«Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
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Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
J'aime bien le forum Asperansa, il y a une photographe Lula Luna qui fait des photos formidables !
Dernière édition par Mag le Lun 6 Juin 2016 - 19:00, édité 1 fois (Raison : Luna pas Lula)
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Elle s'appelle Luna en fait.
fleur_bleue- Messages : 3764
Date d'inscription : 18/09/2012
Age : 41
Localisation : Paris
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Source : My Modern Met/Facebook
Une arête dans la gorge
peut évider la voix.
Mais la voix vide parle aussi.
Seule la voix vide
peut dire le saut immobile
vers nulle part,
le texte sans paroles,
les trous de l'histoire,
la crise de la rose,
le rêve de n'être personne,
l'amour le plus désert,
les cieux abolis,
les fêtes de l'abîme,
la conque brisée.
Seule la voix vide
peut parler du vide.
Ou de son ombre claire.
Roberto Juarroz – Une arête dans la gorge peut évider la voix… (1988)
Source : Beauty will save the world
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
"Paris sera toujours Paris. Qu'est-ce que tu veux qu'il fasse d'autre ?" - Frédéric Dard
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Monumenta 2016 : Huang Yong Ping.
Troublant... La vidéo ci-dessous n'est pas inutile.
J'avais vu l'installation de Boltanski, il y a quelques années, à propos des camps de concentration. Ces installations dont les dimensions nous dominent, ouvrent un accès à des évidences qui ne nous sont pas familières par la raison.
Je n'y passerai pas, pas cette fois. Plus tard. J'ai le plein de gasoil mais j'ai mal négocié une courbe du canal (cf précédent post)
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
"(cf précédent post)" l'est où Accident ?
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Je te remercie Ours pour ton post sur l'autisme. Très intéressant.
zelle- Messages : 1184
Date d'inscription : 27/03/2015
Age : 54
Localisation : à l' ouest
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
C'était volontiers.
Je n'ai pas encore pris le temps d'écouter le "replay".
Je n'ai pas encore pris le temps d'écouter le "replay".
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
J'ai pas encore lu le spoiler mais j'ai écouté l'emission avec les témoignages.
Je ne vois pas où se situe la différence chez les hommes et les femmes Aspis. J'entends exactement ce que vit mon fils....
On dit souvent que les femmes se sont plus adaptées, mieux conformées. Mais ce qu'elles vivent à l'intérieur, leurs difficultés, les efforts qu'elles doivent fournir, c'est exactement pareil n'est-ce pas ?
Je ne vois pas où se situe la différence chez les hommes et les femmes Aspis. J'entends exactement ce que vit mon fils....
On dit souvent que les femmes se sont plus adaptées, mieux conformées. Mais ce qu'elles vivent à l'intérieur, leurs difficultés, les efforts qu'elles doivent fournir, c'est exactement pareil n'est-ce pas ?
Invité- Invité
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Exactement le même ressenti, mais en symétrie bien entendu. Et personnellement, cela me fait très plaisir que tu relèves cette particularité étant concerné depuis toujours par cette frontière.
D'où nous pourrions déduire qu'il n'y a pas de divergence "symptomatique" selon le sexe.
Cela résonne avec la difficulté des Aspie à se "genrer" en terme de comportement sociaux.
Cela fait écho aussi à Judith Butler et ce que l'on a appelé la théorie du genre traduction partiellement impropre de gender studies.
Le syndrome prévaudrait à la partition en genre, notamment dans la mesure où le conformisme social est très difficile. Pour les femmes, la pression sociale plus globale leur impose un faux-self permanent (sois belle et tais-toi), pour les hommes, une éducation répressive ferait de même (soit un homme mon fils). Mais sous ces masques, il n'y a pas de différences.
D'où nous pourrions déduire qu'il n'y a pas de divergence "symptomatique" selon le sexe.
Cela résonne avec la difficulté des Aspie à se "genrer" en terme de comportement sociaux.
Cela fait écho aussi à Judith Butler et ce que l'on a appelé la théorie du genre traduction partiellement impropre de gender studies.
Le syndrome prévaudrait à la partition en genre, notamment dans la mesure où le conformisme social est très difficile. Pour les femmes, la pression sociale plus globale leur impose un faux-self permanent (sois belle et tais-toi), pour les hommes, une éducation répressive ferait de même (soit un homme mon fils). Mais sous ces masques, il n'y a pas de différences.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
"Sous le masque, il n'y a pas de différence"
Ça résonne et me renvoit à bien d'autres interprétations
Ours, un jour tu m'as demandé si j'etais Asperger. Je sais que je ne le suis pas, je n'ai pas la triade autistique. Mais j'ai réalisé grâce à toi que mon fils l'était. C'a été le déclic
Ça résonne et me renvoit à bien d'autres interprétations
Ours, un jour tu m'as demandé si j'etais Asperger. Je sais que je ne le suis pas, je n'ai pas la triade autistique. Mais j'ai réalisé grâce à toi que mon fils l'était. C'a été le déclic
Invité- Invité
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Certitudes (sans rapport direct avec le post précédent de Parisette)...
PS : Souvenons, au cas où, : "On voit la paille dans l’œil de son voisin, mais pas la poutre dans le sien"
PS : Souvenons, au cas où, : "On voit la paille dans l’œil de son voisin, mais pas la poutre dans le sien"
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Je n’aime pas Chagall.
Enfin, je n’aime pas, comme un enfant n’aime pas les petits pois ou les rognons
sauce Madère. En réalité, je devrais dire qu’il me trouble. Il me trouble avec
ses nappes bouchonnées de couleur intense, avec son tracé se voulant minutieux
et quelque foi sourcilleux, avec ses personnages inclinés ou suspendus, avec comme
la proclamation d’une foi intense.
Je préfère Nicolas de Staël. Il me porte au rêve. J’aime ces
traits forts qui se passent de couleur décrivant la côte d’Opale près du cap
Blanc nez. J’aime ses pavés de couleurs qui se passent de traits pour un bateau
non loin de Calais, une femme dans son intimité. Il manque toujours quelque
chose à Nicolas de Staël. A l’imaginaire de compléter comme il l’entend ces
ellipses du réel. J’imagine Nicolas de Staël porté vers une sorte d’hypnose, un
rêve éveillé.
Autant Chagall me contraint, autant Nicolas de Staël me
libère.
Et pourtant….
Et pourtant samedi dernier j’ai vécu une expérience épuisante,
intense voire traumatisante. Il y a, non loin des Baux de Provence, au pied des
Alpilles déchiquetées et rocailleuses, une ancienne carrière de calcaire
coquillé. La roche était extraite par immenses pans de plusieurs mètres. Il en
reste une caverne géométrique au plafond très élevé, avec de larges allés, une sorte
de cathédrale. J’ignore qui, mais quelqu’un en a fait un lieu de lumières et de
beautés, projetant sur ces monumentales facettes de pierre claire, des images,
des tableaux – cathédrale de lumière.
J’y étais allé, du temps des diapos et de la sono (eh, oui,
cela ne me rajeunit pas).
Me joignant ce week-end à un groupe d’artistes … en foin, j’y
suis retourné. La vidéo remplace avantageusement mes souvenirs un peu hachés.
Le sujet du spectacle était Chagall.
J’ai vu le spectacle 2 fois et la seconde fois fut encore
plus intense que la première. Noyé dans ses images sans frontière, submergé de
couleurs et de motifs, j’ai, en quelque sorte, été mis en contact avec mon
inconscient. Nous étions 3 : lui, tous ces murs, sols et surfaces et moi.
Et tout cela s’est mêlé, sans que je puisse y résister. Les images sont
devenues sucrées et acides, les couleurs se sont faites plumes d’oreillers et
bains de lac glacé, la musique s’est intégré en moi et les dessins ont extraits
rêves et cauchemars.
Et j’ai compris le trouble : celui d’être confronté à
ce soi tellement autre qu’il est difficile à accepter consciemment. J'en suis
sorti hébété ; le retour fut calme, la nuit profonde et le lendemain une
longue sieste réparatrice nécessaire. Et ce n’est qu’aujourd’hui, 72h00 après,
que j’arrive à écrire cette expérience.
Allez-y… si vous le pouvez !
Ou suivez ce lien pour avoir une idée : https://www.flickr.com/photos/claude-benard/albums/72157669660461856
-------------------------------
Flag de nombilisme et d'orgueil !
J'ai mis le lien de mes photos et non le lien du site : http://carrieres-lumieres.com/fr/chagall-songes-dune-nuit-dete-0
Enfin, je n’aime pas, comme un enfant n’aime pas les petits pois ou les rognons
sauce Madère. En réalité, je devrais dire qu’il me trouble. Il me trouble avec
ses nappes bouchonnées de couleur intense, avec son tracé se voulant minutieux
et quelque foi sourcilleux, avec ses personnages inclinés ou suspendus, avec comme
la proclamation d’une foi intense.
Je préfère Nicolas de Staël. Il me porte au rêve. J’aime ces
traits forts qui se passent de couleur décrivant la côte d’Opale près du cap
Blanc nez. J’aime ses pavés de couleurs qui se passent de traits pour un bateau
non loin de Calais, une femme dans son intimité. Il manque toujours quelque
chose à Nicolas de Staël. A l’imaginaire de compléter comme il l’entend ces
ellipses du réel. J’imagine Nicolas de Staël porté vers une sorte d’hypnose, un
rêve éveillé.
Autant Chagall me contraint, autant Nicolas de Staël me
libère.
Et pourtant….
Et pourtant samedi dernier j’ai vécu une expérience épuisante,
intense voire traumatisante. Il y a, non loin des Baux de Provence, au pied des
Alpilles déchiquetées et rocailleuses, une ancienne carrière de calcaire
coquillé. La roche était extraite par immenses pans de plusieurs mètres. Il en
reste une caverne géométrique au plafond très élevé, avec de larges allés, une sorte
de cathédrale. J’ignore qui, mais quelqu’un en a fait un lieu de lumières et de
beautés, projetant sur ces monumentales facettes de pierre claire, des images,
des tableaux – cathédrale de lumière.
J’y étais allé, du temps des diapos et de la sono (eh, oui,
cela ne me rajeunit pas).
Me joignant ce week-end à un groupe d’artistes … en foin, j’y
suis retourné. La vidéo remplace avantageusement mes souvenirs un peu hachés.
Le sujet du spectacle était Chagall.
J’ai vu le spectacle 2 fois et la seconde fois fut encore
plus intense que la première. Noyé dans ses images sans frontière, submergé de
couleurs et de motifs, j’ai, en quelque sorte, été mis en contact avec mon
inconscient. Nous étions 3 : lui, tous ces murs, sols et surfaces et moi.
Et tout cela s’est mêlé, sans que je puisse y résister. Les images sont
devenues sucrées et acides, les couleurs se sont faites plumes d’oreillers et
bains de lac glacé, la musique s’est intégré en moi et les dessins ont extraits
rêves et cauchemars.
