«Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
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Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
J'ai été porté par cela...., autre génération - même recherche...
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Que vois-je dans le listing tout en bas de la page d'accueil ? Mais oui bien sûr, nous sommes le 12 février.
Ton anniversaire !
Je te souhaite une très belle journée
Ton anniversaire !
Je te souhaite une très belle journée
Invité- Invité
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Merci !
Je voudrais partager ici 2 section du Livre de l'intranquilité de Fernado Pessoa. J'en ai démarré la lecture depuis peu et je trouve un grand nombre de similitudes de sentiments, de sensations.
Je me dis que bien que mon fil délaissé n'attire pas les foules (l'a-t-il jamais attiré d'ailleurs...), je pense que ceux qui liront ces sections et d'autres selon ce que je découvrirais au fil des pages en tireront profit ou au moins des briques de résilience.
5
Je suis parvenu subitement, aujourd'hui, à une impression absurde et juste. Je me suis rendu compte, en un éclair, que je ne suis personne, absolument personne. Quand cet éclair a brillé, là où je croyais que se trouvait une ville, s'étendait une plaine déserte ; et la lumière sinistre qui m'a montré à moi-même ne m'a révélé nul ciel s'étendant au-dessus. On m'a volé le pouvoir d'être avant même que le monde fût. Si j'ai été contraint de me réincarner, ce fut sans moi-même, sans que je me sois, moi, réincarné.
Je suis les faubourgs d'une ville qui n'existe pas, le commentaire prolixe d'un livre que nul n'a jamais écrit. Je ne suis personne, personne. Je suis le personnage d'un roman qui reste à écrire, et je flotte, aérien, dispersé sans avoir été, parmi les rêves d'un être qui n'a pas su m'achever.
Je pense, je pense sans cesse ; mais ma pensée ne contient pas de raisonnements, mon émotion ne contient pas d'émotion. Je tombe sans fin, du fond de la trappe située tout là-haut, à travers l'espace infini, dans une chute qui ne suit aucune direction, infinie, multiple et vide. Mon âme est un maelström noir, vaste vertige tournoyant autour du vide, mouvement d'un océan infini, autour d'un trou dans du rien ; et dans toutes ces eaux, qui sont un tournoiement bien plus que de l'eau, nagent toutes les images de ce que j'ai vu et entendu dans le monde — défilent des maisons, des visages, des livres, des caisses, des lambeaux de musique et des syllabes éparses, dans un tourbillon sinistre et sans fin.
Et moi, ce qui est réellement moi, je suis le centre de tout cela, un centre qui n'existe pas, si ce n'est par une géométrie de l'abîme ; je suis ce rien autour duquel ce mouvement tournoie, sans autre but que de tournoyer, et sans exister par lui-même, sinon par la raison que tout cercle possède un centre. Moi, ce qui est réellement moi, je suis le puits sans parois, mais avec la viscosité des parois, le centre de tout avec du rien tout autour. [...1
Pouvoir savoir penser ! Pouvoir savoir sentir !
Ma mère est morte très tôt, et je ne l'ai pas même connue...
6
Je me suis créé écho et abime, en pensant. Je me suis multiplié, en m'approfondissant. L'épisode le plus minime — un changement né de la lumière, la chute enroulée d'une feuille, un pétale jauni qui se détache, une voix de l'autre côté du mur, ou les pas de la personne qui parle auprès d'une autre qui probablement l'écoute, le portail entrebâillé sur le vieux jardin, le patio ouvrant ses arcades parmi les maisons se pressant sous la lune — toutes ces choses, qui ne m'appartiennent pas, retiennent ma méditation sensible dans les liens de la résonance et de la nostalgie. Dans chacune de ces sensations je suis autre, je me renouvelle douloureusement dans chaque impression indéfinie.
Je vis d'impressions qui ne m'appartiennent pas, je me dilapide en renoncements, je suis autre dans la manière même dont je suis moi.
J'ai créé en moi diverses personnalités. Je crée ces personnalités sans arrêt. Chacun de mes rêves se trouve immanquablement, dès qu'il est rêvé, incarné par quelqu’un d'autre qui commence à le rêver, lui, et non plus moi.
Pour me créer, je me suis détruit ; je me suis tellement extériorisé au-dedans de moi-même, qu’à l’intérieur de moi-même je n’existe plus qu’extérieurement. Je suis la scène vivante où passent divers acteurs, jouant diverses pièces.
Fernando Pessoa – Le livre de l’intranquilité Section 5 et 6.
Je voudrais partager ici 2 section du Livre de l'intranquilité de Fernado Pessoa. J'en ai démarré la lecture depuis peu et je trouve un grand nombre de similitudes de sentiments, de sensations.
Je me dis que bien que mon fil délaissé n'attire pas les foules (l'a-t-il jamais attiré d'ailleurs...), je pense que ceux qui liront ces sections et d'autres selon ce que je découvrirais au fil des pages en tireront profit ou au moins des briques de résilience.
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Je suis parvenu subitement, aujourd'hui, à une impression absurde et juste. Je me suis rendu compte, en un éclair, que je ne suis personne, absolument personne. Quand cet éclair a brillé, là où je croyais que se trouvait une ville, s'étendait une plaine déserte ; et la lumière sinistre qui m'a montré à moi-même ne m'a révélé nul ciel s'étendant au-dessus. On m'a volé le pouvoir d'être avant même que le monde fût. Si j'ai été contraint de me réincarner, ce fut sans moi-même, sans que je me sois, moi, réincarné.
Je suis les faubourgs d'une ville qui n'existe pas, le commentaire prolixe d'un livre que nul n'a jamais écrit. Je ne suis personne, personne. Je suis le personnage d'un roman qui reste à écrire, et je flotte, aérien, dispersé sans avoir été, parmi les rêves d'un être qui n'a pas su m'achever.
Je pense, je pense sans cesse ; mais ma pensée ne contient pas de raisonnements, mon émotion ne contient pas d'émotion. Je tombe sans fin, du fond de la trappe située tout là-haut, à travers l'espace infini, dans une chute qui ne suit aucune direction, infinie, multiple et vide. Mon âme est un maelström noir, vaste vertige tournoyant autour du vide, mouvement d'un océan infini, autour d'un trou dans du rien ; et dans toutes ces eaux, qui sont un tournoiement bien plus que de l'eau, nagent toutes les images de ce que j'ai vu et entendu dans le monde — défilent des maisons, des visages, des livres, des caisses, des lambeaux de musique et des syllabes éparses, dans un tourbillon sinistre et sans fin.
Et moi, ce qui est réellement moi, je suis le centre de tout cela, un centre qui n'existe pas, si ce n'est par une géométrie de l'abîme ; je suis ce rien autour duquel ce mouvement tournoie, sans autre but que de tournoyer, et sans exister par lui-même, sinon par la raison que tout cercle possède un centre. Moi, ce qui est réellement moi, je suis le puits sans parois, mais avec la viscosité des parois, le centre de tout avec du rien tout autour. [...1
Pouvoir savoir penser ! Pouvoir savoir sentir !
Ma mère est morte très tôt, et je ne l'ai pas même connue...
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Je me suis créé écho et abime, en pensant. Je me suis multiplié, en m'approfondissant. L'épisode le plus minime — un changement né de la lumière, la chute enroulée d'une feuille, un pétale jauni qui se détache, une voix de l'autre côté du mur, ou les pas de la personne qui parle auprès d'une autre qui probablement l'écoute, le portail entrebâillé sur le vieux jardin, le patio ouvrant ses arcades parmi les maisons se pressant sous la lune — toutes ces choses, qui ne m'appartiennent pas, retiennent ma méditation sensible dans les liens de la résonance et de la nostalgie. Dans chacune de ces sensations je suis autre, je me renouvelle douloureusement dans chaque impression indéfinie.
Je vis d'impressions qui ne m'appartiennent pas, je me dilapide en renoncements, je suis autre dans la manière même dont je suis moi.
J'ai créé en moi diverses personnalités. Je crée ces personnalités sans arrêt. Chacun de mes rêves se trouve immanquablement, dès qu'il est rêvé, incarné par quelqu’un d'autre qui commence à le rêver, lui, et non plus moi.
Pour me créer, je me suis détruit ; je me suis tellement extériorisé au-dedans de moi-même, qu’à l’intérieur de moi-même je n’existe plus qu’extérieurement. Je suis la scène vivante où passent divers acteurs, jouant diverses pièces.
Fernando Pessoa – Le livre de l’intranquilité Section 5 et 6.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Je voulais aussi partager une expérience récente.
Le contexte : une enfance malmenée, détruite, abandonnée, abusée, battue, .... une histoire manipulée (on appelle cela des fake-news ùmaintenant), bref, là n'est plus la question.
La rencontre : une ostéopathe, méthode Poyet : ostéo du squelette certes mais aussi action sur les flux d'énergies entre les divers organes. Effets sidérant, mécanique et organique, avec une rétro-action sur le psychisme.
La question : lors de ma dernière visite pour de la mécanique, je lui demande si elle avait dans son arsenal, des leviers pour l'hyperphagie et les excès comme mode de relation à la vie.
La réponse : Oui, mais cela peut être un peu rude.
La visite : complètement magique au sens premier du terme. Des petits papiers, posé sur le corps, des mots, écrit dessus. Et elle questionne : que s'est-il passé entre 1 et 2 ans, à 8 ans et entre 13 et 14 ans ?
Pas d'étalage mais c'étaient des moments abyssaux de destruction et d'assujetissements. Elle n'avait aucune raison de poser ces dates. S'en est suivi de ma part de bribes de témoignages de cette époque de ma vie.
La prise de congés : rendez-vous dans 1 mois. D'ici là vous ferez de nombreuses connexions entre des souvenirs et des faits. C'est normal, c'est voulu, c'est thérapeutique.
Résultat : je gamberge un max...
Il parait que cela s'appelle aussi de l'éthiopathie ou de la kinésiologie.... en gros.
J'espère que cela sera profitable.
Le contexte : une enfance malmenée, détruite, abandonnée, abusée, battue, .... une histoire manipulée (on appelle cela des fake-news ùmaintenant), bref, là n'est plus la question.
La rencontre : une ostéopathe, méthode Poyet : ostéo du squelette certes mais aussi action sur les flux d'énergies entre les divers organes. Effets sidérant, mécanique et organique, avec une rétro-action sur le psychisme.
La question : lors de ma dernière visite pour de la mécanique, je lui demande si elle avait dans son arsenal, des leviers pour l'hyperphagie et les excès comme mode de relation à la vie.
La réponse : Oui, mais cela peut être un peu rude.
La visite : complètement magique au sens premier du terme. Des petits papiers, posé sur le corps, des mots, écrit dessus. Et elle questionne : que s'est-il passé entre 1 et 2 ans, à 8 ans et entre 13 et 14 ans ?
Pas d'étalage mais c'étaient des moments abyssaux de destruction et d'assujetissements. Elle n'avait aucune raison de poser ces dates. S'en est suivi de ma part de bribes de témoignages de cette époque de ma vie.
La prise de congés : rendez-vous dans 1 mois. D'ici là vous ferez de nombreuses connexions entre des souvenirs et des faits. C'est normal, c'est voulu, c'est thérapeutique.
Résultat : je gamberge un max...
Il parait que cela s'appelle aussi de l'éthiopathie ou de la kinésiologie.... en gros.
J'espère que cela sera profitable.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
La quantité importe peu tant que tu es lu par des gens de qualitéJe me dis que bien que mon fil délaissé n'attire pas les foules (l'a-t-il jamais attiré d'ailleurs...)
Je lirai ce texte ce soir, je serai plus tranquille.
C'est effectivement très surprenant comme méthode.
Est-ce que le fait de gamberger ainsi peut t'aider à moins manger et aller mieux globalement ?
N'avais-tu pas deja entrepris ce genre de feed-back sur ton enfance un temps?
En tout cas, ton retour d'experience sera tres interessant.
Invité- Invité
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Dernière édition par Ours de la MAZ le Ven 14 Fév 2020 - 13:21, édité 1 fois
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
merci Ours
C'est parce que je te connais bien
C'est parce que je te connais bien
Invité- Invité
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Bon anniversaire !
Ne faut-il pas oublier pour aller de l'avant ?
Perdre la mémoire c'est terrible à priori mais en fait c'est extrêmement libérateur.
Je ne sais pas si tu as déjà jeté un coup d'œil sur le site leshypersensibles.ch et leurs deux tests. Se placer dans une catégorie n'a pas forcément grand chose d'intéressant, c'est plus le regard extérieur que cela apporte qui m'intéresse. Je veux dire également que cela n'éclaire évidemment qu'une partie de soi. Pour ma part cette partie m'était inconnue.
Surtout pour nous qui ne survivons qu'en cherchant à être excellents, brillants, perdre la mémoire c'est atroce. Pourtant il me semble que c'est plutôt un désintérêt voulu pour ces évènements afin de pouvoir porter plus d'attention à d'autres, comme les trois chatons qu'il y a chez moi et qui ont eu six mois hier soir. Ils sont nés le 12 aout tard le soir. Ils sont extrèmement concrets et apprécient ma présence. C'est mieux que tout ce virtuel sur nos écrans.
J'ai le sentiment qu'il y a un côté concret de la vie à retrouver. Nos métiers, notre société nous en éloignent de ce concret. Trop de réflexions, trop de futur ou de passé nous en éloignent également. Je rapproche cela d'une certaine forme de travail manuel, d'une présence à ce que l'on fait et ce que l'on est.
Ne faut-il pas oublier pour aller de l'avant ?
Perdre la mémoire c'est terrible à priori mais en fait c'est extrêmement libérateur.
Je ne sais pas si tu as déjà jeté un coup d'œil sur le site leshypersensibles.ch et leurs deux tests. Se placer dans une catégorie n'a pas forcément grand chose d'intéressant, c'est plus le regard extérieur que cela apporte qui m'intéresse. Je veux dire également que cela n'éclaire évidemment qu'une partie de soi. Pour ma part cette partie m'était inconnue.
Surtout pour nous qui ne survivons qu'en cherchant à être excellents, brillants, perdre la mémoire c'est atroce. Pourtant il me semble que c'est plutôt un désintérêt voulu pour ces évènements afin de pouvoir porter plus d'attention à d'autres, comme les trois chatons qu'il y a chez moi et qui ont eu six mois hier soir. Ils sont nés le 12 aout tard le soir. Ils sont extrèmement concrets et apprécient ma présence. C'est mieux que tout ce virtuel sur nos écrans.
J'ai le sentiment qu'il y a un côté concret de la vie à retrouver. Nos métiers, notre société nous en éloignent de ce concret. Trop de réflexions, trop de futur ou de passé nous en éloignent également. Je rapproche cela d'une certaine forme de travail manuel, d'une présence à ce que l'on fait et ce que l'on est.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
siamois93 a écrit:Bon anniversaire !
.../...
J'ai le sentiment qu'il y a un côté concret de la vie à retrouver. Nos métiers, notre société nous en éloignent de ce concret. Trop de réflexions, trop de futur ou de passé nous en éloignent également. Je rapproche cela d'une certaine forme de travail manuel, d'une présence à ce que l'on fait et ce que l'on est.
Merci pour l'anniversaire.
