Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
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Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Un post plus personnel, plus intime, cela fait plusieurs jours que je suis tenté de l'écrire, et puis je me dis que non, puis je change encore d'avis. J'ai l'impression qu'il faut que je l'écrive pour m'en débarrasser.
Alors voilà...
La vie m'a toujours donné ce que je désirais le plus au monde et s'est amusée de ce que mes désirs étaient incomplets ou incohérents. La vie me veut du bien, elle veut m'éduquer par un jeu parfois cruel.
Adolescent, je pensais que mon mal être existentiel avait une solution unique: l'amour passionné d'une femme. Je voulais être aimé, si ce n'est par tous, par une personne.
Et mon vœu fut exaucé. Une femme m'a aimé, m'a vénéré. Elle faisait tout pour me faire plaisir et malgré moi j'en abusais, j'étais un petit roi dans un petit royaume. Un royaume dans lequel je me sentais prisonnier. Je n'éprouvais pas les mêmes sentiments pour elle, je voulais la fuir mais en était incapable. J'en venais à rêver de sa mort qui me libérerait. Et puis elle s'est libérée toute seule. Un beau cadeau qu'elle m'a fait même si mon ego a eu beaucoup de mal à s'en remettre.
Maintenant je savais ce que je voulais: un amour passionnel et réciproque, un amour comme on en voit rarement, qui est si fort qu'il ne peut pas mourir ou se transformer en quelque chose de plus apaisé.
Il n'y avait qu'à le désirer.
Une tornade, une montagne russe, un volcan avec des éruptions plusieurs fois par jour. Impossible à vivre la plupart du temps, merveilleux par moments.
Je n'ai pu le supporter longtemps mais j'étais sur la bonne voie. Il me fallait la même mais en un peu "moins".
Aussitôt désiré...
Tout était là en version "light". Les sentiments, les difficultés. Je m'en suis accommodé très longtemps jusqu'au jour où j'ai décidé que je n'en pouvais plus, que ce n'était pas la vie que je voulais.
Je ne savais plus ce que je voulais, ce que je pouvais avoir. Je repensais à la précédente, la seule avec laquelle je m'étais senti vraiment vivre, avec des moments de pure extase. Ils étaient rares mais si précieux.
Et là elle revient dans ma vie. Et tout repart comme avant. Juste en pire.
Maintenant je sais ce que je veux. Je veux trouver quelqu'un avec qui je peux vivre. Que je comprends et qui essaie de me comprendre. Avec qui je peux imaginer de vivre le reste de ma vie.
Et je la trouve. Et je me sens mieux. Et je me sens mal. Je l'aime mais n'éprouve pas de passion pour elle. J'ai l'impression que cette passion, ce sentiment de fusion, est comme un shoot de drogue dure. Malgré sa raison, malgré son désir de sérénité, de "normalité", on ne peut oublier son effet et on ne peut que vivre dans le regret de l'avoir perdu.
Alors je pars et je ne veux plus rien, ou plutôt quelque shoots de temps en temps auprès de ma dealeuse. J'ai connu tout ce que je désirais mais jamais en même temps. Ce doit être impossible. Je trouve un certain équilibre en renonçant à mes désirs insensés.
Mais la vie n'en a pas fini avec moi. Alors que je ne cherche plus, elle n'arrête pas de me laisser entrevoir la possibilité de tout avoir.
Alors je suis perdu.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Doinel...
On m'a dit qu'il fallait pas dire "je t'aime" sur ce forum à tout bout de champ.
Alors je t'aime "bien" .
Même si j'ai pas trop de réponse pour toi
(Mais t'en attendais pas, hein ? dis ?)
Merci du partage.
(Edit : Et me voilà désolé d'avoir pourri ton post avec ce saut de page...)
On m'a dit qu'il fallait pas dire "je t'aime" sur ce forum à tout bout de champ.
Alors je t'aime "bien" .
Même si j'ai pas trop de réponse pour toi
(Mais t'en attendais pas, hein ? dis ?)
Merci du partage.
(Edit : Et me voilà désolé d'avoir pourri ton post avec ce saut de page...)
Fa- Messages : 1849
Date d'inscription : 23/06/2012
Age : 45
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Merci Fa, c'est exactement le genre de réaction qui peut me satisfaire. Pas trop d'effusions, aucune proposition de réponse ou de conseil. Je suis assez rétif à tout ça et ai la présomption de penser que c'est à moi, à moi seul, de tracer ma voie.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
There's a light that's never goes out ?
There's a light that's never goes out !
C'est une reprise bien personnelle, d'un ami zèbre, qui mesure deux mètres (rires). Je ne sais pourquoi, mais outre certaines maladresses, j'aime beaucoup cette version. J'avais envie de te la faire écouter : ici, et maintenant !
There's a light that's never goes out !
C'est une reprise bien personnelle, d'un ami zèbre, qui mesure deux mètres (rires). Je ne sais pourquoi, mais outre certaines maladresses, j'aime beaucoup cette version. J'avais envie de te la faire écouter : ici, et maintenant !
Ananke- Messages : 85
Date d'inscription : 23/04/2011
Age : 51
Localisation : IdF - vallée de la Chevreuse (78)
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
J'aime cette version, contrepoint adulte et virile (je mets des "e" à viril quand y faut pas) de celle des Smiths (adolescente et asexuée). Les paroles y gagnent une nouvelle interprétation. On n'y retrouve pas la distanciation affectée de Neil Hannon (Divine Comedy).
La vidéo est également excellente, tout à fait dans l'esprit de l'univers visuel imposé par Morrissey pour les Smiths, avec même des références explicites à l'iconographie.
La vidéo est également excellente, tout à fait dans l'esprit de l'univers visuel imposé par Morrissey pour les Smiths, avec même des références explicites à l'iconographie.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Merci Doinel pour ton partage. C'est bête, mais je suis plus sensible aux mots qu'aux musiques (je veux dire, comme outils d'accession à l'autre, pas "en soi"), alors quand tu écris, je me sens plus proche de toi et j'ai envie de te le dire. Pas de solution non, juste... je te lis, et je suis touchée...
♡Maïa- Messages : 1734
Date d'inscription : 06/03/2012
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Merci Mogwai. Je suis comme toi en fait, sauf quand une chanson adressée à une personne particulière véhicule un message.
Après il y a comment on souhaite découvrir les autres et comment on peut soi même se découvrir aux autres. Mais bon, je ne fais pas que poster des vidéos sur mon fil perso... J'en poste aussi ailleurs
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Je suis sensible a la musique et aux mots ( aux maux aussi par la meme occasion ) en me promenant sur les forums je suis tombee par hasard sur ton post Ananke et je trouve ca vraiment bien ... je tenais a le dire ....
Myrtille31- Messages : 7
Date d'inscription : 09/10/2012
Age : 57
Localisation : Haute-Garonne
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Merci pour ton post intime Doinel. Au fur et à mesure que je rencontre des gens sur ce forum, je suis de plus en plus étonné et fasciné par ces destins, ces tranches de vies amoureuses croisées ici ou là... Cette richesse et ces failles, ces interrogations... Ces petits mots, ces gestes, ou ces regards, qui disent tant...
Vivant, et humain, tellement.
Vivant, et humain, tellement.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Merci Harpo. Tu sais toujours trouver des mots justes et touchants.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Dans ma relation aux autres, j'ai toujours essayé d'appliquer une philosophie très simple: les considérer de la même manière que je voudrais qu'ils me considèrent.
Ce n'est pas toujours facile, il me faut parfois des réajustements, parfois je ne peux tout simplement pas m'en tenir à ce principe. Mais les gens que j'aime en profitent à plein.
Ne pas faire de mal aux autres. La sensation d'avoir fait du mal à quelqu'un est la pire chose qui puisse m'arriver, la principale raison pour vouloir m'isoler. C'est pire que souffrir du mal des autres. Quand on est très susceptible, sensible à des remarques qui ne se veulent pas méchantes, à certains comportements, on peut faire très attention à la manière de s'exprimer et d'agir auprès des autres. Il y a des exceptions: l'humour parfois caustique que l'autre prend pour lui, les signes d'impatience, la colère froide qui fait dire des "vérités" qui touchent au cœur de la cible ou bâtissent un véritable mur, et puis les coups de gueules incontrôlables quand je suis témoin de comportements égoïstes, irrespectueux, insensibles. Ces coups de gueules sont tellement rares qu'ils font l'effet d'une bombe. On se demande ce qui peut bien m'arriver. On est d'autant plus affecté qu'on n'y est pas habitué. Il me faut me justifier.
Ne jamais attendre quoi que ce soit en retour d'une bonne action. J'aime les situations dans lesquelles je rends service et puis bye bye. Les "merci" me gênent, je n'attends pas de remerciements ni de donnant donnant. Et puis attendre quelque chose d'autrui c'est s'exposer à être déçu. Mieux vaut ne rien attendre des autres et savourer ce qui vient.
Etre sincère et honnête. Je ne dis pas tout ce que je pense et ne dévoile pas tout de moi. Il faut savoir se protéger et éviter de blesser les autres. Mais je ressens le mensonge comme un torture. Je suis un très mauvais menteur. Manipuler l'autre, avancer masqué, dire une chose en pensant autre chose, essayer de provoquer des réactions de l'autre en agissant de telle ou telle manière sont des comportements impossibles pour moi. Et pourtant, ce n'est pas toujours si simple. Je sais que certaines de mes paroles, certains de mes gestes peuvent être interprétés de différentes manières et peuvent engendrer un certain type de réaction. Je comprends tous ces sens et souvent tous ces sens sont également vrais. Je sais qu'une action sincère peut aussi manipuler, et le sachant, je manipule. Je sais que ce que je dis ou écris peut être, sans trahison, compris différemment. Et ce sens alternatif, parfois contradictoire avec le premier, correspond lui aussi à une partie de ma pensée.
Ne pas surinterpréter le comportement des autres. Chacun semble avoir une grille de lecture du comportement d'autrui. Chaque parole, chaque action passe par le crible de cette grille et se transforme en intention. Dans mon cas, la plupart des grilles des autres sont inadéquates, alors pourquoi leur imposer la mienne? Il peut exister une multitudes de raisons qui poussent une personne à agir d'une certaine manière. Quand on est toujours ponctuel, on peut prendre pour de l’égoïsme ou du manque de savoir vivre le retard systématique d'une autre personne qui ne va même pas s'excuser. Mais pour savoir si on peut avoir des raisons de suspecter un comportement inadéquat de la personne (sans préjuger de la raison), il faut déjà connaitre sa propre grille: comment réagit elle au retard des autres quand elle attend quelqu'un?
Ne pas enfermer les autres dans un jugement. On confond souvent mon analyse très poussée des gens à un jugement de ma part. J'essaie de ne pas juger, et quand je le fais ce jugement n'est que très rarement définitif. Il y a des personnes dont je pense pouvoir prédire toutes les pensées, toutes les réactions, toutes les actions. Pour moi, une des pires choses que je puisse dire est "Surprends moi pour une fois!". Mais je laisse toujours à chacun la chance de me surprendre. Mon ex femme disait parfois que je voulais sauver le monde. Parfois elle était plus agressive: "Tu trouves des excuses à tous les comportements condamnables. Tu les cautionnes et pourrais toi même être capable de tout". Ce n'était pas vrai. Je veux toujours comprendre ce qui peut expliquer le mal, pas l'excuser. Et si je trouve normal de condamner une personne pour ses actes, je ne trouve pas normal que cette condamnation doive poursuivre la personne une fois purgée. Personne ne mérite d'être enfermé dans un jugement implacable et définitif.
Ne jamais se sentir supérieur ou inférieur aux autres. J'ai mes points forts, je les connais. Ils font que certaines personnes peuvent éprouver des complexes face à moi. J'ai aussi de gros handicaps qui font qu'en terme d'intelligence(s), d'habileté, de sens pratique, de culture, je peux toujours trouver des personnes qui me sont supérieures. Alors, je suis tout à fait sincère en leur disant que non, je ne suis pas si intelligent, que non, je ne suis pas si cultivé (je m'intéresse à certains sujets, c'est tout).
Ce n'est pas toujours facile, il me faut parfois des réajustements, parfois je ne peux tout simplement pas m'en tenir à ce principe. Mais les gens que j'aime en profitent à plein.
Ne pas faire de mal aux autres. La sensation d'avoir fait du mal à quelqu'un est la pire chose qui puisse m'arriver, la principale raison pour vouloir m'isoler. C'est pire que souffrir du mal des autres. Quand on est très susceptible, sensible à des remarques qui ne se veulent pas méchantes, à certains comportements, on peut faire très attention à la manière de s'exprimer et d'agir auprès des autres. Il y a des exceptions: l'humour parfois caustique que l'autre prend pour lui, les signes d'impatience, la colère froide qui fait dire des "vérités" qui touchent au cœur de la cible ou bâtissent un véritable mur, et puis les coups de gueules incontrôlables quand je suis témoin de comportements égoïstes, irrespectueux, insensibles. Ces coups de gueules sont tellement rares qu'ils font l'effet d'une bombe. On se demande ce qui peut bien m'arriver. On est d'autant plus affecté qu'on n'y est pas habitué. Il me faut me justifier.
Ne jamais attendre quoi que ce soit en retour d'une bonne action. J'aime les situations dans lesquelles je rends service et puis bye bye. Les "merci" me gênent, je n'attends pas de remerciements ni de donnant donnant. Et puis attendre quelque chose d'autrui c'est s'exposer à être déçu. Mieux vaut ne rien attendre des autres et savourer ce qui vient.
Etre sincère et honnête. Je ne dis pas tout ce que je pense et ne dévoile pas tout de moi. Il faut savoir se protéger et éviter de blesser les autres. Mais je ressens le mensonge comme un torture. Je suis un très mauvais menteur. Manipuler l'autre, avancer masqué, dire une chose en pensant autre chose, essayer de provoquer des réactions de l'autre en agissant de telle ou telle manière sont des comportements impossibles pour moi. Et pourtant, ce n'est pas toujours si simple. Je sais que certaines de mes paroles, certains de mes gestes peuvent être interprétés de différentes manières et peuvent engendrer un certain type de réaction. Je comprends tous ces sens et souvent tous ces sens sont également vrais. Je sais qu'une action sincère peut aussi manipuler, et le sachant, je manipule. Je sais que ce que je dis ou écris peut être, sans trahison, compris différemment. Et ce sens alternatif, parfois contradictoire avec le premier, correspond lui aussi à une partie de ma pensée.