Et j’ai compris le trouble : celui d’être confronté à
ce soi tellement autre qu’il est difficile à accepter consciemment. J'en suis
sorti hébété ; le retour fut calme, la nuit profonde et le lendemain une
longue sieste réparatrice nécessaire. Et ce n’est qu’aujourd’hui, 72h00 après,
que j’arrive à écrire cette expérience.
Allez-y… si vous le pouvez !
Ou suivez ce lien pour avoir une idée : https://www.flickr.com/photos/claude-benard/albums/72157669660461856
-------------------------------
Flag de nombilisme et d'orgueil !
J'ai mis le lien de mes photos et non le lien du site : http://carrieres-lumieres.com/fr/chagall-songes-dune-nuit-dete-0
Dernière édition par Ours de la MAZ le Mer 15 Juin 2016 - 8:16, édité 1 fois
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Je connais cet endroit !!!
...
Je comprends ce que tu as pu vivre avec en plus ces images !!!
...
"Et j’ai compris le trouble : celui d’être confronté à
ce soi tellement autre qu’il est difficile à accepter consciemment. "
ce trouble maintenant je le sais : c'est bien moi et nous sommes les meilleurs amis du monde !... mais je n'ai jamais pu partager ça avec quiconque, et l'ai accepté... à la longue...
Merci de tes mots et des images
...
Je comprends ce que tu as pu vivre avec en plus ces images !!!
...
"Et j’ai compris le trouble : celui d’être confronté à
ce soi tellement autre qu’il est difficile à accepter consciemment. "
ce trouble maintenant je le sais : c'est bien moi et nous sommes les meilleurs amis du monde !... mais je n'ai jamais pu partager ça avec quiconque, et l'ai accepté... à la longue...
Merci de tes mots et des images
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Le ciel lumineux vers l'est est plombé et orageux vers l'ouest. Après une journée de Mistral, nuages et soleil hésitent à qui lancera l'offensive.
Les couleurs ce matin ressortaient plus nettement et les camaïeux de lauriers roses ourlaient les bords de route comme de gigantesques guirlandes de Noël. Ils sont spécialement beaux cette année.
Chez vous c'est gris et pluie ? Je compatis, ces mots ne sont pas pour vous faire bisquer.
Mais revenons à la lumière métallique, une lumière à laisser Arvo Pärt installer ses méditations :
Les couleurs ce matin ressortaient plus nettement et les camaïeux de lauriers roses ourlaient les bords de route comme de gigantesques guirlandes de Noël. Ils sont spécialement beaux cette année.
Chez vous c'est gris et pluie ? Je compatis, ces mots ne sont pas pour vous faire bisquer.
Mais revenons à la lumière métallique, une lumière à laisser Arvo Pärt installer ses méditations :
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Météo a écrit:Soleil et pluie jouent en chœur dans le ciel.
La lumière est belle et la température agréable.
On se croirait aux Antilles.
Invité- Invité
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
En effet re bienvenue, Ours !!!!
quel plaisir
quel plaisir
Invité- Invité
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
...
Dernière édition par ssof le Jeu 16 Juin 2016 - 17:43, édité 1 fois
ssof- Messages : 89
Date d'inscription : 12/12/2015
Localisation : nulle part
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Merci de vos gentilles salutations et passages par ce fil.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Quand tu contemples une rose
qui a blessé un mur et que tu te dis :
J’ai bon espoir de guérir du sable,
ton cœur verdit...
Quand, par une journée belle comme une icône,
tu accompagnes une femme au cirque
et que tu es convié à la danse des chevaux,
ton cœur rougit...
Quand tu comptes les étoiles, que tu te trompes
après la treizième et que tu t’assoupis
comme l’enfant
dans la bleuité de la nuit,
ton cœur blanchit...
Quand tu marches et
que tu ne
trouves pas
le songe
allant devant toi comme l’ombre,
ton cœur jaunit...
Mahmoud Darwich – Quand tu contemples (2003)
Source : Beauty will save the World
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
7h40
Examinant l’air de rien le parking des employés, je vis sa petite voiture blanche. Elle était donc arrivée, après moi, mais avant que je ne redescende à la machine à café. J’aurais peut-être la chance de quelques minutes en tête à tête. Finalement, les périodes de suractivités avaient leur bon côté, elle arrivait un peu avant tout le monde.
L’escalier, la tasse en grès que ma fille m’avait offert, la capsule de Nespresso, une main sur la rambarde…, quelques marches : je la vis. Elle fumait une cigarette dehors, le regard focalisé sur son portable.
J’hésitais.
Fallait-il l’interrompre au risque d’une salutation neutre et distante, au risque de paraitre réchauffer les privautés de la veille ?
La veille au matin, alors seuls dans le bureau collectif où elle travaille, nous avions eu un échange de bises protocolaires, puis de mots, puis de regard, de peaux, de mains qui se tendent, de doigts qui s'entrelacent ; le lieu et le moment furent « salvateurs ».
C’était advenu si naturellement et si rapidement… comme deux corps tendus depuis trop longtemps vers la délivrance.
Mais ce n’était pas le sujet.
Enfin, si, c’était Le Sujet.
Un gyrophare s’était allumé dans ma tête :
« Attention, danger - Mise en place des procédures de sauvegarde »
Je me bardais d’arguments plus raisonnables, les uns que les autres : vingt ans d’écart, encore des illusions du genre de « la boulangère qui me sourit parce qu’elle m’aime d’amour », no zob in job, elle en pleine fleur de l’âge et moi passé fleur, …
J’hésitais.
Que fallait-il que je fasse ? Et si ce n’était pas une illusion ? Et si ce n’était qu’une simple connexion ? Et si, selon mon habituel travers, je ne communiquais que via un affectif intense, parce que je ne savais pas faire autrement ? Et s’il était temps d’appliquer le « fuis-moi je te suis, suis moi je te fuis » ? Et si…
Je sortis simplement l’air « dégagé »…
Un sourire éclaira ses yeux bleu acier et d’un mouvement de tête, elle dégagea son visage. Je regardais un bref instant en elle, pour tenter de savoir, de comprendre, de discriminer ce qui tenait de la politesse, de la proximité ou de cet autre chose dont j’ai toujours confondu les signes.
- Bonjour, la belle !
- Bonjour ! Comment vas-tu ?
- Hum, ouais ouais…
- Alors souris !
- Ouais.
Détournant les yeux par prudence, je tournais lentement le dos et rentrais dans le bâtiment en ajoutant :
- Hum, sourire, sourire. … tu as raison, je devrais sourire.
-
J'évitais faire le joli cœur, c’eut été pathétique et quand je revins de la machine à café, d’autres étaient arrivés.
Je remontais vers mon bureau et la journée démarra.
Contrôle et formation de ma nouvelle assistante, Comité de pilotage, déjeuner, réunion informatique, le temps fila…
16h45
Une assistante de clientèle vint pour une explication technique. Belge d’origine, double licence, vive, intelligente, très adaptable, avec une jolie voix forte et grave…. Bref une personnalité attachante, tonique et très au-dessus de la moyenne de ses collègues.
Pendant que je cherchais les références de la pièce demandée, elle parla de sa dyslexie. Je la questionnais un peu à propos de sa formation et de ses études, de l’aisance que j’éprouvais à sa proximité tout en affirmant à juste titre qu’il n’y avait aucune intention dans mes questions. J’osais aller vers la douance. Quelques mots encore, très déliés et tout à trac elle me dit :
- Tu as l’air si sérieux et si triste. Le matin quand je viens te dire bonjour, j’espère toujours te voir répondre à mon sourire…
- Tu sais, je cherche ton bonjour le matin, car il m’apporte une joie profonde, comme un geste de paix.
Et je continuais :
- Mais je suis obligé de me protéger. Je ne suis pas comme les autres, je n’ai pas de personnalité sociale, je n’ai pas d’interface. Alors, quand je me connecte à quelqu’un, je suis entièrement moi et c’est insupportable pour les gens et souvent douloureux pour moi. Je suis obligé de porter un masque de théâtre et pour ne laisser aucune porte de sortie, je conserve mon air « sérieux et triste ». C’est juste épuisant, j’aimerai tant être libre…
- Je comprends ; alors je continuerai à venir te voir le matin avec plein de sourires.
Son produit ayant été nomenclaturé, elle repartit avec sa référence et me lança un merci sonore. Et moi je restais pensif.
« Souris, t’es pas un monstre » avais-je entendu quelques jours avant. Il y a quelque chose de brisé en moi.
17h00
La petite voiture blanche était partie.
Demain serait un autre jour, seul le temps change les choses à l’affaire.
Et puis tout cela est si banal et grotesque à la fois.
Il n’empêche….
Examinant l’air de rien le parking des employés, je vis sa petite voiture blanche. Elle était donc arrivée, après moi, mais avant que je ne redescende à la machine à café. J’aurais peut-être la chance de quelques minutes en tête à tête. Finalement, les périodes de suractivités avaient leur bon côté, elle arrivait un peu avant tout le monde.
L’escalier, la tasse en grès que ma fille m’avait offert, la capsule de Nespresso, une main sur la rambarde…, quelques marches : je la vis. Elle fumait une cigarette dehors, le regard focalisé sur son portable.
J’hésitais.
Fallait-il l’interrompre au risque d’une salutation neutre et distante, au risque de paraitre réchauffer les privautés de la veille ?
La veille au matin, alors seuls dans le bureau collectif où elle travaille, nous avions eu un échange de bises protocolaires, puis de mots, puis de regard, de peaux, de mains qui se tendent, de doigts qui s'entrelacent ; le lieu et le moment furent « salvateurs ».
C’était advenu si naturellement et si rapidement… comme deux corps tendus depuis trop longtemps vers la délivrance.
Mais ce n’était pas le sujet.
Enfin, si, c’était Le Sujet.
Un gyrophare s’était allumé dans ma tête :
« Attention, danger - Mise en place des procédures de sauvegarde »
Je me bardais d’arguments plus raisonnables, les uns que les autres : vingt ans d’écart, encore des illusions du genre de « la boulangère qui me sourit parce qu’elle m’aime d’amour », no zob in job, elle en pleine fleur de l’âge et moi passé fleur, …
J’hésitais.
Que fallait-il que je fasse ? Et si ce n’était pas une illusion ? Et si ce n’était qu’une simple connexion ? Et si, selon mon habituel travers, je ne communiquais que via un affectif intense, parce que je ne savais pas faire autrement ? Et s’il était temps d’appliquer le « fuis-moi je te suis, suis moi je te fuis » ? Et si…
Je sortis simplement l’air « dégagé »…
Un sourire éclaira ses yeux bleu acier et d’un mouvement de tête, elle dégagea son visage. Je regardais un bref instant en elle, pour tenter de savoir, de comprendre, de discriminer ce qui tenait de la politesse, de la proximité ou de cet autre chose dont j’ai toujours confondu les signes.
- Bonjour, la belle !
- Bonjour ! Comment vas-tu ?