Quant au retour au réel et au concret : tu as certainement raison. Seul le concret nous oblige à la verticalité. Chacun, nous avons nécessairement ces temps concrets : réclamés par les enfants, par les animaux dont nous avons accepté la dépendance, par nos fleurs, par ceux qui passent et sollicitent notre bienveillance.
Mais il ne peut y avoir de construction sans fondation. Et quand nous comprenons que notre vie n'a été qu'une suite de vérités alternatives pour se conformer à un modèle, que nous nous sommes transformés en bigots de nous même pour avoir la foi en ce que nous croyons devoir être, quand par notre faiblesse ou notre soumission consciente nous avons donné la clef de notre intime à quelqu'un qui n'était peut-être même pas demandeur ? Doit-on oublier ? Ne devons nous pas, par l'honneur de notre verticalité, tenter de reconstruire une histoire de vie, une trame, non pas pour geindre mais pour faire tenir vaille que vaille en cohérence tous les morceaux de notre histoire, de nous même en fait ?
Je pensais avoir atteint un rivage paisible.
Mais il n'en n'est rien.
Alors, il me faut continuer.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Tu sais, je ne veux pas ou plus avoir raison.
Je veux juste être un homme heureux.
Je veux juste être un homme heureux.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Parisette a écrit:.../...
Est-ce que le fait de gamberger ainsi peut t'aider à moins manger et aller mieux globalement ?
N'avais-tu pas déjà entrepris ce genre de feed-back sur ton enfance un temps?
.../...
J'avais effectivement fait ce travail.
Aux questions logiques, j'avais posé des réponses intellectuellement acceptables.
Mais j'ai bien compris, au vu de la stagnation qu'il se passait quelque chose et que les crises d'hyperphagie et d'alcoolisation devenaient plus intenses et plus fréquentes.
J'ai fait le pari de dire que l'assise de la déviance alimentaire était en lien avec la relation au corps. J'ai eu l'intuition que cette personne à laquelle je suis extrêmement réactif pouvait peut être faire bouger les équilibres. Après tout, ses manipulations énergétiques ont libéré certaines mobilités mais aussi identifié des blocages relationnels fort : le père, l'angoisse d'avenir, ...
Donc par analogie, si j'ai ancré dans le corps des comportements de protection par le volume, de rebelion par l'inesthétique mais aussi de punition d'un corps vécu comme souillé et souillant et qui doit en porter les marques et les attributs... alors, en bougeant les équilibres malsains du corps, en incitant à la conscience de celui-ci, peut-être y a t il une issue.
Ce qui est très étonnant, une semaine après, c'est que les pièces d'un puzzle dont j'ai en partie oublié les pièces s'assemblent peu à peu et en autonomie avec la sensation physque de la cosntruction d'ilot de stabilité. Cela suffira-t-il à atteindre une paix ?
Je ne sais pas. Mais je ne peux pas me laisser aller à la tentation du néant plusieurs fois par an. Je n'ai pas à transmettre ces parts que j'ai reçues.
Dernière édition par Ours de la MAZ le Jeu 13 Fév 2020 - 18:46, édité 1 fois
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Shalom à toi. Il y a plein de résonnances dans ce shalom. Il faut le prononcer un peu comme les mantras tibétains.
C'est peut-être plus ce shalom que tu recherches.
C'est marrant car j'ai écrit ce message suite à celui d'avant.
C'est peut-être plus ce shalom que tu recherches.
C'est marrant car j'ai écrit ce message suite à celui d'avant.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Magnifiques ces deux extraits de F. Pessoa. Je t'ai entendu les susurrer en le les lisant
Par contre, il faut un objectif. Sinon à quoi bon faire tout ca.
T'as un objectif Ours ?
Ca parait bancal, ca manque de repères, enfin surtout de repères positifs. C'est notre différence, notre richesse. Il faut se construire là dessus. C'est possible, si si !Mais il ne peut y avoir de construction sans fondation
Par contre, il faut un objectif. Sinon à quoi bon faire tout ca.
T'as un objectif Ours ?
Invité- Invité
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Un objectif ?
Pas qu'un.
Mais c'est exprimable ainsi : "aller en paix" et en état physique acceptable, m'installer pour ma retraite (4 ans) au bord de la mer du Nord, profiter d'un pays où je me sens en paix et en simplicité, et partager le temps à la lecture, à un travail philosophique/intellectuel, à poursuivre "mon œuvre photographique" (à savoir saisir des mouvements, des harmonies et des vibrations sans artifice esthétique-à l'instinct et au coeur), à écrire pour mes filles ce que je sais de l'histoire de mes origines familiales, à pratiquer une activité en rapport avec la mer, probablement le longe-côte, à tenir une place disponible si une femme passe et s'installe un moment ou plus dans ma vie.
Vu comme cela, j'en dénombre donc 9.
Pas qu'un.
Mais c'est exprimable ainsi : "aller en paix" et en état physique acceptable, m'installer pour ma retraite (4 ans) au bord de la mer du Nord, profiter d'un pays où je me sens en paix et en simplicité, et partager le temps à la lecture, à un travail philosophique/intellectuel, à poursuivre "mon œuvre photographique" (à savoir saisir des mouvements, des harmonies et des vibrations sans artifice esthétique-à l'instinct et au coeur), à écrire pour mes filles ce que je sais de l'histoire de mes origines familiales, à pratiquer une activité en rapport avec la mer, probablement le longe-côte, à tenir une place disponible si une femme passe et s'installe un moment ou plus dans ma vie.
Vu comme cela, j'en dénombre donc 9.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
D'habitude les retraités partent dans le sud. Faut vraiment s'appeler Ours de MAZ pour préfèrer le nord (pas taper )
Invité- Invité
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Ce matin je me suis levé avec le sentiment d'être content. Non pas heureux mais content. De là, de ce distingo je me suis dis qu'on ne peut certainement pas être heureux dans nos vies vu le bordel dans le monde autour de nous mais content de ce que l'on a traversé, ou dans un état de contentement plus lié à notre environnement proche, peut-être. Je ne dis pas de s'y limiter, de s'en contenter.
Honnêtement, j'avais deux minettes qui sont venues se poser sur le lit avec moi. Chacune différente de l'autre dans le tempérament et le toucher alors que ce sont deux sœurs pourtant adorables toutes les deux.
Je me demande si le bonheur ce n'est pas une carotte que l'on tend devant nous pour nous faire aller en avant, alors que là on est peut-être pas si mal.
Honnêtement, j'avais deux minettes qui sont venues se poser sur le lit avec moi. Chacune différente de l'autre dans le tempérament et le toucher alors que ce sont deux sœurs pourtant adorables toutes les deux.
Je me demande si le bonheur ce n'est pas une carotte que l'on tend devant nous pour nous faire aller en avant, alors que là on est peut-être pas si mal.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Un passage par ici... des bises déposées là... des petits cailloux qui continuent à voir des couchers de soleil à couper le souffle... pensées tendres pour toi
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Dernière édition par Ours de la MAZ le Ven 21 Fév 2020 - 20:08, édité 2 fois
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Parisette a écrit:Petite blague du soir (pour voir un sourire sur vos minois)
Republié ce soir sur FB le Youtube de Blanche Gardin que tu déposas hier soir.
Pour le moment pas de retour. J'en connais qui l'on vu mais qui n'osent pas.... en cas que le "castor"... ne se vexe !
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Tres belle photo Ours.
Par contre, la peinture sur ton post précèdent ne me fait pas le même effet qu'à toi. J'y vois deux animaux qui se battent.
Qu'y vois-tu qui t'inspire l'humanité ?
Par contre, la peinture sur ton post précèdent ne me fait pas le même effet qu'à toi. J'y vois deux animaux qui se battent.
Qu'y vois-tu qui t'inspire l'humanité ?
Invité- Invité
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Je ne sais pas.
Un mouvement, de larges pleins et d'élégants déliés. Des points, finaux, impasses.
Un tourbillon, sans début ni fin dans la forme mais aussi dans le fond, le sens. Tout est important rien n'est important, à nous de le décider. Des éclaboussures, comme des colères, mais des colères en impasses.
Et puis un jaillissement qui traverse la toile, comme issu d'un chibre spasmodique ; un nouveau né en bas à gauche.
Peut-être est-ce une copulation, seul objectif au fond qui vaille la peine, dont la conséquence, l'effet collatéral serait l'enfant.
Il faudrait alors dire que nos pulsions ont un dessein et donc imaginer une métaphysique, un Dieu.
N'y a t il pas là toute l'humanité ?
Un mouvement, de larges pleins et d'élégants déliés. Des points, finaux, impasses.
Un tourbillon, sans début ni fin dans la forme mais aussi dans le fond, le sens. Tout est important rien n'est important, à nous de le décider. Des éclaboussures, comme des colères, mais des colères en impasses.
Et puis un jaillissement qui traverse la toile, comme issu d'un chibre spasmodique ; un nouveau né en bas à gauche.
Peut-être est-ce une copulation, seul objectif au fond qui vaille la peine, dont la conséquence, l'effet collatéral serait l'enfant.
Il faudrait alors dire que nos pulsions ont un dessein et donc imaginer une métaphysique, un Dieu.
N'y a t il pas là toute l'humanité ?
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Mmmmm, le jaillissement d'un chibre spasmodique ne me parait pas compatible avec la naissance d'un enfant.
En tout cas, ce dessin vaut test de Rorschach et ton analyse est intéressante
Invité- Invité
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Je ne sais pas si c'est là qu'il convient que je le publie ou sur mon fil Zeetic. Peut importe au final.
Copie d'un publication que j'ai faite sur FB :
Transmis par une collègue de travail. Surpris par la sensualité, la force, la finesse, les .... suffocations qu'elle inspire. L'incompréhension sincère mais virile du personnage masculin ; les autres restés sur scène qui regardent le personnage féminin convulsant de ses sentiments contradictoires qui tantôt la libère, tantôt la sangle dans l'étroite prison de son corps. Questionné aussi par le texte récité affirmant une résistance en même temps qu'une empathie. Peut-être que la clef se trouve dans "protège-moi quand je perds pied et que tout me parait si difficile, .... et surtout crois-moi..." "... si tu me crois, si tu m'aime ainsi..." : la confiance.
Confiance, la chose que la vie vous apprend définitivement à retenir.
L'illustration est féminine, mais je crois qu'il ne s'agit que d'un à priori culturel. Si les genres étaient inversés, comment percevriez vous ces mots et ces images ? Peut-être y a t il là en creux, le corollaire inattendu de cette belle vidéo.
Encore un mot : hyper ou hypo sensibilité n'ont rien à vois avec faiblesse ou force de caractère, avec soumission ou domination, avec... Ce n'est qu'un manière de sentir le monde.
Copie d'un publication que j'ai faite sur FB :
Transmis par une collègue de travail. Surpris par la sensualité, la force, la finesse, les .... suffocations qu'elle inspire. L'incompréhension sincère mais virile du personnage masculin ; les autres restés sur scène qui regardent le personnage féminin convulsant de ses sentiments contradictoires qui tantôt la libère, tantôt la sangle dans l'étroite prison de son corps. Questionné aussi par le texte récité affirmant une résistance en même temps qu'une empathie. Peut-être que la clef se trouve dans "protège-moi quand je perds pied et que tout me parait si difficile, .... et surtout crois-moi..." "... si tu me crois, si tu m'aime ainsi..." : la confiance.
Confiance, la chose que la vie vous apprend définitivement à retenir.
L'illustration est féminine, mais je crois qu'il ne s'agit que d'un à priori culturel. Si les genres étaient inversés, comment percevriez vous ces mots et ces images ? Peut-être y a t il là en creux, le corollaire inattendu de cette belle vidéo.
Encore un mot : hyper ou hypo sensibilité n'ont rien à vois avec faiblesse ou force de caractère, avec soumission ou domination, avec... Ce n'est qu'un manière de sentir le monde.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Un message tous les 3 mois.... Quelle prolixité !
En fait, je me répands sur Facebook. C'est ma fenêtre de mixité Z'arbis et non Z'arbis. Cela m'évite d'être trop bizarre. Le seul problème c'est l'impudeur, l'exposition, mais n'ayant plus d'ambition sociale, plus rien n'est grave. Mais que veut dire l'absence d'ambition sociale ? Une sorte de multidémission ? Cela fait un peu peur à y réfléchir.
Je suis repassé ici à la suite d'une alerte sur le fil "[Films, vidéos, postcasts] sur l'autisme et syndrome Asperger". Pourquoi celle-ci a-t-elle fonctionné alors que les autres sont en sommeil, peu importe. Je suis les signes.
Je vais poster ici 2 des publications récentes qui me semblent porter un éclaircissement sur la/notre relation à soi et sur la/notre relation au monde.
Vous pourrez trouver cela très orgueilleux, infatué. Peu importe, je n'ai plus besoin du jugement d'autrui. Ce que je sais c'est qu'il y a une parcelle de vérité et que cela servira peut-être à quelqu'un.
Bonne lecture (si vous en avez envie) !
Ah si, je suis en vacances, après un surmenage, une ébulition mentale, une déstabilisation des paramètres biologiques ; merci le Covid et le confinement et le chômage partiel - certains au front ont fait marcher les entreprises, certains se sont grillé, j'en fus, poil au nez.
En fait, je me répands sur Facebook. C'est ma fenêtre de mixité Z'arbis et non Z'arbis. Cela m'évite d'être trop bizarre. Le seul problème c'est l'impudeur, l'exposition, mais n'ayant plus d'ambition sociale, plus rien n'est grave. Mais que veut dire l'absence d'ambition sociale ? Une sorte de multidémission ? Cela fait un peu peur à y réfléchir.
Je suis repassé ici à la suite d'une alerte sur le fil "[Films, vidéos, postcasts] sur l'autisme et syndrome Asperger". Pourquoi celle-ci a-t-elle fonctionné alors que les autres sont en sommeil, peu importe. Je suis les signes.
Je vais poster ici 2 des publications récentes qui me semblent porter un éclaircissement sur la/notre relation à soi et sur la/notre relation au monde.
Vous pourrez trouver cela très orgueilleux, infatué. Peu importe, je n'ai plus besoin du jugement d'autrui. Ce que je sais c'est qu'il y a une parcelle de vérité et que cela servira peut-être à quelqu'un.
Bonne lecture (si vous en avez envie) !
Ah si, je suis en vacances, après un surmenage, une ébulition mentale, une déstabilisation des paramètres biologiques ; merci le Covid et le confinement et le chômage partiel - certains au front ont fait marcher les entreprises, certains se sont grillé, j'en fus, poil au nez.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Impudeur : Via le site "Les temps sont durs pour les rêveurs".
J'aurais aimé qu'il soit de ma plume, mais n'est pas poète qui veut.