Ne pas surinterpréter le comportement des autres. Chacun semble avoir une grille de lecture du comportement d'autrui. Chaque parole, chaque action passe par le crible de cette grille et se transforme en intention. Dans mon cas, la plupart des grilles des autres sont inadéquates, alors pourquoi leur imposer la mienne? Il peut exister une multitudes de raisons qui poussent une personne à agir d'une certaine manière. Quand on est toujours ponctuel, on peut prendre pour de l’égoïsme ou du manque de savoir vivre le retard systématique d'une autre personne qui ne va même pas s'excuser. Mais pour savoir si on peut avoir des raisons de suspecter un comportement inadéquat de la personne (sans préjuger de la raison), il faut déjà connaitre sa propre grille: comment réagit elle au retard des autres quand elle attend quelqu'un?
Ne pas enfermer les autres dans un jugement. On confond souvent mon analyse très poussée des gens à un jugement de ma part. J'essaie de ne pas juger, et quand je le fais ce jugement n'est que très rarement définitif. Il y a des personnes dont je pense pouvoir prédire toutes les pensées, toutes les réactions, toutes les actions. Pour moi, une des pires choses que je puisse dire est "Surprends moi pour une fois!". Mais je laisse toujours à chacun la chance de me surprendre. Mon ex femme disait parfois que je voulais sauver le monde. Parfois elle était plus agressive: "Tu trouves des excuses à tous les comportements condamnables. Tu les cautionnes et pourrais toi même être capable de tout". Ce n'était pas vrai. Je veux toujours comprendre ce qui peut expliquer le mal, pas l'excuser. Et si je trouve normal de condamner une personne pour ses actes, je ne trouve pas normal que cette condamnation doive poursuivre la personne une fois purgée. Personne ne mérite d'être enfermé dans un jugement implacable et définitif.
Ne jamais se sentir supérieur ou inférieur aux autres. J'ai mes points forts, je les connais. Ils font que certaines personnes peuvent éprouver des complexes face à moi. J'ai aussi de gros handicaps qui font qu'en terme d'intelligence(s), d'habileté, de sens pratique, de culture, je peux toujours trouver des personnes qui me sont supérieures. Alors, je suis tout à fait sincère en leur disant que non, je ne suis pas si intelligent, que non, je ne suis pas si cultivé (je m'intéresse à certains sujets, c'est tout).
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
J'aime ta philo de vie. Mais c'est en effet pas toujours facile.
Je trouve particulièrement intéressant que ton premier point soit ton premier point
La sur-interprétation... c'est pour moi le plus compliqué.
comment en effet être dans l'analyse, comme le souligne le point suivant, sans interpréter ?
comment avoir confiance en ses capacités d'empathie, d'intuition, de compréhension, sans projeter un minimum ? bref, comment rendre à l'autre son objectivité.
Capable de tout, oui. On est humains au même titre que des personnes ayant des comportement "condamnables", avec le même panel d'émotions et de possibles.
Et non, si on reste attaché aux principes que tu évoques. Donc je te rejoins aussi sur ce qui est de comprendre sans absoudre.
(Enfin, lorsque c'est relativement détaché de soi, sinon dans mon cas l'affect est trop violent).
Je trouve particulièrement intéressant que ton premier point soit ton premier point
- Spoiler:
- "Gloire à qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint se borne à ne pas trop emmerder son voisin"
Georges Brassens
La sur-interprétation... c'est pour moi le plus compliqué.
comment en effet être dans l'analyse, comme le souligne le point suivant, sans interpréter ?
comment avoir confiance en ses capacités d'empathie, d'intuition, de compréhension, sans projeter un minimum ? bref, comment rendre à l'autre son objectivité.
Capable de tout, oui. On est humains au même titre que des personnes ayant des comportement "condamnables", avec le même panel d'émotions et de possibles.
Et non, si on reste attaché aux principes que tu évoques. Donc je te rejoins aussi sur ce qui est de comprendre sans absoudre.
(Enfin, lorsque c'est relativement détaché de soi, sinon dans mon cas l'affect est trop violent).
Fa- Messages : 1849
Date d'inscription : 23/06/2012
Age : 45
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Bonjour Fa.
Mon premier point n'est pas le premier par hasard, tu l'as compris.
Brassens. Si je devais nommer un mentor, ce serait lui. Entre autres choses, il y a chez lui cette dualité que j'adore, ces chansons qui "tapent" sur des catégories de gens (le clergé, les flics, etc.) et qui sont systématiquement contrebalancées par d'autres qui "sauvent" des individus appartenant à ces catégories.
J'ai trop souffert de la sur-interprétation de mes actes et de mes paroles pour ne pas y être sensible. Il est si facile de se tromper sur la raison profonde de certains comportements. Alors je doute de mon interprétation tant que c'est possible. Souvent, je décide de "faire confiance" à certaines personnes qui me sont chères, leur permettant de me montrer si cette confiance est fondée ou non. Je peux m'en prendre plein la face, mais je préfère cela au doute.
On ne peut pas toujours contrôler son affect, mais je me suis rendu compte que je garde (presque) toujours le contrôle de mes gestes et de mes paroles. Parfois, je décide de "me lâcher" jusqu'à un certain point, de rendre une partie du mal qu'on me fait, de dire une "vérité" blessante. Mais je peux dire à chacun: "si je te dis quelque chose qui te fait du mal, sache que je le pense, du moins en partie". Je me suis trouvé parfois dans la situation d'être face à une personne dont le seul but était de me faire du mal. Je ne pouvais résister à mon envie de lui faire du mal en retour, mais avec des limites: rester sincère et ne pas la "détruire", car je connaissais ses points les plus faibles et c'était si facile d'appuyer dessus.
Note que ces principes se sont imposés à moi. Soit ils me sont venus naturellement, soit ils proviennent de la culpabilité que j'ai pu ressentir suite à mes actes. Ce n'est qu'après un certain temps, en me comparant avec les personnes que je côtoyais, que j'ai rationalisé cette philosophie.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Je n'ai pas choisi mon métier. Arrivé au bac, je n'avais aucune idée de ce que je voulais faire après. Pour mes parents, ce bac, le plus réputé, était la consécration ultime. Ils n'avaient aucune idée que ce n'était qu'un moyen de choisir un métier, que ce n'était qu'un début. Mes facilités dans les matières scientifiques m'avaient mené vers cette voie royale. La découverte tardive de mes limites naturelles et le rejet (tardif mais radical) de ces matières où j'avais excellé m'ont fait opter pour le parcours le plus facile après le bac. Alors j'ai été un bac+5 universitaire, à qui on a offert la possibilité d'aller plus loin mais a tout laissé tomber suite à une "peine de cœur". Suffisant pour impressionner beaucoup, trop peu pour ne pas ressentir le mépris de ceux qui avaient persévéré dans une ou l'autre des voies qui mènent tout en haut de la pyramide bien française.
Et puis le coup de bol dans le boulot: j'y trouve des frustrations mais aussi et surtout un plaisir énorme. J'ai la chance pendant de très longues années de trouver une liberté et une autonomie totales. Je peux choisir mes sujets d'intérêt et m'y plonger autant que je le souhaite. Je trace enfin ma voie.
Mes premières années de boulot en région parisienne furent heureuses dans l'ensemble. Jamais je me suis senti aussi proche de mes collègues qu'à cette époque. Et rapidement je pris confiance en mes capacités. Le premier problème, énorme, fut que je vis rapidement que la seule manière de progresser quand on excelle dans un domaine technique est...de devenir un manager. Gérer des personnes, les maltraiter pour suivre des directives dégueulasses de la direction, ce n'était pas pour moi. Et puis il y eut le divorce: mon unité bloqua mon transfert vers une filiale du groupe assortie d'une belle augmentation parce qu'elle avait besoin de moi. Du jour au lendemain, mon futur "nouveau chef", si heureux de m'accueillir, évitait de me croiser. Le pire, c'est qu'en première ligne des manœuvres en coulisse il y avait une femme que je considérais comme une amie. Dans une conversation téléphonique, je lui démontais les faux semblants du petit jeu malsain auquel elle prenait part et lui affichais mon dégoût d'une telle conduite. Après quelques temps de froid, je lui pardonnai et l'invitai à mon pot de départ.
Direction le Canada.
Période difficile, personne ne semblait vouloir voir ce dont j'étais capable. Puis, au moment où j'allais laisser tomber, mon chef me dit qu'il avait lu un rapport que j'avais pondu à la demande d'un collègue dans un autre département et qu'il avait été impressionné. Il fallait prendre des mesures pour utiliser mes talents. Dès lors, cela alla très vite.
A mon apogée, dans la société suivante, j'étais devenu un expert international, un visionnaire, un inventeur prolifique qui collectionnait les brevets (me rappelle une conf où un intervenant avait été célébré avec ses 3 brevets. Petit joueur!). On m'invitait à des conférences, on me demandait quelques interviews, on utilisait mes idées dans des articles, dans des travaux de recherche, dans des livres. Moi je n'ai pas écrit de livre, j'ai juste créé un blog dans lequel j'exposais mes idées. Je scrutais le compteur de visites, analysais la provenance de mes lecteurs (sociétés, zones géographiques). Je répondais de bonne grâce aux emails qui venaient du monde entier, acceptais de faire des formations et de donner des conseils.
Tout ceci était relatif, dérisoire, égocentrique, temporaire - ne vous laissez pas abuser par ce que j'ai écrit plus haut - mais cela m'a fait énormément de bien. J'avais prouvé que je pouvais être quelqu'un de brillant dans le regard des autres (une minorité d'accord, mais quand même). Et donc dans le mien.
Cela compensait l’agressivité que mes idées et (par extension) ma personne avaient rencontré quand je travaillais au Canada et les doutes que ce refus de mes idées suscitait chez moi. Personne n'était capable de "tuer" ces idées, alors on se contentait de m'empêcher de les exprimer ou d'y répondre. Pour certaines personnes et leurs organisations, en Europe, j'étais devenu le diable incarné. Je me rappelle le jour où j'allais faire une présentation et vois un collègue que j'avais brièvement croisé quelques années auparavant. On discute de choses et autres, amicalement, jusqu'à ce que l'organisatrice de la réunion, ignorant qu'on se connaissait, décide de faire les présentations. Elle lui dit: "Je ne sais pas si tu connais <Doinel>?" et la réponse fuse avec un petit sourire: "Qui ne connait pas <Doinel>?"
A l'époque, j'avais encore une chance énorme: le soutien absolu de ma hiérarchie canadienne et d'un ami qui, bien placé en Europe, soutenait mes idées en sous main auprès des hautes sphères. Parfois, mon chef venait me voir: "Suite à ton appel conférence, j'ai reçu quelques coups de fil me demandant de te faire taire. - Et alors? - Alors continue de dire ce que tu penses!". Un jour, je me suis trouvé invité à un diner avec mon chef de département et des managers des organisations avec lesquelles j'étais en "conflit". Je faisais profil bas mais à un moment, mon chef s'est fendu d'une longue déclaration "d'amour" à mon égard, disant combien la société avait besoin de personnes comme moi. Une pure provocation. Ses interlocuteurs étaient médusés, surtout qu'il était censé être un des leurs, partageant les mêmes origines et la même culture, et que son avenir dans la société dépendait en grande partie d'eux. Alors que moi j'étais un "français", un "latin" et, travaillant en Amérique du nord, un "cowboy".
Le coup de poignard, je l'ai reçu le jour où certaines de mes idées ont commencé à prévaloir. Une réorganisation fut effectuée, avec un chef de programme ayant tous pouvoirs pour monter une nouvelle structure et dessiner une nouvelle orientation. Mon ami bien placé avait son oreille et en profita pour faire ma promotion: "<Doinel> a été un des rares à pousser dans la bonne direction. C'est le mieux placé pour mettre en oeuvre la nouvelle stratégie. Il est prêt à venir en Europe." L'autre prit quelques jours pour tester l'idée et revint vers mon ami: "<Doinel> a généré trop de haine. Beaucoup trop de personnes ne peuvent accepter de le suivre. Je préfère un programme qui évolue lentement dans la bonne direction que gérer des conflits personnels et des blocages insurmontables, même si sais que je pourrais aller plus vite avec lui." Mon ami, très croyant, commença à comparer mon destin à celui du Christ. Amen.
J'étais alors confronté au dilemme suivant: rester dans mon pays d'adoption, dans mon organisation dans laquelle j'étais devenu un "mandarin", une de ces personnes à qui on attribue l'omniscience, courtisé par les managers, apprécié par beaucoup, craint par certains, ou alors partir, prendre le risque de recommencer à zéro, de perdre en salaire et niveau de vie (déjà perdre mes stock options!), mais continuer à travailler dans ce domaine où j'excellais. Je partis, traversai l'Atlantique dans l'autre sens, et manquai de peu la France en visant l'Europe.
Alors oui, cette reconnaissance qui suivit, favorisée par ma nouvelle société, me fit "énormément de bien".
Autant mon métier me passionnait pendant les heures de bureau, autant il m'indifférait en dehors. C'était comme un jeu qui me permettait d'exercer certains talents jusqu'à l'ivresse, mais le jeu lui même ne présentait que peu d'intérêt. Je voyais comme des bêtes curieuses ces collègues qui avaient dans le privé la même passion que dans notre travail.
Du coup, ma soif d'apprendre et de réfléchir restait limitée dans ma sphère privée. Je scannais beaucoup mais ne m'investissais dans rien. En fait, je passais le plus clair de mon temps personnel à calmer mon cerveau et mes émotions. Mon temps n'était pas dévoré par le travail mais ce travail absorbait une grande partie de mes capacités intellectuelles, de ma soif de (re)connaissance et de mon capital émotionnel (le reste étant bouffé par mes difficultés de couple). La journée je vivais intensément entre film d'action et tragédie, le soir je survivais, la nuit je dormais bien.
Le temps passant, la nécessité de vivre dans un lieu géographique déterminé (fini la tentation d'aller chercher le travail idéal à l'autre bout du monde), de subvenir aux besoins matériels de mes proches, les responsabilités quoi, ont fait que je me suis laissé éloigner des activités stimulantes dans lesquelles je pouvais me réaliser. Le retour en France fut le début d'une lente descente de mon Olympe.
Finalement, j'ai commencé à faire un boulot dans lequel n'importe qui ou presque pouvait faire l'affaire. Et si n'importe qui pouvait le faire alors moi je le ferais moins bien. Je me suis alors rendu compte à quel point j'étais entier: quand j'ai la sensation de maitriser un domaine, j'ai une confiance absolue qui se traduit dans ma relation aux autres; si je me sens être un imposteur, j'ai l'impression que tout le monde le voit et je suis incapable de "donner le change", même pour dire bonjour.