- Hum, ouais ouais…
- Alors souris !
- Ouais.
Détournant les yeux par prudence, je tournais lentement le dos et rentrais dans le bâtiment en ajoutant :
- Hum, sourire, sourire. … tu as raison, je devrais sourire.
-
J'évitais faire le joli cœur, c’eut été pathétique et quand je revins de la machine à café, d’autres étaient arrivés.
Je remontais vers mon bureau et la journée démarra.
Contrôle et formation de ma nouvelle assistante, Comité de pilotage, déjeuner, réunion informatique, le temps fila…
16h45
Une assistante de clientèle vint pour une explication technique. Belge d’origine, double licence, vive, intelligente, très adaptable, avec une jolie voix forte et grave…. Bref une personnalité attachante, tonique et très au-dessus de la moyenne de ses collègues.
Pendant que je cherchais les références de la pièce demandée, elle parla de sa dyslexie. Je la questionnais un peu à propos de sa formation et de ses études, de l’aisance que j’éprouvais à sa proximité tout en affirmant à juste titre qu’il n’y avait aucune intention dans mes questions. J’osais aller vers la douance. Quelques mots encore, très déliés et tout à trac elle me dit :
- Tu as l’air si sérieux et si triste. Le matin quand je viens te dire bonjour, j’espère toujours te voir répondre à mon sourire…
- Tu sais, je cherche ton bonjour le matin, car il m’apporte une joie profonde, comme un geste de paix.
Et je continuais :
- Mais je suis obligé de me protéger. Je ne suis pas comme les autres, je n’ai pas de personnalité sociale, je n’ai pas d’interface. Alors, quand je me connecte à quelqu’un, je suis entièrement moi et c’est insupportable pour les gens et souvent douloureux pour moi. Je suis obligé de porter un masque de théâtre et pour ne laisser aucune porte de sortie, je conserve mon air « sérieux et triste ». C’est juste épuisant, j’aimerai tant être libre…
- Je comprends ; alors je continuerai à venir te voir le matin avec plein de sourires.
Son produit ayant été nomenclaturé, elle repartit avec sa référence et me lança un merci sonore. Et moi je restais pensif.
« Souris, t’es pas un monstre » avais-je entendu quelques jours avant. Il y a quelque chose de brisé en moi.
17h00
La petite voiture blanche était partie.
Demain serait un autre jour, seul le temps change les choses à l’affaire.
Et puis tout cela est si banal et grotesque à la fois.
Il n’empêche….
- Mais si ça n'vaut pas la peine Que j'y revienne, Il faut me l'dire au fond des yeux.:
- Pourquoi les gens qui s'aiment
Sont-ils toujours un peu les mêmes?
Ils ont quand ils s'en viennent
Le même regard d'un seul désir pour deux.
Ce sont des gens heureux.
Pourquoi les gens qui s'aiment
Sont-ils toujours un peu les mêmes?
Quand ils ont leurs problèmes,
Ben y'a rien à dire,
Y'a rien à faire pour eux.
Ce sont des gens qui s'aiment.
Et moi j'te connais à peine,
Mais ce s'rait une veine
Qu'on s'en aille un peu comme eux.
On pourrait se faire sans qu'ça gêne
De la place pour deux.
Mais si ça n'vaut pas la peine
Que j'y revienne,
Il faut me l'dire au fond des yeux.
Quelque soit le temps que ça prenne,
Quelque soit l'enjeu,
Je veux être un homme heureux.
Pourquoi les gens qui s'aiment
Sont-ils toujours un peu rebelles?
Ils ont un monde à eux
Que rien n'oblige à ressembler à ceux
Qu'on nous donne en modèle.
Pourquoi les gens qui s'aiment
Sont-ils toujours un peu cruels?
Quand ils vous parlent d'eux,
Y'a quelque chose qui vous éloigne un peu.
Ce sont des choses humaines.
Je veux être un homme heureux
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
C'est vraiment très touchant tes messages, ils me font peur car je ressens les mêmes émotions, et pourtant, je traine ici sans être zèbre, bon, j'ai pas été testée mais bon....je suis banale donc bon, les zèbres, eux, ne le sont pas du tout !!!
ssof- Messages : 89
Date d'inscription : 12/12/2015
Localisation : nulle part
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Copie exhaustive d'un message reçu comme tant d'autres pour un site de rencontre ou autre prestation.
Cela m'aura pris longtemps pour accepter, même symboliquement, de ne pas faire ainsi. Être soi-même et faire en harmonie. Et tant pris, de toute façon la solitude est impartageable.
Bonjour,
Etre gentil et romantique avec les femmes que vous draguez, ça a donné quel résultat jusqu'ici ?
Pas terrible j'imagine?
Eh bien ça ne m'étonne pas : le "romantisme" est tout sauf un bon moyen d'attirer une femme !
La bonne nouvelle, c'est que Chris Lorenz, coach en séduction et auteur de plusieurs bestsellers, a créé pour vous une méthode "étape par étape" pour attirer et séduire LA fille que vous convoitez (même si pour l'instant, elle ne vous calcule pas !)
Ca se passe ici :
==> Comment séduire une femme qui vous plaît vraiment ?
Derrière ce lien, vous découvrirez :
7 phrases qui vous permettront d'embrasser facilement la femme dont vous rêvez dès le premier rendez-vous en tête à tête. Quand vous connaitrez ces phrases, ce moment délicat deviendra très facile à gérer !
Ce qu'une femme pense vraiment quand elle dit? "J'ai besoin de temps", "Je te vois comme un ami", ou "Je n'ai pas envie d'une relation maintenant."
Comment utiliser la très puissante jalousie féminine pour inverser les rôles et vous faire enfin désirer par celle que vous aimez ?
Comment arrêter d'être le garçon gentil et docile qu'elle n'arrive pas à voir autrement qu'en ami: une méthode étape par étape pour sortir définitivement de la "friendzone".
Les 3 ingrédients qui vous permettront de rendre une femme émotionnellement dépendante de vous.
Si vous en avez marre de regarder en spectateur des mecs moins drôles, moins beaux, moins intelligents que vous sortir avec les femmes qui vous plaisent, vous devez regarder cette vidéo :
==> Comment séduire une femme qui vous plaît vraiment ?
Pour vous servir,
Maxx
Cela m'aura pris longtemps pour accepter, même symboliquement, de ne pas faire ainsi. Être soi-même et faire en harmonie. Et tant pris, de toute façon la solitude est impartageable.
Bonjour,
Etre gentil et romantique avec les femmes que vous draguez, ça a donné quel résultat jusqu'ici ?
Pas terrible j'imagine?
Eh bien ça ne m'étonne pas : le "romantisme" est tout sauf un bon moyen d'attirer une femme !
La bonne nouvelle, c'est que Chris Lorenz, coach en séduction et auteur de plusieurs bestsellers, a créé pour vous une méthode "étape par étape" pour attirer et séduire LA fille que vous convoitez (même si pour l'instant, elle ne vous calcule pas !)
Ca se passe ici :
==> Comment séduire une femme qui vous plaît vraiment ?
Derrière ce lien, vous découvrirez :
7 phrases qui vous permettront d'embrasser facilement la femme dont vous rêvez dès le premier rendez-vous en tête à tête. Quand vous connaitrez ces phrases, ce moment délicat deviendra très facile à gérer !
Ce qu'une femme pense vraiment quand elle dit? "J'ai besoin de temps", "Je te vois comme un ami", ou "Je n'ai pas envie d'une relation maintenant."
Comment utiliser la très puissante jalousie féminine pour inverser les rôles et vous faire enfin désirer par celle que vous aimez ?
Comment arrêter d'être le garçon gentil et docile qu'elle n'arrive pas à voir autrement qu'en ami: une méthode étape par étape pour sortir définitivement de la "friendzone".
Les 3 ingrédients qui vous permettront de rendre une femme émotionnellement dépendante de vous.
Si vous en avez marre de regarder en spectateur des mecs moins drôles, moins beaux, moins intelligents que vous sortir avec les femmes qui vous plaisent, vous devez regarder cette vidéo :
==> Comment séduire une femme qui vous plaît vraiment ?
Pour vous servir,
Maxx
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
ssof a écrit:.../...mais bon....je suis banale donc bon, les zèbres, eux, ne le sont pas du tout !!!
La prétendue banalité ressentie, voire la sottise - inadaptation - asociabilité - instabilité hyper contrainte - ....(compléter et ne rayer auncune mention, elles sont toutes utiles), est le premier symptôme du zèbre.
J'aime beaucoup la notion de l'impuissance acquise.
Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Impuissance_apprise
You tube
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
C'est génial cette expérience !!
Invité- Invité
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
N'est-ce pas !
Ne pas hésiter à lire l'article de vulgarisation de Wikipedia. La somatisation du syndrome est saisissante pour qui doute un peu de l'avoir subi.
Ne pas hésiter à lire l'article de vulgarisation de Wikipedia. La somatisation du syndrome est saisissante pour qui doute un peu de l'avoir subi.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Ouaip !!
Me rappelle comme cela avait fait bouger des choses de ma structure à l'époque où elle a été postée "ailleurs",
pas tant dans mon passé à l'ed nat dont j'avais vu "l'exceptionalité particulière", que dans mon expérience des "mutations sociétales" depuis environ 10 ans...
les codes inversés, le parler à l'envers, et la glorification du mal, décidément m'a fait mal au ventre...
pris beaucoup de temps ce matin à le détendre histoire de continuer des mots croisés plutôt que des maux croisés
Pour toi l'Ours (bon je sais on t'a déjà fait le coup du Michka )
Me rappelle comme cela avait fait bouger des choses de ma structure à l'époque où elle a été postée "ailleurs",
pas tant dans mon passé à l'ed nat dont j'avais vu "l'exceptionalité particulière", que dans mon expérience des "mutations sociétales" depuis environ 10 ans...
les codes inversés, le parler à l'envers, et la glorification du mal, décidément m'a fait mal au ventre...
pris beaucoup de temps ce matin à le détendre histoire de continuer des mots croisés plutôt que des maux croisés
Pour toi l'Ours (bon je sais on t'a déjà fait le coup du Michka )
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Pour l'esthétique et les mots.
A regarder en plein écran... que c'est beau cette mer en arrière plan !
Merci à la "sourcière"
A regarder en plein écran... que c'est beau cette mer en arrière plan !
Merci à la "sourcière"
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
.../...
La fleur répondit : “Malheureux ! Crois-tu que je m'ouvre à seule fin d'être vue ? Je m'ouvre pour moi, parce que cela me plaît, et non pour les autres. Exister et m'ouvrir : voilà ma joie.”
Irvin Yalom
Source Facebook/L'échappée belle - Photo.... de moi....
La fleur répondit : “Malheureux ! Crois-tu que je m'ouvre à seule fin d'être vue ? Je m'ouvre pour moi, parce que cela me plaît, et non pour les autres. Exister et m'ouvrir : voilà ma joie.”