Je l'aurais titré : "Autoportrait"
C'est quelqu'un qui court
Devant, derrière, toujours, toujours
C'est quelqu'un qui court
Après le temps, après l'amour
Et quelqu'un qui l'attend
Très loin derrière ou loin devant
Du coucher du soleil jusqu'au lever du jour
C'est quelqu'un qui court
Après l'amour, la mort, la vie
Qui court dans la nuit
C'est quelqu'un qui court
Pour attraper ou retenir
Quelqu'un qui le fuit
Qui a pris trop d'avance sur lui
C'est quelqu'un qui court
Après son imagination
Ses envies, ses pulsions, ses lubies
C'est quelqu'un qui court
D'un pas léger ou d'un pas lourd
Quelqu'un qui fait le tour
De tous les chemins à rebours
C'est quelqu'un qui court
Au bord du malaise et du gouffre
Se précipite et se camoufle
Quand il veut reprendre son souffle
C'est quelqu'un qui court
Après le cours de son destin
Quelqu'un que l'amour
A abandonné en chemin
Et qui se lance éperdument
Les yeux rivés sur le cadran
Dans une fuite en avant
Pour arriver dans les temps
C'est quelqu'un qui court
A son salut ou à sa perte
Le pouls rapide et sourd
Qui fend l'air entre deux alertes
C'est quelqu'un qui écume
Le long dédale des nuits sans lune
À débusquer l'infortune
Comme un chat noir sur le bitume
C'est quelqu'un qui court
Pour échapper à ses angoisses
Quelqu'un qu'on pourchasse
Qu'on veut coincer au fond d'une impasse
Quelqu'un qui se dépasse
Qui veut sortir de la nasse
C'est quelqu'un qui court
Avant, pendant, après l'amour
Qui détale comme un dératé
Quelqu'un au regard exalté
C'est quelqu'un qui court
Le corps tout prêt à exploser
Haletant, suffocant
Il court au chevet d'un mourant
C'est quelqu'un qui court
Devant sa peur, après son ombre
Quelqu'un qui se sent lourd
Écrasé par le poids du nombre
C'est quelqu'un qui court
Poursuivi par les idées sombres
Il est stressé, il est pressé
Il est traqué, il est cerné
C'est quelqu'un qui tombe...
Qui roule à terre et se relève
Mais encore quelqu'un court
Et court, et court, et court
Entre les murs et les passants
Quelqu'un qui va le cœur battant
C'est quelqu'un qui court
En attendant le bon tournant
Pour se jeter vibrant
Dans les bras de l'amour
C'est quelqu'un qui court
Qui pourrait bien semer sa peur
C'est quelqu'un qui court
En voulant rattraper l'âme sœur
C'est quelqu'un qui croit...
Qui croit
Qui croit
Qu'il trouvera
Mais court si vite qu'il n'entend pas
La voix qui lui crie:"attends-moi !"
Jacques Higelin, Flâner entre les intervalles
J'aurais aimé qu'il soit de ma plume, mais n'est pas poète qui veut.
Je l'aurais titré : "Autoportrait"
C'est quelqu'un qui court
Devant, derrière, toujours, toujours
C'est quelqu'un qui court
Après le temps, après l'amour
Et quelqu'un qui l'attend
Très loin derrière ou loin devant
Du coucher du soleil jusqu'au lever du jour
C'est quelqu'un qui court
Après l'amour, la mort, la vie
Qui court dans la nuit
C'est quelqu'un qui court
Pour attraper ou retenir
Quelqu'un qui le fuit
Qui a pris trop d'avance sur lui
C'est quelqu'un qui court
Après son imagination
Ses envies, ses pulsions, ses lubies
C'est quelqu'un qui court
D'un pas léger ou d'un pas lourd
Quelqu'un qui fait le tour
De tous les chemins à rebours
C'est quelqu'un qui court
Au bord du malaise et du gouffre
Se précipite et se camoufle
Quand il veut reprendre son souffle
C'est quelqu'un qui court
Après le cours de son destin
Quelqu'un que l'amour
A abandonné en chemin
Et qui se lance éperdument
Les yeux rivés sur le cadran
Dans une fuite en avant
Pour arriver dans les temps
C'est quelqu'un qui court
A son salut ou à sa perte
Le pouls rapide et sourd
Qui fend l'air entre deux alertes
C'est quelqu'un qui écume
Le long dédale des nuits sans lune
À débusquer l'infortune
Comme un chat noir sur le bitume
C'est quelqu'un qui court
Pour échapper à ses angoisses
Quelqu'un qu'on pourchasse
Qu'on veut coincer au fond d'une impasse
Quelqu'un qui se dépasse
Qui veut sortir de la nasse
C'est quelqu'un qui court
Avant, pendant, après l'amour
Qui détale comme un dératé
Quelqu'un au regard exalté
C'est quelqu'un qui court
Le corps tout prêt à exploser
Haletant, suffocant
Il court au chevet d'un mourant
C'est quelqu'un qui court
Devant sa peur, après son ombre
Quelqu'un qui se sent lourd
Écrasé par le poids du nombre
C'est quelqu'un qui court
Poursuivi par les idées sombres
Il est stressé, il est pressé
Il est traqué, il est cerné
C'est quelqu'un qui tombe...
Qui roule à terre et se relève
Mais encore quelqu'un court
Et court, et court, et court
Entre les murs et les passants
Quelqu'un qui va le cœur battant
C'est quelqu'un qui court
En attendant le bon tournant
Pour se jeter vibrant
Dans les bras de l'amour
C'est quelqu'un qui court
Qui pourrait bien semer sa peur
C'est quelqu'un qui court
En voulant rattraper l'âme sœur
C'est quelqu'un qui croit...
Qui croit
Qui croit
Qu'il trouvera
Mais court si vite qu'il n'entend pas
La voix qui lui crie:"attends-moi !"
Jacques Higelin, Flâner entre les intervalles
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Et planté là, au bout d'un territoire, je ne peux plus courir.
C'est peut être là mon terminus et c'est peut-être pour cela que c'est mon 7ème séjour estival ici.
Pour quelle raison ?
Je ne sais pas.
C'est peut être là mon terminus et c'est peut-être pour cela que c'est mon 7ème séjour estival ici.
Pour quelle raison ?
Je ne sais pas.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Quantique, vous avez dit quantique ?
Un petit extrait d’un texte écrit en 1985.
On peut y lire une version quantique de notre relation au monde. Si l’on songe à la capacité d’adaptation de l’homme et de sa conscience, à sa relative capacité à garder une cohérence mentale, à faire recycler par son inconscient toutes les situations y compris cataclysmiques, il est difficile de ne pas être interpelé par cet extrait.
Et si l’on résiste encore, alors comment lire l’absurde, l’inattendu, la sérendipité, comment admettre notre inclinaison aux symboles, notre sensibilité aux signes, notre capacité à conforter notre histoire et notre vie selon les synchronicités que nous croyons découvrir à tout propos, si ce n’est en postulant une relation permanente entre le monde et notre regard sur celui-ci, entre l’observateur et la chose observée.
Quantique, vous avez dit quantique ?
La fin des temps - Haruki Murakami :
- … C’est pourquoi, votre cerveau pris par surprise a commencé un travail d’ajustement.
- Alors cette production de souvenirs va continuer et même s’intensifier ?
- C’est cela. Pour l’exprimer simplement, c’est quelque chose comme une impression de déjà-vu. Le principe est à peu près le même. Cela va sans doute continuer quelques temps. Ensuite rapidement votre esprit va se tourner vers la reconstitution d’un monde basé sur ces nouveaux souvenirs.
- La reconstitution ?
- Oui. En ce moment même, vous êtes train de vous préparer à cette transposition dans un autre monde. C’est pourquoi le monde même que vous regardez en ce moment change peu à peu pour s’adapter à ce monde nouveau. La connaissance du monde, c’est cela. Le monde change selon la connaissance que nous en avons. Le monde existe réellement ici et de cette façon, il n’y a aucun doute. Cependant si on voit les choses au niveau phénoménal, ce monde n’est pas autre chose qu’une possibilité parmi une infinité d’autres. Pour être plus précis, le monde que vous percevez change selon que vous choisissez de faire un pas à gauche ou à droite. Il n’y a rien d’étrange à ce que le monde change en même temps que les souvenirs.
Un petit extrait d’un texte écrit en 1985.
On peut y lire une version quantique de notre relation au monde. Si l’on songe à la capacité d’adaptation de l’homme et de sa conscience, à sa relative capacité à garder une cohérence mentale, à faire recycler par son inconscient toutes les situations y compris cataclysmiques, il est difficile de ne pas être interpelé par cet extrait.
Et si l’on résiste encore, alors comment lire l’absurde, l’inattendu, la sérendipité, comment admettre notre inclinaison aux symboles, notre sensibilité aux signes, notre capacité à conforter notre histoire et notre vie selon les synchronicités que nous croyons découvrir à tout propos, si ce n’est en postulant une relation permanente entre le monde et notre regard sur celui-ci, entre l’observateur et la chose observée.
Quantique, vous avez dit quantique ?
La fin des temps - Haruki Murakami :
- … C’est pourquoi, votre cerveau pris par surprise a commencé un travail d’ajustement.
- Alors cette production de souvenirs va continuer et même s’intensifier ?
- C’est cela. Pour l’exprimer simplement, c’est quelque chose comme une impression de déjà-vu. Le principe est à peu près le même. Cela va sans doute continuer quelques temps. Ensuite rapidement votre esprit va se tourner vers la reconstitution d’un monde basé sur ces nouveaux souvenirs.
- La reconstitution ?
- Oui. En ce moment même, vous êtes train de vous préparer à cette transposition dans un autre monde. C’est pourquoi le monde même que vous regardez en ce moment change peu à peu pour s’adapter à ce monde nouveau. La connaissance du monde, c’est cela. Le monde change selon la connaissance que nous en avons. Le monde existe réellement ici et de cette façon, il n’y a aucun doute. Cependant si on voit les choses au niveau phénoménal, ce monde n’est pas autre chose qu’une possibilité parmi une infinité d’autres. Pour être plus précis, le monde que vous percevez change selon que vous choisissez de faire un pas à gauche ou à droite. Il n’y a rien d’étrange à ce que le monde change en même temps que les souvenirs.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Tout ca en 14 min
J'avais posté un message sur ce fil pendant le confinement, mais je l'ai supprimé quelques semaines plus tard (j'ai d'ailleurs ce jour là supprimé tous mes messages de fin de fil, avec l'idee de peut-être repartir).
Je me demandais comment tu vivais l'isolement.
Concernant mon post sur le fil des films sur l'autisme, ce n'est pas un combat pour moi, un besoin d'informer plutôt. Et quand j'ai vu que Sandrine avait sorti un livre, j'ai trouvé ca important d'en parler.
Tu reviens plus souvent faire coucou ?
Je sais que loin des yeux ne signifie pas loin du coeur
Mais tu me manques (ah tiens c'est ce que j'avais conclu dans le post supprimé )
J'ai trouvé la bonne clef on dirait.Je suis repassé ici à la suite d'une alerte sur le fil "[Films, vidéos, postcasts] sur l'autisme et syndrome Asperger"
J'avais posté un message sur ce fil pendant le confinement, mais je l'ai supprimé quelques semaines plus tard (j'ai d'ailleurs ce jour là supprimé tous mes messages de fin de fil, avec l'idee de peut-être repartir).
Je me demandais comment tu vivais l'isolement.
Concernant mon post sur le fil des films sur l'autisme, ce n'est pas un combat pour moi, un besoin d'informer plutôt. Et quand j'ai vu que Sandrine avait sorti un livre, j'ai trouvé ca important d'en parler.
Tu reviens plus souvent faire coucou ?
Je sais que loin des yeux ne signifie pas loin du coeur
Mais tu me manques (ah tiens c'est ce que j'avais conclu dans le post supprimé )
Invité- Invité
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Si l’on peut identifier un geste artistique par l’impact de celui-ci sur le regardeur, alors l’exposition d’Alex Hanimann que j’ai vu est un geste artistique, alors la seconde séance d’ostéopathie de la cure que j’ai entamée et que l’on pourrait qualifier de « somanalyse » par analogie à la psychanalyse pourrait répondre à cette définition.
Mais dans un premier temps, l’exposition.
Voici le lien de la lecture critique de celle-ci :
Alex Hanimann – Critique de l’exposition
https://fomo-vox.com/2020/02/27/alex-hanimann-pareils-ou-differents-frac-grand-large/
Mon problème est que j’ai l’impression persistante d’une lecture technique. Ce qui est dit n’est pas faux, il est formel, il délie les 6 phases de l’exposition qui résonnent en moi comme formant un tout d’une cohérence saisissante. Certes la mémoire est discontinue et en la sollicitant, nous recréons un récit actualisé à partir d’éléments passés. Mais ce qui fait la force de cette exposition, c’est son humanité et à ce propos je n’en ai rien lu.
Il s’agit pour moi d’une rétro-biographie sensible d’un homme dans son rapport au monde, des 70 dernières années et un peu au-delà.
C’est pour cela que je joindrai à mon post l’heure de conférence de Boris Cyrulnik à propos de la mémoire, notamment traumatique et pas uniquement.
Phase 1 : une forme de vestiaire, de vêtements abandonnés mais pas usagées. Or le vêtement bien plus que sa version protectrice est surtout un mode de communication sociale, une partie de nos masques, comme d’ailleurs sa version olfactive ou gestuelle (pour comprendre ce que je veux dire, imaginez une femme en robe de soirée mais non parfumée, imaginez un rappeur qui marcherait comme un pair du royaume britannique …). Donc vêtements abandonnés ou tout comme.
Phase 2 : une vidéo, ci-joint un extrait, d’un terrain de basket urbain sans joueur seuls quelques passants le tout sur une musique un peu mélancolique.
Phase 3 : une vidéo, ci-joint un extrait, d’une circulation dans un parc où l’on entend des enfants, par moment on les voit, sur une musique classique.
Phase 4 : la pièce maitresse de l’exposition, les mannequins un peu plus grands que nature. Métalliques (donc imperméables à l’extérieur), habillés de manière banal plutôt jeune et estival, dont les visages sont expressifs mais les yeux vides, plongés en eux même et la plupart regardant un ailleurs, téléphone portable ou au-delà de l’horizon.
Phase 5 : Evocation pixelisée, comme des images d’un bélinographe, de scènes relatives à la libération sexuelle (nudité, sexualité de groupe) et d’une ou deux images d’iraniennes à la mise occidentale du temps du dernier Shah (Mohammad Reza Shah Pahlavi).
Phase 6 : Grandes images murales, toujours traitées façon bélinographe, de grands moments de violence sociale du milieu du XXème.
Arrivé à la 6ème phase, je me suis rendu compte que je passai à côté du principal, de la logique sous-tendant cette exposition. Comme les expos du Frac Grand Large sont généralement de qualité… Alors, j’ai remonté les phases et j’ai perçu à ce moment le caractère biographique. Caractère qui ne s’oppose pas à la notion de mémoire et à l’accès à celle-ci.
On peut alors lire :
Phase 6 : temps de conscientisation politique des masses (thématique communiste et maoïste) et lutte armée violente contre les symboles du capitalisme – temps de la post-adolescence et de l’adulescence.
Phase 5 : hédonisme et individualisme du trentenaire : être et jouir à tout prix en réaction à l’expression violente, dogmatique et groupusculaire précédente.
Phase 4 : individualisme assumé mais aussi indifférence aux autres, des quadragénaires. Ni conviction révolutionnaire, ni tentation communautaire : jouir de l’autre pour soi, c’est le temps du sida, le temps où les sexes s’isolent (maintenant ce sont aussi nos bouches). Les mannequins dans cette grande pièce semblent être des touristes sur une place, des touristes de leur vie. Eros et Thanatos ne se battent plus, nous devenons des Narcisses.