La vacuité du métier que j'exerce m'est alors apparue dans toute sa "splendeur". Alors, comme rien ne se perd, ma soif de connaissance a commencé à s'orienter vers des sujets très différents, plus en accord avec ce que je suis. Je n'arrive plus à me motiver pour mon boulot, je préfère passer mon temps à faire autre chose, à essayer de rattraper mon retard, en me dispersant, en me décourageant parfois. Je culpabilise et me demande combien de temps je vais réussir à "tenir" et à faire illusion. Et maintenant j'ai des troubles du sommeil car, au lieu de me calmer le soir, je m'investis dans tout un tas de sujets.
Je me sens maintenant nul. Quand mes proches me suggèrent de changer de taf, de société, sans pour autant changer complètement de domaine, je ne peux que leur répondre que j'ai perdu toute confiance en moi. Je ne sais pas si je suis capable de retrouver mes "talents", peut être les ai je perdus. Peut être ne peuvent ils s'exercer que dans certains domaines qui ne m'intéressent pas. Entre mes capacités et mes aspirations, il semble y avoir un gouffre insondable. J'aime les arts mais je me sens incapable de créer quoi que ce soit d'artistique. Et puis, j'ai perdu tant de temps à n'amasser que des connaissances superficielles ici ou là. Je ne sais rien faire d'autre que ce que je ne veux plus faire.
Et puis le coup de bol dans le boulot: j'y trouve des frustrations mais aussi et surtout un plaisir énorme. J'ai la chance pendant de très longues années de trouver une liberté et une autonomie totales. Je peux choisir mes sujets d'intérêt et m'y plonger autant que je le souhaite. Je trace enfin ma voie.
Mes premières années de boulot en région parisienne furent heureuses dans l'ensemble. Jamais je me suis senti aussi proche de mes collègues qu'à cette époque. Et rapidement je pris confiance en mes capacités. Le premier problème, énorme, fut que je vis rapidement que la seule manière de progresser quand on excelle dans un domaine technique est...de devenir un manager. Gérer des personnes, les maltraiter pour suivre des directives dégueulasses de la direction, ce n'était pas pour moi. Et puis il y eut le divorce: mon unité bloqua mon transfert vers une filiale du groupe assortie d'une belle augmentation parce qu'elle avait besoin de moi. Du jour au lendemain, mon futur "nouveau chef", si heureux de m'accueillir, évitait de me croiser. Le pire, c'est qu'en première ligne des manœuvres en coulisse il y avait une femme que je considérais comme une amie. Dans une conversation téléphonique, je lui démontais les faux semblants du petit jeu malsain auquel elle prenait part et lui affichais mon dégoût d'une telle conduite. Après quelques temps de froid, je lui pardonnai et l'invitai à mon pot de départ.
Direction le Canada.
Période difficile, personne ne semblait vouloir voir ce dont j'étais capable. Puis, au moment où j'allais laisser tomber, mon chef me dit qu'il avait lu un rapport que j'avais pondu à la demande d'un collègue dans un autre département et qu'il avait été impressionné. Il fallait prendre des mesures pour utiliser mes talents. Dès lors, cela alla très vite.
A mon apogée, dans la société suivante, j'étais devenu un expert international, un visionnaire, un inventeur prolifique qui collectionnait les brevets (me rappelle une conf où un intervenant avait été célébré avec ses 3 brevets. Petit joueur!). On m'invitait à des conférences, on me demandait quelques interviews, on utilisait mes idées dans des articles, dans des travaux de recherche, dans des livres. Moi je n'ai pas écrit de livre, j'ai juste créé un blog dans lequel j'exposais mes idées. Je scrutais le compteur de visites, analysais la provenance de mes lecteurs (sociétés, zones géographiques). Je répondais de bonne grâce aux emails qui venaient du monde entier, acceptais de faire des formations et de donner des conseils.
Tout ceci était relatif, dérisoire, égocentrique, temporaire - ne vous laissez pas abuser par ce que j'ai écrit plus haut - mais cela m'a fait énormément de bien. J'avais prouvé que je pouvais être quelqu'un de brillant dans le regard des autres (une minorité d'accord, mais quand même). Et donc dans le mien.
Cela compensait l’agressivité que mes idées et (par extension) ma personne avaient rencontré quand je travaillais au Canada et les doutes que ce refus de mes idées suscitait chez moi. Personne n'était capable de "tuer" ces idées, alors on se contentait de m'empêcher de les exprimer ou d'y répondre. Pour certaines personnes et leurs organisations, en Europe, j'étais devenu le diable incarné. Je me rappelle le jour où j'allais faire une présentation et vois un collègue que j'avais brièvement croisé quelques années auparavant. On discute de choses et autres, amicalement, jusqu'à ce que l'organisatrice de la réunion, ignorant qu'on se connaissait, décide de faire les présentations. Elle lui dit: "Je ne sais pas si tu connais <Doinel>?" et la réponse fuse avec un petit sourire: "Qui ne connait pas <Doinel>?"
A l'époque, j'avais encore une chance énorme: le soutien absolu de ma hiérarchie canadienne et d'un ami qui, bien placé en Europe, soutenait mes idées en sous main auprès des hautes sphères. Parfois, mon chef venait me voir: "Suite à ton appel conférence, j'ai reçu quelques coups de fil me demandant de te faire taire. - Et alors? - Alors continue de dire ce que tu penses!". Un jour, je me suis trouvé invité à un diner avec mon chef de département et des managers des organisations avec lesquelles j'étais en "conflit". Je faisais profil bas mais à un moment, mon chef s'est fendu d'une longue déclaration "d'amour" à mon égard, disant combien la société avait besoin de personnes comme moi. Une pure provocation. Ses interlocuteurs étaient médusés, surtout qu'il était censé être un des leurs, partageant les mêmes origines et la même culture, et que son avenir dans la société dépendait en grande partie d'eux. Alors que moi j'étais un "français", un "latin" et, travaillant en Amérique du nord, un "cowboy".
Le coup de poignard, je l'ai reçu le jour où certaines de mes idées ont commencé à prévaloir. Une réorganisation fut effectuée, avec un chef de programme ayant tous pouvoirs pour monter une nouvelle structure et dessiner une nouvelle orientation. Mon ami bien placé avait son oreille et en profita pour faire ma promotion: "<Doinel> a été un des rares à pousser dans la bonne direction. C'est le mieux placé pour mettre en oeuvre la nouvelle stratégie. Il est prêt à venir en Europe." L'autre prit quelques jours pour tester l'idée et revint vers mon ami: "<Doinel> a généré trop de haine. Beaucoup trop de personnes ne peuvent accepter de le suivre. Je préfère un programme qui évolue lentement dans la bonne direction que gérer des conflits personnels et des blocages insurmontables, même si sais que je pourrais aller plus vite avec lui." Mon ami, très croyant, commença à comparer mon destin à celui du Christ. Amen.
J'étais alors confronté au dilemme suivant: rester dans mon pays d'adoption, dans mon organisation dans laquelle j'étais devenu un "mandarin", une de ces personnes à qui on attribue l'omniscience, courtisé par les managers, apprécié par beaucoup, craint par certains, ou alors partir, prendre le risque de recommencer à zéro, de perdre en salaire et niveau de vie (déjà perdre mes stock options!), mais continuer à travailler dans ce domaine où j'excellais. Je partis, traversai l'Atlantique dans l'autre sens, et manquai de peu la France en visant l'Europe.
Alors oui, cette reconnaissance qui suivit, favorisée par ma nouvelle société, me fit "énormément de bien".
Autant mon métier me passionnait pendant les heures de bureau, autant il m'indifférait en dehors. C'était comme un jeu qui me permettait d'exercer certains talents jusqu'à l'ivresse, mais le jeu lui même ne présentait que peu d'intérêt. Je voyais comme des bêtes curieuses ces collègues qui avaient dans le privé la même passion que dans notre travail.
Du coup, ma soif d'apprendre et de réfléchir restait limitée dans ma sphère privée. Je scannais beaucoup mais ne m'investissais dans rien. En fait, je passais le plus clair de mon temps personnel à calmer mon cerveau et mes émotions. Mon temps n'était pas dévoré par le travail mais ce travail absorbait une grande partie de mes capacités intellectuelles, de ma soif de (re)connaissance et de mon capital émotionnel (le reste étant bouffé par mes difficultés de couple). La journée je vivais intensément entre film d'action et tragédie, le soir je survivais, la nuit je dormais bien.
Le temps passant, la nécessité de vivre dans un lieu géographique déterminé (fini la tentation d'aller chercher le travail idéal à l'autre bout du monde), de subvenir aux besoins matériels de mes proches, les responsabilités quoi, ont fait que je me suis laissé éloigner des activités stimulantes dans lesquelles je pouvais me réaliser. Le retour en France fut le début d'une lente descente de mon Olympe.
Finalement, j'ai commencé à faire un boulot dans lequel n'importe qui ou presque pouvait faire l'affaire. Et si n'importe qui pouvait le faire alors moi je le ferais moins bien. Je me suis alors rendu compte à quel point j'étais entier: quand j'ai la sensation de maitriser un domaine, j'ai une confiance absolue qui se traduit dans ma relation aux autres; si je me sens être un imposteur, j'ai l'impression que tout le monde le voit et je suis incapable de "donner le change", même pour dire bonjour.
La vacuité du métier que j'exerce m'est alors apparue dans toute sa "splendeur". Alors, comme rien ne se perd, ma soif de connaissance a commencé à s'orienter vers des sujets très différents, plus en accord avec ce que je suis. Je n'arrive plus à me motiver pour mon boulot, je préfère passer mon temps à faire autre chose, à essayer de rattraper mon retard, en me dispersant, en me décourageant parfois. Je culpabilise et me demande combien de temps je vais réussir à "tenir" et à faire illusion. Et maintenant j'ai des troubles du sommeil car, au lieu de me calmer le soir, je m'investis dans tout un tas de sujets.
Je me sens maintenant nul. Quand mes proches me suggèrent de changer de taf, de société, sans pour autant changer complètement de domaine, je ne peux que leur répondre que j'ai perdu toute confiance en moi. Je ne sais pas si je suis capable de retrouver mes "talents", peut être les ai je perdus. Peut être ne peuvent ils s'exercer que dans certains domaines qui ne m'intéressent pas. Entre mes capacités et mes aspirations, il semble y avoir un gouffre insondable. J'aime les arts mais je me sens incapable de créer quoi que ce soit d'artistique. Et puis, j'ai perdu tant de temps à n'amasser que des connaissances superficielles ici ou là. Je ne sais rien faire d'autre que ce que je ne veux plus faire.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Je sais ce dont tu parles Doinel, y penses souvent bien que mes parents soient toujours en vie et pour l'instant en relative bonne santé.....mais ai vécu, ce non échange avec mes grands parents.....un regret qui ne sera résolu, une cicatrice, un point un peu plus douloureux que les autres, qui restera à jamais, une de plus....
Le dernier message de l'auteur a été posté entre temps....
Le dernier message de l'auteur a été posté entre temps....
Invité- Invité
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Aborde, en ce moment la même pente sur le plan affectif : aimer à perdre la raison revient à aller jusqu'au bout de la montagne russe avant de dévaler la pente.
Tu as déjà dévalé, sur le plan professionnel....je suis en haut de la côte et contemple la pente vertigineuse qui m'attend....le pire est que je n'ai que de rares moments d'angoisse intense...le reste du temps (et plus le temps passe pire c'est), je m'en fou.
Mais tu as des enfants, la vie est habillée d'une couleur différente pour les parents....
Tu as déjà dévalé, sur le plan professionnel....je suis en haut de la côte et contemple la pente vertigineuse qui m'attend....le pire est que je n'ai que de rares moments d'angoisse intense...le reste du temps (et plus le temps passe pire c'est), je m'en fou.
Mais tu as des enfants, la vie est habillée d'une couleur différente pour les parents....
Invité- Invité
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Merci ESO.
Tu as raison, il y a les enfants. Parfois je me dis que s'il y a un sens à trouver c'est dans eux que je peux le trouver. Peut être feront ils de belles choses, ou leurs enfants.
J'ai énormément culpabilisé quand je me suis éloigné de mes deux premiers en partant vivre loin. Mon ainée a refusé de me voir pendant quelques mois, avant que cela s'arrange. Je me demande si je suis un bon père. En tout cas, pour l'instant j'ai le rôle facile du papa qu'on voit de temps en temps.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Dans l'attirance initiale que l'on éprouve pour une personnes dont on est susceptible de tomber amoureux(se), se cache sans doute le besoin de trouver dans ces personnes des attributs qui nous sont importants.
La première fille dont je suis tombé amoureux, en primaire, s'appelait Françoise. Elle avait des traits adorables de petite fille sage, avec des tâches de rousseur, mais des yeux qui transpercent ses interlocuteurs, et un caractère de feu. Elle avait déjà les caractéristiques des femmes qui allaient m'attirer tout au long de ma vie: un mélange détonnant de petite fille et de personnalité conquérante. Les femmes que j'aime m'intimident, mais en même temps j'ai l'impression que je pourrais les "apprivoiser", leur apporter la compréhension et le soutien dont elles ont besoin, besoin qu'elles dissimulent. Je recherche des alter ego.
Adolescent, mon attirance pour les femmes s'est concentrée sur les visages et les regards. A mon grand étonnement, j'étais troublé par des visages "clownesques": Cindy Lauper, Shirley MacLaine, Giuletta Massina. Ce n'est pas que je les trouvais belles ou séduisantes, mais il y avait dans leur visage quelque chose qui me parlait. De manière générale, les visages avec du maquillage qui agrandissait les yeux me plaisaient (heureusement j'étais déjà trop âgé pour regarder les dessins animés japonais). Au collège j'ai rencontré cette fille avec un de ces visages très "typés", pas beau en soi mais très attirant pour moi à cette époque. Et en plus, dès le premier jour, elle s'était mise à me draguer éhontément, mais cela me déstabilisait trop. Alors elle s'était trouvée une autre "cible" et "travaillait" les deux en parallèle. Grande détermination et optimisation des chances de succès. Très bien.
Plus tard, j'ai affiné mes critères. J'étais attiré par des femmes qui pouvaient extérioriser des émotions très fortes: l'hostilité, la joie, la peine, la fantaisie. Et cette extériorisation passait en particulier par le visage et le regard. Le visage qui dit "Fais pas chier aujourd'hui" ou qui s'illumine. Le regard qui "tue", qui "pétille", qui dévoile un océan de détresse ou qui te dis "Suis moi, on va s'éclater et tout éclater". Le visage et le regard qui ne mentent pas, qui contredisent parfois les paroles.
