le silence du vent
et la honte des étoiles ?
Des pas dans la poussière
pour témoigner d'une vie respirante
Des regards dans la maison
pour aimer le corps des survivants
Le rideau des larmes
pour cacher les déroutes
pour faire éclater l'absence
et le regard équivoque
d'une nuit hors d'haleine
sous le masque réconcilié
des aubes
Jean-Luc Wauthier – Poème (1999)
Source : Beauty will save the world
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Si vous avez envie de plonger dans la truculence des femmes du sud, de celles qui ont fait la légende du sud et aussi le talent, allez écouter l'insubmersible Mme la Maire d'Aix En Provence. Il ne s'agit pas de politique, mais d'humanité.
http://www.franceculture.fr/emission-les-pieds-sur-terre-maryse-joissains-maire-d%E2%80%99aix-en-provence-2014-06-25
Sa biographie et sa photo : http://www.aixenprovence.fr/Biographie
http://www.franceculture.fr/emission-les-pieds-sur-terre-maryse-joissains-maire-d%E2%80%99aix-en-provence-2014-06-25
Sa biographie et sa photo : http://www.aixenprovence.fr/Biographie
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Dans la famille jolies vieilleries, douces et sucrées de si longtemps qu'il ne faut plus y réfléchir, je voudrais :
Ce doit être la pluie, ce matin.
Oui, c'est cela, la pluie de ce matin.
"-Bonjour, ça va ?
-Impeccable, bonne journée !
-Merci toi aussi !"
Ce doit être la pluie, ce matin.
Oui, c'est cela, la pluie de ce matin.
"-Bonjour, ça va ?
-Impeccable, bonne journée !
-Merci toi aussi !"
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Retour aux habitudes : émettre des messages, partager des impressions, comme des bouteilles à la mer. Tiens si un jour je recommence ici, je m’appellerai Robinson.
En novembre 2012, j'avais assisté à une série de conférences à Marseille sur la Pop Philosophie. Il y avait eu une conférence un peu hésitante à propos du rétrofuturisme, assemblage d'éléments graphiques anciens et imaginaires futuristes.
Le Steampunk est à mon sens proche de cela.
Là c'est autour des Citroën des années 60-70 d'en faire des voitures "volantes" (source Fubiz.net) :
Sans aucun doute, la DS décapotable carossée par Chapron : la classe !
Cela me fait penser à cela :
"Comment frimer les gonzesses,
Y a plus de belles automobiles,
Lui il a gardé sa DS
Et tous les gens l'appellent vieux style"
Michel Jonasz
En novembre 2012, j'avais assisté à une série de conférences à Marseille sur la Pop Philosophie. Il y avait eu une conférence un peu hésitante à propos du rétrofuturisme, assemblage d'éléments graphiques anciens et imaginaires futuristes.
Le Steampunk est à mon sens proche de cela.
Là c'est autour des Citroën des années 60-70 d'en faire des voitures "volantes" (source Fubiz.net) :
Sans aucun doute, la DS décapotable carossée par Chapron : la classe !
Cela me fait penser à cela :
"Comment frimer les gonzesses,
Y a plus de belles automobiles,
Lui il a gardé sa DS
Et tous les gens l'appellent vieux style"
Michel Jonasz
Dernière édition par Ours le Mer 25 Juin 2014 - 18:57, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Extraordinaire et superbe vidéo derrière ce lien : http://www.llapse.net/
Dont est extraite cette image
Comment ne pas penser à 2001 Odyssée de l'espace (dailymotion) :
Dont est extraite cette image
Comment ne pas penser à 2001 Odyssée de l'espace (dailymotion) :
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Toujours sur Fubiz.net, 3 images, de nuit.
La première est hiératique, angoissante.
Les 2 autres "appellent" :
L'une à l'intimité, à la source cachée, aux brumes odorantes, à rejoindre un centre ; l'autre éblouit, incite à s’agréger autour d'un centre. Peut-être y-a-t-il une photo femme et une photo homme.