Phase 3 : il reste la vie des enfants. Quinquagénaire illusionné, on sait bien que l’on est sur la pente.
Phase 2 : les enfants sont partis ailleurs, seul subsistent leurs lieux. Sexagénaire résistant mais assis, le(la) retrait(e) arrive avec la solitude qui guette
Phase 1 : qu’importe le vêtement, qu’importe la représentation. Est-ce le temps de l’ultime défi : être complètement tel que l’on est ?
Bon tout cela n’a de sens que dans l’appropriation personnelle de cette exposition. Cet artiste a mon âge ou un peu plus. Nous avons donc vécu les mêmes temps. C’est peut-être cette proximité qui a effacé le thème de la mémoire mais indirectement l’a renforcé. D’un formalisme qui ne m’a que vaguement intéressé, je viens moi-même d’activer mes couches de mémoire et d’en faire un lecture relativisée 50 ans après les évènements.
La conséquence de cette visite est que je boucle et parcours ma vie et ma mémoire ad-nauseam. Ce sera l’objet d’un post ultérieur.
Comme quoi, une œuvre est aussi faite par les regardeurs (expression partielle chipée à une émission artistique sur France Culture).
Annexe : Boris Cyrulnik
Mais dans un premier temps, l’exposition.
Voici le lien de la lecture critique de celle-ci :
Alex Hanimann – Critique de l’exposition
https://fomo-vox.com/2020/02/27/alex-hanimann-pareils-ou-differents-frac-grand-large/
Mon problème est que j’ai l’impression persistante d’une lecture technique. Ce qui est dit n’est pas faux, il est formel, il délie les 6 phases de l’exposition qui résonnent en moi comme formant un tout d’une cohérence saisissante. Certes la mémoire est discontinue et en la sollicitant, nous recréons un récit actualisé à partir d’éléments passés. Mais ce qui fait la force de cette exposition, c’est son humanité et à ce propos je n’en ai rien lu.
Il s’agit pour moi d’une rétro-biographie sensible d’un homme dans son rapport au monde, des 70 dernières années et un peu au-delà.
C’est pour cela que je joindrai à mon post l’heure de conférence de Boris Cyrulnik à propos de la mémoire, notamment traumatique et pas uniquement.
Phase 1 : une forme de vestiaire, de vêtements abandonnés mais pas usagées. Or le vêtement bien plus que sa version protectrice est surtout un mode de communication sociale, une partie de nos masques, comme d’ailleurs sa version olfactive ou gestuelle (pour comprendre ce que je veux dire, imaginez une femme en robe de soirée mais non parfumée, imaginez un rappeur qui marcherait comme un pair du royaume britannique …). Donc vêtements abandonnés ou tout comme.
Phase 2 : une vidéo, ci-joint un extrait, d’un terrain de basket urbain sans joueur seuls quelques passants le tout sur une musique un peu mélancolique.
Phase 3 : une vidéo, ci-joint un extrait, d’une circulation dans un parc où l’on entend des enfants, par moment on les voit, sur une musique classique.
Phase 4 : la pièce maitresse de l’exposition, les mannequins un peu plus grands que nature. Métalliques (donc imperméables à l’extérieur), habillés de manière banal plutôt jeune et estival, dont les visages sont expressifs mais les yeux vides, plongés en eux même et la plupart regardant un ailleurs, téléphone portable ou au-delà de l’horizon.
Phase 5 : Evocation pixelisée, comme des images d’un bélinographe, de scènes relatives à la libération sexuelle (nudité, sexualité de groupe) et d’une ou deux images d’iraniennes à la mise occidentale du temps du dernier Shah (Mohammad Reza Shah Pahlavi).
Phase 6 : Grandes images murales, toujours traitées façon bélinographe, de grands moments de violence sociale du milieu du XXème.
Arrivé à la 6ème phase, je me suis rendu compte que je passai à côté du principal, de la logique sous-tendant cette exposition. Comme les expos du Frac Grand Large sont généralement de qualité… Alors, j’ai remonté les phases et j’ai perçu à ce moment le caractère biographique. Caractère qui ne s’oppose pas à la notion de mémoire et à l’accès à celle-ci.
On peut alors lire :
Phase 6 : temps de conscientisation politique des masses (thématique communiste et maoïste) et lutte armée violente contre les symboles du capitalisme – temps de la post-adolescence et de l’adulescence.
Phase 5 : hédonisme et individualisme du trentenaire : être et jouir à tout prix en réaction à l’expression violente, dogmatique et groupusculaire précédente.
Phase 4 : individualisme assumé mais aussi indifférence aux autres, des quadragénaires. Ni conviction révolutionnaire, ni tentation communautaire : jouir de l’autre pour soi, c’est le temps du sida, le temps où les sexes s’isolent (maintenant ce sont aussi nos bouches). Les mannequins dans cette grande pièce semblent être des touristes sur une place, des touristes de leur vie. Eros et Thanatos ne se battent plus, nous devenons des Narcisses.
Phase 3 : il reste la vie des enfants. Quinquagénaire illusionné, on sait bien que l’on est sur la pente.
Phase 2 : les enfants sont partis ailleurs, seul subsistent leurs lieux. Sexagénaire résistant mais assis, le(la) retrait(e) arrive avec la solitude qui guette
Phase 1 : qu’importe le vêtement, qu’importe la représentation. Est-ce le temps de l’ultime défi : être complètement tel que l’on est ?
Bon tout cela n’a de sens que dans l’appropriation personnelle de cette exposition. Cet artiste a mon âge ou un peu plus. Nous avons donc vécu les mêmes temps. C’est peut-être cette proximité qui a effacé le thème de la mémoire mais indirectement l’a renforcé. D’un formalisme qui ne m’a que vaguement intéressé, je viens moi-même d’activer mes couches de mémoire et d’en faire un lecture relativisée 50 ans après les évènements.
La conséquence de cette visite est que je boucle et parcours ma vie et ma mémoire ad-nauseam. Ce sera l’objet d’un post ultérieur.
Comme quoi, une œuvre est aussi faite par les regardeurs (expression partielle chipée à une émission artistique sur France Culture).
Annexe : Boris Cyrulnik
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Confinement terminé, j'ai poursuivi la cure chez cette ostéopathe un peu particulière, commencée en février.
Je n'avais pas évoqué les thèmes sur lesquels elle m'avait fait intervenir lors de la dernière séance.
Elle m'avait demandé si ma mère n'avait pas eu une fille avant moi ou eu une grossesse interrompue(volontairement ou non) d'une fille. Dans la même pensée, elle m'avait demandé si je n'avais jamais voulu être une fille.
A la première question, je ne pu répondre. Ils sont tous morts et depuis un moment mais de ce que l'on m'a rapporté du contexte familiale, je peux aisément imaginer ce que l'arrivée d'une fille aurait été comme cataclysme, mon père n'ayant jamais voulu d'enfant et dans les préjugés de l'époque... Mais cela n'est que sentiments prêtés à postériori.
Quant aux idées de traverser la frontière du genre, oui, cela m'a souvent traversé l'esprit. Je n'ai jamais été à l'aise avec ma masculinité sociale. Mais je parle ici de position sociale, pas de sexualité. Il est vrai que comme un certain nombre d'aspie la frontière est mince. Adolescent, je plaisais beaucoup à certains et malheureusement bien moins à certaines... Mais tout ceci s'est normalisé.
Ce qui est surprenant dans le travail de cette personne, c'est que ce sont deux points que je n'ai jamais ressorti de ma mémoire, imaginé, communiqué à autrui. Comment a-t-elle sorti cela ?
L'autre thématique était la mère et la mère de substitution, le combat instinctif contre mon père et sa seconde femme et l'affrontement se traduisant dans l'alimentation. En quelque sorte, puisqu'elle était sachante, experte, ... et maigre et qu'elle avait fait maigrir mon père, il ne pouvait être question qu'il en soit de même pour moi tout en reniant mon père dans l'exemple qu'il pouvait être-on dit référent maintenant. A cet affrontement symbolique sournois mais réel, à l'association maculinité-autorité-brutalité-souffrance physique, à l'insatiable besoin de consolation (merci Stig Dagerman) et une corporéité interdite... Voila de quoi faire un bon obèse...
Cette féminité que je connaissais depuis longtemps et les commentaires annexes qu'elle m'en a fait, je l'ai complètement assumé. Je suis indifférent à ce que quiconque peut en penser et tant pis si par moment mon écriture se féminise. Quant au combat alimentaire et son contexte, il s'apaise depuis 6 mois, couteau et fourchette ne sont plus glaive et bouclier.
Donc seconde séance fin juin. Avec un peu d'appréhension mais aussi des doutes sur ce qu'elle allait bien trouver. Le premier mot qu'elle relève c'est "prison". En fait, en me faisant commenter ce mot, elle a mis en évidence le fait que je tournais en rond, cherchant en permanence à me référer au passé inachevé parce qu'interrompu, à m'étalonner, à chercher en moi et en les autres quelque chose qui me permettrait d'aller vers l'avant parce que de toute façon la vie m'y emmène bon gré mal gré. Ce qui est très surprenant c'est que ce mot et la boucle de l'ours en cage résonne avec beaucoup de chose dont un mémorable séance d'hypnose éricksonienne, avec mes pseudos, avec mes craintes : la prison et ses geôliers induisent aussi un comportement de soumis; cherchant à plaire à ce qu'il identifie comme ses geôliers, les incitant par jeu de pouvoir à se transformer en manipulateur. Mais cette prison est confortable ; elle est connue. L'extérieur ? Comment est-ce ? Il fait oser...
Voilà, d'où la vidéo de Boris Cyrulnik sus-citée mais aussi une vidéo plus courte, tirée du site de la revue Esprit d'une approche assez complexe mais qui développe le thème et les limites du récit, c'est à dire du discours raisonné et résonnant à propos de ses propres sensations mémorielles.
C'est peut-être finalement ce que je fais là depuis si longtemps, mettre en mots.
Revue Esprit, Jonathan Chalier et Verónica Estay Stange - Sommes-nous hantés par la mémoire de nos ancêtres ?
Ours de la MAZ a écrit:
.../...
J'ai fait le pari de dire que l'assise de la déviance alimentaire était en lien avec la relation au corps. J'ai eu l'intuition que cette personne à laquelle je suis extrêmement réactif pouvait peut être faire bouger les équilibres. Après tout, ses manipulations énergétiques ont libéré certaines mobilités mais aussi identifié des blocages relationnels fort : le père, l'angoisse d'avenir,
.../...
Je n'avais pas évoqué les thèmes sur lesquels elle m'avait fait intervenir lors de la dernière séance.
Elle m'avait demandé si ma mère n'avait pas eu une fille avant moi ou eu une grossesse interrompue(volontairement ou non) d'une fille. Dans la même pensée, elle m'avait demandé si je n'avais jamais voulu être une fille.
A la première question, je ne pu répondre. Ils sont tous morts et depuis un moment mais de ce que l'on m'a rapporté du contexte familiale, je peux aisément imaginer ce que l'arrivée d'une fille aurait été comme cataclysme, mon père n'ayant jamais voulu d'enfant et dans les préjugés de l'époque... Mais cela n'est que sentiments prêtés à postériori.
Quant aux idées de traverser la frontière du genre, oui, cela m'a souvent traversé l'esprit. Je n'ai jamais été à l'aise avec ma masculinité sociale. Mais je parle ici de position sociale, pas de sexualité. Il est vrai que comme un certain nombre d'aspie la frontière est mince. Adolescent, je plaisais beaucoup à certains et malheureusement bien moins à certaines... Mais tout ceci s'est normalisé.
Ce qui est surprenant dans le travail de cette personne, c'est que ce sont deux points que je n'ai jamais ressorti de ma mémoire, imaginé, communiqué à autrui. Comment a-t-elle sorti cela ?
L'autre thématique était la mère et la mère de substitution, le combat instinctif contre mon père et sa seconde femme et l'affrontement se traduisant dans l'alimentation. En quelque sorte, puisqu'elle était sachante, experte, ... et maigre et qu'elle avait fait maigrir mon père, il ne pouvait être question qu'il en soit de même pour moi tout en reniant mon père dans l'exemple qu'il pouvait être-on dit référent maintenant. A cet affrontement symbolique sournois mais réel, à l'association maculinité-autorité-brutalité-souffrance physique, à l'insatiable besoin de consolation (merci Stig Dagerman) et une corporéité interdite... Voila de quoi faire un bon obèse...
Cette féminité que je connaissais depuis longtemps et les commentaires annexes qu'elle m'en a fait, je l'ai complètement assumé. Je suis indifférent à ce que quiconque peut en penser et tant pis si par moment mon écriture se féminise. Quant au combat alimentaire et son contexte, il s'apaise depuis 6 mois, couteau et fourchette ne sont plus glaive et bouclier.
Donc seconde séance fin juin. Avec un peu d'appréhension mais aussi des doutes sur ce qu'elle allait bien trouver. Le premier mot qu'elle relève c'est "prison". En fait, en me faisant commenter ce mot, elle a mis en évidence le fait que je tournais en rond, cherchant en permanence à me référer au passé inachevé parce qu'interrompu, à m'étalonner, à chercher en moi et en les autres quelque chose qui me permettrait d'aller vers l'avant parce que de toute façon la vie m'y emmène bon gré mal gré. Ce qui est très surprenant c'est que ce mot et la boucle de l'ours en cage résonne avec beaucoup de chose dont un mémorable séance d'hypnose éricksonienne, avec mes pseudos, avec mes craintes : la prison et ses geôliers induisent aussi un comportement de soumis; cherchant à plaire à ce qu'il identifie comme ses geôliers, les incitant par jeu de pouvoir à se transformer en manipulateur. Mais cette prison est confortable ; elle est connue. L'extérieur ? Comment est-ce ? Il fait oser...
Voilà, d'où la vidéo de Boris Cyrulnik sus-citée mais aussi une vidéo plus courte, tirée du site de la revue Esprit d'une approche assez complexe mais qui développe le thème et les limites du récit, c'est à dire du discours raisonné et résonnant à propos de ses propres sensations mémorielles.
C'est peut-être finalement ce que je fais là depuis si longtemps, mettre en mots.
Revue Esprit, Jonathan Chalier et Verónica Estay Stange - Sommes-nous hantés par la mémoire de nos ancêtres ?
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Bonjour Delamaze.
Je continue à penser qu'un travail sur le corps est nécessaire à toute libération de la pensée. Je pense même que c'est le corps qui nous enferme, et qu'alors l'esprit cherche des solutions spirituelles/morales/psycho jusqu'à ce qu'il accepte le pouvoir du corps, si simple et déterminant.
Une fois que certaines choses sont remises en place au niveau corporel, ce qui nous détruisait la tête devient moins prédominant.
Pour moi ça vient de passer par un travail au niveau de la gorge : Sel et ouverture des clavicules dans une espèce de rotation vers le haut. Aussi, étrangement, la qualité de l'eau peut vraiment beaucoup me détraquer.
Je continue à penser qu'un travail sur le corps est nécessaire à toute libération de la pensée. Je pense même que c'est le corps qui nous enferme, et qu'alors l'esprit cherche des solutions spirituelles/morales/psycho jusqu'à ce qu'il accepte le pouvoir du corps, si simple et déterminant.