Irvin Yalom
Source Facebook/L'échappée belle - Photo.... de moi....
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
"Pour provoquer d’« heureux hasards », il faut se relier au « soi », cultiver le détachement et être prêt à accepter le changement. Il faut également sortir de ses habitudes, se mettre en position de réceptivité. Le lâcher-prise permet à l’intuition de fonctionner. Enfin, il faut développer la confiance. Car la confiance permet à la foi d’entrer dans sa vie. La foi est un état d’esprit qui ouvre la connexion.
Confiance, lâcher-prise et détachement sont trois processus mentaux qui, travaillés, ouvrent une connexion à des états spirituels créateurs alimentant les voies non causales. Le déterminisme diminue, les probabilités « acausales » augmentent et, comme par hasard, des coïncidences vont avoir lieu, nous apportant ce que l’on souhaite… Les physiciens vont devoir accepter que nos intentions modifient l’espace-temps." - Philippe Guillemant
J'ai assisté à la conférence dont le lien suit : http://www.kaizen-magazine.com/pour-provoquer-dheureux-hasards-il-faut-se-relier-au-soi/
Étonnant personnage, directeur d'un labo du CNRS et animant des conférences où se mêlent intimement, foi, raison, aléatoire et univers quantique.
Bien que le mot foi m'irrite, je suis obligé de reconnaitre qu'il n'y a, au bout du bout du raisonnement logique, qu'un acte de confiance, qu'un axiome, qu'un... pour sortir de l'argumentation relative et atteindre un élément d'absolu, qui s'impose à nous.
Suivre un tel raisonnement, accepter de cheminer, sans nécessairement l’adopter béatement, reste très enrichissant et apaisant en regard des effets anxiogènes de la toute puissance de notre orgueil.
Confiance, lâcher-prise et détachement sont trois processus mentaux qui, travaillés, ouvrent une connexion à des états spirituels créateurs alimentant les voies non causales. Le déterminisme diminue, les probabilités « acausales » augmentent et, comme par hasard, des coïncidences vont avoir lieu, nous apportant ce que l’on souhaite… Les physiciens vont devoir accepter que nos intentions modifient l’espace-temps." - Philippe Guillemant
J'ai assisté à la conférence dont le lien suit : http://www.kaizen-magazine.com/pour-provoquer-dheureux-hasards-il-faut-se-relier-au-soi/
Étonnant personnage, directeur d'un labo du CNRS et animant des conférences où se mêlent intimement, foi, raison, aléatoire et univers quantique.
Bien que le mot foi m'irrite, je suis obligé de reconnaitre qu'il n'y a, au bout du bout du raisonnement logique, qu'un acte de confiance, qu'un axiome, qu'un... pour sortir de l'argumentation relative et atteindre un élément d'absolu, qui s'impose à nous.
Suivre un tel raisonnement, accepter de cheminer, sans nécessairement l’adopter béatement, reste très enrichissant et apaisant en regard des effets anxiogènes de la toute puissance de notre orgueil.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Quand ce système brutal qu'on essaie d'apprivoiser
Nous aura vidé de nos âmes et de nos dernières bonnes idées
Il nous restera ça
Quand les mythos d'en haut auront fait élire les chiens
Que la culture et l'ouverture seront des souvenirs lointains
Il nous restera ça
Quand on sera tous endormis par les discours des marchands de sable
Et qu'on aura qu'nos utopies pour raconter nos propres fables
Il nous restera ça
Il nous restera ça
Quelques papiers griffonnés, quelques rimes à enrichir
A la face d'un monde hanté par un futur sans avenir
On pourra dire qu'on a tenté d's'ouvrir un peu une veine
Pour faire couler une encre honnête, avoir mal pour être soi même
On essaiera d'se souvenir pourquoi on a commencé ça
Retrouver l'urgence d’écrire le plus important c'est ça
Être soi même malgré tout, naïf, décidé, bavard
On absorbera les mots en trop sur un bout de papier buvard
On essaiera de se souvenir qu'on a fait ça sans calculer
On a noirci sans rougir tout c'qu'on trouvait d'immaculé
Comme un réflexe dérisoire c'était bon quand j'y pense
On a rempli des pages comme tu t'es rempli la panse
Certains diront qu'ça sert à rien mais qui pourra nous raisonner
On sera toujours plus d'un à continuer de faire raisonner
Quelques cordes vocales têtues qui ne feront pas leur age
Tels des poètes torse nu un peu perdus dans l'orage
Dans la tempête où le chiffre a pris l'dessus sur le verbe
On se sent bien à nos places un peu comme un poisson dans l'herbe
Personne ne peut l'cacher on a la rime anachronique
Dans ce monde de 4G on cherche les cabines téléphoniques
Sans réseau, sans raison comme le roseau nous plions
Hors fuseau, hors saison, nos dernières forces nous trions
Pour arroser encore la source qu'on n'laissera pas tarir
Et même les deux pieds dans l'eau on entendra encore nos rires
On entendra encore nos joies, on entendra encore les cris
Ceux des vrais, ceux des enfants qui nous font croire à l'envie
L'envie d'regarder au d'ssus voir qu'y a encore des étages
Et qu'ils pourront y grimper avec en poche cet héritage
Ces quelques mots ces quelques textes qui nous aident à penser
Qu'on n'a pas fait tout ça pour rien, qu'y aura une trace du passé
Il leur restera ça ces quelques moments choisis
Dans ce monde de brutes, quelques grammes de poésie
Tels des poètes torse nu un peu perdus dans l'orage, dans la tempête où le chiffre a pris l'dessus sur le verbe - Grand Corps Malade
Nous aura vidé de nos âmes et de nos dernières bonnes idées
Il nous restera ça
Quand les mythos d'en haut auront fait élire les chiens
Que la culture et l'ouverture seront des souvenirs lointains
Il nous restera ça
Quand on sera tous endormis par les discours des marchands de sable
Et qu'on aura qu'nos utopies pour raconter nos propres fables
Il nous restera ça
Il nous restera ça
Quelques papiers griffonnés, quelques rimes à enrichir
A la face d'un monde hanté par un futur sans avenir
On pourra dire qu'on a tenté d's'ouvrir un peu une veine
Pour faire couler une encre honnête, avoir mal pour être soi même
On essaiera d'se souvenir pourquoi on a commencé ça
Retrouver l'urgence d’écrire le plus important c'est ça
Être soi même malgré tout, naïf, décidé, bavard
On absorbera les mots en trop sur un bout de papier buvard
On essaiera de se souvenir qu'on a fait ça sans calculer
On a noirci sans rougir tout c'qu'on trouvait d'immaculé
Comme un réflexe dérisoire c'était bon quand j'y pense
On a rempli des pages comme tu t'es rempli la panse
Certains diront qu'ça sert à rien mais qui pourra nous raisonner
On sera toujours plus d'un à continuer de faire raisonner
Quelques cordes vocales têtues qui ne feront pas leur age
Tels des poètes torse nu un peu perdus dans l'orage
Dans la tempête où le chiffre a pris l'dessus sur le verbe
On se sent bien à nos places un peu comme un poisson dans l'herbe
Personne ne peut l'cacher on a la rime anachronique
Dans ce monde de 4G on cherche les cabines téléphoniques
Sans réseau, sans raison comme le roseau nous plions
Hors fuseau, hors saison, nos dernières forces nous trions
Pour arroser encore la source qu'on n'laissera pas tarir
Et même les deux pieds dans l'eau on entendra encore nos rires
On entendra encore nos joies, on entendra encore les cris
Ceux des vrais, ceux des enfants qui nous font croire à l'envie
L'envie d'regarder au d'ssus voir qu'y a encore des étages
Et qu'ils pourront y grimper avec en poche cet héritage
Ces quelques mots ces quelques textes qui nous aident à penser
Qu'on n'a pas fait tout ça pour rien, qu'y aura une trace du passé
Il leur restera ça ces quelques moments choisis
Dans ce monde de brutes, quelques grammes de poésie
Tels des poètes torse nu un peu perdus dans l'orage, dans la tempête où le chiffre a pris l'dessus sur le verbe - Grand Corps Malade
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
oui sortir de la logique du raisonnement sur la foi, porter simplement attention au ressenti de "cet acte de confiance" c'est redécouvrir la vibration de vie de la petite enfance, celle qui fait sourire les bébés...
Merci Ours de la Maz pour ces partages
Merci Ours de la Maz pour ces partages
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
A la fin de chaque crise, je reviens penaud à ce texte, déplorant et implorant dans un même souffle, une solution.
Et comme dit dans ce texte, ces consolations impossibles sont autant de consommation de vie, voire de sa propre vie.
Quand la crise arrive, c'est un ressort, tendu à l'extrême par toutes ces petites choses des semaines passées, qui se détend brutalement. Alors, c'est comme si quelqu'un dans ma tête tirait une chasse d'eau sous pression, m'entrainant à l'égout, moi et ceux que j'aime et bien sur celles que j'aime le plus. Je suis infréquentable. Tôt ou tard je noierai cette compagne bienveillante et sincère, celle que je ne connais pas encore comme j'ai noyé cette autre dont j'ai tant aimé les mots et ce que nous commencions à partager.
Hier, j'ai concrétiser le premier acte juridique de mon divorce. Cela passait par un ordre de virement. Il y avait un formulaire à remplir. J'en ai utilisé 3 pour, au final, rendre à l'employée de La Banque Postale un torchon de ratures.
Et la machine s'est déclenchée. J'ai quitté la réalité et j'ai plongé dans le noir, aboyant des mots acides en direction de mes plus proches, n'épargnant de ma vindicte que ceux qui m'indiffèrent.
Le dernier sentiment qui m'est resté aura été la douleur narcissique d'avoir hier, concrétiser la fin d'un illusion conjugale, familiale et territoriale qui aura duré 35 ans.
Se savoir, au moins partiellement, inhumain me terrorise, me glace.
"Le cœur a ses raisons que la raison ignore" (approx.). Alors je sais qu'à nouveau j'aimerai. Mais quel sera le sens du mot "aimer". Pour être tout à fait honnête je préfèrerai dire "je te désire", "je désire ta présence". Mais tôt ou tard, un nouvel effondrement se produira.
Je suis fatigué de moi-même.
Notre besoin de consolation est impossible à rassasier (1952) - Stig DAGERMAN (1923-1954)
"Je suis dépourvu de foi et ne puis donc être heureux, car un homme qui risque de craindre que sa vie soit une errance absurde vers une mort certaine ne peut être heureux. Je n’ai reçu en héritage ni dieu, ni point fixe sur la terre d’où je puisse attirer l’attention d’un dieu : on ne m’a pas non plus légué la fureur bien déguisée du sceptique, les ruses de Sioux du rationaliste ou la candeur ardente de l’athée. Je n’ose donc jeter la pierre ni à celle qui croit en des choses qui ne m’inspirent que le doute, ni à celui qui cultive son doute comme si celui-ci n’était pas, lui aussi, entouré de ténèbres. Cette pierre m’atteindrait moi-même car je suis bien certain d’une chose : le besoin de consolation que connaît l’être humain est impossible à rassasier.