L'auteur : Lukas Furlan - http://500px.com/looki
La première est hiératique, angoissante.
Les 2 autres "appellent" :
L'une à l'intimité, à la source cachée, aux brumes odorantes, à rejoindre un centre ; l'autre éblouit, incite à s’agréger autour d'un centre. Peut-être y-a-t-il une photo femme et une photo homme.
L'auteur : Lukas Furlan - http://500px.com/looki
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Je coupe et j'en rejoue...
J'ai pas la règle du jeu.
Je ne comprend rien.
Alors, ma vraie place est derrière le comptoir.
J'aurai dû m'appeler Sisyphe, c'eut été plus juste.
"Et pourtant, il faut imaginer Sisyphe heureux"
Ben voyons !
Imagine ! Cela ne te coute rien à toi, scribouillard théorique et désincarné, moi c'est ma vie que cela me coute.
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Incompréhension.
Je ne suis pas un incompris, ma compréhension n'est pas une question de moi pour moi, c'est une question vers l'extérieur.
C'est peut-être ce pourquoi je n'arrive pas à aimer le théâtre. J'y suis déjà et cette distance à la scène reste pour le moment irréductible. Allez au théâtre consiste à doubler cette distance.
Je vois les gens quelque fois comme des ombres chinoises silencieuses. Je m'écarquille mais leurs agitations sont source de confusion. Et quand le son me parvient, il me surprend (quasi la bouche ouverte) et je ne sais plus que faire de ce qui arrive.
En temps ordinaire, un part de moi est à la vie en situation de passivité par incompréhension. L'autre s'agite, tente de raccorder les morceaux pour faire sens. De temps à autre ça marche. En entreprise, si l'on considère la devise "marge ou crève" comme référente, alors il y a une sorte de logique, sauf si un tissu de relations politiques ou obscures guide le comportement.
En relation, amitié et encore plus en amour, c'est proprement infernal. Durant les fractions de relation que je comprends (ou crois comprendre) j'accélère comme un fou et je déborde. Et celles que je ne comprends pas, je m'effondre, imagine instantanément le pire, d'autant plus pire que l'accélération a été intense.
Comme de plus ma compréhension ne suit pas une logique conventionnelle, mais est diablement efficace (quand cela marche), cela fait de moi un étrange étranger. On me dit peu sociable : je trouve cela logique ; bien souvent, j'en suis réduis à faire le pot de fleur souriant ou triste, mais c'est souvent tout ce que je peux faire. Juste que je ne comprends pas la pièce qui se joue.
Je retrouve un peu de ce fonctionnement dans l'autobiographie de Daniel Tammet, je suis né un jour bleu.
Au fond, cela ne me rassure pas vraiment.
Ça use l'autre et ça m'use.
Je ne suis pas un incompris, ma compréhension n'est pas une question de moi pour moi, c'est une question vers l'extérieur.
C'est peut-être ce pourquoi je n'arrive pas à aimer le théâtre. J'y suis déjà et cette distance à la scène reste pour le moment irréductible. Allez au théâtre consiste à doubler cette distance.
Je vois les gens quelque fois comme des ombres chinoises silencieuses. Je m'écarquille mais leurs agitations sont source de confusion. Et quand le son me parvient, il me surprend (quasi la bouche ouverte) et je ne sais plus que faire de ce qui arrive.
En temps ordinaire, un part de moi est à la vie en situation de passivité par incompréhension. L'autre s'agite, tente de raccorder les morceaux pour faire sens. De temps à autre ça marche. En entreprise, si l'on considère la devise "marge ou crève" comme référente, alors il y a une sorte de logique, sauf si un tissu de relations politiques ou obscures guide le comportement.
En relation, amitié et encore plus en amour, c'est proprement infernal. Durant les fractions de relation que je comprends (ou crois comprendre) j'accélère comme un fou et je déborde. Et celles que je ne comprends pas, je m'effondre, imagine instantanément le pire, d'autant plus pire que l'accélération a été intense.