Une fois que certaines choses sont remises en place au niveau corporel, ce qui nous détruisait la tête devient moins prédominant.
Pour moi ça vient de passer par un travail au niveau de la gorge : Sel et ouverture des clavicules dans une espèce de rotation vers le haut. Aussi, étrangement, la qualité de l'eau peut vraiment beaucoup me détraquer.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
C'est ce que j'explore peu à peu....
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Extrait d'un article de Science et Avenir : Plus de 6 000 pensées par jour et combien chez les HQI et combien chez les Aspi (quoique la frontière me paraisse plus ténue de jour en jour.... Et l'on voudrait que nous n'explosions pas, que nous soyons linéaires, que nos comportements soient compréhensibles et prévisibles ?
Nous aurions plus de 6.000 pensées par jour
Par Claire Manière le 15.08.2020 à 08h00 Abonnés
Des chercheurs en neurosciences cognitives ont découvert une nouvelle méthode qui permet de détecter la transition d’une pensée à une autre. Ils ont évalué à plus de 6.000 le nombre de pensées quotidiennes, et comptent développer leur méthode pour la détection des troubles de la pensée.
La découverte des "vers" de la pensée ouvre une fenêtre sur l'esprit.
Pourquoi pensons-nous ce que nous pensons ? En psychologie, la cognition désigne l'ensemble des processus liés à nos facultés mentales tels que la mémorisation, le raisonnement, l'attention… La métacognition, elle, présente une posture réflexive sur ce fonctionnement mental, afin de mieux connaître nos propres pensées. Sauf que cette introspection, de nature humaine, est source d'erreurs et pose des problèmes aux scientifiques. Comment objectiver la recherche en la matière pour améliorer la fiabilité des résultats ?
Les progrès technologiques de l'imagerie cérébrale ont alors permis aux chercheurs de découvrir le contenu de la pensée à partir des signaux neuronaux. Qu'en est-il de la manière dont nous pensons ? Comment la conscience opère-t-elle le passage continuel d'une idée à une autre ? Pour la première fois, des chercheurs canadiens de la Queen's University ont développé une méthode capable de détecter indirectement cette transition. L'étudiante en neurosciences Julie Tseng et son professeur de master Jordan Poppenk, docteur en psychologie et chercheur en neurosciences cognitives, ont isolé les "vers de la pensée". Ce sont des moments consécutifs où une personne est concentrée sur une même idée, selon l'étude parue le 13 juillet 2020 dans la revue Nature Communications. "Quand une personne passe d'une pensée à une autre, elle crée un nouveau ver de la pensée que nous pouvons détecter grâce à nos méthodes", explique le Dr Poppenk. "Lors du visionnage d'un film, nous avons également remarqué que les vers de la pensée émergent au moment où de nouveaux événements se produisent dans le film. Le fait de creuser dans ce domaine nous a permis de valider l'idée que l'apparition d'un nouveau ver de la pensée correspond à une transition de pensée", ajoute le chercheur.
Plus de 6.000 pensées quotidiennes
La recherche se base sur les données du Human Connectome project, lancé par les National Institutes of Health (NIH) en 2009. Son objectif est d'établir la carte complète des connexions du cerveau, notamment par la technique d'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). La méthode a ainsi permis de visualiser, de manière indirecte, le fonctionnement cérébral des 184 participants de cette étude. "Nous avons établi la validité conceptuelle des transitions de pensée par la fréquence de leurs apparitions dans les données d'IRMf au repos", écrivent les auteurs de l'étude.
Ils ont évalué à plus de 6.000 le nombre de pensées quotidiennes chez des adultes en bonne santé. Il faut relever une majorité de femmes (61%) parmi les participants et une moyenne d'âge de seulement 29,4 ans. Les chercheurs canadiens ont obtenu le nombre de 6.000 à partir d'une fréquence moyenne de transition de pensée, observée lors du visionnage de films et au repos (environ 6,5 transitions par minute), et en intégrant dans leur calcul les huit heures de sommeil recommandées par jour.
D’un intérêt thérapeutique
Les mesures de ce type de dynamique peuvent-elles dès lors remplir une fonction clinique par la détection précoce des troubles de la pensée comme dans la schizophrénie, le trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ou les troubles maniaques ? C'est ce que tendent à confirmer les chercheurs. "Nous nous sommes concentrés sur les troubles névrotiques en raison de la théorie du bruit mental, qui propose que ces troubles soient liés à un nombre de troubles de l'attention plus élevé que la "normale"", écrivent-ils. Pendant le repos, les individus concernés par la névrose auraient des fréquences de transition de pensée plus importantes. Des études comportementales ont d'ailleurs montré que ces personnes génèrent effectivement des pensées excessives, soutenant la théorie du bruit mental.
La mesure de dynamique de la pensée semble créer de nouvelles opportunités pour comprendre la cognition. Par exemple mieux saisir la façon dont nos pensées se déroulent lorsque nous regardons un film pour la deuxième fois. "Nous pouvons aussi nous poser d'autres questions sur les différences individuelles", relèvent les scientifiques. "La fréquence de transition de pensée influence-t-elle la capacité d'une personne à rester attentive à une tâche de manière soutenue ? Pourrons-nous détecter précocement les troubles de la pensée ? Nous pensons que ces méthodes offrent beaucoup de potentiel."
Nous aurions plus de 6.000 pensées par jour
Par Claire Manière le 15.08.2020 à 08h00 Abonnés
Des chercheurs en neurosciences cognitives ont découvert une nouvelle méthode qui permet de détecter la transition d’une pensée à une autre. Ils ont évalué à plus de 6.000 le nombre de pensées quotidiennes, et comptent développer leur méthode pour la détection des troubles de la pensée.
La découverte des "vers" de la pensée ouvre une fenêtre sur l'esprit.
Pourquoi pensons-nous ce que nous pensons ? En psychologie, la cognition désigne l'ensemble des processus liés à nos facultés mentales tels que la mémorisation, le raisonnement, l'attention… La métacognition, elle, présente une posture réflexive sur ce fonctionnement mental, afin de mieux connaître nos propres pensées. Sauf que cette introspection, de nature humaine, est source d'erreurs et pose des problèmes aux scientifiques. Comment objectiver la recherche en la matière pour améliorer la fiabilité des résultats ?
Les progrès technologiques de l'imagerie cérébrale ont alors permis aux chercheurs de découvrir le contenu de la pensée à partir des signaux neuronaux. Qu'en est-il de la manière dont nous pensons ? Comment la conscience opère-t-elle le passage continuel d'une idée à une autre ? Pour la première fois, des chercheurs canadiens de la Queen's University ont développé une méthode capable de détecter indirectement cette transition. L'étudiante en neurosciences Julie Tseng et son professeur de master Jordan Poppenk, docteur en psychologie et chercheur en neurosciences cognitives, ont isolé les "vers de la pensée". Ce sont des moments consécutifs où une personne est concentrée sur une même idée, selon l'étude parue le 13 juillet 2020 dans la revue Nature Communications. "Quand une personne passe d'une pensée à une autre, elle crée un nouveau ver de la pensée que nous pouvons détecter grâce à nos méthodes", explique le Dr Poppenk. "Lors du visionnage d'un film, nous avons également remarqué que les vers de la pensée émergent au moment où de nouveaux événements se produisent dans le film. Le fait de creuser dans ce domaine nous a permis de valider l'idée que l'apparition d'un nouveau ver de la pensée correspond à une transition de pensée", ajoute le chercheur.
Plus de 6.000 pensées quotidiennes
La recherche se base sur les données du Human Connectome project, lancé par les National Institutes of Health (NIH) en 2009. Son objectif est d'établir la carte complète des connexions du cerveau, notamment par la technique d'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). La méthode a ainsi permis de visualiser, de manière indirecte, le fonctionnement cérébral des 184 participants de cette étude. "Nous avons établi la validité conceptuelle des transitions de pensée par la fréquence de leurs apparitions dans les données d'IRMf au repos", écrivent les auteurs de l'étude.
Ils ont évalué à plus de 6.000 le nombre de pensées quotidiennes chez des adultes en bonne santé. Il faut relever une majorité de femmes (61%) parmi les participants et une moyenne d'âge de seulement 29,4 ans. Les chercheurs canadiens ont obtenu le nombre de 6.000 à partir d'une fréquence moyenne de transition de pensée, observée lors du visionnage de films et au repos (environ 6,5 transitions par minute), et en intégrant dans leur calcul les huit heures de sommeil recommandées par jour.
D’un intérêt thérapeutique
Les mesures de ce type de dynamique peuvent-elles dès lors remplir une fonction clinique par la détection précoce des troubles de la pensée comme dans la schizophrénie, le trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ou les troubles maniaques ? C'est ce que tendent à confirmer les chercheurs. "Nous nous sommes concentrés sur les troubles névrotiques en raison de la théorie du bruit mental, qui propose que ces troubles soient liés à un nombre de troubles de l'attention plus élevé que la "normale"", écrivent-ils. Pendant le repos, les individus concernés par la névrose auraient des fréquences de transition de pensée plus importantes. Des études comportementales ont d'ailleurs montré que ces personnes génèrent effectivement des pensées excessives, soutenant la théorie du bruit mental.
La mesure de dynamique de la pensée semble créer de nouvelles opportunités pour comprendre la cognition. Par exemple mieux saisir la façon dont nos pensées se déroulent lorsque nous regardons un film pour la deuxième fois. "Nous pouvons aussi nous poser d'autres questions sur les différences individuelles", relèvent les scientifiques. "La fréquence de transition de pensée influence-t-elle la capacité d'une personne à rester attentive à une tâche de manière soutenue ? Pourrons-nous détecter précocement les troubles de la pensée ? Nous pensons que ces méthodes offrent beaucoup de potentiel."
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Chacun s'en va comme il peut,
les uns la poitrine entrouverte,
les autres avec une seule main,
les uns la carte d'identité en poche,
les autres dans l'âme,
les uns la lune vissée au sang
et les autres n'ayant ni sang, ni lune, ni souvenirs.
Chacun s'en va même s'il ne peut,
les uns l'amour entre les dents,
les autres en se changeant la peau,
les uns avec la vie et la mort,
les autres avec la mort et la vie,
les uns la main sur l'épaule
et les autres sur l'épaule d'un autre.
Chacun s'en va parce qu'il s'en va,
les uns avec quelqu'un qui les hante,
les autres sans s'être croisés avec personne,
les uns par la porte qui donne ou semble donner sur le chemin,
les autres par une porte dessinée sur le mur ou peut-être dans l'air,
les uns sans avoir commencé à vivre
et les autres sans avoir commencé à vivre.
Mais tous s'en vont les pieds attachés,
les uns par le chemin qu'ils ont fait,
les autres par celui qu'ils n'ont pas fait
et tous par celui qu'ils ne feront jamais.
Roberto Juarroz (1925-1995) – Segunda poesía vertical (1963) – Poésie verticale (Fayard, 1989) - Traduit de l'espagnol (Argentine) par Roger Munier.
Source : https://schabrieres.wordpress.com/2020/09/25/roberto-juarroz-chacun-sen-va/
les uns la poitrine entrouverte,
les autres avec une seule main,
les uns la carte d'identité en poche,
les autres dans l'âme,
les uns la lune vissée au sang
et les autres n'ayant ni sang, ni lune, ni souvenirs.
Chacun s'en va même s'il ne peut,
les uns l'amour entre les dents,
les autres en se changeant la peau,
les uns avec la vie et la mort,
les autres avec la mort et la vie,
les uns la main sur l'épaule
et les autres sur l'épaule d'un autre.
Chacun s'en va parce qu'il s'en va,
les uns avec quelqu'un qui les hante,
les autres sans s'être croisés avec personne,
les uns par la porte qui donne ou semble donner sur le chemin,
les autres par une porte dessinée sur le mur ou peut-être dans l'air,
les uns sans avoir commencé à vivre
et les autres sans avoir commencé à vivre.
Mais tous s'en vont les pieds attachés,
les uns par le chemin qu'ils ont fait,
les autres par celui qu'ils n'ont pas fait
et tous par celui qu'ils ne feront jamais.
Roberto Juarroz (1925-1995) – Segunda poesía vertical (1963) – Poésie verticale (Fayard, 1989) - Traduit de l'espagnol (Argentine) par Roger Munier.
Source : https://schabrieres.wordpress.com/2020/09/25/roberto-juarroz-chacun-sen-va/
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Nous vivons dans l'oubli de nos métamorphoses
Le jour est paresseux mais la nuit est active
Un bol d'air à midi la nuit le filtre et l'use
La nuit ne laisse pas de poussière sur nous
Mais cet écho qui roule tout le long du jour
Cet écho hors du temps d'angoisse ou de caresses
Cet enchaînement brut des mondes insipides
Et des mondes sensibles son soleil est double
Sommes-nous près ou loin de notre conscience
Où sont nos bornes nos racines notre but
Le long plaisir pourtant de nos métamorphoses
Squelettes s'animant dans les murs pourrissants
Les rendez-vous donnés aux formes insensées
À la chair ingénieuse aux aveugles voyants
Les rendez-vous donnés par la face au profil
Par la souffrance à la santé par la lumière
À la forêt par la montagne à la vallée
Par la mine à la fleur par la perle au soleil
Nous sommes corps à corps nous sommes terre à terre
Nous naissons de partout nous sommes sans limites
in Le dur désir de durer, 1946,
Œuvres complètes t.II Gallimard, La Pléiade, p.83
Le jour est paresseux mais la nuit est active
Un bol d'air à midi la nuit le filtre et l'use
La nuit ne laisse pas de poussière sur nous
Mais cet écho qui roule tout le long du jour
Cet écho hors du temps d'angoisse ou de caresses
Cet enchaînement brut des mondes insipides
Et des mondes sensibles son soleil est double
Sommes-nous près ou loin de notre conscience
Où sont nos bornes nos racines notre but
Le long plaisir pourtant de nos métamorphoses
Squelettes s'animant dans les murs pourrissants
Les rendez-vous donnés aux formes insensées
À la chair ingénieuse aux aveugles voyants
Les rendez-vous donnés par la face au profil
Par la souffrance à la santé par la lumière
À la forêt par la montagne à la vallée
Par la mine à la fleur par la perle au soleil
Nous sommes corps à corps nous sommes terre à terre
Nous naissons de partout nous sommes sans limites
in Le dur désir de durer, 1946,
Œuvres complètes t.II Gallimard, La Pléiade, p.83
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Lettre de Gargantua à son fils Pantagruel - 1532 : « sagesse n'entre point en âme malveillante et science sans conscience n'est que ruine de l'âme ».
Il y a bientôt 400 ans : notre société avait déjà quelque chose à nous dire pour les jours de barbarie que nous vivons. Tout en se gardant de tout contresens historique quant au sens des mots, il ne fera pas de mal de rappeler les deux propositions dont curieusement la première s'est un peu oubliée.
"Très cher fils,
[…] C’est pourquoi, mon fils, je t’exhorte à employer ta jeunesse à bien développer savoirs et vertus. Tu es à Paris, tu as ton précepteur Epistémon : ce sont là et de vivantes instructions orales, et de louables exemples, qui peuvent te former.