En ce qui me concerne, je traque la consolation comme le chasseur traque le gibier. Partout où je crois l’apercevoir dans la forêt, je tire. Souvent je n’atteins que le vide mais, une fois de temps en temps, une proie tombe à mes pieds. Et, comme je sais que la consolation ne dure que le temps d’un souffle de vent dans la cime d’un arbre, je me dépêche de m’emparer de ma victime.
Qu’ai-je alors entre mes bras ?
Puisque je suis solitaire : une femme aimée ou un compagnon de voyage malheureux.
Puisque je suis poète : un arc de mots que je ressens de la joie et de l’effroi à bander.
Puisque je suis prisonnier : un aperçu soudain de la liberté.
Puisque je suis menacé par la mort : un animal vivant et bien chaud, un cœur qui bat de façon sarcastique.
Puisque je suis menacé par la mer : un récif de granit bien dur.
Mais il y a aussi des consolations qui viennent à moi sans y être conviées et qui remplissent ma chambre de chuchotements odieux :
Je suis ton plaisir – aime-les tous !
Je suis ton talent – fais-en aussi mauvais usage que de toi-même !
Je suis ton désir de jouissance – seuls vivent les gourmets !
Je suis ta solitude – méprise les hommes !
Je suis ton aspiration à la mort – alors tranche !
Le fil du rasoir est bien étroit. Je vois ma vie menacée par deux périls : par les bouches avides de la gourmandise, de l’autre par l’amertume de l’avarice qui se nourrit d’elle-même. Mais je tiens à refuser de choisir entre l’orgie et l’ascèse, même si je dois pour cela subir le supplice du grill de mes désirs. Pour moi, il ne suffit pas de savoir que, puisque nous ne sommes pas libres de nos actes, tout est excusable. Ce que je cherche, ce n’est pas une excuse à ma vie mais exactement le contraire d’une excuse : le pardon. L’idée me vient finalement que toute consolation ne prenant pas en compte ma liberté est trompeuse, qu’elle n’est que l’image réfléchie de mon désespoir. En effet, lorsque mon désespoir me dit : Perds confiance, car chaque jour n’est qu’une trêve entre deux nuits, la fausse consolation me crie : Espère, car chaque nuit n’est qu’une trêve entre deux jours.
Mais l’humanité n’a que faire d’une consolation en forme de mot d’esprit : elle a besoin d’une consolation qui illumine. Et celui qui souhaite devenir mauvais, c’est-à-dire devenir un homme qui agisse comme si toutes les actions étaient défendables, doit au moins avoir la bonté de le remarquer lorsqu’il y parvient.
Personne ne peut énumérer tous les cas où la consolation est une nécessité. Personne ne sait quand tombera le crépuscule et la vie n’est pas un problème qui puisse être résolu en divisant la lumière par l’obscurité et les jours par les nuits, c’est un voyage imprévisible entre des lieux qui n’existent pas. Je peux, par exemple, marcher sur le rivage et ressentir tout à coup le défi effroyable que l’éternité lance à mon existence dans le mouvement perpétuel de la mer et dans la fuite perpétuelle du vent. Que devient alors le temps, si ce n’est une consolation pour le fait que rien de ce qui est humain ne dure – et quelle misérable consolation, qui n’enrichit que les Suisses !
Je peux rester assis devant un feu dans la pièce la moins exposée de toutes au danger et sentir soudain la mort me cerner. Elle se trouve dans le feu, dans tous les objets pointus qui m’entourent, dans le poids du toit et dans la masse des murs, elle se trouve dans l’eau, dans la neige, dans la chaleur et dans mon sang. Que devient alors le sentiment humain de sécurité si ce n’est une consolation pour le fait que la mort est ce qu’il y a de plus proche de la vie – et quelle misérable consolation, qui ne fait que nous rappeler ce qu’elle veut nous faire oublier !
Je peux remplir toutes mes pages blanches avec les plus belles combinaisons de mots que puisse imaginer mon cerveau. Étant donné que je cherche à m’assurer que ma vie n’est pas absurde et que je ne suis pas seul sur la terre, je rassemble tous ces mots en un livre et je l’offre au monde. En retour, celui-ci me donne la richesse, la gloire et le silence. Mais que puis-je bien faire de cet argent et quel plaisir puis-je prendre à contribuer au progrès de la littérature – je ne désire que ce que je n’aurai pas : confirmation de ce que mes mots ont touché le cœur du monde. Que devient alors mon talent si ce n’est une consolation pour le fait que je suis seul – mais quelle épouvantable consolation, qui me fait simplement ressentir ma solitude cinq fois plus fort !
Je peux voir la liberté incarnée dans un animal qui traverse rapidement une clairière et entendre une voix qui chuchote : Vis simplement, prends ce que tu désires et n’aie pas peur des lois ! Mais qu’est-ce que ce bon conseil si ce n’est une consolation pour le fait que la liberté n’existe pas – et quelle impitoyable consolation pour celui qui s’avise que l’être humain doit mettre des millions d’années à devenir un lézard !
Pour finir, je peux m’apercevoir que cette terre est une fosse commune dans laquelle le roi Salomon, Ophélie et Himmler reposent côte à côte. Je peux en conclure que le bourreau et la malheureuse jouissent de la même mort que le sage, et que la mort peut nous faire l’effet d’une consolation pour une vie manquée. Mais quelle atroce consolation pour celui qui voudrait voir dans la vie une consolation pour la mort !
Je ne possède pas de philosophie dans laquelle je puisse me mouvoir comme le poisson dans l’eau ou l’oiseau dans le ciel. Tout ce que je possède est un duel, et ce duel se livre à chaque minute de ma vie entre les fausses consolations, qui ne font qu’accroître mon impuissance et rendre plus profond mon désespoir, et les vraies, qui me mènent vers une libération temporaire. Je devrais peut-être dire : la vraie car, à la vérité, il n’existe pour moi qu’une seule consolation qui soit réelle, celle qui me dit que je suis un homme libre, un individu inviolable, un être souverain à l’intérieur de ses limites.
Mais la liberté commence par l’esclavage et la souveraineté par la dépendance. Le signe le plus certain de ma servitude est ma peur de vivre. Le signe définitif de ma liberté est le fait que ma peur laisse la place à la joie tranquille de l’indépendance. On dirait que j’ai besoin de la dépendance pour pouvoir finalement connaître la consolation d’être un homme libre, et c’est certainement vrai. A la lumière de mes actes, je m’aperçois que toute ma vie semble n’avoir eu pour but que de faire mon propre malheur. Ce qui devrait m’apporter la liberté m’apporte l’esclavage et les pierres en guise de pain.
Les autres hommes ont d’autres maîtres. En ce qui me concerne, mon talent me rend esclave au point de pas oser l’employer, de peur de l’avoir perdu. De plus, je suis tellement esclave de mon nom que j’ose à peine écrire une ligne, de peur de lui nuire. Et, lorsque la dépression arrive finalement, je suis aussi son esclave. Mon plus grand désir est de la retenir, mon plus grand plaisir est de sentir que tout ce que je valais résidait dans ce que je crois avoir perdu : la capacité de créer de la beauté à partir de mon désespoir, de mon dégoût et de mes faiblesses. Avec une joie amère, je désire voir mes maisons tomber en ruine et me voir moi-même enseveli sous la neige de l’oubli. Mais la dépression est une poupée russe et, dans la dernière poupée, se trouvent un couteau, une lame de rasoir, un poison, une eau profonde et un saut dans un grand trou. Je finis par devenir l’esclave de tous ces instruments de mort. Ils me suivent comme des chiens, à moins que le chien, ce ne soit moi. Et il me semble comprendre que le suicide est la seule preuve de la liberté humaine.
Mais, venant d’une direction que je ne soupçonne pas encore, voici que s’approche le miracle de la libération. Cela peut se produire sur le rivage, et la même éternité qui, tout à l’heure, suscitait mon effroi est maintenant le témoin de mon accession à la liberté. En quoi consiste donc ce miracle ? Tout simplement dans la découverte soudaine que personne, aucune puissance, aucun être humain, n’a le droit d’énoncer envers moi des exigences telles que mon désir de vivre vienne à s’étioler. Car si ce désir n’existe pas, qu’est-ce qui peut alors exister ?
Puisque je suis au bord de la mer, je peux apprendre de la mer. Personne n’a le droit d’exiger de la mer qu’elle porte tous les bateaux, ou du vent qu’il gonfle perpétuellement toutes les voiles. De même, personne n’a le droit d’exiger de moi que ma vie consiste à être prisonnier de certaines fonctions. Pour moi, ce n’est pas le devoir avant tout mais : la vie avant tout. Tout comme les autres hommes, je dois avoir droit à des moments où je puisse faire un pas de côté et sentir que je ne suis pas seulement une partie de cette masse que l’on appelle la population du globe, mais aussi une unité autonome.
Ce n’est qu’en un tel instant que je peux être libre vis-à-vis de tous les faits de la vie qui, auparavant, ont causé mon désespoir. Je peux reconnaître que la mer et le vent ne manqueront pas de me survivre et que l’éternité se soucie peu de moi. Mais qui me demande de me soucier de l’éternité ? Ma vie n’est courte que si je la place sur le billot du temps. Les possibilités de ma vie ne sont limitées que si je compte le nombre de mots ou le nombre de livres auxquels j’aurai le temps de donner le jour avant de mourir. Mais qui me demande de compter ? Le temps n’est pas l’étalon qui convient à la vie. Au fond, le temps est un instrument de mesure sans valeur car il n’atteint que les ouvrages avancés de ma vie.
Mais tout ce qui m’arrive d’important et tout ce qui donne à ma vie son merveilleux contenu : la rencontre avec un être aimé, une caresse sur la peau, une aide au moment critique, le spectacle du clair de lune, une promenade en mer à la voile, la joie que l’on donne à un enfant, le frisson devant la beauté, tout cela se déroule totalement en dehors du temps. Car peu importe que je rencontre la beauté l’espace d’une seconde ou l’espace de cent ans. Non seulement la félicité se situe en marge du temps mais elle nie toute relation entre celui-ci et la vie.
Je soulève donc de mes épaules le fardeau du temps et, par la même occasion, celui des performances que l’on exige de moi. Ma vie n’est pas quelque chose que l’on doive mesurer. Ni le saut du cabri ni le lever du soleil ne sont des performances. Une vie humaine n’est pas non plus une performance, mais quelque chose qui grandit et cherche à atteindre la perfection. Et ce qui est parfait n’accomplit pas de performance : ce qui est parfait œuvre en état de repos. Il est absurde de prétendre que la mer soit faite pour porter des armadas et des dauphins. Certes, elle le fait – mais en conservant sa liberté. Il est également absurde de prétendre que l’homme soit fait pour autre chose que pour vivre. Certes, il approvisionne des machines et il écrit des livres, mais il pourrait tout aussi bien faire autre chose. L’important est qu’il fasse ce qu’il fait en toute liberté et en pleine conscience de ce que, comme tout autre détail de la création, il est une fin en soi. Il repose en lui-même comme une pierre sur le sable.