Comme de plus ma compréhension ne suit pas une logique conventionnelle, mais est diablement efficace (quand cela marche), cela fait de moi un étrange étranger. On me dit peu sociable : je trouve cela logique ; bien souvent, j'en suis réduis à faire le pot de fleur souriant ou triste, mais c'est souvent tout ce que je peux faire. Juste que je ne comprends pas la pièce qui se joue.
Je retrouve un peu de ce fonctionnement dans l'autobiographie de Daniel Tammet, je suis né un jour bleu.
Au fond, cela ne me rassure pas vraiment.
Ça use l'autre et ça m'use.
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Les mots me manquent, mais en espérant t'apporter une brise de légèreté:
Re: Admettre à défaut de comprendre
Mentalou m'a rappelé ce matin sa petite liste que je lui ai demandé de faire au fur et à mesure que j'avance en bonheur :
Quand ta tête ne comprends pas cause à tes pieds,
quand le faux rhume bugue sans arrêt plein de faux selfs en délire ferme ton ordi,
quand l'éléctromagnétisme est perturbé que tu le sent et le vérifie prend du chlorure de magnésium et du foie de morue et prie pour quoi soit sorti très vite de l'Otan
quand t'a rien à quoi te raccrocher regarde les plantes qui t'ont déjà tout montré...
tiens elle était pour toi aussi :
t'a pas une petite liste dans ton Mentalou à toué ?
écrit elle en vitesse entre deux bugs histoire de solidariser virtuellement
Quand ta tête ne comprends pas cause à tes pieds,
quand le faux rhume bugue sans arrêt plein de faux selfs en délire ferme ton ordi,
quand l'éléctromagnétisme est perturbé que tu le sent et le vérifie prend du chlorure de magnésium et du foie de morue et prie pour quoi soit sorti très vite de l'Otan
quand t'a rien à quoi te raccrocher regarde les plantes qui t'ont déjà tout montré...
tiens elle était pour toi aussi :
t'a pas une petite liste dans ton Mentalou à toué ?
écrit elle en vitesse entre deux bugs histoire de solidariser virtuellement
Re: Admettre à défaut de comprendre
à Ours .
"En relation, amitié et encore plus en amour, c'est proprement infernal. Durant les fractions de relation que je comprends (ou crois comprendre) j'accélère comme un fou et je déborde. Et celles que je ne comprends pas, je m'effondre, imagine instantanément le pire, d'autant plus pire que l'accélération a été intense."
2 choses que j'entends, comprends:
-c'est quoi des fractions de relation ? le problème n'est il pas dans ta définition : ce terme de fraction ??
- concernant le pire, et de le prévoir tout le temps, personnellement le fait de savoir que c'est une des "caractéristiques" z, jaime pas trop caractéristique mais bon, me permet aujourd'hui de le savoir, comme quand on navigue avec un bateau qui a plus de tyran d'eau ou plus de voile , ou qui dérive plus sous le courant, ety donc d'anticiper d'anticiper et de classer cette information du PIRE dans le dossier "en cas d'accident" sans mettre le cap dessus. pardon si je ne suis pas clair ... bonne journée ours
"En relation, amitié et encore plus en amour, c'est proprement infernal. Durant les fractions de relation que je comprends (ou crois comprendre) j'accélère comme un fou et je déborde. Et celles que je ne comprends pas, je m'effondre, imagine instantanément le pire, d'autant plus pire que l'accélération a été intense."
2 choses que j'entends, comprends:
-c'est quoi des fractions de relation ? le problème n'est il pas dans ta définition : ce terme de fraction ??
- concernant le pire, et de le prévoir tout le temps, personnellement le fait de savoir que c'est une des "caractéristiques" z, jaime pas trop caractéristique mais bon, me permet aujourd'hui de le savoir, comme quand on navigue avec un bateau qui a plus de tyran d'eau ou plus de voile , ou qui dérive plus sous le courant, ety donc d'anticiper d'anticiper et de classer cette information du PIRE dans le dossier "en cas d'accident" sans mettre le cap dessus. pardon si je ne suis pas clair ... bonne journée ours
Re: Admettre à défaut de comprendre
Merci des petits mots et idées.