J'entends et veux que tu apprennes les langues parfaitement […] ; que tu formes ton style, quant à la grecque, à l'imitation de Platon, quant à la latine, à l'imitation de Cicéron. Qu'il n'y ait histoire que tu ne tiennes présente en ta mémoire […].
Des arts libéraux, géométrie, arithmétique et musique, je t'en donnai quelque goût quand tu étais encore petit, en l'âge de cinq, six ans : apprends le reste, et l'astronomie, saches-en tous les canons[1] […]. Du droit civil, je veux que tu saches par cœur les beaux textes et me les commentes philosophiquement.
Et quant à la connaissance des faits de nature, je veux que tu t'y adonnes avec curiosité : qu'il n'y ait ni mer, ni rivière, ni fontaine dont tu ne connaisses les poissons ; tous les oiseaux de l'air, tous les arbres, arbustes et buissons des forêts, toutes les herbes de la terre, tous les métaux cachés au ventre des abîmes, toutes les pierreries d’Orient et du Midi, que rien ne te soit inconnu.
Puis soigneusement recherche les livres des médecins grecs, arabes et latins […], et par fréquentes dissections acquiers-toi parfaite connaissance de cet autre monde qu’est l'homme. […]
Bref, que je voie un abîme de science : car maintenant que tu deviens homme et te fais grand, il te faudra sortir de la reposante tranquillité de l’étudiant et apprendre la chevalerie et les armes pour défendre ma maison, envers tous et contre tous […].
Mais, parce que, selon le sage Salomon[2], sagesse n'entre point en âme malveillante et science sans conscience n'est que ruine de l'âme, il te faut servir, aimer et craindre Dieu […]. Aie suspects les abus du monde. Ne mets pas ton cœur à vanité, car cette vie est transitoire […] . Sois serviable à tous tes prochains et aime-les comme toi-même. Révère tes précepteurs, fuis la compagnie des gens auxquels tu ne veux point ressembler […] Et quand tu penseras posséder tout le savoir de par delà acquis, retourne vers moi afin que je te voie et te donne ma bénédiction avant de mourir.
Mon fils, que la paix et la grâce de Notre Seigneur soient avec toi. Amen.
D'Utopie, ce dix-septième jour du mois de mars.
Ton père, GARGANTUA."
Il y a bientôt 400 ans : notre société avait déjà quelque chose à nous dire pour les jours de barbarie que nous vivons. Tout en se gardant de tout contresens historique quant au sens des mots, il ne fera pas de mal de rappeler les deux propositions dont curieusement la première s'est un peu oubliée.
"Très cher fils,
[…] C’est pourquoi, mon fils, je t’exhorte à employer ta jeunesse à bien développer savoirs et vertus. Tu es à Paris, tu as ton précepteur Epistémon : ce sont là et de vivantes instructions orales, et de louables exemples, qui peuvent te former.
J'entends et veux que tu apprennes les langues parfaitement […] ; que tu formes ton style, quant à la grecque, à l'imitation de Platon, quant à la latine, à l'imitation de Cicéron. Qu'il n'y ait histoire que tu ne tiennes présente en ta mémoire […].
Des arts libéraux, géométrie, arithmétique et musique, je t'en donnai quelque goût quand tu étais encore petit, en l'âge de cinq, six ans : apprends le reste, et l'astronomie, saches-en tous les canons[1] […]. Du droit civil, je veux que tu saches par cœur les beaux textes et me les commentes philosophiquement.
Et quant à la connaissance des faits de nature, je veux que tu t'y adonnes avec curiosité : qu'il n'y ait ni mer, ni rivière, ni fontaine dont tu ne connaisses les poissons ; tous les oiseaux de l'air, tous les arbres, arbustes et buissons des forêts, toutes les herbes de la terre, tous les métaux cachés au ventre des abîmes, toutes les pierreries d’Orient et du Midi, que rien ne te soit inconnu.
Puis soigneusement recherche les livres des médecins grecs, arabes et latins […], et par fréquentes dissections acquiers-toi parfaite connaissance de cet autre monde qu’est l'homme. […]
Bref, que je voie un abîme de science : car maintenant que tu deviens homme et te fais grand, il te faudra sortir de la reposante tranquillité de l’étudiant et apprendre la chevalerie et les armes pour défendre ma maison, envers tous et contre tous […].
Mais, parce que, selon le sage Salomon[2], sagesse n'entre point en âme malveillante et science sans conscience n'est que ruine de l'âme, il te faut servir, aimer et craindre Dieu […]. Aie suspects les abus du monde. Ne mets pas ton cœur à vanité, car cette vie est transitoire […] . Sois serviable à tous tes prochains et aime-les comme toi-même. Révère tes précepteurs, fuis la compagnie des gens auxquels tu ne veux point ressembler […] Et quand tu penseras posséder tout le savoir de par delà acquis, retourne vers moi afin que je te voie et te donne ma bénédiction avant de mourir.
Mon fils, que la paix et la grâce de Notre Seigneur soient avec toi. Amen.
D'Utopie, ce dix-septième jour du mois de mars.
Ton père, GARGANTUA."
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Tout exil est une rupture, un déracinement.
Et dans cette faille béante et à jamais ouverte, s'insère la déraison.
Et de cette faille suppurante et à jamais à vif, suppure l'illusion.
A moins que cette faille ouvre sur ce que nous sommes au fond.
Libérés des masques et des oripeaux,
Dans la vérité nudité,
Surgirait des réponses
Non au pourquoi, mais au comment,
Au comment du tréfonds des âges.
Surgirait un pardon.
Parole d'un exilé :
Ai-je jadis dressé des serpents ? Je ne sais
Je sens qu'en moi pourtant sommeille un magicien.
Il y a quelque part es paroles obscures
Qui chantaient dans la nuit comme une lampe allumée
...Des paroles à moi qui chantaient ! Où sont-elles ?
Je me penche sur moi, je tâte mes viscères :
... mais où logeait cette chanson ?
De quoi est-elle faite cette épaisseur de texte ?
Mes mains ne sont pas dures et caleuses, mais mon cœur
qui parle avec accent beaucoup de langues blanches,
ses empreintes sont gardées par toutes les polices,
expulsé de partout où il y a une joie,
sollicité partout où il y a malheur.
.../..."
Poèmes retrouvés - 1925 1944 - Édition sans fin
Benjamin Fondane, exilé roumain à Paris 1942 (Mort à Auschwitz 1944)
Éditions Paroles et Silences
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
J'ai eu récemment ma fille ainée au téléphone.
Elle vit en Nouvelle Zélande. Nous ne sommes pas très démonstratifs mes trois filles et moi. Nos liens restent denses mais épisodiques. Il est heureux que nos relations n'aient pas été affectées par ma séparation de sa mère : très égoïstement, cela me rassure sur mon travail de père.
"Travail de père". Rien que dans cette expression, tout est dit.
Les sentiments et leurs expressions restent ni clairs, ni spontanés. Je suis obligé de passer par un raisonnement, par une structure temporelle et spatiale, définissant ainsi un espace de liberté au sein duquel ils parviennent à s'exprimer. Je vous suggère la méthode. C'est radical pour n'avoir aucune relation durable.
Bref, notre entretien téléphonique, dura plus de 45mn quand même, merci Whatsapp. Les banalités d'usage furent très vite balayées pour en venir aux raisons de son appel : quelques difficultés relationelles et existentielles - les pommes ne tombent jamais très loin du pommier !
Je ne vais pas épiloguer sur ce que nous avons échangé très librement d'ailleurs. Je voudrais par contre témoigner d'une chose : l'évidence de l'empreinte psychologique dont nous marquons nos enfants.
Il y a le patrimoine génétique, le patrimoine culturel mais aussi le tatouage psychologique des mots, des situations que nous avons reçu et que nous transmettons. Sans directement les citer, ma fille a témoigner de traits comportementaux et sociaux directement issus de sa mère pour une part et de moi pour une autre part. Il est vertigineux de voir son enfant trentenaire, tendre sans s'en rendre compte un miroir à votre âme, vertige qui dépasse largement toute notion de culpabilité.
S'il existe un brassage génétique, s'il existe un brassage culturel, il est évident qu'il y a un brassage psychologique et c'est heureux. Racheter mon passé et celui de mes parents a forgé ma vie, espérons que les progrès de la psychologie et sa diffusion dans les sociétés occidentales puisse nos enfants libérer de ces entraves.
On ne négocie pas avec son passé mais on peut espérer en liberté.
Elle vit en Nouvelle Zélande. Nous ne sommes pas très démonstratifs mes trois filles et moi. Nos liens restent denses mais épisodiques. Il est heureux que nos relations n'aient pas été affectées par ma séparation de sa mère : très égoïstement, cela me rassure sur mon travail de père.
"Travail de père". Rien que dans cette expression, tout est dit.
Les sentiments et leurs expressions restent ni clairs, ni spontanés. Je suis obligé de passer par un raisonnement, par une structure temporelle et spatiale, définissant ainsi un espace de liberté au sein duquel ils parviennent à s'exprimer. Je vous suggère la méthode. C'est radical pour n'avoir aucune relation durable.
Bref, notre entretien téléphonique, dura plus de 45mn quand même, merci Whatsapp. Les banalités d'usage furent très vite balayées pour en venir aux raisons de son appel : quelques difficultés relationelles et existentielles - les pommes ne tombent jamais très loin du pommier !
Je ne vais pas épiloguer sur ce que nous avons échangé très librement d'ailleurs. Je voudrais par contre témoigner d'une chose : l'évidence de l'empreinte psychologique dont nous marquons nos enfants.
Il y a le patrimoine génétique, le patrimoine culturel mais aussi le tatouage psychologique des mots, des situations que nous avons reçu et que nous transmettons. Sans directement les citer, ma fille a témoigner de traits comportementaux et sociaux directement issus de sa mère pour une part et de moi pour une autre part. Il est vertigineux de voir son enfant trentenaire, tendre sans s'en rendre compte un miroir à votre âme, vertige qui dépasse largement toute notion de culpabilité.
S'il existe un brassage génétique, s'il existe un brassage culturel, il est évident qu'il y a un brassage psychologique et c'est heureux. Racheter mon passé et celui de mes parents a forgé ma vie, espérons que les progrès de la psychologie et sa diffusion dans les sociétés occidentales puisse nos enfants libérer de ces entraves.
On ne négocie pas avec son passé mais on peut espérer en liberté.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Le solitaire est donc effectivement quelqu'un qui peuple sa solitude d'une altérité. Il a besoin d'une altérité pour s'éprouver comme une identité, car s'il perd cette altérité il n'est plus rien.
Michel Besnier
In La grâce de solitude de Marie de Solemne, p.56, Éd. Dervy
Voir sur https://citations.ouest-france.fr/citation-michel-besnier/solitaire-donc-effectivement-quelqu-peuple-115656.html
Michel Besnier
In La grâce de solitude de Marie de Solemne, p.56, Éd. Dervy
Voir sur https://citations.ouest-france.fr/citation-michel-besnier/solitaire-donc-effectivement-quelqu-peuple-115656.html
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
J'aime énormément ce que tu déposes ici.
Une petite réaction, en espérant ne pas être mal venue.
Je l'ai trouvée devant ma porte
Un soir, que je rentrais chez moi
Partout, elle me fait escorte
Elle est revenue, elle est là
La renifleuse des amours mortes
Elle m'a suivie, pas à pas
La garce, que le Diable l'emporte
Elle est revenue, elle est là
Avec sa gueule de carême
Avec ses larges yeux cernés
Elle nous fait le coeur à la traîne
Elle nous fait le coeur à pleurer
Elle nous fait des matins blêmes
Et de longues nuits désolées
La garce ! Elle nous ferait même
L'hiver au plein coeur de l'été
Dans ta triste robe de moire
Avec tes cheveux mal peignés
T'as la mine du désespoir
Tu n'es pas belle à regarder
Allez, va t-en porter ailleurs
Ta triste gueule de l'ennui
Je n'ai pas le goût du malheur
Va t-en voir ailleurs si j'y suis
Je veux encore rouler des hanches
Je veux me saouler de printemps
Je veux m'en payer, des nuits blanches
A coeur qui bat, à coeur battant
Avant que sonne l'heure blême
Et jusqu'à mon souffle dernier
Je veux encore dire je t'aime
Et vouloir mourir d'aimer
Elle a dit Ouvre-moi ta porte
Je t'avais suivie pas à pas
Je sais que tes amours sont mortes
Je suis revenue, me voilà
Ils t'ont récité leurs poèmes
Tes beaux messieurs, tes beaux enfants
Tes faux Rimbaud, tes faux Verlaine
Eh ! bien, c'est fini, maintenant
Depuis, elle me fait des nuits blanches
Elle s'est pendue à mon cou
Elle s'est enroulée à mes hanches
Elle se couche à mes genoux
Partout, elle me fait escorte
Et elle me suit, pas à pas
Elle m'attend devant ma porte
Elle est revenue, elle est là
La solitude, la solitude
Paroliers : Duke Ellington / Eddie Lange De / Irving Mills
Une petite réaction, en espérant ne pas être mal venue.
Je l'ai trouvée devant ma porte
Un soir, que je rentrais chez moi
Partout, elle me fait escorte
Elle est revenue, elle est là
La renifleuse des amours mortes
Elle m'a suivie, pas à pas
La garce, que le Diable l'emporte
Elle est revenue, elle est là
Avec sa gueule de carême
Avec ses larges yeux cernés
Elle nous fait le coeur à la traîne
Elle nous fait le coeur à pleurer
Elle nous fait des matins blêmes
Et de longues nuits désolées
La garce ! Elle nous ferait même
L'hiver au plein coeur de l'été
Dans ta triste robe de moire
Avec tes cheveux mal peignés
T'as la mine du désespoir
Tu n'es pas belle à regarder
Allez, va t-en porter ailleurs
Ta triste gueule de l'ennui
Je n'ai pas le goût du malheur
Va t-en voir ailleurs si j'y suis
Je veux encore rouler des hanches
Je veux me saouler de printemps
Je veux m'en payer, des nuits blanches
A coeur qui bat, à coeur battant
Avant que sonne l'heure blême
Et jusqu'à mon souffle dernier
Je veux encore dire je t'aime
Et vouloir mourir d'aimer
Elle a dit Ouvre-moi ta porte
Je t'avais suivie pas à pas
Je sais que tes amours sont mortes
Je suis revenue, me voilà
Ils t'ont récité leurs poèmes
Tes beaux messieurs, tes beaux enfants
Tes faux Rimbaud, tes faux Verlaine
Eh ! bien, c'est fini, maintenant
Depuis, elle me fait des nuits blanches
Elle s'est pendue à mon cou
Elle s'est enroulée à mes hanches
Elle se couche à mes genoux
Partout, elle me fait escorte
Et elle me suit, pas à pas
Elle m'attend devant ma porte
Elle est revenue, elle est là
La solitude, la solitude
Paroliers : Duke Ellington / Eddie Lange De / Irving Mills
Invité- Invité
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
J'ai accepté Barbara sur le tard. Depuis, je ne la quitte plus.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
A quoi rêvent les couteaux
Dans leurs sombres tiroirs ?