Alors, j'ai flashé sur Juliette Binoche, celle de Mauvais Sang et de L’Insoutenable Légèreté De L'Etre.
Miracle! En cherchant une vidéo de Mauvais Sang, j'ai trouvé celle que je recherchais depuis de longues années. Une interview "catastrophe" de Juliette Binoche. Dans ma tête s'était imprimé un moment magique, que je croyais s'étendre sur de longues secondes et qui en fait est très furtif. Cela commence à 4:41 à peu près.
Mais le plus grand choc que j'ai reçu en regardant une femme dans un film, c'est Louise Brooks dans Loulou. Je suis littéralement tombé amoureux d'elle en regardant ce film pour la première fois, au Goethe Institut de Paris, pouvant ainsi m'identifier à tous les hommes (et la femme) qui tombent sous son emprise dans le film. La vidéo ci-dessous, que j'ai déjà postée ailleurs, montre l'éventail d'expressions et d'émotions qu'elle montre dans le film, avec parfois des changements stupéfiants.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Mes dernières lectures sur le forum et les pensées qu'elles génèrent en moi me donnent envie de poster une chanson particulière.
J'ai l'impression que la zébritude est à la fois une malédiction et une bénédiction (désolé pour la phrase bateau). Une malédiction parce que le Z fait partie de ces personnes susceptibles de ressentir de grands traumatismes là ou d'autres passeraient plus ou moins aisément entre les gouttes. Une bénédiction parce qu'il possède en lui des armes exceptionnelles pour affronter et dépasser tous les traumatismes.
J'ai l'impression que la zébritude est à la fois une malédiction et une bénédiction (désolé pour la phrase bateau). Une malédiction parce que le Z fait partie de ces personnes susceptibles de ressentir de grands traumatismes là ou d'autres passeraient plus ou moins aisément entre les gouttes. Une bénédiction parce qu'il possède en lui des armes exceptionnelles pour affronter et dépasser tous les traumatismes.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
D'aussi loin que je me souvienne, toute petite, je me disais déjà "Que j'aimerais être comme les autres, une imbécile heureuse"... et puis 10 secondes après, je me disais "Euh non, en fait, c'est dur, mais je préfère (sa)voir les choses".
Merci pour ce partage Doinel, et pour ceux qui précèdent. J'aime te lire.
Merci pour ce partage Doinel, et pour ceux qui précèdent. J'aime te lire.
♡Maïa- Messages : 1734
Date d'inscription : 06/03/2012
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
J'ai très longtemps brimé l'expression de mes émotions, que ce soient les positives (demi rires et sourires) où les négatives (surtout pas de larmes, tout au plus un peu d'eau dans les yeux). Les émotions un peu trop intenses faisaient partie de ma différence inacceptable avec les autres. Les hommes bien sur mais aussi beaucoup de femmes.
Je ne pouvais pleurer sur mon propre sort alors que parfois j'en ressentais le besoin. Il me fallait me forcer pour que ça sorte. Quelques verres d'alcool, des chansons à fort contenu émotionnel (Barbara pour que cela marche à coup sur). Le pire c'était quand je prenais l'avion entre Montréal et l'Europe, en business class. Je ressentais le besoin de boire et alors la moindre scène lacrymale d'un film hollywoodien qui me désespérait par sa superficialité me faisait éclater en sanglots. J'imaginais les regards se porter sur moi et me trouvais ridicule.
Un jour, dans un bus, je me suis mis à penser à ma mère, à quel point sa sensibilité, ses larmes qui sortaient sans arrêt, des larmes de rire, des larmes de tristesse, me faisait horreur. Pourquoi était elle si différente de moi? Pourquoi me faisait elle honte? Alors soudain j'ai eu le flash: c'était mon reflet en elle qui me terrifiait. Je me voulais beaucoup plus rationnel, beaucoup plus détaché de mes émotions alors que j'étais exactement comme elle. Bien plus que mon intelligence, ce sont les émotions qui ont toujours déterminé mes choix, mon comportement. Ce jour là, seul dans le bus, je me suis mis à pleurer. Mes yeux s'embuent en écrivant cela. Les digues commençaient à céder. Elles n'ont pas disparu aujourd'hui mais une grande partie s'est écroulée.
Depuis, j'ai les larmes très faciles. Elles viennent quand je regarde un film, une série, un reportage, la tristesse et la douleur chez les autres, ou quand j'écoute des chansons. Elles viennent pour un rien, mais toujours pas quand je suis tout simplement triste. Mais dans ce cas il me suffit de trouver un vecteur et aujourd'hui c'est très facile.
Le plus beau compliment que je puisse faire à une œuvre de création est de dire qu'elle est pudique. J'aime sentir une sensibilité sortir de toutes les pores d'une œuvre mais que cette sensibilité soit contrôlée, que l'auteur essaie de minimiser l'effet produit sur son public.
Stanley Kubrick ne peut pas être considéré comme un réalisateur de la sensibilité. Presque tous ses films sont très cérébraux et peuvent se concevoir comme des mécaniques froides et cruelles. Mais il y a Barry Lyndon, dans lequel transparait des émotions parfois très fortes. Bien sur, la plupart sont négatives comme il se doit, et le cynisme règne en maitre. L'amour est au mieux une illusion de jeunesse, bien vite disparue. Sauf que dans ce film il y a un enfant, émetteur et réceptacle de sentiments profonds, lueur dans ce monde horrible. Cet enfant va mourir et sa mort va révéler ce qui reste d'humanité chez son père. Les scènes de l'agonie et de l'enterrement sont déchirantes mais... Il y a un mais. Longtemps avant, le narrateur du film a déjà annoncé cette mort imminente. Kubrick a voulu prévenir ses spectateurs: ne vous laissez pas embarquer dans ce moment de répit que je vais vous donner, il ne va pas durer et personne ne sera sauvé de son destin. Ce faisant, il réduit l'impact émotionnel de ce qui va suivre. Et je lui en suis reconnaissant.
Certaines personnes hypersensibles vont voir un film en prenant soin de se munir d'une quantité suffisante de kleenex. Ils évalueront la qualité du film au nombre de mouchoirs qu'ils auront utilisé. Ce n'est pas mon cas. Déjà, j'hésiterai à aller voir un film de larmes au cinéma, de peur de ne pouvoir retenir l'expression de ma tristesse. Je préfère l'intimité du foyer pour ce genre de film, seul ou avec une personne de confiance. Et puis je préfère les larmes qu'on me vole et des larmes de qualité. Récemment j'ai vu La Rafle à la télé. J'ai été très peu sensible à ce film que j'ai trouvé dans l'ensemble très maladroit, sans grande authenticité. Mais il y a à la fin une scène qui a provoqué une belle émotion chez moi. Dommage qu'il ait fallu attendre si longtemps.
Le Monde D'Apu (Apur Sansar) de Satyajit Ray est un de mes films préférés. Mon avatar actuel est une photo tirée de ce film. C'est un pur mélo mais fait avec une finesse et une subtilité (une pudeur) hors du commun. Je l'ai montré à une hypersensible qui, sur la base de ce que je lui avais dit, avait mis une boite de mouchoir sur la table. Je n'ai pu regarder la majeure partie du film avec elle car j'étais au téléphone, pris dans une conversation remplie d'émotions douloureuse. Peut être était ce lié, mais à la fin elle n'avait pas utilisé un seul mouchoir et disait ne pas avoir ressenti les émotions que je lui avais décrites.
Je ne pouvais pleurer sur mon propre sort alors que parfois j'en ressentais le besoin. Il me fallait me forcer pour que ça sorte. Quelques verres d'alcool, des chansons à fort contenu émotionnel (Barbara pour que cela marche à coup sur). Le pire c'était quand je prenais l'avion entre Montréal et l'Europe, en business class. Je ressentais le besoin de boire et alors la moindre scène lacrymale d'un film hollywoodien qui me désespérait par sa superficialité me faisait éclater en sanglots. J'imaginais les regards se porter sur moi et me trouvais ridicule.
Un jour, dans un bus, je me suis mis à penser à ma mère, à quel point sa sensibilité, ses larmes qui sortaient sans arrêt, des larmes de rire, des larmes de tristesse, me faisait horreur. Pourquoi était elle si différente de moi? Pourquoi me faisait elle honte? Alors soudain j'ai eu le flash: c'était mon reflet en elle qui me terrifiait. Je me voulais beaucoup plus rationnel, beaucoup plus détaché de mes émotions alors que j'étais exactement comme elle. Bien plus que mon intelligence, ce sont les émotions qui ont toujours déterminé mes choix, mon comportement. Ce jour là, seul dans le bus, je me suis mis à pleurer. Mes yeux s'embuent en écrivant cela. Les digues commençaient à céder. Elles n'ont pas disparu aujourd'hui mais une grande partie s'est écroulée.
Depuis, j'ai les larmes très faciles. Elles viennent quand je regarde un film, une série, un reportage, la tristesse et la douleur chez les autres, ou quand j'écoute des chansons. Elles viennent pour un rien, mais toujours pas quand je suis tout simplement triste. Mais dans ce cas il me suffit de trouver un vecteur et aujourd'hui c'est très facile.
Le plus beau compliment que je puisse faire à une œuvre de création est de dire qu'elle est pudique. J'aime sentir une sensibilité sortir de toutes les pores d'une œuvre mais que cette sensibilité soit contrôlée, que l'auteur essaie de minimiser l'effet produit sur son public.
Stanley Kubrick ne peut pas être considéré comme un réalisateur de la sensibilité. Presque tous ses films sont très cérébraux et peuvent se concevoir comme des mécaniques froides et cruelles. Mais il y a Barry Lyndon, dans lequel transparait des émotions parfois très fortes. Bien sur, la plupart sont négatives comme il se doit, et le cynisme règne en maitre. L'amour est au mieux une illusion de jeunesse, bien vite disparue. Sauf que dans ce film il y a un enfant, émetteur et réceptacle de sentiments profonds, lueur dans ce monde horrible. Cet enfant va mourir et sa mort va révéler ce qui reste d'humanité chez son père. Les scènes de l'agonie et de l'enterrement sont déchirantes mais... Il y a un mais. Longtemps avant, le narrateur du film a déjà annoncé cette mort imminente. Kubrick a voulu prévenir ses spectateurs: ne vous laissez pas embarquer dans ce moment de répit que je vais vous donner, il ne va pas durer et personne ne sera sauvé de son destin. Ce faisant, il réduit l'impact émotionnel de ce qui va suivre. Et je lui en suis reconnaissant.
Certaines personnes hypersensibles vont voir un film en prenant soin de se munir d'une quantité suffisante de kleenex. Ils évalueront la qualité du film au nombre de mouchoirs qu'ils auront utilisé. Ce n'est pas mon cas. Déjà, j'hésiterai à aller voir un film de larmes au cinéma, de peur de ne pouvoir retenir l'expression de ma tristesse. Je préfère l'intimité du foyer pour ce genre de film, seul ou avec une personne de confiance. Et puis je préfère les larmes qu'on me vole et des larmes de qualité. Récemment j'ai vu La Rafle à la télé. J'ai été très peu sensible à ce film que j'ai trouvé dans l'ensemble très maladroit, sans grande authenticité. Mais il y a à la fin une scène qui a provoqué une belle émotion chez moi. Dommage qu'il ait fallu attendre si longtemps.
Le Monde D'Apu (Apur Sansar) de Satyajit Ray est un de mes films préférés. Mon avatar actuel est une photo tirée de ce film. C'est un pur mélo mais fait avec une finesse et une subtilité (une pudeur) hors du commun. Je l'ai montré à une hypersensible qui, sur la base de ce que je lui avais dit, avait mis une boite de mouchoir sur la table. Je n'ai pu regarder la majeure partie du film avec elle car j'étais au téléphone, pris dans une conversation remplie d'émotions douloureuse. Peut être était ce lié, mais à la fin elle n'avait pas utilisé un seul mouchoir et disait ne pas avoir ressenti les émotions que je lui avais décrites.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Doinel, je viens de découvrir ton fil et viens de le lire, d' écouter les musiques,
et visualiser les vidéos avec beaucoup d' intérêt : wouah !!!! ouh !!! j' ai beaucoup apprécié ce partage.....ta philosophie de vie......ton parcours.....
et visualiser les vidéos avec beaucoup d' intérêt : wouah !!!! ouh !!! j' ai beaucoup apprécié ce partage.....ta philosophie de vie......ton parcours.....
Aerienne- Messages : 1063
Date d'inscription : 11/03/2012
Age : 66
Localisation : GOLFE JUAN
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Merci Aerienne. Je suis très touché.
Souvent je me dis qu'un monde virtuel comme ZC ne peut pas me permettre d'échanger avec les autres comme je le voudrais. Que les écrans créent une distance trop importante pour moi.
Alors, j'espère souvent que je pourrai au moins faire découvrir des films, des artistes qui entreront un peu dans la vie de certains, leur donneront de la joie ou tendront un miroir à leurs émotions. Je me sens moi même tellement redevable à ceux ou celles qui m'ont introduit à ces mondes merveilleux.
J'en profite pour remercier encore une fois Mogwai, cette fois pour son dernier message, qui comme tous les précédents me fait chaud au cœur.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Merci à Toi, Doinel.....
L' univers de Truffaut et de Doinel me rappelle mon adolescence......
J' aime bien Moissec et la Bretagne (j' ai de mes ex qui est breton !)
et la chanson ''Mon Homme bléssé''....Pour, Blonde Redhead je préfère la 1ère période.....J' aime beaucoup Gainsbourg (suis allée le voir en concert au Casino
de Paris en 85)......
Moi-même, j' adore aller au cinéma et au théâtre et au concert..
''l' échange par le monde virtuel '' prépare aux échanges IRL.......
Car, il est vrai ''que les écrans créent une distance trop importante'' dans la communication.....
L' univers de Truffaut et de Doinel me rappelle mon adolescence......
J' aime bien Moissec et la Bretagne (j' ai de mes ex qui est breton !)
et la chanson ''Mon Homme bléssé''....Pour, Blonde Redhead je préfère la 1ère période.....J' aime beaucoup Gainsbourg (suis allée le voir en concert au Casino
de Paris en 85)......
Moi-même, j' adore aller au cinéma et au théâtre et au concert..
''l' échange par le monde virtuel '' prépare aux échanges IRL.......
Car, il est vrai ''que les écrans créent une distance trop importante'' dans la communication.....
Aerienne- Messages : 1063
Date d'inscription : 11/03/2012
Age : 66
Localisation : GOLFE JUAN
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Merci à Toi, Doinel.....