Je retiens notamment l'idée de liste... cela me parle.
Je sais que ces exagérations autistiques me prennent par moments quand tout se complexifie. C'est important pour moi de les exprimer et également de recevoir des commentaires, des soutiens, et de légers dérivatifs musicaux.
Cela passe ensuite.
Mais cela use.
Je retiens notamment l'idée de liste... cela me parle.
Je sais que ces exagérations autistiques me prennent par moments quand tout se complexifie. C'est important pour moi de les exprimer et également de recevoir des commentaires, des soutiens, et de légers dérivatifs musicaux.
Cela passe ensuite.
Mais cela use.
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
Dans un autre registre.
Entendu ce matin sur le chemin du travail :
Une société de données, ce n'est pas comme une société de statistiques
(A écouter plutôt que lire : http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4873930)
26.06.2014 - 08:45
Les ordinateurs, les algorithmes et les bases de données pourraient-ils nous aider à penser différemment notre société ?
Lev Manovich est un chercheur russe émigré aux Etats-Unis. Depuis la fin des années 90, et grâce à plusieurs livres dont le classique Le Langage des nouveaux médias, il s’est imposé comme l’un des penseurs les plus importants du numérique. Interrogé longuement par Claire Richard pour « Place de la toile » (l’entretien sera diffusé samedi 5 juillet, c’est donc une primeur ce matin), répond à cette question de manière convaincante.
Depuis le 19ème siècle et jusqu’à récemment, explique Manovich, on se représentait notre société via les statistiques. Or les statistiques s’intéressent à la moyenne. Quand dans les années 1830, Adolphe Quételet mesure la taille des soldats de l’armée française, ce qui l’intéresse, c’est l’homme moyen. Et notre société moderne, en accord avec les outils de description que sont les statistiques, s’est constituée autour de ce paradigme de la normalité… Tout ça, depuis Foucault, on le sait bien.
Mais depuis les années 1960 et les progrès de l’informatique, sont apparues les bases de données. Puis aujourd’hui, la possibilité offerte par Internet de remplir ces bases d’un nombre incalculables de données, toujours plus fines. Quand on veut étudier une population, ce ne sont plus quelques milliers de chiffres que l’on peut manier, mais des millions, voire des milliards. Et, selon, Manovich, cela change tout. Avant, quand l’informatique était inexistante ou encore rudimentaire, on ne pouvait classer la population qu’en quelques catégories : homme/femme, normal/anormal, en bonne santé/malades, français/étranger etc. Aujourd’hui, si vous vous intéressez à la population d’une grande ville, vous pouvez jouer un nombre incalculable de variables. Vous pouvez donc créer des catégories qui obéissent à des critères infinis, et nouveaux. Pourquoi est-ce important ? Pour Manovich, avoir la possibilité de regrouper et de diviser selon un nombre presque infini de critères fragilise les représentations classiques les populations. Que valent encore les vieilles catégories de classe, de genre ou d’ethnie quand on peut avoir une représentation beaucoup plus précise, beaucoup plus granulaire des populations qui habitent une ville ? Car désormais, ce qu’on peut travailler ce sont d’autres données : les goûts, les déplacements, les pratiques culturelles, les temporalités, et l’on peut croiser tout ça dans tous les sens.
Imaginez un instant que Lev Manovich ait raison. Imaginez que de nouveaux outils fassent apparaître de nouvelles représentations, imaginez que ces nouvelles représentations fassent apparaître de nouveaux groupes qui ne se composent plus selon les vieux critères (genre, classe, ethnie…) mais selon d’autres critères… Est-ce qu’on pourrait espérer que notre représentation de la société en soit changée ? Est-ce qu’on pourrait espérer, en nous apercevant que ces nouveaux groupes dépassent les critères anciens, qu’ils abolissent les vieilles altérités ?