A quoi rêvent les paroles
Quand les dieux les confondent ?
Être lucide et juste
Pour la Nuit
Traverser sans périr
Les marais cérébraux
Rompre le pain
De la Mort
Raboter les poèmes
Jusqu'à l'os
Faire table rase
De la Table
Surseoir
A soi
-----------------------
Paul Valet (1905-1987) - Table rase (Mercure de France, 1963)
Source : Beauty will save the world
Dans leurs sombres tiroirs ?
A quoi rêvent les paroles
Quand les dieux les confondent ?
Être lucide et juste
Pour la Nuit
Traverser sans périr
Les marais cérébraux
Rompre le pain
De la Mort
Raboter les poèmes
Jusqu'à l'os
Faire table rase
De la Table
Surseoir
A soi
-----------------------
Paul Valet (1905-1987) - Table rase (Mercure de France, 1963)
Source : Beauty will save the world
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Avec peut-être un jour de retard, mais qu'est-ce qu'un jour pour une éternité...
Ceux que j'ai aimés en sont marqués,
Une vieille compagne, la camarde
Dont au front je porte le signe
Qu'à chaque rencontre je crois effacer.
La virginité n'est pas jeunesse
C'est la lumière qui espère
Qui sourit à l'aurore
Et s'étonne du crépuscule.
Je les regarde vivre, sauter et rire,
Par compassion ils m'invitent
Et moi, paralytique impuissant,
A nouveau l'espoir est là, mais
Je m'essouffle et m'engourdis.
Virons le mirliton, place au poète... :
Ceux que j'ai aimés en sont marqués,
Une vieille compagne, la camarde
Dont au front je porte le signe
Qu'à chaque rencontre je crois effacer.
La virginité n'est pas jeunesse
C'est la lumière qui espère
Qui sourit à l'aurore
Et s'étonne du crépuscule.
Je les regarde vivre, sauter et rire,
Par compassion ils m'invitent
Et moi, paralytique impuissant,
A nouveau l'espoir est là, mais
Je m'essouffle et m'engourdis.
Virons le mirliton, place au poète... :
- Spoiler:
- Ne chantez pas la mort
Poème de Jean-Roger Caussimon
Musique de Léo Ferré
Source : http://leo-ferre.eu/html-n/nechantezpaslamort.html
- Ne chantez pas la Mort, c'est un sujet morbide
Le mot seul jette un froid, aussitôt qu'il est dit
les gens du " show-business " vous prédiront le "bide"
C'est un sujet tabou... Pour poète maudit
La Mort... La Mort...
- Je la chante et, dès lors, miracle des voyelles
Il semble que la Mort est la sœur de l'amour
La Mort qui nous attend, et l'Amour qu'on appelle
Et si lui ne vient pas, elle viendra toujours
La Mort... La Mort...
La mienne n'aura pas, comme dans le Larousse
Un squelette, un linceul, dans la main une faux
Mais, fille de vingt ans à chevelure rousse
En voile de mariée, elle aura ce qu'il faut
La Mort... La Mort...
De grands yeux d'océan, une voix d'ingénue
Un sourire d'enfant sur des lèvres carmin
Douce, elle apaisera sur sa poitrine nue
Mes paupières brûlées, ma gueule en parchemin
La Mort... La Mort...
Requiem et non Danse macabre
Pauvre valse musette au musée de Saint-Saëns !
La Mort c'est la beauté, c'est l'éclair vif du sabre
C'est le doux penthotal de l'esprit et des sens
La Mort... La Mort...
Et n'allez pas confondre et l'effet et la cause
La Mort est délivrance, elle sait que le Temps
Quotidiennement nous vole quelque chose
La poignée de cheveux et l'ivoire des dents
La Mort... La Mort...
Elle est Euthanasie, la suprême infirmière
Elle survient, à temps, pour arrêter ce jeu
Près du soldat blessé dans la boue des rizières
CHez le vieillard glacé dans la chambre sans feu
La Mort... La Mort...
Le Temps, c'est le tic-tac monstrueux de la montre
La Mort, c'est l'infini dans son éternité
Mais qu'advient-il de ceux qui vont à sa rencontre ?
Comme on gagne sa vie, nous faut-il mériter
La Mort... La Mort...
La Mort
Dernière édition par Ours de la MAZ le Mar 3 Nov 2020 - 17:26, édité 1 fois (Raison : ajustements)
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
La mémoire et la mer.
J'ai découvert réellement Léo Ferré via cette chanson. Je ne suis pas très enthousiaste quant à sa façon de chanter mais les textes .... Un exemple ? "Poètes ! Vos papiers !" : toute la société humaine est là; 3 mots suffisent.
Cette chanson, ou peut-être vaut-il mieux dire ce texte chanté, ce sont ses interprètes qui m'a attiré l'oreille : Pascal Rinaldi puis Philippe Léotard puis ...., puis Léo Ferré.
Je reste fidèle à la voix de Pascal Rinaldi.
Mais j'ai découvert récemment que ce qui est interprété n'est qu'un ré-assemblage de strophes d'un poème bien plus long. Je vais en poster la majeure partie sous spoiler. Je n'ai jamais lu à ce jour un tel foisonnement d'images et de sensations : Bon voyage en vous même.
J'ai découvert réellement Léo Ferré via cette chanson. Je ne suis pas très enthousiaste quant à sa façon de chanter mais les textes .... Un exemple ? "Poètes ! Vos papiers !" : toute la société humaine est là; 3 mots suffisent.
Cette chanson, ou peut-être vaut-il mieux dire ce texte chanté, ce sont ses interprètes qui m'a attiré l'oreille : Pascal Rinaldi puis Philippe Léotard puis ...., puis Léo Ferré.
Je reste fidèle à la voix de Pascal Rinaldi.
Mais j'ai découvert récemment que ce qui est interprété n'est qu'un ré-assemblage de strophes d'un poème bien plus long. Je vais en poster la majeure partie sous spoiler. Je n'ai jamais lu à ce jour un tel foisonnement d'images et de sensations : Bon voyage en vous même.
- La mémoire et la mer - version longue - texte uniquement - Certains spécialistes prétendent qu'il en existe une autre version plus ancienne et plus obscure encore:
Source : http://www.frenchpeterpan.com/article-la-memoire-et-la-mer-les-chants-de-la-fureur-leo-ferre-jean-baptiste-mersiol-124978163.html
Christie quand je t'ai vue plonger
Mes vergues de roc où ça cogne
Des feuilles mortes se peignaient
Quelque part dans la Catalogne
Le rite de mort aperçu
Sous un divan de sapin triste
Je m'en souviens j'étais perdu
La Camarde est ma camériste
C'était un peu après-midi
Tu luisais des feux de l'écume
On rentrait dans la chantilly
Avec les psaumes de la brume
La mer en bas disait ton nom
Ce poudrier serti de lames
Où Dieu se refait le chignon
Quand on le prend pour une femme
Ô chansons sures des marins
Dans le port nagent des squelettes
Et sur la dune mon destin
Vend du cadavre à la vedette
En croix granit christ bikini
Comme un nègre d'enluminure
Je le regarde réjoui
Porter sur le dos mon carbure
Les corbeaux blancs de Monsieur Poe
Géométrisent sur l'aurore
Et l'aube leur laisse le pot
Où gît le homard nevermore
Ces chiffres de plume et de vent
Volent dans la mathématique
Et se parallélisent tant
Que l'horizon joint l'ESThétique
L'eau cette glace non posée
Cet immeuble cette mouvance
Cette procédure mouillée
Me fait comme un rat sa cadence
Me dit de rester dans le clan
A mâchonner les reverdures
Sous les neiges de ce printemps
A faire au froid bonne mesure
Et que ferais-je nom de Dieu
Sinon des pull-overs de peine
Sinon de l'abstrait à mes yeux
Comme lorsque je rentre en scène
Sous les casseroles de toc
Sous les perroquets sous les caches
Avec du mauve plein le froc
Et la vie louche sous les taches
Cette rumeur qui vient de là
Sous l'arc copain où je m'aveugle
Ces mains qui me font du flafla
Ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur qui me suit longtemps
Comme un mendiant sous l'anathème
Comme l'ombre qui perd son temps
A dessiner mon théorème
Et sur mon maquillage roux
S'en vient battre comme une porte
Cette rumeur qui va debout
Dans la rue aux musiques mortes
C'est fini la mer c'est fini
Sur la plage le sable bêle
Comme des moutons d'infini
Quand la mer bergère m'appelle
Tous ces varechs me jazzent tant
Que j'en ai mal aux symphonies
Sur l'avenue bleue du jusant
Mon appareil mon accalmie
Ma veste verte de vert d'eau
Ouverte à peine vers Jersey
Me gerce l'âme et le carreau
Que ma mouette a dérouillé
Laisse passer de ce noroît
À peine un peu d'embrun de sel
Je ne sais rien de ce qu'on croit
Je me crois sur le pont de Kehl
Et vois des hommes vert-de-gris
Qui font la queue dans la mémoire
De ces pierres quand à midi
Leur descend comme France-Soir
La lumière du Monseignor
Tout à la nuit tout à la boue
Je mets du bleu dans le décor
Et ma polaire fait la moue
J'ai la leucémie dans la marge
Et je m'endors sur des brisants
Quand mousse la crème du large
Que l'on donne aux marins enfants
Quand je me glisse dans le texte
La vague me prend tout mon sang
Je couche alors sur un prétexte
Que j'adultère vaguement
Je suis le sexe de la mer
Qu'un peu de brume désavoue
J'ouvre mon phare et j'y vois clair
Je fais du Wonder à la proue
Les coquillages figurants
Sous les sunlights cassés liquides
Jouent de la castagnette tant
Qu'on dirait l'Espagne livide
Je fais les bars américains
Et je mets les squales en laisse
Des chiens aboient dessous ton bien
Ils me laisseront leur adresse
Je suis triste comme un paquet
Sémaphorant à la consigne
Quand donnera-t-on le ticket
A cet employé de la guigne
Pour que je parte dans l'hiver
Mon drap bleu collant à ma peau
Manger du toc sous les feux verts
Que la mer allume sous l'eau
Avec les yeux d'habitants louches
Qui nagent dur dedans l'espoir
Beaux yeux de nuit comme des bouches
Qui regardent des baisers noirs
Avec mon encre Waterman
Je suis un marin d'algue douce
La mort est comme un policeman
Qui passe sa vie à mes trousses
Je lis les nouvelles au sec
Avec un blanc de blanc dans l'arbre
Et le journal pâlit avec
Ses yeux plombé dessous le marbre
J'ai son Jésus dans mon ciré
Son tabernacle sous mon châle
Pourvu qu'on s'en vienne mouiller
Son chalutier sous mon Bengale
Je danse ce soir sur le quai
Une rumba toujours cubaine
Ça n'est plus Messieurs les Anglais
Qui tirent leur coup capitaine
Le crépuscule des atouts
Descend de plus en plus vers l'ouest
Quand le général a la toux
C'est nous qui toussons sur un geste
Le tyran tire et le mort meurt
Le pape fait l'œcuménique
Avec des mitres de malheur
Chaussant des binettes de biques
Je prendrai le train de marée
Avec le rêve de service
A dix-neuf heures GMT
Vers l'horizon qui pain d'épice
O boys du tort et du malheur
O beaux gamins des revoyures
Nous nous reverrons sous les fleurs
Qui là-bas poussent des augures
Les fleurs vertes des pénardos
Les fleurs mauves de la régale
Et puis les noires de ces boss
Qui prennent vos corps pour un châle
Nous irons sonner la Raison
A la colle de prétentaine
Réveille-toi pour la saison
C'est la folie qui se ramène
C'est moi le dingue et le filou
Le globetrotteur des chansons tristes
Décravate-toi viens chez nous
Mathieu te mettra sur la piste
Reprends tes dix berges veux-tu
Laisse un peu palabrer les autres
A trop parler on meurt sais-tu
T'a pas plus con que les apôtres
Du silence où tu m'as laissé
Musiquant des feuilles d'automne
Je sais que jamais je n'irai
Fumer la Raison de Sorbonne
Mais je suis gras comme l'hiver
Comme un hiver analgésiste
Avec la rime au bout du vers
Cassant la graine d'un artiste
A bientôt Raison à bientôt
Ici quelquefois tu me manques
Viens je serai ton fou gâteau
Je serai ta folie de planque
Je suis le prophète bazar
Le Jérémie des roses cuisses
Une crevette sur le dard
Et le dard dans les interstices
Je baliverne mes ennuis
Je dis que je suis à la pêche
Et vers l'automne de mes nuits
Je chandelle encore la chair fraîche
Des bibelots des bonbons surs
Des oraisons de bigornades
Des salaisons de dessous mûrs
Quand l'oeil descend sous les oeillades
Regarde bien c'est là qu'il gît
Le vert paradis de l'entraide
Vers l'entre doux de ton doux nid
Si tu me tends le cœur je cède
Ça sent l'odeur des cafards doux
Quand le crépuscule pommade
Et que j'enflamme l'amadou
Pour mieux brûler ta chair malade
O ma frégate du palier
Sur l'océan des cartons-pâtes
Ta voilure est dans l'escalier
Reviens vite que je t'empâte
Une herbe douce comme un lit
Un lit de taffetas de carne
Une source dans le Midi
Quand l'ombre glisse et me décharne
Un sentiment de rémission
Devant ta violette de Parme
Me voilà soumis comme un pion
Sur l'échiquier que ta main charme
Le poète n'est pas régent
De ses propriétés câlines
Il va comme l'apôtre Jean
Dormant un peu sur ta poitrine
Il voit des oiseaux dans la nuit
Il sait que l'amour n'est pas reine
Et que le masculin gémit
Dans la grammaire de tes chaînes
Ton corps est comme un vase clos
J'y pressens parfois une jarre
Comme engloutie au fond des eaux
Et qui attend des nageurs rares
Tes bijoux ton blé ton vouloir
Le plan de tes folles prairies
Mes chevaux qui viennent te voir
Au fond des mers quand tu les pries
Mon organe qui fait ta voix
Mon pardessus sur ta bronchite
Mon alphabet pour que tu croies
Que je suis là quand tu me quittes
Un violon bleu se profilait
La mer avec Bartok malade
O musique des soirs de lait
Quand la Voie Lactée sérénade
Les coquillages incompris
Accrochaient au roc leurs baroques
Kystes de nacre et leurs soucis
De vie perleuse et de breloques
Dieu des granits ayez pitié
De leur vocation de parure
Quand le couteau vient s'immiscer
Dans leurs castagnettes figures
Le dessinateur de la mer
Gomme sans trêve des pacages
Ça bêle dur dans ce désert
Les moutons broutent sous les pages
Et la houle les entretient
Leur laine tricote du large
De quoi vêtir les yeux marins
Qui dans de vieux songes déchargent
Ô lavandière du jusant
Les galets mouillés que tu laisses
J'y vois comme des culs d'enfants
Qui dessalent tant que tu baisses
Reviens fille verte des fjords
Reviens gorge bleue des suicides
Que je traîne un peu sur tes bords
Cette manie de mort liquide
J'ai le vertige des suspects
Sous la question qui les hasarde
Vers le monde des muselés
De la bouche et des mains cafardes
Quand mon ange me fait du pied
Je lui chatouille le complexe
II a des ailes ce pédé
Qui sont plus courtes que mon sexe
Je ne suis qu'un oiseau fardé
Un albatros de rémoulade
Une mouche sur une taie
Un oreiller pour sérénade
Et ne sais pourtant d'où je viens
Ni d'où me vient cette malfide
Un peu de l'horizon jasmin
Qui prend son " té" avec Euclide
Je suis devenu le mourant
Mourant le galet sur ta plage
Christie je reste au demeurant
Méditerranéen sauvage
La marée je l'ai dans le cœur
Qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite sœur
De mon enfant et de mon cygne