L' univers de Truffaut et de Doinel me rappelle mon adolescence......
J' aime bien Moissec et la Bretagne (j' ai de mes ex qui est breton !)
et la chanson ''Mon Homme bléssé''....Pour, Blonde Redhead je préfère la 1ère période.....J' aime beaucoup Gainsbourg (suis allée le voir en concert au Casino
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Moi-même, j' adore aller au cinéma et au théâtre et au concert..
''l' échange par le monde virtuel '' prépare aux échanges IRL.......
Car, il est vrai ''que les écrans créent une distance trop importante'' dans la communication.....
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et la chanson ''Mon Homme bléssé''....Pour, Blonde Redhead je préfère la 1ère période.....J' aime beaucoup Gainsbourg (suis allée le voir en concert au Casino
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Moi-même, j' adore aller au cinéma et au théâtre et au concert..
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Car, il est vrai ''que les écrans créent une distance trop importante'' dans la communication.....
Aerienne- Messages : 1063
Date d'inscription : 11/03/2012
Age : 66
Localisation : GOLFE JUAN
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Bon je ne vais pas revenir sur l'importance qu'a pour moi le Monde d'Apu, vu avec ma mère - assurément le film qui m'a fait aimer le cinéma. Ni sur le fait que je partage tant ce que tu dis sur les émotions, et les larmes. On en a déjà parlé, et c'est assez incroyable de lire tout cela sous la plume d'un autre. Partager son amour des films de Satiyajit Ray, c'est particulièrement difficile, je crois bien ne jamais l'avoir réussi pour ma part. J'ai essayé, puis abandonné, trop décevant...
Mon film préféré de Ray, après le Monde d'Apu, et malgré l'immense cinématographie de ce grand auteur, c'est Charulata. Pudeur, comme d'habitude, joie aussi. Le thème a été repris plus tard par Ray dans la Maison et le Monde, avec une dimension plus politique. Comme souvent chez Ray, le film est basé sur une nouvelle de Rabrindanath Tagore. Tu en as lu, Doinel ? C'est magnifique...
Et en cherchant des extraits sur le net, j'en reviens pas ! Je tombe sur les deux scènes que j'aurai sélectionné si j'avais pu faire le choix, celles qui me sont restées en mémoire.
Mon film préféré de Ray, après le Monde d'Apu, et malgré l'immense cinématographie de ce grand auteur, c'est Charulata. Pudeur, comme d'habitude, joie aussi. Le thème a été repris plus tard par Ray dans la Maison et le Monde, avec une dimension plus politique. Comme souvent chez Ray, le film est basé sur une nouvelle de Rabrindanath Tagore. Tu en as lu, Doinel ? C'est magnifique...
Et en cherchant des extraits sur le net, j'en reviens pas ! Je tombe sur les deux scènes que j'aurai sélectionné si j'avais pu faire le choix, celles qui me sont restées en mémoire.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
L' univers de Truffaut et de Doinel me rappelle mon adolescence......
Ce que j'aime chez Truffaut, c'est un très grand romantisme, une fascination pour les passions extrêmes, alliés à la volonté d'échapper au lyrisme le plus débridé. Il essaie de présenter l'extrême dans le quotidien ou dans des gestes qui déroutent plus qu'ils illustrent.
J' aime beaucoup Gainsbourg (suis allée le voir en concert au Casino de Paris en 85)......
Mon ex femme ne comprenait pas que je puisse aimer un tel homme, qui se détruisait, se donnait ainsi en spectacle, montrait tant de défauts. Justement, toutes ses contradictions, ses innombrables défauts, les démons qui le tourmentaient et lui faisait tourmenter ses proches, le rendaient magnifiquement, tragiquement humain. Et ce qui ne gâte rien, son œuvre était complètement cohérente avec le bonhomme, toutes ses qualités et ses défauts y sont visibles. Il était honnête.
Si des œuvres peuvent faire partie de ma vie, ce n'est pas le cas de leurs auteurs. Il ne me viendrait jamais à l'idée d'essayer de les rencontrer ou d'entrer en relation avec eux. J'ai un jour refusé d'interviewer par téléphone le guitariste de mon groupe préféré. La mort d'un artiste que j'aime ne m'atteindra pas autant que celle d'une personne que je connais.
Gainsbourg fut ce qui se rapproche le plus de l'exception. A sa mort, ma copine de l'époque et moi avons ressenti un immense chagrin, et nous sommes allé porter des fleurs rue de Verneuil. Un petit tour et nous étions repartis.
Miossec me rappelle beaucoup Gainsbourg, jusque dans le phrasé. Il appartient à une autre partie de la Bretagne que moi et l'homme qui transparait dans ses chansons n'est pas comme moi, en tout cas comme je suis devenu.
Bon je ne vais pas revenir sur l'importance qu'a pour moi le Monde d'Apu, vu avec ma mère - assurément le film qui m'a fait aimer le cinéma. Ni sur le fait que je partage tant ce que tu dis sur les émotions, et les larmes. On en a déjà parlé, et c'est assez incroyable de lire tout cela sous la plume d'un autre. Partager son amour des films de Satiyajit Ray, c'est particulièrement difficile, je crois bien ne jamais l'avoir réussi pour ma part. J'ai essayé, puis abandonné, trop décevant...
Pour ceux qui auraient loupé cette épisode, Harpo et moi avons vécu le même choc cinématographique avec ce film, peut être même le même jour.
C'est vrai que "convertir" quelqu'un à des films indiens, faits avec une sensibilité et des symboles très particuliers est une gageure.
J'ai Charulata sur disque dur mais je ne l'ai pas encore regardé.
Pour moi, regarder de tels films, comme faire certaines activités à deux, sont des investissements émotionnels importants. Je sais que je vais ressentir des émotions qui vont me chambouler. Il faut être prêt, se sentir en forme et tout à fait disponible pour tout absorber de manière optimale.
Comme souvent chez Ray, le film est basé sur une nouvelle de Rabrindanath Tagore. Tu en as lu, Doinel ? C'est magnifique...
Encore une des milliards de chose qui me restent à faire. Et dire que certains s'ennuient.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
J'ai regardé Charulata hier soir.
C'est un film magnifique. Parmi les différents thèmes, c'est (bien sur) celui du triangle amoureux qui m'a marqué. Un triangle avec trois hypersensibles qui essaient de faire ce qui est bien, sans un "je t'aime", sans un geste d'amour partagé, mais dans lequel l'expression des sentiments prend la forme de chansons, de poèmes, de regards, d'expressions d'étonnement, de joie, de fureur, de tristesse. Et puis de symboles (dont certains je pense m'ont échappé).
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
J'aime pas le fait qu'il y ait de la musique sur cette célèbre tirade. Parce qu'elle m'empêche d'entendre tous les mots, parce que ces mots se suffisent à eux mêmes. Parce que ce qui se dit là, et en général dans ce film, est pour moi fondamental. Et que ce film est fondateur. Fondateur pour la suite du cinéma français. Fondateur pour ma vie.
En lisant beaucoup de témoignages sur le forum, j'ai souvent pensé à ce film, et à ce que je pourrais appeler le syndrome "Alexandre". Celui de l'homme brillant et hâbleur, qui en impose par sa prestance et ses mots mais qui fini par s'effacer devant l'altérité féminine, la femme indestructible et réelle, la terre, la maman et la putain donc. Qui abandonne ainsi son jeu et ses faux semblants - son faux self ? - pour enfin entrer dans l'âge adulte.
Pour le côté putain, je me permet, Doinel, de citer ici un extrait du troisième dialogue de la philosophie dans le boudoir de Sade :
En lisant beaucoup de témoignages sur le forum, j'ai souvent pensé à ce film, et à ce que je pourrais appeler le syndrome "Alexandre". Celui de l'homme brillant et hâbleur, qui en impose par sa prestance et ses mots mais qui fini par s'effacer devant l'altérité féminine, la femme indestructible et réelle, la terre, la maman et la putain donc. Qui abandonne ainsi son jeu et ses faux semblants - son faux self ? - pour enfin entrer dans l'âge adulte.
Pour le côté putain, je me permet, Doinel, de citer ici un extrait du troisième dialogue de la philosophie dans le boudoir de Sade :
Eugénie: ...Mais un mot, chère amie, un mot vient de t'échapper encore, et je ne l'entends pas. Qu'entends-tu par cette expression de putain? Pardon, mais tu sais? je suis ici pour m'instruire.
Mme de Saint-Ange: On appelle de cette manière, ma toute belle, ces victimes publiques de la débauche des hommes, toujours prêtes à se livrer à leur tempérament ou à leur intérêt; heureuses et respectables créatures, que l'opinion flétrit, mais que la volupté couronne, et qui, bien plus nécessaires à la société que les prudes, ont le courage de sacrifier, pour la servir, la considération que cette société ose leur enlever injustement. Vivent celles que ce titre honore à leurs yeux! Voilà les femmes vraiment aimables, les seules véritablement philosophes! Quant à moi, ma chère, qui depuis douze ans travaille à le mériter, je t'assure que loin de m'en formaliser, je m'en amuse. Il y a mieux: j'aime qu'on me nomme ainsi quand on me fout; cette injure m'échauffe la tête.
Eugénie: Oh! je le conçois, ma bonne; je ne serais pas fâchée non plus que l'on me l'adressât, encore bien moins d'en mériter le titre; mais la vertu ne s'oppose-t-elle pas à une telle inconduite, et ne l'offensons-nous pas en nous comportant comme nous le faisons?
Dolmancé: Ah! renoncez aux vertus, Eugénie! Est-il un seul des sacrifices qu'on puisse faire à ces fausses divinités, qui vaille une minute des plaisirs que l'on goûte en les outrageant? Va, la vertu n'est qu'une chimère, dont le culte ne consiste qu'en des immolations perpétuelles, qu'en des révoltes sans nombre contre les inspirations du tempérament. De tels mouvements peuvent-ils être naturels? La nature conseille-t-elle ce qui l'outrage? Ne sois pas la dupe, Eugénie, de ces femmes que tu entends nommer vertueuses. Ce ne sont pas, si tu veux, les mêmes passions que nous qu'elles servent, mais elles en ont d'autres, et souvent bien plus méprisables... C'est l'ambition, c'est l'orgueil, ce sont des intérêts particuliers, souvent encore la froideur seule d'un tempérament qui ne leur conseille rien. Devons-nous quelque chose à de pareils êtres, je le demande? N'ont-elles pas suivi les uniques impressions de l'amour de soi? Est-il donc meilleur, plus sage, plus à propos de sacrifier à l'égoïsme qu'aux passions? Pour moi, je crois que l'un vaut bien l'autre; et qui n'écoute que cette dernière voix a bien plus de raison sans doute, puisqu'elle est seule organe de la nature, tandis que l'autre n'est que celle de la sottise et du préjugé. Une seule goutte de foutre éjaculée de ce membre, Eugénie, m'est plus précieuse que les actes les plus sublimes d'une vertu que je méprise.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
A méditer....(pour certains qui ont parfois des réactions violentes contre les femmes - je m'en suis pris plein la figure !)
Invité- Invité
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
J'aime pas le fait qu'il y ait de la musique sur cette célèbre tirade. Parce qu'elle m'empêche d'entendre tous les mots, parce que ces mots se suffisent à eux mêmes. Parce que ce qui se dit là, et en général dans ce film, est pour moi fondamental. Et que ce film est fondateur. Fondateur pour la suite du cinéma français. Fondateur pour ma vie.
Cette "chanson" de Diabologum (années 90) a été ma première découverte de ce monologue, avant de voir le film. Je ne l'avais pas entendue depuis longtemps.
Merci pour le texte.
Puis je me permettre de rebondir avec une chanson?
Connaitre les autres
On trouve souvent sur le forum la capacité des Z à lire comme à livre ouvert dans l'esprit des personnes qu'ils rencontrent, jusqu'au point de pouvoir leur expliquer leurs problèmes ou déterminer leur avenir.
Je ne pense pas que je puisse aller si loin. Ou alors je m'y refuse.
L'idée de connaitre une personne mieux qu'elle se connait me terrifie. C'est une intrusion dans son intimité qui ne peut qu'engendrer un sentiment de supériorité. Comment peut on vivre en harmonie avec les autres quand on se sent supérieur à eux? Ou inférieur?
Il y a aussi la sensation de toute puissance, d'infaillibilité qui peut naitre de cette faculté.
Dans ma carrière, j'ai rencontré trois ou quatre personnes qui m'ont impressionné par leur intelligence et leurs réalisations. Je me comparais à eux, analysaient les points sur lesquels ils m'étaient supérieurs, cherchait leurs défauts. Et là je trouvais toujours le même: avoir si souvent raison qu'ils se croyaient infaillibles. Pas besoin d'analyser toutes les données d'un problème, ils pouvaient rapidement sauter à la conclusion, sans se permettre le moindre doute. Et ils avaient raison. Dans 90% des cas.
Enfin, lire dans les autres procure un pouvoir sur eux. On peut les aider, les manipuler, leur faire du bien ou du mal, ou ne rien faire. Dans tous les cas c'est prendre une responsabilité et se préparer, quoi qu'on fasse, de beaux sentiments de culpabilité. J'ai déjà mon lot.
J'imagine que beaucoup de personnes vont rechercher cette aide, dévorant ainsi la personne qui peut la leur offrir. Lui empêchant de se confronter à ses propres problèmes, ne lui apportant que peu de choses en retour. Relation déséquilibrée.
Certains aussi vont fuir ces personnes qui en savent tant, du moins après un certain temps. Moi je le ferais très vite. J'ai toujours souffert de n'être compris mais je ne veux pas qu'on me comprenne trop bien. Je veux garder mon espace de liberté, une partie de mon mystère. J'ai la prétention de croire qu'on ne peut pas me connaitre mieux que je me connais. Que je n'aurais pas besoin de fuir une telle personne.
Toute sa vie mon père est allé voir des voyantes. Il sait que je n'aime pas ça. Mais il ne peut s'empêcher de m'en parler quand une prédiction s'est réalisée. J'apprends alors qu'il ne prend jamais une décision importante par lui même et qu'il cherche à savoir ce qui va lui arriver à lui et à ses proches, à moi. Je n'y crois pas mais en plus je trouve intolérable qu'on abandonne ainsi ses choix de vie à un autre. Une voyante, un ami, Dieu ou ses représentants, c'est pareil. Alors, j'écoute et ne lui dis rien. En tout cas pendant un temps, puis agacé je lui demande d'arrêter en lui rappelant que...je n'y crois pas. Pas besoin qu'il en sache plus.