« Et la hiérarchie entre les critères, me direz-vous, il y a des critères qui sont plus déterminants que les autres : être un homme ou une femme, c’est plus déterminant que préférer le bleu au rouge ! ». A cela, Manovich répond : « mais la hiérarchie est un concept de l’ancien monde ». D’abord, les bases de données rompent la hiérarchie en mettant tous les chiffres au même niveau. Mais, au-delà, le Web abolit les hiérarchies. En nous permettant de passer d’un contenu à l’autre, d’une publicité à Proust, de Proust à un roman populaire, d’un roman populaire à Barack Obama, le Web nous prépare, en quelque sorte à accueillir ces nouvelles représentations de notre société, où les hiérarchies anciennes n’ont plus cours. Tout converge donc à l’avènement d’une société qui ne soit plus la société disciplinaire des statistiques, mais une société des données, qui reste à caractériser.
Bon, je suis tout à fait conscient des problèmes que cela pose. Et notamment du point de vue politique. Parce que tant que ces vieux critères sont opérants dans le réel (le fait d’avoir un nom arabe, d’être une femme, d’être handicapé, ça veut encore dire quelque chose), ces vieux critères sont aussi des leviers de lutte. Mais quand même, si les ordinateurs, les bases de données et les algorithmes pouvaient nous convaincre enfin que l’altérité n’est pas là où on la pense, s’ils pouvaient faire apparaître des proximités incongrues et des ressemblances profondes et essentielles, ça nous avancerait un peu.
Xavier de La Porte
(http://www.franceculture.fr/personne-xavier-de-la-porte.html)
Bien souvent la forme nous guide pour l'analyse du fond. Et en particulier les statistiques qui sous une forme qui imite la rigueur mathématique, ne sont que l'assemblage subjectif de données à propos desquelles il convient en plus d'avoir un regard critique.
La hiérarchie des critères d'analyse est sociale et non ontologique de l'objet observé. Je suis un homme est un critère. Mais celui-ci prévaut-il en toute circonstance ? Je suis hétéro sexuel ? Est-ce une donnée pertinente à propos mes modes de consommation.
Les Genders Studies nous ont montrées combien était mouvante la perception du genre et de ses attributs dans les diverses sociétés du monde, voire à l'intérieur et/ou transversalement à celles-ci. C'est à mon sens un témoignage de la fragilité de la hiérarchie des critères, telle que nous l'admettions couramment. Sans être spécialiste de la question, ces mouvances" sociales sont la raison d'être de l'ethnologie.
Si la richesse des bases de données et la puissance de calcul afférente nous ouvre des champs d'exploration de la nature humaine et nous incline à nous penser différemment de ce se pensaient nos aïeux au XIX° siècle et avant, cela me semble conforme à l'évolution de la connaissance et l'amélioration de nos connaissances sociales.
Je crois avoir compris qu'il s'agira du sujet principal de son émission de samedi.
Entendu ce matin sur le chemin du travail :
Une société de données, ce n'est pas comme une société de statistiques
(A écouter plutôt que lire : http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4873930)
26.06.2014 - 08:45
Les ordinateurs, les algorithmes et les bases de données pourraient-ils nous aider à penser différemment notre société ?
Lev Manovich est un chercheur russe émigré aux Etats-Unis. Depuis la fin des années 90, et grâce à plusieurs livres dont le classique Le Langage des nouveaux médias, il s’est imposé comme l’un des penseurs les plus importants du numérique. Interrogé longuement par Claire Richard pour « Place de la toile » (l’entretien sera diffusé samedi 5 juillet, c’est donc une primeur ce matin), répond à cette question de manière convaincante.
Depuis le 19ème siècle et jusqu’à récemment, explique Manovich, on se représentait notre société via les statistiques. Or les statistiques s’intéressent à la moyenne. Quand dans les années 1830, Adolphe Quételet mesure la taille des soldats de l’armée française, ce qui l’intéresse, c’est l’homme moyen. Et notre société moderne, en accord avec les outils de description que sont les statistiques, s’est constituée autour de ce paradigme de la normalité… Tout ça, depuis Foucault, on le sait bien.