Je peux même m’affranchir du pouvoir de la mort. Il est vrai que je ne peux me libérer de l’idée que la mort marche sur mes talons et encore moins nier sa réalité. Mais je peux réduire à néant la menace qu’elle constitue en me dispensant d’accrocher ma vie à des points d’appui aussi précaires que le temps et la gloire.
Par contre, il n’est pas en mon pouvoir de rester perpétuellement tourné vers la mer et de comparer sa liberté avec la mienne. Le moment arrivera où je devrai me retourner vers la terre et faire face aux organisateurs de l’oppression dont je suis victime. Ce que je serai alors contraint de reconnaître, c’est que l’homme a donné à sa vie des formes qui, au moins en apparence, sont plus fortes que lui. Même avec ma liberté toute récente je ne puis les briser, je ne puis que soupirer sous leur poids. Par contre, parmi les exigences qui pèsent sur l’homme, je peux voir lesquelles sont absurdes et lesquelles sont inéluctables. Selon moi, une sorte de liberté est perdue pour toujours ou pour longtemps. C’est la liberté qui vient de la capacité de posséder son propre élément. Le poisson possède le sien, de même que l’oiseau et que l’animal terrestre. Thoreau avait encore la forêt de Walden – mais où est maintenant la forêt où l’être humain puisse prouver qu’il est possible de vivre en liberté en dehors des formes figées de la société ?
Je suis obligé de répondre : nulle part. Si je veux vivre libre, il faut pour l’instant que je le fasse à l’intérieur de ces formes. Le monde est donc plus fort que moi. A son pouvoir je n’ai rien à opposer que moi-même – mais, d’un autre côté, c’est considérable. Car, tant que je ne me laisse pas écraser par le nombre, je suis moi aussi une puissance. Et mon pouvoir est redoutable tant que je puis opposer la force de mes mots à celle du monde, car celui qui construit des prisons s’exprime moins bien que celui qui bâtit la liberté. Mais ma puissance ne connaîtra plus de bornes le jour où je n’aurai plus que le silence pour défendre mon inviolabilité, car aucune hache ne peut avoir de prise sur le silence vivant.
Telle est ma seule consolation. Je sais que les rechutes dans le désespoir seront nombreuses et profondes, mais le souvenir du miracle de la libération me porte comme une aile vers un but qui me donne le vertige : une consolation qui soit plus qu’une consolation et plus grande qu’une philosophie, c’est-à-dire une raison de vivre. "
Et comme dit dans ce texte, ces consolations impossibles sont autant de consommation de vie, voire de sa propre vie.
Quand la crise arrive, c'est un ressort, tendu à l'extrême par toutes ces petites choses des semaines passées, qui se détend brutalement. Alors, c'est comme si quelqu'un dans ma tête tirait une chasse d'eau sous pression, m'entrainant à l'égout, moi et ceux que j'aime et bien sur celles que j'aime le plus. Je suis infréquentable. Tôt ou tard je noierai cette compagne bienveillante et sincère, celle que je ne connais pas encore comme j'ai noyé cette autre dont j'ai tant aimé les mots et ce que nous commencions à partager.
Hier, j'ai concrétiser le premier acte juridique de mon divorce. Cela passait par un ordre de virement. Il y avait un formulaire à remplir. J'en ai utilisé 3 pour, au final, rendre à l'employée de La Banque Postale un torchon de ratures.
Et la machine s'est déclenchée. J'ai quitté la réalité et j'ai plongé dans le noir, aboyant des mots acides en direction de mes plus proches, n'épargnant de ma vindicte que ceux qui m'indiffèrent.
Le dernier sentiment qui m'est resté aura été la douleur narcissique d'avoir hier, concrétiser la fin d'un illusion conjugale, familiale et territoriale qui aura duré 35 ans.
Se savoir, au moins partiellement, inhumain me terrorise, me glace.
"Le cœur a ses raisons que la raison ignore" (approx.). Alors je sais qu'à nouveau j'aimerai. Mais quel sera le sens du mot "aimer". Pour être tout à fait honnête je préfèrerai dire "je te désire", "je désire ta présence". Mais tôt ou tard, un nouvel effondrement se produira.
Je suis fatigué de moi-même.
Notre besoin de consolation est impossible à rassasier (1952) - Stig DAGERMAN (1923-1954)
"Je suis dépourvu de foi et ne puis donc être heureux, car un homme qui risque de craindre que sa vie soit une errance absurde vers une mort certaine ne peut être heureux. Je n’ai reçu en héritage ni dieu, ni point fixe sur la terre d’où je puisse attirer l’attention d’un dieu : on ne m’a pas non plus légué la fureur bien déguisée du sceptique, les ruses de Sioux du rationaliste ou la candeur ardente de l’athée. Je n’ose donc jeter la pierre ni à celle qui croit en des choses qui ne m’inspirent que le doute, ni à celui qui cultive son doute comme si celui-ci n’était pas, lui aussi, entouré de ténèbres. Cette pierre m’atteindrait moi-même car je suis bien certain d’une chose : le besoin de consolation que connaît l’être humain est impossible à rassasier.
En ce qui me concerne, je traque la consolation comme le chasseur traque le gibier. Partout où je crois l’apercevoir dans la forêt, je tire. Souvent je n’atteins que le vide mais, une fois de temps en temps, une proie tombe à mes pieds. Et, comme je sais que la consolation ne dure que le temps d’un souffle de vent dans la cime d’un arbre, je me dépêche de m’emparer de ma victime.
Qu’ai-je alors entre mes bras ?
Puisque je suis solitaire : une femme aimée ou un compagnon de voyage malheureux.
Puisque je suis poète : un arc de mots que je ressens de la joie et de l’effroi à bander.
Puisque je suis prisonnier : un aperçu soudain de la liberté.
Puisque je suis menacé par la mort : un animal vivant et bien chaud, un cœur qui bat de façon sarcastique.
Puisque je suis menacé par la mer : un récif de granit bien dur.
Mais il y a aussi des consolations qui viennent à moi sans y être conviées et qui remplissent ma chambre de chuchotements odieux :
Je suis ton plaisir – aime-les tous !
Je suis ton talent – fais-en aussi mauvais usage que de toi-même !
Je suis ton désir de jouissance – seuls vivent les gourmets !
Je suis ta solitude – méprise les hommes !
Je suis ton aspiration à la mort – alors tranche !
Le fil du rasoir est bien étroit. Je vois ma vie menacée par deux périls : par les bouches avides de la gourmandise, de l’autre par l’amertume de l’avarice qui se nourrit d’elle-même. Mais je tiens à refuser de choisir entre l’orgie et l’ascèse, même si je dois pour cela subir le supplice du grill de mes désirs. Pour moi, il ne suffit pas de savoir que, puisque nous ne sommes pas libres de nos actes, tout est excusable. Ce que je cherche, ce n’est pas une excuse à ma vie mais exactement le contraire d’une excuse : le pardon. L’idée me vient finalement que toute consolation ne prenant pas en compte ma liberté est trompeuse, qu’elle n’est que l’image réfléchie de mon désespoir. En effet, lorsque mon désespoir me dit : Perds confiance, car chaque jour n’est qu’une trêve entre deux nuits, la fausse consolation me crie : Espère, car chaque nuit n’est qu’une trêve entre deux jours.
Mais l’humanité n’a que faire d’une consolation en forme de mot d’esprit : elle a besoin d’une consolation qui illumine. Et celui qui souhaite devenir mauvais, c’est-à-dire devenir un homme qui agisse comme si toutes les actions étaient défendables, doit au moins avoir la bonté de le remarquer lorsqu’il y parvient.
Personne ne peut énumérer tous les cas où la consolation est une nécessité. Personne ne sait quand tombera le crépuscule et la vie n’est pas un problème qui puisse être résolu en divisant la lumière par l’obscurité et les jours par les nuits, c’est un voyage imprévisible entre des lieux qui n’existent pas. Je peux, par exemple, marcher sur le rivage et ressentir tout à coup le défi effroyable que l’éternité lance à mon existence dans le mouvement perpétuel de la mer et dans la fuite perpétuelle du vent. Que devient alors le temps, si ce n’est une consolation pour le fait que rien de ce qui est humain ne dure – et quelle misérable consolation, qui n’enrichit que les Suisses !
Je peux rester assis devant un feu dans la pièce la moins exposée de toutes au danger et sentir soudain la mort me cerner. Elle se trouve dans le feu, dans tous les objets pointus qui m’entourent, dans le poids du toit et dans la masse des murs, elle se trouve dans l’eau, dans la neige, dans la chaleur et dans mon sang. Que devient alors le sentiment humain de sécurité si ce n’est une consolation pour le fait que la mort est ce qu’il y a de plus proche de la vie – et quelle misérable consolation, qui ne fait que nous rappeler ce qu’elle veut nous faire oublier !
Je peux remplir toutes mes pages blanches avec les plus belles combinaisons de mots que puisse imaginer mon cerveau. Étant donné que je cherche à m’assurer que ma vie n’est pas absurde et que je ne suis pas seul sur la terre, je rassemble tous ces mots en un livre et je l’offre au monde. En retour, celui-ci me donne la richesse, la gloire et le silence. Mais que puis-je bien faire de cet argent et quel plaisir puis-je prendre à contribuer au progrès de la littérature – je ne désire que ce que je n’aurai pas : confirmation de ce que mes mots ont touché le cœur du monde. Que devient alors mon talent si ce n’est une consolation pour le fait que je suis seul – mais quelle épouvantable consolation, qui me fait simplement ressentir ma solitude cinq fois plus fort !
Je peux voir la liberté incarnée dans un animal qui traverse rapidement une clairière et entendre une voix qui chuchote : Vis simplement, prends ce que tu désires et n’aie pas peur des lois ! Mais qu’est-ce que ce bon conseil si ce n’est une consolation pour le fait que la liberté n’existe pas – et quelle impitoyable consolation pour celui qui s’avise que l’être humain doit mettre des millions d’années à devenir un lézard !
Pour finir, je peux m’apercevoir que cette terre est une fosse commune dans laquelle le roi Salomon, Ophélie et Himmler reposent côte à côte. Je peux en conclure que le bourreau et la malheureuse jouissent de la même mort que le sage, et que la mort peut nous faire l’effet d’une consolation pour une vie manquée. Mais quelle atroce consolation pour celui qui voudrait voir dans la vie une consolation pour la mort !