Alors, en général je me refuse à aller très loin dans l'analyse des personnes que je côtoie. Je préfère m'en tenir à une impression générale, et je sais de toute façon qu'inconsciemment je connais des choses sur cette personne qui me feront agir en conséquence.
Mais parfois, quand cette personne m'intéresse vraiment (en bien ou en mal), je me laisse aller à mon analyse interne, jusqu'à un certain point.
Et c'est là que se révèle une capacité qui ne cesse de m'étonner: celle de mémoriser inconsciemment une multitude de détails sur la personne, des attitudes, des intonations, des regards, des paroles a priori sans importance, des réactions à certains moments... Tout ressort à point donné pour étayer des hypothèses, former un paysage, une cartographie de la personne.
Et puis il y a cette deuxième faculté: celle de détecter immédiatement les incohérences, les phrases, les attitudes qui ne devraient pas être là. Parfois, quand la personne me semble par ailleurs très intelligente, sincère et cohérente, le questionnement commence. Sont ce des moments de vérité? Des moments de dissimulation? Des messages qui me sont destinés? Si oui, quel est leur sens? Sont ils conscients ou inconscients? Je doute.
Il est parfois compliqué de ne pas vouloir faire simple...
Je ne pense pas que je puisse aller si loin. Ou alors je m'y refuse.
L'idée de connaitre une personne mieux qu'elle se connait me terrifie. C'est une intrusion dans son intimité qui ne peut qu'engendrer un sentiment de supériorité. Comment peut on vivre en harmonie avec les autres quand on se sent supérieur à eux? Ou inférieur?
Il y a aussi la sensation de toute puissance, d'infaillibilité qui peut naitre de cette faculté.
Dans ma carrière, j'ai rencontré trois ou quatre personnes qui m'ont impressionné par leur intelligence et leurs réalisations. Je me comparais à eux, analysaient les points sur lesquels ils m'étaient supérieurs, cherchait leurs défauts. Et là je trouvais toujours le même: avoir si souvent raison qu'ils se croyaient infaillibles. Pas besoin d'analyser toutes les données d'un problème, ils pouvaient rapidement sauter à la conclusion, sans se permettre le moindre doute. Et ils avaient raison. Dans 90% des cas.
Enfin, lire dans les autres procure un pouvoir sur eux. On peut les aider, les manipuler, leur faire du bien ou du mal, ou ne rien faire. Dans tous les cas c'est prendre une responsabilité et se préparer, quoi qu'on fasse, de beaux sentiments de culpabilité. J'ai déjà mon lot.
J'imagine que beaucoup de personnes vont rechercher cette aide, dévorant ainsi la personne qui peut la leur offrir. Lui empêchant de se confronter à ses propres problèmes, ne lui apportant que peu de choses en retour. Relation déséquilibrée.
Certains aussi vont fuir ces personnes qui en savent tant, du moins après un certain temps. Moi je le ferais très vite. J'ai toujours souffert de n'être compris mais je ne veux pas qu'on me comprenne trop bien. Je veux garder mon espace de liberté, une partie de mon mystère. J'ai la prétention de croire qu'on ne peut pas me connaitre mieux que je me connais. Que je n'aurais pas besoin de fuir une telle personne.
Toute sa vie mon père est allé voir des voyantes. Il sait que je n'aime pas ça. Mais il ne peut s'empêcher de m'en parler quand une prédiction s'est réalisée. J'apprends alors qu'il ne prend jamais une décision importante par lui même et qu'il cherche à savoir ce qui va lui arriver à lui et à ses proches, à moi. Je n'y crois pas mais en plus je trouve intolérable qu'on abandonne ainsi ses choix de vie à un autre. Une voyante, un ami, Dieu ou ses représentants, c'est pareil. Alors, j'écoute et ne lui dis rien. En tout cas pendant un temps, puis agacé je lui demande d'arrêter en lui rappelant que...je n'y crois pas. Pas besoin qu'il en sache plus.
Alors, en général je me refuse à aller très loin dans l'analyse des personnes que je côtoie. Je préfère m'en tenir à une impression générale, et je sais de toute façon qu'inconsciemment je connais des choses sur cette personne qui me feront agir en conséquence.
Mais parfois, quand cette personne m'intéresse vraiment (en bien ou en mal), je me laisse aller à mon analyse interne, jusqu'à un certain point.
Et c'est là que se révèle une capacité qui ne cesse de m'étonner: celle de mémoriser inconsciemment une multitude de détails sur la personne, des attitudes, des intonations, des regards, des paroles a priori sans importance, des réactions à certains moments... Tout ressort à point donné pour étayer des hypothèses, former un paysage, une cartographie de la personne.
Et puis il y a cette deuxième faculté: celle de détecter immédiatement les incohérences, les phrases, les attitudes qui ne devraient pas être là. Parfois, quand la personne me semble par ailleurs très intelligente, sincère et cohérente, le questionnement commence. Sont ce des moments de vérité? Des moments de dissimulation? Des messages qui me sont destinés? Si oui, quel est leur sens? Sont ils conscients ou inconscients? Je doute.
Il est parfois compliqué de ne pas vouloir faire simple...
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Quand on écrit sur un forum, on donne une image de soi qu'on ne peut contrôler. Chacun/chacune va nous percevoir à sa manière, avec ses affinités, ses inhibitions, ses dégoûts.
Il m'est arrivé parfois de susciter un certain énervement de la part de membres avec un profil très rationnel ou scientifique. Mon goût pour les hypothèses créées de toute pièce, énoncées pour le plaisir d'explorer de nouvelles pistes de réflexion, sans base vérifiée, heurte leur désir de recherche de vérités absolues. Moi je pense que quand l'humain est concerné, il est difficile de trouver des vérités et plus intéressant de considérer les hypothèses les plus diverses, les plus contradictoires, de construire un arbre des possibles, avec des branches plus ou moins solides. Je ne suis sur de rien.
Je suis trop intuitif, pas suffisamment scientifique. Trop peu cultivé aussi.
Alors peut être ai je plus d'affinités avec les intuitifs, les mystiques, les chercheurs de vérités alternatives. Mais non, je suis trop scientifique, trop rationnel pour cela.
Je suis toujours le gamin qui excellait en maths tant qu'il avait l'impression d'inventer les bonnes réponses sans faire le moindre effort. Un pur intuitif des sciences.
J'ai pu constater récemment que j'"impressionne" certains membres de ZC. Pas beaucoup je pense, mais cela fait un choc, ça me chamboule un peu. En plus, on me compare parfois à des personnes auprès desquelles je ne me reconnais pas, la catégorie des "scientifiques" ou des "savants". Je n'ai rien contre eux mais je ne suis pas comme eux.
Alors, puisque mon honneur est en jeu, je vais rétablir la vérité et démolir des fantasmes en parlant de mes handicaps (mais pas trop quand même, je suis très orgueilleux).
Mon rapport à l'écriture
J'aime écrire parce que cela me permet de mettre de l'ordre dans mes pensées et de les détacher le plus possible des émotions qui m'assaillent. Certains pourraient être étonnés du décalage s'ils me rencontraient. Là, je ne suis pas sur de savoir qui impressionnerait qui.
J'essaie d'écrire simplement, précisément, sans affect ni figures de style. Résultat, je trouve mon écriture plate, atone, sans intérêt.
Je ne vais pas mentir, je sais que certaines personnes apprécient ma manière d'écrire. Face à mon étonnement, on m'a parlé souvent d'une écriture sensible. Donc une partie des émotions que j'essaie d'enlever de la forme doivent frayer leur chemin dans le fond et certaines personnes le perçoivent.
Cependant, ces émotions je les retiens toujours dans l'écrit. C'est pour cela que je préfère écrire sur des sujets divers que sur les fils personnels des autres. Et que j'ai mis du temps à écrire sur ce fil qui m'appartient. Je ne peux m'investir humainement autant dans un monde virtuel que dans la réalité.
Je n'ai jamais écrit un poème de ma vie (tout au plus un vers unique quand j'étais enfant, il attend toujours de la compagnie). Je me sens incapable de créer quoi que ce soit qui puisse avoir une quelconque valeur artistique. Je n'essaie même pas. Ce serait ridicule.
La plupart des poèmes me posent problème. Quand ils sont trop ouverts, permettant des interprétations multiples, je panique. Que suis je censé comprendre? Puis je comprendre quelque chose? Il me faut un sens immédiat auquel je peux me raccrocher, sinon je fuis. Une amie de ce forum m'incite à affronter cette panique et à me laisser aller. J'essaierai, promis juré.
J'ai un problème similaire (mais différent) avec les textes scientifiques ou intellectualisant. Pourquoi faire si compliqué, aller chercher des mots qu'on ne rencontrera que quelques fois dans sa vie, faire des phrases qui s'allongent à n'en plus finir? Y a t'il des idées si compliquées qu'on ne peut les exprimer simplement? Pas les miennes en tout cas.
Les films suédois (ou indiens)
Bon déjà, le cinéma et la musique (non noble) c'est ma culture depuis toujours. Au lieu de m'enfiler des livres à la chaine, pendant très longtemps j'ai acheté des places de ciné, empilé des VHS du ciné club et du cinéma de minuit, acheté des vinyls, puis des CDs, et enregisté des disques et la radio sur K7. Chez moi, on ne lisait pas et on n'écoutait pas de musique classique ou de jazz. On regardait la télé (une chaine, puis deux, puis trois), en particulier les films et les Numéro 1 de Maritie et Gilbert Carpentier. Et comme mes parents ne me mettaient pas au lit et me laissaient m'endormir quand je voulais, je pouvais regarder la série télé après le Numéro 1 et tous les films qui passaient, pour les petits et pour les grands.
Mon rapport au cinéma est émotionnel. Je ne suis un intellectuel en rien.
Mes émotions et mon intellect sont très liés (comme tout un chacun, mais pour moi ils sont très très liés). L'expression artistique d'une émotion sans un minimum d'intelligence a peu de valeur pour moi. Plus cependant que l'expression d'une intelligence sans émotions. Les concepts abstraits ne m'intéressent pas si ils ne trouvent pas immédiatement un écho affectif chez moi. Une grande partie de la science m'est fermée. Je ne peux m'enthousiasmer longtemps en lisant sur la physique quantique, la beauté formelle des mathématiques ou les rouages de l'économie. Pas d'humain, pas de plaisir. Restent en gros les sciences humaines.
Le problème avec les films d'auteur et/ou les films exotiques, ce sont les a priori et les peurs qu'ils suscitent. Vais je m'emmerder (parfois)? Vais je tout comprendre (pas toujours)? Faut il regarder en VO (c'est mieux, on s'y habitue)? Pourquoi me coltinerais je un film en noir et blanc, pire un film en N&B et muet (pourquoi lire un livre sur du papier et sans images?)?
Il y a des chefs d'oeuvre du cinéma qui m'emmerdent et des films moins ambitieux que j'adore.
Parfois, un film considéré comme un classique fait peur alors qu'il a été en son temps et/ou dans son pays vu et adoré par des millions de personnes. Un film populaire est devenu un classique, mais il est resté abordable par tous. Certains ont été faits pour une minorité, mais cette minorité n'est pas forcément constituée d'intellectuels, ou alors des intellectuels qui ressemblent à Woody Allen.
Et puis, comme les autres arts, le cinéma d'auteur s'apprivoise. La plupart des premiers films de Godard sont droles et légers. Il vaut mieux avoir vu A Bout De Souffle, Bande A Part et Une Femme Est Une Femme avant de s'attaquer à Pierrot Le Fou et Au Mépris, et ainsi de suite (avec la possibilité de s'arrêter en route car cela peut devenir très ardu).
Pour parler du Monde d'Apu et de Charulata, les films récemment évoqués ici, le premier me semble beaucoup plus accessible que le second. Il y a une histoire pleine de rebondissements, des joies, des drames intenses, la vie de tous les jours dans un pays lointain. Le second est plus contemplatif, l'histoire peut se résumer en trois phrases. Il faut plus d'efforts pour se laisser prendre. Mais ce n'est pas un film intellectuel pour autant.
Alors, si vous avez du temps à perdre (ou à gagner) et si vous pouvez comprendre des sous titres en anglais, allez voir Le Monde D'Apu (Apur Sansar, The World Of Apu) sur Youtube. Il y est en intégralité, découpé en morceaux. Ou procurez vous le par d'autres moyens. Vous verrez peut être un héros qui, bien que bengali, ressemble à s'y méprendre à des membres de ZC.
Et après dites moi si c'est une épreuve aussi terrible que cela.
Il m'est arrivé parfois de susciter un certain énervement de la part de membres avec un profil très rationnel ou scientifique. Mon goût pour les hypothèses créées de toute pièce, énoncées pour le plaisir d'explorer de nouvelles pistes de réflexion, sans base vérifiée, heurte leur désir de recherche de vérités absolues. Moi je pense que quand l'humain est concerné, il est difficile de trouver des vérités et plus intéressant de considérer les hypothèses les plus diverses, les plus contradictoires, de construire un arbre des possibles, avec des branches plus ou moins solides. Je ne suis sur de rien.
Je suis trop intuitif, pas suffisamment scientifique. Trop peu cultivé aussi.
Alors peut être ai je plus d'affinités avec les intuitifs, les mystiques, les chercheurs de vérités alternatives. Mais non, je suis trop scientifique, trop rationnel pour cela.
Je suis toujours le gamin qui excellait en maths tant qu'il avait l'impression d'inventer les bonnes réponses sans faire le moindre effort. Un pur intuitif des sciences.
J'ai pu constater récemment que j'"impressionne" certains membres de ZC. Pas beaucoup je pense, mais cela fait un choc, ça me chamboule un peu. En plus, on me compare parfois à des personnes auprès desquelles je ne me reconnais pas, la catégorie des "scientifiques" ou des "savants". Je n'ai rien contre eux mais je ne suis pas comme eux.
Alors, puisque mon honneur est en jeu, je vais rétablir la vérité et démolir des fantasmes en parlant de mes handicaps (mais pas trop quand même, je suis très orgueilleux).
Mon rapport à l'écriture
J'aime écrire parce que cela me permet de mettre de l'ordre dans mes pensées et de les détacher le plus possible des émotions qui m'assaillent. Certains pourraient être étonnés du décalage s'ils me rencontraient. Là, je ne suis pas sur de savoir qui impressionnerait qui.
J'essaie d'écrire simplement, précisément, sans affect ni figures de style. Résultat, je trouve mon écriture plate, atone, sans intérêt.