Mais depuis les années 1960 et les progrès de l’informatique, sont apparues les bases de données. Puis aujourd’hui, la possibilité offerte par Internet de remplir ces bases d’un nombre incalculables de données, toujours plus fines. Quand on veut étudier une population, ce ne sont plus quelques milliers de chiffres que l’on peut manier, mais des millions, voire des milliards. Et, selon, Manovich, cela change tout. Avant, quand l’informatique était inexistante ou encore rudimentaire, on ne pouvait classer la population qu’en quelques catégories : homme/femme, normal/anormal, en bonne santé/malades, français/étranger etc. Aujourd’hui, si vous vous intéressez à la population d’une grande ville, vous pouvez jouer un nombre incalculable de variables. Vous pouvez donc créer des catégories qui obéissent à des critères infinis, et nouveaux. Pourquoi est-ce important ? Pour Manovich, avoir la possibilité de regrouper et de diviser selon un nombre presque infini de critères fragilise les représentations classiques les populations. Que valent encore les vieilles catégories de classe, de genre ou d’ethnie quand on peut avoir une représentation beaucoup plus précise, beaucoup plus granulaire des populations qui habitent une ville ? Car désormais, ce qu’on peut travailler ce sont d’autres données : les goûts, les déplacements, les pratiques culturelles, les temporalités, et l’on peut croiser tout ça dans tous les sens.
Imaginez un instant que Lev Manovich ait raison. Imaginez que de nouveaux outils fassent apparaître de nouvelles représentations, imaginez que ces nouvelles représentations fassent apparaître de nouveaux groupes qui ne se composent plus selon les vieux critères (genre, classe, ethnie…) mais selon d’autres critères… Est-ce qu’on pourrait espérer que notre représentation de la société en soit changée ? Est-ce qu’on pourrait espérer, en nous apercevant que ces nouveaux groupes dépassent les critères anciens, qu’ils abolissent les vieilles altérités ?
« Et la hiérarchie entre les critères, me direz-vous, il y a des critères qui sont plus déterminants que les autres : être un homme ou une femme, c’est plus déterminant que préférer le bleu au rouge ! ». A cela, Manovich répond : « mais la hiérarchie est un concept de l’ancien monde ». D’abord, les bases de données rompent la hiérarchie en mettant tous les chiffres au même niveau. Mais, au-delà, le Web abolit les hiérarchies. En nous permettant de passer d’un contenu à l’autre, d’une publicité à Proust, de Proust à un roman populaire, d’un roman populaire à Barack Obama, le Web nous prépare, en quelque sorte à accueillir ces nouvelles représentations de notre société, où les hiérarchies anciennes n’ont plus cours. Tout converge donc à l’avènement d’une société qui ne soit plus la société disciplinaire des statistiques, mais une société des données, qui reste à caractériser.
Bon, je suis tout à fait conscient des problèmes que cela pose. Et notamment du point de vue politique. Parce que tant que ces vieux critères sont opérants dans le réel (le fait d’avoir un nom arabe, d’être une femme, d’être handicapé, ça veut encore dire quelque chose), ces vieux critères sont aussi des leviers de lutte. Mais quand même, si les ordinateurs, les bases de données et les algorithmes pouvaient nous convaincre enfin que l’altérité n’est pas là où on la pense, s’ils pouvaient faire apparaître des proximités incongrues et des ressemblances profondes et essentielles, ça nous avancerait un peu.
Xavier de La Porte
(http://www.franceculture.fr/personne-xavier-de-la-porte.html)
Bien souvent la forme nous guide pour l'analyse du fond. Et en particulier les statistiques qui sous une forme qui imite la rigueur mathématique, ne sont que l'assemblage subjectif de données à propos desquelles il convient en plus d'avoir un regard critique.
La hiérarchie des critères d'analyse est sociale et non ontologique de l'objet observé. Je suis un homme est un critère. Mais celui-ci prévaut-il en toute circonstance ? Je suis hétéro sexuel ? Est-ce une donnée pertinente à propos mes modes de consommation.