Je ne possède pas de philosophie dans laquelle je puisse me mouvoir comme le poisson dans l’eau ou l’oiseau dans le ciel. Tout ce que je possède est un duel, et ce duel se livre à chaque minute de ma vie entre les fausses consolations, qui ne font qu’accroître mon impuissance et rendre plus profond mon désespoir, et les vraies, qui me mènent vers une libération temporaire. Je devrais peut-être dire : la vraie car, à la vérité, il n’existe pour moi qu’une seule consolation qui soit réelle, celle qui me dit que je suis un homme libre, un individu inviolable, un être souverain à l’intérieur de ses limites.
Mais la liberté commence par l’esclavage et la souveraineté par la dépendance. Le signe le plus certain de ma servitude est ma peur de vivre. Le signe définitif de ma liberté est le fait que ma peur laisse la place à la joie tranquille de l’indépendance. On dirait que j’ai besoin de la dépendance pour pouvoir finalement connaître la consolation d’être un homme libre, et c’est certainement vrai. A la lumière de mes actes, je m’aperçois que toute ma vie semble n’avoir eu pour but que de faire mon propre malheur. Ce qui devrait m’apporter la liberté m’apporte l’esclavage et les pierres en guise de pain.
Les autres hommes ont d’autres maîtres. En ce qui me concerne, mon talent me rend esclave au point de pas oser l’employer, de peur de l’avoir perdu. De plus, je suis tellement esclave de mon nom que j’ose à peine écrire une ligne, de peur de lui nuire. Et, lorsque la dépression arrive finalement, je suis aussi son esclave. Mon plus grand désir est de la retenir, mon plus grand plaisir est de sentir que tout ce que je valais résidait dans ce que je crois avoir perdu : la capacité de créer de la beauté à partir de mon désespoir, de mon dégoût et de mes faiblesses. Avec une joie amère, je désire voir mes maisons tomber en ruine et me voir moi-même enseveli sous la neige de l’oubli. Mais la dépression est une poupée russe et, dans la dernière poupée, se trouvent un couteau, une lame de rasoir, un poison, une eau profonde et un saut dans un grand trou. Je finis par devenir l’esclave de tous ces instruments de mort. Ils me suivent comme des chiens, à moins que le chien, ce ne soit moi. Et il me semble comprendre que le suicide est la seule preuve de la liberté humaine.
Mais, venant d’une direction que je ne soupçonne pas encore, voici que s’approche le miracle de la libération. Cela peut se produire sur le rivage, et la même éternité qui, tout à l’heure, suscitait mon effroi est maintenant le témoin de mon accession à la liberté. En quoi consiste donc ce miracle ? Tout simplement dans la découverte soudaine que personne, aucune puissance, aucun être humain, n’a le droit d’énoncer envers moi des exigences telles que mon désir de vivre vienne à s’étioler. Car si ce désir n’existe pas, qu’est-ce qui peut alors exister ?
Puisque je suis au bord de la mer, je peux apprendre de la mer. Personne n’a le droit d’exiger de la mer qu’elle porte tous les bateaux, ou du vent qu’il gonfle perpétuellement toutes les voiles. De même, personne n’a le droit d’exiger de moi que ma vie consiste à être prisonnier de certaines fonctions. Pour moi, ce n’est pas le devoir avant tout mais : la vie avant tout. Tout comme les autres hommes, je dois avoir droit à des moments où je puisse faire un pas de côté et sentir que je ne suis pas seulement une partie de cette masse que l’on appelle la population du globe, mais aussi une unité autonome.
Ce n’est qu’en un tel instant que je peux être libre vis-à-vis de tous les faits de la vie qui, auparavant, ont causé mon désespoir. Je peux reconnaître que la mer et le vent ne manqueront pas de me survivre et que l’éternité se soucie peu de moi. Mais qui me demande de me soucier de l’éternité ? Ma vie n’est courte que si je la place sur le billot du temps. Les possibilités de ma vie ne sont limitées que si je compte le nombre de mots ou le nombre de livres auxquels j’aurai le temps de donner le jour avant de mourir. Mais qui me demande de compter ? Le temps n’est pas l’étalon qui convient à la vie. Au fond, le temps est un instrument de mesure sans valeur car il n’atteint que les ouvrages avancés de ma vie.
Mais tout ce qui m’arrive d’important et tout ce qui donne à ma vie son merveilleux contenu : la rencontre avec un être aimé, une caresse sur la peau, une aide au moment critique, le spectacle du clair de lune, une promenade en mer à la voile, la joie que l’on donne à un enfant, le frisson devant la beauté, tout cela se déroule totalement en dehors du temps. Car peu importe que je rencontre la beauté l’espace d’une seconde ou l’espace de cent ans. Non seulement la félicité se situe en marge du temps mais elle nie toute relation entre celui-ci et la vie.
Je soulève donc de mes épaules le fardeau du temps et, par la même occasion, celui des performances que l’on exige de moi. Ma vie n’est pas quelque chose que l’on doive mesurer. Ni le saut du cabri ni le lever du soleil ne sont des performances. Une vie humaine n’est pas non plus une performance, mais quelque chose qui grandit et cherche à atteindre la perfection. Et ce qui est parfait n’accomplit pas de performance : ce qui est parfait œuvre en état de repos. Il est absurde de prétendre que la mer soit faite pour porter des armadas et des dauphins. Certes, elle le fait – mais en conservant sa liberté. Il est également absurde de prétendre que l’homme soit fait pour autre chose que pour vivre. Certes, il approvisionne des machines et il écrit des livres, mais il pourrait tout aussi bien faire autre chose. L’important est qu’il fasse ce qu’il fait en toute liberté et en pleine conscience de ce que, comme tout autre détail de la création, il est une fin en soi. Il repose en lui-même comme une pierre sur le sable.
Je peux même m’affranchir du pouvoir de la mort. Il est vrai que je ne peux me libérer de l’idée que la mort marche sur mes talons et encore moins nier sa réalité. Mais je peux réduire à néant la menace qu’elle constitue en me dispensant d’accrocher ma vie à des points d’appui aussi précaires que le temps et la gloire.
Par contre, il n’est pas en mon pouvoir de rester perpétuellement tourné vers la mer et de comparer sa liberté avec la mienne. Le moment arrivera où je devrai me retourner vers la terre et faire face aux organisateurs de l’oppression dont je suis victime. Ce que je serai alors contraint de reconnaître, c’est que l’homme a donné à sa vie des formes qui, au moins en apparence, sont plus fortes que lui. Même avec ma liberté toute récente je ne puis les briser, je ne puis que soupirer sous leur poids. Par contre, parmi les exigences qui pèsent sur l’homme, je peux voir lesquelles sont absurdes et lesquelles sont inéluctables. Selon moi, une sorte de liberté est perdue pour toujours ou pour longtemps. C’est la liberté qui vient de la capacité de posséder son propre élément. Le poisson possède le sien, de même que l’oiseau et que l’animal terrestre. Thoreau avait encore la forêt de Walden – mais où est maintenant la forêt où l’être humain puisse prouver qu’il est possible de vivre en liberté en dehors des formes figées de la société ?
Je suis obligé de répondre : nulle part. Si je veux vivre libre, il faut pour l’instant que je le fasse à l’intérieur de ces formes. Le monde est donc plus fort que moi. A son pouvoir je n’ai rien à opposer que moi-même – mais, d’un autre côté, c’est considérable. Car, tant que je ne me laisse pas écraser par le nombre, je suis moi aussi une puissance. Et mon pouvoir est redoutable tant que je puis opposer la force de mes mots à celle du monde, car celui qui construit des prisons s’exprime moins bien que celui qui bâtit la liberté. Mais ma puissance ne connaîtra plus de bornes le jour où je n’aurai plus que le silence pour défendre mon inviolabilité, car aucune hache ne peut avoir de prise sur le silence vivant.
Telle est ma seule consolation. Je sais que les rechutes dans le désespoir seront nombreuses et profondes, mais le souvenir du miracle de la libération me porte comme une aile vers un but qui me donne le vertige : une consolation qui soit plus qu’une consolation et plus grande qu’une philosophie, c’est-à-dire une raison de vivre. "
Dernière édition par Ours de la MAZ le Ven 24 Juin 2016 - 19:03, édité 1 fois (Raison : quelques faotes et oublis...)
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Mag j'ai vraiment beaucoup ri avec ta video.
Mr Ours... merci pour tout ce courage que tu nous montre. Ta liberté c'est très important.
Mr Ours... merci pour tout ce courage que tu nous montre. Ta liberté c'est très important.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Je ne sais pas quelle liberté tu évoques.
Ou peut-être si.
Celle qui s’acquière quand on se rapproche de ce dont tu m'as parlé un jour, ou du moins le sens que j'en ai retenu, me rapprocher d'une sorte d'aleph, point sans dimension qui les contient toutes en même temps, centre et périphérie en un même lieu, origine et finalité dans le même geste.
Essayer d'aller "à l'os".
Ou peut-être si.
Celle qui s’acquière quand on se rapproche de ce dont tu m'as parlé un jour, ou du moins le sens que j'en ai retenu, me rapprocher d'une sorte d'aleph, point sans dimension qui les contient toutes en même temps, centre et périphérie en un même lieu, origine et finalité dans le même geste.
Essayer d'aller "à l'os".
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
oui, jusqu'à la moelle .
Le temps n'est pas un ennemi, il faut le ralentir.
Le temps n'est pas un ennemi, il faut le ralentir.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Tant mieux Siamois (coucou !) tu me voie ravie de ton rire
tant d'approches différentes et de mots en provenance pour dire cette clé fondamentale qui ouvre "les portes de la perception" et nous libère de ses constructions mentales... de leur émotionnel attitré...
cette sorte d'"arrêt sur image" qui est loin d'être statique, où peu à peu se développe la connaissance et non pas le savoir mais plus le "ça voir" !
la difficulté à mettre ça en pratique dans la société occidentale autrement que dans la paysanerie (j'ai pas dit l'agriculture) l'artisanat, l'artisterie la cuisine le jardinage la photo... l'écriture le chant la danse inspirée...
bref... lâcher la bête et la voir se sacrer,
inspirer l'esprit et le voir se manifester humblement...
dur de refaire nos structures mères défectueuses quand on a été si blessé lors de nos premières manifestations de cet état que je crois que tout bébé connait... mais jouable, oui c'est toujours là, à l'intérieur, à disposition... juste être là... peu à peu ça se classe quitte à faire des cases pour ça
ah oui mais les cases c'est fait pour caser pas pour suivre l'oiseau du temps
c'est trop bizarre cette vie humaine
... le fameux point zéro, l'instant présent dans le ressenti, la méditation du squelette...point sans dimension qui les contient toutes en même temps, centre et périphérie en un même lieu, origine et finalité dans le même geste.
tant d'approches différentes et de mots en provenance pour dire cette clé fondamentale qui ouvre "les portes de la perception" et nous libère de ses constructions mentales... de leur émotionnel attitré...
cette sorte d'"arrêt sur image" qui est loin d'être statique, où peu à peu se développe la connaissance et non pas le savoir mais plus le "ça voir" !
la difficulté à mettre ça en pratique dans la société occidentale autrement que dans la paysanerie (j'ai pas dit l'agriculture) l'artisanat, l'artisterie la cuisine le jardinage la photo... l'écriture le chant la danse inspirée...
bref... lâcher la bête et la voir se sacrer,
inspirer l'esprit et le voir se manifester humblement...
dur de refaire nos structures mères défectueuses quand on a été si blessé lors de nos premières manifestations de cet état que je crois que tout bébé connait... mais jouable, oui c'est toujours là, à l'intérieur, à disposition... juste être là... peu à peu ça se classe quitte à faire des cases pour ça
ah oui mais les cases c'est fait pour caser pas pour suivre l'oiseau du temps
c'est trop bizarre cette vie humaine
Dernière édition par Mag le Ven 24 Juin 2016 - 10:37, édité 1 fois
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
J'aime l'image du phénix qui renait de ses cendres.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Ouai... "on" me l'a faite celle là aussi
encore faut il que ce soit un Phénix qui brûle et pas un moineau !