Je ne vais pas mentir, je sais que certaines personnes apprécient ma manière d'écrire. Face à mon étonnement, on m'a parlé souvent d'une écriture sensible. Donc une partie des émotions que j'essaie d'enlever de la forme doivent frayer leur chemin dans le fond et certaines personnes le perçoivent.
Cependant, ces émotions je les retiens toujours dans l'écrit. C'est pour cela que je préfère écrire sur des sujets divers que sur les fils personnels des autres. Et que j'ai mis du temps à écrire sur ce fil qui m'appartient. Je ne peux m'investir humainement autant dans un monde virtuel que dans la réalité.
Je n'ai jamais écrit un poème de ma vie (tout au plus un vers unique quand j'étais enfant, il attend toujours de la compagnie). Je me sens incapable de créer quoi que ce soit qui puisse avoir une quelconque valeur artistique. Je n'essaie même pas. Ce serait ridicule.
La plupart des poèmes me posent problème. Quand ils sont trop ouverts, permettant des interprétations multiples, je panique. Que suis je censé comprendre? Puis je comprendre quelque chose? Il me faut un sens immédiat auquel je peux me raccrocher, sinon je fuis. Une amie de ce forum m'incite à affronter cette panique et à me laisser aller. J'essaierai, promis juré.
J'ai un problème similaire (mais différent) avec les textes scientifiques ou intellectualisant. Pourquoi faire si compliqué, aller chercher des mots qu'on ne rencontrera que quelques fois dans sa vie, faire des phrases qui s'allongent à n'en plus finir? Y a t'il des idées si compliquées qu'on ne peut les exprimer simplement? Pas les miennes en tout cas.
Les films suédois (ou indiens)
Bon déjà, le cinéma et la musique (non noble) c'est ma culture depuis toujours. Au lieu de m'enfiler des livres à la chaine, pendant très longtemps j'ai acheté des places de ciné, empilé des VHS du ciné club et du cinéma de minuit, acheté des vinyls, puis des CDs, et enregisté des disques et la radio sur K7. Chez moi, on ne lisait pas et on n'écoutait pas de musique classique ou de jazz. On regardait la télé (une chaine, puis deux, puis trois), en particulier les films et les Numéro 1 de Maritie et Gilbert Carpentier. Et comme mes parents ne me mettaient pas au lit et me laissaient m'endormir quand je voulais, je pouvais regarder la série télé après le Numéro 1 et tous les films qui passaient, pour les petits et pour les grands.
Mon rapport au cinéma est émotionnel. Je ne suis un intellectuel en rien.
Mes émotions et mon intellect sont très liés (comme tout un chacun, mais pour moi ils sont très très liés). L'expression artistique d'une émotion sans un minimum d'intelligence a peu de valeur pour moi. Plus cependant que l'expression d'une intelligence sans émotions. Les concepts abstraits ne m'intéressent pas si ils ne trouvent pas immédiatement un écho affectif chez moi. Une grande partie de la science m'est fermée. Je ne peux m'enthousiasmer longtemps en lisant sur la physique quantique, la beauté formelle des mathématiques ou les rouages de l'économie. Pas d'humain, pas de plaisir. Restent en gros les sciences humaines.
Le problème avec les films d'auteur et/ou les films exotiques, ce sont les a priori et les peurs qu'ils suscitent. Vais je m'emmerder (parfois)? Vais je tout comprendre (pas toujours)? Faut il regarder en VO (c'est mieux, on s'y habitue)? Pourquoi me coltinerais je un film en noir et blanc, pire un film en N&B et muet (pourquoi lire un livre sur du papier et sans images?)?
Il y a des chefs d'oeuvre du cinéma qui m'emmerdent et des films moins ambitieux que j'adore.
Parfois, un film considéré comme un classique fait peur alors qu'il a été en son temps et/ou dans son pays vu et adoré par des millions de personnes. Un film populaire est devenu un classique, mais il est resté abordable par tous. Certains ont été faits pour une minorité, mais cette minorité n'est pas forcément constituée d'intellectuels, ou alors des intellectuels qui ressemblent à Woody Allen.
Et puis, comme les autres arts, le cinéma d'auteur s'apprivoise. La plupart des premiers films de Godard sont droles et légers. Il vaut mieux avoir vu A Bout De Souffle, Bande A Part et Une Femme Est Une Femme avant de s'attaquer à Pierrot Le Fou et Au Mépris, et ainsi de suite (avec la possibilité de s'arrêter en route car cela peut devenir très ardu).
Pour parler du Monde d'Apu et de Charulata, les films récemment évoqués ici, le premier me semble beaucoup plus accessible que le second. Il y a une histoire pleine de rebondissements, des joies, des drames intenses, la vie de tous les jours dans un pays lointain. Le second est plus contemplatif, l'histoire peut se résumer en trois phrases. Il faut plus d'efforts pour se laisser prendre. Mais ce n'est pas un film intellectuel pour autant.
Alors, si vous avez du temps à perdre (ou à gagner) et si vous pouvez comprendre des sous titres en anglais, allez voir Le Monde D'Apu (Apur Sansar, The World Of Apu) sur Youtube. Il y est en intégralité, découpé en morceaux. Ou procurez vous le par d'autres moyens. Vous verrez peut être un héros qui, bien que bengali, ressemble à s'y méprendre à des membres de ZC.
Et après dites moi si c'est une épreuve aussi terrible que cela.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
J'ai l'impression d'être très semblable à tout ça sur un nombre très important de points. Sur presque tout, en fait. A part vouloir soustraire l'affect des écrits, et avoir cherché à être touché par le cinéma d'auteur (joli énoncé des peurs courantes à ce sujet, soit dit en passant).
Mais, oui. Cette culture (bien que tu t'en défendes) peut impressionner.
Et... la façon dont tu écris des expériences, des intuitions, des ressentis de ta vie, sans brosse, avec franchise, c'est pour moi des cadeaux inestimables à chaque fois.
Je me répète, je crois...
Mais, oui. Cette culture (bien que tu t'en défendes) peut impressionner.
Et... la façon dont tu écris des expériences, des intuitions, des ressentis de ta vie, sans brosse, avec franchise, c'est pour moi des cadeaux inestimables à chaque fois.
Je t'aime bien.Y a t'il des idées si compliquées qu'on ne peut les exprimer simplement?
Je me répète, je crois...
Fa- Messages : 1849
Date d'inscription : 23/06/2012
Age : 45
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
On ne sait jamais quelle est la perception de ce que nous écrivons. La sensibilité joue beaucoup.
Savoir lire entre les lignes est aussi important que lire les mots, la manière d'utiliser les mots.
Je suis une scientifique aussi. Pourtant, je ne m'exprime pas de la même manière que les personnes perçues comme scientifiques du forum. La différence est que mon moi intime est littéraire. Mon écriture varie beaucoup en fonction de mes humeurs. Je peux écrire de façon très familière comme de façon très structurée. Et surtout, mes interventions ne sont pas dans le registre du débat...Hier, j'ai fait deux interventions pas très "scientifiques" : l'un sur le test Aspie qui exprimait ma compréhension des graphes, plus sentie que rationnelle, et l'autre sur la rupture amoureuse.
Doinel, ton style d'écriture fait partie de toi mais ce n'est pas toi...Qui veut bien percevoir ce qu'il y a derrière les mots peut te comprendre. La "timidité" littéraire existe mais n'amoindrit pas ce qui est exprimé. Ta sensibilité est filmographique. C'est un mode de sensbilité différent mais aussi riche. On s'en fout que cela fasse sérieux ou pas, que les films qui te plaisent soient considérés comme sérieux ou pas. Le plus important est que tu t'y retrouves. Le regard des autres ne doit pas peser sur notre manière d'être à nous-même....
Savoir lire entre les lignes est aussi important que lire les mots, la manière d'utiliser les mots.
Je suis une scientifique aussi. Pourtant, je ne m'exprime pas de la même manière que les personnes perçues comme scientifiques du forum. La différence est que mon moi intime est littéraire. Mon écriture varie beaucoup en fonction de mes humeurs. Je peux écrire de façon très familière comme de façon très structurée. Et surtout, mes interventions ne sont pas dans le registre du débat...Hier, j'ai fait deux interventions pas très "scientifiques" : l'un sur le test Aspie qui exprimait ma compréhension des graphes, plus sentie que rationnelle, et l'autre sur la rupture amoureuse.
Doinel, ton style d'écriture fait partie de toi mais ce n'est pas toi...Qui veut bien percevoir ce qu'il y a derrière les mots peut te comprendre. La "timidité" littéraire existe mais n'amoindrit pas ce qui est exprimé. Ta sensibilité est filmographique. C'est un mode de sensbilité différent mais aussi riche. On s'en fout que cela fasse sérieux ou pas, que les films qui te plaisent soient considérés comme sérieux ou pas. Le plus important est que tu t'y retrouves. Le regard des autres ne doit pas peser sur notre manière d'être à nous-même....
Invité- Invité
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Merci Fa, merci Soleil.
J'ai le moral en berne aujourd'hui. Un de ces jours où je m'apitoie sur mon sort de manière honteuse.
Je n'ai même pas besoin de "vecteur" pour pleurer. Ou plutôt, le vecteur qui devait me remonter le moral me fait pleurer.
Peut être aura t'il un meilleur effet sur vous. D'habitude ça marche avec moi.
J'ai le moral en berne aujourd'hui. Un de ces jours où je m'apitoie sur mon sort de manière honteuse.
Je n'ai même pas besoin de "vecteur" pour pleurer. Ou plutôt, le vecteur qui devait me remonter le moral me fait pleurer.
Peut être aura t'il un meilleur effet sur vous. D'habitude ça marche avec moi.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Eh bien mon grand, que se passe-t-il, comment s'est passée du coup ta fichue journée...
Y suis-je pour quelque chose, dis ? Je ne peux m'empêcher de me le demander... C'est que je t'ai vu la veille au soir, et entre temps : juste, tu as dormi. > Soit endormi-réveillé.
Et si on allait au ciné jeudi soir, mister Mordu de 7e art ?
"Savages", le dernier film d'Oliver Stone... ça me semble pas mal, ça, hein ?
Bon, et ton "Jesus" incontinent à pampers, plein de pep's, qui se fait écrabouiller > survivor puis dead de nouveau tout d'un coup : on a encore une fois sursauté, et on s'est marrés, avec fiston.
Y suis-je pour quelque chose, dis ? Je ne peux m'empêcher de me le demander... C'est que je t'ai vu la veille au soir, et entre temps : juste, tu as dormi. > Soit endormi-réveillé.
Et si on allait au ciné jeudi soir, mister Mordu de 7e art ?
"Savages", le dernier film d'Oliver Stone... ça me semble pas mal, ça, hein ?
Bon, et ton "Jesus" incontinent à pampers, plein de pep's, qui se fait écrabouiller > survivor puis dead de nouveau tout d'un coup : on a encore une fois sursauté, et on s'est marrés, avec fiston.
Ananke- Messages : 85
Date d'inscription : 23/04/2011
Age : 51
Localisation : IdF - vallée de la Chevreuse (78)
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Du coup, je suis allée jeter un coup d'oeil sur ton fil - j'avoue n'avoir lu que les derniers messages, pas tout. En revanche, il faudrait que je le fasse un de ces jours, parce que ce que tu écris est très touchant... Je crois que je suis en train de comprendre Fa.
(Personellement, je suis plus livres que cinéma. Mais sur le point "voir un film en N&B et muet", je dois dire que j'ai vu une vieille version du "Fantôme de l'Opéra qui était simplement géniale, bien meilleure que la plus récente! Donc je dirais que ca en vaut bien la peine...)
Sinon, j'espère que ca ira mieux demain!
(Personellement, je suis plus livres que cinéma. Mais sur le point "voir un film en N&B et muet", je dois dire que j'ai vu une vieille version du "Fantôme de l'Opéra qui était simplement géniale, bien meilleure que la plus récente! Donc je dirais que ca en vaut bien la peine...)
Sinon, j'espère que ca ira mieux demain!
fleur_bleue- Messages : 3764
Date d'inscription : 18/09/2012
Age : 41
Localisation : Paris
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Donc hier ça n'allait pas.
Un mal être diffus je connais bien. Un gros coup de blues où tout ressort, c'est très rare.
Alors hier j'ai décidé de le vivre à fond, de contempler longuement les parois empoussiérées et rayées du verre à moitié vide. Mes rêves inaboutis, mes amours imparfaites, les enfants dont je suis un père à temps partiel, ma petite vie, mes imperfections, les occasions perdues, ma mère que je n'ai pas su aimer dans les dernières années de sa vie, mon père auquel je fais subir le même sort aujourd'hui, tout le mal que j'ai pu faire malgré moi, le mal qu'on m'a fait sans le vouloir, mon avenir incertain...
J'ai mis le casque, j'ai écouté Miossec puis Barbara. J'ai beaucoup pleuré, perdu dans mes pensées, revenant aux chansons pour attraper certaines phrases qui trouvent un écho en moi. Je me suis vidé de presque toutes mes larmes.
Après j'ai regardé un film superbe qui s'appelle Ivre De Femmes Et De Peinture. Cela raconte l'histoire fantasmée dans un pays lointain d'un grand peintre inconnu ici, de ses combats contre le destin promis à un enfant orphelin et pauvre, les aléas de l'histoire chaotique de son pays, traversé par des révolutions et des invasions successives des puissances voisines, le conformisme ambiant, l'autorité oppressante, les attaches inhibitrices, ses démons, les limites formelles de son art, sa résistance à les dépasser pour accéder au rang de génie. J'ai encore pleuré, victime d'émotions d'une qualité extraordinaire. On sait très peu de choses de cet homme, qu'il aimait les femmes, qu'il a la réputation d'avoir toujours peint sous l'emprise de l'alcool, ce qui est impossible quand on voit la fine précision de ses œuvres.
Il m'a donné soif.
Alors j'ai décidé d'aller encore plus au fond de mon désespoir de ce jour. Je suis allé acheter une bouteille d'alcool. J'ai bu en écoutant Elliott Smith. J'ai encore pleuré, j'ai ressenti une solitude immense, j'en ai fait part.
Complètement saoul après quelques verres (je n'avais rien mangé de la journée), je me suis endormi.
Une heure après je me suis réveillé, complètement dessaoulé (incroyable) et je me sentais mieux, beaucoup mieux. La crise était passée.
Le sommeil avait fait son œuvre, mon esprit avait trouvé quelques réponses. Il avait aussi relativisé l'ampleur de mes pleines. Je suis revenu pour l'instant à l'acceptation de la moitié pleine de mon verre.