Un bateau ça dépend comment
On l'arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament
Des années-lumière et j'en laisse
Je suis le fantôme Jersey
Celui qui vient les soirs de frime
Te lancer la brume en baisers
Et te ramasser dans ses rimes
Comme le trémail de juillet
Où luisait le loup solitaire
Celui que je voyais briller
Aux doigts du sable de la terre
Rappelle-toi ce chien de mer
Que nous libérions sur parole
Et qui gueule dans le désert
Des goémons de nécropole
Je suis sûr que la vie est là
Avec ses poumons de flanelle
Quand il pleure de ces temps-là
Le froid tout gris qui nous appelle
Ô l'ange des plaisirs perdus
Ô rumeurs d'une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus
Qu'un chagrin de ma solitude
Je me souviens des soirs là-bas
Et des sprints gagnés sur l'écume
Cette bave des chevaux ras
Au ras des rocs qui se consument
Et le diable des soirs conquis
Avec ses pâleurs de rescousse
Et le squale des paradis
Dans le milieu mouillé de mousse
Ô parfum rare des salants
Dans le poivre feu des gerçures
Quand j'allais géométrisant
Mon âme au creux de ta blessure
Dans le désordre de ton cul
Poissé dans les draps d'aube fine
Je voyais un vitrail de plus
Et toi fille verte de mon spleen
Et je voyais ce qu'on pressent
Quand on pressent l'entrevoyure
Entre les persiennes du sang
Et que les globules figurent
Une mathématique bleue
Dans cette mer jamais étale
(D'où nous remonte peu à peu
Cette mémoire des étoiles
Ces étoiles qui font de l'œil
A ces astronomes qu'escortent
Des équations dans leur fauteuil
A regarder des flammes mortes
Je prierais Dieu si Dieu priait
Et je coucherais sa compagne
Sur mon grabat d'où chanteraient
Les chanterelles de mon pagne
Mais Dieu ne fait pas le détail
Il ne prête qu'à ses Lumières
Quand je renouvelle mon bail
Je lui parlerai de son père
Du fils de l'homme et du chagrin
Quand je descendais sur la grève
Et que dans la mer de satin
Luisaient les lèvres de mes rêves
Je ne suis qu'un amas de chair
Un galaxique qui détale
Dans les hôtels du monte-en-l'air
Quand ma psycho se fait la malle
Reviens fille verte des fjords
Reviens violon des violonades
Dans le port fanfarent les cors
Pour le retour des camarades
Je vais tout à l'heure fauchant
Des moutons d'iceberg solaire
Avec la Suisse entre leurs dents
A brouter des idées-lumière
Et des chevaux les appelant
De leur pampa et des coursives
Que j'invente à leurs naseaux blancs
Comme le sperme de la rive
Arrive marin d'outre temps
Arrive marine d'extase
Quand je m'arrête tu me prends
Comme je te prends dans ta case
Négresse bleue blues d'horizon
Et les poissons que tu dégorges
Depuis ton ventre et tes façons
Quand ton "sexo" joue dans ta gorge
Dans cette plaie comme d'un trou
Grouillant de cris comme la vague
Quand les goélands sont jaloux
De l'architecte où s'extravaguent
Des maçons aux dents de velours
Et le ciment de leur salive
A te cimenter pour l'amour
Ton cul calculant la dérive
Mes souvenirs s'en vont par deux
Moi le terrien du Pacifique
Je suis métis de mes aveux
Je suis le silence en musique
Le parfum des mondes perdus
Le sourire de la comète
Sous le casque de ta vertu
Quand le coiffeur sèche ta tête
Muselle-moi si tu le peux
Toi dans ton ixe où le vacarme
Sonne le glas dans le milieu
Moi planté là avec mon arme
Tu es de tous les continents
Tu m'arrives comme la route
Où s'exténuent dix mille amants
Quand la pluie à ton cul s'égoutte
O la mer de mes cent mille ans
Je m'en souviens j'avais dix piges
Et tu bandes ton arc pendant
Que ma liqueur d'alors se fige
Tu es ma glace et moi ton feu
Parmi les algues tu promènes
Cette déraison où je peux
M'embrumer les bronches à ta traîne
Et qu'ai-je donc à Iyriser
Cette miction qui me lamente
Dans ton lit j'allais te braquer
Ta culotte sentait la menthe
Et je remontais jusqu'au bord
De ton goémon en soupente
Et mes yeux te prenaient alors
Ce blanc d'écume de l'attente
Emme c2 Emme c2
Aime-moi donc ta parallèle
Avec la mienne si tu veux
S'entrianglera sous mes ailes
Humant un peu par le dessous
Je deviendrai ton olfacmouette
Mon bec plongeant dans ton égout
Quand Dieu se vide de ta tête
Les vagues les vagues jamais
Ne viendront repeupler le sable
Où je me traîne désormais
Attendant la marée du diable
Ce copain qui nous tient la main
Devant la mer crépusculaire
Depuis que mon coeur dans le tien
Mêle ton astre à ma Lumière
Cette matière me parlant
Ce silence troué de formes
Mes chiens qui gisent m'appelant
Mes pas que le sable déforme
Cette cruelle exhalaison
Qui monte des nuits de l'enfance
Quand on respire à reculons
Une goulée de souvenance
Cette maison gantée de vent
Avec son fichu de tempête
Quand la vague lui ressemblant
Met du champagne sur sa tête
Ce toit sa tuile et toi sans moi
Cette raison de ME survivre
Entends le bruit qui vient d'en bas
C'est la mer qui ferme son livre
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Autre sujet, croisé cette semaine sur le site FB de France Culture.
Publié sur FB ce matin, je duplique ici.
Cela pourrait intéresser certains : je ne saurais trop vous suggérer de suivre le lien : https://www.franceculture.fr/histoire/reinhard-hohn-le-general-nazi-devenu-theoricien-du-management
""Libres d'obéir...." : il y a quelque chose de pourri dans la domination. Mais en entreprise, il convient d'appeler cela du management.
La vidéo est courte, claire. Elle a déjà été publiée sur le compte Facebook de France Culture, mais je n'avais pas eu le temps de republier.
J'aurais fait ma carrière dans une entreprise oligarchique et tribale. Tout le monde trouvait cela arriéré. Mais au final, cela aura été plus honnête que cette manipulation perverse.
https://www.dailymotion.com/video/x7x3brs
Publié sur FB ce matin, je duplique ici.
Cela pourrait intéresser certains : je ne saurais trop vous suggérer de suivre le lien : https://www.franceculture.fr/histoire/reinhard-hohn-le-general-nazi-devenu-theoricien-du-management
""Libres d'obéir...." : il y a quelque chose de pourri dans la domination. Mais en entreprise, il convient d'appeler cela du management.
La vidéo est courte, claire. Elle a déjà été publiée sur le compte Facebook de France Culture, mais je n'avais pas eu le temps de republier.
J'aurais fait ma carrière dans une entreprise oligarchique et tribale. Tout le monde trouvait cela arriéré. Mais au final, cela aura été plus honnête que cette manipulation perverse.
https://www.dailymotion.com/video/x7x3brs
- Texte:
- Une "carrière allemande"
Reinhard Höhn a formé l’élite du “miracle économique” allemand d’après-guerre et a influencé de grandes entreprises comme Aldi qui se réclamait de sa méthode jusqu’en 2012. Johann Chapoutot : “Reinhard Höhn est tout à fait emblématique d’une 'carrière allemande'. C’est-à-dire ces gens qui ont prospéré sous la nazisme et qui après quelque temps de discrétion après 1945 on su se recaser grâce à des réseaux de solidarité qui étaient présents partout dans le public comme dans le privé.”
La double carrière de Reinhard Höhn débute à la fin des années 1920. Le mouvement nazi monte en puissance, et recrute une cohorte de jeunes universitaires. Parmi eux, se trouve Reinhard Höhn. Le jeune professeur en droit public intègre ainsi la SD, le service de renseignement de la SS. Johann Chapoutot : “Hitler lui-même qui disait qu’il était content de voir des échelons administratifs s’entretuer parce que de cette lutte entre des agences, des administrations, des directions allait émaner la solution la plus rapide et la plus radicale. Et ça a été théorisé par des gens comme Reinhard Höhn. C’est quelqu’un qui très rapidement estime que l’Etat n’a plus sa place dans le monde nouveau dont accouchent les nazis. Parce que l’Etat est inefficace, trop attaché à la norme, à la règle. Il faut au contraire remplacer cet État par des agences, donc lui il théorise ça, mais c’est ce que font les nazis dès 1933.” Cadre prometteur de la SD et protégé d’Himmler, Reinhard Höhn est nommé général SS en 1944.
Le mythe de la dénazification
Après la défaite allemande, Höhn ne fuit pas comme beaucoup de cadres SS. Il se fait discret avant de bénéficier de la grande loi d’“impunité” d’Adenauer en 1949 qui amnistie 800 000 anciens officiers nazis. Johann Chapoutot : “On a vécu pendant très longtemps sur un mythe : celui de la dénazification. Ce qui est faux et ce qui au fond n’était pas vraiment possible dans la mesure où la pénétration nazie était telle qu’il était difficile de s’en débarrasser totalement.”
Dans la toute nouvelle RFA (République fédérale allemande), l’objectif est désormais la lutte contre le communisme. Les anciens nazis sont mis à contribution grâce au soutien du réseau de solidarité qui lie les 6 500 anciens de la SD. Höhn donne des conférences sur l’histoire militaire, sa passion, et se retrouve à travailler pour un think tank patronal. En 1956, il crée une école de commerce sur le modèle américain de la Harvard Business School à Bad Harzburg, en Basse-Saxe.
Libres d'obéir
Reinhard Höhn enseigne dans son école sa théorie du management par “délégation de responsabilité”, également appelée “la méthode de Bad Harzburg”. Il pense l’organisation de l’entreprise sur le modèle de l’armée prussienne du XIXe siècle avec sa “tactique par la mission”. Johann Chapoutot : “Une fois la fin définie, l’objectif défini, le calcul des moyens était laissé à l’appréciation du subordonné. Donc le subordonné était libre d’obéir parce qu’il devait obéir, certes, mais dans la liberté du choix des moyens. Ce qui avait une conséquence : s’il échouait, comme il avait la liberté, il avait la responsabilité, donc ça fait peser sur les échelons inférieurs la responsabilité totale de la réussite et aussi de l’échec de la mission.” L’école de Bad Harzburg forme 700 000 cadres de 2 500 entreprises, comme BMW, Bayer, Opel, Colgate ou Ford, ainsi que l’élite politique de la jeune RFA qui s’appuie sur les écrits de Reinhard Höhn pour créer la Bundeswehr, la nouvelle armée citoyenne allemande, en 1955.
Le passé nazi de Höhn le rattrape dans les années 1970 sous la pression des mouvements étudiants antifascistes et avec l’arrivée au pouvoir des socialistes. En 1972, l’armée allemande rompt son contrat avec l’école de Bad Harzburg.
Entre 1956 et 1995, Reinhard Höhn aura publié une quarantaine d’ouvrages. Certains se sont vendus à des centaines de milliers d’exemplaires comme son best-seller, Le Pain quotidien du management. “Manager de génie”, “enseignant de talent”, “infatigable scientifique”. En 2000, à sa mort, la presse allemande salue la mémoire de Reinhard Höhn : l’ancien général SS devenu l’un des grands cerveaux du management moderne
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
J’ai longtemps cherché un petit quelque chose pour réagir à la chanson sur la mort, de Ferré et Causimon. Un poème absolument superbe auquel je souhaitais apporter une petite touche d’espoir ou peut-être de gaité (où que j’aille, je ne peux m’empêcher de vouloir mettre un peu de lumière sur du sombre, j’espère en être pardonnée).
Et j’ai finalement trouvé cette chanson de Barbara que je ne connaissais pas. Et puis j’ai cherché la meilleure interprétation et là… j’ai trouvé cet enregistrement un peu flou. Mais quelle présence, j’en ai eu des frissons…
Et concernant le Cantique des Cantiques, c’est un texte là aussi absolument superbe et son histoire l’est tout autant. Je ne sais pas si tu la connais.
Il y a un moment j’ai écouté une émission sur France Culture, Les chemins de la philosophie d’Adèle Van Reeth qui se basait sur un entretien avec Chloé Mons (sa femme et bassiste), qui avait écrit un livre sur sa vie et son travail artistique avec Alain Bashung, décédé donc.
https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/faisons-un-reve-44-alain-bashung-monsieur-reve
Outre que c’était passionnant et extrêmement touchant de l’entendre en parler avec un amour profond et un immense respect, de l’entendre rire avec tendresse de son addiction à la cigarette qui lui aura coûté la vie, de l'entendre raconter, sans fard, sans non plus de mélancolie amère ou tourmentée, combien elle a su être présente et forte dans son dernier combat contre la maladie, elle a aussi raconté pourquoi et comment avait été enregistré ce Cantique des Cantiques.
En fait c’est une idée qu’ils ont eu tous les deux pour concrétiser leur mariage tardif. Leur toute première prestation s’est donc déroulée devant leurs amis réunis dans une chapelle. Et elle a tenu lieu de cérémonie, une forme de messe donc.
Lumineux.
Et j’ai finalement trouvé cette chanson de Barbara que je ne connaissais pas. Et puis j’ai cherché la meilleure interprétation et là… j’ai trouvé cet enregistrement un peu flou. Mais quelle présence, j’en ai eu des frissons…
Et concernant le Cantique des Cantiques, c’est un texte là aussi absolument superbe et son histoire l’est tout autant. Je ne sais pas si tu la connais.
Il y a un moment j’ai écouté une émission sur France Culture, Les chemins de la philosophie d’Adèle Van Reeth qui se basait sur un entretien avec Chloé Mons (sa femme et bassiste), qui avait écrit un livre sur sa vie et son travail artistique avec Alain Bashung, décédé donc.
https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/faisons-un-reve-44-alain-bashung-monsieur-reve
Outre que c’était passionnant et extrêmement touchant de l’entendre en parler avec un amour profond et un immense respect, de l’entendre rire avec tendresse de son addiction à la cigarette qui lui aura coûté la vie, de l'entendre raconter, sans fard, sans non plus de mélancolie amère ou tourmentée, combien elle a su être présente et forte dans son dernier combat contre la maladie, elle a aussi raconté pourquoi et comment avait été enregistré ce Cantique des Cantiques.
En fait c’est une idée qu’ils ont eu tous les deux pour concrétiser leur mariage tardif. Leur toute première prestation s’est donc déroulée devant leurs amis réunis dans une chapelle. Et elle a tenu lieu de cérémonie, une forme de messe donc.
Lumineux.
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