D'où l'intérêt d'apprendre à faire circuler le chi dans la moelle, tout en appelant un chat un chat et de se plonger dans une nature hors ondes wifi pour découvrir la vitesse supersonique du temps intérieur au ralenti...
...
bon je devrais arrêter de lire et de poster au café du matin sur les fils des "copains" au lieu de mettre en pratique ces inspirations : les créneaux de beau temps sont impénétrables et mouvementés par ces tempsquicourentpas
Belle journée !
encore faut il que ce soit un Phénix qui brûle et pas un moineau !
D'où l'intérêt d'apprendre à faire circuler le chi dans la moelle, tout en appelant un chat un chat et de se plonger dans une nature hors ondes wifi pour découvrir la vitesse supersonique du temps intérieur au ralenti...
...
bon je devrais arrêter de lire et de poster au café du matin sur les fils des "copains" au lieu de mettre en pratique ces inspirations : les créneaux de beau temps sont impénétrables et mouvementés par ces tempsquicourentpas
Belle journée !
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
A force d’attendre… (1975)
A force d’attendre
j’oublie qui j’attends
Oiseau ou femme
blessure ou bûcher
je scrute la plante
j’exige son secret
avec des gestes humbles
des mots qui apaisent
vague me parvient
cette rumeur de métamorphose
qui travaille mes mains
au plus obscur
j’épelle ton visage
O futur inscrit
dans le pas d’aujourd’hui
dans l’absence éprouvée
dans le silex d’un cri
qui résonne au fond
dans cette humide patrie
des regards et des mots
Ce peu de mort
qu’obstinément je fouille
repousse mes limites
jusqu’au soleil du fenouil
jusqu’à ce mystère
vivant aérien
Un merle qui retient
le monde dans son chant
Au miroir sévère
je ne déserte pas
la cendre dans la voix
doucement prolifère.
***
André Laude (1936-1995) – Le bleu de la nuit crie au secours (1975)
Source : Beauty will save the world
A force d’attendre
j’oublie qui j’attends
Oiseau ou femme
blessure ou bûcher
je scrute la plante
j’exige son secret
avec des gestes humbles
des mots qui apaisent
vague me parvient
cette rumeur de métamorphose
qui travaille mes mains
au plus obscur
j’épelle ton visage
O futur inscrit
dans le pas d’aujourd’hui
dans l’absence éprouvée
dans le silex d’un cri
qui résonne au fond
dans cette humide patrie
des regards et des mots
Ce peu de mort
qu’obstinément je fouille
repousse mes limites
jusqu’au soleil du fenouil
jusqu’à ce mystère
vivant aérien
Un merle qui retient
le monde dans son chant
Au miroir sévère
je ne déserte pas
la cendre dans la voix
doucement prolifère.
***
André Laude (1936-1995) – Le bleu de la nuit crie au secours (1975)
Source : Beauty will save the world
Le Don qui Chante- Messages : 2018
Date d'inscription : 05/01/2016
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Oui, je sais. Vous connaissez, nous connaissons tous.
Et si ce soir c'éait : Merde à la sinistrose ! Sinistrexit !
Eh, lancez la vidéo. C'est presqu'une prescription médicale !
Et si ce soir c'éait : Merde à la sinistrose ! Sinistrexit !
Eh, lancez la vidéo. C'est presqu'une prescription médicale !
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Salut rebienvenue mais vu que jsuis un semi-nouveau est-ce que je suis légitime, chouette photo c'est toi qui l'a prise? ;p
Nox Borealis- Messages : 429
Date d'inscription : 08/12/2015
Localisation : Gironde
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
"Ces corps mêlés, qui, se tordant, se pâmant, s'abîment dans des excès de volupté, vont à l'opposé de la mort, qui les vouera, plus tard, au silence de la corruption.
En effet, l'érotisme est lié à la naissance, à la reproduction qui sans fin répare les ravages de la mort."
Georges Bataille / "Les larmes d'Eros" via Collisions/Facebook
En effet, l'érotisme est lié à la naissance, à la reproduction qui sans fin répare les ravages de la mort."
Georges Bataille / "Les larmes d'Eros" via Collisions/Facebook
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Beau !
mais ça fait plutôt Ile du gisant
et merci pour la prescription j'ai bien dansé
mais ça fait plutôt Ile du gisant
et merci pour la prescription j'ai bien dansé
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
.
Dernière édition par Pythie le Ven 29 Juil 2016 - 10:50, édité 1 fois
Pythie- Messages : 126
Date d'inscription : 29/03/2015
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Je viens de voir que Boris Cyrulnik est directeur d'enseignement à l'université de Toulon, au dos de son livre «Ivres paradis, bonheurs héroïques». Quelques pages sur les héros et les résistants, ce qui les différencie, voir ce qui les oppose, m'ont décidé à acheter ce livre.
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Divorce, second round !
Je ne sais pas qui a gagné aux points, il n'y a pas eu de KO, du moins physique.
Résumer une longue vie que l'on croyait commune à 3 paraphes et 3 signatures dont 2 sur pad.
Un théâtre d'illusions, de châteaux en Espagne, de désirs et de refoulements, de négociation et de "comme il faut", de Vesouls.
35 ans de combat contre moi même, contre le réveil, contre la nuit, contre la fatigue.
Une presque éternité de bonne figure, bon mari, bon père, bon emprunteur, bon bosseur, bon payeur, de "tu as toujours été très généreux" (-j'te nique pas mais j'te nique quand même) accepté par lâcheté muée en dignité.
Tout cela dans 5 feuilles de papier et un acte numérique.
Ah l'orgueil du vivant en prend un bon coup.
Divorcer tard, quand on a essayé d'être honnête, con mais honnête, c'est une mort. Il ne restera rien, rien que des survivants, ni pierre tombale, ni casier ni urne, ni columbarium (d'ailleurs tant mieux parce que moi cela m'évoque plus les étrons que les casiers à poussières d'ex-vivants)..., rien, un vague souvenir. L'histoire balaie tout cela comme une péripétie, une agitation brownienne noyée dans la probabilité quantique.
Surprenant. Dans l'indifférence de l'incompatibilité neutre entre 2 êtres, j'ai cru que les cases notaire et avocat ne seraient que formalités...
Je les ai pris en pleine gueule. En pleine gueule avec les questions subsidiaires : A quoi bon d'avoir tant donné et tant reçu, à quoi bon croire que c'est encore possible pour un jour, une semaine, un mois, un an... Plus ?
Hum, c'est vraiment pas un truc que je vous souhaite.
Je ne sais pas qui a gagné aux points, il n'y a pas eu de KO, du moins physique.
Résumer une longue vie que l'on croyait commune à 3 paraphes et 3 signatures dont 2 sur pad.
Un théâtre d'illusions, de châteaux en Espagne, de désirs et de refoulements, de négociation et de "comme il faut", de Vesouls.
35 ans de combat contre moi même, contre le réveil, contre la nuit, contre la fatigue.
Une presque éternité de bonne figure, bon mari, bon père, bon emprunteur, bon bosseur, bon payeur, de "tu as toujours été très généreux" (-j'te nique pas mais j'te nique quand même) accepté par lâcheté muée en dignité.
Tout cela dans 5 feuilles de papier et un acte numérique.
Ah l'orgueil du vivant en prend un bon coup.
Divorcer tard, quand on a essayé d'être honnête, con mais honnête, c'est une mort. Il ne restera rien, rien que des survivants, ni pierre tombale, ni casier ni urne, ni columbarium (d'ailleurs tant mieux parce que moi cela m'évoque plus les étrons que les casiers à poussières d'ex-vivants)..., rien, un vague souvenir. L'histoire balaie tout cela comme une péripétie, une agitation brownienne noyée dans la probabilité quantique.
Surprenant. Dans l'indifférence de l'incompatibilité neutre entre 2 êtres, j'ai cru que les cases notaire et avocat ne seraient que formalités...
Je les ai pris en pleine gueule. En pleine gueule avec les questions subsidiaires : A quoi bon d'avoir tant donné et tant reçu, à quoi bon croire que c'est encore possible pour un jour, une semaine, un mois, un an... Plus ?
Hum, c'est vraiment pas un truc que je vous souhaite.
- Spoiler:
- Qu'as-tu fais de tes plaisirs ?
Qu'as-tu fais de tes poisons ?
Qui te fait jouir ?
Qui te procure l'abandon ?
Qui te fais frémir ?
Qui te donne des illusions ?
Qui vois-tu pour l'avenir ?
Qui vois-tu monter au front ?
Refrain :
Où sont passés nos rêves ?
Sont-ils trop lourds pour que je les soulève ?
Où sont passés nos rêves ?
Quand on sent le soir, monter la fièvre
Qui vas-tu applaudir aux prochaines élections ?
Qui vas-tu choisir ? As-tu un jour trouver le bon ?
Quand as-tu fais construire ?
Qui a fait couler le béton ?
Les loups vont revenir, il n'y a plus de saisons
Refrain :
Où sont passés nos rêves ?
Sont-ils trop lourds pour que je les soulève ?
Où sont passés nos rêves ?
Quand on sent le soir, monter la fièvre
...
L'avenir est tellement brillant
Qu'on peut même plus se voir dedans
Où sont passés nos rêves ?
Quand on sent le soir monter la fièvre
Re: «Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses» - Paul Eluard
Passez nuages
pauvres heures
grosses nuées porteuses
de crépitantes
gifles froides
défilez
indigentes journées
années lugubres
périclitez
projets infimes
sombrez
passions naines
étiolez-vous
désirs
et surtout ne revenez
jamais
***
Jean-Pierre Georges (né à Chinon en 1949) - Passez nuages (1999)
Source : Beauty will save the World
pauvres heures
grosses nuées porteuses
de crépitantes
gifles froides
défilez
indigentes journées
années lugubres
périclitez
projets infimes
sombrez
passions naines
étiolez-vous
désirs
et surtout ne revenez
jamais
***
Jean-Pierre Georges (né à Chinon en 1949) - Passez nuages (1999)
Source : Beauty will save the World
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