Ca va mieux. Et je vous remercie tous de vos pensées pour moi.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Je connais le film que tu as vu hier Ce pays lointain aussi. Je dois l'avoir vu alors que j'étais étudiante.
Ma technique pour ne pas rester dans le fond est un peu similaire à la tienne. Je me laisse couler à pic. La différence est que je ne recours à rien du tout, juste à ma tête et à mon coeur. Je ne bois pas du tout d'alcool. Et je ne m'essayerais pas à d'autres substances vu mon caractère très addictif.
Alors, encore un petit message pour que cela aille plus qu'un peu mieux
Ma technique pour ne pas rester dans le fond est un peu similaire à la tienne. Je me laisse couler à pic. La différence est que je ne recours à rien du tout, juste à ma tête et à mon coeur. Je ne bois pas du tout d'alcool. Et je ne m'essayerais pas à d'autres substances vu mon caractère très addictif.
Alors, encore un petit message pour que cela aille plus qu'un peu mieux
Invité- Invité
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Récit touchant. En te laissant aller comme ça, tu n'avais pas peur de rester au fond? De ne plus arriver à remonter?
fleur_bleue- Messages : 3764
Date d'inscription : 18/09/2012
Age : 41
Localisation : Paris
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Je connais le film que tu as vu hier Ce pays lointain aussi.
Je me demandais Soleil si tu allais "tilter". Je suis content.
En te laissant aller comme ça, tu n'avais pas peur de rester au fond? De ne plus arriver à remonter?
Non parce que je remonte toujours. Je pense que j'ai acquis cette capacité dans l'amour que j'ai reçu dans mon enfance, dans le sentiment de toute puissance que cet amour m'a un temps donné, et le caractère littéralement intolérable que son souvenir donne à toute souffrance.
Je n'ai pas connu de grands traumatismes de la vie. Juste des relations toxiques qui détruisent méthodiquement l'estime qu'on a de soi. Elles ont failli me détruire mais j'ai survécu, vulnérable mais insubmersible. Je plonge pour un rien mais remonte très vite.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Je n'ai pas posté de chanson aujourd'hui (ici tout du moins). Voici mon humeur du jour, extraite de la BO de The Virgin Suicides.
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Je t' envoie des ondes ensoleillées.......
Merci pour tes partages alliant lucidité, sincérité, sensibilité mais aussi force...
Je trouve cette musique très mélancolique......
En général, je suis de nature optimiste - mais quand j' examine ma moitié de verre vide avec le spleen et la remise en question qui en découle - cela
s' accompagne de crise de larmes, de sommeil à rattraper, j' écris beaucoup mais pour moi......puis rature et déchire les feuilles une fois terminée - je partage mes états d' âmes avec mes proches - puiis, j' apprécie à nouveau
mon ''verre à moitié plein'' et essaie de modifier ou changer ce qui ne me convient plus.....
Belle embellie !
Merci pour tes partages alliant lucidité, sincérité, sensibilité mais aussi force...
Je trouve cette musique très mélancolique......
En général, je suis de nature optimiste - mais quand j' examine ma moitié de verre vide avec le spleen et la remise en question qui en découle - cela
s' accompagne de crise de larmes, de sommeil à rattraper, j' écris beaucoup mais pour moi......puis rature et déchire les feuilles une fois terminée - je partage mes états d' âmes avec mes proches - puiis, j' apprécie à nouveau
mon ''verre à moitié plein'' et essaie de modifier ou changer ce qui ne me convient plus.....
Belle embellie !
Aerienne- Messages : 1063
Date d'inscription : 11/03/2012
Age : 66
Localisation : GOLFE JUAN
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Doinel a écrit:
Je me demandais Soleil si tu allais "tilter". Je suis content.
J'ai plus que tilter...Ce film est lié à un souvenir précis. Je venais d'arriver à Paris pour mes études. Et par hasard, je suis tombée sur la programmation de ce film dans un cinéma indépendant, près des Champs Elysées. J'y suis allée. Ce fut un électrochoc.
J'ai entendu cette langue sans que mes oreilles soient heurtées par ces sons, ces tons alors que je ne comprenais aucun mot. Je me sentais dans un milieu familier et pourtant éloigné de moi. Cette langue a été la mienne et je l'ai rejetée loin de moi, le plus loin possible de moi.
Le plus gros choc a été de voir les visages de ces femmes. Je me suis vue dans ces visages. Mon visage est semblable à ceux des actrices. Jusqu'alors, j'avais un problème pour accepter ce visage. Ce film m'a mis sous les yeux tous ces visages de femmes, fort sembables au mien. J'avais envie de sortir du cinéma. J'y suis restée car l'histoire était belle, et que l'interprétation était forte. Cet artiste a souffert toute sa vie par son art et par sa passion des femmes car il les aimait dans la démesure. Je me disais, à l'époque, que j'aimerais pouvoir extérioriser ce qui est en moi avec cette violence, dans un domaine artistique...
Alors, oui, ce titre de film fait tilt. Il fait même boum. Ce film m'a permis de voir mon visage comme il est réellement.
Invité- Invité
Re: Je suis Alphonse Doinel, le fils d'Antoine
Il y a quelques années, je vivais avec ma femme et mes enfants.
Etais je heureux?
Oui.
Peut être.
Il y avait des problèmes entre nous, mais ils ne dataient pas d'hier. J'avais eu quelques tentations de partir, mais elles n'avaient jamais duré plus de quelques heures, deux jours tout au plus. Des coups de gueule sans suite. Après tout, elle m'aimait et je l'aimais. Nous nous aimions chacun à notre façon, pas la même. Nous avions chacun des attentes différentes et des choses à donner qui ne correspondaient pas vraiment aux attentes de l'autre. J'étais très tactile, à la recherche de tendresse partagée. Elle ne l'était pas. Elle ne voulait que des discussions ancrées dans le quotidien et sérieuses, je préférais parler de sujets sans lien avec notre vie et la légèreté. Alors nous coexistions pacifiquement la plupart du temps, avec de périodiques disputes et des moments de rapprochement. Le cinéma était une de nos passions communes. Mais je l'aimais et elle m'aimait. Jamais elle n'avait exprimé le désir de me quitter. Mais elle disait parfois que je serais mieux avec une autre, qu'elle ne pouvait me rendre heureux. Cela me mettait en rogne (je n'ai jamais supporté l'évocation d'une rupture) et si je la prenais au mot pendant une dispute, elle changeait totalement son discours, énumérant toutes les raisons que nous avions d'être ensemble et heureux. De bonnes raisons. Je ne l'avais jamais trompée et elle ne m'avait jamais trompé. Oui, après tout nous étions heureux, un bonheur banal, sans éclat. Parce que nous avions l'essentiel, l'amour partagé.
Et puis un jour il m'est arrivé une chose d'étrange.
Au réveil, j'avais une sensation bizarre. Elle a duré toute la journée, puis les jours d'après.
Je me sentais heureux mais d'un bonheur purement physique. Je sentais un amour m'englober, me donner chaud partout, faire battre mon coeur plus vite. Je me sentais si bien, presque euphorique. C'était nouveau. En fait, c'était nouveau parce que j'avais oublié que je pouvais ressentir une telle sensation, que c'était déjà arrivé des années auparavant. Avec une autre. On s'habitue tellement à tout qu'avec le temps on en oublie ce qu'on a vécu de différent.
Qu'y avait il de changé autour de moi? Avait elle changé quelque chose dans sa manière de m'aimer? Je ne voyais rien, alors au bout de quelques jours je lui est expliqué ce qui m'arrivait et je lui ai demandé. Non, rien n'avait changé. Elle m'aimait comme elle m'aimait avant. Ni plus, ni moins, ni différemment.
Etais je heureux?
Oui, formidablement heureux.
Cela a duré un certain temps, trois semaines peut être.
Et puis un jour, au réveil, plus rien. Plus de chaleur, plus de joie sans raison. C'était redevenu comme avant.
Et c'était atroce.
Etais je heureux?
Non, j'étais très malheureux.
Cette vie terne m'apparaissait maintenant dans toute son horreur. Je n'en voulais plus, pour rien au monde. Il fallait que je parte. Vivre seul? Ce serait au moins un enfer que je me ferais moi même. Je préférais cet enfer hypothétique à celui bien réel et sans relief que je vivais. Je finirais par en mourir si je restais dans ce coma perpétuel et indolore. Alors j'ai pris une décision irrévocable.
Quelques mois plus tard, mon grand amour de jeunesse réapparaissait dans ma vie. Pour un temps.
Elle m'expliqua que quelques mois auparavant elle était partie une semaine à Londres avec sa fille, un endroit où nous étions allés ensemble. Et que là, elle avait cru me voir partout, elle avait ressenti un manque terrible, une envie irrépressible de me retrouver. Cette envie ne l'avait pas quittée à son retour. Elle avait fait part de cette folle idée à ses amies qui l'avaient incité à la suivre. Elle avait alors entrepris de me rechercher sur Internet, sans succès. Puis elle avait laissé tomber, jusqu'au jour où, trainant sur un site où l'on peut retrouver ses anciens camarades d'école, elle avait tapé mon nom sans y croire. Ce site je l'avais visité une fois, un jour où au boulot je ne savais quoi faire.
Bien sur, le voyage à Londres coïncidait plus ou moins avec la survenue de mon étrange sensation. Impossible d'être précis.
Alors c'est tentant de trouver une explication surnaturelle à ce qui m'est arrivé. Des pensées amoureuses auraient traversé la manche et la France pour venir m'atteindre en Suisse. C'est tellement joli que j'aime y croire parfois.
Mais bon, mon côté scientifique me dit que c'est de la foutaise, et il a une hypothèse séduisante pour concurrencer l'autre: c'est mon cerveau de Z qui avait décidé de me bouger et avait trouvé cet ingénieux stratagème pour me sortir d'un piège dans lequel je m'étais enferré.
Le fait est que je n'ai jamais regretté ma décision.
Etais je heureux?
Oui.
Peut être.
Il y avait des problèmes entre nous, mais ils ne dataient pas d'hier. J'avais eu quelques tentations de partir, mais elles n'avaient jamais duré plus de quelques heures, deux jours tout au plus. Des coups de gueule sans suite. Après tout, elle m'aimait et je l'aimais. Nous nous aimions chacun à notre façon, pas la même. Nous avions chacun des attentes différentes et des choses à donner qui ne correspondaient pas vraiment aux attentes de l'autre. J'étais très tactile, à la recherche de tendresse partagée. Elle ne l'était pas. Elle ne voulait que des discussions ancrées dans le quotidien et sérieuses, je préférais parler de sujets sans lien avec notre vie et la légèreté. Alors nous coexistions pacifiquement la plupart du temps, avec de périodiques disputes et des moments de rapprochement. Le cinéma était une de nos passions communes. Mais je l'aimais et elle m'aimait. Jamais elle n'avait exprimé le désir de me quitter. Mais elle disait parfois que je serais mieux avec une autre, qu'elle ne pouvait me rendre heureux. Cela me mettait en rogne (je n'ai jamais supporté l'évocation d'une rupture) et si je la prenais au mot pendant une dispute, elle changeait totalement son discours, énumérant toutes les raisons que nous avions d'être ensemble et heureux. De bonnes raisons. Je ne l'avais jamais trompée et elle ne m'avait jamais trompé. Oui, après tout nous étions heureux, un bonheur banal, sans éclat. Parce que nous avions l'essentiel, l'amour partagé.
Et puis un jour il m'est arrivé une chose d'étrange.
Au réveil, j'avais une sensation bizarre. Elle a duré toute la journée, puis les jours d'après.
Je me sentais heureux mais d'un bonheur purement physique. Je sentais un amour m'englober, me donner chaud partout, faire battre mon coeur plus vite. Je me sentais si bien, presque euphorique. C'était nouveau. En fait, c'était nouveau parce que j'avais oublié que je pouvais ressentir une telle sensation, que c'était déjà arrivé des années auparavant. Avec une autre. On s'habitue tellement à tout qu'avec le temps on en oublie ce qu'on a vécu de différent.
Qu'y avait il de changé autour de moi? Avait elle changé quelque chose dans sa manière de m'aimer? Je ne voyais rien, alors au bout de quelques jours je lui est expliqué ce qui m'arrivait et je lui ai demandé. Non, rien n'avait changé. Elle m'aimait comme elle m'aimait avant. Ni plus, ni moins, ni différemment.
Etais je heureux?
Oui, formidablement heureux.
Cela a duré un certain temps, trois semaines peut être.
Et puis un jour, au réveil, plus rien. Plus de chaleur, plus de joie sans raison. C'était redevenu comme avant.
Et c'était atroce.
Etais je heureux?
Non, j'étais très malheureux.
Cette vie terne m'apparaissait maintenant dans toute son horreur. Je n'en voulais plus, pour rien au monde. Il fallait que je parte. Vivre seul? Ce serait au moins un enfer que je me ferais moi même. Je préférais cet enfer hypothétique à celui bien réel et sans relief que je vivais. Je finirais par en mourir si je restais dans ce coma perpétuel et indolore. Alors j'ai pris une décision irrévocable.
Quelques mois plus tard, mon grand amour de jeunesse réapparaissait dans ma vie. Pour un temps.
Elle m'expliqua que quelques mois auparavant elle était partie une semaine à Londres avec sa fille, un endroit où nous étions allés ensemble. Et que là, elle avait cru me voir partout, elle avait ressenti un manque terrible, une envie irrépressible de me retrouver. Cette envie ne l'avait pas quittée à son retour. Elle avait fait part de cette folle idée à ses amies qui l'avaient incité à la suivre. Elle avait alors entrepris de me rechercher sur Internet, sans succès. Puis elle avait laissé tomber, jusqu'au jour où, trainant sur un site où l'on peut retrouver ses anciens camarades d'école, elle avait tapé mon nom sans y croire. Ce site je l'avais visité une fois, un jour où au boulot je ne savais quoi faire.
Bien sur, le voyage à Londres coïncidait plus ou moins avec la survenue de mon étrange sensation. Impossible d'être précis.
Alors c'est tentant de trouver une explication surnaturelle à ce qui m'est arrivé. Des pensées amoureuses auraient traversé la manche et la France pour venir m'atteindre en Suisse. C'est tellement joli que j'aime y croire parfois.
Mais bon, mon côté scientifique me dit que c'est de la foutaise, et il a une hypothèse séduisante pour concurrencer l'autre: c'est mon cerveau de Z qui avait décidé de me bouger et avait trouvé cet ingénieux stratagème pour me sortir d'un piège dans lequel je m'étais enferré.
Le fait est que je n'ai jamais regretté ma décision.
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