Les Genders Studies nous ont montrées combien était mouvante la perception du genre et de ses attributs dans les diverses sociétés du monde, voire à l'intérieur et/ou transversalement à celles-ci. C'est à mon sens un témoignage de la fragilité de la hiérarchie des critères, telle que nous l'admettions couramment. Sans être spécialiste de la question, ces mouvances" sociales sont la raison d'être de l'ethnologie.
Si la richesse des bases de données et la puissance de calcul afférente nous ouvre des champs d'exploration de la nature humaine et nous incline à nous penser différemment de ce se pensaient nos aïeux au XIX° siècle et avant, cela me semble conforme à l'évolution de la connaissance et l'amélioration de nos connaissances sociales.
Je crois avoir compris qu'il s'agira du sujet principal de son émission de samedi.
Invité- Invité
Re: Admettre à défaut de comprendre
-Une société de données, ce n'est pas comme une société de statistiques-
oui miam, sur ce sujet ou pas loin il ya un mec que je suis pas mal, disons beaucoup qui s'appelle Roland Gori
books pas mal : la folle évaluation, et plus recemment "la fabrique des imposteurs"
j'ai pas encore lu ou entendu un truc con sortant de sa bouche. pour moi c'est du good food et je ne parle pas de son action humaniste...
je suis un peu speed je dois bouger mais on peut parler de ce gazier un jour plus trankill.
oui miam, sur ce sujet ou pas loin il ya un mec que je suis pas mal, disons beaucoup qui s'appelle Roland Gori
books pas mal : la folle évaluation, et plus recemment "la fabrique des imposteurs"
j'ai pas encore lu ou entendu un truc con sortant de sa bouche. pour moi c'est du good food et je ne parle pas de son action humaniste...
je suis un peu speed je dois bouger mais on peut parler de ce gazier un jour plus trankill.
Re: Admettre à défaut de comprendre
Cela use que si l'on s'en sert
Aujourd'hui je me suis coltinée avec une débrousailleuse... ça m'a calmée… c'est sur le même sujet pourtant
==
je vais voir... hmm... ça date de 2009...
De l’extension sociale de la norme à la servitude volontaire
Roland Gori
« L’époque qui ose se dire la plus révoltée n’offre à choisir que des conformismes. La vraie passion du XXe siècle, c’est la servitude. » Albert Camus, L’Homme révolté, p. 293.
http://rased-en-lutte.net/2009/03/intervention-de-roland-gori-lappel-des-appels-paris-le-dimanche-2-mars-2009/
Aujourd'hui je me suis coltinée avec une débrousailleuse... ça m'a calmée… c'est sur le même sujet pourtant
==
je vais voir... hmm... ça date de 2009...
De l’extension sociale de la norme à la servitude volontaire
Roland Gori
« L’époque qui ose se dire la plus révoltée n’offre à choisir que des conformismes. La vraie passion du XXe siècle, c’est la servitude. » Albert Camus, L’Homme révolté, p. 293.
http://rased-en-lutte.net/2009/03/intervention-de-roland-gori-lappel-des-appels-paris-le-dimanche-2-mars-2009/
Re: Admettre à défaut de comprendre
Mag tu es une géante !
« L’époque qui ose se dire la plus révoltée n’offre à choisir que des conformismes. La vraie passion du XXe siècle, c’est la servitude. » Albert Camus, L’Homme révolté, p. 293.
Si j'avais le droit de centrer, de mettre en gras et en petite police, je m'en servirai comme signature. Mais comme j'accepte la servitude de la forme ....
« L’époque qui ose se dire la plus révoltée n’offre à choisir que des conformismes. La vraie passion du XXe siècle, c’est la servitude. » Albert Camus, L’Homme révolté, p. 293.
Si j'avais le droit de centrer, de mettre en gras et en petite police, je m'en servirai comme signature. Mais comme j'accepte la servitude de la forme ....
Invité- Invité
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